PÉTRA
Localité mentionnée à diverses reprises dans l'A.T, sous le nom de
Séla (en hébreu =pierre, rocher).
Limite du territoire des Amoréens (Jug 1:36) et, d'après le
contexte, à rechercher dans une région proche du S. de la mer Morte.
C'est de ce côté qu'il faut aussi regarder à propos de la campagne
d'Amatsia dans la vallée du Sel (2Ro 14:7). Esaïe pense sans
doute à la même ville (Esa 16:1 42:11). Très probablement en
effet, le site biblique est identique à celui qui est connu par
ailleurs, à une époque plus tardive, sous le nom de Pétra (=pierre)
et qui fut la capitale célèbre du royaume nabatéen, du IV e siècle
av. J.-C, au II° siècle ap. J.-C.
Les Nabatéens avaient remplacé les Édomites; leur ville, établie
dans un chaos de rochers, en plein désert (90 km. au Sud de la mer
Morte), était un magnifique relais de caravanes, à l'abri de tous les
coups de main. Leurs rois se disaient «rois d'Arabie», et le
territoire soumis à Arétas I er (2Ma 5:8) s'agrandit plus
tard considérablement vers le N., arrivant même aux portes de Damas.
Cette ville était sous la surveillance directe de l'ethnarque
d'Arétas IV (9 av. J.-C, à 40 ap. J.-C); on sait que l'apôtre Paul
dut en sortir d'une façon un peu mouvementée (Ac 9 25, 2Co
11:31 et suivant). En 106 ap. J.-C, le royaume nabatéen devint
province romaine; Pétra, reliée par une grande route à la Syrie et à
la mer Rouge, connut des jours de grande prospérité, ne déclinant
qu'à la fin du III° siècle de notre ère. Aujourd'hui, dans la ville
morte, on ne voit plus guère que des tombeaux, magnifiques monuments
creusés à même le roc et dont le plus merveilleux est sans contredit
celui qui apparaît au débouché du Sîq, en deux étages décorés de
chapiteaux, corniche et fronton, ciselés avec une étonnante finesse
dans la pierre moirée de la falaise abrupte.
Les édifices ou emplacements cultuels sont nombreux: un temple
périptère en ruines, un monument appelé par les Arabes «le couvent»,
mais surtout un haut-lieu parfaitement conservé, avec masseboth,
autel des sacrifices, autel à libations, aire sacrée, dont l'ensemble
constitue un document unique pour la compréhension du sanctuaire
sémitique et de son rituel sacrificiel (fig. 221 à 223). Les Croisés,
qui construisirent un château-fort à proximité, avaient identifié le
Djebel Hâroûn (S.-O, de Pétra) avec le mont Sinaï.
Des savants ont été plus hardis, oui ont pensé retrouver à Pétra
même le Sinaï traditionnel. Leur argumentation, qui s'appuie sur
l'existence du haut-lieu mentionné plus haut (actuellement appelé
Zibb Atouf), ne laisse pas que d'être peu probante, si ce
sanctuaire en plein air date de l'époque romaine, comme l'affirment
d'autres savants. On pourrait tout au plus admettre que Séia-Pétra
fut une étape dans la marche des tribus israélites que Moïse
conduisit à travers le désert vers le Pays promis. A. P.