AUMÔNE

Ce mot vient du grec éléêmosunê, qui signifiait à peu près
«miséricorde»; il a pris peu à peu son sens spécial d'acte de
bienfaisance envers les pauvres, par une évolution un peu analogue à
celle du mot «charité». C'est la piété juive qui lui a donné ce sens
particulier.

Dès le III e ou II e siècle av. J.-C, l'aumône était au nombre
des obligations religieuses des Juifs pieux, avec la prière et le
jeûne (Tob 12:8,Sir 7:10,Ac 10:2-4). Plusieurs
passages du Siracide affirment l'efficacité de l'aumône pour racheter
les péchés et éviter les malheurs.

Dans le Talmud, l'aumône s'exprime par le mot «justice» et elle
est mise sur le même pied que l'observation de la Loi. Il n'est donc
pas surprenant que Jésus soit revenu plusieurs fois sur ce point
sensible de la piété pharisaïque.

Elle est le premier des trois éléments de la «justice», dont
Jésus parle dans le Sermon sur la Montagne (Mt 6). Contrairement
à la pratique pharisaïque, Jésus exige le secret, ce simple
changement modifiant complètement la signification des actes de
piété, puisqu'ils s'adressent ainsi à Dieu et non aux hommes, et
obtiennent sa récompense à Lui, et non la flatterie humaine qui
entretient la vanité.

L'exemple concret est l'offrande de la veuve (Mr 12:42),
bien qu'il s'agisse là non d'une aumône, mais d'une offrande pour le
temple. Loin d'être hostile à la pratique de l'aumône véritable,
Jésus la recommande souvent. Dans Lu 11:41, texte difficile,
peut-être l'oppose-t-il aux «purifications» cérémonielles des
Pharisiens, en disant que la bienfaisance est une meilleure manière
d'assurer la pureté de leurs repas, que leurs gestes conventionnels
sur leurs plats; d'autres traduisent: «donnez ce qui est en vous»,
non point la rapacité et la méchanceté (verset 39), mais «donnez vos
âmes mêmes, donnez vos coeurs», et non pas seulement de la nourriture
ou de l'argent. Dans Lu 12:33, Jésus prescrit l'aumône au «petit
troupeau» des fidèles, et il voit qu'elle serait le seul salut du
jeune homme riche (Mt 19:21). Il lui donne donc la valeur
nouvelle d'un sacrifice, consistant à supprimer l'obstacle qui sépare
une âme de son Dieu. Elle est l'application concrète d'une qualité
plus vaste, la générosité, sans cesse recommandée sous diverses
formes (Mt 5:42), et qui n'est que le reflet parmi les hommes de
la générosité de Dieu, laquelle s'appelle la grâce, dont tout l'éclat
apparaît dans la parabole de l'enfant prodigue (Lu 15:22); comp.
Jas 1:5.

Parmi les premiers chrétiens de Jérusalem, le terme d'aumône est
insuffisant, puisqu'ils mettaient toutes choses en commun (Ac
2:45 4:32-35). Plus tard, saint Paul organisa dans les Églises de
Macédoine et d'Asie une vaste collecte pour les pauvres de
Jérusalem (1Co 16:1,2Co 8:20).