GAGES, SALAIRE

On ne trouve pas trace de l'ouvrier ni du serviteur salarié dans
l'ancien Israël; il est probable que l'esclave, qui fut la
main-d'oeuvre de toute l'antiquité, en tenait place. Il faut arriver
à l'époque du Deutéronome pour lire des prescriptions envers le serviteur
loué à gages: (De 24:16) il doit être payé avant le soir, chaque
jour, qu'il soit israélite ou étranger. Après l'exil, la législation
y insiste également (Le 19:13). Le même mot, serviteur ou
mercenaire, se trouve dans la parabole de l'enfant prodigue (Lu
15:17-19).

Malheureusement nos versions ont le plus souvent «serviteur» au
lieu d' «esclave», terme qui paraissait péjoratif, ce qui dénature le
sens de beaucoup de textes. L'esclave (voir ce mot) n'était
d'ailleurs pas forcément la bête de somme qui accomplissait
péniblement les grands travaux de Babylone ou d'Egypte; ce sort était
réservé aux prisonniers de guerre. L'esclave hébreu, qui s'était
vendu par misère, était un élément de la vaste famille d'alors, avec
cette limitation qu'il y restait attaché pour la vie. Qu'il ait eu à
sa disposition quelque argent personnel, cela ressort d'un texte tel
que 1Sa 9:8 où l'esclave prête une petite somme à son maître
pour payer les services du «voyant».

Le mot «salaire» a une signification particulière dans le cas de
Jacob travaillant plusieurs années chez Laban comme ger (voir
Étranger) pour gagner sa future femme (Ge 29:16 30:32 31:8-41).
Le nom de son fils Issacar signifie «homme du salaire» et est
expliqué de deux façons différentes, par J et par E (Ge 30:16,
salaire de louage; v. 18, récompense de Dieu). Le Deutéronome exclut le
salaire d'une prostituée ou le prix d'un chien pour paiement d'un
voeu (De 23:18); même sens dans les prophètes (Os 2:12
9:1,Mic 1:7,Esa 23:17 et suivant, Eze 16:31,34, etc.), qui en
font un symbole des indignités du peuple infidèle à Jéhovah. Ils se
sont aussi élevés contre les maîtres qui négligeaient de payer les
salaires dus (Jer 22:13,Mal 3:5); dans le N.T. leur fait écho
l'épître de Jacques (Jas 5:4). Michée (Mic 3:11) met sur le
même rang

de réprobation le juge qui accepte des présents, le prophète qui
prédit moyennant l'argent qu'il reçoit et le sacrificateur qui
enseigne pour un salaire. Jean-Baptiste interdit aux soldats la
rapine en déclarant que leur solde doit leur suffire (Lu 3:14).
Jésus a posé le principe de l'indemnité due à l'évangéliste (Lu
10:7, cf. 1Co 9:7-14,1Ti 5:18). Il a fait allusion aux notions
voisines mais différentes de salaire et de récompense, dans les
paraboles des ouvriers, des talents et des mines (Mt 20:1 25:14
et suivants, Lu 19:11 et suivant); de même saint Paul quand il
oppose au salaire du péché le don gratuit de Dieu (Ro
6:23). Voir Rétribution.