LA BIBLE TRADUITE SUR LA VULGATE

PAR LE MAISTRE DE SACI (1759)

Numérisation Yves PETRAKIAN Mars 2007 - France

 


 

ESTHER

 

CHAPITRE I

 

Festin donné par Assuérus. La reine Vasthi refuse d'y venir.

 

1 Au temps d'Assuérus, qui a régné depuis les Indes jusqu'à l'Éthiopie, sur cent vingt-sept provinces,

2 Lorsqu'il fut assis sur le trône de son royaume, Suse devint la capitale de son empire.

3 La troisième année de son règne, il fit un grand festin à tous les princes de sa cour, à tous ses officiers, aux plus braves d'entre les Perses, aux premiers d'entre les Mèdes, aux gouverneurs des provinces, en sa présence.

4 Pour faire voir la gloire et les richesses de son empire, ainsi que sa grandeur et l'éclat de sa puissance. Ce festin dura longtemps, ayant été continué pendant cent quatre-vingts jours.

5 Et comme le temps de ce festin finissoit, le roi invita tout le peuple qui se trouva dans Suse, depuis le plus grand jusqu'au plus petit ; il commanda qu'on préparât un festin pendant sept jours, dans le vestibule de son jardin et du bois qui avoit été planté de la main des rois avec une magnificence digne d'eux.

6 Et de tous côtés étoient suspendues des tentures de bleu céleste, de blanc, et d'hyacinthe, lesquelles étoient soutenues par des cordons de fin lin, teints en écarlate, qui étoient passés dans des anneaux d'ivoire, et attachés à des colonnes de marbre. Des lits d'or et d'argent étoient rangés sur un pavé vert d'émeraude et de marbre blanc, qui étoit embelli de figures avec une admirable variété.

7 Ceux qui avoient été invités buvoient dans des vases d'or ; et les viandes étoient servies dans des bassins tous différents les uns des autres. On y présentoit aussi du plus excellent vin, et en grande abondance, comme il étoit digne de la magnificence royale.

8 Nul ne contraignoit à boire ceux qui ne le vouloient pas; mais le roi avoit ordonné que l'un des grands de sa cour fût assis à chaque table, afin que chacun prit ce qu'il lui plairoit.

9 La reine Vasthi fit aussi un festin aux femmes dans le palais où le roi Assuérus avoit accoutumé de demeurer.

10 Le septième jour, lorsque le roi étoit en gaieté, échauffé par l'excès du vin, il commanda à Maümam, Bazatha, Harbona, Bagatha, Abgatha, Zéthar, et Charchas, les sept eunuques qui servoient en la présence du roi Assuérus,

11 De faire venir devant le roi la reine Vasthi, le diadème en tête, pour faire voir sa beauté à tous les peuples, et aux grands, parce qu'elle étoit extrêmement belle.

12 Mais Vasthi refusa d'obéir, et dédaigna de venir, selon le commandement que le roi lui en avoit fait faire par ses eunuques. Assuérus, irrité de ce refus, et transporté de fureur,

13 Consulta les sages qui étoient toujours près de sa personne, selon la coutume des rois, et par le conseil desquels il faisoit toutes choses, parce qu'ils savoient les lois et les coutumes.

14 (Or entre ces sapes les premiers et les plus proches du roi étoient : Charséna, Séthar, Admatha, Tharsis, Mares, Marsana, et Mamuchan, les sept principaux seigneurs des Perses et des Mèdes voyant la face du roi, et ayant coutume de s'asseoir les premiers après lui.)

15 Il leur demanda donc quelle peine méritoit la reine Vasthi, qui n'avoit point obéi au commandement que le roi lui avoit fait faire par ses eunuques.

16 Mamuchan répondit en présence du roi et des premiers de sa cour : La reine Vasthi n'a pas seulement offensé le roi, mais encore tous les peuples, et tous les grands qui sont dans toutes les provinces du roi Assuérus;

17 Car cette conduite de la reine parviendra à la connoissance de toutes les femmes, et leur apprendra à mépriser leurs maris, en disant : Le roi Assuérus a commandé à la reine Vasthi de venir se présenter devant lui, et elle a refusé.

18 Et, à son exemple, toutes les femmes des grands seigneurs des Perses et des Mèdes mépriseront les commandements de leurs maris ; ainsi la colère du roi est juste.

19 S'il vous plaît ainsi, qu'il se fasse un édit par votre ordre, et qu'il soit écrit, selon la loi des Perses et des Mèdes, qu'il n'est pas permis de violer, que la reine Vasthi ne se présentera plus devant le roi ; mais que sa dignité soit donnée à une autre, qui la mérite mieux qu'elle ;

20 Et que cet édit soit publié dans les provinces de votre vaste empire, afin que toutes les femmes, tant des grands que des petits, rendent hommage à leurs maris.

21 Le conseil de Mamuchan plut au roi et aux princes; et le roi fit selon son conseil.

22 Et il envoya des lettres à toutes les provinces de son royaume, en diverses langues et en divers caractères, afin que chaque nation pût entendre et lire, statuant que les maris eussent tout pouvoir et toute autorité chacun dans sa maison, et que cet édit fût publié parmi tous les peuples.

 

CHAPITRE II

 

Esther devient l'épouse d Assuérus. Mardochée découvre la conspiration de deux eunuques.

 

1 Ces choses s'étant passées de la sorte, lorsque la colère du roi Assuérus fut calmée, il se ressouvint de Vasthi, et de ce qu'elle avoit fait, et de la peine qu'elle avoit subie; et il en eut du chagrin.

2 Alors les serviteurs et les officiers du roi lui dirent : Qu'on cherche, pour le roi, des filles qui soient vierges et belles;

3 Et qu'on envoie dans toutes les provinces des gens qui considèrent les plus belles d'entre les jeunes filles qui sont vierges, pour les amener dans la ville de Suse, et les mettre dans le palais des femmes, sous la conduite de l'eunuque Égée, qui a soin de garder les femmes du roi; là on leur donnera tout ce qui est nécessaire, tant pour leur parure que pour les autres besoins;

4 Et celle qui plaira davantage aux yeux du roi, sera reine à la place de Vasthi. Cet avis plut au roi ; et il leur commanda de faire ce qu'ils lui avoient conseillé,

5 Il y avait alors dans la ville de Suse un homme juif, nommé Mardochée, fils de Jair, fils de Séméi, fils de Cis, de la race de Jémini,

6 Qui avoit été amené de Jérusalem au temps où Nabuchodonosor, roi de Babylone, y avoit transporté Jéchonias, roi de Juda.

7 Il avoit élevé la fille de son frère, Edisse, appelée autrement Esther ; elle avoit perdu son père et sa mère; elle étoit admirable de beauté et de bonne grâce. Son père et sa mère étant morts, Mardochée l'adopta pour sa fille.

8 Cette ordonnance du roi ayant donc été publiée partout, lorsqu'on amenoit à Suse plusieurs filles belles, et qu'on les mettoit entre les mains de l'eunuque Égée, on lui amena aussi Esther, entre les autres, afin qu'elle fût gardée avec les femmes destinées pour le roi.

9 Esther plut à Égée, et trouva grâce devant lui; et il commanda à un eunuque de lui préparer promptement tous ses ornements, et de lui donner tout ce qui devoit lui être accordé, avec sept filles, parfaitement belles, de la maison du roi, pour la servir, et d'avoir grand soin de tout ce qui pouvoit contribuer à la parer et à l'embellir, elle et ses filles.

10 Esther ne voulut point lui dire de quel pays et de quelle nation elle étoit, parce que Mardochée lui avoit ordonné de garder là-dessus le silence.

11 Inquiet de l'état d'Esther, et voulant savoir ce qui lui arriveroit, il se promenoit tous les jours devant le vestibule de la maison où étoient gardées les vierges choisies.

12 Lorsque le temps de ces filles étoit venu, elles étoient présentées au roi, en leur rang, après qu'on eut fait tout ce qui étoit nécessaire pour augmenter leur beauté pendant l'espace de douze mois, se servant pour cela, pendant six mois, d'une onction d'huile de myrrhe, et pendant les six autres, de parfums et d'aromates.

13 Lorsqu'elles se rendoient auprès du roi, on leur donnoit tout ce qu'elles demandoient pour se parer; et elles passoient de la chambre des femmes à celle du roi, avec tous les ornements qu'elles avoient désirés.

14 Celle qui étoit entrée le soir, sortoit le matin ; et elle étoit conduite de là dans d'autres appartements, lesquels étoient sous la main de l'eunuque Susagazi, qui veilloit sur les concubines du roi; et elle ne pouvoit plus se présenter devant le roi, à moins que lui-même ne le voulût, et qu'il ne l'eût commandé expressément, en la désignant par son nom.

15 Après donc que le temps se fut passé selon son rang, le jour approchoit auquel Esther, fille d’Abihaïl, frère de Mardochée, et que celui-ci avoit adoptée pour sa fille, devoit être présentée au roi. Elle ne demanda rien pour se parer ; mais l'eunuque Égée, qui avoit le soin de ces filles, lui donna pour sa parure tout ce qu'il voulut ; car elle étoit très-belle, et ses attraits incroyables charmoient et ravissoient tous ceux qui la voyoient.

16 Elle fut donc menée à la chambre du roi Assuérus, au dixième mois appelé tébeth, la septième année son règne.

17 Et le roi l'aima plus que toutes les autres femmes, et elle trouva grâce et faveur devant lui au-dessus de toutes les femmes, et il lui mit sur la tête le diadème royal, et la fit reine à la place de Vasthi.

18 Et il commanda qu'on fit un festin très-magnifique à tous les grands et à tous ses serviteurs, pour le mariage et les noces d'Esther. Il soulagea les peuples de toutes les provinces, en diminuant les impôts, et il fit des largesses dignes de la magnificence d'un prince.

19 Et lorsqu'on cherchoit des filles pour la seconde fois, et qu'on les assembloit, Mardochée demeura toujours à la porte du roi;

20 Esther n'avoit encore découvert ni son pays, ni son peuple, selon l'ordre que Mardochée lui en avoit donné; car Esther observoit tout ce qu'il lui ordonnoit, et elle faisoit toutes choses comme lorsqu'il la nourrissoit auprès de lui, étant encore toute petite.

21 Lors donc que Mardochée demeuroit à la porte du roi, Bagathan et Tharès, deux eunuques du roi, qui commandoient à la première entrée du palais, mécontents, résolurent de se soulever contre le roi, et de le tuer.

22 Mais Mardochée, ayant eu connoissance de leur dessein, en avertit aussitôt la reine Esther ; la reine en avertit le roi, au nom de Mardochée dont elle avoit reçu l'avis.

23 On fit les recherches ; et le complot ayant été reconnu, l'un et l'autre furent pendus; et tout ceci fut écrit dans les histoires, et marqué dans les annales, par ordre du roi.

 

CHAPITRE III

 

Élévation d'Aman. Sa haine contre Mardochée. Il obtient un édit du roi pour faire mourir tous les Juifs sujets d'Assuérus.

 

1 Après cela, le roi Assuérus éleva en honneur Aman, fils d'Amadath, qui étoit de la race d'Agag, et lui donna rang au-dessus de tous les princes de sa cour.

2 Et tous les serviteurs du roi, qui étoient à la porte du palais, fléchissoient les genoux devant Aman, et l'adoroient, parce que le souverain le leur avoit commandé. Mardochée seul ne fléchissoit point les genoux devant lui, et ne l'adoroit point.

3 Les serviteurs du roi, qui commandoient à la porte du palais, lui dirent : Pourquoi n'obéissez-vous point comme les autres au commandement du roi ?

4 Et après le lui avoir dit fort souvent, voyant qu'il ne vouloit point les écouter, ils en avertirent Aman, voulant savoir s'il demeureroit toujours dans cette résolution, parce qu'il leur avoit dit qu'il étoit Juif, et qu'il ne lui étoit pas permis de rendre cet honneur à un autre qu'à Dieu.

5 Aman, ayant reçu cet avis, et reconnu que Mardochée ne fléchissoit point les genoux devant lui, et ne l'adoroit point, entra dans une grande colère,

6 Et il compta pour rien de se venger seulement de Mardochée, car il avoit appris qu'il étoit du peuple juif, et il voulut de plus perdre toute la nation des Juifs qui étoient dans le royaume d'Assuérus.

7 Ainsi la douzième année du règne d'Assuérus, au premier mois, nommé nisan, le sort, qui s'appelle en hébreu phur, fut jeté dans l'urne devant Aman, pour savoir en quel mois et en quel jour devoit périr la nation des Juifs; et il sortit le douzième mois appelé adar.

8 Or Aman dit au roi Assuérus : Il y a un peuple dispersé par toutes les provinces de votre royaume, gens séparés les uns des autres, lesquels ont des lois et des cérémonies étranges, et qui, de plus, méprisent les ordonnances du roi ; et vous savez fort bien qu'il est de l'intérêt de votre royaume de ne pas souffrir que l'impunité les rende encore plus insolents.

9 Ordonnez donc, s'il vous plaît, qu'il périsse, et je payerai aux trésoriers de votre épargne dix mille talents.

10 Alors le roi tira de son doigt l'anneau dont il avoit coutume de se servir, et le donna à Aman, fils d'Amadath, de la race d'Agag, ennemi des Juifs:

11 Et lui dit : Gardez pour vous l'argent que vous m'offrez ; et faites de ce peuple ce que vous voudrez.

12 Ainsi au premier mois appelé nisan, le treizième jour du même mois, on fit venir les secrétaires du roi, et l'on écrivit au nom du roi Assuérus, comme Aman l'avoit commandé, à tous les satrapes du roi, aux juges des provinces et des diverses nations de l'empire des Perses, en autant de langues différentes qu'il étoit nécessaire, pour pouvoir être lues et entendues de chaque peuple; et les lettres furent scellées de l'anneau du roi,

13 Et envoyées par les courriers du roi dans toutes les provinces, afin qu'on tuât et qu'on exterminât tous les Juifs, depuis l'enfant jusqu'au vieillard, les petits enfants et les femmes, en un même jour, c'est-à-dire, le treizième jour du douzième mois appelé adar, et qu'on pillât tous leurs biens.

14 Or le contenu de ces lettres étoit que toutes les provinces sussent son intention, et qu'elles se tinssent prêtes pour ce même jour.

15 Les courriers qui avoient été envoyés se hâtèrent d'exécuter les ordres du roi. Et aussitôt cet édit fut affiché dans Suse dans le même temps où le roi et Aman célébroient un festin; et tous les Juifs qui étoient dans la ville fondoient en larmes.

 

CHAPITRE IV

 

Consternation des Juifs. Mardochée instruit Esther de ce qui se passoit. Elle se dispose se rendre auprès du roi.

 

1 Mardochée, à cette nouvelle, déchira ses vêtements, se revêtit d'un sac, et se couvrit la tête de cendre et jetant de grands cris au milieu de la place de la ville, il faisoit éclater l'amertume de son coeur.

2 Et il vint en se lamentant jusqu'à la porte du palais; car il n'étoit pas permis d'entrer, revêtu d'un sac, dans le palais du roi.

3 Dans toutes les provinces et les villes, et dans tous les lieux où ce cruel édit du roi avoit été envoyé, les Juifs faisoient éclater leur extrême affliction par les jeûnes, les cris et les larmes, plusieurs se servant de sac et de cendre au lieu de lit.

4 Or les filles d'Esther et ses eunuques vinrent, et le lui annonçèrent. Elle fut consternée à cette nouvelle ; elle envoya un habit pour en revêtir Mardochée, au lieu du sac dont il étoit couvert ; mais il ne voulut point le recevoir.

5 Elle appela donc l'eunuque Athach, que le roi lui avoit donné pour la servir, et lui commanda d'aller vers Mardochée, et de savoir de lui pourquoi il agissoit ainsi.

6 Athach étant sorti alla vers Mardochée, qui se tenoit dans la place de la ville, devant la porte du palais.

7 Celui-ci lui raconta tout ce qui étoit arrivé, et lui dit comment Aman avoit promis de remplir d'argent les trésors du roi, pour le massacre des Juifs.

8 Il lui donna aussi une copie de l'édit qui étoit affiché dans Suse, pour la faire voir à la reine, et pour l'avertir d'aller auprès du roi, afin d'intercéder pour son peuple.

9 Athach étant retourné, rapporta à Esther tout ce que Mardochée lui avoit dit.

10 Esther, pour réponse, lui ordonna de dire ceci à Mardochée :

11 Tous les serviteurs du roi, et toutes les provinces de son empire savent que qui que ce soit, homme ou femme, qui entre dans la salle intérieure du roi, sans y avoir été appelé, est mis à mort à l'instant même, à moins que le roi n'étende vers lui son sceptre d'or, comme une marque de clémence, et ne lui sauve ainsi la vie. Comment donc puis-je maintenant entrer chez le roi, puisqu'il y a déjà trente jours qu'il ne m'a fait appeler?

12 Mardochée ayant entendu cette réponse,

13 Manda encore ceci à Esther : Ne croyez pas que, pour être dans la maison du roi, vous pourriez seule sauver votre vie, si tous les Juifs périssoient ;

14 Car si vous demeurez maintenant dans l'inaction, les Juifs seront délivrés par quelque autre moyen, et vous périrez, vous et la maison de votre père. Et qui sait si ce n'est point pour cela même que vous avez été élevée à la dignité royale, afin d'être en état d'agir dans une occasion comme celle-ci?

15 Esther envoya dire de nouveau à Mardochée :

16 Allez, assemblez tous les Juifs que vous trouverez dans Suse; et priez tous pour moi. Ne mangez et ne buvez point durant trois jours et trois nuits; et je jeûnerai de même avec mes filles ; et après cela j'entrerai chez le roi, contre la loi qui le défend, et sans y être appelée, en m'abandonnant au péril et à la mort.

17 Mardochée alla donc exécuter ce qu'Esther lui avoit ordonné.

 

CHAPITRE V

 

Esther se présente devant Assuérus, et le prie de venir au festin qu'elle lui a préparé. Aman prend la résolution de faire pendre Mardochée.

 

1 Le troisième jour, Esther se revêtit de ses habits royaux, et se présenta dans l'appartement du roi, qui étoit dans l'intérieur vis-à-vis de la chambre du roi. Or il étoit assis sur son trône dans le fond du palais, vis-à-vis de la porte de sa chambre.

2 Et ayant vu paroître la reine Esther, elle plut à ses yeux, et il étendit vers elle le sceptre d'or qu'il avoit à la main. Esther s'approchant baisa le bout de son sceptre;

3 Et le roi lui dit : Que voulez-vous, reine Esther? Que demandez-vous? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous la donnerois.

4 Mais elle lui répondit : Je supplie le roi de venir aujourd'hui, s'il lui plaît, au festin que je lui ai préparé, et Aman avec lui.

5 Et aussitôt le roi dit : Qu'on appelle Aman sur-le-champ, afin qu'il obéisse à la volonté de la reine. Le roi et Aman vinrent donc au festin que la reine leur avoit préparé.

6 Et le roi lui dit, après avoir bu beaucoup de vin : Que désirez-vous que je vous donne, et que me demandez-vous? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous la donnerois.

7 Esther répondit : Voici ma demande et ma prière :

8 Si j'ai trouvé grâce devant le roi, et qu'il lui plaise de m'accorder ce que je demande, et de faire ce que je désire, que le roi et Aman viennent encore au festin que je leur ai préparé, et demain je déclarerai au roi ce que je souhaite.

9 Aman sortit donc ce jour-là content et plein de joie; et ayant vu que Mardochée, qui étoit assis devant la porte du palais, non-seulement ne s'étoit pas levé devant, lui, mais ne s'étoit pas même remué de la place où il étoit, en conçut une grande indignation ;

10 Et dissimulant sa colère, il retourna chez lui. et fit assembler ses amis avec sa femme Zarès;

11 Et il leur représenta quelle étoit la grandeur de ses richesses, le grand nombre de ses enfants, et cette haute gloire où le roi l'avoit élevé au-dessus de tous les grands et de ses officiers.

12 Et après il dit : La reine Esther n'a invité aucun autre que moi au festin qu'elle a donné au roi, et je dois encore demain dîner chez elle avec le roi;

13 Mais quoique j'aie tous ces avantages, je croirai n'avoir rien, tant que je verrai le Juif Mardochée demeurer assis devant la porte du palais du roi.

14 Zarès, sa femme, et tous ses autres amis lui répondirent : Faites dresser une potence fort élevée, qui ait cinquante coudées de haut, et dites au roi, demain matin, qu'il y fasse pendre Mardochée; et vous irez ainsi plein de joie au festin avec le roi. Ce conseil lui plut, et il ordonna qu'on préparât une haute potence.

 

CHAPITRE VI

 

Honneurs rendus à Mardochée. Confusion d'Aman.

 

1 Le roi passa cette nuit-là sans dormir ; et il commanda qu'on lui apportât les histoires et les annales des années précédentes de son règne. Et lorsqu'on les lisait devant lui,

2 On vint à l'endroit où il étoit écrit comment Mardochée avoit donné avis du dessein des eunuques Bagathan et Tharès, qui avoient voulu assassiner le roi Assuérus.

3 Ce que le roi ayant entendu, il dit : Quel honneur et quelle récompense Mardochée a-t-il reçus pour cet acte de fidélité? Ses serviteurs et ses officiers lui dirent : Il n'a reçu aucune récompense.

4 Le roi ajouta en même temps : Qui est là dans l'antichambre? Car Aman étoit entré dans l'antichambre la plus proche de la chambre du roi, pour le prier de commander que Mardochée fût attaché à la potence qui lui avoit été préparée.

5 Ses officiers lui répondirent Aman est dans l'antichambre. Le roi dit : Qu'il entre.

6 Aman étant entré, le roi lui dit : Que doit-on faire à un homme que le roi désire honorer? Aman, pensant en lui-même, et s'imaginant que le roi n'en vouloit point honorer d'autre que lui,

7 Lui répondit : L'homme que le roi veut honorer

8 Doit être revêtu des habits royaux, et placé sur un cheval que le roi a coutume de monter, et recevoir sur la tête le diadème royal;

9 Et que le premier des princes et des grands du roi tienne son cheval ; et que, marchant devant lui par la place de la ville, crie : C'est ainsi que sera honoré tout homme qu'il plaira au roi d'honorer.

10 Le roi lui répondit : Hâtez-vous ; prenez une robe et un cheval ; et tout ce que vous avez dit, faites-le au Juif Mardochée, qui est devant la porte du palais. Prenez bien garde de rien oublier de tout ce que vous venez de dire.

11 Aman prit donc la robe et le cheval qu'il avoit désignés; puis il revêtit Mardochée, et lui fit monter le cheval, et, sur la grande place de la ville, il le précédoit, et crioit : C'est ainsi que mérite d'être honoré tout homme qu'il plaira au roi d'honorer.

12 Et Mardochée revint à la porte du palais ; et Aman se hâta d'aller chez lui, gémissant, et ayant la tête couverte.

13 Or il raconta à Zarès, sa femme, et à ses amis, tout ce qui lui étoit arrivé. Et les sages dont il prenoit conseil, et sa femme, lui répondirent : Si ce Mardochée, devant lequel vous avez commencé de tomber, est de la race des Juifs, vous ne pourrez lui résister, mais vous tomberez devant lui.

14 Lorsqu'ils lui parloient encore, les eunuques du roi survinrent, et l'obligèrent de venir aussitôt au festin que la reine avoit préparé.

 

CHAPITRE VII

 

Esther découvre au roi l'entreprise d'Aman. Antan est pendu à la potence qu'il ovoit fuit dresser pour Mardochée.

 

1 Le roi vint donc, ainsi qu'Aman, pour boire avec la reine.

2 Et le roi, dans la chaleur du vin, lui dit encore ce second jour : Que me demandez-vous, Esther, et que désirez-vous que je fasse ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, je vous la donnerois.

3 Esther lui répondit : O roi, si j'ai trouvé grâce devant vos yeux, je vous conjure de m'accorder, s'il vous plaît, ma propre vie pour laquelle je vous prie, et celle de mon peuple pour lequel je vous supplie.

4 Car nous avons été livrés, moi et mon peuple, pour être foulés aux pieds, pour être égorgés et exterminés. Et plût à Dieu qu'on nous vendit au moins, hommes et femmes, comme des esclaves! ce mal seroit supportable, et je me contenterois de gémir dans le silence; mais maintenant nous avons un ennemi dont la cruauté retombe sur le roi.

5 Le roi Assuérus répondant, dit : Quel est celui- là, et qui est assez puissant pour oser faire ce que vous dites?

6 Esther lui répondit : Notre ennemi et notre adversaire est ce cruel Aman. Celui-ci, à ces paroles, demeura aussitôt interdit, ne pouvant supporter les regards du roi et de la reine.

7 Et le roi se leva en colère, et étant sorti du lieu du festin, il entra dans un jardin planté d'arbres. Aman se leva aussi de table et se jeta à genoux, pour supplier la reine Esther de lui sauver la vie; car il avoit compris que le roi avoit résolu sa perte.

8 Assuérus étant revenu du jardin planté d'arbres, et étant rentré dans le lieu du festin, trouva qu'Aman s'étoit jeté sur le lit où étoit Esther, et il dit : Comment! il veut même faire violence à la reine, en ma présence et dans ma maison? A peine cette parole étoit sortie de la bouche du roi, qu'on couvrit le visage d'Aman.

9 Alors Harbona, l'un des eunuques qui servoient d'ordinaire le roi, lui dit : Il y a, dans la maison d'Aman, une potence de cinquante coudées, préparée pour Mardochée, qui a donné un avis salutaire au roi. Le roi lui dit: Qu'Aman y soit pendu.

10 Aman fut donc pendu à la potence qu'il avoit préparée pour Mardochée; et la colère du roi s'apaisa.

 

 

CHAPITRE VIII


Élévation de Mardochée. Édit en faveur des Juifs.

 

1 Le même jour le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison d'Aman, ennemi des Juifs ; et Mardochée fut présenté au roi ; car Esther lui avoit avoué qu'il étoit son oncle.

2 Et le roi prit l'anneau qu'il avoit fait ôter à Aman, et le donna à Mardochée. Esther fit aussi Mardochée intendant de sa maison.

3 Et non contente de cela, elle se jeta aux pieds du roi, et le conjura avec larmes de rendre vaine la malice d'Aman, fils d'Agag, et les atroces complots qu'il avoit formés pour perdre les Juifs.

4 Le roi lui tendit son sceptre d'or pour lui donner, selon la coutume, un témoignage de sa bonté. Et la reine se levant, se tint en sa présence,

5 Et dit : S'il plaît au roi, si j'ai trouvé grâce devant ses yeux, et que ma prière ne lui paroisse pas importune, je le conjure de vouloir ordonner que les premières lettres d'Aman, ennemi des Juifs, qui ne cherchoit qu'à les perdre, par lesquelles il avoit commandé qu'on les exterminât dans toutes les provinces du royaume, soient révoquées par de nouvelles lettres.

6 Car comment pourrois-je soutenir la mort et la ruine de tout mon peuple?

7 Le roi Assuérus répondit à la reine Esther et à Mardochée, Juif: J'ai donné la maison d'Aman à Esther, et j'ai commandé qu'il fût attaché à une croix, parce qu'il avoit osé lever la main contre les Juifs.

8 Écrivez donc aux Juifs, au nom du roi, comme vous le jugerez à propos, et scellez les lettres de mon anneau (car c'étoit la coutume, que nul n'osait s'opposer aux lettres qui étoient envoyées au nom du roi, et cachetées de son anneau).

9 Les secrétaires et les écrivains du roi ayant été appelés (c'étoit alors le temps du troisième mois appelé siban) le vingt-troisième de ce même mois, les lettres furent écrites sous la dictée de Mardochée, et adressées aux Juifs, aux grands seigneurs, aux gouverneurs et aux juges qui commandoient aux cent vingt-sept province, du royaume, depuis les Indes jusqu'en Éthiopie; et elles furent rédigées en différentes langues et avec des caractères différents, selon la diversité des provinces, des peuples et des Juifs, afin qu'elles pussent être lues et entendues de tout le monde.

10 Ces lettres, que l'on envoyoit au nom du roi, furent cachetées de son anneau, et portées par les courriers, afin que, parcourant toutes les provinces, ils prévinssent les anciennes lettres par ces nouvelles.

11 Le roi leur commanda en même temps d'aller trouver les Juifs en chaque ville, et de leur ordonner de s'assembler tous, et de se tenir prêts à défendre leur vie, à tuer et exterminer leurs ennemis, avec leurs femmes, leurs enfants, et toutes leurs maisons, et à enlever leurs dépouilles.

12 Et dans toutes les provinces fut marqué un même jour pour cette vengeance, savoir, le treizième jour du douzième mois, adar.

13 La substance de cette lettre du roi étoit : Qu'on fit savoir dans toutes les provinces et à tous les peuples qui étoient soumis à l'empire du roi Assuérus, que les Juifs étoient prêts à se venger de leurs ennemis.

14 Et les courriers partirent en hâte, portant cette lettre, et l'édit du roi soit affiché dans Suse.

15 Mardochée, sortant du palais et de la présence du roi, parut dans un grand éclat, portant une robe royale de couleur d'hyacinthe et de bleu céleste, ayant une couronne d'or sur la tête, et revêtu d'un manteau de soie et de pourpre. Et toute la ville fut dans les réjouissances et dans la joie.

16 Et une nouvelle lumière sembla se lever sur les Juifs, ainsi que la joie, l'honneur, et l'allégresse.

17 Parmi toutes les nations, les provinces et les villes où l'ordonnance du roi étoit portée, les Juifs étoient dans une joie extraordinaire; ils faisoient des festins et des jours de fêtes; jusque-là, que plusieurs des autres nations, et qui étoient d'une autre croyance, embrassèrent leur religion et leurs cérémonies; car la crainte du nom juif avoit rempli tous les esprits.

 

CHAPITRE IX

 

Les Juifs, selon l'ordre du roi, tuent tous ceux qui avoient conspué leur perte. Ils établissent unefête en mémoire de leur délivrance.

 

1 Ainsi le treizième jour du douzième mois, que nous avons déjà dit auparavant se nommer adar, lorsqu'on se préparoit à tuer tous les Juifs, et que ceux qui étoient leurs ennemis aspiroient à se repaître de leur sang, les Juifs au contraire commencèrent d'être les plus forts, et de se venger de leurs adversaires.

2 Ils s'assemblèrent dans toutes les villes, les bourgs et les autres lieux, pour étendre la main contre leurs ennemis et leurs persécuteurs; et nul n'osoit leur résister, parce que la crainte de leur puissance avoit saisi généralement tous les peuples.

3 Car les juges des provinces, les gouverneurs et les intendants, et tous ceux qui avoient quelque dignité dans tous les lieux, et qui présidoient sur les ouvrages, relevoient la gloire des Juifs, par la crainte de Mardochée,

4 Qu'ils savoient être grand maître du palais, et avoir beaucoup de pouvoir. Sa réputation croissoit aussi de jour en jour, et voloit par toutes les bouches.

5 Les Juifs firent donc un grand carnage de leurs ennemis ; et, en les massacrant, il leur rendirent le mal qu'ils s'étoient préparés à leur faire ;

6 Jusque-là que, dans Suse même, ils tuèrent cinq cents hommes, sans compter les dix fils d'Aman, fils d'Agag, ennemi des Juifs, dont voici les noms :

7 Pharsandatha, Delphon, Esphatha,

8 Phoratha, Adalia, Aridatha,

9 Phermestha, Arisaï, Aridaï, et Jézatha.

10 Les ayant tués, ils ne voulurent toucher à rien de ce qui avoit été à eux.

11 On rapporta aussitôt au roi le nombre de ceux qui avoient été tués dans Suse.

12 Et il dit à la reine : Les Juifs ont tué cinq cents hommes dans la ville de Suse, outre les dix fils d'Aman. Quel pensez-vous que doive être le carnage qu'ils font dans toutes les provinces? Que me demandez-vous davantage, et que voulez-vous que j'ordonne encore?

13 La reine lui répondit : S'il plaît au roi, que les Juifs aient le pouvoir de faire encore demain dans Suse ce qu'ils ont fait aujourd'hui, et que les dix fils d'Aman soient pendus à des potences.

14 Le roi commanda que cela fût fait. Et aussitôt l'édit étoit affiché dans Suse, et les dix fils d'Aman furent pendus.

15 Les Juifs s'étant assemblés encore le quatorzième jour du mois d'adar, tuèrent trois cents hommes dans Suse, sans vouloir rien prendre de leur bien.

16 Les Juifs se tinrent aussi prêts, pour la défense de leur vie, dans toutes les provinces qui étoient soumises à l'empire du roi, et ils tuèrent leurs ennemis et leurs persécuteurs en si grand nombre, que soixante-quinze mille hommes furent enveloppés dans ce carnage, sans qu'aucun des juifs touchât à leur bien.

17 Ils commencèrent tous à tuer leurs ennemis le treizième jour du mois d'adar, et ils cessèrent au quatorzième. Ils firent de ce jour une fête solennelle qu'ils ordonnèrent de célébrer dans tous les siècles suivants, avec joie et par des festins.

18 Mais ceux qui étoient dans la ville de Suse avoient fait le carnage pendant le treizième et le quatorzième jour de ce mois, et n'avoient cessé qu'au quinzième. C'est pourquoi ils fixèrent ce même jour pour en faire une fête solennelle de festins et de réjouissances publiques.

19 Les Juifs qui demeuroient dans les bourgs sans murailles et dans les villages, choisirent le quatorzième jour du mois d'adar pour être un jour de festin, dans lequel ils font une grande réjouissance, et s'envoient les uns aux autres une partie de leurs mets et de leurs festins.

20 Mardochée eut donc soin d'écrire toutes ces choses, et, en ayant fait une lettre, il l'envoya aux Juifs qui demeuroient dans toutes les provinces du roi, dans les plus proches comme dans les plus éloignées,

21 Afin que le quatorzième et le quinzième jour du mois d'adar leur fussent des jours de fêtes, qu'ils célébrassent tous les ans, à perpétuité, avec une pompe solennelle

22 (Parce que, en ces jours-là, les Juifs se vengèrent de leurs ennemis, et leur deuil et leur tristesse fut changée en joie et en allégresse) ; et que ces jours fussent des jours de festin et de réjouissance, où ils s'envoyassent les uns aux autres une partie de leurs mets, et fissent aux pauvres quelques présents.

23 Et les Juifs établirent une fête solennelle, conformément à ce qu'ils avoient commencé de faire en ce temps-là, selon l'ordre que Mardochée leur en avoit donné par ses lettres.

24 Car Aman, fils d'Amadath, de la race d'Agag, ennemi déclaré des Juifs, avoit formé le dessein de les perdre, de les tuer, et de les exterminer ; et il avoit jeté pour cela le phur, c'est-à-dire, en notre langue, le sort.

25 Mais Esther entra ensuite chez le roi, le suppliant d'anéantir par une lettre les entreprises d'Aman, et de faire retomber sur sa tête le mal qu'il avoit médité contre les Juifs. Enfin on pendit Aman et tous ses fils à une croix.

26 C'est pourquoi, depuis ces temps, ces jours ont été appelés Phurim, c'est-à-dire les jours des Sorts, parce le phur, c'est-à-dire le sort, avoit été jeté dans l'urne. Et cette lettre, ou plutôt ce livre de Mardochée, contient tout ce qui se passa alors.

27 Les Juifs donc, en mémoire de ce qui avoit été arrêté contre eux, et de ce grand changement qui étoit arrivé ensuite, s'obligèrent, eux et leurs enfants, et tous ceux qui voudroient se joindre à leur religion, d'en faire en ces deux jours une fête solennelle, sans que personne put s'en dispenser, selon qu'il est marqué dans cet écrit, et ce qui s'observe exactement chaque année, aux jours destinés à cette fête.

28 Ce sont ces jours qui ne seront jamais effacés de la mémoire des hommes, et que toutes les provinces, d'âge en âge, célébreront par toute la terre ; et il n'y a point de ville où les jours de Phurim, c'est-à-dire des Sorts, ne soient observés par les Juifs et par leurs enfants, obligés qu'ils sont de pratiquer ces cérémonies.

29 Et la reine Esther, fille d'Abihaïl, et Mardochée, Juif, écrivirent encore une seconde lettre afin qu'on eût tout le soin possible de consacrer pour l'avenir cette fête solennelle.

30 Et ils envoyèrent à tous les Juifs qui demeuroient dans les cent vingt-sept provinces du roi Assuérus, pour qu'ils eussent la paix, et qu'ils reçussent la vérité,

31 En observant ces jours des Sorts, et les célébrant en leur temps, avec grande joie. Les Juifs s'engagèrent donc, selon que Mardochée et Esther l'avoient ordonné, à observer, eux et toute leur postérité, ces jeûnes, ces cris, et ces jours des Sorts,

32 Et tout ce qui est contenu dans ce livre, qui est appelé Esther.

 

CHAPITRE X

 

Élévation et songe de Mardochée.

 

1 Or le roi Assuérus rendit tributaires toute la terre et toutes les îles de la mer ;

2 Et on trouve écrit dans le livre des Perses et des Mèdes, quelle a été sa puissance et, son empire, et ce haut point de grandeur auquel il avoit élevé Mardochée ;

3 Et de quelle manière Mardochée, Juif de nation, devint la seconde personne dans l'empire du roi Assuérus; comment il fut grand parmi les Juifs, et aimé généralement de tous ses frères, ne cherchant qu'à faire du bien à sa nation, et ne parlant que pour procurer la paix et la prospérité de son peuple.

4 Alors Mardochée dit : C'est Dieu qui a fait toutes ces choses.

5 Et je me souviens d'une vision que j'avois eue en songe, qui marquoit tous ces événements, et s'est accomplie jusqu à la moindre circonstance.

6 Je vis une petite fontaine qui s'accrut et devint un fleuve; elle se changea ensuite en une lumière et en un soleil, et elle se répandit en une grande abondance d'eaux : cette petite fontaine est Esther, que le roi a prise pour épouse, et qu'il a faite reine.

7 Les deux dragons que je vis, c'est moi-même et Aman.

8 Les peuples qui s'assemblèrent, sont ceux qui ont tâché d'exterminer de dessus la terre le nom des Juifs.

9 Mon peuple est Israël, qui cria alors ;vers le Seigneur, et le Seigneur sauva son peuple; il nous délivra de tous nos maux, il fit des miracles et de grands prodiges parmi les nations ;

10 Et il ordonna qu'il y eût deux sorts, l'un du peuple de Dieu, et l'autre de toutes les nations.

11 Et ce double sort vint paroître devant Dieu au jour marqué dès ce temps-là à toutes les nations.

12 Le Seigneur se ressouvint de son peuple, et il eut compassion de son héritage.

13 Ces jours s'observeront au mois d'adar, le quatorzième et le quinzième jour du même mois; tout le peuple s'assemblera alors avec un grand zèle et une grande joie, et cette fête sera célébrée par le peuple d'Israël dans la suite de tous les âges.

 

CHAPITRE XI


Qui étoit Mardochée, et sa vision.

 

1 La quatrième année du règne de Ptolémée et de Cléopâtre, Dosithée, qui se disoit prêtre et de la race de Lévi, et Ptolémée, son fils. apportèrent cette épître de phurim, qu'ils disoient avoir été traduite dans Jérusalem par Lysimaque, fils de Ptolémée.

2 La seconde année du règne du très-grand Artaxerxès, le premier jour du mois de nisan, Mardochée, fils de Jair, fils de Séméi, fils de Cis, de la tribu de Benjamin, eut une vision en songe.

3 Il étoit Juif, et il demeuroit dans la ville de Suse. C’étoit un grand homme, et des premiers de la cour du roi.

4 Il étoit du nombre des captifs que Nabuchodonosor, roi de Babylone, avoit transférés de Jérusalem avec Jéchonias, roi de Juda.

5 Voici la vision qu'il eut en songe : il lui sembloit qu'il entendoit des voix, un tumulte, un tonnerre, et que la terre trembloit, et étoit agitée d'un grand trouble;

6 Et en même temps il vit paroître deux grands dragons, prêts à combattre l'un contre l'autre.

7 Toutes les nations s'émurent aux cris qu'ils jetèrent, et elles se disposèrent à combattre contre la nation des justes.

8 Ce jour fut un jour de ténèbres, de périls, d'affliction, de serrement de coeur, et d'une grande épouvante sur la terre.

9 La nation des justes fut saisie de trouble, appréhendant les maux qu'on lui avoit préparés, et se disposant à la mort.

10 Ils crièrent vers Dieu ; et, au bruit de leurs plaintes, une petite fontaine devint un grand fleuve, et répandit une grande abondance d'eaux.

11 La lumière parut, et le soleil se leva ; les humbles furent élevés de la bassesse, et ils dévorèrent ceux qui étoient dans l'éclat.

12 Mardochée ayant eu cette vision en songe, et s'étant levé de son lit, pensoit en lui-même à ce que Dieu vouloit faire ; il grava cette vision dans son coeur, ayant grand désir de savoir ce que signifioit ce songe.

 

CHAPITRE XII


Conspiration découverte par Mardochée.

 

1 Mardochée demeuroit alors à La cour du roi Assuérus, avec Bagatha et Thara, eunuques du roi, qui étoient les gardes de la porte du palais.

2 Et ayant approfondi leurs pensées, et reconnu par une exacte recherche tous leurs desseins, il découvrit qu'ils s'efforçoient d'attenter à la vie du roi Artaxerxès, et il en donna avis au roi.

3 Le roi les soumit tous deux à la question ; et ayant obtenu l'aveu de leur crime, les fit conduire au supplice.

4 Le roi fit écrire en des mémoires ce qui s'étoit passé alors ; et Mardochée le mit aussi par écrit pour en conserver le souvenir.

5 Le roi lui commanda de demeurer dans son palais, et il lui fit des présenta pour l'avis qu'il lui avoit donné.

6 Mais Aman, fils d'Amadath Bugée, étoit en très-grand crédit auprès du roi, et il voulut perdre Mardochée et son peuple, à cause de ces deux eunuques du roi qui avoient été mis à mort.

 

CHAPITRE XIII

 

Lettre d'Aman qui ordonne de faire mourir tous les Juifs. Prière de Mardochée.

 

1 Le grand roi Artaxerxès, qui règne depuis les Indes jusqu'en Éthiopie, aux princes des cent vingt-sept provinces, et aux seigneurs soumis à son empire, salut.

2 Quoique je commandasse à tant de nations, et que j'eusse soumis tout l'univers à mon empire, je n'ai pas voulu abuser de la grandeur de ma puissance, mais j'ai gouverné mes sujets avec clémence et douceur, afin que passant leur vie doucement et sans aucune crainte, ils jouissent de la paix, qui est si chère à tous les hommes.

3 Or, ayant demandé à ceux de mon conseil de quelle manière je pourrois accomplir ce dessein, l'un d'entre eux élevé par sa sagesse et par sa fidélité au-dessus des autres, et le second après le roi, appelé Aman,

4 Nous a donné avis qu'il y a un peuple dispersé dans toute la terre, qui suit de nouvelles lois, et qui, s'opposant aux coutumes des autres nations, méprise les commandements des rois, et troublé par son opposition la paix et l'union de tous les peuples du monde.

5 Ce qu'ayant appris, et voyant qu'une seule nation se révolte contre toutes les autres, suit des lois injustes, combat nos ordonnances, et trouble la paix et la concorde des provinces qui nous sont soumises,

6 Nous avons ordonné que tous ceux qu'Aman, qui commande à toutes les provinces, qui est le second après le roi, et qui nous honorons comme notre père, aura fait connoître comme étant de ce peuple, soient tués par leurs ennemis, avec leurs femmes et leurs enfants, le quatorzième jour d'adar, le douzième mois de cette année, sans que personne en ait aucune compassion ;

7 Afin que ces misérables, descendant tous aux enfers en un même jour, rendent à notre empire la paix qu'ils avoient troublée.

8 Mardochée alla prier le Seigneur, se souvenant de toutes les oeuvres merveilleuses qu'il avoit faites ;

9 Et il lui dit : Seigneur, Seigneur, roi tout-puissant, toutes choses sont soumises à votre pouvoir, et nul de peut résister à votre volonté, si vous avez résolu de sauver Israël.

10 Vous avez fait le ciel et la terre, et toutes les créatures qui sont sous le ciel.

11 Vous êtes le Seigneur de toutes choses, et nul ne peut résister à votre souveraine majesté.

12 Tout vous est connu, et voussavez que quand je n'ai point adoré le superbe Aman, ce n'a été ni par orgueil, ni par mépris, ni par un secret désir de gloire ;

13 Car j'aurois été disposé à baiser avec joie les traces même de ses pieds pour le salut d'Israël ;

14 Mais j'ai craint d'accorder à un homme l'honneur qui n'est dû qu'à mon Dieu, et d'adorer quelqu'un hors mon Dieu.

15 Maintenant donc, ô Seigneur roi, ô Dieu d'Abraham, ayez pitié de votre peuple, parce que nos ennemis ont résolu de nous perdre, et d'exterminer votre héritage.

16 Ne méprisez pas ce peuple qui vous appartient, et que vous avez racheté de l'Égypte pour être à vous.

17 Exaucez ma prière, soyez favorable à une nation que vous avez rendue votre partage; changez. Seigneur, nos larmes en joie, afin que nous employions la vie que vous nous conserverez à louer votre saint nom, et ne fermez pas la bouche de ceux qui vous louent.

18 Tout Israël cria aussi vers le Seigneur, et lui adressa ses prières dans un même esprit, parce qu'ils se voyoient à la veille d'une mort certaine.

 

CHAPITRE XIV

 

Prière d'Esther.

 

1 La reine Esther eut aussi recours au Seigneur, épouvanté du péril qui étoit imminent;

2 Et ayant quitté ses habits de reine, elle prit des vêtements conformés à ses larmes et à son deuil. Elle se couvrit la tête de cendres et d'ordures, au lieu de parfums de différentes sortes; elle humilia son corps par le jeûne, et elle remplit de ses cheveux arrachés les mêmes endroits où elle avoit accoutumé de se réjouir auparavant.

3 Elle fit ensuite cette prière au Seigneur, Dieu d'Israël, et lui dit : Mon Seigneur, qui êtes seul notre roi, assistez-moi dans mon abandon, puisque vous êtes le seul qui me puissiez secourir.

4 Lé péril où je me trouve est présent et inévitable.

5 J'ai su de mon père, ô Seigneur, que vous avez pris Israël d'entre toutes les nations, et que vous avez choisi nos pères en les séparant de tous leurs ancêtres, qui les avoient devancés, pour vous établir parmi eux un héritage éternel ; et vous leur avez fait tout le bien que vous leur aviez promis.

6 Nous avons péché devant vous, et c'est pour cela que vous nous avez livrés entre les mains de nos ennemis ;

7 Car nous avons adoré leurs dieux. Vous êtes juste, Seigneur ;

8 Et maintenant ils ne se contentent pas de nous opprimer par une dure servitude; mais, attribuant la force de leurs bras à la puissance de leurs idoles,

9 Ils veulent renverser vos promesses, exterminer votre héritage, fermer la bouche de ceux qui vous louent, et éteindre la gloire de votre temple et de votre autel,

10 Pour ouvrir la bouche des nations, pour faire louer la puissance de leurs idoles, et pour relever à jamais un roi de chair et de sang.

11 Seigneur, n'abandonnez pas votre sceptre à ceux qui ne sont rien, de peur qu'ils ne se rient de notre ruine; mais faites retomber sur eux leurs mauvais desseins, et perdez celui qui a commencé à nous faire ressentir les effets de sa cruauté.

12 Seigneur, souvenez-vous de nous; montrez-vous à nous dans le temps de notre affliction; et donnez-moi de la fermeté et de l'assurance, ô Seigneur, roi des dieux et de toute la puissance qui est dans le monde!

13 Mettez dans ma bouche des paroles prudentes en présence du lion, et tournez son coeur de l'affection à la haine de notre ennemi, afin qu'il périsse lui-même avec tous ceux qui lui sont unis.

14 Délivrez-nous par votre puissante main, et assistez-moi, Seigneur, vous qui êtes mon unique secours, vous qui connoissez toutes choses,

15 Et qui savez que je hais la gloire des injustes, et que je déteste le lit des incirconcis et de tout étranger.

16 Vous savez la nécessité où je me trouve ; vous savez qu'aux jours où je parois dans la magnificence et dans l'éclat, j'ai en abomination la marque superbe de ma gloire que je porte sur ma tête, et que je la déteste comme un linge souillé et qui fait horreur; que je ne la porte point dans les jours de mon silence;

17 Et que je n'ai point mangé à la table d'Aman, ni pris plaisir au festin du roi, que je n'ai point bu 'du vin offert sur l'autel des idoles,

18 Et que, depuis le temps où j'ai été amenée en ce palais jusqu'aujourd'hui, jamais votre servante ne s'est réjouie qu'en vous seul, ô Seigneur, Dieu d'Abraham !

19 O Dieu puissant au-dessus de tous, écoutez la voix de ceux qui n'ont aucune espérance qu'en vous seul, sauvez-nous de la main des méchants, et délivrez-moi de ce que je crains !

 

CHAPITRE XV

 

Esther va trouver le roi.

 

1 Il manda à Esther (c'est-à-dire, sans doute, Mardochée) d'aller trouver le roi, et de le prier pour son peuple et pour son pays.

2 Souvenez-vous, lui dit-il, des jours de votre abaissement, et de la manière dont je vous ai élevée, parce qu'Aman, qui est le second après le roi, lui a parlé contre nous pour nous perdre ;

3 Invoquez donc le Seigneur, parlez pour nous au roi, et délivrez-nous de la mort.

4 Le troisième jour Esther quitta les habits de deuil dont elle s'étoit revêtue, et se para de tous ses plus riches ornements.

5 Dans cet éclat de la magnificence royale, ayant invoqué Dieu, qui est le conducteur et le sauveur de tous, elle prit deux de ses suivantes,

6 Et elle s'appuyoit sur l'une d'elles, comme ne pouvant soutenir son corps, à cause de son extrême délicatesse ;

7 L'autre suivoit sa maîtresse, soutenant sa robe qui traînoit à terre.

8 Elle cependant, ayant le teint vermeil, et les yeux pleins d'agrément et d'éclat, cachoit la tristesse de son âme toute saisie de frayeur.

9 Et ayant passé de suite par toutes les portes, elle se présenta devant le roi au lieu où il étoit assis sur son trône, avec une magnificence royale, étant tout brillant d'or et de pierres précieuses ; et il étoit terrible à voir.

10 Aussitôt qu'il eut levé la tête, et qu'il l'eut aperçue, la fureur dont il étoit saisi jaillit de ses yeux étincelants; la reine tomba comme évanouie, et la couleur de son teint se changeant en pâleur, elle laissa tomber sa tète sur la fille qui la soutenoit.

11 En même temps Dieu changea le coeur du roi, et lui inspira de la douceur ; il se leva tout d'un coup de son trône, craignant pour Esther; et la soutenant entre ses bras, jusqu'â ce qu'elle fût revenue à elle, il la caressoit avec de douces paroles :

12 Qu'avez-vous, Esther? Je suis votre frère ; ne craignez point.

13 Vous ne mourrez point; car cette loi n'a pas été faite pour vous, mais pour tous les autres

14 Approchez-vous donc, et touchez mon sceptre.

15 Et voyant qu'elle demeurait toujours dans le silence, il prit son sceptre d'or, et, le lui posant sur la tête, il la baisa, et lui dit : Pourquoi ne me parlez-vous point?

16 Esther lui répondit : Seigneur, vous m'avez paru comme un ange de Dieu, et mon cœur a été troublé par la crainte de votre gloire.

17 Car, Seigneur, vous êtes admirable, et votre visage est plein de grâces.

18 En disant ces paroles, elle retomba encore, et elle pensa s'évanouir.

19 Le roi en étoit tout troublé, et ses ministres la consoloient.

 

CHAPITRE XVI

Lettre du roi en faveur des Juifs.

 

1 Le grand roi Artaxerxès, qui depuis les Indes jusqu'en Éthiopie, aux chefs et aux gouverneurs des cent vingt-sept provinces qui sont soumises à notre empire. salut:

2 Plusieurs ont souvent abusé de la bonté des princes et de l'honneur qu'ils en ont reçu, pour en devenir superbes et insolents ;

3 Et non-seulement ils tàchent d'opprimer les sujets des rois, mais. ne pouvant supporter la gloire dont ils ont été comblés, ils forment descomplots contre ceux mêmes de qui ils l'ont reçue.

4 Ils ne se contentent pas de méconnoitre les grâces qu'on leur a faites, et de violer dans eux-mêmes les droite de la nature ; mais ils s'imaginent même qu'ils pourront se soustraire au juste arrêt de Dieu qui voit tout.

5 Leur présomption monte à un tel excès que, s'élevant contre ceux qui s'acquittent de leur charge avc une grande fidélité, et qui se conduisen de manière à mériter les louanges d tous, ils tâchent de les perdre par leurs mensonges et leurs artifices,

6 En surprenant par leurs déguisements et par leur adresse la bonté des princes, que leur sincérité naturelle porte à juger favorablement de celle des autres.

7 Ceci se voit clairement dans les anciennes histoires ; et on voit encore tous les jours combien les bonnes intentions des princes sont souvent altérées par de faux rapports.

8 C'est pourquoi nous devons pourvoir à la paix de toutes les provinces.

9 Que si nous ordonnons des choses qui paraissent se contredire, vous devez l'attribuer, non à la légèreté de notre esprit, mais plutôt au désir du bien public, qui nous oblige de conformer nos ordonnances à la diversité des temps et à la nécessité des affaires.

10 Et pour vous faire connoitre ceci plu; clairement, nous avons voulu nous faire savoir que nous avions reçu favorablement auprès de nous Aman, fils d'Amadath, étranger, Macédonien d'inclination et d'origine, qui n'avoit rien de commun avec le sang des Perses, et qui a voulu déshonorer notre clémence par sa cruauté ;

11 Et, après que nous lui avons donné tant de marques de notre bienveillance, jusqu'à le faire appeler notre père et le faire adorer de tous nos sujets comme le second après le roi,

12 Il s'est élevé à un tel excès d'insolence, qu'il a tâché de nous faire perdre la couronne avec la vie.

13 Car il avoit fait dessein, par une malignité toute nouvelle et inouë de perdre Mardochée, par la fidélité et les bons services duquel nous vivons; et Esther, notre épouse et la compagne de notre royaume, avec tout son peuple;

14 Afin qu'après les avoir tués, et nous avoir ôté ce secours, il nous surprit nous-même, et fit passer aux Macédoniens l'empire des Perses.

15 Mais nous avons reconnu que les Juifs, qui étoient destinés à la mort par cet homme détestable, n'étoient coupables d'aucune faute, mais qu'au contraire ils suivent des lois très-justes,

16 Et qu'ils sont les enfants du Dieu très-haut. très-puissant et éternel, par la grâce duquel ce royaume a été donné à nos pères et à nous-même, et se conserve encore aujourd'hui.

17 C'est pourquoi nous vous déclarons que les lettres qu'il vous avoit envoyées contre eux en notre nom, sont nulles et sans autorité;

18 Et qu'à cause de ce crime qu'il a commis, il a été pendu avec tous ses proches, devant la porte de la ville de Suse; Dieu lui-même, et non pas nous, lui ayant fait souffrir la peine qu'il a méritée.

19 Nous ordonnons que cet édit que nous vous envoyons soit affiché dans toutes les villes, afin qu'il soit permis aux Juifs de garder leurs loin.

20 Et vous aurez soin de leur donner du secours, afin qu'ils puissent mettre à mort ceux qui se préparoient à les perdre, le treizième jour du douzième mois appelé adar;

21 Car le Dieu tout-puissant leur a fait de ce jour un jour de joie, au lieu qu'il leur devoit être un jour de deuil et de larmes.

22 C'est pourquoi nous voulons que vous mettiez aussi ce jour au rang des jours de fêtes, et que vous le célébriez avec toute sorte de réjouissances, afin que l'on sache à l'avenir

23 Que tous ceux qui rendent une prompte obéissance aux Perses sont récompensés comme leur fidélité le mérite, et que ceux qui conspirent contre leur royaume reçoivent une mort digne de leur crime.

24 Que s'il se trouve quelque province ou quelque ville qui ne veuille point prendre part à cette fête solennelle, nous voulons qu'elle périsse par le fer et par le feu, et qu'elle soit tellement détruite, qu'elle demeure inaccessible pour jamais, non-seulement aux hommes, mais aux bêtes. afin qu'elle serve d'exemple du châtiment qui est dit à ceux qui désobéissent aux rois, et méprisent leurs commandements.