MOUCHERON

(grec kônôps). Ce nom de chétif insecte n'est mentionné que dans
Mt 23:24, apostrophe de Jésus sous forme proverbiale imagée et
même paradoxale qui sert à illustrer sa condamnation du verset 23:
«Conducteurs aveugles, qui arrêtez le moucheron dans votre filtre, et
qui avalez le chameau!» Il s'agit d'un contraste entre un des plus
petits animaux et un des plus grands connus dans la vie quotidienne
(voir Chameau).

Un proverbe arabe dit: «Il avale un éléphant, et un moucheron
l'étouffe.» En pays chaud, de minuscules insectes tombent souvent
dans les liquides, qu'il est prudent de filtrer, surtout si l'on y
attache une idée de souillure rituelle comme c'était le cas des
Pharisiens. (cf. Le 11:23 et suivant) Ceux-ci prenaient sans
doute la précaution, ainsi que les Brahmanes encore aujourd'hui, de
faire passer leurs breuvages à travers une fine mousseline. (La
«chausse» à filtrer les liqueurs, jadis employée en France, était un
sac de feutre en forme d'entonnoir.)

Le grec kônôps désigne ordinairement le cousin ou moustique
(voir ce mot), que Jésus et ses auditeurs peuvent avoir eu en vue
dans cette circonstance; mais ni ce terme ni ceux de l'hébreu ou de
l'aram, ne sont employés avec rigueur, et il existe en Palestine un
très grand nombre d'insectes pouvant être appelés du mot générique de
moucheron.