CHEVAL

Hébreu:

1.
sous, cheval de char.

2.
pârâch, cheval de cavalerie; on trad. souvent à
tort par cavaliers, cf. Ge 50:9,Ex 14:9,17,1Ro 4:26,Esa 21:7,Eze
26:10 27:14,Joe 2:4,Hab 1:8.

3.
rèkech, cheval rapide, rendu quelques fois par
dromadaire, 1Ro 4:28,Est 8:10-14,Mic 1:13.

4.
rammâk, jument, Est 8:10.

5.
Sousâh , (même sens).

Le cheval moderne a pour ancêtre direct le cheval sauvage, que
l'explorateur russe Przewalsky a retrouvé sur les hauts-plateaux de
l'Asie centrale. D'après le naturaliste suisse Duerst, ce cheval,
suivant la zone où il s'est acclimaté, a donné naissance à trois
formes distinctes:

le cheval des forêts, petit, trapu, d'où dérivent
le poney celtique du temps de Jules César, les poneys modernes et,
par croisement avec le cheval des déserts, les chevaux sardes,
corses, de la Camargue et du Frioul;

le cheval des steppes, moins massif, d'où
proviennent le cheval européen de Halstatt, les chevaux grecs et
romains et les chevaux andalous;

l'incomparable cheval des déserts, élancé, rapide,
qui a donné naissance aux chevaux européens de l'âge du bronze, aux
chevaux indiens et chinois et aux anciens chevaux iraniens et
babyloniens d'où émanent les chevaux persans, arabes et égyptiens.

Le cheval arabe serait l'origine des chevaux turcs et berbères et du
pur-sang anglais. Cette assertion est-elle exacte pour ce qui
concerne les chevaux turcs et berbères? Comme le cheval arabe, ne
dériveraient-ils pas plutôt des anciens chevaux iraniens et
babyloniens?--Ce cheval des déserts fut domestiqué par les tribus
pastorales qui parcouraient les solitudes de l'Asie centrale
(Mongolie, Turkestan) et dont les flots envahisseurs ont
successivement recouvert au cours des siècles l'Europe, l'Asie
Antérieure et Méridionale et l'Afrique. Les invasions mongoles sont
bien connues, les autres commencent à sortir de la pénombre et à
paraître au grand jour de l'histoire. Ces dernières sont le fait des
tribus indo-européennes. Établies dans le Turkestan, elles ont dressé
le cheval à la guerre et l'ont introduit dans l'Asie Antérieure vers
2500 (Hittites), et de là en Egypte (Hyksos).

--Les Israélites apprirent à le connaître sans doute déjà en
Canaan, où l'invasion hittite avait laissé des îlots (Ge 23:3),
en tout cas en Egypte (Ge 47:17). L'A.T. connaît surtout le
cheval de guerre. Comme tel, Israël, peuple agricole et pacifique,
n'avait pas à l'adopter. De plus la région qu'il occupait, en grande
partie montueuse, ne convenait pas aux évolutions des chars (voir ce
mot). Seules s'y prêtaient les plaines du littoral, de Jizréel, du
haut Jourdain; les Philistins et les Cananéens, qui les détenaient,
possédaient des chars de guerre: Jabin, roi de Hatsor, en avait à lui
seul 900 (Jos 11:4,Jug 1:19 4:3 5:22). Ils furent néanmoins
vaincus par les fantassins israélites (1Ro 20:23). Les chars de
guerre n'apparurent en Israël qu'avec les rois conquérants. David en
eut quelques-uns (2Sa 8:4); Salomon en accrut considérablement
le nombre; il posséda 40.000 chevaux de chars et 12.000 chevaux de
cavalerie. Il les tirait non de l'Egypte (Mitsraïm), comme le dit à
tort le texte hébreu, mais de Musri, canton de la Syrie du N, et
de Kue en Cilicie (1Ro 10:28,2Ch 1:16). Leurs successeurs
n'eurent qu'une charrerie et une cavalerie réduites. La loi mettait
du reste le roi en garde sur ce point (De 17:16). La confiance
dans les chevaux est opposée à la foi en l'Éternel (Ps 20:8
33:17,Esa 30:16). Il y eut pourtant des exceptions, surtout en
Israël: Joachaz paraît avoir eu une nombreuse charrerie. Le roi de
Syrie l'anéantit presque entièrement (2Ro 13:7). Les rois de
Juda n'eurent jamais qu'une quantité restreinte de chars de guerre.
D'où la tendance des derniers monarques à s'allier avec l'Egypte,
dont la charrerie fut toujours puissante (Ge 47:17,Ex 15:19,Esa
31:1,3 36:9,Eze 17:15). Cette alliance était cherchée contre la
Syrie et surtout l'Assyrie, qui possédait de nombreux chevaux de
guerre (Na 2:8). A en juger par les sculptures de Ninive,
ceux-ci étaient de très belle race, rapides et ardents (Hab
1:8). Après l'exil, les Juifs eurent des chevaux; sous Néhémie la
colonie de Jérusalem en possédait 736 (Ne 7:68). L'apparition du
cheval de guerre semble avoir fortement impressionné le peuple élu;
Job et les prophètes en conservent l'écho (Job 39:22-28,Jer
47:3,Za 14:20). Le cheval était en général consacré au Soleil; avant
les réformes de Josias, on nourrissait dans le temple de Jérusalem
des chevaux sacrés (2Ro 23:11). Chose étrange, l'Arabie, qui est
aujourd'hui le centre d'élevage des plus beaux chevaux, n'a connu cet
animal que relativement tard. Elle ne le connaissait pas du temps de
Saül (1Sa 15). Aux jours du 2 e Ésaïe le chameau était la seule
monture employée (Esa 60:6). Salomon nourrissait ses chevaux
avec de l'orge et de la paille hachée (1Ro 4:28).

La Bible mentionne comme équipement des chevaux, le mors, la
bride, le fouet (2Ro 19:28,Ps 32:9 Pr 26:3,Jas 3:3,Ap 14:20),
les clochettes: (Za 14:20) des couvertures de prix garnissaient
les chars (Eze 27:20). Ap 18:13 cite chevaux et chariots
parmi les marchandises de prix jadis vendues à Babylone. Au temps de
l'A.T. le ferrage était inconnu; sur le roc il fallait ralentir
l'allure (Am 6:12).

La Syrie et les pays limitrophes possèdent aujourd'hui une race
de petits et excellents chevaux. Rien ne les arrête, ni pente rapide,
ni lit desséché des torrents. Leur pied est très sûr, leur docilité
extrême, leur ardeur et leur endurance incroyables.

Dans la littérature apocalyptique, le cheval est souvent le
symbole d'une puissance de combat aux déplacements rapides et
lointains (Za 6:1,8, Ap 6:1-8 9:7,17-19 19:14). Dans la
symbolique funéraire des premiers chrétiens, le cheval seul ou attelé
à un char évoque l'image des courses du cirque appliquée à la vie
chrétienne. E. D.