LION

(Hébreu:

1.
ari, aryéh, lion adulte, Ge 49:9 Jug 14:8 Da
6:7, etc.;

2.
lâbi, lebîyyah, lion ou lionne, Ge 49:9,Job
4:11,Eze 19:2;

3.
kephîr, lionceau, Jug 14:5,Job 4:10,Eze 19:2,
etc.;

4.
goûr ou gôr tout jeune lionceau, Na 2:11,13,Eze
19:3,5,Jer 51:38;

5.
layîch, terme poétique, Job 4:11,Pr 30:30,Esa
30:6, etc;

6.
châ-khal, autre terme poétique, Job 4:10 10:16
28:8,Ps 91:13;

7.
bené châkhatz, fauves majestueux [litt.: fils de
fierté], Job 28:8 41:25.

8.
Grec: leôn, 1Pi 5:8,Heb 11:33).

--Le lion (felis leo) est le fauve le plus souvent mentionné
dans la Bible (environ 130 fois). Jadis commun en Palestine, dans les
forêts et fourrés du Jourdain (Jer 5:6 49:19 50:44,Za 11:3), il
y a persisté jusqu'à l'époque des croisades; mais depuis il en a
complètement disparu, et on ne le retrouve aujourd'hui qu'au delà de
l'Euphrate, sur les bords du Khabour et du haut Tigre. Lorsque les
lions étaient nombreux en Mésopotamie, leur poursuite était le sport
favori des monarques d'Assyrie et de Babylonie: les monuments royaux
en font foi (cf. le lion percé d'une flèche du Musée britannique, et
la lionne blessée dont une reproduction se voit à Paris au parc
Monceau, provenant tous deux du palais d'Assourbanipal). De ces
chasses on ramenait souvent des lions vivants; on les gardait dans
des fosses (voir ce mot), et il arrivait qu'on leur jetât des
condamnés en pâture (Da 6:20). Ces animaux étaient de la variété
à crinière épaisse; une autre espèce, sans doute plus rare, à
crinière plus courte, était moins grande et moins redoutable.

Deux passages à propos du lion méritent une mention explicative.

Dans 2Sa 23:20 est cité comme un exploit le
fait que Bénaja, guerrier de David, soit descendu dans une citerne
pour y tuer un lion par un jour de neige. D'après G.-A. Smith
(Hist. Geog., p. 65) la rencontre était d'une rareté
extraordinaire: le fauve vivant dans la vallée tropicale du Jourdain
où la neige ne tombe jamais, avait dû s'égarer dans les collines
désertiques de la Judée où d'ailleurs la neige est encore
exceptionnelle. D'autres auteurs lisent la phrase à l'imparfait, ce
qui attribue à Bénaja l'habitude de chasser le lion: il descendait le
tuer dans la fosse (piège à fauves) lorsque la neige lui permettait
de le suivre à la trace (H.P. Smith, ICC, Samuel, p. 386). Mais
les constatations climatériques de G.-A. Smith rendent la première
explication plus vraisemblable; quoi qu'il en soit, la notice en
question relève la vaillance du héros.

A la fin de Ps 22:17, le texte hébreu actuel
porte: «comme un lion (câari) mes mains et mes pieds», ligne
inintelligible. Toutes les anciennes versions sauf une ont lu cârou
et traduit: «ils [les malfaiteurs, comparés à des chiens]
ont creusé [ou: blessé, lié, insulté] mes mains et mes pieds»; la
traduction aujourd'hui courante est: ce ils ont percé mes mains et
mes pieds», mais elle est elle-même contestée (Briggs, ICC; Bbl.
Cent.,
etc.) comme mal justifiée par le sens du verbe hébreu et
inspirée par le désir d'y voir une prédiction précise du crucifiement
du Seigneur.

Le plus fort des animaux féroces en Palestine, le lion était un
terrible danger pour les troupeaux et pour les voyageurs (Jug
14:5,1Sa 17:34,1Ro 13:24 20:36 2Ro 17:25 Am 3:12,Esa 31:4 etc.);
mais déjà les anciens le considéraient en même temps comme le roi des
animaux, type de la majesté royale, de telle sorte que, dans la Bible
comme encore aujourd'hui dans le langage ordinaire, le lion peut être
donné pour symbole honorable, redouté ou détesté.

L'A.T, fait allusion à son terrifiant rugissement
(Am 3:8,Esa 5:29,Pr 19:12 20:2 etc.), mais on lui compare aussi la voix de
Dieu qui réprimande ou menace (Am 8:2,Os 11:10,Jer 25:30,Joe 3:16)

--Le lion représente:

la force exceptionnelle (Jug 14:18,2Sa 1:23),
la force redoutable (Sir 25:16, Sag 11:17),
la force destructrice (Ps 7:3,Esa 38:13,Jer 2:30,La 3:10,Joe 1:6 etc.),
donc les méchants (Ps 10:9 17:12 22:14 etc.),
les mauvais chefs (Sop 3:3,2Ti 4:17),
les puissants exploiteurs (Sir 13:19),
les ennemis d'Israël (Jer 49:19 50:17,Da 7:4 etc.);

--Le lion symbolise aussi:

le châtiment de Dieu (Os 5:14 13:7, Sir 27:28).

--Mais il représente d'autre part:

le courage invincible (2Sa 17:10,Esa 31:4,Pr 28:1),

et de grands héros guerriers d'Israël sont donc appelés des lions:
Juda, Dan, Judas Macchabée (Ge 49:9,De 33:22, 1Ma 3:4);

le peuple de Dieu lui-même est figuré par la
comparaison du lion (No 23:24 24:9,Mic 5:7) et en
particulier par la grandiose allégorie de la lionne (Eze 19).

Dans le N.T., le lion devient l'emblème de Satan (1Pi 5:8,
cf. Sir 27:10), la suprême puissance mauvaise; mais le
lion de la tribu de Juda (Ap 5:5), suprême puissance divine, est
le symbole du Christ.

Le lion était un motif favori de la sculpture hittite (fig. 20).
Il apparaît aussi dans l'ornementation de luxe des socles d'airain du
temple de Salomon, sculptés par l'artiste phénicien Hiram (1Ro
7:29,36); son trône d'ivoire, extraordinairement imposant, était
flanqué de deux lions debout, et douze autres formaient la haie sur
les 6 degrés y donnant accès (1Ro 10:19 parallèle 2Ch 9:18
et suivant).

--Dans l'art symbolique chrétien, le lion est l'un des attributs
empruntés par les Pères de l'Église aux visions apocalyptiques d'
Eze 1:10 et d' Ap 4:7 et appliqués par eux aux quatre
évangiles; le plus souvent il représente saint Marc (voir Évangile,
II). Jn L.