VOCATION

Du latin vocatio, de vocare =appeler, interpeller, inviter;
en français, s'emploie au figuré: appel, invitation, sollicitation
intérieure. On peut distinguer deux sens.

Sens laïque: «Inclination décidée et même parfois
impérieuse pour une profession, un art, une forme déterminée d'étude
ou d'action chez un individu qui possède les aptitudes
correspondantes. Il faut remarquer que l'une ou l'autre condition
sont nécessaires pour qu'il y ait vocation. D'un mauvais compositeur
acharné à produire, on pourrait dire qu'il a le goût ou même la
passion, mais non la vocation d'écrire des oeuvres musicales» (A.
Lalande, Vocab. de la Philosophie p. 1064s).

Mais ce mot a un sens éminemment religieux:
appel, invitation de Dieu à l'homme. Suivant que la vocation a en vue
le salut de l'âme humaine, ou une mission spéciale, un apostolat, le
mot est pris dans une acception générale ou particulière.

1.

Acception générale.

C'est l'appel divin au salut.(2Tim 1:9,Eph 4:1)

Dans l'A.T., la vocation divine est conçue comme s'adressant au
peuple d'Israël dans son ensemble, peuple choisi pour être le
dépositaire des révélations de Yahvé et l'organe de sa
volonté (Ex 19:5,De 7:6 14:2,1Ro 8:53,Ps 135:4,Esa 41:8 44:1 et
suivant
, etc.). Incorporé à la nation, l'individu participe avec elle
au salut contenu dans l'appel (Esa 45:17, cf. Esa 43:3,11
63:8-16), salut dont les modalités évoluent au cours des siècles.
Ainsi l'idée d'une rémunération future ne se présente que très
tardivement. Avec les prophètes apparaît une conception universaliste
de la vocation divine, laquelle est adressée à tous les
peuples (Ps 22:28,Esa 49:6 55:1). Mais l'A.T, nous rapporte
d'autre part des expériences religieuses où l'appel paraît revêtir,
comme dans l'Évangile, un aspect individuel, personnel .(Ps 51
Ps 86 Ps 130,Eze 18:1-28 33:7,20,Joe 2:32)

Dans le N.T., l'invitation de Dieu à s'approprier le salut en
Jésus-Christ est purement personnelle (Mr 16:16,Mt 16:25,Lu 15,Jn
10:9,Ac 2:21-47,Ro 10:9,13,1Ti 4:16,Heb 7:25). Mais le chrétien doit
faire part aux autres des dons qu'il a reçus (Mt 25:14,30,Ro
14:7,1Co 12:7,1Pi 4:10) et se conduire d'une manière digne de sa
vocation (Eph 4:1,1Th 2:13,2Th 1:1), affermir celle-ci (2Pi
1:10), tendre à sa réalisation toujours plus parfaite (Php
3:14). Le salut est destiné à tous les hommes, sans distinction
aucune (Ac 10:9,48,Ro 3:29 10:12). Les desseins d'amour du Père
céleste manifestés et réalisés en Christ embrassent l'humanité
entière (Jn 3:16,Ac 17:30,Ro 3:22 11:32,1Ti 2:4,Tit 2:11,2Pi
3:9,1Jn 2:2). Tous sont appelés, mais tous ne répondent pas (Mt
13:4-8 22:2-14,Lu 13:23,30). Faut-il en conclure qu'il y aura des
âmes à jamais privées du salut? (Mt 21:43,Lu 14:24,Ac 13:46)
Seul est exclu celui qui s'exclut lui-même en toute connaissance de
cause, et chacun encourt une responsabilité proportionnée à
l'intensité, à la clarté de l'appel qu'il a reçu (Mt 11:20-23
23:37-39 Lu 10:10-16 12:47). La volonté de Dieu c'est que tous les
hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la
vérité (1Ti 2:4). Voir Universalisme, Prédestination, Repentir.

2.

Acception particulière.

Certains hommes sont sollicités par l'appel divin pour une mission
spéciale (Mt 20:1,Ro 1:1).

Cette vocation est reconnue comme une volonté directe de Dieu
(Esa 6:8,Jer 1:4,10,Eze 2:3 3:4,10,16 Mt 3:17 21:37, cf. Ge
12:1,Ex 3:4-10,Jug 6:14). Cependant--ce qui revient au même--,
c'est la voix de Jésus que l'apôtre Paul entend (Ac 9:3-6 et
parallèle
), et c'est le Saint-Esprit qui désigne Barnabas et Paul
pour un apostolat spécial (Ac 13:2).

Parfois la vocation est adressée par l'intermédiaire d'un être
humain (1Ro 19:19,21,Mt 4:18-22 9:9) mais quand même c'est
toujours de Dieu que vient l'appel (Ga 1:15 et suivant).

La vocation éclate dans une crise soudaine (Ac 9:3,6 et
parallèle), dans une vision (Ex 3:2 et suivant, Esa
6:1,4,Eze 1), au milieu de luttes intérieures (Ex 3:11
4:1,10,13,Jug 6:15 et suivants, Jer 1:6 et suivant).

Elle peut cependant se développer graduellement et s'éclairer
lentement à travers des tâtonnements et des reculs (Lu 22:31
et suivant, Ac 10:9,17 11:16 et suivant, Ga
2:11,14).

Elle est longuement préparée par le milieu, la recherche de la
vérité (Moïse, Paul) sous la direction providentielle de Dieu.
Impérieuse (Ge 12:1,Eze 3:11), irrésistible même (Jer
20:7,9) et cependant pas contraignante (Esa 6:8), elle a
toujours un aspect individuel, un cachet personnel.

Elle vise des hommes de conditions très diverses: Esaie, qui
semble avoir appartenu à l'aristocratie; Amos, le berger; Ézéchiel,
le prêtre; Pierre, le pêcheur; Saul, le rabbin cultivé. Moïse et
Jérémie ne savent pas parler (Ex 4:10,Jer 1:6), Gédéon
doute (Jug 6:13-15), Paul manque de prestige extérieur (2Co
10:1,10), mais la force de Dieu agit dans la faiblesse
humaine (2Co 12:9). Voir Prophète, III Alc. R.