CHIEN

(hébreu kèleb)

Le chien (canis familiaris) abonde en Orient, en particulier
en Palestine. Mais ce n'est pas notre chien domestique, le compagnon
et l'ami de l'homme, le familier et souvent le favori de la maison:
c'est une sorte de chien errant, famélique, à demi-sauvage.

Chaque agglomération en compte un certain nombre; les grandes
villes en possèdent des bandes entières qui se partagent les divers
quartiers et défendent jalousement leur domaine. L'apparition d'un
intrus est le signal de batailles furieuses et l'origine de concerts
assourdissants. Pendant le jour, ces animaux sommeillent dans quelque
recoin, sur le soir ils sortent de leur retraite et rôdent toute la
nuit, lançant des hurlements lugubres. Ils sont d'une voracité
extraordinaire et se repaissent de tous les déchets jetés à la rue.

Rien ne les rebute. Les cadavres en putréfaction, animaux et
humains, sont pour eux un régal de choix. Ils se chargent ainsi du
service de la voirie et s'en acquittent supérieurement. Ils
ressemblent beaucoup, surtout dans la Palestine méridionale, au
chacal (canis aureus); ils en ont les oreilles courtes et
pointues, le museau allongé, le poil ras et la queue courte; D'après
certains savants ce chien n'est qu'un chacal domestiqué. Du reste ces
deux races se croisent fréquemment. Malgré leur sauvagerie, ils
redoutent généralement l'homme. Il suffit le plus souvent d'un bâton
pour les mettre en fuite (1Sa 17:43). Mais dans certains cas
leur voisinage peut devenir dangereux et il est prudent de
l'éviter (Pr 26:17).

Ces détails expliquent pourquoi le chien est en Orient l'objet du
plus profond mépris: «Chien, fils de chien, chien mort» sont de
graves insultes. Pourtant, ce chien ne manque ni d'intelligence ni de
docilité et il est susceptible d'attachement. Il est aussi très
voisin du chien de berger. Ce dernier n'existe guère que chez les
nomades, qui l'emploient plutôt à défendre leurs troupeaux contre les
fauves qu'à les garder. Il est bien supérieur au précédent.

Quelques-uns sont de très beaux animaux de race kurde, et par
l'intelligence et le savoir-faire ils ne le cèdent en rien à nos
meilleurs bergers. Quelques chefs arabes entretiennent des lévriers
persans; ils s'en servent pour chasser la gazelle. Ce lévrier
ressemble beaucoup à celui d'Europe. Ses oreilles, son ventre et
l'extrémité de sa queue sont garnis de longs poils soyeux. S'il est
moins rapide que notre lévrier, il est plus grand, plus fort et plus
résistant. Il parvient souvent, sans le secours de l'homme, à forcer
la gazelle.

Le chien occupe une place importante dans la Bible. Elle
mentionne une fois (Job 30:1) le chien de berger, mais en dehors
de ce passage, elle ne connaît que le chien errant. Elle décrit très
exactement ses moeurs répugnantes (1Ro 21:19,23,24,Ps 22:17
59:7-15-16,Php 3:2,Ap 22:15). Il ne lui inspire que du mépris. Elle
le regarde comme un animal impur et son nom est une injure
grave (1Sa 24:15,2Sa 3:8 9:8 16:9,2Ro 8:13). Cependant, à cause
de son utilité sanitaire, on le tolérait dans les habitations et on
ne l'empêchait pas de happer les miettes tombées de la table du
maître; mais on aurait regardé comme une profanation de lui octroyer
directement un morceau de pain (Mt 15:27,Mr 7:27). Le «prix (ou
salaire) d'un chien» (De 23:18) fait allusion aux pratiques
abominables des qedèchim, ces prostitués mâles des temples de
Baal. E. D.