COURONNE

Ce fut primitivement un simple bandeau pour retenir les cheveux,
comme on en trouve dans les sculptures de Persépolis, de Ninive et
d'Egypte, qui devint ensuite turban, quelquefois mitre ou couronne
avec ornements d'or et de pierres précieuses. La signification donnée
à la couronne vient sans doute de l'emploi instinctif de guirlandes
de fleurs en signe de joie ou de triomphe (Jug 15:13, Sag 2:8).
Quoi qu'en dise Tertullien, qui voit dans les couronnes des
manifestations d'idolâtrie (De Cor. Mil. 7), elles sont souvent
mentionnées dans la Bible; le verbe couronner est rarement employé.

I Dans l'Ancien Testament.

Les divers mots hébreux se rapportant à la couronne sont traduits par:
diadème, couronne, tiare, mitre, turban, bandeau, bordure, etc.

1.
zèr. Bordure ornementale probablement tressée, entourant l'arche,
l'autel d'encens et la table des pains de proposition (Ex 25:11
30:5).

2.
nèzèr. Primitivement, bandeau pour retenir les
cheveux; il s'y ajoute l'idée de séparation et de consécration
(racine de naziréat), soit royale (2Sa 1:10,2Ro 11:12), soit
sacerdotale (Ex 29:6 et suivants). Dans ce dernier cas et pour
le grand-prêtre, le turban, large de deux doigts, bleu comme le ciel
(couleur symbolique), fixé par des attaches de même couleur, et
rehaussé d'une plaque d'or sur laquelle il est gravé: «Sainteté à
JHVH» (Ex 28:37,Le 8:9, Sir 45:12). C'est la couronne
sainte remise par Moïse à Aaron (Le 8:4).

3.
kéther. Couronne, sans idée de
consécration (Est 1:11 2:17 6:9). Verbe kâthar .(Pr
14:18)

4.
atârâh (terme fréquent). Couronne des rois, juifs
ou étrangers (Ps 21:4,Est 8:15 etc.), ou celle que l'on
tressait lors des banquets et des fêtes (Eze 23:42). Dans Esa
28:1,3, la «couronne orgueilleuse des buveurs d'Éphraïm» est une
condamnation cinglante de la capitale royale, Samarie, qui dominait
comme une couronne la fertile plaine d'Éphraïm et donnait au royaume
l'exemple des excès de vin. Dans 2Sa 12:30 =1Ch 20:3, nos
traductions portent: «David enleva la couronne du roi des Ammonites;
elle pesait un talent d'or; on la mit sur la tête de David»; comme le
talent d'or pesait 45 kgs, notre passage entend certainement désigner
la valeur de la couronne et non son poids; en outre il est probable
qu'au lieu de l'hébreu malkam il faudrait lire Milkom (comme
les LXX), et il s'agirait non du roi mais de l'idole des Ammonites:
David enleva la couronne de dessus la tête de l'idole (Milkom) des
Ammonites, etc. La couronne peut avoir un sens figuré (Pr 12:4),
ou désigner la gloire de Dieu (Esa 28:5), l'âge (Pr 16:31),
etc. Verbe âtar (Ps 8:8 103:4,Ca 3:11,Esa 28:3).

5.
qodqod. Sommet de la tête (Job 2:7, cf. Ge
49:26,De 33:20).

Les fiancés portaient une couronne (Esa 61:10,Eze 24:17)
comme aujourd'hui ceux d'Asie Mineure; certaines femmes en portaient
aussi (Esa 3:20). Le mot tiare (Vers. Syn.) peut désigner aussi
un simple turban (Esa 3:23). Le mot couronne est souvent employé
symboliquement: équité (Job 29:14), vertu (Pr 12:4),
bienfaits (Ps 65:12), gloire de l'Eternel (Esa 28:5),
récompense de la sagesse (Sir 1:18 6:31), etc.

II Dans les Apocryphes et le Nouveau Testament.

Il faut généralement distinguer entre diadêma
et stéphanos (voir Trench, Syn. N.T., p. 89SS).

1.
Diadêma désigne le plus souvent la couronne royale, l'insigne du
souverain (1Ma 1:9 6:15 8:14 12:39 13:32); c'était une
sorte d'étroit bandeau autour du front, et l'on pouvait en ceindre
plusieurs pour marquer plusieurs royaumes: (1Ma 11:13)
ainsi s'expliquent les diadèmes du Roi des rois (Ap 19:12) enfin
repris à l'usurpateur aux sept diadèmes (Ap 12:3 13:1).

2.
Stéphanos désigne ordinairement:

(a) la couronne envoyée à certains rois comme don de
joyeux avènement (1Ma 10:29,2Ma 14:4);

(b) l'insigne honorifique, hommage de bienvenue à un
grand personnage (Jug 3:7, 1Ma 10:20 13:37,Sir 32:2);

(c) un ornement du Temple (1Ma 1:22 4:57);

(d) le plus souvent, la couronne du vainqueur, à la
guerre ou dans les jeux, faite de laurier ou de fleurs bientôt
flétries, d'où le contraste de la couronne incorruptible (1Co
9:25,2Ti 2:5); elle apparaît souvent dans les visions de l'
Apo (Ap 3:11 4:4,10 6:2 9:7) comme emblème de récompense, de
félicité, d'immortalité; plusieurs fois elle est déterminée par un
complément de nature: couronne de justice (2Ti 4:8), de
gloire (1Pi 5:4), de vie (Jas 1:12,Ap 2:10). A l'avènement
du Seigneur, saint Paul compte ceindre la couronne de ses victoires:
ses convertis sont eux-mêmes sa joie et sa couronne (1Th 2:19,Php
4:1). La couronne d'épines imposée à Jésus (Mr 15:17,Mt 27:29,Jn
19:2-5) est bien la couronne royale, parodie comme le manteau de
pourpre et le sceptre de roseau, mais aussi douloureuse que
dérisoire; voir Épines (fin).

3.
Stemma (seulement dans Ac 14:13): ce sont les
guirlandes ou bandelettes qui décoraient les taureaux destinés aux
sacrifices. P. A.