IGNORANCE

Dans l'A.T. La connaissance du vrai Dieu est très souvent
identifiée avec la vraie religion et la piété; inversement,
l'ignorance est souvent synonyme d'irréligion et d'impiété. Comme
telle, elle est considérée comme coupable. Cependant, la
responsabilité de l'ignorant dans le domaine religieux n'est pas
entière dans tous les cas; l'impiété est parfois involontaire. Le
pardon peut alors être accordé moyennant certains sacrifices
expiatoires (Le 4,No 15:22,32).

Dans le N.T. Jésus aussi reconnaît que le péché est parfois
commis par ignorance, ou sans que le pécheur se rende compte de toute
la gravité de la transgression. Dans ce cas, même le péché contre le
Fils de l'homme peut être remis (Mt 12:32,Lu 12:10). C'est ce
qui explique la prière de Jésus pour ses bourreaux sur la croix:
«Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font».

--Pour (Lu 23:34) les apôtres Pierre et Paul l'ignorance,
absolue ou relative, est également une circonstance atténuante. Voir
par ex. ce que dit saint Paul soit à propos de lui-même (1Ti
1:13), soit à propos de l'humanité païenne tout entière (dans son
discours à l'Aréopage, Ac 17:30), ou encore à propos des
«princes de ce siècle» (1Co 2:8). Assurément, les «princes de ce
siècle» ont gravement péché, par incrédulité, par jalousie, par haine
contre Jésus; mais le préjugé, hérité de leurs parents, qui les
empêchait de croire que le Messie promis pût se manifester sous les
traits d'un simple artisan, a été pour beaucoup dans leur attitude
injuste et violente à l'égard de Jésus. S'ils l'eussent connu
vraiment, tel qu'il était, «ils n'auraient pas crucifié le Seigneur
de gloire» (1Co 2:8). C'est aussi ce que veut dire saint Pierre
dans son discours aux Juifs de Jérusalem, quand il reconnaît qu'il y
a eu pour le peuple d'Israël et pour ses chefs des «temps
d'ignorance» (Ac 3:17) qui atténuent la gravité de leur crime
contre Jésus. Mais l'ignorance peut être coupable: c'est quand elle
procède d'un obscurcissement volontaire et progressif de la
conscience, du sens moral et spirituel, par manque de bonne volonté,
de docilité à l'égard de la volonté de Dieu. C'est ce qu'affirment
également Jésus et l'apôtre Paul (Mr 3:29,Ro 11:8 et suivants,
Eph 4:18). La culpabilité peut alors augmenter jusqu'à rendre
impossible tout pardon, dans le cas du péché contre le
Saint-Esprit (Mt 12:32,Mr 3:29,Lu 12:10,1Jn 5:16). Voir Péché.
M. M.