SOT, SOTTISE

Bien que l'Ancien Testament emploie souvent les mêmes mots pour
désigner la sottise et la folie, une étude attentive des textes
montre que les auteurs hébreux distinguaient fort bien ces deux
notions l'une de l'autre (Ec 1:17), et nos traductions
gagneraient parfois à mettre sottise là où elles écrivent folie.

La folie est un déséquilibre mental, un phénomène d'exaltation,
une maladie; elle est compatible avec bien des qualités. Un fou peut
être aimant, généreux, modeste. La sottise est le fait d'un homme
qui, jouissant de sa raison, ne s'en sert pas pour se bien conduire.
Elle décèle un manque de jugement qui s'accompagne généralement de
prétention, de ridicule et qui tarit les vertus du coeur. «On peut
être sot avec beaucoup d'esprit...Mais un sot n'a pas assez d'étoffe
pour être bon», écrit La Rochefoucauld (Réflex., p. 119; Max., 387).
Aussi Littré observe-t-il justement: «On peut dire à
quelqu'un sans l'offenser: Vous êtes un fou; mais on ne peut lui dire
sans l'outrager: Vous êtes un sot.»

L'A.T, a des mots nombreux pour qualifier la sottise, dont six
sont particuliers à l'Ecclésiaste. Le livre des Pr (Pr 9)
établit un parallèle entre la sagesse et la sottise; on traduit
généralement par folie, mais sottise convient mieux car il s'agit
ici, non de démence, mais d'arrogance et de consciente perversion. La
sottise est dépeintesous (Pr 9:13,17) les traits d'une femme
bruyante, ignorante, stupide et corruptrice.

--La colère provoque la sottise (Pr 15:5), dans laquelle se
complaît l'homme dévoyé (Pr 15:21), qui même en fait
parade (Pr 12:23 13:16). Le mérite de Job fut, au sein des
épreuves, de ne «proférer aucune sottise contre Dieu» (Job
1:22). L'Ecclésiaste fait de la sottise une étude
approfondie (Ec 1:17 2:3-12 et suivants); il déclare que la
sottise (d'autres traduisent la folie) est naturelle à l'homme (Ec
9:3, cf. Pr 22:15), qu'elle est le fait des gens sans
discernement (Ec 10:13), mais qu'elle n'empêche pas d'atteindre
aux situations les plus élevées (Ec 10:1,6).

Le fou est victime de sa folie, le sot est responsable de sa
sottise, aussi celle-ci est-elle considérée comme une faute (Ps
69:6; Vers. Syn. trad.: égarement). Dieu la pardonne pourvu qu'on
n'y retourne pas (Ps 85:9). Les Israélites sont considérés par
le Deutéronome comme une race dont l'impiété est faite de sottise (De
32:20; Vers. Syn. trad.: race perverse). Jésus, dans Mr 7:22,
dit: «C'est du coeur de l'homme que sortent les mauvaises pensées,
l'orgueil, la sottise...» (Vers. Syn. trad.: l'orgueil, le
dérèglement de l'esprit). Voir Folie.