PALMIER
(hébreu thâmâr, gr. phoïnix). Cet arbre est de la famille des
Palmes, genre phoenix, dont il existe 11 espèces tropicales et
subtropicales en Afrique et dans le S.-E, de l'Asie. La principale
espèce est le ph. dactylifera L., le dattier. L'élévation et la
grosseur de son stipe (tronc en colonne) sont très variables, au plus
14 m. sur 1 m.; il est couvert des restes des anciennes feuilles, les
feuilles vivantes étant réunies en bouquet au sommet. Leur limbe
n'est pas divisé dans le bourgeon, niais en s'épanouissant il se
déchire et la feuille paraît alors palmée ou pennée. L'inflorescence
s'appelle spadice. Les fleurs sont dioïques, sessiles sur un spadice
ramifié entouré d'une spathe (bractée ample et membraneuse) simple.
Les carpelles sont au nombre de trois, distincts, un seul arrivant à
maturité et formant une baie oblongue, monosperme, à graine dure,
marquée d'un sillon longitudinal: c'est la datte.
Le palmier dattier peut se trouver soit isolé soit en groupes
plus ou moins nombreux, mais généralement dans un terrain arrosé: il
lui faut avoir la tête au soleil et le pied dans l'eau (il en absorbe
environ 80 mètres cubes par an, dont 60 de juin à septembre). Au
désert, une source, un filet d'eau annonce cet arbre, et cet arbre
annonce l'eau. Après la déception de Mara, les Israélites trouvèrent
à Elim douze sources courantes et soixante-dix palmiers (Ex
15:27,No 33:9).
Les dattes, un des meilleurs aliments des pays chauds, sont
réunies en de vastes grappes appelées régimes. On les mange fraîches
ou sèches; les noyaux servent de nourriture pour le bétail, ou de
combustible, ou pour la fabrication de l'encre de Chine; avec les
feuilles et leurs nervures on fait des sacs, des corbeilles, des
cordes, des paillassons, des chapeaux, etc. Le bois sert au chauffage
ou à la construction; les jeunes pousses sont comestibles: c'est le
chou palmiste. Les indigènes fabriquent avec la sève du dattier une
boisson fermentée, le vin de palme, qui peut être désignée dans
certains passages bibliques comme «boisson forte» ou «cervoise» (voir
Vin). Les Arabes prétendent que les divers usages du palmier sont au
nombre de 360, comme les jours de l'année; qu'une bonne ménagère peut
chaque jour du mois apprêter un plat de dattes différent, etc. On
leur attribue aussi des propriétés médicinales.
Le palmier occupe donc dans la société orientale une place telle,
qu'ils ne conçoivent pas qu'on puisse s'en passer; c'est un des
arbres dont la détérioration est un désastre en Israël (Joe
1:12). Essentiel à la vie sémitique, il fut tenu pour arbre sacré:
Débora demeurait sous un palmier (Jug 4:5); à l'époque de Jésus,
les Esséniens vivaient dans des palmeraies, ou oasis de palmiers.
Primitivement cultivé en grand dans la tropicale vallée du
Jourdain, le palmier en a aujourd'hui à peu près disparu. Jérico
était la ville des palmiersug (De 34:3). 1:16,2Ch 28:15);
elle possédait une palmeraie de 20 km. de long (d'après Josèphe,
Strabon, etc.). Pline dit que les dattes de Jérico sont les
meilleures, grâce au terrain salin; d'autres auteurs latins et grecs
parlent de ce fruit renommé de Jérico. Par suite des vicissitudes de
la région, le déclin du dattier commença après Hérode, qui avait
développé Jérico, et s'aggrava avec les invasions musulmanes,
sarrasines et les Croisades: le dernier signalé à Jérico le fut en
1838. Il en reste quelques-uns, rabougris et inféconds, dans quelques
ravins à l'Est de la mer Morte, aux environs de Tibériade, et
quelques groupes florissants dans les baies maritimes (Gaza, Acre);
la magnifique palmeraie d'el-Arîch, à la frontière de l'Egypte et de
la Palestine, est aujourd'hui célèbre (fig. 79, 80).
Le palmier était devenu en Israël un emblème national. Il
représenta la Judée victorieuse sur les premières monnaies
macchabéennes, et la Judée vaincue sur les monnaies romaines de
Vespasien (fig. 180). Les Juifs le placèrent eux-mêmes parmi les
sculptures de leurs synagogues, notamment dans celle de Capernaüm
récemment mise au jour. Le nom grec classique de la Palestine: Syrie
Phénicie, signifie Syrie des phoenix, ou palmiers. Le nom hébreu de
cet arbre entrait dans un grand nombre de noms de lieux (voir Thamar;
cf. Ge 14:7,2Ch 20:2,Eze 47:19 48:28). C'était aussi un nom de
femme (Ge 38:6,2Sa 14:27), car on voyait dans le palmier un
symbole de grâce et d'élégance (Ca 7:8). Son tronc droit et haut
sert de terme de comparaison pour la croissance du juste (Ps
92:13), l'élévation de la Sagesse (Sir 24:14) ou la
majesté des enfants d'Aaron (Sir 50:12).
La feuille de palmier, ou palme, était un motif d'ornementation
dans le temple (1Ro 6:29,35,Eze 40:16). A la fête des
Tabernacles, les Israélites portaient des branches (c-à-d, des
feuilles) de palmier (Le 23:40,Ne 8:15); les Juifs modernes,
tous les jours que dure cette fête, agitent encore des palmes dans
leurs synagogues. Ce geste de joie publique est en même temps signe
d'honneur et de victoire: à l'entrée de Simon Macchabée à Jérusalem
(142 av. J.-C), «avec des branches de palmier, au son des lyres,
etc., on chantait des psaumes et des cantiques, car un grand ennemi
d'Israël avait été vaincu» (1Ma 13:51, cf. 2Ma
10:7). Des palmes d'or étaient aussi offertes aux rois par leurs
fidèles (1Ma 13:37,2Ma 14:4). Lors de l'entrée triomphale
de Jésus à Jérusalem, près de Béthanie (mot qui signifie maison des
dattes), des palmes furent agitées et étendues devant lui sur le sol
en guise de tapis d'honneur (Jn 12:13). Aujourd'hui les
Musulmans eux-mêmes portent des feuilles de palmier aux cortèges
funèbres et en décorent les tombeaux. La palme est restée jusqu'à nos
jours l'emblème décoratif du triomphe et de la gloire, et dans le
langage religieux elle est le lot des martyrs (Ap 7:9). Ch.-Ed.
M. et Jn L.