VOILE

La Bible mentionne trois sortes de voiles.

I La voile de navire.

voir Bateaux.

II Le voile pour couvrir le visage.

Celui-là jouait et joue encore un grand rôle dans la vie des femmes
en Orient; voir Rébecca (Ge 24:65), Tamar (Ge 38:14),
l'épouse du Cantique (Ca 4:1 6:7). Arracher le voile, c'est
proclamer la honte (Esa 47:2). Le voile ne faisait pas seulement
partie de la toilette des femmes (Esa 3:19), il était aussi pour
les hommes une marque de deuil;voir (2Sa 15:30,Jer 14:4,Est
6:12) Vêtement. Ceux qui ont de mauvais desseins se servent d'un
voile pour se dissimuler.

--D'après (Job 24:15 #Ex 3:6) (cf. 2Co 3:13 et suivant)
et Ex 34:33 et suivant, Moïse aurait couvert sa
face d'un voile pour ne pas voir Jéhovah et pour cacher aux
Israélites le rayonnement de son visage.

--Au fig.: voile =nuage qui cache Dieu
(Job 22:14, cf. Ps 80:8), ou derrière lequel Dieu se
retire (Ps 10:11 27:8 Esa 54:8 etc.); métaphoriquement le voile
recouvre le geste équivoque (Ge 20:16); on parle aussi du voile
épais de l'oubli (Sag 17:3).

III Les voiles ou rideaux du saint lieu (voir Temple).

Dans le Tabernacle:

premier voile (Ex 26:36 39:38 40:5),
deuxième voile (Ex 26:31,Le 4:6 etc.).

Il est probable que ce second voile est une projection dans le
passé du voile du temple de Salomon (2Ch 3:14; et Josèphe,
Ant, VIII,3:3). Le Tabernacle--tente d'assignation ou de
rendez-vous, sur lequel veillait Josué--était beaucoup plus
modeste (Ex 33:7 et suivants De 31:14).

Dans le second temple (Zorobabel), un voile
fermait l'entrée extérieure du lieu saint, et un deuxième voile
interdisait l'accès du saint des saints (1Ma 1:22). Le
temple d'Hérode était fermé par un large rideau fort luxueux et
protégé à l'extérieur par un deuxième voile de tissu moins délicat
(Chekalim, VIII, 5). Le lieu très saint était séparé du lieu
saint par un voile double.

Les évangiles synoptiques portent qu'à la mort de Jésus le voile du
temple se déchira en deux du haut en bas (Mr 15:38). Quel voile?
La plupart des commentateurs, préoccupés par le symbolisme de
l'épître aux Hébreux, (cf. Heb 9:9 10:19 et suivant) voient ici
le voile intérieur, celui qui séparait le lieu saint du lieu très
saint (par ex. Reuss, Bonnet-Schroeder et Bbl. Cent., qui renvoient
ici à Ex 36:35). Mais on pourrait tout aussi bien renvoyer à
Ex 36:37, où il est question du voile donnant sur l'extérieur,
et par conséquent visible du parvis des prêtres et du parvis
d'Israël. Or, il semble bien que les évangiles fassent allusion à un
prodige qui frappa les assistants. D'autre part, le symbolisme que
l'on cherche à voir dans la déchirure du voile du lieu très saint, en
observant que la mort du Christ nous rend directement accessible la
grâce de Dieu préfigurée par l'arche de l'alliance, n'a plus sa
raison d'être ici puisque l'arche de l'alliance avait disparu et que
le saint des saints n'était plus au temps du Christ qu'un local
obscur et vide. Jérôme, suivant en cela l'expression même de nos
textes, qui disent «voile du temple» et non «voile de l'intérieur du
temple», déclare péremptoirement qu'il s'agit du voile extérieur,
celui que tout le monde voyait. Il est donc probable que Lagrange
(Evang, saint Marc, 1911) a raison quand il opine en faveur du
premier voile, lequel, dans le culte juif, interdisait aux fidèles
l'entrée du sanctuaire, la vue des objets sacrés et «le libre accès»
jusqu'au lieu saint. L'oeuvre rédemptrice du Christ a été précisément
de rouvrir à tous la maison de Dieu, de libérer Israël du ritualisme
de l'ancienne alliance représenté par les objets renfermés dans le
lieu saint et de nous donner directement «accès auprès du
Père» (Eph 2:18).