MACPÉLA

Le récit sacerdotal nous raconte après quelles tractations Abraham
acheta à un Hittite habitant Hébron le champ et la caverne de
Macpéla, où il voulait ensevelir Sara, sa femme (Ge 23). Macpéla
(=double) semble parfois désigner un quartier d'Hébron (Ge
23:17) et a donné son nom soit à la caverne (Ge 23:9 25:9),
soit au champ où elle se trouvait (Ge 23:19 49:30 50:13). L'un
et l'autre se trouvaient «vis-à-vis» de Mamré (Ge 23:17,19 25:9
49:30 50:13), et il est évident que si Mamré était identifié avec
certitude, l'emplacement de la caverne de Macpéla serait rapidement
défini.

Particulièrement controversée est la localisation de Mamré (voir
ce mot), mais la tradition, quoique tardive, situe les sépultures
patriarcales (Sara, Ge 23:19; Abraham, Ge 25:9; Isaac,
Rébecca, Léa, Ge 49:31; Jacob, Ge 50:13) à l'endroit occupé
actuellement par la mosquée d'Hébron. D'après une autre version,
Sichem avait aussi ses tombes patriarcales, tout au moins celles
d'Abraham, de Jacob (Ac 7:16) et de Joseph (Jos 24:32).

Sozomène et avant lui Josèphe attestent fermement le culte des
patriarches à Hébron, et c'est certainement en leur honneur qu'Hérode
le Grand y construisit un magnifique Haram (enceinte sacrée), dont
les blocs superbement appareillés constituent un des plus beaux
documents du travail hérodien. Les chrétiens y élevèrent une église
(mentionnée dès le VI° siècle), qui fut restaurée par les Croisés
(av. 1119) et fut transformée plus tard en mosquée. Les Arabes y
avaient installé des cénotaphes, au VIII° siècle, lors de leur
première occupation. La victoire de Saladin (1187) les remit en
possession d'Hébron; et, à partir de 1268, les chrétiens n'eurent
plus le droit de pénétrer dans la mosquée. La fameuse caverne fut
fermée aux musulmans eux-mêmes et le fanatisme en interdit l'accès.

De nos jours, seul le colonel Meinertzhagen y entra par hasard,
lors des événements qui marquèrent la prise d'Hébron sur les Turcs
(novembre 1917), par une porte située à la base du cénotaphe
d'Abraham. Ses renseignements n'ont guère éclairé les savants (H.
Vincent et capitaine Mackay) qui, en 1920, étudièrent la mosquée sans
pouvoir pénétrer dans la caverne. Celle-ci devait sans doute s'ouvrir
à flanc de coteau, et les travaux d'Hérode en ont probablement muré
l'entrée.

Si Abraham avait son campement aux environs du Kh.-Nimra (une
des localisations de Mamré), on comprend mieux pourquoi son choix se
fixa sur le champ de Macpéla qui était sur le même versant de la
colline (Dj. Djaâbiré) que ses tentes. La caverne qui s'y
trouvait valait pour lui «le meilleur des sépulcres» qu'on pût lui
proposer, et l'achat fut conclu. Il est remarquable que le «champ
d'Abraham» soit déjà mentionné dans une inscription égyptienne du
pharaon Sheshonk (947-925), le Sisak biblique (1Ro 14:25). C'est
une raison de plus d'admettre l'exactitude de la tradition
sacerdotale (Ge 23) et la possibilité--sinon la probabilité--que
le Haram d'Hébron nous ait conservé l'emplacement de la caverne de
Macpéla.

A. P.