ISRAËL (Histoire et Religion 1.)
Introduction
Le nom d'Israël, primitivement appliqué à l'ancêtre Jacob (voir
ce mot), désigne le peuple qui, depuis douze cents ans environ av.
J.-C, jusqu'au début de l'ère chrétienne, vécut en Palestine et
qui--après avoir fait, tant dans le domaine politique que religieux,
de nombreuses et riches expériences--consigna son histoire dans le
livre sacré que nous appelons l'Ancien Testament. A l'époque la plus
reculée les enfants d'Israël sont connus sous le nom d'Hébreux,
branche de la souche sémitique. Plus tard ils furent divisés en deux
fractions: Israélites et Juifs. Le terme d'Israël que nous employons
s'applique à l'ensemble de la nation qui nous a laissé un sublime
héritage. Notre étude nécessite un bref exposé du contenu des livres
canoniques de l'A.T.; l'histoire des Juifs continua après que ces
livres eurent été écrits, mais leur religion revêtit son caractère
distinctif à la fin du premier siècle av. J.-C. C'est sur l'A.T, que
reposent les trois grandes religions missionnaires, conquérantes du
monde: Judaïsme, Christianisme, Mahométisme. Pour les adeptes de ces
religions, Abraham est le «père des croyants». Le but de cet article
n'est pas d'étudier en détail la formation du canon de l'A.T, (voir
art.), ni le caractère de la canonicité, mais nous pouvons établir
que ce recueil, différent du canon égyptien plus étendu, est
palestinien, hébreu, tous les livres qui le composent ayant été
écrits dans cette langue, à l'exception de fragments araméens
dans Daniel et Esdras. Il est aussi protestant puisque les
Réformateurs se refusèrent à placer sur le même rang les Apocryphes
et à accorder à ceux-ci l'importance que leur reconnut le concile de
Trente (1545-1563). Il est inutile de rappeler que les Juifs
n'attribuaient pas une égale valeur à leurs livres sacrés. La
Thora--qui comprend les cinq premiers livres de l'A.T.--était pour
eux la révélation suprême. A nos yeux, éclairés par les lumières de
notre époque, ils sont un des éléments intéressants et importants de
l'histoire tout entière. Autour du Pentateuque (voir ce mot), des
controverses ardentes, passionnées furent engagées pendant le siècle
dernier. Sur bien des points subsistent des divergences d'opinions.
Peut-être certains problèmes ne recevront-ils jamais une solution
satisfaisante, mais, sur les données essentielles, l'accord existe
entre les savants chrétiens. Notre but est de situer ce livre
admirable dans le cadre de l'histoire mondiale et de découvrir sa
valeur religieuse et son sens immuable.
C'est surtout la littérature, en effet, qui nous éclaire sur ce
que fut la vie d'une époque déterminée. Si les faits concrets nous
sont suffisamment connus, nous pouvons les classer méthodiquement;
mais quand il s'agit de la vie, la difficulté est plus grande: aussi,
par exemple, les termes «préprophétique, prophétique et
postprophétique», employés pour distinguer les périodes successives
de la vie d'Israël, ne doivent-ils pas, quoiqu'ils aient sans doute
une certaine valeur, être pris absolument à la lettre. Pour faciliter
notre examen, nous étudierons au cours de chaque période son
histoire, sa vie religieuse et sa littérature.
La succession de ces périodes comprend:
1. Les origines d'Israël et son arrivée en Palestine
(environ 1250 av. J.-C).
2. La période d'installation, qui embrasse environ
deux cents ans.
3. L'établissement de la royauté par David (1000 av.
J.-C).
4. Le schisme des dix tribus après la mort de
Salomon (939).
5. La destinée du royaume du Nord jusqu'à sa
destruction en 721.
6. L'histoire du royaume du Sud jusqu'à la ruine de
Jérusalem en 586.
7. La période de l'exil des Juifs déportés à
Babylone: d'environ 600 à 540.
8. La constitution du judaïsme après le retour de la
captivité et la reconstruction du Temple (530); la Judée est
incorporée à l'empire des Perses.
9. Les débuts de l'empire grec, instauré par la
victoire d'Alexandre le Grand (333), suivi, pour ce qui est d'Israël,
de la domination égyptienne, puis de la domination syrienne, l'une et
l'autre sous la suzeraineté grecque.
10. La révolte des Macchabées (vers 160), dont la
conséquence fut une brève période d'indépendance, jusqu'à ce que le
pays passât sous la domination romaine.
Les causes qui influèrent le plus sur les formes de la vie
religieuse furent les suivantes: la royauté, l'invasion assyrienne
(VIII e siècle av. J.-C), à laquelle se rattache le grand mouvement
des Prophètes brusquement interrompu par l'exil, la reconstruction du
temple et l'élaboration du système légaliste, autant d'événements
importants au sein de cet organisme vivant.