CHYPRE

Grande île, située dans l'angle N.-E. de la Méditerranée, à 75 km.
environ des côtes d'Asie Mineure et de Syrie. Elle a environ 220 km.
dans sa plus grande longueur et 70 km. de largeur moyenne. Sa
superficie totale est de 9.600 km. carrés. C'est par l'étendue la
troisième île de la Méditerranée (après la Sicile et la Sardaigne).
Elle a joué un rôle important dans l'histoire de l'antiquité à cause
de ses richesses naturelles et de sa fertilité. Elle exportait
surtout des bois de cèdre et de cyprès et du cuivre. Ce métal y était
extrêmement abondant: le mot cuivre est dérivé de kupros,
le nom grec de l'île. Chypre était aussi renommée pour ses sanctuaires de la
déesse Aphrodite, en particulier celui de Paphos, le plus célèbre du
monde antique. Sa population primitive était probablement d'origine
grecque. D'ailleurs la plupart des races se sont mêlées dans l'île de
Chypre, qui a toujours été plus ou moins sous le joug étranger. Elle
a d'abord été colonisée par les Phéniciens, qui y ont introduit le
culte syrien d'Aphrodite. Au VIII e siècle av. J.-C, elle tomba avec
la Phénicie sous le joug assyrien; plus tard les Égyptiens s'en
emparèrent (environ 560), puis les Perses (525), enfin Alexandre le
Grand (333). Après la mort d'Alexandre elle échut aux Ptolémées (2
Mac, 10:13). En 59 elle devint province romaine.

Chypre est mentionnée plusieurs fois dans l'A.T. sous le nom de
Kittim. Kittim était un port de l'île (aujourd'hui Larnaka),
désigné par ex. dans 1Ma 1:1. Ce nom désigne par
extension, non seulement l'île entière, mais parfois même
l'Occident (No 24:24,Da 11:30). On a aussi identifié, mais à
tort, avec Chypre le Caphtor (voir ce mot) de Jer 47:4 et Am
9:7.

Il ressort du livre des Actes que l'île de Chypre était souvent
sur la route maritime entre Palestine et Occident (21:3, 27:4, etc.),
et que ce fut une des premières contrées qui reçurent le message de
l'Évangile. Une colonie juive importante s'y était formée dès le III
e siècle av, J.-C, et s'y adonnait au commerce. Quelques chrétiens,
chassés de Jérusalem par la persécution qui suivit la mort d'Etienne,
s'y réfugièrent (Ac 11:19) et y introduisirent le christianisme.
C'est par l'évangélisation de cette île que débuta l'activité
missionnaire de saint Paul (Ac 13:4-13). Barnabas qui
l'accompagnait était d'ailleurs originaire de l'île (Ac 4:36).
Les deux apôtres traversèrent Chypre dans sa longueur de l'Est à
l'Ouest, de Salamine à Paphos (aujourd'hui Baffa). C'est pendant
ce séjour que se place l'épisode de Bar-Jésus et la conversion du
proconsul Sergius Paulus. Lors du 2 e voyage, quand Paul et Barnabas
se séparèrent, Barnabas retourna à Chypre avec Marc (Ac 15:39).

Le livre des Actes mentionne encore un autre chrétien originaire
de Chypre, Mnason, qui fut l'hôte de Paul à Jérusalem pendant le
dernier séjour de l'apôtre dans cette ville (Ac 21:16).

Nous ignorons comment le christianisme se développa dans l'île
pendant les premiers siècles de l'Église. En 395, au moment de la
division de l'empire romain, elle fut attribuée à l'empire d'Orient.
A partir du VIII e siècle, elle fut longtemps disputée entre Byzance
et les Arabes. Richard Coeur de Lion s'en empara en 1191 et la vendit
à Guy de Lusi-gnan, dont la famille régna plusieurs siècles sur les
Cypriotes. Elle passa encore sous la domination des Vénitiens, puis
des Turcs et fut enfin cédée par la Porte à l'Angleterre en 1878.

Chypre est aujourd'hui déchue de sa splendeur passée; ses
richesses minérales sont épuisées, ses forêts détruites, son climat
malsain; sa population n'a pas cessé de diminuer depuis le Moyen âge.
Jean M.