MATTHIAS

(=don de JHVH; abrév, de Mattathias [v. ce mot], nom répandu à
l'époque des Macchabées).

Ce personnage ne paraît qu'une fois dans le N.T
(Ac 1:15,26). Pour remplacer Judas, Pierre demande «un témoin de
la résurrection», ayant suivi Jésus depuis son baptême jusqu'au
moment de l'ascension. (cf. Jn 15:27) Il n'en fallait qu'un; on
en présente deux. D'après ses titres, Joseph Barsabas (voir Joseph,
14), surnommé «le Juste», semble bien être le préféré. Pour éviter
vote ou discussion et donner au choix l'autorité d'une décision
indiscutable, on tire au sort, ou plutôt «les sorts leur sont
donnés», après que Pierre a demandé à Dieu de diriger le sort selon
sa volonté. Cet appel à la volonté de Dieu par le sort rappelle l'
urim et thummim d'Israël. (cf. No 27:21,Ex 28:30, etc.;voir
Ephod) Mais le sort par urim et thummim ne servit jamais à choisir et
nommer les prêtres d'Israël; tout au plus fut-il employé pour fixer
leur tour de service ou la garde des portes (1Ch 25:8). C'est
donc une innovation que de choisir au sort un apôtre, même
remplissant les conditions de présence réclamées. S'il est dit au
verset 18 que Judas partageait «le sort de leur ministère», ce peut
être pour préparer le lecteur à l'opération du sort qui désignera son
successeur; le jeu de mots, que nos traductions ne rendent pas, ne
suffit pourtant point à justifier cette pratique nouvelle.

L'ancien usage de l'urim, la conviction que le hasard n'existe
pas, mais que Dieu gouverne le sort (Pr 16:33), peuvent servir
d'excuse à Pierre, mais ne suffisent pas à donner sa méthode en
exemple (voir Justus, 1). S'il est nécessaire de prier avant de se
décider, pour que Dieu dirige le choix, il est arbitraire de notifier
à Dieu la manière dont il exprimera sa décision et de lui imposer un
dilemme (cf. Mt 4:7, ainsi que De 6:16,Ex 17:7). Le
résultat de cette expérience, qui d'ailleurs ne fut pas renouvelée,
semble montrer que le choix ne fut pas heureux. Matthias, pas plus
que Joseph Barsabas, n'est mentionné dans la suite; il semble n'avoir
joué aucun rôle dans l'Église primitive. Le véritable successeur de
Judas, choisi par Jésus lui-même (Ga 1:1 1:15,Php 3:12), fut
l'apôtre Paul. Mais comme il ne remplissait pas les conditions fixées
par Pierre (verset 22), il ne fut pas agréé facilement par les
chrétiens de Jérusalem; ce fut même l'origine du différend qui mit
l'apôtre Paul aux prises avec les judéo-chrétiens (Ga 1:12,1Co
9:1-5,2Co 11:5-23).

Du fait que Joseph Barsabas et Matthias avaient suivi Jésus
pendant tout son ministère (verset 22), Eusèbe en conclut, avec
vraisemblance, qu'ils étaient au nombre des Soixante-dix (Lu
10:1). Clément identifie Matthias avec Zachée, qui, pourtant, ne
paraît pas connaître Jésus avant le repas de Jérico (Lu 19:3);
d'autres l'identifient avec Barnabas, qui s'appelle aussi Joseph;
d'autres enfin avec Nathanaël, dont le nom a un sens équivalent: «don
de Dieu». A Matthias sont attribués plusieurs ouvrages apocryphes: un
Evangile, un recueil de «Traditions» et quelques Discours, ainsi que
les Actes d'André et de Matthias. La tradition prétend qu'il fut
missionnaire en Ethiopie, ou au centre de l'Asie, et qu'il serait
mort lapidé ou crucifié par les indigènes. Jq. L.