MAIN

1.

SENS PROPRE.

Les guerriers antiques tenaient de la main gauche le bouclier pour se
protéger, de la main droite l'épée pour attaquer; d'où l'expression:
«les armes offensives et défensives de la justice» (2Co 6:7). Le
côté droit n'étant pas protégé, c'est, symboliquement, à droite d'un
homme que se plaçait son accusateur au tribunal (Ps 109:6,Za
3:1), son défenseur (Ps 109:31), le personnage qu'il honorait
de sa confiance (Ps 110:1,Lu 22:69,Ro 8:34).

Les guerriers gauchers sont signalés comme exceptionnels
(Jug 3:15,21 20:16).

La main, instrument de la plupart des travaux, devient l'emblème
du travail lui-même (Ps 90:17,Ec 9:10 etc.); expression du
caractère, elle peut être main diligente ou paresseuse (Pr
12:24, Sir 25:33, etc.).

Considérée comme une mesure, la main représente une part, une
portion (Ge 43:34 47:24,Da 1:20; hébr., cinq mains, dix mains);
le palme et l'empan, comme le doigt, furent primitivement des mesures
(voir Poids et mesures, parag. I).

Les Sémites regardaient vers l'Est pour s'orienter, d'où les
expressions «à main droite» pour désigner le Sud. (1Sa 23:19-24,2Sa
24:5), «à main gauche» pourle Nord; voir (Ge 14:15,Job 23:9)
Orient.

Verser l'eau sur les mains de quelqu'un, c'est être à son
service (2Ro 3:11).

Agiter la main en secouant la tête est signe de
dérision (Sir 12:18).

Le baise-main est un hommage, parfois intéressé (Sir 29:5).

A table, chez les anciens, chacun met la main au plat pour se
servir (Sir 31:14, Mr 14:20).

2.

SENS SYMBOLIQUE.

Par rapport à la tête qui décide, la main est
l'agent, ou le pouvoir d'exécution (Mr 6:2,Ac 2:23 5:12 etc.).

De là nombre de gestes révélateurs de la volonté et passés dans des
locutions proverbiales:

lever la main pour prêter serment (Ge 14:22,Ap 10: et suivant);
lever ou tendre les mains vers le ciel pour la prière (Ex 17:11,Ps 28:2, Sir 48:20);
tendre les mains vers le pauvre pour lui faire l'aumône (Pr 31:20, Sir 7:32);
regarder vers les mains d'autrui dans l'espoir d'en recevoir quelque chose (Sir 33:21);
se mettre la main sur la bouche pour se contraindre au silence (Job 21:5,Pr 30:32, Sir 5:12, Sag 8:12),
sur la tête en signe de désespoir (Jer 2:37);
porter la main sur quelqu'un pour lui nuire (Ge 37:27,1Sa 22:17);
livrer aux mains ou délivrer des mains, c-à-d, du pouvoir de quelqu'un (Mt 17:22,Lu 1:74 etc.).

Avoir les mains fortifiées, c'est prendre courage pour un travail (2Sa 2:7,Za 8:9-13 etc.).

Là où il y a beaucoup de mains, dit le moraliste méfiant, il est
permis de fermer (Sir 42:6).

Imposer les mains à une personne, une assemblée, un animal, c'est
faire passer en lui le bien ou le mal que l'on porte en soi, c'est
bénir ou maudire; voir (Ge 48:14,Ex 29:10,Le 16:21, Sir
50:20, Mr 10:16,Ac 6:6 19:6 etc.) Imposition des mains.

L'expression hébraïque: remplir les mains, signifie:
consacrer (Sir 45:15).

Avoir les mains propres, c'est avoir bien agi
(Job 22:30,Ps 24:4); se laver les mains d'un méfait, c'est s'en
déclarer innocent (De 21:6,Ps 26:6,Mt 27:24), mais ce peut être
aussi le symbole d'un réel repentir (Jas 4:8); se couper la
main, c'est une image du sacrifice total du pécheur repentant (Mt
5:30).

Porter sur le front et la main l'empreinte du diable ou de Dieu
signifie pour nous que la physionomie, l'aspect des mains révèlent
l'inspirateur de nos pensées et de nos actes (Esa 44:5,Apo 13:16
14:9 20:4); mais l'origine de cette expression pourrait être
cherchée dans les pratiques anciennes de tatouage (voir ce mot).

Par un anthropomorphisme coutumier dans la langue
hébraïque, pauvre en termes abstraits, la main symbolise aussi le
pouvoir d'agir de Dieu, sa toute-puissance. «Ce que sa bouche a dit,
sa main l'accomplira» (Malan).

L'expression «à main forte et à bras étendu» dépeint en un style
pittoresque la puissance divine capable d'agir ou de tenir «à bout de
bras» (De 4:34 etc.); l'Éternel a «le bras long» (No
11:23).

Dans les récits d'Esdras et de Néhémie, sa «bonne main», traduction
littérale conservée par Sg., c'est sa main protectrice,
favorable (Esd 7:9 8:18,Ne 2:8-18 etc.).

L'homme est dans sa main comme l'argile dans la main du
potier (Jer 18:8, Sir 33:13).

La main de Dieu, c'est-à-dire son pouvoir:

crée (Ps 102:26, Sir 43:12, Sag 11:17)
et détruit (De 2:15);
protège, (Sag 3:1 5:18 10:20, Lu 1:66,Jn 10:29,Ac 11:21)
conduit (Sag 14:6)
et punit (1Sa 12:15,Eze 13:9, Sir 36:3 et suivant, Ac 13:11,Heb 10:31);
corrige (Esa 1:25)
et fortifie (1Ro 18:46);
gouverne (Sir 10:4 et suivant)
et inspire (Esa 8:11,Eze 1:3 8:1 37:1);

C'est sa main qui recueille dans sa gloire (Lu 23:46). A
cause de sa miséricorde, mieux vaut tomber entre ses mains que dans
celles des hommes (2Sa 24:14, Sir 21:8).

--Voir Bras, Doigt, Gestes.