MISÉRICORDE

Ce mot a deux sens à la fois distincts et complémentaires.

I La miséricorde est le sentiment par lequel la misère
d'autrui touche notre coeur (cors =coeur).

Ici miséricorde est donc synonyme de compassion (voir ce mot).

Dans un bon nombre de passages
(Ne 9:27,28,31 Ps 103:4,13 Esa 60:10 63:9,Mt 9:36 14:14 Jas
5:11,1Pi 3:8, etc.), les deux mots sont employés indifféremment
pour traduire le même terme hébreu ou grec qui, dans son acception
première, désigne les entrailles (voir ce mot).

On sait que les entrailles étaient considérées comme le siège des
sentiments et des émotions. De là l'expression: «entrailles de
miséricorde» (Lu 1:78,Col 3:12).

La miséricorde de Dieu est une manifestation de sa bonté envers
les hommes à la vue de leurs souffrances et de leurs misères.

C'est pour cela que le mot hébreu khésed, traduit
habituellement par: bonté, est parfois rendu par: miséricorde (Ex
20:6,De 5:10 7:9,12,1Ch 16:34,Ne 13:22,Ps 5:8 118:1 130:7 etc.).

Il est une parole qui revient comme un leitmotiv pour exprimer
ces différents aspects de l'amour de Dieu: «L'Éternel est
miséricordieux et compatissant, lent à la colère et riche en
bonté» (Ex 34:6,Ne 9:17,Ps 86:15 103:8,Joe 2:13,Jon 4:2 etc.).
Dans le N.T. le mot le plus fréquent est éléos (Lu
1:50,54,58,72 1Ro 9:23 Eph 2:4,Heb 4:16 etc.).

Le verbe éléeïn signifie: avoir pitié (voir Kyrie, eleison).

Cette miséricorde, faite de bonté et de compassion, Dieu nous
demande de l'exercer les uns envers les autres (Ps 112:4 et
suivant
, Mic 6:8,Za 7:9,Mt 5:7 9:13,Lu 6:36 10:37,Ro 12:8, etc.).

II La miséricorde est le sentiment qui pousse à pardonner au
coupable.

Plus spécialement elle est la pitié de Dieu qui pardonne au
pécheur: «Mais toi, ô Dieu, tu es toujours prêt au pardon,
miséricordieux et compatissant» (Ne 9:17, cf. Ps 78:38,Da
9:9,Os 2:23,Mic 7:18 et suivant, Ro 11:30-32 1Pi 2:10,
etc.).

C'est à cet amour miséricordieux que fait appel le pécheur
repentant: «O Dieu, aie pitié de moi dans ta miséricorde. Dans tes
grandes compassions, efface mes forfaits» (Ps 51:3). Ce psaume
de la repentance est appelé «le Miséréré», parce que, dans la
Vulgate (Ps 50), il commence ainsi: «Miserere mei, Deus,
secundum magnam misericordiam tuarn...
»

Mis au bénéfice de la miséricorde de Dieu qui nous accorde
gratuitement le pardon, nous devons, à notre tour, être
miséricordieux envers ceux qui nous ont offensés, sous peine de
rendre vaine, par la dureté de notre coeur, la grâce première qui
nous a pardonné (parabole du serviteur impitoyable, Mt 18:23-35,
cf. Mt 6:14 et suivant, Jas 2:13). Alb. D.