PSAUMES DE SALOMON

Collection de 18 psaumes écrits en grec, primitivement peut-être en
hébreu. Sous le rapport de la forme, et en partie aussi par les
sujets qu'ils traitent, ils rappellent nos psaumes bibliques. Le
Canon de l'A.T, (voir art.) étant clos quand parurent ces nouveaux
psaumes, on ne pouvait les attribuer à David. On choisit donc comme
nom d'auteur son successeur, le roi Salomon, dont la réputation de
grand écrivain, de sage et de serviteur de Yahvé était établie par
l'histoire sacrée et par une série de livres qui avaient trouvé place
dans le Canon grâce au nom de ce roi inscrit à la première page. La
coutume de la pseudépigraphie générale, dans les siècles antérieurs
et postérieurs à la naissance du christianisme, a permis d'user plus
tard encore du nom de Salomon. C'est sous son égide que parut un
autre groupe de chants découverts depuis peu: les Odes de Salomon
(voir Pseudépigraphes).
Dans certaines listes de livres canoniques on a rapproché les Odes et les
Psaumes de Salomon et on les a placés à la fin du N.T.:
l'Alexandrinus nomme les Psaumes après les Clémentines; les LXX les
ont insérés entre la Sapience et le Siracide. Les Psaumes eux-mêmes
ne renferment pas une ligne ayant quelque rapport avec le Salomon de
l'histoire.

Les sujets traités dans ces chants varient comme c'est aussi le
cas dans les psaumes du Canon. A côté des cantiques de bénédiction,
il en est d'autres qui respirent la haine et la vengeance. (PsSal 4)
Les lamentations alternent avec les actions de grâces. Parfois,
comme au PsSal 8, l'auteur fait le récit des malheurs qui frappent
Jérusalem et les explique comme un juste châtiment de Dieu. Dans une
partie des psaumes c'est une seule personne qui parle au singulier;
dans d'autres l'emploi du pluriel montre qu'il s'agit d'une
collectivité, d'où l'on a conclu que ces chants servaient aussi au
culte synagogal.

Les idées eschatologiques ne sont pas absentes de notre livre,
bien qu'elles y soient moins dominantes que dans les apocalypses
proprement dites. L'attente messianique est au premier plan dans les
PsSal 17 et PsSal 18. Le Messie attendu est le roi, fils de
David, qui régnera sur un peuple délivré de tous ses ennemis. C'est
sur le terrain politique et national que se déroule toute l'espérance
du psalmiste, et il est remarquable qu'à l'opposé des autres
documents du judaïsme préchrétien, qui ignorent le Messie davidique
ou n'en font que peu de cas, il revit ici grâce à l'action d'une
épouvantable catastrophe nationale sur la piété du psalmiste. Le
coloris transcendant de l'eschatologie, qui est la caractéristique
des oeuvres apocalyptiques, manque totalement dans les Psaumes, si
l'on fait abstraction des passages relatifs à la résurrection. C'est
pourquoi il ne faudrait point les ranger parmi les Apocalypses, avec
lesquelles ils n'ont de commun que la pseudépigraphie.

A la différence de la plupart des pseudépigraphes de l'A.T., dont
la rédaction ne saurait être datée qu'approximativement, on peut
dater les Psaumes de Salomon, du moins plusieurs d'entre eux, (PsSal
8, 17) d'une façon très précise. En effet, quelques événements
bien connus dans l'histoire de Rome y sont mentionnés: l'arrivée du
général romain Pompée aux portes de Jérusalem, le siège et
l'occupation de la ville et de son sanctuaire (63 av. J.-C).

Le Psaume de Salomon 2 connaît les circonstances spéciales qui ont
accompagné la mort du triumvir romain (an 48). L'auteur fut donc de
la génération qui précéda immédiatement la naissance de Jésus. La
position qu'il occupa au sein de la vie politique juive est
déterminée par ce fait qu'il se rattachait au parti des pharisiens.
Son coeur saigne de l'abaissement de sa patrie. Il se tourne avec
animosité et aigreur contre ceux qui ont favorisé l'invasion
étrangère, tout d'abord contre les Hasmonéens, les instruments de
Rome, et aussi contre ses compatriotes renégats qui, ayant abandonné
leur Dieu, sont devenus les esclaves des hommes. Il prône le retour à
l'obéissance de la Loi. Elle est la norme qui sépare la nation juive
en deux camps: les justes et les impies. Aux premiers seuls est
promise la résurrection. (PsSal 3:13,16) Les impies sont voués à la
perdition éternelle. L'idéal de la parfaite soumission à la Loi c'est
le Messie, sans péché lui-même, qui le réalisera dans son royaume.
Tous les impurs en seront exclus. (PsSal 17) L'ouvrage permet de se
faire une idée exacte de la piété pharisaïque, telle qu'elle s'était
développée quand Jésus parut. L'antagonisme entre lui et les
pharisiens, dont les évangiles révèlent le caractère tragique, en fut
la conséquence fatale. La polémique de l'apôtre Paul contre la
justice légale s'éclaire d'une lumière nouvelle quand, à l'encontre
des déclarations de ses épîtres, notre psalmiste dit
textuellement PsSal 14:2 et suivants) que Dieu donna la Loi
pour nous faire vivre, que les Saints du Seigneur auront en elle la
vie éternelle». G. B.