DARIUS

1.

Darius le Mède qui, d'après Da 6:1,28 9:1 10:1, était fils
d'Assuérus =Xerxès et prédécesseur de Cyrus, n'a jamais existé. Les
Mèdes ne furent jamais maîtres de Babylone. Les historiens Hérodote
et Ctésias, le cylindre de Cyrus, les annales de Nabonide et les
témoignages de l'A.T. lui-même n'admettent aucun doute à ce sujet.
L'auteur de Dan., très mal renseigné sur l'histoire antérieure à
Alexandre le Grand, avait conclu de Jer 51:11,28 que les Mèdes
devaient avoir pris Babylone. Il savait d'autre part qu'un roi
Darius, auteur d'une réorganisation administrative de son
empire (Da 6:28), avait conquis Babylone (Darius I er, après
l'insurrection du faux Nébucadnetsar III). En combinant les deux
renseignements, il arriva à un «Darius le Mède», dont il fit le fils
de Xerxès, tandis que le vrai Darius en était le père.

2.

Darius I er (perse
Darayavanch,
hébreu Darya-vech), fils
du satrape d'Hyrcanie Hystaspe et successeur de Cambyse, conspira
avec six autres nobles contre le mage usurpateur Gaumâta. Celui-ci,
qui se faisait passer pour Bardiya (pseudo-Smerdis), fut assassiné
par les conspirateurs en oct. 521. Dans la même année, Darius monta
sur le trône, soit qu'il fût réellement Achéménide, descendant d'une
ligne parallèle à celle de Cyrus, comme il le prétend lui-même dans
son inscription de Bisoutoûn ou Behistoûn, soit qu'il fût désigné par
un oracle hippomantique (Hérodote). La Susiane, l'Arménie, la
Babylonie, la Médie et presque toutes les autres provinces de
l'empire perse se soulevèrent sous la conduite de prétendants
indigènes. C'est la révolution générale dont parlent les prophètes
Aggée et Zacharie et qui, à leurs yeux, annonce la réalisation
prochaine des espérances messianiques du peuple juif (Ag 2:6,21
et suivant, Za 2:5,10,13 6:8). En Babylonie les troubles étaient
particulièrement graves. Ils étaient fomentés par deux imposteurs,
Nidintu-Bel et Arakha, qui prétendaient tous les deux être le fils de
Nabonide, Nébucadnetsar III Un an après, Darius avait étouffé ces
mouvements séditieux et rétabli l'unité de l'empire (Za 1:1,11).
Il avait pris Babylone et démoli ses fortifications. Les rêves
d'indépendance qu'on avait caressés à Jérusalem s'écroulèrent. Mais
sur un rapport du gouverneur de la Syrie (Esa 5:7-17), le roi
confirma l'édit de Cyrus, autorisa la reconstruction du Temple aux
frais du fisc royal et ordonna même de fournir aux prêtres juifs les
animaux et les offrandes que nécessiteraient les besoins du
culte (Esd 6,9:9). Darius continua ainsi la politique
d'apaisement et de conciliation inaugurée par Cyrus. Il renonça, sauf
dans des cas exceptionnels, aux déportations en masse, créa, en
divisant l'empire en satrapies, une administration à la fois
régionale et centrale, fit frapper une monnaie nationale, la darique,
construisit la route royale allant de Suse à Sardes (2.400 km.) et
fit de Suse la capitale de l'empire. Après la conquête de la Thrace
et de la Macédoine, il triompha de la révolte des Ioniens d'Asie
Mineure (499) dans la bataille navale devant l'île de Ladé. Milet fut
prise en 494. Pour se venger des Athéniens, qui avaient envoyé des
secours aux Ioniens révoltés, Darius prépara une campagne contre la
Grèce. L'expédition de Mardonius échoua en 492 au pied de l'Athos.
Dans une seconde campagne, en 490, Eubée fut prise, mais l'armée
perse, débarquée en Attique, subit à Marathon la célèbre défaite qui
sauva la Grèce. Les préparatifs pour une nouvelle expédition furent
interrompus, en 486, par une révolte des paysans égyptiens,
mécontents des lourdes charges qu'ils avaient à payer. (comp. Ne
5:4,Esd 4:13) Darius mourut à la fin de la même année, après un
règne de trente-six ans, célébré par l'inscr. de Bisoutoûn. Son
tombeau, creusé à même le roc, dans le flanc de la montagne, à
Naqch-i-Roustem, près de Persépolis, porte l'inscr.: «Regarde l'image
de ceux qui portent mon trône, et tu comprendras combien est grand le
nombre des pays que Darius le roi a possédés.»

3.

Darius le Perse (Ne 12:22), dont le contemporain, le
grand-prêtre Jaddua, reçut Alexandre le Gd à Jérusalem (Josèphe, Ant, XI, 8:5),
est le dernier roi de Perse, Darius III Codoman (336-330),
arrière-petit-fils de Darius II Nothus. Battu par
Alexandre le Gd à Issus et Gaugamèles, il se réfugia en Médie, où il
fut assassiné par les satrapes Bessus et Barsaëntes. F. K.