SYRO-PHÉNICIENNE

Désignation, dans Mc 7:26, de la femme grecque (c-à-d, païenne) dont
Jésus guérit la fille; dans le parallèle Mt 15:22 elle est
appelée cananéenne, terme qui équivaut à celui de phénicienne: les
LXX traduisent le nom hébreu du pays de Canaan par Phoïnikê
(=Phénicie). Ce n'est que plus tard, sous l'empereur Adrien (117-138),
que la Syrie fut subdivisée politiquement en Syrie proprement dite,
Syro-Phénicie et Syrie phénicienne (d'après Lucien); mais il est
assez probable que ces appellations officielles ne firent que
consacrer celles de l'usage populaire, qui ont donc bien pu exister
déjà à l'époque de Jésus. L'épithète syro-phénicien distinguait
d'ailleurs les Phéniciens demeurant en Syrie des Phéniciens demeurant
en Libye (Afrique), Libyphéniciens ou Carthaginois. Cette femme est
donc caractérisée par sa langue (grecque), par sa race (phénicienne)
et par sa province officielle (syrienne). Les Homélies Clémentines
(début du III° siècle?) appellent cette mère Justa (nom romain) et sa
fille Bérénice.

L'attitude première de Jésus à l'égard de la Cananéenne--silence
et résistance--a été diversement interprétée. Il est aussi inutile
qu'invraisemblable de supposer qu'il lui fallait le spectacle de son
indomptable foi pour avoir la révélation de l'âme païenne.
L'explication ordinaire, par un dessein du Maître d'éprouver cette
grande foi et d'éduquer celle des disciples, reste la plus probable.
On peut y voir de plus une intention chez le Seigneur de passer alors
incognito dans cette région païenne sans compromettre sa messianité
en y risquant des interprétations superstitieuses ou charnelles de sa
puissance spirituelle; l'insistance admirable de la mère croyante
l'aurait fait renoncer à ce plan temporaire. L'épisode analogue, mais
plus ancien, du centenier de Capernaüm (Mt 8:5,13) prouve que le
Christ avait déjà admiré et exaucé la foi d'un non-Israélite.