FOULON

Mal 3:2 dit que «le jour de l'Éternel sera comme la potasse des
foulons». (cf. Jer 2:22) En observant dans un souk de
teinturiers au Maroc un feutrier au travail, nous avons mieux compris
l'image qu'emploie ici le prophète. Pour confectionner ces épaisses
plaques de feutre que l'on place sous la selle des chevaux, l'artisan
étalait des feuilles de laine par couches con-treplaquées comme les
ardoises d'un toit; puis ayant recouvert le tout d'une épaisse couche
de mousse de savon, il foulait la laine avec la paume de ses mains
jusqu'à ce que le tout fût bien amalgamé. Ce massage avec les mains,
la blancheur du savon, font penser à une épreuve qui aboutit à une
purification. Comp. Esa 1:18: «Si vos péchés sont rouges comme
pourpre, blanchiront-ils comme neige?» (d'eux-mêmes, évidemment non;
mais l'Éternel, lui, vous blanchira, en vous éprouvant, comme «avec
la potasse des foulons», v. 25). Cf. aussi Mr 9:3.

Près de Jérusalem, sous les rois, se trouvait un «chemin du champ
du foulon» (Esa 7:3 36:2 parallèle 2Ro 18:17). Le foulon
(kobés, mot qui vient d'une racine signifiant: fouler avec les
pieds) existe toujours chez les Arabes et il travaille encore selon
les antiques procédés. Il lave les burnous, comme autrefois dans la
fullonica romaine, en les foulant avec les pieds sur une pierre
plate, par une sorte de danse à trois temps qui rappelle le tripudium.
«Par un étrange hasard, dit Gaston Boissier, le tripudium
est devenu la danse nationale et religieuse des vieux
Romains; c'était celle qu'exécutaient les Frères Arvales, pendant
qu'ils chantaient cette chanson aux dieux lares qu'un hasard nous a
conservée, ou les Saliens, quand ils parcouraient les rues de Rome au
mois de mars, en frappant de leur petite épée sur le bouclier
d'airain» (Promenades archéologiques: Rome et Pompéi). Ch. S.