SUMER ou SOUMER

1.

Géographie.

La Babylonie, dans l'antiquité, était divisée en deux parties: au
Nord Accad, dont les habitants étaient des Sémites; au Sud Sumer (cf.
Sinéar, Ge 10:10, etc.), le pays des Sumériens, dont la race et
la langue n'ont pas encore été classifiées de façon définitive. Les
villes sumériennes principales, du bord du golfe Persique (qui
s'avançait dans l'antiquité 100 km. plus au Nord qu'aujourd'hui) vers
le N., sont: Éridou (Abou-Shahrein?), Ur, (Moughaïr; Ge 11:28,31
15:7,Ne 9:7) Larsa (Senkereh; Ellasar Ge 14:1), Ourouk
(Warka; Érec Ge 10:10), Lagash ou Shirpourla (Tello), Isin,
Oumma (Djoha), Shourouppak (Fara), Adab (Bismaja), Nippour (Niffer).

2.

Les origines d'après la mythologie.

Bérose compila une liste de dix rois qui régnèrent avant le déluge
pendant 432.000 années; l'auteur sacerdotal (Ge 5, P) est bien
plus modeste en attribuant aux dix patriarches antédiluviens une
période de 1.656 années (cinq années dans la chronologie de Bérose
correspondent à peu près à une semaine de l'écrit sacerdotal). On a
retrouvé deux listes cunéiformes correspondantes:

(a) huit rois, cinq villes, 241.200 années;

(b) dix rois, six villes, 456.000 années. Ge 4:17
et suivant (J) nomme sept patriarches (il faut y ajouter Adam et
Noé). Après le déluge, que les historiens babyloniens (de même que
les auteurs bibliques) considèrent comme un fait historique, les
listes dynastiques ont encore un caractère mythologique, bien que,
avant les listes réellement historiques, apparaisse déjà quelque roi
connu par ses inscriptions.

3.

Histoire politique.

Les Sumériens occupèrent le pays environ 4.000 ans av. J.-C.
Venaient-ils de l'Inde, du Caucase, de l'Elam ou d'autre part? On ne
le sait pas. Il se peut aussi qu'ils soient autochtones. L'histoire
de Sumer commence avec la première dynastie d'Ur (cinq rois, 177
années), vers la fin du quatrième millénaire; c'est à cette époque
que Mesilim règne à Kish et Lougal-dalou à Adab. Vers 3100 Our-Nina
fonda une dynastie à Lagash; son petit-fils Éannatoum conquit une
bonne partie de Sumer et battit l'Êlam: sa victoire sur Oumma est
célébrée dans la célèbre «stèle des Vautours» du musée du Louvre. Le
dernier roi de cette dynastie, Ouroukagina, «établit la liberté» et
fit des réformes sociales, mais il fut battu par Lougal-zaggisi de
Ourouk (vers 2800), le grand conquérant qui soumit à son sceptre
Sumer et Accad et atteignit dans ses campagnes les bords de la
Méditerranée. A son tour Lougal-zaggisi tomba dans les mains de
Sargon I er, le fondateur de cette dynastie sémitique d'Accad qui
régna sur un grand empire pendant presque deux siècles (voir Accad).
Ensuite des hordes de montagnards barbares, les Gouti, envahirent
Sumer: leurs rois y régnèrent pendant 125 années. La domination des
Sémites et des Gouti n'eut pas de conséquences néfastes sur le
développement de la culture et du commerce des Sumériens; au
contraire l'art et la littérature fleurirent à Lagash au temps des
Gouti sous les gouverneurs (patesi ou isak) Our-Bau et, en
particulier, Goudéa (vers 2400). Une renaissance de l'esprit national
de Sumer permit à Outou-hegal de Ourouk (vers 2350) de rétablir
l'indépendance du pays et, peu après, Our-Engour (ou Our-Nannou)
fonda la troisième dynastie d'Ur (125 ans, cinq rois), et en même
temps le dernier grand empire sumérien. Après une période de rivalité
entre Isin et Larsa, l'hégémonie passa définitivement aux Sémites,
dont la capitale fut désormais Babylone. Voir Ur.

4.

La civilisation sumérienne.

D'après Bérose la civilisation fut introduite sur la terre par
Oannès, un monstre à demi homme et à demi poisson, qui sortit de la
mer et s'établit sur la côte babylonienne: il aurait enseigné aux
hommes l'écriture, les sciences et les arts, la fondation des villes,
la construction des temples, la promulgation des lois, la mesure des
champs, l'agriculture, en un mot toute la civilisation. Il y a du
vrai dans ce mythe; le génie sumérien créa une culture que certains
savants considèrent comme plus ancienne que l'égyptienne: dans ce cas
elle serait la source de la civilisation européenne. Ce qui est
certain, c'est que, 3.000 ans avant J.-C, au plus tard, les Sumériens
avaient développé l'art d'écrire (cunéiforme), l'architecture
(briques cuites et la voûte), la monarchie, l'agriculture et
l'irrigation, la sculpture et l'orfèvrerie, l'art militaire (la
phalange), le commerce, la législation, la religion et une science
rudimentaire. Les Babyloniens et les Assyriens ont simplement
développé les inventions sumériennes et les ont répandues dans les
nations de l'antiquité.--Voir fig. 250 à 253
BIBLIOGRAPHIE

--Voir art. Assyrie et Babylonie, Elamites

--L. Delaporte, La Mésopotamie, Paris 1923.

--E. Meyer, Hist de l'Antiquité

--CL. Woolley, The Sumerians, Oxford 1928 (trad franc. 1930).

--CJ. Gadd, Hist, and Monum. of Ur, Londres 1929

--G. Contenau, La Civilisation assyro-babylonienne, Paris 1922.

--F.Thureau-Dangin, Les Inscr, de Sumer et d'Akkad, Paris 1905.

-L.W. King, A Hist, of Sumer and Akkad, Londres 1910.

R.H. Pf.