ANNE (Grand-Prêtre)

(grec Annas, venu de l'hébreu Khânân, transcrit Hanan
=gracieux; appelé par Josèphe Ananos, nom voisin d' Ananias)

Grand-prêtre juif, nommé en l'an 6 de l'ère chrétienne par le
gouverneur de Syrie Quirinius, déposé en l'an 15 par le procurateur
de Judée, Valerius Gratus; il eut pour successeurs un certain Ismaël,
puis son fils Éléazar, puis son fils Simon, puis en l'an 18 son
gendre Caïphe (voir ce mot); fait sans précédent, il devait avoir
cinq fils successivement élevés à cette suprême charge du judaïsme.
Celle-ci, qui en principe était accordée à vie, permettait à l'ancien
grand-prêtre, même déposé, d'en conserver le titre et certaines
prérogatives. C'est pourquoi Anne, personnalité puissante, put
exercer une longue et profonde influence pendant le pontificat de ses
successeurs, notamment de Caïphe (voir Chronol. du N.T., I, 2).

Lors du procès de Jésus, c'est Caïphe, grand-prêtre en fonctions,
qui présida le Sanhédrin (Mt 26:57), mais le 4 e évangile
précise qu'avant cette séance officielle, c'est devant Anne que Jésus
est mené de nuit, aussitôt après son arrestation, pour un
interrogatoire préliminaire et officieux, par le rusé vétéran qui
devait être le principal instigateur du complot contre l'homme de
Nazareth: il le questionne en effet en dehors des conditions
régulières d'un jugement, témoins, adjuration, sentence, etc (Jn
18:13-24).

Ainsi s'expliquent aussi les deux mentions historiques où Luc
nomme ensemble les grands-prêtres Anne et Caïphe, au début du
ministère de Jésus comme au début du ministère des apôtres (Lu
3:2,Ac 4:6). Il ne faut pourtant pas conclure de l'autorité qu'avait
acquise Anne, à sa popularité: arrogant, rusé, avare, sans doute
créateur des «bazars des fils de Hanan» dont les scandaleux bénéfices
enrichissaient le haut sacerdoce, il passe encore pour avoir corrompu
les juges de son temps; il contribua grandement au discrédit où tomba
chez les Juifs la souveraine dignité de leur grand-prêtre.