LEVAIN

On donne le nom de levain, levure ou ferment, à une substance en état
de fermentation dont on peut se servir pour provoquer dans d'autres
substances les phénomènes de la fermentation. La fermentation est due
à l'action de micro-organismes qui, se développant dans la substance
primitive, provoquent dans son sein des modifications qui peuvent
aboutir à une transformation chimique complète (fermentation
alcoolique, acétique, etc.). Les substances fermentées sont assez
souvent dites aigres.

Il suffit de fort peu de ferment pour provoquer la fermentation,
mais sans ferment aucune substance ne s'altérera, ainsi que l'a
montré Pasteur. Les micro-organismes des levures ou ferments sont des
êtres vivants qui se multiplient avec une prodigieuse rapidité et
envahissent bientôt toute la masse, pour peu que la température soit
suffisamment élevée.

Le nom de levure et plus spécialement de levain est consacré à la
substance qui fait fermenter ou lever la pâte de farine. On s'en sert
journellement pour la panification: dans le nord on utilise à cet
effet la levure de bière; dans nos pays, c'est de la vieille pâte
levée, abandonnée quelque temps à elle-même, qui sert de levain:
selon son état de fermentation le levain est dit jeune, fort ou
vieux. L'acide carbonique dégagé par la fermentation de la pâte est
retenu par le gluten et provoque un gonflement de la masse qui
devient poreuse et légère: la cuisson arrête le développement des
levures et le pain se trouve levé, c-à-d, criblé d'alvéoles.

Le levain dont se servaient les Israélites dans la confection du
pain était de la pâte fermentée provenant d'une panification
antérieure. Cette pâte aigrie, grisâtre était incorporée à la farine,
avant le pétrissage, telle quelle (Mt 13:33) ou bien délayée, au
préalable, dans de l'eau. Avant de mettre au four la pâte nouvelle,
on la laissait quelque temps à elle-même pour lui permettre de lever.
Le pain ainsi obtenu s'appelait du pain levé (Ex 12:15,20
13:3,7,Le 7:13). En cas d'urgence ou d'imprévu, on confectionnait du
pain azyme, c'est-à-dire sans levain (Ge 18:6 19:3,Ex 12:34).

L'usage du levain était interdit pendant la fête de Pâque, qui
s'appelait aussi, du reste, la fête des pains sans levain (Ex
12:19 23:15 34:18,Le 23:6,Ac 20:6), et dans la préparation des
oblations rituelles destinées à être consumées sur l'autel (Ex
23:18 34:25,Le 2:11 6:7,10), les autres offrandes liturgiques
échappant à cette règle: (Le 2:12 7:13 23:7) cette prohibition
peut être, dans le premier cas, la survivance d'une coutume remontant
à l'époque nomade où l'on ne connaissait que le pain azyme; dans le
second, elle résulte vraisemblablement de la préoccupation de
n'offrir à l'Éternel rien de corrompu ou de corruptible, la
fermentation, par une vue commune à toute l'antiquité, étant tenue
pour une altération des substances. C'est pourquoi le levain est
donné à plusieurs reprises comme emblème d'un facteur de
corruption (Mt 8:15 16:6,Lu 12:1,1Co 5:6-8,Ga 5:7,10); mais dans
ces deux derniers textes on voit qu'il, peut représenter une
puissance, soit pour le mal, soit pour le bien, le point de
comparaison étant son caractère caché avec effets visibles. Aussi,
dans une parabole du royaume, Jésus fait-il de l'action du levain
dans la pâte l'image du développement graduel et interne du Royaume
de Dieu, qui complète le symbole du développement graduel et externe
représenté par la croissance du grain de moutarde (Mt 13:31-33 Lu
18:18-21), l'un et l'autre étant l'effet d'une manifestation de vie