CÉDRON

Aujourd'hui ouâdi Sitli Maryam (=torrent de madame Marie), et,
dans sa vallée inférieure, ouâdi en-Nâr (=vallée du feu). Le
torrent du Cédron est aujourd'hui à peu près toujours à sec et il n'y
a d'eau, dans son cours supérieur, que lors des années
particulièrement pluvieuses.

La vallée prend naissance au Nord-O, de Jérusalem, au pied du
Scopus. Peu encaissée au début et orientée d'abord de N.-O, à S.-E.,
elle s'infléchit vers l'Est, passant au Nord du tombeau dit des Rois
(en réalité celui d'Hélène d'Adiabène), puis court à angle droit vers
le S., se resserrant entre le mont des Oliviers et la colline du
Temple. Elle descend ainsi, et, très abrupte (malgré l'accumulation
de décombres qui atténuent aujourd'hui son profil), borde étroitement
à l'Est l'ancienne colline, berceau de la cité de David, qu'elle
sépare de la falaise contre laquelle s'adosse le village de Siloé. Un
peu au Sud de la fontaine de Siloé, aboutissant du canal
d'Ézéchias (2Ch 32:30), elle rencontre le Tyropoeon, et aux
environs du Bir-Eiyoûb (Aïn-Roguel, 1Ro 1:9) se joint au
ouâdi er-Rabâby (la Géhenne;voir Hinnom), pour devenir le ouâdi
en-Nâr
qui traverse toute la région dite du «désert de Juda» et
aboutit à la mer Morte.

De par sa situation, le Cédron joua un grand rôle dans l'histoire
d'Israël. Quoique ce ne soit pas mentionné explicitement, on sait
maintenant que David s'empara de Jérusalem (Jébus) en empruntant la
voie secrète d'un canal s'ouvrant à la source du Guihon, dans la
vallée même du Cédron, et montant à l'intérieur de la cité
cananéenne (2Sa 5:8,1Ch 11:6).

David, fuyant Absalom, le franchit pour gagner le désert,
(2Sa 15:23) ce qui lui valut les malédictions du fameux Siméï (2Sa 16:5),
placé plus tard par Salomon en résidence forcée, à l'Ouest du Cédron,
qu'il n'avait pas le droit de franchir (1Ro 2:37). Asa y brûla
une Astarté fabriquée par Maaca sa mère (1Ro 15:13,2Ch 15:16);
Josias fit de même pour les ustensiles païens dont il débarrassa le
Temple (2Ro 23:4,6,12); Ézéchias se signala de la même
façon (2Ch 29:16).

Le torrent emportait bien des choses, mais surtout la région
était déjà chargée d'impuretés puisqu'on y enterrait les
morts (2Ro 23:6,Jer 31:40). La vallée, lors des sièges, servait
de fossé naturel à Jérusalem. Plusieurs murailles furent élevées sur
son versant oriental, qui facilitèrent encore la défense (les
fouilles Weill en ont dégagé un secteur intéressant); quelques fois.
les textes bibliques les signalent (2Ch 32:5 33:14). Ces murs
compliquaient le ravitaillement en eau, durant les périodes
d'investissement. Ézéchias fit boucher ainsi la source du Guihon et
«le ruisseau qui coule au milieu de la contrée», c-à-d. dans la
vallée du Cédron, mais amena aussi l'eau à l'intérieur de son
rempart (2Ro 20:20).

Après l'exil, c'est en remontant le lit du torrent que Néhémie
examina l'état de la muraille (Ne 2:15), qu'il restaura comme on
sait. Le Cédron est mentionné pour la dernière fois dans le N.T., à
propos de la dernière soirée de Jésus, qui franchit le torrent avec
ses disciples pour se rendre à Gethsémané (Jn 18:1). Le pèlerin
de Bordeaux (333 ap. J.-C.) nomme le Cédron «vallée de Josaphat»,
mais cette identification doit être antérieure à l'ère chrétienne.
Rien dans Joël (Joe 3 2,12) ne permet de préciser; il en est de
même pour la vallée des ossements de la vision d'Ézéchiel (Eze
37:1), au sujet de laquelle on propose parfois la même localisation.
A. P.