CITERNE, PUITS

Un grand nombre de mots hébreux sont traduits par citernes, puits,
réservoirs, étangs, fosses, etc.

1.

La citerne.

Réservoir pour emmagasiner soit les eaux pluviales, soit l'eau des
sources amenée par des conduits. La longue saison sèche (mai à
septembre) oblige les Orientaux et en particulier les Palestiniens à
conserver ainsi les eaux abondantes de la saison pluvieuse. Le sol
calcaire et rocailleux de Palestine facilitait le creusement de tels
réservoirs: entre Jérico et Béthel on en voit encore de nombreuses
ruines; à Guézer, on a trouvé le roc tout perforé de citernes, une
par maison ou par groupe de maisons (H. Vincent, Canaan, p. 72).
«Le fond et les parois sont cimentés et étanches; leurs dimensions
égalent celles d'une chambre d'habitation et même d'une grande salle.
Dans les étés les plus chauds, l'eau s'y conserve encore fraîche. Les
citernes sont fermées par la roche naturelle ou par une voûte
artificielle percée d'un trou pour le passage du seau à puiser. On
trouve souvent auprès un bassin de pierre qu'un tuyau remplit pour
abreuver le bétail.» (Schneller, Connais-tu..., p. 89.)
Jérusalem, dont le voisinage est si sec, avait de grands besoins en
eau (voy. plus loin, parag. 3); Ézéchias fit boucher toutes les sources
aux environs pour priver d'eau les armées assaillantes de
Sanchérib (2Ch 32:3 et suivant). Mésa, roi de Moab, se vante,
dans l'inscription de sa stèle, (l.7,23-25) d'avoir
creusé divers réservoirs et citernes et d'en avoir prescrit le
creusement aux habitants dans leurs maisons. La question de l'eau a
toujours joué un rôle très important dans la vie palestinienne en
général, et en particulier dans les différents sièges de la capitale
(David, Achaz, Ézéchias, Titus, Croisades, etc.). Pendant le siège de
Bétyloua, les citernes s'épuisèrent (Jug 7:21, cf. Jug
8:31). Les citernes vides ou désaffectées ont souvent servi de
prison (Joseph: Ge 37:22; citerne de Jérémie, assez profonde
pour qu'on y descende le prophète avec des cordes, et vaseuse au
fond: Jer 38:6), de cachette (2Ma 1:19), de
tombeau (1Ma 7:19).

2.

Le puits:

Ordinairement un trou creusé dans le sol pour y recueillir l'eau
jaillissante; ou encore: source (Ge 26:18,32,Pr 5:15,Jn 4:14).
Pour l'Orient desséché, l'eau était une nécessité urgente (Jug
1:15); aussi l'accès et la possession des puits furent-ils la cause
ou le théâtre de nombreuses querelles, guerres ou scènes bibliques
(les Philistins et Isaac: Ge 26:15,33; cf. 2Ro 3:19,2Ch
26:10, etc.). Acquérir des puits en Canaan sans les avoir creusés
est pour Israël un signe de faveur (De 6:11), en posséder est un
signe d'indépendance (Pr 5:16), s'abstenir d'en utiliser peut
être une condition de passage en pays étranger (No 20:17,19
21:22). Les puits marquent le voyage d'Israël au désert (No
21:17 et suivant, etc.), comme le pèlerinage des Maho-métans de
Damas à la Mecque (la route du Hadj). On sait l'importance des puits
de Béer-Séba (Ge 26:33 21:31 etc.) et de Jacob (creusé par
Jacob ou situé sur une terre donnée par Jacob à Joseph: Ge
33:13,20, etc.). Des villes choisirent pour emplacement la
proximité des puits -(ex. Béer-Séba, Bethléhem, 2Sa 23:15 et
suivant
).

En Palestine, ils étaient habituellement creusés dans le roc,
avec quelques marches pour descendre (Ge 24:16), souvent
couverts pour éviter des accidents (Ex 21:33) et parfois même
surmontés d'une coupole sur piliers, entourés d'un mur ou rebord de
pierre (margelle du puits de Jacob où Jésus s'est assis: Jn 4:6).

On y puisait de l'eau au moyen:

d'une corde et d'un seau (No 24:7,Esa 40:15)
ou d'une cruche (Ge 24:14,20,Jn 4:11); quand le puits était
profond, on avait recours à un âne, une roue ou une poulie facilitant
le travail; (cf. Ec 12:6)

d'une roue persane ou sakîyé, série de seaux
attachés à une corde passant sur une roue et tournée par un animal
(il doit y être fait allusion dans No 24:7);

d'une perche pivotant et faisant levier comme en
ont encore aujourd'hui les Arabes (le chadouf ; voir Gens et
Choses de Pal.,
pp. 50, 86, 88). Les Israélites avaient pour leurs
bêtes des abreuvoirs et, des auges (Ge 24:20,Ex 2:16,Jug 5:11).
Chaque maison pouvait avoir son puits (2Ro 18:31). Les vignerons
en creusaient pour leurs pressoirs (Mr 12:1).

3.

Les étangs:

Nombreux aux environs de Jérusalem et déversant leur eau dans les
citernes de la ville par de longs aqueducs, exploitant d'abondantes
sources d'eau découvertes dans le roc et retenues par d'importants
travaux de maçonnerie (Salomon: Ec 2:6,Esa 22:9; Ézéchias:
2Ro 20:20, etc.). Voir Étang.

4.

Nombreux sens figurés:

les citernes pouvant servir de tombes, le passage
de l'une à l'autre idée est facile (Ps 28:1 Ps 143, Job
33:18,24,30,Eze 32:18,24,Esa 51:14);

le puits de l'abîme (enfer), Ap 9:13, où
Satan sera enfermé comme les captifs dans les citernes (Ap
20:13);

la fosse (voir ce mot), image des pièges;
(Ps 9:16 35:7 40:3 119:85 etc.)

puits et sources jaillissantes ont fourni un grand
nombre d'images relatives à la vie divine et contrastant avec les
idées précédentes. Voir Eau, Source. P. A.