ARÉOPAGE

(=colline d'Ares). Rocher nu de 115 m. d'altitude, à 100 m. à
l'Ouest de l'Acropole, où siégea le plus ancien Conseil suprême
d'Athènes; lieu primitivement choisi pour les transactions que
nécessitait le «rachat du sang» devant ce tribunal criminel consacré
au dieu du Meurtre (Ares =Mars). D'abord aristocratique et
conservateur, le Conseil fut graduellement dépouillé de son pouvoir
politique; mais jusqu'à la fin de l'Empire romain (fin du IV e
siècle), il resta chargé, dans des proportions variables suivant les
époques, des affaires relatives à la religion, la morale,
l'instruction, la constitution. Le lieu traditionnel des jugements
qu'il rendait en plein air (et de nuit) subsiste aujourd'hui (fig.
14): seize marches grossièrement taillées dans le roc mènent à la
terrasse en rectangle également creusée, entourée de trois banquettes
de pierre.

C'est en cet endroit que les premiers siècles de l'Église ont
placé la comparution de l'apôtre Paul: il fut mené de l'agora
(=place publique) devant les juges de l'A., qui désiraient non
l'accuser ou le juger, mais connaître la nature des «nouveautés qu'il
enseignait» (Ac 17:17-19); alors il prononça son fameux discours
de circonstance sur le «Dieu inconnu», adressé aux «Hommes athéniens»
en général (verset 22) parce que les séances du tribunal étaient
publiques, mais interrompu, lorsqu'il affirma la résurrection des
morts, par les moqueries et l'indifférence (verset 32): très peu
nombreux furent les convertis, parmi lesquels cependant il faut
signaler l'un des juges (verset 34); voir Denis.

Depuis la Renaissance, bien des auteurs, interprétant le terme
«Aréopage» dans le sens collectif: «Paul mené aux juges de l'A.»
(verset 19), et «se tenant debout au milieu des juges de l'A.»
(verset 22), placent la scène non sur le rocher lui-même, mais dans
un local public plus accessible, sur l'agora, tel que le Portique
Royal: de là pouvaient aussi bien être comprises les allusions
directes du prédicateur aux innombrables «autels de culte» v. 23),
aux «temples bâtis de mains d'homme» v. 24), aux «sculptures
artistiques et géniales d'or, d'argent et de pierre» (verset 29), qui
parsemaient l'Acropole en particulier et la cité en général. Dans
l'état actuel de la question, il est permis de rester fidèle à
l'interprétation qui, sans avoir contre elle aucune invraisemblance,
a pour elle aussi l'avantage de l'antiquité. Jn L.