PALESTINE 3.
III Géographie humaine.
La division en provinces: Galilée, Samarie, Judée et Pérée, telle
qu'elle existait à l'époque romaine, coïncide assez bien avec les
régions naturelles et se justifie au point de vue de la géographie
humaine.
1.
GALILEE.
Elle occupait la partie septentrionale de la Palestine sur
l'emplacement des anciennes tribus de Nephthali, Asser, Zabulon et
Issacar. La fertilité de son sous-sol humide, riche en sels de fer,
était entretenue par des vents chargés de vapeur d'eau qui
régularisaient sa température. Elle a été habitée de tout temps par
de nombreuses populations, reliées entre elles et avec les peuples
voisins par de multiples voies de communication. Dans la
Haute-Galilée montagneuse, les villes et les bourgs se groupaient
autrefois autour du lac de Génézareth: Capernaüm, Bethsaïda, Corazin,
Tibériade. D'autres s'égrenaient à l'intérieur, construits le plus
souvent au sommet ou au flanc de collines protectrices: Safed, Kadès
en Nephthali, Nazareth, Sepphoris (l'ancienne capitale romaine),
Cana. Dans la Basse-Galilée, et en particulier dans la plaine
d'Esdrelon, les villages au milieu de la plaine sont rares. Ils sont
sur des tells isolés au pied des chaînes de montagnes, au bord de la
vallée; tels sont: Méguiddo, Thaanac, Jizréel (aujourd'hui Zerîn),
etc. La Galilée a toujours été un pays ouvert. Elle possède, depuis
la plus haute antiquité, un réseau de routes à mailles nombreuses,
très praticables, qui conduisent dans toutes les directions, rendent
sa pénétration facile et favorisent le trafic avec les peuples
voisins et particulièrement avec la Phénicie, car elle ne posséda que
très tard le port d'Acco (St-Jean d'Acre). La Phénicie (voir ce mot)
qui la bordait, à l'Ouest, était une langue de terre étroitement
resserrée entre la mer et la montagne. Ses populations, dont
l'activité était toujours arrêtée par des obstacles naturels, furent
très tôt poussées vers le négoce maritime. Elles étaient concentrées
dans quelques villes de la côte: Tyr, Sidon, Béryte, etc., jouissant
d'une certaine indépendance qui les rendait moins dangereuses pour
les Galiléens.
2.
SAMARIE.
Elle occupait les territoires de l'ancienne tribu d'Éphraïm et de la
demi-tribu de Manassé. Bien que la plus petite des quatre provinces,
sa position centrale et les grandes voies de communication venant
d'Egypte et d'Assyrie qui s'y croisaient lui donnaient de
l'importance. Aussi comprend-on le rôle de villes comme Sichem et
plus tard Samarie, la dernière capitale. Occupant en quelque sorte le
carrefour de ces routes, elles étaient par là même très menacées. La
population, à moitié étrangère, provenant d'une colonie assyrienne
importée après l'exil pour repeupler la contrée (2Ro 17:24 et
suivants), voulait fusionner certaines pratiques païennes avec le
culte israélite. Elle avait son sanctuaire destiné à concurrencer
celui de Jérusalem; d'où la haine entre les habitants de la Judée et
ceux de la Samarie (voir ce mot).
Les autres villes, sauf Césarée, mauvais port sur la Méditerranée
et ancienne résidence du gouverneur romain, n'ont qu'une importance
historique.
3.
JUDEE.
Cette province formait la partie méridionale de la Palestine. Elle
s'étendait sur les territoires des anciennes tribus de Juda,
Benjamin, Siméon, moitié de Dan et sur une partie des déserts de
l'Idumée, le pays édomite. Traversée par un puissant massif
montagneux, elle présente suivant les expositions et l'orientation de
nombreuses parties arides et désertiques, à côté de pâturages et de
terres à blé. Elle était privée de tout rapport direct avec la
civilisation méditerranéenne, coupée de la mer par le pays des
Philistins, qui ne lui fut incorporé que très tard. Isolée des
grandes voies de communication, d'un abord difficile et d'une
altitude élevée, elle constituait une contrée fermée, un peu en marge
du reste de la population. Ses villes ont très peu subi les
influences étrangères et ont gardé leur caractère original et
archaïque. Elles ont aussi conservé très jalousement leurs traditions
dans tous les domaines.
Toutes les routes convergeaient comme des rayons vers Jérusalem
(voir ce mot), qui était le véritable centre et comme le pivot de
tout le pays. Pour l'atteindre, les chemins devaient s'élever à près
de 1.000 m. à travers une région montagneuse et sauvage semée
d'obstacles naturels: défilés, ravins, coudes brusques qui rendaient
la progression d'une armée assaillante difficile et la défense
relativement aisée. On comprend l'importance de cette ville, capitale
de la Judée et métropole de la Palestine, dont l'histoire tragique a
intéressé les destinées du monde! Elle a été successivement appelée
Jébus par les Cananéens; Sion et Jérusalem par les Israélites;
el-Kouds (=la sainte) par les Arabes.
Les principales villes oui ont joué un rôle stratégique,
religieux et civilisateur en Judée sont: Bethléhem; Hébron
(el-Khâlil), l'ancienne Kirjath-Arba; à l'Ouest Gaza; à l'Est Jérico
(Érîhâ); et au Sud Béer-Séba.
4.
PEREE.
Cette province, comprise dans ses limites les plus larges, était
formée par les anciens territoires des tribus de Ruben, Gad, des
demi-tribus de Manassé et Da Elle était tout entière à l'Est du
Jourdain et de la mer Morte. L'Hiéromax (Yarmouk), l'oued Arbaîn, le
Jabbok (oued Zerka) et l'Arnon (oued Môdjib), qui coulent dans des
gorges encaissées, la découpaient en plateaux ayant une certaine
individualité géographique et politique. Tels étaient: la Gaulanitide
(Djôlân), au Nord de l'Hiéromax; la Batanée ou pays de Basan (Noukra)
au Nord de l'oued Arbaîn. Plus à l'Est était l'Auranitide, le pays
des cratères et des laves. Au S. de l'oued Arbaîn: la Décapole (voir
ce mot), qui s'étendait jusqu'à l'Arnon. C'était le célèbre pays de
Galaad, aujourd'hui Belkâ. De l'autre côté de l'oued Môdjib
commençait le pays des Moabites.
Le Jourdain, sans pont, n'avait que quelques gués, qui n'étaient
guère praticables qu'à certaines saisons de l'année. Il a toujours
constitué une barrière naturelle séparant les populations
transjordaniennes du reste de la Palestine. Malgré les
recommandations des grands chefs d'Israël (Jos 1:14), les tribus
de l'Est du Jourdain, fortement influencées par les peuples voisins,
restèrent assez indépendantes et s'orientèrent dans un sens différent
des tribus cisjordaniennes. La plupart des villes de la Pérée ont été
des centres de résistance contre les incursions des nomades. Les plus
intéressantes sont: Césarée de Philippe (Banias) au pied de l'Hermon;
Gadara (Mkeis); Pella (Apamée), citadelle des Séleucides; Gérasa
(Djérach), importante ville romaine dont il ne reste que de belles
ruines; Ramoth-Galaad (es-Salt), devenue le chef-lieu du district
actuel de la Belkâ; Rabbat-Ammon ou Philadelphie (Amman), ancienne
capitale des Ammonites, dominée par de puissantes fortifications;
Hesbon, ancienne ville des Amoréens; Machoerus (Mkaour), puissante
forteresse qui fut le bastion avancé du pouvoir romain en Palestine.
Hérode y fit enfermer et décapiter Jean-Baptiste. Enfin, au-delà de
la frontière méridionale de la Pérée, Kir-Moab (el-Kérac), l'ancienne
ville forte moabite, qui commandait les routes des caravanes
d'Egypte; aujourd'hui, centre musulman dont les murs de défense
s'élèvent à 1.025 m - (voir art. à chacun de ces noms bibliques).