JEAN (évangile de) 1.

Ouvrage fréquemment désigné aussi sous l'appellation, un peu moins
précise, de quatrième évangile: dans le N.T. tel que nous l'a légué
l'antiquité chrétienne, il fait suite aux évangiles synoptiques (voir
art.), les complète et en forme le couronnement.

I Contenu.

La division en chapitres, sans être plus défectueuse que dans le
reste de la Bible, cache les véritables divisions de ce livre plutôt qu'elle
n'aide à les discerner. Le quatrième évang, s'ouvre par une introduction ou
prologue (Jn 1:1,18), destiné a donner au lecteur l'intelligence
de ce qui va suivre en montrant en Jésus l'incarnation d'un être si
étroitement apparenté à Dieu qu'il est digne d'être appelé le Fils
unique
et qui, en sa qualité de Parole ou de Verbe divin, a
été l'agent de la création et demeure l'organe par excellence de la
révélation (voir surtout v. 18). A cette page d'une inspiration
religieuse incomparable, et où vibre l'écho des saintes expériences
de l'auteur du livre, fait suite un morceau de caractère
historique (Jn 1:19-2:12) rapportant le témoignage rendu à Jésus
par Jean-Baptiste (Jn 1:19-34), la rencontre de Jésus avec ses
premiers disciples (Jn 1:35-51) et son retour en Galilée,
marqué par l'accomplissement de son premier miracle (Jn 2:1,12).
Le corps de l'ouvrage (Jn 2:13-12:50) se compose de cinq groupes
de faits et de discours, généralement rattachés à la célébration de
fêtes juives qui ont conduit Jésus à Jérusalem et dont voici
l'énumération:

--1 er groupe (Jn 2:13-4:54), premier séjour à Jérusalem, à
l'occasion de la Pâque, marqué de trois incidents: la purification du
temple (Jn 2:13,25), l'entretien avec Nicodème (Jn 3:1,21)
et un nouveau témoignage de Jean-Baptiste (Jn 3:22-36). Au
retour Jésus, traversant la Samarie, s'entretient auprès du puits de
Jacob avec une Samaritaine et consacre deux jours à l'évangélisation
des habitants de Sichar (Jn 4:1,42). Rentré en Galilée, il
guérit, sans l'avoir vu, le fils d'un officier royal de
Capernaüm (Jn 4:43-54).

--2 e groupe (Jn 5), nouveau séjour à Jérusalem à l'occasion
d'une fête des Juifs (vraisemblablement la fête de Purim), guérison
du paralytique de Béthesda et discours de Jésus en réponse aux
accusations portées contre lui pour avoir opéré cette guérison le
jour du sabbat.

--3 e groupe (Jn 6), où le lecteur est ramené sans
avertissement en Galilée, à l'approche d'une deuxième Pâque (verset
4). Ici se placent: la multiplication des pains, la marche de Jésus
sur les eaux, le discours sur le pain de vie, prononcé le lendemain
dans la synagogue de Capernaüm, et la crise qui s'ensuivit, détachant
de Jésus une partie de ses disciples, mais resserrant et scellant
définitivement les liens qui l'unissaient aux Douze.

--4 e groupe (Jn 7:1-10:21), troisième séjour à Jérusalem,
où Jésus, après avoir résisté aux injonctions de ses frères, se rend
néanmoins «en secret» (Jn 7:10) pour assister à la fête des
Tabernacles. Reconnu, il a avec les Juifs de longues discussions
relativement à son origine et à sa mission, discussions dont le récit
est coupé, dans nos textes, par l'épisode interpolé de la femme
adultère (Jn 7:53-8:11). Jésus, qui a failli être lapidé par ses
interlocuteurs pour avoir dit qu'il était avant Abraham (Jn
8:58 et suivant), quitte précipitamment le temple, mais s'arrête à
la sortie du parvis pour guérir l'aveugle-né (Jn 9). Cette
guérison, opérée elle aussi un jour de sabbat, provoque parmi les
Juifs de vives contestations et de nouvelles mesures d'opposition,
qui dictent à Jésus les réflexions sur le vrai et les faux bergers,
sur la vraie porte des brebis et sur le bon berger (Jn 10:1-21).

--5e groupe: (Jn 10:22-12:50) A la fête de la Dédicace, qui
avait lieu en hiver (Jn 10:22), Jésus se trouve encore ou se
trouve de nouveau en Judée; la discussion avec les Juifs se rallume
et prend une tournure qui l'oblige à aller chercher la sécurité au
delà du Jourdain (Jn 10:22-42). La mort de Lazare le ramène tôt
après à Béthanie et la résurrection de son ami, en lui gagnant de
nouveaux disciples, détermine chez ses adversaires la résolution de
le faire disparaître au plus tôt et à tout prix (Jn 11). Le
ministère de Jésus se termine (Jn 12:1-11) par l'onction de
Béthanie, «six jours avant la Pâque», suivie, le lendemain, de
l'entrée glorieuse à Jérusalem (Jn 12:12,19). L'incident qui
couronne cette suprême journée et met un terme prophétique, sinon à
la carrière de Jésus, du moins à son activité messianique, est la
démarche de quelques Grecs désireux de le voir et d'entrer en
relation avec lui (Jn 12:20,36). Cette démarche, qui l'émeut
profondément en lui rappelant qu'il doit mourir pour que son oeuvre
porte le fruit attendu, lui inspire ses dernières déclarations
publiques, que l'évangéliste fait suivre de ses propres réflexions
attristées (Jn 12:37-50).

--Le récit de la Passion, qui s'ouvre au ch. 13, remplit la fin
du livre (jusqu'au ch. 20). Jésus prend avec ses disciples un dernier
repas, au cours duquel il leur donne un suprême exemple de
condescendance et d'amour en leur lavant les pieds (Jn 13:1,30);
puis viennent, à partir de Jn 13:31, les derniers entretiens,
qui s'achèvent (Jn 17) par la prière sacerdotale. C'est alors
l'arrestation de Jésus (Jn 18:1,11), la comparution devant Anne
et Caïphe et le reniement de Pierre (Jn 18:12-27); puis ce sont
les longs efforts pour arracher à Pilate la ratification de la
sentence de mort (Jn 18:28-19:16); c'est enfin la mise en
croix (Jn 19:17-30) et la sépulture (Jn 19:31-42). Le ch. 20
(Jn 20) consacré au récit de la résurrection, relate trois
apparitions de Jésus à Jérusalem, deux le jour même où le tombeau fut
trouvé vide (apparitions à Marie de Magdala et aux disciples, Thomas
non compris) et une, huit jours plus tard, aux disciples, y compris
Thomas.

-L'évangile se clôt (Jn 20:30 et suivant) par un bref
épilogue répondant au prologue et indiquant de façon précise
l'intention qui a poussé l'auteur à prendre la plume: convaincre ses
lecteurs que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et, en les amenant
à la foi, leur ouvrir l'accès de la vraie vie. Le ch. 21 forme un
appendice dont la coloration est très semblable à celle de
l'évangile, mais où se fait entendre, semble-t-il, une autre voix
(voir v. 24). Cet appendice raconte une apparition du Ressuscité à
sept disciples sur les bords de la mer de Tibériade et la
restauration de Pierre dans sa charge d'apôtre. Il se termine par
l'attestation que les faits relatés dans l'ouvrage ont été non
seulement racontés, mais mis par écrit par «le disciple que Jésus
aimait» (verset 24).