PAIX

Ce terme a dans la Bible une richesse et une diversité de sens très
grandes. Il signifie aussi bien le contraire de l'état de guerre que
l'état de l'âme qui vit en communion avec Dieu. C'est d'ailleurs
encore aujourd'hui un des vocables préférés des Orientaux, dont le
salaam actuel est très proche parent du châlôm hébreu (=la
paix!). Il ne saurait être question de noter ici tous les passages où
il est employé dans l'A.T.; en voici simplement les principaux
aspects:

1. L'état de paix, au sens strict, entre peuples,
soit qu'on le constate (Jug 4:17,1Sa 7:14), soit qu'on
l'établisse (Jos 9:15), ou entre individus (généralement: «s'en
aller en paix»; ex.: Ge 26:31).

2. Mais l'état de paix amène avec lui sécurité,
prospérité, bonheur; le mot s'enrichit donc de ces divers
sens (2Ro 20:19), si bien qu'il peut être traduit par un de ces
termes (Ps 73:3,Esa 54:13).

3. C'est dans ce sens que la paix est envisagée
comme une des caractéristiques du futur Royaume messianique (Esa
2:4 32:17 et suivant).

4. Tout naturellement, le même mot sert à
caractériser ce que devraient être les rapports entre Israël et
Jéhovah (Esa 27:5). C'est d'ailleurs l'Éternel qui peut donner
la paix aux peuples (Ps 29:11) et à ceux qui observent ses
commandements (Mal 2:5).

5. Enfin, la paix de l'âme, la tranquillité du coeur
ne se trouvent qu'en Dieu (La 3:17,Ps 119:165,Esa 26:3 48:22).

Cette idée de la paix spirituelle, que l'on trouve à peine
ébauchée dans l'A.T., va devenir dans le N.T. (et c'est
caractéristique) celle qu'exprimera dans la plupart des cas le grec
eïrènè. Ce mot est employé près de 90 fois et il n'y a pas 10 cas
où il ne signifie, avec des nuances diverses, la paix du coeur. C'est
celle-là que Jésus laisse à ses disciples et qui ne se trouve qu'en
Lui (Jn 16:33). Dans Jn 14:27, il oppose aux salutations du
monde, souhaitant «la paix» sans conviction, sa propre salutation qui
leur promet malgré son départ la véritable paix. En ce qui concerne
les rapports des siens avec le monde, c'est plutôt la guerre qu'il
apporte (Mt 10:34). Cependant l'idéal de paix messianique
demeure (Lu 1:79), et l'on reconnaît les fils de Dieu à ce
qu'ils s'efforcent de procurer la paix (Mt 5:9) que seul,
d'ailleurs, leur Père peut donner complètement, qu'il s'agisse de la
paix entre les hommes ou de la paix de l'âme. Voir Guerre (N.T.).

Pour saint Paul (Ro 5:1), la paix avec Dieu s'obtient par la
foi et découle de la justification (voir ce mot). «Nous avons été
réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils» (Ro 5:10). Cette
réconciliation permet au chrétien de jouir de «la paix de Dieu qui
surpasse toute intelligence» (Php 4:7) et qui, gardant son coeur
et ses pensées, l'inclinera à l'esprit pacifique dans sa vie
quotidienne. Cet esprit de paix est un des premiers fruits de
l'Esprit (Ga 5:22) et il est inséparable de la
reconnaissance (Col 3:15), de la joie (Ro 14:17), du
contentement d'esprit;voir (Php 4:11) ces mots. Il incline le
coeur du croyant à l'amour fraternel et à la satisfaction de
l'existence que Dieu donne. Enfin, la paix est devenue le contenu des
salutations chrétiennes, appliquant à la vie spirituelle le voeu de
toute salutation orientale: on se souhaite la paix en se retrouvant
et en se quittant; elle est ainsi mentionnée au début ou à la fin de
toutes les épîtres, sauf celle de Jacques et la première de Jean.

R. H.