PÉKAH

Roi d'Israël. Occupait d'abord un grade élevé dans l'armée du roi
Pékahia (1l était son adjudant ou son général en chef). Profitant du
mécontentement qu'entretenait dans le royaume le paiement du tribut
auquel les Assyriens avaient soumis Ménahem, Pékah, à la tête d'une
bande de 50 Galaadites, assassina le roi et occupa le trône à sa
place. 2Ro 15:27 lui attribue 20 ans de règne, chiffre qui
s'accorde difficilement avec d'autres données chronologiques, et qui
paraît devoir être abaissé à 5 ans environ (736-730). Ésaïe l'appelle
plusieurs fois, d'une façon un peu méprisante, «le fils de Remalia»
(on dirait aujourd'hui: «le fils Remalia» ou «Remalia fils»), ce qui
ferait supposer qu'il était de basse extraction (Esa 7:4-9 8:6).

Pékah conçut le plan d'une vaste coalition dirigée contre la
puissance grandissante de l'Assyrie, coalition dans laquelle devaient
entrer les principaux rois des régions palestiniennes et syriennes.
Il s'allia d'abord avec le roi Retsin de Damas, faisant ainsi cesser
l'hostilité séculaire entre Israël et la Syrie. Ils groupèrent autour
d'eux les rois d'Arvad, de Gaza, d'Askalon, de Moab, d'Ammon et
d'Édom, ainsi que la reine arabe Schams (voir les inscriptions
assyriennes de Tiglath-Piléser).

Le royaume de Juda refusa d'entrer dans la coalition. C'est alors
que les deux rois d'Israël et de Damas constituèrent entre eux une
alliance séparée, dirigée contre Juda. Il en résulta la guerre qu'on
a appelée syro-éphraïmite, du nom des deux pays alliés. Cette guerre,
qui commença dans les derniers temps du règne de Jotham, se
poursuivit dans les débuts de celui d'Achaz. D'après 2Ch 28, le
territoire de Juda aurait eu beaucoup à en souffrir; il y est
question d'une grande défaite dans laquelle 100.000 Judéens auraient
péri, tandis que 200.000 captifs et captives auraient été emmenés en
Israël. 2Ro 15 ne confirme ni les gros chiffres, ni la bataille
en question; il est probable que l'on a encore ici un exemple de la
tendance habituelle du rédacteur des Chroniques. Mais le siège fut
réellement mis devant Jérusalem (Esa 7:1 et suivants), le danger
couru par Juda et la dynastie royale fut très grand; les deux rois
alliés préparaient déjà un successeur à Achaz sur le trône de David
en la personne d'un certain «fils de Tabéel», mentionné par Esa
7:6. La terreur s'empara des populations et de la cour (verset 2S).
C'est alors que, malgré les avertissements solennels d'Ésaïe (Esa
7,8:9), le roi Achaz fit appel à l'aide de Tilgath-Piléser IV
d'Assyrie. Les inscriptions de ce monarque viennent confirmer les
données de 2Ro 15:29 et fournissent des détails intéressants sur
les opérations militaires qui se poursuivirent dans le pays. L'entrée
en campagne de Tilgath-Piléser obligea les rois alliés à lever le
siège de Jérusalem pour aller défendre leurs territoires respectifs.
Le roi assyrien dévasta la partie N. du royaume d'Israël et s'empara
des villes de Ijjon, Abel-Beth-Maaca, Janoah, Kédès, Hatsor, de la
Galilée, du pays de Nephthali, ainsi que de territoires du pays de
Galaad; les populations en furent déportées en Assyrie. La capitale
Samarie ne dut son salut qu'au fait que le monarque hostile à
l'Assyrie fut détrôné, assassiné et remplacé sur le trône par un
personnage nommé Osée, dont les inscriptions assyriennes disent qu'il
aurait été élevé à la dignité royale par Tilgath-Piléser, et qui fut
le dernier roi d'Israël. Ant.-J. B.