ORION

L'une des constellations les plus apparentes de notre ciel; doit son
nom à la mythologie gréco-latine, qui y voyait le géant et chasseur
Orion, suivi de son chien Sirius. Son nom hébr.,kesîl
(=insensé), marque-t-il le mépris des Sémites pour les sottes
prétentions du héros gigantesque à égaler Dieu? c'est possible, mais
non démontré. Dans les quatre passages de l'A.T, qui mentionnent
Orion (ou l'Orion), c'est pour proclamer la puissance de l'Éternel;
trois fois sa mention est accompagnée de celle d'un autre groupe
d'étoiles où l'on s'accorde à voir les Pléiades (voir ce mot).

1. Am 5:8 les cite en tête d'une énumération
d'oeuvres divines en contraste: aurore et ténèbres, jour et nuit, mer
et terre; ainsi s'opposent ces deux constellations, les plus
remarquables dans la même région du ciel, mais l'une très petite et
l'autre très grande, les Pléiades et Orion.

2. A celles-ci, le héros du poème de Job, décrivant
l'ouvrage merveilleux du Créateur (Job 9:9), ajoute la grande
Ourse et les «régions cachées du midi» (voir Ourse, Midi).

3. Vers la fin du même poème, dans la série de
questions par où la sagesse divine défie l'ignorance et l'impuissance
de l'homme, le contraste reparaît: «Est-ce toi qui serres les liens
des Pléiades? peux-tu détacher les chaînes d'Orion?» (Job
38:31). Il s'agit sans doute «des distances respectives relativement
grandes de la gigantesque figure d'Orion et, au contraire, de
l'accumulation d'étoiles rapprochées qui constitue l'amas des
Pléiades; comment ces deux constellations restent-elles ce qu'elles
sont, l'une dans sa grandiose majesté, l'autre dans cette cohésion
qui a fait dire aux Persans que les Pléiades étaient comme un
assemblage de diamants (Bbl. Annotée)? Il n'est pas possible à
l'homme, veut dire notre texte, de comprendre pourquoi les étoiles,
qu'elles soient écartées comme dans Orion, ou rapprochées comme dans
les Pléiades, restent constamment dans la même position relative les
unes à l'égard des autres; il lui appartient moins encore de faire
cesser ce rapport» (Ed. de Perrot, la Bible et le ciel étoile,
Lausanne 1913). On a vu aussi, dans les «chaînes d'Orion», soit une
allusion au mythe du géant enchaîné dans le ciel, soit un sens
figuré: «la vertu resserrante de l'Orion» (Ost.), «les tempêtes
qu'excite la constellation d'Orion» (Mart.), car les anciens lui
attribuaient le mauvais temps de l'hiver, saison pendant laquelle
elle domine le ciel (l'orageux Orion, dit Virgile, En., I, 535);
en ce cas, «les douces influences des Pléiades» (Ost.) seraient les
pluies bienfaisantes que l'antiquité leur attribuait aussi.

4. Le nom d'Orion se retrouve enfin dans l'oracle
contre Babylone de Esa 13, annonçant les contre-coups des
châtiments de Jéhovah dans la création (verset 10); maïs la plupart
des traductions françaises ont renoncé à le mettre au pluriel comme
dans le texte hébreu: «les astres du ciel et ses Orions» (Reuss); en
distinguant: «les étoiles et leurs astres» (Sg., Vers. Syn.), on fait
une tautologie et l'on supprime le trait le plus caractéristique de
la description. Le sens est celui-ci: «Les étoiles du ciel, même ses
constellations les plus éclatantes (dont Orion est le type), ne
feront plus briller leur lumière.»--Voir Étoile. Jn L.