AUTEL

L'autel est la table sacrée sur laquelle on place les offrandes
destinées à la divinité. Il peut avoir des formes et des dimensions
différentes suivant les temps, les lieux ou les besoins du culte.

A l'origine, c'était simplement un bloc de pierre ou un rocher
sortant de terre. On pratiquait sur la pierre ou sur le rocher des
enfoncements plus ou moins grands, appelés cupules, qui servaient à
recueillir la partie liquide des offrandes. Des autels semblables
existaient encore en Palestine au temps des Israélites: Jug
6:19-21 13:19,1Sa 6:14. Comp. 1Sa 14:33 et suivant, mais non
pas Ge 28:18, où il s'agit d'une stèle (voir Sanctuaire) et non
pas d'un autel. Ces autels primitifs étaient une survivance de temps
plus anciens, dans lesquels la pierre ou le rocher étaient envisagés
comme servant de demeure à la divinité à laquelle on présentait une
offrande.

Beaucoup plus nombreux étaient les autels faits de main d'homme.
Le premier qui soit mentionné dans l'A.T. est celui de Noé (Ge
8:20), mais il fut suivi de beaucoup d'autres, attribués aux
patriarches, à Moïse, à Josué, etc. La manière de les construire est
indiquée Ex 20:24-26. Ils devaient être faits de terre ou de
pierres non taillées, et ne pas avoir de degrés pour y monter. Les
dimensions ne sont pas prescrites, mais la hauteur résulte de
l'absence de degrés «pour que la nudité du sacrifiant ne fût pas
découverte». Les pierres ne devaient pas être taillées, parce que
l'homme ne doit pas toucher à ce qui est sacré, une pensée qui, du
reste, cessait d'être applicable quand il s'agissait de plus grands
monuments. L'ordonnance de Ex 20:24-26 suppose la multiplicité
des autels qui a existé en Israël jusqu'à la réforme de
Josias (2Ro 23) et n'a pas tardé à reparaître dans les années
subséquentes jusqu'à la ruine de Jérusalem. Nous ne savons si, dans
tous les sanctuaires, les autels avaient conservé la simplicité
prescrite par la loi. Quoique Ex 20 ne dise rien à ce sujet, les
autels étaient généralement pourvus sur les côtés ou aux quatre
angles de cornes (Ps 118:27,Ap 9:13), c-à-d. de proéminences en
forme de corne, comme la plupart des autels antiques (païens) dont
nous avons des représentations (fig. 34 et 35), et comme l'autel du
tabernacle (Ex 27:2 38:2). Les cornes étaient la partie la plus
sacrée de l'autel. On les aspergeait du sang des victimes, en
expiation pour le péché (Le 4:30 16:18). Elles rendaient
inviolable le criminel qui les avait saisies (1Ro 1:30 2:28).
Quand elles étaient brisées, l'autel était considéré comme
détruit (Am 3:14).

Il résulte des fouilles pratiquées en Palestine qu'il y avait,
dans certains sanctuaires, des autels spéciaux où l'on brûlait des
parfums; voir en particulier le grand autel en terre cuite trouvé à
Thaanac, dont on peut lire la description dans tous les manuels
récents d'archéologie. Ces autels de parfums ne sont jamais
spécialement mentionnés dans l'A.T. en dehors du temple et du
tabernacle.

Autels du temple de Jérusalem et du tabernacle du désert. La description
du tabernacle dans Ex 25 Ex 26 Ex 27, Ex 30,Ex 36 Ex 37 Ex 38, Ex 40 (de P)
est postérieure à l'exil, et l'auteur a pris pour modèle le temple de
Jérusalem. Elle ne sert donc qu'à préciser ce qui existait dans le
temple; c'est le cas également de la description du futur temple dans
la vision d'Ézéchiel, Eze 40-48.

1. AUTEL DES HOLOCAUSTES , dans le parvis intérieur, en face du
portique du temple.

Il servait pour toute espèce de sacrifices. La description manque
dans 1Ro 6 et 7. D'après 2Ch 4:1, il était d'airain
(indication attestée par d'autres passages: 1Ro 8:64,2Ro 16:14),
et avait 20 coudées de long, 20 coudées de large, à la base, et 10
coudées de haut. Il allait sans doute en se rétrécissant par étapes
de la base au sommet, comme l'autel de Ézéchiel (Eze 43:13-17).
Il avait quatre cornes, une à chaque angle (Eze 43:16,Ex 27:2).
On y montait par des degrés (Eze 43:17). Il est évident que le
revêtement seul était d'airain. L'intérieur était rempli de terre ou
de pierres brutes, comp. Ex 27:8.

L'autel de Salomon fut restauré par Asa (2Ch 15:8) et, au temps
d'Achaz, remplacé par un autel nouveau dont le roi avait vu le modèle
à Damas; on le relégua alors plus au nord (2Ro 16:10-15). Après
l'exil, l'autel des holocaustes fut immédiatement reconstruit (Esd
3:2-3) et, quand le temple fut rebâti, il retrouva sa place dans le
parvis intérieur, en face du portique. Il fut fait alors de pierres
non taillées, d'après l'ordonnance Ex 20:24-25; voir 1Ma
4:44-47, qui raconte que, souillé par Antiochus Épiphane, il fut
détruit par les Juifs et reconstruit avec des pierres nouvelles.

Quand Hérode transforma le second temple, il donna à l'autel, des
dimensions plus grandes, mais les chiffres varient suivant les
auteurs. Comme pour celui de Zorobabel, on n'employa que des pierres
non taillées, qu'on recouvrait deux fois par année d'un nouvel enduit
de couleur blanche. On y montait par une pente inclinée. Voir
Mischna, traité Middot, 3:1-4

2. TABLE DES PAINS DE PROPOSITION , dans le lieu saint.

Elle est appelée autel: 1Ro 6:20 et suivant, Eze 41:22, et
c'était bien un véritable autel. Non seulement on y plaçait chaque
semaine les pains de proposition (Le 24:5 et suivant), comme
offrande spéciale à l'Éternel, mais elle était pourvue de plats, de
coupes, etc., pour servir aux libations (Ex 25:29), et
l'offrande des pains était accompagnée d'une offrande
d'encens (Le 24:7). Voir No 4:7 et suivant, 2Ch 29:18,
et traité Middot pour le temple d'Hérode. Elle est représentée sur
l'arc de triomphe de Titus avec le chandelier d'or.

3. AUTEL DES PARFUMS , dans le lieu saint, devant le lieu très
saint.

Il a certainement existé à une époque postérieure; voir 1Ma
1:21 4:49, 2Ma 2:5, Lu 1:9-11, Heb 9:4 (qui le place à tort
dans le lieu très saint), mais il n'existait probablement pas dans
les temps plus anciens. Il manque dans le temple d'Ézéchiel; les
passages qui le mentionnent, soit dans le temple de Salomon (1Ro
7:48-50), soit dans le tabernacle (Ex 30:1-10 37:25-28
40:5,26), sont en contradiction avec d'autres qui l'ignorent
encore (Ex 25,Le 9-10,Le 16) et ont été sans doute ajoutés plus
tard à la rédaction primitive. Il résulte de là que l'autel des
parfums n'a figuré que dans les derniers siècles avant notre ère à
côté de la table des pains de proposition, mais il a rapidement pris
une importance particulière. Ap 8:1-5 l'a transporté dans le
ciel.

Voir les documents sur les fouilles en Palestine, les manuels
récents d'archéologie biblique: Vincent Hugues, Canaan;
Bertholet, Hist Civ. Isr.; Gaiaing Kurt, Der Altar in den
Kulturen des aïten Orient,


L. A.