PAÏEN
Ce mot français est la forme populaire du latin paganus =paysan
(de pagus =bourg). Les populations paysannes, en effet, celles
des campagnes de Gaule puis de France, ne furent en général atteintes
par le christianisme que longtemps après celles des cités, villes et
châteaux, pour qui «paysan» c'est-à-dire rural équivalait à «païen»
c'est-à-dire professant des vieux cultes.
L'adjectif «païen» comme le nom «paganisme» furent appliqués dans
le langage chrétien aux religions polythéistes, animistes ou
naturistes, souvent idolâtriques, depuis le fétichisme des primitifs
les plus arriérés jusqu'aux philosophies néo-platoniciennes les plus
évoluées; mais l'islam, étant monothéiste, ne devrait pas être
dénommé paganisme. Les premières Bibles françaises conservèrent, pour
désigner les non-chrétiens, la traduction latine ecclésiastique de
l'hébreu goïm et du gr. ethnê (nations): gentiles , les
Gentils (voir ce mot); nos versions modernes disent: Païens.
Pour la valeur de ces termes, voir Nations; pour les problèmes
que l'Église primitive eut à résoudre dans l'évangélisation des
païens,voir Paul.