DÉVOT

Épithète, autrefois élogieuse (du latin devotus, dévoué, voué),
qu'employaient les anciennes versions françaises de la Bible: «tu es
femme dévote», (Jud 2:31, Bible de Calvin) «Corneille, homme
dévot» (Ac 10:2, Mart.), etc.

Au XVII e siècle, la dévotion était fort à la mode: l'
Introduction à la vie dévote (1609), de saint François de
Sales, est toute pleine d'inspiration évangélique; les prédications
du temps, par ex. de Jacques Saurin, traitent du «goût pour la
dévotion», des «dévotions passagères», etc.

Mais le nombre immense des faux dévots du grand siècle,
violemment attaqués par Molière dans le Tartufe (d'abord intitulé
l'Imposteur) , qui distingue d'ailleurs avec soin les «dévots de
coeur» des «dévots de place», puis par La Bruyère (Caractères,
ch. XII et XIII), qui précise chaque fois en note: «faux dévots»,
discrédita bientôt la dévotion elle-même, et le terme est le plus
souvent pris en mauvaise part à partir de la fin du XVIII e siècle.

Aussi nos traductions modernes l'ont-elles abandonné pour celui
de «pieux», ou «religieux» (voir Crainte de l'Éternel, Piété), sauf
dans Ac 13:50: «les femmes dévotes de haut rang», et dans la
remarque peut-être réprobative que saint Paul fait aux gens d'Athènes
(voir ce mot) d'être «dévots jusqu'à l'excès» (Ac 17:22).