AQUILAS ET PRISCILLE

Collaborateurs de Paul à Corinthe et à Éphèse (1Co 16:19,Ro
16:3,2Ti 4:19,Ac 18:2,18,26). Aquilas était un Juif originaire
du Pont; le nom Akylas ou Akilas n'est que la transcription
grec du cognomen latin Aquila (=aigle). Sa femme est appelée
Priska (lat. Prisca =fille aînée?) chez Paul d'après la
majorité des manuscrits, et Priskilla (forme diminutive) dans les
Actes; il n'est pas expressément dit qu'elle était juive. Les deux
exerçaient, comme Paul, le métier de faiseurs de tentes (skènopoïoï)

Avant de rencontrer l'apôtre à Corinthe, ils avaient habité Rome,
d'où ils furent expulsés par un décret de l'empereur Claude qui en
chassa tous les Juifs (voir Ac 18:2 et Suétone, Vita
Claudii,
ch. 25: «Judseos impulsore Chresto assidue tumultuantes
Roma expulit»). Si la remarque de Suétone repose sur une tradition
mal comprise, concernant des discussions messianistes
(Chrestus--Christusl) dans la synagogue romaine, elle assurerait
l'existence de judéo-chrétiens à Rome à cette époque et par là la
possibilité d'une conversion d'Aquilas et de Priscille avant leur
venue à Corinthe. Ce fait est d'ailleurs rendu probable par la
collaboration matérielle et spirituelle s'établissant entre eux et
Paul, immédiatement après l'arrivée à Corinthe de celui-ci qui suivit
de près celle d'Aquilas et de Priscille (Ac 18:2 et suivant).
Ils accueillirent Paul dans leur maison qui servait aussi de lieu de
réunion à une partie au moins de l'Église (1Co 16:19).

Comme l'édit de Claude date de l'an 49-50, d'après l'historien
Orose (Hist., VII, 6) et que Paul passa environ dix-huit mois à
Corinthe (Ac 18:11), le séjour des trois missionnaires dans
cette ville doit se placer entre 49 et 52, date confirmée par une
inscription de Delphes permettant de fixer à l'an 51-52 le
proconsulat de Gallion qui joua un rôle dans les incidents relatés
dans Ac 18:12-17. (Voir Chronol. du N.T.). Lorsque Paul quitta
Corinthe pour aller à Jérusalem, Aquilas et Priscille
l'accompagnèrent à Éphèse, où ils restèrent. Ils s'y trouvaient
encore au moment où Paul envoya de cette ville la 1re ép. aux
Corinthiens.

Sont-ils retournés à Rome (Ro 16:3) plus tard? Le fait que
Paul leur adresse des salutations, ainsi qu'aux chrétiens réunis chez
eux, le ferait croire. Mais ce renseignement est contredit par 2Ti
4:19, qui les suppose toujours à Éphèse. Cette difficulté disparaît
si l'on considère, avec B. Weiss, Deiss-mann, Spitta, Moffatt et
d'autres, le 16 e chap. de l'épître aux Romains (voir ce mot) comme
étant primitivement un billet séparé, envoyé à Éphèse. On peut aussi
admettre que les deux amis de Paul ne seraient revenus que
passagèrement à Rome.

Quoi qu'il en soit, ils jouèrent dans l'Église un rôle
considérable. C'est eux qui convertirent Apollos à l'Évangile
paulinien (Ac 18:26). Paul lui-même fait l'éloge de leur travail
et de leurs sacrifices (Ro 16:3). La tradition catholique a fait
d'Aquilas l'évêque de la ville d'Héraclès (sans doute dans le Pont).
Il figure aussi, avec sa femme, dans les martyrologes à la date du 8
juillet.

Harnack (ZNTW, 1900, p. 16-41) attribue à Aquilas et à
Priscille l'épître aux Hébreux; mais cette hypothèse n'a pas eu de
succès. Jean H.