SCIENCE

(Lat. scientia, de scire, savoir; hébreu daat, science,
connaissance, ou déâh, qui signifie aussi sagesse; grec gnôsis,
connaissance, notion. D'où le terme «gnose», qui a joué
un rôle si important dans la théologie chrétienne des premiers
siècles:voir Gnosticisme.)

Par «science», les Hébreux n'entendaient pas seulement
l'intelligence d'un sujet, la connaissance intellectuelle, mais aussi
l'expérience. «La connaissance du bien et du mal» dont il est
question dans Ge 2:9 désigne la libre expérience par laquelle la
créature qui venait de sortir des mains du Créateur pensait se mettre
en état de juger par elle-même si une chose était bonne ou mauvaise.
En réalité, cette expérience ne pouvait procurer à l'homme enfant que
la connaissance du mal, car la connaissance du bien lui aurait été
donnée dans sa vie d'obéissance auprès de son Père céleste (voir
Chute). L'expression «connaître Jéhovah» (Pr 2:5,Os 4:1,Jer
22:16 etc.) suppose non seulement la notion intellectuelle de Dieu
et l'adhésion de l'intelligence à ses révélations, mais l'expérience
morale, la pénétration spirituelle qui s'expriment dans l'obéissance
et la fidélité du coeur (Os 6:6). Dans plusieurs cas, daat
est associé à khokmâh, la sagesse (voir ce mot): deux qualités
qui s'unissent pour inspirer ensemble «la crainte de
Jéhovah» (Esa 33:6).

Dans le N.T., gnôsis indique aussi la science faite du savoir
de l'intelligence et de l'expérience du coeur: la connaissance du
salut (Lu 1:77), la connaissance de Dieu (2Co 2:14 10:5
4:6), la connaissance de Jésus-Christ (Php 3:8,2Pi 3:18) et, de
façon générale, de tout ce qui concerne la science de Dieu. Parfois
le mot est pris dans le sens de la relativité des facultés
humaines (Eph 3:19). Ailleurs, la gnôsis est présentée comme
un don direct de Dieu, un fruit de l'Esprit (1Co 12:8), une
révélation (1Co 2:9 et suivants), ou comme une sorte de culture
chrétienne, qui ne doit pas nous enorgueillir, mais qui nous rend
aptes à juger comme chrétiens de ce qui doit se faire ou ne se faire
point (1Co 8:1). Le manque de connaissance crée un état de
minorité spirituelle et exige de ceux qui sont plus avancés une
condescendance charitable à l'égard des faibles (1Co 8:7 et
suivants
).

Enfin, de même qu'il existe de faux prophètes (1Jn 4:1) et
un «levain» dont il faut se garder (Mt 16:6), il existe aussi
une «fausse science» (1Ti 6:20). Ici, l'apôtre ne vise pas
seulement «les discours vains et profanes», mais les objections des
faux docteurs, judaïsants ou gnostiques primitifs qui, par l'étalage
de leurs connaissances et leur polémique hautaine contre les
doctrines élémentaires de l'Evangile, se vantaient d'embarrasser les
simples croyants, et souvent les scandalisaient ou les détournaient
de la foi (1Ti 6:21). Siècle après siècle les disciples de
Jésus, sans se lasser d'éclairer leur religion en ajoutant «à la
vertu la science» (2Pi 1:5), sont appelés à se souvenir de la
recommandation de Paul à Timothée. «Science sans conscience n'est que
ruine de l'âme», disait Rabelais. A plus forte raison la science
biblique, dénuée du sens spirituel que donne la communion avec le
divin animateur de la Bible, Jésus-Christ, peut-elle être une source
d'égarement.--Voir Connaissance.