JAKIN ET BOAZ

Noms de deux colonnes d'airain ou de bronze appartenant au temple de
Salomon, exécutées par Hiram, ouvrier fondeur, spécialiste de travaux
d'art, que Salomon avait fait venir tout exprès de Tyr. Ce Hiram le
Tyrien était, d'ailleurs, fils d'une Israélite de Nephthali (1Ro
7:13; de Dan d'après 2Ch 2:14).

1.

La description de 1Ro 7:15-32, assez confuse et embrouillée,
pourrait être altérée. Elle se retrouve partiellement dans différents
passages (1Ro 7:41 et suivant, 2Ch 3:15-17 4:12 et suivant)
qui ne concordent pas toujours dans les détails. C'est dans Jer
52:21-23 qu'elle est la plus simple et compréhensible. En
confrontant ces divers textes, les savants ont conclu
approximativement que chaque colonne consistait:

en un pilier proprement dit de 18 coudées de
haut (environ 10 m.) et de 12 de circonférence (environ 6 m. 50); ce
pilier était en bronze et avait une épaisseur de 4 doigts (environ 7
cm. 1/2); cf. Jer 52:21;

en un chapiteau de bronze coulé,
sphérique (1Ro 7:41), haut de 5 coudées (environ 2 m. 60),
surmontant le pilier; la hauteur totale de la colonne était donc de
23 coudées (un peu plus de 12 m.). La décoration du chapiteau était
constituée par un treillis d'un bronze spécial, auquel étaient
accrochées deux rangées de grenades en bronze disposées en festons.
Chaque rangée comprenait 100 grenades, parmi lesquelles 4 semblent
avoir été fixées à même le treillis, tandis que les 96 autres
pendaient librement.

2.

Quant à l'emplacement des colonnes, il est probable qu'elles se
dressaient non à l'intérieur du portique du temple, mais en avant de
celui-ci et de chaque côté des degrés qui y donnaient accès (Eze
40:49), Jakin à droite, Boaz à gauche (1Ro 7:21; certains
traduisent: Jakin au Nord, Boaz au Sud). Peut-être reposaient-elles
sur un socle ou des fondations. Les récits des historiens grecs,
corroborés par les figurines tracées sur les monnaies de l'époque,
puis par de récentes découvertes, ont montré, en effet, que les
colonnes érigées en avant du portique des temples étaient une
particularité saillante de l'architecture religieuse des
Syrophéniciens. Voir Benzinger, Hébreu Arch., 1907.

3.

Le mystère plane encore sur le sens à donner aux termes «Jakin» et
«Boaz». L'interprétation suggérée par les notes marginales de
quelques manuscrits hébreu: «Il affermira» (Jakin), «En lui est la
force» (Boaz), manque de clarté. Plusieurs critiques et linguistes
inclinent à penser que ces deux appellations dérivent de la même
racine que Baal et Jachun, cette dernière, de source
phénicienne, ayant une signification identique à celle de l'hébreu
JHVH: Celui qui est.

4.

L'obscurité est presque aussi profonde en ce qui concerne leur
destination. Les piliers similaires qui flanquaient le parvis des
sanctuaires phéniciens, après avoir été primitivement envisagés comme
demeure de la divinité, avaient fini par n'avoir, ultérieurement,
qu'un rôle de représentation symbolique. Il se peut donc que, sous
l'influence des constructeurs phéniciens, Jakin et Boaz aient été
introduits comme éléments normaux du plan Général du Temple de
Jérusalem et utilisés par Salomon et Hiram en tant que symboles
purement conventionnels de Jéhovah, auquel l'édifice était dédié.

D'autres commentateurs voudraient expliquer la présence de ces deux
colonnes en fonction d'attributions cultuelles (candélabres géants
employés à brûler les graisses des sacrifices), ou en fonction des
conceptions de l'astrologie assyro-babylonienne. Mais ces
interprétations sont des plus contestables. Voir à ce sujet W.R.
Smith, Relig. Sem,; A. Jeremias, Das alte Test, im Lichte des
ait. Orients.
Jean R.