VÊTEMENT

I Généralités.

Chose essentielle a la vie, avec la nourriture et le logement,
d'après le Siracide (Sir 29:21, cf. 1Ti 6:8). Il est
difficile de préciser avec certitude les formes d'habillement des
Israélites. La Bible possède en ce domaine de nombreux termes
hébreux, mais souvent isolés et sans description. Nos versions sont
donc fréquemment en désaccord, et parfois la même hésite ou varie,
suivant les passages, entre des traductions différentes (par ex.:
manteau, robe, vêtement). D'autre part, les renseignements fournis
par l'archéologie (peinture sur vases, sculpture, stèles, dessins)
sont relativement peu nombreux en ce qui concerne Israël. Enfin, la
Bible embrasse une si vaste période, qu'on ne peut sans doute étendre
à toutes ses époques des indications sur le costume d'un certain
moment. Ce qui facilite pourtant la tâche, c'est que cette évolution
a dû être fort lente à travers les siècles, l'Orient ayant dans une
grande mesure échappé à la tyrannie de la mode toujours changeante.
Même, on peut encore se faire une idée assez juste du costume
israélite d'après celui des paysans palestiniens d'aujourd'hui. Il
comporte toujours la grande robe flottante retombant en plis, sorte
de burnous appelé abaye, et la tunique, chemise descendant
jusqu'aux genoux. Telle est dans la Bible la distinction essentielle
entre vêtement de dessous, court et léger, et vêtement de dessus,
lourd et chaud, porté ou enlevé à volonté; c'est la plus solide
donnée de notre étude. Quant à l'identification des diverses pièces
du costume, il faut suivre les plus fortes probabilités, et préciser
en transcrivant les termes originaux.

II Matériaux et fabrication.

Le récit de la Chute rattache le besoin de vêtement à la connaissance
du bien et du mal acquise par le premier couple, qui pourvoit
d'abord avec de provisoires ceintures de feuilles (Ge 3:7). Puis
apparaissent les primitifs vêtements de peaux de bêtes (Ge
3:21), portées avec le poil (Ge 25:25); ils seront encore,
beaucoup plus tard, un costume de prophètes du désert (2Ro 1:8,Mt
3:4 7:15). On tissa aussi le poil (Ex 26:7), mais on employa
surtout la laine des moutons du pays (Job 31:20,Pr 27:26), le
lin (Pr 31:13) et ses variétés plus luxueuses d'Egypte ou de
Syrie («fin lin», byssus: Ge 41:42,Lu 16:19). La soie apparaît
dans Eze 16:10. Les vêtements furent longtemps fabriqués en
famille (Pr 31:18,24,Esa 38:12,Ac 9:39). La couleur la plus
pratique, dans les pays de grand soleil, était le blanc (Esa
1:18,Mr 9:3); on savait les teindre (pourpre, cramoisi, écarlate,
vermillon: 2Sa 1:24,Pr 31:21 et suivant), ou même les tisser
d'or, les broder, les ornementer de motifs divers, raffinements
possibles aux classes riches (Jug 5:30,Eze 16:13 27:24, cf.
Ex 36:8-35). Voir Filage et tissage, Laine, Lin, etc.

III Les diverses pièces du vêtement.

1.

VETEMENTS DE DESSOUS.

La ceinture des reins (hébreu ézôr) est
l'élément primitif de tout costume. Faite de peau, de cuir ou de lin,
posée à même le corps, elle restait quelquefois le seul vêtement du
travailleur. On la dénouait pour dormir (Esa 5:27). Elle était
ainsi le symbole de l'inséparable (Esa 11:5,Jer 13:11). La
tunique tendant à la remplacer, les prophètes, champions de la vie
simple, se complurent à la porter: elle fut le signalement
d'Élie (2Ro 18), de Jérémie (Jer 13:1), de
Jean-Baptiste (Mr 16). Peut-être l'a-t-on parfois confondue avec
le sac (voir ce mot, parag. 2), sorte de pagne ou grossier tissu de
crin.

La tunique (hébreu kethôneth, d'où vient
probablement le grec khitôn) était le vêtement ordinaire de
l'Israélite. Les travailleurs la portaient courte (jusqu'aux genoux)
et sans manches. Dans les villes, elle était plus longue et
comportait des demi-manches. Dans les costumes de cérémonie, comme
ceux des princes, la tunique descendait jusqu'aux chevilles et aux
poignets: elle est mentionnée, pour les filles du roi, dans 2Sa
13:18 et suivant; c'est aussi la robe de luxe donnée par Jacob à
Joseph (Ge 37:3), car la kethôneth passim est litt, une
«tunique d'extrémités», c-à-d. «longue tunique» (Bbl. Cent.), ou
«robe longue» (Cramp.), plutôt qu'une «robe bigarrée» (Ost., Mart.),
ou de «diverses couleurs» (Sg., Vers. Syn.), traduction due aux LXX
(khitôn poïkilos) et à la Vulg, (tunica polymita). Le col en
était toujours étroit (Job 30:18). La tunique était faite de
laine ou de lin, soit en deux pièces cousues sur les côtés
(quelquefois peut-être sur un seul, Ge 9:21), soit d'une pièce
unique, tissée sans couture, comme celle de Jésus (Jn 19:23). Il
ressort de Mt 24:18 qu'on la gardait pour travailler. On
l'enlevait pour la nuit (Ca 5:3). Mais on pouvait être considéré
comme nu quand on n'avait plus que la tunique; cela peut être le cas
dans 1Sa 19:24 et Jn 21:7; les analogies littéraires et
populaires admettent ce sens dérivé aussi bien que le sens littéral
de l'épithète «nu» (Mr 14:52). L'habitude se répandit au I er
siècle de porter en dessous une seconde tunique, véritable chemise
(Josèphe, Ant., XVII, 5:7): c'est la khâlouk de la Mischna.

La ceinture proprement dite (khagôr),
passée sur la tunique, et tout à fait différente du pagne primitif
qui se nouait autour des reins, pouvait être de lin ou de cuir, très
ouvragée ou réduite à une corde (Esa 3:24); on la mettait
toujours au moment de partir (Ex 12:11,Ac 12:8), de faire son
ouvrage (Lu 12:37,Jn 13:4) ou de fournir un effort, en
particulier de combattre: c'est à ce geste que fait allusion
l'expression proverbiale de 1Ro 20:11. Les soldats portaient la
ceinture (1Ro 2:5), où était suspendue leur épée (2Sa
20:8). On pouvait y glisser une plume, ou bien y mettre sa
monnaie (Eze 9:2,Mr 6:8).

2.

VETEMENTS DE DESSUS.

Le manteau ou vêtement, traductions
ordinaires des mots hébreux très courants begèd et surtout
simlâh. Plus lourd et plus chaud que la tunique, le manteau
protégeait des intempéries et servait de couverture pour la nuit:
aussi ne pouvait-on le retenir en gage après le coucher du
soleil (Ex 22:26). La simlâh était de laine ou de lin. Sa
forme est discutée. Vaste pièce d'étoffe rectangulaire, elle n'était
sans doute l'objet d'aucune confection; on devait, non 1' «enfiler»,
comme l'abaye moderne, mais l'enrouler et la draper autour du corps:
il ressort de No 15:38,Lu 8:44 qu'elle n'était pas cousue,
qu'elle avait des pans puisque aux quatre coins, dont l'un devait
tomber au milieu du dos, elle portait selon la loi une frange et un
cordon. On pouvait s'en couvrir la tête. (cf. 2Sa 15:30,Est
6:12) On laissait ce manteau pour le travail des champs (Mr
13:16). Dans ses vastes replis, «le sein» (voir ce mot, 4), on
pouvait placer cadeaux, provisions, objets de toute espèce (2Ro
4:39,Pr 21:14,Ag 2:12,Lu 6:38). Il pouvait encore servir de drap, de
selle, de tapis (1Sa 21:9,2Ro 9:13,Mt 21:7).

D'autres vêtements, analogues ne peuvent être différenciés avec
précision: le kesouth de Job 31:19, le lebouch ou
malbouch, habit de fête (Est 6:8, roi; Ps 45:14, fille
de roi; 1Ro 10:5, officiers royaux), le costume des envoyés de
David que l'on coupa à mi-corps afin d'outrager leur chef (2Sa
10:4). Pour les espèces de houppes suspendues aux coins du vêtement
(No 15:38 et suivant, De 22:12), peut-être souvenir
d'anciennes amulettes et en tout cas origine de l'étoffe juive à
prière qu'on appelle aujourd'hui taleth, voir Franges.

La robe. Nos versions appellent encore
manteau la robe désignée par le mot meîl. C'est un vêtement assez
élégant, car la Bible n'en revêt que des gens d'une certaine
situation: Job et ses amis (Job 1:20 2:12); Samuel, enfant et
adulte (1Sa 2:19 28:14); Saül et son fils Jonathan (1Sa 18:4
24:3); David, les lévites et les chantres (1Ch 15:27,Esd 9:3).
L'obélisque de Salmanasar III, où sont représentés des notables
israélites apportant le tribut de Jéhu (t. I, fig. 28), nous les
montre vêtus d'une longue robe sans manches, ouverte sur les côtés,
qui doit être le meîl. C'était un costume de cérémonie, que
certains mettaient à la place de la simlâh, comme une sorte de
seconde tunique: peut-être Jésus y pense-t-il lorsque, recommandant
la simplicité à ses disciples en mission, il leur défend de prendre
deux vêtements (Lu 9:3).

3.

AUTRES VETEMENTS.

Le sâdîn (Jug 14:12,Esa 3:23,Pr 31:24) était, d'après
certains auteurs, un fin vêtement de dessous (nos versions trad.
«chemise», «tunique», «mousseline»), d'après les autres un manteau
élégant et léger; de toute façon, c'était un vêtement de gala, «pièce
de fine étoffe» (Bbl. Cent.); comp, le grec sindôn (Mt
27:59), nom du linceul pour les morts.

D'un tout autre genre était l' addèreth, lourd manteau
parfois très riche. Tel était le précieux «manteau de Sinéar», c-à-d,
de Babylonie, qui avait excité la convoitise d'Acan (Jos 721 -24).
les tissus babyloniens étaient réputés pour la variété de leurs
couleurs éclatantes (Pline, H. N., VIII, 48); les LXX traduisent
ici «tissu de diverses couleurs», et Josèphe (Ant., V, 11°) dit:
«un manteau royal tissu d'or». Le manteau du roi de Ninive n'était
certainement pas moins luxueux (Jon 3:6). Il existait par contre
une forme grossière de l' addèreth, le manteau de poils de
brebis, de chèvre ou de chameau (Ge 25:25), qui fut porté par
les prophètes les plus austères (2Ro 1:8 2:13,Za 13:4,Mr 16).

4.

VETEMENT FEMININ.

Il n'y avait guère, aux temps bibliques, de différences essentielles
entre costume masculin et costume féminin. Des femmes portent la
tunique (Ca 5:3), le manteau (Ca 4:11, cf. 1Ti 2:9),
la ceinture (Esa 3:24). Pourtant l'interdiction des échanges de
vêtements entre hommes et femmes (De 22:5) prouve que l'identité
n'était pas complète: les vêtements féminins devaient être plus
amples et plus longs, pourvus de manches; il est parfois question de
leurs pans, qui représentent une traîne (Jer 13:22,Esa 47:2,Na
3:5). Surtout, ils comportaient une variété beaucoup plus riche
d'articles de toilette; il surfit pour s'en rendre compte de lire
l'énumération ironique et instructive des colifichets dont se parait
une élégante de Sion, au temps du prophète Ésaïe (Esa 3:16-24).
Un grand nombre de ces articles sont impossibles à identifier. Le
qichehour (verset 20) doit être une ceinture; (cf. Jer 2:32:
la jeune fille ne l'oublie pas; Vers. Syn. trad.: parure) au verset
22 semblent désignées deux sortes de châles; (cf. Ru 3:15) le
râdîd du v. 23 (cf. Ca 5:7) et le pethîgîl du v. 24 sont
objets d'interprétations très diverses (mantille, robe flottante,
etc.). Enfin le tsâîph dont Rébecca et Tamar s'enveloppaient la
tête est évidemment un voile (Ge 24:65 38:14); un autre est cité
dans Ca 4:1 6:7.

5.

VETEMENT DES PRÊTRES.

Le vêtement caractéristique du prêtre israélite est
l'éphod
(1Sa 2:18 21:9,2Sa 6:11,Os 3:4), qui par ailleurs
était un symbole religieux, objet sacré et moyen de
divination;voir (Jug 8:27 17:5) Éphod. Mais le Code sacerdotal,
qui attache une grande importance à tout l'appareil du clergé,
fournit des données détaillées sur ce que devint dans le judaïsme le
costume des prêtres (Ex 28 et Ex 30,Le 8:6,9,13, cf. Eze
42:14 44:17-19, Sir 45:7 et suivants 50:11). Les vêtements de
service des officiants comprenaient: les caleçons, couvrant des reins
aux genoux; la tunique, étroite, à manches; la mitre (Sg., bonnet),
dont le nom hébr., dérivé d'un mot désignant une coupe, semble
indiquer que sa forme était conique (ces trois pièces de vêtement
étaient en lin, pour éviter la transpiration); enfin, la ceinture
brodée, ou abnét, nouée sur le devant et retombant jusqu'aux
pieds après avoir fait plusieurs fois le tour de la taille. Le prêtre
allait pieds nus. Les «vêtements sacrés» du grand-prêtre comportaient
de plus une grande robe violette, la robe de l'éphod, garnie en bas
de glands en forme de fleurs de grenades et de clochettes (voir ce
mot) en or; l'éphod lui-même, vêtement de lin tissé d'or et de fils
de couleur, assez court, dont les deux pièces (dos et devant) étaient
réunies sur les épaules par deux agrafes et deux pierres précieuses;
le pectoral, sorte de sac carré (Bbl. Cent., «poche â oracles»),
suspendu à l'éphod et contenant le mystérieux «urim et thummim»; une
ceinture spéciale, et une tiare, munie d'une plaque d'or portant ces
mots: Sainteté à l'Éternel. Le grand Jour des Expiations, le
grand-prêtre était vêtu d'un simple costume de lin blanc (Le
16:4). Les prêtres déposaient tous ces vêtements avant de quitter le
sanctuaire (Eze 42:14). Pour plus de détails, voir Prêtres, III,
4.

6.

DANS LE NOUVEAU TESTAMENT.

L'essentiel de ce qui précède reste valable pour le temps de Jésus.
On portait encore tunique et manteau, khitôn et himation
(Ac 9:39). Jésus distingue ces deux pièces de
vêtement: dans Lu 6:29, il s'agit du malfaiteur qui s'empare
d'abord du manteau, vêtement de dessus («laisse-lui aussi ta
tunique»); dans Mt 5:40, il s'agit du plaignant qui réclame au
tribunal la tunique, vêtement de dessous («laisse-lui aussi ton
manteau»). La tunique était longue, ajustée, pourvue de manches; le
manteau devait être de couleurs voyantes comme les burnous
multicolores des Orientaux d'aujourd'hui. (cf. Lu 22:36) La
ceinture existe toujours (Lu 12:35,Ac 21:11), et la robe (stolè)
est mentionnée à plusieurs reprises: robes longues des
pharisiens, robe de l'enfant prodigue pardonné, robe de dessus de
Simon Pierre (Mr 12:38,Lu 15:22,Jn 21:7). Les femmes pouvaient
porter un voile; saint Paul écrit aux Corinthiens qu'elles doivent le
porter dans l'Église;voir (1Co 11:5-15) Voile, II; Chef. Sont
encore mentionnés dans le N.T.: le manteau militaire pourpre, dont
les soldats romains affublent Jésus par dérision (Mt 27:28
parallèle Lu 23:11), les linges (lat., semicinctia), dont se
ceignaient les travailleurs (Ac 19:12), le manteau de voyage que
Paul avait oublié (2Ti 4:13). Voir Linge.

Jésus, qui ne portait pas d'habits de luxe comme les familiers
des rois (Lu 7:25), devait avoir une tunique sans
couture (Jn 19:23), peut-être un présent des femmes qui lui
assuraient leur assistance (Lu 8:3), le manteau vaste et
flottant des rabbins, sans doute de couleur car il devint blanc à la
transfiguration (Mt 17:2), un turban sur la tête, blanc
certainement car c'était l'usage général, des sandales retenues par
des courroies (Lu 3:16); enfin une ceinture de lin, comme la
tunique. Ce sont les objets que les quatre soldats de service pour le
crucifiement se partagèrent: manteau, coiffure, chaussures et
ceinture, quatre lots; et la tunique fut tirée au sort (Jn
19:23 et suivant).

Les figurations du Christ dans l'art chrétien devaient dépendre
d'abord d'un type gréco-latin, avec la tunique ou khitôn arrêtée
aux genoux (voir fig. 13, l'image du bon Berger, du musée de Latran),
et le petit manteau ou himation (le pallium romain), puis
d'un type syrien historiquement plus vraisemblable, avec l'ample et
longue robe orientale. Ces deux types se sont par la suite plus ou
moins confondus dans les représentations traditionnelles du Seigneur
(voir P. Bourguet, le Visage de Jésus, chap. II).

IV Chaussures.

L'Israélite ne se chaussait que pour sortir (Ex 12:11,Jos 9:13,Ac
12:8); il devait se déchausser dans les lieux sacrés (Ex 3:5,Jos
5:15); les prêtres, nous l'avons vu, étaient pieds nus dans le
Temple. On déchaussait les gens qu'on faisait prisonniers (Esa
20:4,2Ch 28:15). La chaussure usuelle était la sandale (fig. 236);
on en a retrouvé divers genres, mais c'était d'habitude une semelle
de bois ou de cuir dur, attachée sous le pied par des
lanières (Ge 14:23,Jn 12:7). Il est question de celles des
nomades (De 29:5), des soldats (1Ro 2:5), des femmes
aussi (Ca 7:2); celles de Judith enchantent Holopherne (Jug
16:9). Assurément, il en était d'élégantes, comme celles de peau
teinte en bleu, couleur d'hyacinthe (Eze 16:10); les coquettes y
fixaient des boucles, même des sonnettes (Esa 3:16,20) Il y
avait aussi celles des pauvres (Am 8:6). Les sandales
n'abritaient pas les pieds de la poussière; aussi fallait-il se les
laver à l'arrivée: c'était le premier soin, le premier devoir de
l'hospitalité (Ge 18:4 24:32). Quand Jésus envoie en mission les
apôtres et leur dit de ne pas prendre de chaussures (Mt 10:10),
il parle d'une paire de rechange qu'on portait ordinairement dans son
sac. Les Israélites ont certainement, du moins les riches, porté de
véritables souliers, couvrant tout le pied; c'est ainsi que sont
chaussés leurs princes sur le bas-relief de l'obélisque de Salmanasar
(fig. 28). Jeter sa chaussure sur un objet, c'était en prendre
possession (Ps 60:10). Voir Soulier.

V Coiffure.

Les Israélites, dans un pays d'ardent soleil, ne pouvaient sortir
tête nue: être découvert, c'était la terrible marque du lépreux, ou
la honte de la femme adultère (Le 13:45,No 5:18). On pouvait
toutefois se contenter de s'envelopper la tête du manteau ou de la
robe: ainsi ont dû se voiler David, Élie, Ézéchiel, dans les
circonstances de 2Sa 15:30 19:4,1Ro 19:13,Eze 12:6. Ailleurs, il
est question d'une pièce d'étoffe spéciale, d'un «voile», soit pour
des hommes (Ex 34:35,Est 7:8), soit pour des femmes (Esa
3:19, cf. plus haut, III). La coiffure la plus commune dans les
campagnes de Palestine devait ressembler au keffîyé des bédouins
actuels, sorte de mouchoir carré qui protège le crâne, la nuque et
les épaules, et que maintiennent des anneaux de grosse corde. (cf.
1Ro 20:31)

Il y avait aussi des coiffures particulières: celles des prêtres
(voir plus haut, III, S, et les art. Mitre, Tiare), des soldats (pour
le casque, voir Armes, II, 2). Antiochus Épiphane voulut imposer le
pétase (voir ce mot), chapeau rond hellénique, aux jeunes nobles
juifs (2Ma 4:12). Le turban est désigné par deux termes
assez difficiles à différencier: le peér de certains grands
personnages (Eze 24:17,23), en particulier des prêtres (Ex
39:28,Eze 44:18), ou du marié le jour de ses noces (Esa 61:10;
Vers. Syn., «diadème»), ou des élégantes de Jérusalem (Esa 3:20),
et le tsânîph, que portaient aussi riches, élégantes, prêtres ou
rois (Job 29:14,Esa 3:23 62:3,Za 3:5); ce dernier mot signifie
«enroulement», sans doute d'une mousseline ou d'une étoffe analogue
autour d'un petit bonnet intérieur.

VI Coutumes relatives au vêtement.

1.

UTILISATIONS DIVERSES.

L'amplitude des vêtements orientaux permettait d'y transporter toutes
sortes d'objets. Nous en avons vu quelques exemples; en voici
d'autres: les Hébreux s'enfuyant hors d'Egypte mettent leurs pétrins
et leurs pains dans leurs manteaux que chacun enroule sur son
épaule (Ex 12:34); les guerriers de Gédéon étendent un manteau
sur le sol, et y jettent le butin (Jug 8:25); Ruth déploie son
manteau devant elle, et Booz y verse six mesures d'orge (Ru
3:15, cf. encore Pr 30:4).

Les voyageurs, les nomades, et de façon générale les gens du
peuple n'avaient d'autre couverture de nuit que leur manteau. Or, la
coutume était très répandue en Israël des «saisies» d'objets pris en
gage (voir ce mot) sur le débiteur, et c'était du manteau qu'on
s'emparait ainsi le plus facilement (Am 2:8,Mt 5:40, cf. Eze
18:16). A cause de ses conséquences inhumaines (Hab 2:6,Job
22:6 24:7 et suivant), la loi interdit cette saisie dans le cas de
la veuve, et impose la restitution du manteau le soir dans le cas du
pauvre;voir (De 24:12,17) Dette.

Pour les primitifs, le vêtement était imprégné de la personnalité
de son possesseur; en faire cadeau à quelqu'un était donner quelque
chose de son âme, (cf. 1Sa 18:3 et suivant) à plus forte raison
quand on l'offrait à la divinité (Eze 16:17 et suivant). Dans le
culte juif, la notion du sacré (voir Pur et impur) rendait
obligatoires les vêtements de cérémonie spéciaux, ou en tout cas
changés et lavés avant et après (Ge 35:2,Ex 19:10,14 Le
16:23,28,No 8:7).

2.

GESTES.

L'Oriental se sert de ses vêtements pour divers gestes symboliques.
S'en couvrir la tête, c'est marquer tristesse (Jer 14:3 et
suivant
) ou crainte (1Ro 19:13). Les secouer avant de quitter un
endroit, c'est rompre avec des gens malveillants (Ac 18:6, cf.
Lu 9:5). Naturellement, on s'en débarrasse quand ils gênent les
mouvements (Mr 10:50,Ac 7:58); on les jette en l'air par
excitation (Ac 22:23). La Bible parle souvent du geste de
déchirer ses vêtements, signe de violente émotion pénible,
douleur (Ge 37:29 34 Job 1:20) effroi (1Ro 21:27,2Ro 11:14
22:11), indignation (2Ro 5:7,Mt 26:65), désespoir (Jephté,
Ézéchias, Mardochée, Jug 11:35,2Ro 19:1,Est 4:1);voir Deuil, 2.
Le lépreux, le messager de mauvaises nouvelles avaient aussi leurs
habits déchirés (Le 13:45,2Sa 1:2). On saisit quelqu'un par le
pan de son vêtement, pour le supplier (1Sa 15:27,Za 8:23);
comparer certains malades auprès de Jésus (Mt 9:20). Voir Gestes.

3.

VETEMENTS DE FÊTE.

Jésus a fait allusion aux porteurs d'habits somptueux (Mt 11:8,Lu
16:19). Prophètes et apôtres ont combattu les extravagances de
toilette (Jer 4:30,Sop 1:8,1Ti 2:9,1Pi 3:3). Il est
couramment question dans la Bible des manteaux ou robes de fête,
tenus en réserve pour les grandes occasions (Esa 3:22 61:3,Lu
15:22), en particulier pour les noces (Mt 22:11). Ces vêtements
étaient ordinairement blancs (Est 8:15,Ec 9:8); et ce trait est
tout naturellement retenu pour les descriptions de la gloire du
ciel;voir (Ap 3:5,18) Couleurs, I, 3. La possession de tels
vêtements de rechange est un signe de fortune (Job 27:16,Jas
5:2). Quant aux rois, ils disposaient d'un vestiaire, véritable
garde-robe assez importante pour nécessiter un fonctionnaire
spécial (2Ro 10:22 22:14). Pour le détail des parures dans
l'habillement, voir Ornements.

4.

VETEMENTS DE DEUIL.

Exception faite des habits de veuve de Ge 38:14, il n'est guère
question dans la Bible que du «sac» traditionnel, grossier tissu de
poil, porté sur la peau (Job 16:15), soit comme vêtement de
dessous (2Ro 6:30), soit même pour tout costume (Ge
37:34,Esa 32:11). Peut-être usait-on aussi de cordes (1Ro
20:31,Esa 3:24). On quittait ses chaussures et parfois sa
coiffure (2Sa 15:30,Eze 24:17). Voir Deuil, Sac.

Pour la mise des courtisanes, voir Prostitution.

VII Sens figuré.

Tout ce qui concerne le vêtement est, dans l'Écriture, matière à
nombreux enseignements et paraboles. Jésus exhorte le fidèle à ne pas
se mettre en souci pour lui-même du vêtement matériel (Mt 6:25
et suivants), mais à s'en mettre en souci pour les autres; (Mt
25:36-43) voir Souci. Une image fréquente repose sur ce point de
comparaison: de même que le corps s'enveloppe d'un costume qui lui
donne une certaine apparence, de même l'âme se revêt, se pare ou
s'affuble de manifestations visibles de sentiments cachés: violence
par exemple, ou au contraire justice, équité (Ps 73:6,Job
29:14). Or c'est une évidence que le costume peut tromper sur la
réalité et que l'habit ne fait pas le moine: les faux prophètes sont
des loups ravisseurs, vêtus de peaux de brebis (Mt 7:15; comp.
La Font., Fables, III, 3). Mais il y a un habillement de la
Sagesse divine, de la justice (Sir 6:29,31 27:8); le
Seigneur, revêtu de force, en revêt aussi ses enfants (Esa 51:9
52:1, Sir 17:3). Alors que la malédiction emprisonne comme un
manteau (Ps 109:18 et suivant), le prophète de l'exil parle du
salut comme d'un vêtement (Esa 61:10). St Paul approfondit
l'image et l'enrichit: le vêtement doit être l'exacte expression des
sentiments réels, l'habit révèle l'être intérieur, et ce que le
chrétien revêt, c'est le nouvel homme; mieux encore, c'est Christ
lui-même (Col 3:10,Ga 3:27). L'apôtre dresse donc, d'une part,
le tableau du costume du chrétien dans la vie sociale: revêtu de
bonté, d'humilité, de douceur, etc., toutes vertus réunies par la
ceinture de la charité, lien de la perfection (Col 3:12,14),
d'autre part le tableau du costume du chrétien militant (sans doute
inspiré de la vue du soldat romain que l'apôtre prisonnier avait à
son côté), revêtu de toutes les armes de Dieu (Eph 6:13 et
suivants
, cf. 1Th 5:8,Ro 13:12). La condition pour n'être
pas trouvé nu devant Dieu est d'être vêtu par Dieu Lui-même (2Co
5:2 4, cf. Ap 3:17 et suivant).
CONSULTER: E. Stapfer, Palestine , ch. X; Alf. Bertholet,
Hist. Civ Isr.; Ad Lods, Israël. Jn. R.