HINNOM (vallée de

Désignation topographique qui se présente sous des formes variées:
vallée du fils de Hinnom (Jos 15:8 18:16,2Ch 28:3 33:6,Jer 7:31
19:2,6 32:35); vallée des fils de Hinnom (2Ro 23:10); vallée de
Hinnom (Jos 15:8 18:16,Ne 11:30), ou simplement: la
vallée (2Ch 26:9,Ne 2:13,15 3:13,Jer 2:23). Cette vallée formait
la limite entre Juda et Benjamin (Jos 15:8 18:16) au partage de
la Palestine et elle isolait nettement Jérusalem du territoire
attribué, après l'exil, aux fils de Juda (Ne 11:30). La
signification précise du mot Hinnom échappe; il s'agit peut-être tout
simplement du nom d'un vieux Cananéen propriétaire de ladite vallée,
à l'époque jébusienne. Cet endroit acquit une réputation fâcheuse,
pour les scènes d'idolâtrie et de cruauté rituelle dont il fut le
témoin. Les rois de Juda, Achaz et Manassé, y sacrifièrent, en un
lieu qui répond au vocable de Tophet, à une divinité qui
réclamait des parfums et des enfants (2Ch 28:3 33:6,2Ro 16:3
21:6). Josias «souilla Tophet dans la vallée des fils de
Hinnom» (2Ro 23:10) et Jérémie en fit l'objet de ses plus
véhémentes menaces (Jer 7:32 19:6). L'abomination attachée à
cette vallée était telle, qu'elle se perpétua pour donner la notion
de Géhenne (Gué-Hinnom =vallée de Hinnom), considérée comme le
lieu de punition après la mort;voir (Mt 5:29 et suivant)
Géhenne.

--Le problème de la localisation est très complexe et l'on a tour à
tour invoqué les trois vallées qui marquent la topographie de
Jérusalem.

1. La théorie qui propose le Cédron paraît
indéfendable, car elle ne se comprend absolument pas si l'on veut
tenir compte des textes de Josué [Jos 15:8 18:16).

2. Le Tyropoeon (vallée centrale de Jérusalem)
est-il la vallée de Ben-Hinnom? On pourrait le croire, si l'on
argumente d'après Jos 15:8, et c'était l'opinion de saint Jérôme
et du géographe arabe Édrisi: «De la porte de Sion, on descend dans
un ouâdi, connu sous le nom de Djehennom, auprès duquel est
l'église Saint-Pierre et où se trouvent les eaux de Sélouan.»
Cependant le Tyropoeon fut à l'intérieur des murs avant l'époque de
Manassé, et les sacrifices au dieu païen avaient lieu à
l'extérieur de la ville, à l'endroit appelé Tophet; endroit qu'il
est possible de localiser avec assez de précision, grâce aux
renseignements de Jérémie (Jer 19:2), éclairés par le résultat
des fouilles. Si la porte du Fumier (Ne 3:14 12:31) =la porte
de la Poterie (Jer 19:2), les fouilles de Bliss l'auraient
peut-être découverte au Sud de la ville, et l'emplacement de Tophet
serait sensiblement au confluent des trois vallées: Cédron,
Tyropoeon
et er-Rabâby

3. Certains identifient précisément vallée de Hinnom
et er-Rabâby, dépression qui entoure Jérusalem à l'Ouest et au
Sud-O., et que l'on reconnaît très nettement encore aujourd'hui du
Birket es-Soultân au Bîr Eiyoûb (=Aïn Roguel, 1Ro 1:9).
Le texte Ne 11:30 l'appuierait parfaitement, mais on comprend
moins bien alors la donnée de Jos 15:8. Il semble donc qu'il
soit nécessaire d'admettre que Gué-Hinnom a été successivement
localisé dans la vallée du Tyropoeon, puis dans le ouâdi er-Rabâby,
et cela en fonction des agrandissements de Jérusalem, la cité
jébusienne s'étendant vers l'Ouest progressivement. La localisation
de Tophet, à l'intersection des trois dépressions, marque la période
intermédiaire de ce déplacement. Il faut noter que la tradition du
N.T. 9ardait encore le souvenir d'une relation entre la région
d'Haceldama et un champ dit «du Potier» (Mt 27:7-10; cf. porte
de la Poterie, Jer 19:2), ce potier représentant la corporation
des artisans céramistes plutôt qu'un individu particulier. Le champ
d'Haceldama, sur le versant S. d'er-Rabâby et à l'Ouest de Tophet,
servit en effet de sépulture aux étrangers; au XIII e siècle on
l'appelait le carnarium (=charnier), réalisation de la
prophétie;voir (Jer 19:6,11) Aceldama. A. P.