PRÉEXISTENCE

Existence antérieure à la vie terrestre. Ni le substantif préexistence,
ni le verbe préexister ne se lisent dans la Bible.

Diverses écoles religieuses ou philosophiques ont affirmé la
préexistence des âmes s'incarnant dans un corps, soit pour expier
les fautes antérieures, soit pour y être mises à l'épreuve:


Ma fille, va prier...

Pour celle qui te prit, jeune âme dans le ciel,

Et qui te mit au monde...(Victor Hugo).



Cette doctrine, passée dans les idées populaires, est absolument
inconnue des écrivains sacrés.
Le Christ fait-il exception à la règle générale de l'humanité?
A-t-il existé auprès de Dieu avant son apparition sur la terre? Les
théologiens l'ont affirmé ou nié au nom de la Bible. Celle-ci reste
très sobre; la préexistence du Christ y est plus implicite
qu'exprimée.

La plupart des passages invoqués sont susceptibles d'une double
interprétation. Dans Jn 1:1 et suivants et 1Jn 1:1
et suivants, le Verbe, la Lumière, la Vie peuvent être soit la personne
préexistante de Jésus-Christ, soit, comme la Sagesse dans (Pr
1:20), des personnifications poétiques de l'action divine. 1Pi
1:11,20 peut supposer la préexistence du Christ, ou la volonté
divine de sauver le monde par un Messie dont les prophètes avaient
déjà l'Esprit. Dans Ap 3:14, les interprétations diverses du mot
gr. arkhè présentent le Christ comme le commencement de la
création, ou comme son principe actif, ou comme son chef (voir ce
mot). De même ce peut être en date ou en dignité que Jésus-Christ est
le premier-né de la création, le premier-né d'entre les morts (Ro
8:29,Col 1:15,18,Heb 1:6,Ap 1:5).

Les passages tels que Jn 8:14 16:28 17:8 ne précisent pas si
l'origine divine du Christ est ontologique ou morale, si elle remonte
à sa préexistence ou si elle date de sa naissance. Le don que Dieu
fait de son Fils (Jn 3:16) et que Jésus fait de sa propre
personne (Php 2:6 et suivant) peut se placer avant
l'incarnation, ou au baptême, ou encore se renouveler au long du
ministère du Christ et jusqu'à la croix; cette dernière
interprétation semble confirmée par Mr 12:2,6,Ro 1:25,Php 2:9.
Le ciel d'où vient le Christ (Jn 3:13 6:62) est le ciel
spirituel (Jn 6:63) de la communion avec Dieu, où il est
tandis qu'il parle, où les disciples le verront peu après dans une
heure de transfiguration.

Il y a néanmoins quelques passages bibliques qui affirment, en
des termes difficilement contestables, la préexistence du Christ et
laissent entrevoir ce qu'elle a pu être. Elle est affirmée une fois
formellement et solennellement, en des termes absolus oui rappellent
la révélation de l'Éternel à Moïse (Jn 8:58, cf. Ex 3:14).
Jn 17:3 présente le Christ comme possédant, dès avant la
création du monde, une existence glorieuse, distincte de celle de
Dieu.

Dans l'un de ses magnifiques «hymnes en prose»,
(Col 1:15-20) l'apôtre Paul présente le Christ, Fils de Dieu,
comme la première des créatures, elle-même créatrice de tout ce qui
est, même des êtres célestes. (cf. Heb 1:2)

Une telle notion est venue tout naturellement à l'esprit des
chrétiens: si l'homme a été entraîné dans le mal par un être
supérieur en puissance, Satan, le Libérateur capable de régénérer
l'humanité ne pouvait qu'être, lui aussi, d'une origine supérieure.
En Christ recréateur, les apôtres ont salué l'agent de la création
première. Seulement ils n'ont pas disserté sur la préexistence de
leur Sauveur, ils l'ont chantée. R. Pf.

Voir Prière sacerdotale:, I