LAIT

Le lait abondait en Palestine, où de riches pâturages favorisaient
l'élevage du gros et du menu bétail, et il entrait, pour une très
large part, dans l'alimentation des Israélites; il constituait une
ressource des plus estimées: dans son énumération des choses les plus
nécessaires à la vie de l'homme, le Siracide le place immédiatement
après la farine (Sir 39:26); Joël (Joe 3:18) entrevoit
le temps heureux où «le lait ruissellera des collines».

Déjà la locution proverbiale décrivait les pâturages herbeux et
fleuris comme «ruisselant de lait et de miel» (Ex 3:8 etc.). On
consommait le lait des vaches, des brebis (De 32:14), des
chèvres (Pr 27:27), peut-être aussi des chamelles, du moins à
l'époque patriarcale (Ge 32:15), le chameau ayant été, par la
suite, déclaré impur (Le 11:4,De 14:7).

En général, on conservait le lait dans des outres (Jug 4:19),
où il surissait rapidement au contact des parcelles de
caillé restées adhérentes à la paroi: le lait ainsi aigri constituait
une boisson particulièrement désaltérante que l'on s'empressait
d'offrir à celui qui demandait à boire (Jug 4:19 5:25). En
agitant le lait dans l'outre, comme c'est encore aujourd'hui l'usage
dans le Levant, on obtenait du beurre. Un même mot (hébreu
khêmeâh) désignant à la fois le lait caillé, la crème et le
beurre, le sens exact en est déterminé, dans chaque cas particulier,
par le contexte, spécialement par le verbe de la phrase; par ex.,
dans Jug 5:25, il faut trad.: «il lui demanda de l'eau, et dans
une coupe d'honneur, elle lui offrit de la crème, ou du lait caillé»;
dans Pr 30:33 il s'agit au contraire, non de crème, mais de
beurre, puisqu'il est question de «presser», c-à-d, de battre le
lait. En raison du climat palestinien, autrefois comme aujourd'hui,
le beurre ne pouvait se conserver qu'après avoir été fondu et
clarifié.

L'A.T, fait 3 fois mention du fromage. Chaque fois, le texte
hébraïque porte un mot différent s'appliquant peut-être à une sorte
de fromage particulière. Ainsi l'expression singulière: «dix morceaux
de lait», que l'on trouve dans 1Sa 17:18, conduit à penser qu'il
s'agit de fromages mous. On admet généralement que le mot employé
dans 2Sa 17:28, chephâh, signifie: fromage de vache. Dans
Job 10:10, le verbe et le substantif paraissent désigner un
fromage sec, dur et de forme cylindrique ou sphérique. Pour hâter la
coagulation du lait, la Mischna rapporte que l'on se servait du jus
de certains fruits acides ou, comme aujourd'hui, de présure de veau.
L'industrie fromagère paraît avoir été active et florissante à
Jérusalem, où la vallée du Tyropoeon s'appelait «vallée des
fromagers».

Le mot lait est pris au figuré plusieurs fois. Sous la plume de
saint Paul (1Co 3:2) il désigne les rudiments de la vérité
chrétienne, c'est-à-dire la prédication du Christ crucifié (1Co
2:2), la nourriture solide que lui oppose l'apôtre représentant ce
qu'il appelle la mystérieuse sagesse de Dieu (1Co 2:6,9),
c'est-à-dire le plan rédempteur depuis l'initiative éternelle de Dieu
jusqu'à l'achèvement final. Même sens dans Heb 5:12 6:1, où le
lait figure les rudiments des oracles de Dieu, ou bien les premières
notions de la doctrine du Christ. Dans 1Pi 2:2 et suivant, au
contraire, le lait est envisagé comme aliment complet et non plus
comme aliment élémentaire du nourrisson, et il représente le Seigneur
lui-même qui est l'aliment de l'âme, suffisant et parfait. D'où la
valeur symbolique donnée au vase de lait, dans l'antique iconographie
de l'Église chrétienne, pour figurer la sainte Cène.