LAODICEE

Ancienne Diospolis, puis Rhoas, Laodicée devint une ville importante
au milieu du III° siècle av. J.-C, grâce à Antiochus II qui lui donna
le nom de sa femme Laodice; les Séleucides la conservèrent jusqu'en
190 av. J.-C.; Rome la prit alors et la confia à Eumène, roi de
Pergame, puis l'administra directement. Laodicée devint un centre du
culte impérial. Mais après un tremblement de terre en 60, elle refusa
l'aide pécuniaire de Rome, que les plus grandes cités d'Asie avaient
toujours acceptée en pareil cas: «Je suis riche, dit-elle, je n'ai
besoin de rien!»

Enlevée par Tamerlan en 1402, Laodicée est aujourd'hui en ruines,
appelées Eski-Hissar. Cité à peu près carrée, Laodicée, dans la
basse vallée du Lycus, affluent du Méandre, près de Colosses, était
située au noeud de plusieurs grandes routes: voies principales de
Milet et Éphèse vers l'Est, de Pergame et l'Hermus vers la Pisidie et
la Pamphylie, de Carie et de Phrygie; d'où commerce important de
transit ou de débouché. La contrée élevait des troupeaux à laine d'un
noir brillant, très appréciée, dont on fabriquait étoffes et
vêtements de luxe, courts manteaux, tuniques, etc. Aussi la ville
était-elle riche: c'était un centre bancaire sur lequel, en 51 av.
J.-C, Cicéron pouvait tirer des chèques de Rome (Strabon).

La population était très mélangée: Phrygiens, Cariens et Lydiens
autochtones, colons grecs et macédoniens, Syriens, Juifs très
nombreux.

La divinité indigène était le Men-Karou phrygien dont le
sanctuaire se trouvait à 21 km. de la ville, vers les «portes de
Phrygie»; plus tard, le dieu s'hellénisa sous forme de Zeus. Un
marché se tenait sous ses auspices: il a duré, hebdomadaire, jusqu'au
siècle dernier. De ce temple relevait aussi une école de médecine
alors célèbre; Aristote et Galien parlent de ses découvertes: une
huile pour les oreilles, une poudre pour les yeux.

Dans sa position frontière à l'entrée de la Phrygie à la
population arriérée, Laodicée eût dû lui apporter la civilisation
hellénique et plus tard contribuer à son évangélisation: elle manqua
à cette mission.

C'est une ville sans caractère, sans rôle intéressant dans
l'histoire: telle apparaît l'Église à laquelle s'adresse la 7 e
lettre de l'Apocalypse. Sans doute fondée ou développée par Épaphras,
car elle était en rapports étroits avec sa voisine de
Colosses (Col 1:7 4:12,15), cette communauté avait donc eu
quelques relations avec saint Paul, qui lui adressa une
lettre (Col 4:16): on s'est demandé si ce n'était pas l'épître
aux Éphésiens (voir ce mot), ou tout au moins une copie pour Laodicée
de cette épître qui aurait été une sorte de lettre circulaire
destinée aux Églises de la province proconsulaire d'Asie. L'auteur de
l'Apocalypse écrit ensuite à l'Église de Laodicée, qui n'est «ni
froide ni bouillante», au nom du «témoin fidèle et véritable». Dans
son orgueil elle se dit riche et s'isole égoïstement; elle est fière
de ses étoffes magnifiques et de ses remèdes fameux: elle a besoin
des vraies richesses, or éprouvé par le feu, vêtements blancs,
collyre du Seigneur, qui se trouvent dans la repentance et le zèle à
son service. L'appel d'En-haut s'exprime enfin dans l'émouvant
tableau du Sauveur frappant à la porte du coeur pour lui apporter sa
compagnie et, par sa communion, la victoire (Ap 2:14,22). A.R.