SAINT EN CHRIST

 

Rev. Murray Andrew

 


 

Pensées sur la vocation des enfants de Dieu à être saints, comme Il est saint

PAR  LE REV. ANDREW MURRAY

«Je suis saint: Vous serez saints.»

 

Traduit de l’Anglais.  Édition S. DELATTRE Privas. Ardèche 1934

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011

Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source :

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SAINT EN CHRIST (Murray A.)

1. Appel de Dieu à la sainteté.

2. La provision de Dieu pour la sainteté.

3. La Création et la sainteté.

4. Sainteté et révélation.

5. Sainteté et rédemption.

6. Sainteté et gloire.

7. Sainteté et obéissance.

8. Sainteté et habitation.

9. Sainteté et médiation.

10. Sainteté et séparation.

11. Le Saint d'Israël.

12. Le Dieu trois fois saint.

13. Sainteté et humilité.

14. Le Saint de Dieu.

15. Le Saint-Esprit.

16. Sainteté et vérité.

17. Sainteté et crucifixion.

18. Sainteté et foi.

19. Sainteté et résurrection.

20. Sainteté et liberté.

21. Sainteté et bonheur.

22. En Christ notre sanctification.

23. La sainteté et le corps.

24. Sainteté et purification.

25. Saints et irrépréhensibles.

26. La sainteté et la volonté de Dieu.

27. La sainteté et le service.

28. Le chemin du lieu très saint.

29. Sainteté et châtiment.

30. L'onction du Saint.

31. La sainteté et le ciel.

32. NOTE A.  La sainteté en tant que droit de propriété.

33. NOTE B. Remarques sur le mot «saint».

34. NOTE C. La sainteté de Dieu.

35. NOTE D.

36. NOTE E.

37. NOTE F. Le double résultat de la Rédemption.



 

SAINT EN CHRIST (Murray A.)

PREMIER JOUR

Appel de Dieu à la sainteté

 

Puisque Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, attendu qu’il est écrit; Soyez saints, car je suis saint. {1Pi 1:15,16}

 

L’appel de Dieu est la manifestation dans le temps du plan de Dieu dans l’éternité. «Ceux qu’il a désignés d’avance, il les a aussi appelés». Les croyants sont les «appelés conformément à son plan». Dans son appel, il nous révèle sa volonté et ses pensées à notre égard, et quelle est la vie à laquelle il nous invite. Il nous montre aussi clairement «quelle est l’espérance de notre vocation»; si nous comprenons spirituellement ces choses et si nous y entrons, notre vie sur la terre sera la reproduction du plan qui en a été fait dans l’éternité.

 

Les saintes Ecritures emploient plusieurs expressions pour indiquer l’objet, le but de notre vocation, mais aucune n’est aussi fréquente que celle que Pierre emploie ici. Dieu nous a appelés à être saints comme il est saint lui-même. Paul s’adresse aux croyants comme à ceux qui «sont appelés à être saints». {Ro 1:7 1Co 1:2 1Th 4:7} Dans cette dernière épître, il dit: «Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la sanctification». Quand il écrit: «Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers», il ajoute: «Celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera». {1Th 5:24}. Dans {2Ti 1:9}, Paul appelle cette vocation une «vocation sainte».—«C’est lui qui nous a adressé un saint appel». Le dessein éternel, dont cette vocation est le résultat, est continuellement aussi et intimement lié à la sainteté comme à son but. «En lui, Dieu nous a élus pour que nous soyons saints et irrépréhensibles». {Eph 1:4} «Dieu vous a choisis dès le commencement pour vous sauver par la sanctification de l’Esprit et par la foi à la vérité». {2Th 2:13} La vocation est la révélation du dessein que le Père avait arrêté de toute éternité, savoir: que nous soyons saints.

 

Il n’est pas besoin de preuves pour établir l’importance capitale pour nous de savoir clairement à quoi Dieu nous a appelés. Un malentendu dans de pareilles matières pourrait avoir de terribles résultats. Vous pouvez avoir entendu dire que Dieu vous appelle au salut ou au bonheur, à obtenir le ciel ou à recevoir le pardon, et vous pouvez n’avoir jamais remarqué que tous ces dons sont subordonnés à une condition: c’est «pour le salut par la sanctification», c’est en vue de la sainteté tout d’abord qu’on doit chercher le salut, le ciel. Les plaintes de beaucoup de chrétiens relativement à leur manque de joie et de force, à leurs défaillances et à leur défaut de croissance spirituelle, ne viennent que de là; c’est qu’ils n’ont pas donné à la sainteté, dans leur réponse à l’appel de Dieu, la place que Dieu lui-même lui avait donnée. Dieu et eux ne se sont jamais bien entendus sur ce point.

 

Il n’est pas étonnant si, dans le chapitre où Paul dit aux Ephésiens qu’ils ont été élus pour être saints, il prie Dieu qu’il leur «donne un esprit de sagesse et de révélation pour le connaître» afin qu’ils sachent «quelle est l’espérance à laquelle il les a appelés». Que tous ceux qui sentent qu’ils ont trop peu réalisé le fait que nous sommes appelés à la sainteté adressent à Dieu la prière de l’apôtre! C’est précisément ce qui nous manque. Demandons à Dieu, qui nous a appelés et qui lui-même est saint, comment nous devons être aussi saints nous-mêmes. Notre vocation est une sainte vocation, une vocation en vue de la sainteté. Demandons à Dieu tout d’abord qu’il nous fasse voir ce qu’est la sainteté, la sienne premièrement, la nôtre ensuite; puis comment lui, le Saint, en a fait la chose la plus importante qu’il veuille voir en nous, comme la reproduction de son image et de sa propre ressemblance; enfin, de nous faire comprendre la félicité ineffable et la gloire qu’il y a pour nous à être faits participants de la sainteté de Christ. Oh! que Dieu, par son Esprit, veuille nous enseigner ce que cela signifie d’être appelés à être saints comme lui est saint! Il nous est facile de comprendre l’influence puissante que l’accomplissement d’un pareil fait pourrait exercer sur le monde.

 

«Puisque Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi, soyez saints». Comme cet appel de Dieu nous montre bien le vrai motif de la sainteté! «Soyez saints, car je suis saint». C’est comme si Dieu disait: «La sainteté est ma félicité et ma gloire; sans elle, vous ne pouvez, par la nature même de ces choses, me voir ou jouir de moi. La sainteté est ma félicité et ma gloire; rien de plus élevé ne peut lui être comparé; je vous invite à y participer avec moi; je vous invite à partager cette ressemblance avec moi. Soyez saints, car je suis saint. Cela ne vous suffit-il pas? cela n’a-t-il pour vous point d’attraits? Cela ne vous émeut-il pas et ne vous attire-t-il pas puissamment: l’espérance d’être participants de ma sainteté? Je n’ai rien de mieux à vous offrir; je m’offre moi-même à vous: soyez saints, car je suis saint». Oh!ne demanderons-nous pas avec instances a Dieu de nous faire voir la gloire de sa sainteté, afin que nos âmes soient disposées a tout sacrifier, à tout donner, pour répondre à un si merveilleux appel?

 

Si nous y prenons garde, nous verrons que cet appel nous indique aussi la nature de la vraie sainteté: «Comme Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints». Etre saint, c’est ressembler à Dieu; c’est avoir des dispositions, une volonté, un caractère semblables à Dieu. Cette pensée a l’air d’un blasphème jusqu’à ce que nous comprenions cette autre parole que le Seigneur nous adresse: «Il nous a élus en Christ pour que nous fussions saints». En Christ, la sainteté de Dieu nous apparaît réalisée dans une vie humaine. Dans l’exemple que Christ nous a laissé, dans son esprit et dans l’Esprit qui était en lui, nous avons la sainteté de Celui qui est l’Invisible, traduite sous la forme d’une vie humaine. Ressembler à Christ, c’est ressembler à Dieu; et ressembler à Christ, c’est être saint comme Dieu lui-même est saint.

 

L’appel révèle également la puissance de la sainteté: «Nul n’est saint comme l’Eternel»; {1Sa 2:2} il n’y a point de sainteté sinon en lui, en ce qu’il est, en ce qu’il donne. Et notre force pour devenir saints se trouve dans l’appel que Dieu nous adresse; le Saint des saints nous appelle à lui afin de nous rendre saints par la possession de sa personne divine. Non seulement il dit: «Je suis saint», mais «Je suis l’Eternel qui te sanctifie». C’est parce que l’appel vient d’un Dieu dont la puissance et l’appel sont infinis que nous pouvons avoir cette confiance que la sainteté nous est possible.

 

L’appel ne révèle pas moins la mesure, le type de la sainteté: «Comme il est saint, vous aussi soyez saints», ou selon une variante: «Comme le Saint qui vous appelle, vous de même soyez saints». Il n’existe pas une mesure, un type de sainteté pour Dieu, et une autre mesure pour l’homme. La nature de la lumière est la même, que nous la voyions dans le soleil ou dans une bougie; la nature de la sainteté reste immuable, qu’elle demeure en Dieu ou dans l’homme. Le Seigneur Jésus ne pouvait dire rien moins que: «Soyez parfaits comme votre Père qui est dans les cieux est parfait». Quand Dieu nous appelle à la sainteté, il nous appelle à lui et à sa vie; plus nous écoutons avec soin sa voix, plus nous la laissons descendre dans notre cœur, plus aussi la mesure humaine disparaît pour faire place à ces paroles seules: «Saints comme je suis saint».

 

De plus, l’appel nous montre aussi le chemin pour arriver à la sainteté. L’appel de Dieu est d’une efficacité puissante; c’est un appel efficace. Oh! écoutons-le, écoutons le Seigneur, et cet appel agira avec une divine énergie pour produire en nous ce qu’il nous offre. Il appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient; son appel donne la vie aux morts, et la sainteté à ceux auxquels il a rendu la vie. Il nous invite à écouter lorsqu’il nous parle de sa sainteté et de notre sainteté qui doit être semblable à la sienne. Il nous appelle à lui pour que nous étudiions, que nous craignions, que nous aimions, que nous lui réclamions sa sainteté. Il nous appelle à Christ, en qui la sainteté divine s’est faite humaine, afin que nous voyions, que nous admirions, que nous désirions, et que nous acceptions ce qu’il a préparé pour nous. Il nous appelle à l’habitation en nous de l’Esprit et à l’enseignement de cet Esprit, qui est un Esprit de sainteté; et il nous invite à nous livrer à lui, afin qu’il puisse insuffler en nous ce qui est devenu nôtre en Christ. Chrétien, écoute ton Dieu t’appelant à la sainteté. Viens et apprends ce qu’est sa sainteté, ce qu’est la tienne et ce qu’elle doit être.

 

Oui, sois tranquille et écoute. Lorsque Dieu appela Abraham, il répondit: «Me voici!» Quand Dieu appela Moïse du buisson ardent, Moïse répondit: ce Me voici!» et il se cacha la face, car il avait peur de voir Dieu. Dieu t’appelle à la sainteté, à lui, le Saint, afin qu’il puisse te rendre saint. Que ton âme entière réponde: «Me voici, Seigneur! Parle Seigneur! Montre-toi à mon âme. Me voici!» Plus vous écouterez, plus se fera entendre profonde, silencieuse cette voix: «Soyez saints, car je suis saint.»—«Soyez saints comme je suis saint». Vous entendrez une voix venant de l’incommensurable éternité, de la demeure même où a été conçu, le plan de la rédemption; et quand vous en surprendrez les chuchotements lointains, vous entendrez ces mots: «Soyez saints, car je suis saint». Vous entendrez une voix du paradis, celle du Créateur sanctifiant le septième jour pour l’homme qu’il a créé, et disant: «Sois saint». Vous entendrez la voix du Sinaï, au milieu des tonnerres et des éclairs, et cette voix sera encore: «Soyez saints comme je suis saint». Vous entendrez enfin une voix du Calvaire, et, là surtout, cette voix vous dira: «Soyez saints, car je suis saint».

 

Enfants de Dieu, vous êtes-vous jamais rendu compte de ce fait, c’est que votre Père vous appelle à être saints comme il est saint? Ne devons-nous pas reconnaître que nous avons attaché plus d’importance au mot bonheur qu’à celui de sainteté, au salut qu’à la sanctification? Oh! il n’est pas trop tard pour revenir de notre erreur. Unissons-nous tous ensemble pour écouter la voix qui nous appelle, pour nous approcher, et pour découvrir et savoir ce qu’est la sainteté, ou plutôt pour trouver et pour connaître lui-même Celui qui est le Saint. Et si notre première tentative de nous approcher de lui nous remplit de honte et de confusion, nous effraie et nous fait reculer, prêtons encore l’oreille à la voix; écoutons l’appel: «Soyez saints comme je suis saint».—«Celui qui vous appelle est fidèle, et il le fera». Le Dieu saint aura une réponse à toutes nos craintes et à toutes nos questions, Lui qui nous a révélé sa sainteté dans le seul but que nous en soyons faits participants. Si dans le silence et le recueillement, nous écoutons sa voix sainte qui nous appelle, cette voix éveillera en nous de nouveaux désirs et une foi vivante; et la plus précieuse de ses promesses sera pour nous cette parole, qui est eh même temps un divin commandement: «Soyez saints, car je suis saint».

 

Seigneur! toi le seul Saint, toi qui nous a appelés à être saints comme toi-même tu es saint; Seigneur! comment le pourrions-nous si tu ne nous révèles ta sainteté? Montre-nous, nous t’en prions, combien et comment tu es saint, ce qu’est ta sainteté, afin que nous sachions combien nous devons être saints, et comment nous devons le devenir. Et lorsque la vue de ta sainteté nous fait toucher du doigt notre souillure, enseigne-nous que tu fais participants de ta sainteté tous ceux qui viennent à toi dans ce but.

 

O Dieu! nous venons à toi, le Saint! C’est en te connaissant, en te trouvant, en te possédant que l’âme trouve la sainteté. Nous t’en supplions, puisque nous venons à toi maintenant, établis ceci dans les pensées de notre cœur, c’est que l’objet unique de l’appel que tu nous as adressé, et du fait que nous venons à toi est la sainteté. Tu veux nous avoir semblables à toi; nous rendre participants de ta sainteté. Si jamais notre cœur s’en effraie comme d’un but trop élevé à atteindre, ou se contente d’un salut moins la sainteté, Dieu fidèle, fais entendre ta voix nous appelant et nous disant: «Soyez saints, car je suis saint». Que cet appel soit notre mobile, en même temps que notre force, puisque «Celui qui nous a appelés est fidèle et qu’il le fera!» Oh! que notre vie soit ce que toi tu peux en faire! Père saint! je courbe humblement la tête devant toi, me prosternant dans le silence à tes pieds- Que ta voix seule se fasse maintenant entendre dans les profondeurs de mon cœur, m’appelant et me disant: «Sois saint, car je suis saint!» Amen.


 

SAINT EN CHRIST (Murray A.)

SECOND JOUR

La provision de Dieu pour la sainteté

 

A ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints. {1Co 1:2}

 

A tous les saints en Jésus-Christ, qui sont à Philippes. Saluez tous les saints en Jésus-Christ. {Php 1:1 4:21}

 

«Saints!»—«En Christ!» dans ces deux expressions, nous avons peut-être les mots les plus merveilleux de la Bible entière.

 

«Saint!» ce mot dont la signification est insondable et que les séraphins ne prononcent qu’en se voilant la face. «Saint!» ce mot dans lequel toutes les perfections de Dieu sont concentrées, et duquel sa gloire sort comme un torrent. «Saint!» ce mot qui révèle quelle était la pensée et le plan de Dieu envers l’homme, de toute éternité, et qui nous dit quelle sera la plus grande gloire de l’homme dans la vie future: «Etre participant de sa sainteté!»—«En Christ!» ce mot dans lequel sont révélés tous les trésors de la sagesse et de l’amour de Dieu! Le Père donnant son Fils pour qu’il fût un avec nous! le Fils mourant sur la croix pour nous unir à lui-même! le Saint-Esprit demeurant en nous pour établir et maintenir cette union! «En Christ!» quel résumé de ce que la rédemption a accompli, «et de la vie ineffablement heureuse dans laquelle Dieu donne à son enfant d’entrer et de demeurer. «En Christ!» la leçon par excellence que nous avons à apprendre sur la terre: «Etre trouvés en Christ». La réponse suprême de Dieu à tous nos besoins, à toutes nos prières. «En Christ!» la garantie et l’avant-goût de la gloire éternelle.

 

Quelle richesse de signification et de bénédictions dans ces deux mots: Saints en Christ! Voilà la réponse de Dieu à notre question: «Comment être saint?» Bien souvent quand nous entendons cet appel: «Soyez saints comme je suis saint», nous sentons comme s’il y avait et devait toujours y avoir un abîme entre la sainteté de Dieu et celle de l’homme. «En Christ!» Voilà le pont jeté sur l’abîme; mieux que cela: sa plénitude a comblé l’abîme. En Christ, Dieu et l’homme se rencontrent; en Christ, la sainteté de Dieu nous a trouvés et nous a faits siens; elle est devenue humaine, elle peut devenir nôtre. Aux cris anxieux et aux soupirs de milliers d’âmes altérées, qui ont cru en Jésus, et qui ne savent comment arriver à la sainteté, voici la réponse que Dieu donne: «Vous êtes saints en Christ!» Oh! s’ils écoutaient, s’ils croyaient, s’ils prenaient seulement à la lettre ces paroles divines; s’ils les répétaient sans se lasser, fût-ce jusqu’à mille fois, comme la lumière de Dieu illuminerait leur âme, et remplirait leur cœur de joie et d’amour lorsqu’ils pourraient répondre: «Oui, je le vois maintenant» saints en Christ! Sanctifiés en Jésus-Christ!»

 

Lorsque nous nous mettons à étudier ces merveilleuses paroles, souvenons-nous que c’est Dieu, et Dieu seulement, qui peut nous révéler ce que la sainteté est en réalité. Méfions-nous, à cet égard surtout, de nos propres pensées et de notre propre sagesse. Apprêtons-nous à recevoir, par la puissance de la vie même de Dieu, agissant en nous par le Saint-Esprit, ce qui est plus profond et plus vrai que toute pensée humaine: Christ lui-même comme notre sainteté.

 

Nous commencerons par étudier le mot saint dans l’Ancien Testament. En Israël, peuple saint et type du peuple croyant de la nouvelle Alliance, de ceux qui sont saints en Christ, nous verrons avec quelle perfection de symboles Dieu chercha à graver dans la pensée de ce peuple quelque intelligence de ce qu’il attendait de lui. Dans la loi, nous verrons comment le mot saint est le mot qui donne la clef de la rédemption que cette loi était censée servir, et pour laquelle elle devait préparer Israël. Dans les prophètes, nous verrons que la sainteté de Dieu est révélée comme la source de laquelle devait découler la rédemption attendue: ce n’est pas tant, en effet, de la sainteté comme du Dieu trois fois saint qu’ils parlent, du Dieu qui voulait par son amour rédempteur et sa justice sanctifiante se faire connaître comme le Dieu de son peuple. Et lorsque la signification du mot saint nous aura été en quelque mesure révélée et que le profond besoin de cette grâce aura été rendu évident dans l’Ancien Testament, nous arriverons au Nouveau Testament pour y voir comment Dieu a pourvu à ce besoin. En Christ, le Saint de Dieu, nous trouverons la sainteté dans une vie et une nature humaines, dans une volonté vraiment humaine, rendue parfaite et se développant par l’obéissance, jusqu’à l’union complète avec la volonté sainte de Dieu. Dans le sacrifice de lui-même sur la croix, cette sainte nature se livra à la mort afin de pouvoir, comme le grain de blé jeté en terre, par la mort, revivre et se reproduire en nous. Dans le don royal de l’Esprit du Dieu de sainteté, représentant et révélant le Christ invisible, la vie sainte de Christ descend et prend possession de son peuple, et ils deviennent un avec lui. De même que l’Ancien Testament n’a pas un mot qui soit plus grand, plus élevé que celui de saint, de même le Nouveau Testament n’en a point de plus profond que ceux-ci: en Christ. «Etre en lui»,—«habiter en lui»,—«être enracinés en lui»,—«croître en lui en toutes choses», voilà les termes divins par lesquels la merveilleuse et parfaite unité entre Christ, le Sauveur et le racheté, est indiquée dans un langage aussi rapproché de nous que cela appartient au langage humain.

 

Et lorsque l’Ancien et le Nouveau Testaments nous auront chacun donné leur message, l’un en nous enseignant ce que saint signifie, l’autre ce que en Christ renferme pour nous, nous trouverons dans la Parole de Dieu qui les unit l’un à l’autre le résumé le plus complet de la grande rédemption que l’amour de Dieu avait préparée pour nous. La certitude éternelle, la merveilleuse suffisance, l’efficacité infinie de la sainteté que Dieu nous a préparée en son Fils, tout cela nous est révélé dans ces paroles bénies: saints en Christ.

 

Les saints en Jésus-Christ, voilà, mes bien-aimés frères en la foi, le nom que nous portons dans les saintes Ecritures, dans le langage même du Saint-Esprit! Ce n’est pas une simple constatation doctrinale du fait que nous sommes saints en Christ; ce n’est pas à une profonde discussion théologique que nous sommes ici invités; c’est bien plutôt une voix pleine d’amour qui sort des profondeurs du cœur de Dieu, et qui s’adresse à ses enfants bien-aimés. C’est le nom par lequel le Père appelle ses enfants. Ce nom nous dit déjà qu’une provision a été faite par le Seigneur pour que nous soyons saints. Ce nom, c’est la révélation de ce que Dieu nous a donné et de ce que nous sommes déjà, de ce qu’il se propose de produire en nous, de ce qui sera nôtre en toute propriété individuelle. Ainsi nous ferons cette expérience, à mesure que nous avancerons, que toute notre étude et tout l’enseignement de Dieu peuvent être résumés en trois grandes leçons. La première, qui est une révélation: Je suis saint; la seconde, qui est un commandement: Soyez saints; la troisième, qui est un don, l’anneau qui relie les deux premières: Vous êtes saints en Christ.

 

Et d’abord, la révélation: Je suis saint. Notre étude ici doit être faite dans un esprit d’adoration et de profonde humilité. Dieu doit se révéler à nous si nous devons savoir ce que c’est que d’être saint. Dans le sentiment de l’impuissance absolue de notre propre sagesse et de notre intelligence pour connaître Dieu, nos âmes doivent, avec contrition et avec la conviction du néant de nos efforts et de nos propres forces, s’abandonner à l’Esprit de Dieu, à l’Esprit de sainteté, pour qu’il nous révèle le Saint des saints. Et quand nous commencerons à le connaître, dans sa justice infinie, dans son ardeur consumante contre tout ce qui est péché; quand nous connaîtrons l’amour infini qui l’a porté a se sacrifier pour affranchir le pécheur de son péché, et pour l’amener à sa propre perfection, nous apprendrons aussi à admirer et à adorer ce Dieu grand et glorieux; nous commencerons à sentir et à déplorer la distance infinie qui nous sépare de sa ressemblance, nous soupirerons après lui, nous crierons à lui pour qu’il nous donne une part de la beauté divine et de la béatitude de sa sainteté.

 

Alors le commandement: «Soyez saints comme je suis saint» se fera entendre à nous avec une signification nouvelle. Oh! mes frères dans la foi, qui faites profession d’obéir aux commandements de votre Dieu, donnez à ce commandement, qui surpasse et qui résume tous les autres, la place d’honneur qu’il réclame dans votre cœur et dans votre vie. Soyez saints à la ressemblance du Dieu de sainteté. Soyez saints comme il est saint. Et si vous éprouvez que plus vous méditez et étudiez, moins vous pouvez vous emparer de cette sainteté infinie; que plus il vous arrive de la saisir par instants, plus vous désespérez d’arriver à une sainteté si divine, souvenez-vous que c’est précisément là que ce commandement devait vous amener: à cette désespérance et à ce découragement. Apprenez à en finir une fois pour toutes avec votre propre sagesse et votre propre bonté; approchez-vous enfin tout de bon et en toute humilité du Saint des saints, afin qu’il puisse vous montrer combien la sainteté qu’il demande surpasse absolument la connaissance et la puissance humaines. C’est à l’âme qui n’a plus confiance en la chair qu’il se montre dans toute sa beauté et qu’il donne la sainteté à laquelle il nous appelle. Il la met à notre portée parce qu’il nous fait un avec lui. «Saints en Christ», notre sainteté dès lors est un don divin, tenu en réserve pour nous, communiqué à notre âme, et qui agit avec puissance en nous, parce que nous sommes en lui, c’est-à-dire «en Christ».—«En Christ!» Oh! ce merveilleux petit mot en! Notre vie même enracinée dans la vie de Christ! C’est dans son saint Fils Jésus, le Serviteur par excellence du Dieu qui, en lui, s’appelle notre Père, dans sa vie d’amour et d’obéissance sur la terre, dans cette vie où il s’est sanctifié pour nous; c’est dans cette vie de Christ, terrain dans lequel j’ai été planté et enraciné, que se trouve le sol duquel mon âme tire comme nourriture ses qualités, sa nature même. Et comme cette parole: «Saints en Christ» jette également sa lumière sur la révélation: Je suis saint, et sur le commandement: Soyez saints comme je suis saint, et les lie l’un à l’autre! En Christ je vois ce qu’est la sainteté de Dieu, et ce qu’est ma sainteté. En lui, ces deux saintetés se confondent et deviennent miennes. En lui, je suis saint; habitant en lui et croissant en lui, je puis être saint de toutes manières, comme il est saint, «Soyez saints, car je suis saint».

 

O Dieu trois fois saint! nous t’en supplions, révèle à tes enfants ce que signifie ceci, c’est que, non seulement tu les as appelés à la sainteté, mais que tu les as appelés de ce nom: «les saints en Jésus-Christ». Oh! que chacun de tes enfants sache qu’il porte ce nom; qu’il sache ce que ce nom signifie, et quelle puissance le nom que tu leur a donné renferme pour les faire devenir ce que ce nom même indique! O Dieu de sainteté! visite bientôt ton peuple et que chacun de tes enfants sur la terre soit connu comme un saint! Révèle dans ce but à tes saints ce qu’est ta sainteté. Enseigne-nous à t’adorer, et à attendre jusqu’à ce que tu aies dit à notre âme avec une puissance toute divine, ta parole: «Je suis saint». Et que cette parole remue profondément notre cœur et nous convainque de notre souillure!

 

Et révèle-nous, nous t’en prions, que de même que tu es saint, oui, que tu es même un feu consumant, de même ton commandement, dont le but déterminé et sans réserve est de nous rendre saints, est saint. O Dieu! que ta voix pénètre les profondeurs même de notre être, avec une puissance à laquelle nous ne soyons pas capables de nous soustraire: «Soyez saints, soyez saints».

 

Et fais que, entre ta sainteté infinie d’une part, et notre souillure, notre indignité d’autre part, nous soyons pressés d’accepter Christ comme notre sanctification, de demeurer en lui comme dans Celui qui est notre vie, et la force pour faire en nous ce que tu veux que nous soyons: «Saints en Jésus-Christ!»

 

O Père! que ton Esprit fasse de cette parole précieuse une vérité, une vie en nous! Amen.

 

1° Vous entrez de nouveau dans l’étude d’un divin mystère. Ne vous fiez pas à votre propre sagesse, mais attendez pour comprendre l’enseignement de l’Esprit de vérité.

 

En Christ. Un commentateur dit: «Cette parole indique deux faits moraux:

 

a) l’acte de foi par lequel un homme saisit Christ;

 

b) la communauté de vie avec lui par le moyen de la foi». Mais il y a encore un autre fait qui surpasse en importance le premier: c’est par un acte de pouvoir divin que je suis en Christ et que je suis gardé en lui. Je désire réaliser ce qu’il y a de divin dans la position que j’occupe en Christ.

 

3° Saisissez les deux côtés de cette vérité: Vous êtes saint en Christ d’une sainteté divine. Dans la foi à cette vérité, vous devez être saint, devenir saint, d’une sainteté! humaine, montrant dans toute la conduite de votre vie humaine la sainteté divine agissant.

 

4° Ce Christ est une personne vivante, un Sauveur plein d’amour. Quelle joie ce sera pour lui de prendre entière possession de votre cœur et de faire toute l’œuvre en vous! Serrez fortement cette vérité à mesure que vous avancez. Vous avez sur Christ, sur son amour, sur sa puissance un droit pour faire de vous un saint.

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

TROISIÈME JOUR

La Création et la sainteté

 

Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée en la faisant. {Ge 2:3}

 

Dans la Genèse nous avons le livre des origines. Nous trouvons dans ses trois premiers chapitres une lumière divine éclairant beaucoup de questions que la sagesse humaine n’a jamais pu résoudre. Dans tout le livre de la Genèse, le mot saint ne se rencontre qu’une seule fois, et encore sous la forme du verbe sanctifier. La signification complète de ce mot précieux, dont nous voulons, sonder toute la richesse, et de la bénédiction inestimable, dont nous voulons prendre possession, sanctifiés en Christ, ressort de ce qui est écrit de l’acte merveilleux par lequel Dieu acheva l’œuvre de sa création, et révéla de quelle manière admirable cette œuvre devait être continuée et rendue parfaite. Quand Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, il éleva ce jour au-dessus de tous les autres et le mit à part pour une œuvre et pour une révélation de sa personne excellant en gloire tout ce qui avait précédé.

 

Dans cette simple expression, l’Ecriture nous a révélé le caractère de Dieu comme celui du Saint qui sanctifie; puis du moyen qu’il emploie pour sanctifier: entrer et demeurer; enfin, la puissance de bénédiction qui accompagne toujours l’acte par lequel Dieu sanctifie.

 

1° Dieu sanctifia le septième jour. Le mot qui domina les six autres jours de la création des cieux et de la terre jusqu’à la création de l’homme, fut: Dieu créa. Tout à coup un mot nouveau est introduit, et en même temps une œuvre nouvelle de Dieu: Dieu sanctifie. Quelque chose de plus élevé que la création, quelque chose en vue de quoi la création doit exister va être révélé maintenant. Le Dieu tout-puissant doit être connu maintenant comme le Dieu très saint. Et de même que l’œuvre de la création montre sa puissance, sans que cette puissance soit même mentionnée, de même en sanctifiant le septième jour, Dieu se révèle comme le Saint. De même que la toute-puissance est le premier de ses attributs naturels, ainsi la sainteté est le premier de ses attributs moraux. Et, de même que lui seul est Créateur, de même lui seul est celui qui sanctifie; sanctifier est son œuvre aussi réellement et exclusivement que de créer. Heureux est l’enfant de Dieu qui croit vraiment et pleinement ces choses!

 

Dieu sanctifia le septième jour. Ce mot peut nous enseigner quelle est la nature de l’œuvre que Dieu fait quand il sanctifie. La sanctification dans le jardin d’Eden ne peut être essentiellement différente de la sanctification dans la rédemption. Dieu avait déclaré touchant son œuvre et touchant l’homme qui en était le couronnement qu’elle était très bonne, et cependant ni cette œuvre ni l’homme n’étaient saints. L’œuvre des six jours n’avait rien de la souillure du péché, et cependant elle n’était pas sainte. Le septième jour devait être tout spécialement sanctifié en vue de la sanctification de l’homme, qui était déjà très bon. Dans le livre de l’Exode, Dieu dit clairement qu’il sanctifia le septième jour en vue de la sanctification de l’homme: «Vous ne manquerez pas d’observer mes sabbats; car ce sera entre moi et vous, et parmi vos descendants, un signe auquel on connaîtra que je suis l’Eternel qui vous sanctifie». {Ex 31:13} Bonté, innocence, pureté, liberté à l’égard du péché ce n’est pas là la sainteté. La bonté est une œuvre de la toute-puissance, un attribut de la nature, selon que Dieu la crée en nous; ‘la sainteté est quelque chose d’infiniment plus élevé. Nous parlons de la sainteté de Dieu comme de sa perfection morale; la perfection morale de l’homme ne pouvait se produire que dans l’usage qu’il ferait de sa volonté en acceptant librement la volonté de Dieu et en y demeurant fidèle. Ce n’est qu’ainsi que l’homme pouvait devenir saint.

 

Dans les âges qui précédèrent le septième jour, pendant la période de la création, Dieu avait déployé sa puissance, sa sagesse et sa bonté. L’âge à venir, la période du septième jour, doit être une dispensation de sainteté: Dieu sanctifia le septième jour.

 

2° Dieu sanctifia le septième jour parce qu’il se reposa ce jour-là de toute l’œuvre qu’il avait faite. Ce repos était quelque chose de réel. Dans la création Dieu était en quelque sorte sorti de lui-même pour créer quelque chose de nouveau. En se reposant, il rentre de son œuvre créatrice en lui-même pour jouir de son amour pour l’homme qu’il a créé, et pour se communiquer à lui. C’est ainsi que s’ouvre devant nous le chemin par lequel Dieu sanctifie. Le rapport entre le repos et l’action de rendre saint n’était pas arbitraire; sanctifier n’était point une pensée de la dernière heure; par la nature même des choses, il ne pouvait en être autrement: Dieu sanctifia parce qu’il se reposa dans son œuvre, et il sanctifia en demeurant dans cette œuvre. Regardant son œuvre achevée et tout particulièrement l’homme, il s’en réjouit, et, comme le dit l’Ecriture, il en est «restauré», rafraîchi. Ce temps de son repos est le temps dans lequel il conduira à la perfection ce qu’il a commencé, et fera de l’homme créé à son image une créature qui participe à sa gloire la plus élevée: sa sainteté.

 

Le lieu dans lequel Dieu s’arrête pour y faire sa demeure, et où il s’arrête avec bienveillance et avec amour, ce lieu-là, il le sanctifie. La présence de Dieu s’y révélant, y entrant, et en prenant possession, voilà ce qui constitue la vraie sainteté. A mesure que nous avancerons à travers les siècles, en étudiant la révélation progressive de ce qu’est la sainteté, nous rencontrerons à chaque pas cette vérité. Dans le fait de l’habitation de Dieu dans les cieux, dans son temple, sur la terre, dans le Fils bien-aimé du Père, dans la personne du croyant qui a reçu le Saint-Esprit, nous trouverons toujours que la sainteté n’est pas quelque chose qu’un homme soit ou fasse, mais que c’est quelque chose qui vient toujours où Dieu établit sa demeure. Dans toute l’étendue du terme, le lieu où Dieu entre pour s’y reposer, il le sanctifie. Et lorsque ‘nous étudierons la révélation du Nouveau Testament, pour y chercher le moyen de devenir saints, nous y trouverons, à côté des leçons les plus élémentaires, les leçons les plus profondes. C’est lorsque nous entrons dans le repos de Dieu que nous sommes faits participants de sa sainteté. «Pour nous qui avons cru, nous entrons dans le repos» «Car celui qui est entré dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres comme Dieu s’est reposé des siennes». {Heb 4:3:10} C’est lorsque l’âme cesse de compter sur ses propres efforts qu’elle se repose en Celui qui a tout accompli pour nous, et qui accomplira tout jusqu’à la fin, c’est lorsque, dans la calme confiance de la foi en Dieu, elle s’abandonne au repos de Dieu, qu’elle apprend à connaître la vraie sainteté. Quand l’âme entre dans le sabbat paisible d’une confiance parfaite en son Dieu, Dieu vient et sanctifie ce sabbat; et l’âme dans laquelle Dieu vient ainsi demeurer est sanctifiée. Que nous parlions de son jour en disant: «Il l’a sanctifié», ou de son peuple «sanctifié en Christ», le secret de la sainteté est toujours le même: «Il l’a sanctifié parce qu’il s’y est reposé».

 

3° Nous lisons de plus: «Dieu bénit le septième jour et le sanctifia». Ainsi que dans le premier chapitre et dans toutes les pages de la Genèse, l’expression: «Dieu bénit» a une haute signification. «Croissez et multipliez», voilà l’explication divine de cette parole quant à Adam, puis à Noé, puis à Abraham. La bénédiction dont Dieu bénit Adam, Noé, Abraham fut celle de la fécondité et de l’accroissement, la puissance de reproduction et de multiplication. Quand Dieu bénit le septième jour, il le remplit du pouvoir vivifiant de sa sainteté, afin que par ce pouvoir cette sainteté puisse croître et se reproduire en ceux qui, comme lui, cherchent à entrer dans le repos de ce jour et à le sanctifier. Le septième jour est encore celui dans lequel nous vivons actuellement. De chacun des jours de la création, il a été dit: «Ainsi il y eut un soir, il y eut un matin» ce fut le... jour». Mais du septième jour ceci n’a pas encore été dit; car nous vivons dans ce septième jour, le jour même de Dieu, jour de repos, de sainteté, et de bénédictions. En y entrant d’une manière spéciale, en prenant possession, comme d’un temps dans lequel Dieu se réjouit de sa créature, et en y manifestant la plénitude de son amour en le sanctifiant, il a fait de la dispensation dans laquelle nous vivons une dispensation de puissantes et divines bénédictions. {1} Et en même temps Dieu nous a enseigné de quelle bénédiction il s’agissait. La sainteté, voilà cette bénédiction. La communion avec Dieu dans ce saint repos, voilà cette bénédiction. Et comme toutes les bénédictions en Christ n’ont qu’une seule et unique source: la sainteté de Dieu, de même elles ont toutes un même but: nous rendre participants de cette sainteté. Dieu créa et bénit; avec la création, la bénédiction. Dieu sanctifia et bénit; avec le sabbat, la bénédiction de son repos. La bénédiction de la création: bonté, fécondité, domination, doit être couronnée par la bénédiction du sabbat: repos en Dieu, communion avec lui et sainteté.

 

L’œuvre parfaite de la création fut gâtée par le péché, et notre communion avec Dieu, dans la bénédiction de son saint repos, fut par ce fait retranchée. L’œuvre parfaite de la rédemption nous a introduits dans un repos plus sûr, et nous a ouvert une entrée assurée dans la sainteté de Dieu. Comme il se reposa dans le septième jour, son saint jour, maintenant il se repose dans son saint Fils Jésus. En lui nous pouvons maintenant entrer pleinement dans le repos de Dieu «Sanctifiés en Christ», reposons-nous en lui. Reposons-nous, car nous voyons que comme il a merveilleusement achevé par sa main puissante son œuvre de création, de même il complétera et perfectionnera son œuvre de sanctification. Livrons-nous nous-mêmes à Dieu en Christ, afin de nous reposer en Celui en qui Dieu lui-même se repose, et afin aussi d’être rendus saints de sa Sainteté et bénis des bénédictions mêmes de Dieu. «Le Dieu qui sanctifie», voilà le nom qui est inscrit sur le trône du Dieu créateur. Au seuil de l’histoire de la race humaine brille cette parole de promesse et d’espérance toute divine: «Dieu bénit et sanctifia le septième jour parce qu’il s’y reposa.» «Soyez saints, car je suis saint».

 

O Dieu béni! je me prosterne devant toi et je t’adore humblement. Tu t’es révélé comme le Dieu tout-puissant et le Dieu très saint. Je t’en supplie, enseigne-moi à te connaître et à me confier en toi comme tel! Je te demande humblement la grâce d’apprendre et de retenir fermement les profondes vérités que tu as révélées en sanctifiant le septième jour. Ton but dans la création de l’homme est de lui révéler ta sainteté et de l’en rendre participant. Oh! enseigne-moi à croire en toi comme à mon Créateur, et comme en Celui qui sanctifie, à croire de tout mon cœur que le même pouvoir tout-puissant qui a donné la bénédiction, des six jours de la création nous assure pour le septième jour la bénédiction de la sanctification. Ta volonté, voilà notre sanctification.

 

1° Le repos, c’est la cessation de l’œuvre non point pour ne plus agir, mais pour commencer un nouveau travail. Dieu se repose et il commence immédiatement à sanctifier ce en quoi il se repose. Il a créé par la parole de sa puissance; il se repose dans ce qui fait l’objet de son amour. La création a été la construction du temple; la sanctification est l’entrée dans le temple, la prise de possession. O merveilleuse entrée dans la nature humaine!

 

2° Le Dieu qui se repose dans l’homme qu’il a fait, et qui, en se reposant sanctifie, et qui en sanctifiant bénit, ce Dieu-là est notre Dieu; adorez-le et rendez-lui la gloire qui lui est due. Et ayez confiance qu’Il accomplira toute son œuvre.

 

 

{1} Le septième jour n’a point eu de soir comme les précédents, cela signifie qu’il n’a pas de fin, qu’il dure encore, le repos du septième jour s’étend sur toute la durée du monde et embrasse tous les siècles. Le repos de Dieu, en effet, est un repos éternel; et la vie éternelle à laquelle nous sommes appelés nous est présentée comme une entrée dans ce repos. {Heb 4:4:5:9,10; Ps 95} «Si jamais ils entrent dans mon repos.» Cette participation de l’homme au repos de Dieu est le but de la création, c’est-à-dire que Dieu à créé l’homme afin de le rendre participant de sa sainteté. Ce sera aussi le but de la rédemption; Jésus-Christ nous introduira dans ce repos de Dieu; et non seulement l’homme, mais toute la création avec lui doit y participer. {Ro 7:19-22,} (Note du trad.) Prof. R. CLÉMENT.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

QUATRIÈME JOUR

Sainteté et révélation

 

L’Eternel vit qu’il se détournait pour voir; et Dieu l’appela du milieu du buisson, et dit: Moïse! Moïse. Et il répondit: Me voici! Dieu dit: N’approche pas d’ici, ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. Et il ajouta: Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu. {Ex 3:4-6}

 

Et pourquoi était-ce une terre sainte? Parce que Dieu y était descendu et qu’il l’occupait. Où Dieu est, là est la sainteté; c’est la présence de Dieu qui rend saint. C’est là la vérité que nous avons déjà rencontrée dans le jardin d’Eden, lorsque l’homme fut créé; ici, où l’Ecriture emploie pour la seconde fois le mot de saint, cette vérité est répétée et comme renforcée. Une étude attentive de ce mot à la lumière du buisson enflammé nous en révélera davantage encore la profonde signification. Voyons ce que l’histoire sacrée, ce que la révélation de Dieu, ce que Moïse nous enseignent sur cette terre sainte.

 

1° Notez d’abord que la première révélation directe de Dieu à l’homme comme le Saint, a lieu dans l’histoire sacrée. En Eden, nous avons vu le mot saint employé pour le septième jour. Depuis lors, vingt-cinq siècles se sont écoulés. Nous avons vu dans ce fait: Dieu sanctifiant le jour du repos, la promesse d’une nouvelle dispensation; la révélation du Créateur tout-puissant devant être suivie de celle du Saint, qui sanetifie. Et cependant, à travers tout le livre de la Genèse, le mot saint ne se retrouve pas une seule fois; c’est comme si la sainteté de Dieu était dans l’attente; et ce n’est que dans le livre de l’Exode qu’avec la vocation de Moïse ce mot réapparaît. Ceci est un fait d’une portée considérable. De même qu’un père ou un pédagogue cherche, dans la première enfance, à graver une leçon à la fois dans l’esprit de son enfant, de son élève, Dieu en agit de même dans l’éducation de la race humaine. Après avoir montré dans le déluge son juste jugement contre le péché, Dieu appelle Abraham à être le père d’un peuple élu. Et comme fondement de toutes ses dispensations envers ce peuple, il lui enseigne, et à sa postérité, la leçon d’une confiance enfantine; confiance en lui comme dans le Tout-Puissant; et confiance en lui comme dans Celui qui est fidèle et dont le serment ne peut être violé. Avec le développement d’Israël devenant un peuple, nous voyons la révélation avancer d’un degré. La simplicité de l’enfance est remplacée par l’entêtement de la jeunesse, et Dieu doit alors intervenir avec la discipline et les restrictions de la loi.

 

Puis, ayant obtenu le droit à leur confiance comme en Celui qui était le Dieu de leurs pères, il les prépare à une révélation plus complète. Le principal attribut du Dieu d’Abraham était la toute-puissance; le principal attribut du Dieu d’Israël était la sainteté.

 

Et quelle devait être la marque spéciale de cette nouvelle période qui allait être inaugurée et qui était introduite par le mot saint? Dieu dit à Moïse qu’il va se révéler à lui sous un nouveau caractère. Il avait été connu à Abraham comme le Dieu tout-puissant, le Dieu de la promesse. {Ex 6:3} Il voulait maintenant se manifester comme Jéhovah, le Dieu de l’accomplissement des promesses, et cela, spécialement dans le rachat et la délivrance de son peuple de l’oppression dont il avait parlé à Abraham. Dieu, le Tout-Puissant, est le Dieu de la création. Abraham crut à Dieu «qui ressuscite les morts, et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient». Jéhovah est le Dieu de la rédemption et de la sainteté. Avec Abraham, il n’est question ni de péché ni de culpabilité, et, par conséquent, pas de rédemption et de sainteté. Mais la loi est donnée à Israël pour le convaincre de péché, et pour préparer le chemin de la sainteté; c’est maintenant comme le Saint d’Israël, le Rédempteur, que Jéhovah! apparaît. Et c’est la présence de ce Saint qui rend cette terre sainte.

 

2° Et comment se révèle cette présence? Dans le buisson ardent Dieu se fait connaître comme Celui qui habite au milieu du feu. Ailleurs, dans les Ecritures, le rapport qui existe entre le feu et la sainteté de Dieu est clairement exprimé en ces mots: «La lumière d’Israël deviendra un feu et son Saint une flamme». {Esa 10:17} La nature du feu est bienfaisante ou destructive. Le soleil, source première et centrale du feu, peut donner la vie et la fécondité, mais il peut aussi brûler jusqu’à produire la mort. Tout dépend de la position que nous occupons vis-à-vis de cet astre puissant. Et de même partout où Dieu se révèle, nous trouverons ces deux aspects sous lesquels il se présente à nous: la sainteté de Dieu comme jugement contre le péché et détruisant le pécheur qui persiste dans son péché, et la miséricorde de Dieu affranchissant son peuple du péché. Il n’est aucun des éléments de la nature qui possède une vigueur aussi grande et d’essence aussi spirituelle que le feu; il prend ce qu’il consume et le transforme en sa propre nature, rejetant comme fumée et cendres ce qu’il ne peut s’assimiler. Et de même la sainteté de Dieu est cette perfection infinie par laquelle il s’affranchit de tout ce qui n’est pas divin, et a cependant communion avec la créature, l’unit à lui en détruisant et en rejetant tout ce qui ne cède pas à sa divine puissance.

 

C’est donc comme un Dieu qui habite dans le feu, qui est lui-même un feu consumant que Dieu se révèle au commencement de cette nouvelle période de rédemption. Avec Abraham et les patriarches, ainsi que nous l’avons vu, l’enseignement relatif au péché et à la rédemption se réduit à fort peu de chose; ce qui avait été révélé c’était la proximité et l’amitié (friendship) de Dieu. Maintenant la loi va être donnée, le péché sera rendu manifeste, la distance qui sépare l’homme de Dieu sera sentie, afin que l’homme, en apprenant à se connaître lui-même et à connaître son péché, puisse apprendre à connaître et à désirer le Dieu qui sanctifie. Dans toutes les révélations que Dieu donne de lui-même, nous trouverons deux éléments: l’un qui attire, l’autre qui repousse; l’un qui effraie, l’autre qui rassure. L’Eternel viendra demeurer dans sa maison, au milieu d’Israël, et cependant ce sera dans la redoutable et inaccessible solitude, et dans l’obscurité du lieu très saint, au delà du voile. Il veut s’approcher d’eux et cependant les tenir à distance. A mesure que nous avancerons dans notre étude de la sainteté de Dieu!, nous verrons avec une clarté toujours plus évidente comment, ainsi que le feu, elle repousse et attire, et comment elle réunit en une seule et même chose sa distance infinie et son infinie proximité.

 

3° Mais ce qui nous frappera tout d’abord et d’une manière saisissante, c’est la distance. C’est ce que nous voyons en Moïse: il se voile la face, car il craint de regarder Dieu. La première impression que produit la sainteté de Dieu est celle de la crainte et de la terreur. Jusqu’à ce que l’homme, comme créature et comme pécheur, apprenne combien Dieu est au-dessus de lui, combien, lui est différent et éloigné de Dieu, la sainteté de Dieu n’aura pour lui que peu de valeur et peu d’attraits. Moïse se voilant la face nous montre l’effet que doit produire sur le pécheur le fait de s’approcher du Dieu trois fois saint, et nous enseigne aussi le chemin d’une révélation plus complète.

 

Combien cela ressort des paroles mêmes de Dieu! «N’approche pas d’ici; ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte». Oui, Dieu s’était approché, mais Moïse ne devait pas le faire. Dieu s’approche; l’homme doit rester à distance. De la même parole Dieu dit: «Approche-toi et ne t’approche pas». Il ne peut y avoir une vraie connaissance de Dieu, ou une proximité de sa personne sainte, là où nous n’avons pas entendu premièrement son: «N’approche pas d’ici». Le sentiment du péché, de notre incapacité de demeurer en la présence de Dieu est le fondement d’une vraie connaissance de Dieu comme de Celui qui est le Saint, et d’un vrai culte pour lui.

 

«Ote tes souliers de tes pieds». Les souliers, représentent les moyens par lesquels nous entrons en contact avec le monde, les aides dont notre chair, notre nature se sert pour se mouvoir et pour faire son oeuvre ici-bas. Placés sur une terre sainte, nous devons nous débarrasser de ces moyens. C’est avec les pieds nus et débarrassés de tout ce qui peut les couvrir que l’homme doit se prosterner devant le Dieu saint. La première leçon que nous devons apprendre si nous voulons jamais participer à la sainteté de Dieu, c’est notre incapacité absolue de nous approcher de lui, ou d’avoir avec le Saint aucune affaire quelconque. Ce «ôte tes souliers» doit exercer sur notre être tout entier sa puissance de condamnation jusqu’à ce que nous en venions à saisir la pleine et entière signification de cette parole de l’apôtre: «Dépouillez le vieil homme, et revêtez-vous du Seigneur Jésus»; et que nous comprenions ce que c’est que «cette circoncision de Christ qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair». {Col 2:11} Oui, tout cela appartient à notre nature, à notre chair; tout cela est notre faire, notre dire, notre vie propre; et c’est de tout cela dont il faut se dépouiller; c’est tout cela qu’il faut «faire mourir» si Dieu doit se faire connaître à nous comme le Dieu saint. Nous avons déjà vu que la sainteté est plus que la bonté ou que l’affranchissement du péché: même la nature avant la chute n’était pas sainte. La sainteté est cette gloire redoutable par laquelle la divinité est séparée de tout ce qui est créé. Aussi, les séraphins eux-mêmes se voilent-ils la face de leurs ailes quand ils disent: «Saint! saint! saint! est l’Eternel notre Dieu!» Mais lorsque la distance et la différence ne sont pas seulement celles qui existent entre la créature et le Créateur, mais entre Dieu et le pécheur, oh! avec quelle humiliation, quelle crainte, quelle confusion nous devons nous incliner à la voix du Dieu saint! Hélas! un des plus terribles effets que le péché ait sur notre âme, c’est qu’il nous aveugle. Nous ne savons pas combien le péché et notre nature pécheresse sont impurs et abominables aux yeux de Dieu. Nous avons perdu la capacité de reconnaître la sainteté de Dieu. La philosophie païenne n’a pas même eu l’idée d’employer ce mot de sainteté pour exprimer le caractère moral de ses dieux. En perdant la lumière de la gloire de Dieu, nous avons perdu la capacité de connaître le péché dans son essence. Et maintenant la première œuvre de Dieu en s’approchant de nous est de nous faire sentir que nous ne pouvons nous approcher de lui tels que nous sommes; qu’il devra y avoir un sérieux et réel dépouillement et même une crucifixion de tant de choses qui nous apparaissent encore comme choses légitimes et nécessaires.

 

Non seulement nos chaussures sont souillées par leur contact avec une terre impure, mais même notre visage doit être couvert et nos yeux fermés pour bien indiquer que les yeux de notre cœur, que notre sagesse humaine et notre entendement sont incapables de contempler le Saint des saints. La première leçon à l’école de la sainteté personnelle, c’est la crainte, c’est de se voiler la face devant la sainteté de Dieu. «Car, ainsi parle le Très-Haut dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint; j’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté, mais je suis avec l’homme contrit et humilié». La repentance, l’esprit brisé, la crainte et le tremblement, voilà ce que Dieu demande d’abord de ceux qui veulent voir sa sainteté. Moïse devait être le premier prédicateur de la sainteté de Dieu. Sa préparation pour être le messager du Dieu saint se fit lorsqu’il se voila la face parce qu’il avait peur de regarder vers Dieu. C’est la face dans la poussière; c’est non seulement en ôtant les souliers, mais en ôtant tout ce qui a été en contact avec le monde, avec le moi, avec le péché, que l’âme s’approche du feu au milieu duquel Dieu habite, de ce feu qui brûle, mais qui ne consume pas. Oh! que tout croyant qui cherche à rendre témoignage à Dieu comme à Celui qui est le Saint apprenne ainsi que l’accomplissement du type que nous avons dans le buisson ardent c’est Christ, le Crucifié, et que si nous mourons, avec lui, nous recevrons le baptême de feu qui révèle à chacun de nous ce que signifie cette parole: «Le Saint dont la demeure est un buisson ardent». Ainsi seulement, nous apprendrons ce que c’est que d’être saints comme il est saint.

 

Dieu très saint! je t’ai vu, toi qui fais du feu ta demeure; j’ai entendu ta voix me dire: «Ne t’approche pas; ôte tes souliers de tes pieds». Et mon âme a craint de regarder vers toi, le Saint. Et cependant, ô mon Dieu! je dois te voir. Tu m’as créé à ton image, et pour ton image. Et tu as enseigné que cette image, c’est ta sainteté: «Soyez saints, comme je suis saint». O mon Dieu! comment apprendrais-je à être saint, sinon en te contemplant, toi le Saint! Pour être saint, je dois regarder à toi, mon Dieu!

 

Je te bénis pour la révélation que tu m’as donnée de toi dans les flammes du buisson ardent, et dans le feu du bois maudit de la croix. Je me prosterne à tes pieds avec un saint effroi à cette vue qui m’humilie: ton Fils, dans la faiblesse de l’humaine nature au milieu du feu, et pourtant pas consumé! O mon Dieu! avec crainte et tremblement je me suis donné à toi comme pécheur, afin de mourir comme il est mort. Oh! que le feu consume tout ce qui en moi est encore impur!’ Apprends-moi aussi à te connaître comme le Dieu qui fait du feu sa demeure pour fondre, purifier, détruire tout ce qui n’est pas de toi, et pour sauver et envelopper de ta sainteté tout ce qui est vraiment à toi! O Dieu saint! je me prosterne dans la poussière devant ce grand mystère. Révèle-moi ta sainteté, afin que j’en sois un des témoins et des messagers sur la terre. Amen.

 

La sainteté comme feu de Dieu. Béni soit Dieu de ce qu’il existe une puissance qui peut consumer tout ce qui est vil, abject, toutes scories; une puissance qui ne peut laisser subsister aucune souillure! «Un buisson en feu qui ne se consume pas» n’est pas seulement la devise de l’Eglise dans les temps de persécutions; c’est le mot d’ordre de toute âme dans l’œuvre de sanctification que Dieu accomplit.

 

2° Il existe une nouvelle théologie qui ne parle que de l’amour de Dieu manifesté dans la croix. Cette théologie a l’air d’ignorer la justice et le juste jugement de Dieu. Mais ceci n’est pas le Dieu de l’Ecriture. «Notre Dieu est un feu consumant», voilà la théologie du Nouveau Testament. Adorer Dieu «avec crainte et tremblement», c’est aussi la religion du Nouveau Testament. Le jugement et la miséricorde se rencontrent dans la sainteté.

 

La sainteté comme crainte de Dieu. Se voiler la face devant Dieu avec crainte, sans oser ni le regarder, ni lui parler, voilà le commencement du repos en Dieu. Ce n’est pas encore le vrai repos, c’est le ehemin qui y conduit. «L’esprit de la crainte de l’Eternel» est la première manifestation de l’Esprit de sainteté, et il prépare le chemin à la joie de la sainteté. «Marcher dans la crainte du Seigneur et dans la consolation du Saint-Esprit», voilà les deux faces de la vie chrétienne.

 

4° La sainteté de Dieu a été révélée à Moïse, afin qu’il en soit le messager. Plus que jamais, l’Eglise a besoin aujourd’hui de chrétiens qui puissent rendre témoignage à la sainteté de Dieu. Voulez-vous être un de ceux-là?

 

Il y a des chrétiens qui cherchent très sérieusement la sainteté, et qui ne la manifestent jamais sous un aspect qui attire le monde, ou même les croyants; et cela précisément parce que l’élément de la crainte fait défaut. C’est la crainte du Seigneur qui produit cette humilité, cette bonté, cette douceur, cette défiance et cette connaissance de soi-même qui forment le terrain d’un caractère vraiment saint. «Qui est comme toi, magnifique en sainteté, digne de louanges?—Craignez l’Eternel, vous ses saints!—Je me prosterne dans ton saint temple avec crainte.—Célébrez par vos louanges sa sainteté. Tremble devant lui, terre!—Qu’ils louent son nom grand et terrible, car il est saint.—La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse; tous ceux qui l’observent ont une raison saine. «Qui ne te craindrait, ô Dieu! et ne glorifierait ton nom, car toi seul tu es saint».

 

C’est cette crainte de Dieu qui nous fera, comme Moïse, nous prosterner devant Dieu, nous cacher la face en sa présence, et attendre de l’Esprit de Dieu qu’il ouvre les yeux de notre cœur, et qu’il nous inspire les pensées d’adoration, de louanges avec lesquelles nous devons nous approcher de lui, le Saint!

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

CINQUIÈME JOUR

Sainteté et rédemption

 

Consacre-moi (sanctifie-moi) tout premier-né parmi» les enfants d’Israël. {Ex 13:1}

 

Car tout premier-né m’appartient; le jour où j’ai frappé tous les premiers-nés d’Egypte, je me suis consacré tous les premiers-nés en Israël tant des hommes que des animaux: ils m’appartiendront. Je suis l’Eternel. {No 3:15}

 

Car je suis l’Eternel qui vous ai fait monter du pays d’Egypte pour être votre Dieu. Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis saint. {Le 11:44,45}

 

Je te rachète, je t’appelle par ton nom tu es à moi. {Esa 43:1}

 

Nous avons vu, en Horeb, comment la première mention qui soit faite du mot saint dans l’histoire de l’homme déchu était liée à l’inauguration d’une période nouvelle dans la révélation de Dieu, savoir: la rédemption. Dans la pâque, nous avons la première indication de ce qu’est la rédemption, et c’est là que commence le plus fréquent usage du mot saint. Dans la fête des pains sans levain, nous avons le symbole du dépouillement de ce qui est vieux, et le revêtement de ce qui est nouveau, faits auxquels doit conduire la rédemption par le sang. Des sept jours de cette fête il est dit: «Le premier jour vous aurez une sainte convocation»; la réunion du peuple racheté pour commémorer sa délivrance est une sainte assemblée; ils se réunissent sous la protection de leur Rédempteur, le Saint. Aussitôt qu’Israël a été racheté de l’Egypte, les premières paroles de l’Eternel sont: «Consacrez-moi (ou sanctifiez-moi) tous les premiers-nés, car tout premier-né m’appartient», parole qui nous révèle combien l’idée de propriété est une des pensées centrales de la rédemption, comme de la sanctification: l’anneau qui les lie l’une à l’autre. Et quoique le mot employé ici n’indique que le premier-né, ces premiers-nés sont considérés comme le type du peuple entier. Nous savons comment toute croissance, toute organisation part d’un centre autour duquel la vie de l’organisme se répand en cercles qui vont s’élargissant. Si la sainteté dans la race humaine doit être vraie, réelle, aussi libre qu’est celle de Dieu, elle doit être le résultat d’un développement que celui qui la cherche s’approprie. Ainsi, les premiers-nés sont sanctifiés, puis les sacrificateurs à leur place, comme types de ce que tout le peuple doit être en tant que premier-né de Dieu parmi les nations, son plus précieux joyau, «une nation sainte». Cette idée de propriété dans sa relation à la rédemption et à la sanctification ressort avec une clarté particulière lorsque Dieu parle de l’échange des sacrificateurs prenant la place des premiers-nés. {No 3:11-13} «Voici j’ai pris les Lévites du milieu des enfants d’Israël à la place de tous les premiers-nés, des premiers-nés des enfants d’Israël. Car ils me sont entièrement donnés du milieu les enfants d’Israël; {No 8:16} je les ai pris pour moi à la place des premiers-nés, de tous les premiers-nés des enfants d’Israël...; le jour où j’ai frappé tous les premiers-nés dans le pays d’Egypte, je me les suis consacrés». (Vers. 17).

 

Essayons maintenant de saisir la relation qui existe entre la rédemption et la sainteté. En Eden, nous avons vu ce qu’était la sanctification, par l’Eternel, du septième jour: il en prit possession, il le bénit, il s’y reposa. Et nous avons vu que là où Dieu entre et s’y repose, là aussi est la sainteté. Plus l’objet dans lequel il entre est digne de lui, plus la sainteté qu’il y apporte est complète. Le septième jour fut sanctifié comme un temps mis à part pour la sanctification de l’homme. Au premier pas que Dieu fit faire à l’homme pour le conduire à la sainteté,—le commandement de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal,—l’homme tomba. Dieu ne renonça pas à son dessein, mais il allait prendre pour l’accomplir un chemin plus long et différent. Après vingt-cinq siècles d’une préparation lente mais nécessaire, il se révèle maintenant comme le Rédempteur. Il livre à l’oppression et à l’esclavage un peuple qu’il s’était choisi et formé pour lui-même, afin que leurs cœurs, soient préparés par là à désirer ardemment la délivrance et à faire bon accueil au Libérateur. Par une série de miracles puissants, il se montre à eux comme le Conquérant, le Vainqueur de leurs ennemis; puis, par le sang de l’agneau pascal sur les linteaux de leurs portes, il leur enseigne ce qu’est la rédemption, non seulement la rédemption d’un injuste despote terrestre, mais du juste jugement que leurs péchés avaient mérité. La pâque doit être pour eux la transition qui, des choses visibles et temporelles, les élèvera aux choses invisibles et spirituelles; elle leur révélera Dieu non seulement comme le Puissant, mais comme le Saint; en les affranchissant non seulement de la maison de servitude, mais encore de l’ange destructeur.

 

Puis les ayant ainsi rachetés, il leur déclare maintenant qu’ils sont siens. Pendant leur séjour au pied du Sinaï et dans le désert, la pensée qu’ils sont maintenant le peuple de l’Eternel, peuple qu’il s’est acquis par la puissance de son bras et afin de le sanctifier pour lui-même comme il est saint, est sans cesse rappelée à Israël. Le but de la rédemption est la possession, et le but de cette possession est la ressemblance à Celui qui est en même temps Rédempteur et divin Propriétaire; ressemblance, c’est-à-dire sainteté. Nous devons bien nous rendre compte que la rédemption et la sainteté sont inséparables. Elles ne peuvent exister l’une sans l’autre. Seule la rédemption conduit à la sainteté. Si je poursuis la sainteté, je dois m’en tenir à cette expérience claire et complète, c’est que je suis un racheté, et que, comme tel, je suis la propriété même de Dieu. On regarde trop souvent le côté purement négatif de la rédemption, c’est-à-dire la délivrance de l’esclavage, tandis que la gloire de la rédemption gît bien plus encore dans l’élément positif, savoir: que nous avons été rachetés pour que nous fussions la propriété même du Rédempteur. La pleine possession d’une maison implique l’occupation de cette demeure; si je possède une maison sans l’occuper, elle peut devenir la demeure de tout ce qui est impur et mauvais. Dieu m’a racheté et m’a fait sa propriété afin de prendre complètement possession de moi. Il dit de mon âme: «Elle m’appartient», et il veut que son droit de propriété soit reconnu et rendu parfaitement évident. Le lieu où Dieu a pu entrer et dont il a pu prendre entière et complète possession devient par là même la demeure de la parfaite sainteté. {2} C’est la rédemption qui donne à Dieu ses droits et son pouvoir sur moi; c’est la rédemption qui m’affranchit pour que Dieu puisse posséder et bénir; c’est la rédemption vécue, réalisée, et remplissant mon âme qui me donnera l’assurance et qui me fera faire l’expérience que toute sa puissance veut opérer, agir en moi. En Dieu, la rédemption et la sanctification sont une seule et même chose; plus la rédemption prend possession de mon âme comme une divine réalité, plus je me sais intimement lié au Dieu rédempteur, le Saint.

 

Et c’est précisément la sainteté, la sainteté seule qui donne l’assurance et la jouissance de la rédemption. Si j’essaie d’apprécier la rédemption à moins que cela, je pourrai être déçu. Si je manque de vigilance et que je devienne négligent, je devrai trembler à la seule pensée de me reposer sur une rédemption qui n’aurait pas pour objet la sainteté. Dieu dit à Israël: «Je vous ai fait monter du pays d’Egypte pour être votre Dieu; c’est pourquoi vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis saint». {Le 11:44,45} C’est Dieu, le Rédempteur, qui nous a faits siens, et qui nous appelle à être saints; que la sainteté soit donc aussi pour nous la partie la plus essentielle, la plus précieuse de la rédemption: l’abandon de nous-mêmes à Celui qui nous a pris pour que nous fussions à lui, et qui a entrepris de nous faire siens entièrement.

 

Une seconde leçon qui nous est donnée ici, c’est la relation qui existe entre l’œuvre de Dieu et celle de l’homme dans le travail de la sanctification. Dieu dit à Moïse: «Sanctifiez-moi tous les premiers-nés». Et plus loin: «Je me suis consacré tous les premiers-nés en Israël». Ce que Dieu dit, il le fait de manière à ce que cela se fasse par nous, et que nous nous l’appropriions. Quand il nous dit que nous sommes rendus saints en Christ Jésus, que nous sommes ses saints, il ne parle pas seulement du but qu’il a en vue, mais de ce qu’il a fait en réalité. Nous avons été sanctifiés par une seule offrande en Christ, et par une nouvelle création en lui. Mais cette œuvre a un côté humain. L’appel à être saints, à poursuivre la sainteté, la parfaite sainteté nous a été adressé. Dieu nous a fait siens, et nous permet de dire que nous lui appartenons, mais il attend maintenant de nous que nous lui cédions une place toujours plus grande, que nous lui laissions une entrée toujours plus libre et plus complète dans les lieux les plus intimes et les plus secrets de notre être intérieur afin qu’il les remplisse de sa plénitude. La sainteté n’est pas une chose que nous apportions à Dieu ou que nous fassions pour lui. La sainteté est ce qu’il existe de Dieu en nous. Dieu nous a faits siens dans la rédemption afin que nous puissions Le faire nôtre dans la sanctification. Et notre œuvre, à nous, en devenant saints, c’est de lui apporter notre vie entière, sans aucune réserve, et de la placer sous l’assujettissement de la règle de ce Dieu saint, mettant chacun de nos membres et chacune de nos capacités sur son autel.

 

Et ceci nous donne la réponse à la question de savoir quels rapports existent entre ce qu’il peut y avoir de soudain et ce qu’il peut y avoir de graduel dans la sanctification: entre le fait que cette sanctification peut être une fois pour toutes complète, et qu’elle est cependant imparfaite et demande à être achevée. Ce que Dieu sanctifie est saint, d’une sainteté divine et parfaite en tant que don de Dieu; l’homme doit se sanctifier en reconnaissant, en maintenant, en développant cette sainteté, relativement à ce que Dieu a sanctifié. Dieu a sanctifié le sabbat; l’homme doit le sanctifier, c’est-à-dire le garder comme un jour saint. Dieu sanctifia les premiers-nés comme étant sa propriété; Israël devait les sanctifier, les traiter et les donner à Dieu comme saints. Dieu est saint; nous devons le sanctifier en le reconnaissant comme le Saint, en adorant, en honorant cette sainteté. Dieu a sanctifié son saint nom; son nom est saint, nous sanctifions ce nom ou nous l’honorons quand nous le craignons, quand nous nous y confions et que nous l’employons comme une révélation de sa sainteté. Dieu a sanctifié Christ, et Christ s’est sanctifié lui-même, manifestant ainsi, par une volonté et une action personnelles, une parfaite conformité à la sainteté dont Dieu l’avait sanctifié. Dieu nous a sanctifiés en Jésus-Christ; nous devons être saints en nous livrant nous-mêmes à la puissance de cette sainteté, en la pratiquant, en la manifestant dans toute notre marche et dans toute notre vie. Pour employer une expression fort usitée de nos jours: le don divin objectif (de la sainteté), qui nous a été accordé une fois pour toutes, nous devons nous l’approprier comme une propriété subjective; nous devons nous purifier nous-mêmes, achever notre sanctification. Rachetés en vue de la sainteté, nous devons, de même que ces deux pensées n’en font qu’une dans le plan et l’œuvre de Dieu pour nous, n’en faire qu’une seule pensée dans notre cœur et dans notre vie.

 

Quand Esaïe annonça la seconde, la vraie rédemption, il lui fut donné plus clairement et plus complètement qu’à Moïse de révéler le nom de Dieu comme Celui qui est «le Rédempteur, le Saint d’Israël». {Esa 47:4} Plus nous étudierons ce nom et le sanctifierons, et adorerons Dieu sous ce nom-là, plus ces deux mots nous paraîtront inséparables; et nous verrons alors, comment, de même que le Rédempteur est le Saint, de même les rachetés sont aussi des saints. Esaïe dit en parlant d’un «chemin frayé» qu’on appellera la «voie sainte»: «Les rachetés seuls y marcheront». La rédemption, qui vient de la sainteté de Dieu, doit aussi y conduire. Nous comprendrons qu’être rachetés en Christ, c’est être saints, en Christ, et l’appel du Dieu qui nous a rachetés acquerra une nouvelle signification: Je suis saint, soyez saints.

 

O Seigneur Dieu, le Saint d’Israël et son Rédempteur! je t’adore dans une profonde humilité. Je confesse avec confusion que je t’ai longtemps cherché davantage comme le Rédempteur que comme le Saint. J’ignorais que ce fût en tant que Saint que tu nous as rachetés, que la rédemption fût le résultat et le fruit de ta sainteté, que la participation à ta sainteté fût son but suprême et sa plus grande beauté. Je ne pensais qu’à être racheté de la servitude et de la mort, comme Israël; et je ne comprenais pas que, sans, communion avec toi et sans conformité à ta vie, la rédemption perdrait toute sa valeur. Dieu très saint! je te loue pour la patience avec laquelle tu as supporté l’égoïsme et la lenteur à comprendre de tes rachetés. Je te bénis et je te loue pour l’enseignement de l’Esprit de ta sainteté, enseignement qui conduit tes saints, et moi avec eux, à voir comment c’est ta sainteté, et l’invitation à en devenir participants, qui donne à la rédemption sa juste valeur; et comment c’est pour toi, le Saint, et afin que nous fussions tiens, possédés et sanctifiés par toi, que nous avons été rachetés. Je te bénis de ce que tu m’accordes la grâce de croire que tu veux accomplir en moi, qui suis saint en Christ tes glorieuses promesses, selon la grandeur de ta puissance. Amen.

 

1° «La rédemption par son sang». Nous rencontrons le sang sur le seuil du chemin qui conduit à la sainteté. Ce n’est que lorsque nous connaissons la sainteté de Dieu comme un feu, et que nous courbons la tête devant le jugement qu’elle prononce, que nous pouvons apprécier la valeur du sang, ou la réalité de la rédemption. Aussi longtemps que nous ne pensons à l’amour de Dieu que comme bonté, nous pouvons faire efforts pour être bons; la foi en Dieu éveillera en nous le besoin, puis la joie d’être saints en Christ.

 

2° Avez-vous compris le droit de propriété que Dieu a sur ceux qu’il a rachetés? Laissez à Dieu l’entière possession, la complète disposition de tout votre être. La sainteté vient de lui; notre sainteté, à nous, c’est de le laisser lui, le Saint, être tout en nous.

 

{2} Voir la Note A sur sainteté et propriété.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

SIXIÈME JOUR

Sainteté et gloire

 

Qui est comme toi parmi les dieux, ô Eternel? Qui est comme toi magnifique en sainteté, digne de louanges, opérant des prodiges?

 

Par ta miséricorde tu as conduit, tu as délivré ce peuple; par ta puissance tu le diriges vers la demeure de ta sainteté... Au sanctuaire que tes mains, ô Seigneur! ont fondé! {Ex 15:11-17}

 

Nous faisons par ces paroles un nouveau pas dans la révélation de la sainteté. Pour la première fois la sainteté est indiquée comme un des attributs de Dieu lui-même: «Il est magnifique en sainteté»; et c’est vers la demeure de sa sainteté qu’il conduit son peuple.

 

Remarquons d’abord cette expression employée ici «magnifique en sainteté». Partout dans l’Ecriture nous trouvons la gloire et la sainteté de Dieu mentionnées ensemble. Dans Ex 29:43, nous lisons: «Et ce lieu (la tente d’assignation) sera sanctifié par ma gloire». La gloire d’un objet, d’une personne, c’est la valeur intrinsèque de cet objet, de cette personne; glorifier, c’est faire disparaître tout ce qui pourrait empêcher la parfaite révélation de cette excellence. La gloire de Dieu est cachée dans sa sainteté; dans la gloire de Dieu se manifeste sa sainteté; sa gloire, révélation de lui-même comme le Saint, sanctifierait la maison. Ces deux expressions sont liées de la même manière dans Le 10:3: «Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple». La constatation de sa sainteté dans les sacrificateurs devait être la manifestation de sa gloire au peuple. De même dans le cantique des séraphins, Esa 6:3: «Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées, toute la terre est pleine de sa gloire». C’est Dieu qui habite une lumière inaccessible que personne n’a vue, ni ne peut voir, et cette lumière est celle de la connaissance de la gloire de Dieu qu’il communique à nos cœurs. La gloire est ce qui peut être vu, et ce qu’on peut connaître de cette lumière invisible et inaccessible; cette lumière elle-même et le feu magnifique duquel cette lumière est l’éclat, c’est la sainteté de Dieu. La sainteté n’est pas tant un attribut de Dieu que le sommaire qui comprend toutes ses perfections.

 

C’est sur les bords de la mer Rouge qu’Israël loue ainsi l’Eternel: «Qui est comme toi parmi les dieux, ô Eternel? Qui est comme toi magnifique en sainteté?» Il est l’Incomparable; il n’y en a point de semblable à lui. Et en quoi l’a-t-il prouvé et a-t-il révêlé la gloire de sa sainteté? Avec Moïse, en Horeb, nous avons vu la gloire de Dieu dans le feu au double point de vue du salut et de la destruction: le feu consumant ce qui ne pouvait être purifié, et purifiant ce qui n’était pas consumé. Nous retrouvons la même pensée dans ce cantique de Moïse; Israël, chante le jugement et la miséricorde. La colonne de feu et de nuée vinrent se placer entre le camp des Egyptiens et le camp d’Israël; nuée et obscurité pour les premiers, elle donnait la lumière pendant la nuit pour les seconds. Les deux pensées traversent tout le cantique. Mais dans les deux versets qui suivent l’attribution à Dieu de la sainteté: «Magnifique en sainteté», nous trouvons le sommaire du jugement: «Tu as étendu ta droite: la terre les a engloutis», confirmant Ex 14:24: «L’Eternel regarda le camp des Egyptiens, depuis la colonne de feu et de nuée, et il mit en désordre le camp des Egyptiens». Voilà la gloire de sa sainteté se manifestant par le jugement et la destruction de l’ennemi: «Par ta miséricorde tu as conduit, tu as délivré ce peuple; par ta puissance, tu le diriges vers la demeure de ta sainteté». (Vers. 13). Voilà la gloire de sa sainteté se manifestant par la miséricorde et la délivrance: une sainteté qui, non seulement délivre, mais qui dirige vers la demeure de sa sainteté, où le Saint doit demeurer avec et au milieu de son peuple.

 

Dans l’inspiration de cette heure de triomphe nous est ainsi révélé de bonne heure que le grand objet et le fruit de la rédemption, préparé par Celui qui s’appelle le Saint, doit être sa demeure au milieu de son peuple, son habitation chez les siens: rien moins que cette habitation ne peut satisfaire le Dieu saint, rien moins ne peut rendre évidente la gloire parfaite de sa sainteté.

 

Et maintenant remarquez comment, de même que c’est dans la rédemption de son peuple que la sainteté de Dieu est révélée, de même c’est dans le cantique de la rédemption de ce peuple que l’attribution personnelle de la sainteté à Dieu se rencontre. Nous savons comment, dans l’Ecriture, à plus d’une reprise, après une intervention particulièrement remarquable de Dieu comme Rédempteur, l’influence spéciale du Saint-Esprit s’est manifestée par un chant de louanges. Et il est à remarquer que c’est dans ces élans de saint enthousiasme que Dieu est loué comme le Saint. Voyez dans le cantique d’Anne, la mère de Samuel: «Nul n’est saint comme l’Eternel». {1Sa 2:2} Le langage des séraphins {Esa 6} est celui d’un chant d’adoration. Dans le grand jour de la délivrance d’Israël le cantique sera: «L’Eternel est ma force et le sujet de ma louange; c’est lui qui m’a sauvé». {Ps 118:14} «Chantez à l’Eternel, car il a fait éclater sa gloire. Il a fait de grandes choses. Elève ta voix, habitante de Sion, car grand est le Saint d’Israël qui est au milieu de toi!» Et Marie chante: «Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses, son nom est saint».

 

L’Apocalypse nous révèle ces quatre êtres vivants qui donnent gloire, honneur, et qui rendent grâces à Celui qui est assis sur le trône. «Ils ne cessaient de dire jour et nuit: Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant qui était, qui est et qui vient». Et quand le cantique de Moïse, serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau est chanté près de la mer de verre, on entend ces paroles: «Qui ne te craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom? Car toi seul es saint!»

 

C’est dans les moments de la plus haute inspiration et sous l’influence de la manifestation la plus complète du pouvoir rédempteur de Dieu que ses serviteurs parlent de sa sainteté. Dans le {Ps 97:12}, nous lisons: «Réjouissez-vous en l’Eternel, vous justes, et célébrez par vos louanges sa sainteté». Et dans le {Ps 99} qui, avec cette parole trois fois répétée: «Il est saint», a été appelé l’écho terrestre des «Saint! saint! saint!» entonnés dans le ciel, nous chantons avec le psalmiste: «Qu’on célèbre ton nom grand et redoutable! Il est saint! Exaltez l’Eternel, notre Dieu, et prosternez-vous devant son marche-pied! Il est saint! Exaltez l’Eternel, notre Dieu, et prosternez-vous sur sa montagne sainte! Car il est saint l’Eternel, notre Dieu».

 

Ce n’est que sous l’influence d’une joie et d’une haute élévation spirituelles que la sainteté de Dieu peut être parfaitement embrassée ou adorée dignement. Le sentiment qui nous sied le mieux lorsque nous adorons le Saint, le sentiment qu’il convient que nous ayons pour le connaître et pour l’adorer comme il est en droit de l’attendre de nous, c’est l’esprit de louanges qui chante et qui s’exprime en cris de joie, dans l’expérience de son salut parfait.

 

Mais ceci n’est-il pas en contradiction avec la leçon que nous avons apprise en Horeb, lorsque Dieu disait: «Ne t’approche pas; ôte tes souliers de tes pieds?» et lorsque Moïse craignait et se voila la face? N’est-ce pas là plutôt l’attitude qui nous convient à nous créatures pécheresses? En effet; et cependant ces deux sentiments ne se contredisent pas; bien plutôt ils sont indispensables l’un à l’autre; la crainte est la préparation pour la louange et pour la gloire. Et d’ailleurs n’est-ce pas ce même Moïse qui se cacha la face et qui craignait de regarder vers Dieu, qui, ensuite, contempla la gloire de Dieu jusqu’à ce que sa face en fut rendue si glorieuse et si brillante que les hommes ne pouvaient en supporter l’éclat? Et le cantique qui célèbre Dieu comme «magnifique en sainteté», n’est-il pas aussi le cantique de ce Moïse qui devant le buisson ardent se cachait et était tout tremblant? N’avons-nous pas vu dans le feu, et en Dieu, et spécialement dans sa sainteté, ce double aspect: consumant et purifiant, repoussant et attirant, jugeant et sauvant, le dernier de ces deux aspects étant chaque fois, non seulement l’accompagnement, mais le résultat du premier? Aussi verrons-nous que, plus l’humiliation et la crainte sont grandes en la sainte présence de Dieu, plus est réel et complet le dépouillement de tout ce qui appartient encore au moi, à la vieille nature, la mort du vieil homme et de sa volonté; plus l’abandon de tout notre être pour que tout ce qui en nous est péché soit consumé est sincère, plus aussi seront profondes et complètes la joie et la louange que notre cœur exprimera eh chants de délivrance et d’actions de grâces: «Qui est comme toi, magnifique en sainteté, digne de louanges, opérant des prodiges?»

 

«Magnifique en sainteté! digne de louanges!» le cantique harmonise ces éléments opposés en apparence. Oui, je veux chanter le jugement et la miséricorde. Je veux me réjouir en tremblant quand je loue le Saint. Quand je regarde aux deux aspects de la sainteté, tels que je les vois dans l’histoire des Egyptiens détruits et des Israélites sauvés, je me souviens que ce qui était là séparé est uni en moi. Par nature, je suis l’Egyptien, un ennemi voué à la destruction; par grâce, je suis l’Israélite élu en vue de la rédemption. En moi, le feu doit consumer et détruire, car ce n’est que lorsque le jugement a fait son œuvre que la miséricorde peut sauver parfaitement. Ce n’est que lorsque je tremble devant la lumière pénétrante, devant le feu dévorant et devant l’ardeur consumante du Saint, que j’abandonne, pour qu’elle soit jugée, condamnée et mise à mort, ma nature d’Egyptien, et ce n’est qu’alors aussi que l’Israélite, en moi, sera racheté et rendu capable de connaître bien son Dieu comme le Dieu de son salut, et de se réjouir en lui.

 

Béni soit Dieu! le jugement appartient au passé. En Christ, le buisson ardent, le feu de la sainteté divine a fait sa double œuvre: en lui le péché a été condamné en la chair, et en lui aussi nous sommes libres. En livrant à la mort sa volonté, et en faisant la volonté de Dieu, Christ s’est sanctifié lui-même pour nous; et c’est par cette volonté aussi que nous sommes sanctifiés.

 

Oui, ô Dieu! qui es comme toi, magnifique en sainteté, digne de louanges, opérant des prodiges? De tout mon cœur, je me joindrai à ce cantique de délivrance, et je me réjouirai en toi, comme au Dieu de mon salut. O mon Dieu! que ton Esprit, qui a inspiré ces paroles de triomphe et de sainte joie, révèle tellement à mon âme cette œuvre de rédemption comme expérience personnelle, que ma vie entière soit un cantique tout rempli de crainte et d’adoration. Je te prie, en particulier, que mon cœur tout entier soit rempli de toi, de toi qui es magnifique en sainteté, digne de louanges, et qui seul fait des prodiges. Que la crainte de ta sainteté me fasse trembler devant tout ce qui en mot est encore charnel; et enseigne-moi dans le service que je te dois, à renoncer à ma propre sagesse, à la crucifier, afin que ton Saint-Esprit seul agisse en mm. Amen.

 

La sainteté de Dieu comme gloire. Dieu est glorifié dans la sainteté de son peuple. La Vraie sainteté donne toujours la gloire à Dieu seul. Vivre à la gloire de Dieu, c’est là la sainteté. Vivre saintement c’est glorifier Dieu. Perdre de vue sa propre gloire pour ne chercher que celle de Dieu, c’est la sainteté.

 

Nôtre sainteté comme louange. La louange donne gloire à Dieu; par conséquent elle est un élément de la sainteté. «Tu es le Saint; les louanges d’Israël environnent ton trône». {Ps 22:4}

 

3° La sainteté de Dieu, son amour saint et rédempteur est la source d’une joie et d’une louange permanentes. Louez Dieu journellement pour cette grâce. Mais vous ne pouvez le faire que si vous vivez de cette vie de sainteté.

 

4° L’esprit de crainte de l’Eternel et l’esprit de louanges peuvent au premier abord paraître ne pas s’accorder. Mais il n’en n’est rien. L’humilité qui craint le Dieu Saint le loue en même temps. «Vous qui craignez l’Eternel, louez-le.» Plus nous nous tiendrons humblement dans la crainte de Dieu et la défiance de nous-mêmes, plus sûrement nous serons élevés par lui quand il en sera temps.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

SEPTIÈME JOUR

Sainteté et obéissance

 

Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle et amenés vers moi. Maintenant, si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi; vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. {Ex 19:4-6}

 

Israël est arrivé en Horeb. La loi va lui être donnée et l’alliance conclue. Or voici les premières paroles que l’Eternel adresse à son peuple. Il lui parle de la rédemption dont il vient d’être l’objet: «Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle», puis des bénédictions qui découlent de cette rédemption: la communion avec lui: «Vous avez vu, leur dit-il, comment... je vous ai amenés vers moi». Il parle de la sainteté: je vous ai amenés vers moi comme du but qu’il avait en vue en rachetant son peuple. Et le lien qu’il établit entre la rédemption et la sainteté, c’est l’obéissance: «Si vous écoutez ma voix..., vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte». La volonté de Dieu, voilà l’expression de sa sainteté! Dans la mesure où nous faisons sa volonté, dans cette mesure nous entrons en contact avec la sainteté de Dieu. Nous avons donc raison de dire que le lien qui existe entre la rédemption et la sainteté c’est l’obéissance.

 

Ceci nous rappelle ce que nous avons vu en Eden. Dieu sanctifia le septième jour afin que ce jour sanctifiât l’homme. Et que fit d’abord l’Eternel en vue de cet objet? Il donna à l’homme un commandement. L’obéissance à ce commandement aurait ouvert à l’homme la porte de la sainteté de Dieu. La sainteté est un attribut moral; et la morale c’est ce qu’une volonté libre choisit et décide pour elle-même. Ce que Dieu crée et donne ne peut, naturellement, être que bon; ce que l’homme veut de Dieu et de sa volonté, ce qu’il s’en approprie réellement, a une valeur morale et conduit à la sainteté. Dieu a manifesté sa volonté sage et bonne dans la création. Sa volonté sainte il l’exprime dans ses commandements. Or, dans la mesure où cette volonté sainte se rend maîtresse de la volonté de l’homme, et où l’homme accepte la volonté de Dieu et s’y soumet, dans cette mesure il devient saint. Après la création, au septième jour, Dieu fit entrer l’homme dans son œuvre de sanctification afin de l’amener à la sainteté. L’obéissance est le chemin de la sainteté, parce qu’elle est le chemin par lequel la volonté de l’homme s’unit à la volonté sainte de Dieu. Pour l’homme avant la chute comme pour l’homme après la chute, dans la rédemption ici-bas, comme dans la gloire du ciel, parmi les anges, comme auprès de Christ lui-même, le Saint de Dieu, l’obéissance est le chemin de la sainteté; mais lorsque la volonté de l’homme se dispose à accepter et à faire la volonté de Dieu, Dieu se communique à l’homme avec sa sainteté. Obéir à sa voix c’est donc le suivre lorsqu’il nous conduit dans la voie d’une pleine révélation et d’une communication complète de sa personne divine, comme du Saint des saints. L’’obéissance avons-nous dit, non la connaissance de la volonté de Dieu, non pas même l’approbation, ni même la volonté de faire cette volonté, mais la pratique de la justice. La connaissance, l’approbation de cette volonté et l’intention de la faire doivent conduire à la pratique, à l’action, car la volonté de Dieu doit être faite. «Si vous obéissez à ma voix vous serez pour moi une nation sainte». Ce n’est donc point la foi, ni le culte, ni la profession que Dieu demande d’abord de son peuple, quand il lui parle de sainteté, c’est l’obéissance. La volonté de Dieu doit être «faite sur la terre comme elle est faite dans le ciel»,—«afin, dit l’Eternel à son peuple, que vous vous rappeliez et que vous exécutiez tous mes ordres, et que vous soyez saints pour votre Dieu». {No 15:40} «Conservez-vous donc saints, et soyez saints, car je suis l’Eternel votre Dieu. Et gardez mes statuts et vous y conformez. Je suis l’Eternel qui veux vous sanctifier». {Le 20:7:8} «Observez aussi mes commandements et pratiquez-les. Je suis l’Eternel. Et ne profanez pas mon saint nom, afin que ma sainteté se montre au milieu des enfants d’Israël. Je suis l’Eternel qui vous ai consacrés, qui vous ai tirés du pays d’Egypte pour être votre Dieu. Je suis l’Eternel». {Le 22:31-33}

 

Un moment de réflexion suffira pour nous faire comprendre clairement la raison de ce que nous venons de dire. En effet, c’est dans ce qu’il fait que l’homme manifeste ce qu’il est. Je puis savoir ce qui est bon, et cependant ne pas l’approuver. Je puis l’approuver et cependant ne pas le vouloir. Je puis en une certaine mesure le vouloir et manquer cependant de l’énergie, de l’esprit de renoncement et de la force qui me fera me lever pour agir et pour faire ce qui doit être fait. Il est plus aisé de penser que de vouloir, et plus aisé de vouloir que de faire. Dieu exige que sa volonté soit faite. Faire sa volonté, voilà ce qui seul peut s’appeler de l’obéissance. Et c’est en ceci seulement qu’on peut voir si le cœur entier, avec toutes ses énergies et sa volonté, s’est livré à la volonté de Dieu, si nous vivons cette volonté et si nous sommes prêts à la faire nôtre, en l’accomplissant, même au prix de tous les sacrifices.

 

Dieu ne nous a pas révélé d’autre voie pour nous rendre saints. «Vous garderez mes statuts et vous vous y conformerez. Je suis l’Eternel qui veux vous sanctifier».

 

Pour tous ceux qui soupirent après la sainteté et qui la recherchent de tout leur cœur, ceci a une importance capitale. L’obéissance,-nous l’avons vu, n’est pas la sainteté; la sainteté est quelque chose de beaucoup plus élevé encore, quelque chose qui vient de Dieu jusqu’à nous, ou plutôt quelque chose de Dieu venant en nous. Mais l’obéissance est indispensable à la sainteté; celle-ci ne peut exister sans celle-là. C’est pourquoi, tandis que votre cœur s’attache à suivre l’enseignement de la Parole de Dieu, tandis que vos regards s’arrêtent avec foi sur ce que Dieu a fait lorsqu’il vous a mis à part pour que vous fussiez saints en Christ, et sur ce qu’il fera encore par l’Esprit de sainteté quand il accomplira cette promesse: «Le Dieu de paix vous sanctifie entièrement», n’oubliez jamais un seul instant d’être obéissants. «Si vous écoutez ma voix, vous serez pour moi une nation sainte». Commencez par faire immédiatement ce que vous savez devoir être fait. Renoncez sans hésiter à ce que votre conscience vous dit ne pas être conforme à la volonté de Dieu. Non seulement priez pour que la lumière et la force vous soient données, mais agissez, faites ce que Dieu vous commande. «Quiconque fera la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est celui-là qui est mon frère, et ma sœur et ma mère», dit le Sauveur.

 

Faire la volonté de Dieu sera toujours la nourriture solide, la force de tout enfant de Dieu.

 

Devenir chrétien n’implique pas moins que l’abandon de tout notre être à cette vie de simple et entière obéissance. Dans nos prières, dans nos efforts pour arriver à une pleine paix, au repos de la foi, à une joie permanente et à une augmentation de vie chrétienne en nous, il y a eu quelque secrète cause qui a empêché la bénédiction du Seigneur de venir jusqu’à nous, ou qui nous a privés bien vite de ce que nous avions cru avoir acquis. Et peut-être que cette cause secrète n’a été, après tout, qu’une vue erronée de notre part sur l’absolue nécessité de l’obéissance. On ne peut insister avec trop de sérieux sur ce point, c’est que la libre et puissante grâce de Dieu a pour objet, dès le jour de notre conversion, de restaurer en nous une obéissance active, et l’harmonie de notre volonté avec celle de Dieu, obéissance et harmonie que l’homme a perdues par sort péché en Eden. L’obéissance conduit à Dieu et à sa sainteté. C’est dans l’obéissance que notre volonté est moulée, que notre caractère est façonné, que l’homme intérieur, que Dieu peut alors vêtir et orner de la beauté de la sainteté, est renouvelé, reconstruit.

 

Lorsqu’un chrétien fait la découverte que c’est là l’anneau qui a manqué à la chaîne de sa vie chrétienne, là qu’a été la cause de ses échecs et des ténèbres de son âme, il n’a qu’une chose à faire, c’est, par un acte décisif de libre abandon à Dieu, de choisir l’obéissance, une obéissance entière, sur toute la ligne, comme la loi, qui, par la puissance du Saint-Esprit, régira désormais toute sa vie intérieure. Qu’il ne craigne pas de faire siennes les paroles qu’Israël prononça au pied du Sinaï, en réponse au message que Moïse lui apportait de la part de l’Eternel: Nous ferons tout ce que l’Eternel a commandé.. {Ex 19:8} Nous exécuterons tous les ordres qu’a prescrits l’Eternel.. {Ex 24:3}

 

Ce que la loi ne pouvait accomplir, parce qu’elle était faible en la chair, Dieu l’a fait par le don de son Saint-Esprit. Au don de la loi en Sinaï, sur des tables de pierre, a succédé le don de la loi de l’Esprit sur les tables de notre cœur; le Saint-Esprit est la puissance qui rend possible l’obéissance. Il est l’Esprit de sainteté qui, par l’obéissance, prépare notre cœur à devenir la demeure du Saint des saints.

 

«Si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance». La voix est plus qu’une loi ou un livre; elle implique toujours une personne vivante et des rapports personnels avec elle. Là est le secret de l’obéissance selon l’Evangile: entendre la voix de Jésus, le suivre comme un Ami personnel, comme un Sauveur vivant. C’est le fait d’être conduits par le Saint-Esprit, de l’avoir en nous, pour nous révéler la présence, la volonté et l’amour du Père, qui produit en nous cette relation personnelle que le Nouveau Testament a en vue quand il nous dit de faire tout pour le Seigneur, et comme pour plaire à Dieu.

 

Une pareille obéissance est le chemin qui mène à la sainteté. Chaque acte d’obéissance est un anneau de la chaîne qui nous relie au Dieu vivant, un abandon de tout notre être à la volonté de Dieu, pour qu’il prenne possession de nous. C’est par cette opération d’assimilation, opération lente mais sûre, par laquelle la volonté de Dieu, comme nourriture solide de notre âme, est prise par notre homme intérieur, que notre nature spirituelle est fortifiée, spiritualisée, et qu’elle s’élève pour être un temple saint au Seigneur, un temple dans lequel Dieu peut se révéler et faire sa demeure.

 

Que tout croyant s’étudie non seulement à connaître ces choses, mais à les réaliser dans sa vie de tous les jours. De même que dans la création Dieu a fait une œuvre graduelle, et que ce n’est que le septième jour qu’il a sanctifié, pour que l’homme fût sanctifié par ce jour-là, de même la révélation et la communication à l’homme de la sainteté doivent être graduelles, selon que l’homme est préparé à les recevoir. L’œuvre de sanctification que Dieu fait en chacun de nous, comme celle qu’il accomplit dans la race humaine, demande du temps. Or, le temps que cette œuvre exige c’est une vie d’obéissance de chaque jour, de chaque heure. Tout ce qui est dépensé en volonté propre et non en relation vivante avec le Seigneur est perdu. Mais lorsque le cœur prête journellement l’oreille à la voix qui vient d’en haut pour y obéir, le Seigneur lui-même veille à ce que sa promesse s’accomplisse: «Vous me serez, une nation sainte». Alors, dans une mesure dont l’âme croyante n’avait auparavant aucune idée, Dieu couvre de son ombre le cœur obéissant et vient y établir sa demeure. L’habitude sainte d’écouter sans cesse la voix de Dieu pour y obéir constituera l’édification même du temple dont Paul dit: «Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous?» Le Dieu vivant lui-même, le Saint des saints viendra l’habiter. La gloire du Seigneur remplira ce temple et la promesse: «Ma gloire rendra ce lieu saint», {Ex 29:43} s’accomplira.

 

«Je vous ai amenés vers moi. Si vous écoutez ma voix, vous serez pour moi une nation sainte». Vous qui cherchez la sainteté, sachez que Dieu vous a amenés vers lui» Et maintenant sa voix vous fait entendre toutes les pensées de son cœur à votre égard, afin que, si vous les recevez et si vous faites de ses pensées vos pensées, et de sa volonté votre volonté pour vivre et pour agir, vous entriez dans une communion plus intime avec lui, une communion de volonté et de vie, et que vous deveniez pour lui «un peuple saint». Que l’obéissance, que l’attention que vous donnez à la voix de Dieu et à la pratique de sa volonté soient la joie et la gloire de votre vie; ainsi vous aurez accès à la sainteté de Dieu.

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O mon Dieu! tu m’as racheté pour toi-même, afin que tu puisses me posséder entièrement, remplissant mon être intime de ta ressemblance, de ta volonté parfaite, de la gloire de ta sainteté. Et tu veux m’enseigner, dans la force d’une volonté libre et aimante, à prendre ta volonté et à la faire mienne, afin que dans le centre même de mon être, intérieur, je possède ta perfection habitant en moi. Et tu me révèles ta volonté dans tes commandements, dans tes paroles, afin que selon que je les accepte et que je les garde, je puisse arriver à faire ta volonté, à vouloir tout ce que tu veux.

 

O mon Dieu! fais-moi vivre jour après jour dans ta communion, que j’entende, en effet ta voix, la voix du Dieu vivant parlant à mon âme. Que ton Saint-Esprit, l’Esprit de sainteté, soit pour moi la voix qui me guide dans le chemin d’une obéissance simple et enfantine. Je te bénis de ce que tu m’as fait voir que Christ, en qui je suis saint, a été d’une obéissance parfaite, que, par obéissance, il s’est sanctifié afin de devenir ma sanctification, et qu’en demeurant en lui, ton Fils bien-aimé, le Saint, je puis demeurer dans ta volonté, telle qu’il l’a faite une fois pour nous; dans cette volonté qui doit être faite par moi. O mon Dieu! je veux obéir à ta volonté; fais de moi un membre de ta nation sainte, ton joyau au milieu des peuples. Amen.

 

1° «Jésus-Christ fut obéissant jusqu’à la mort.—Quoique fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes.—Je viens, ô Dieu! pour faire ta volonté.—C’est par cette volonté que nous sommes sanctifiés.» L’exemple de Christ nous enseigne que l’obéissance est le seul chemin qui conduit à la sainteté ou en d’autres termes à la gloire de Dieu. Que notre consécration soit donc un renoncement à tout pour chercher et pour faire la volonté de Dieu.

 

2° Nous sommes saints «en Christ», en ce Christ qui a fait la volonté de Dieu, et qui a été «obéissant jusqu’à la mort». C’est «en lui» que nous sommes; «en lui» que nous avons été sanctifiés. Son obéissance est le terrain dans lequel nous avons été plantés, et dans lequel nous devons pousser de profondes - racines. «Ma nourriture, disait Jésus c’est de faire la volonté de mon Père.» L’obéissance était l’aliment habituel de sa vie; en faisant la volonté de Dieu, il faisait descendre dans son âme le divin aliment dont elle avait besoin. Il doit en être de même de nous.

 

Saints en Christ. «Christ s’est sanctifié lui-même pour nous» par l’obéissance, en faisant la volonté de Dieu; et c’est par cette volonté accomplie par lui «que nous avons été sanctifiés». En acceptant cette volonté, telle qu’elle a été faite par lui; en l’acceptant lui, je suis saint. En acceptant cette volonté de Dieu comme devant être faite par moi, je deviens saint. Je suis en lui; par chacun des actes d’obéissance accomplis par moi, j’entre dans une communion vivante avec lui, et je fais descendre dans ma vie la puissance de sa vie.

 

4° L’obéissance dépend de la manière dont j’écoute la voix de Dieu. Ne vous imaginez pas connaître la volonté de Dieu. Mais priez et attendez que le Saint-Esprit vous enseigne et vous conduise dans toute la vérité.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

HUITIÈME JOUR

Sainteté et habitation

 

Ils me feront un sanctuaire, et j’habiterai au milieu d’eux. {Ex 25:8} Je me rencontrerai là avec les enfants d’Israël, et ce lieu sera sanctifié par ma gloire. J’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je serai leur Dieu. {Ex 29:43,45}

 

La présence de Dieu rend saint, même alors qu’elle ne descend que pour un peu de temps, comme ce fut le cas en Horeb dans le buisson ardent. Combien plus cette présence doit-elle rendre saint le lieu qu’elle habite en permanence! Il en fut tellement ainsi que le lieu que Dieu habita fut appelé le lieu saint, «le lieu saint des tabernacles du Très-Haut». {Ps 46}

 

Tout ce qui entourait cette sainte demeure était saint; la sainte cité, la montagne de la sainteté de Dieu, sa maison sainte, jusqu’à ce que nous entrions au delà du voile, dans le lieu très saint, le saint des saints. C’est en sa qualité de Dieu qui habite, de Dieu demeurant chez les siens, au milieu de son peuple, qu’il sanctifie sa maison, qu’il se révèle en Israël comme le Dieu saint et qu’il nous sanctifie. Parce que Dieu est saint, la maison qu’il habite est sainte aussi. C’est là le seul attribut de Dieu qu’il puisse communiquer à sa maison; mais cet attribut il le communique. Parmi les hommes il existe un lien très intime entre le caractère d’une maison et ceux qui l’occupent. Lorsqu’il n’y a pas d’obstacles qui s’y opposent, la maison reflète inconsciemment la ressemblance du maître. La sainteté n’exprime pas tant un attribut comme elle exprime l’essence même de Dieu dans ses perfections infinies; et sa maison rend témoignage à cette vérité que là où Dieu habite, là doit être la sainteté, que son habitation dans un lieu quelconque rend ce lieu saint. Lorsque pour la première fois Dieu commanda à son peuple de lui édifier un lieu saint, il leur fit distinctement comprendre que c’était pour en faire sa demeure au milieu d’eux. L’habitation de Dieu dans cette demeure devait être le type de l’habitation de Dieu au milieu de son peuple. La maison avec sa sainteté nous conduit ainsi à la sainteté de son habitation au milieu de ses rachetés.

 

Le lieu saint, habitation de la sainteté de Dieu, était le centre même de toute l’œuvre de Dieu pour sanctifier Israël. Tout ce qui touchait au lieu saint était saint. Les sacrificateurs, l’autel, les sacrifices, l’huile, le pain, les vases, tout était saint, parce que tout appartenait à Dieu. De la demeure sainte deux voix se faisaient entendre: l’une était l’appel de Dieu à être saint, l’autre, la promesse de Dieu de sanctifier. Le droit de Dieu se manifestait sous la forme d’exigences de purification, d’expiation, de sainteté de tous ceux qui s’approchaient de lui, sacrificateurs aussi bien qu’adorateurs. Et la promesse rayonnait du saint lieu; Dieu sanctifiant par l’autel, par le sang et par l’huile sainte. Le lieu saint personnifiait les deux aspects de la sainteté: celui qui repousse ou effraie, et celui qui attire, celui qui condamne et celui qui sauve. Ici en tenant le peuple à distance; là en l’invitant, en le rapprochant; la maison de Dieu était le grand symbole de sa propre sainteté. Il s’était approché afin de demeurer même au milieu d’eux; et cependant, il ne leur était pas permis de s’approcher, d’entrer dans le lieu secret de son tabernacle, de sa sainte présence.

 

Toutes ces choses ont été écrites pour notre instruction. C’est en tant qu’il habite au milieu de son peuple que Dieu est en même temps pour ce peuple Celui qui le sanctifie: une présence permanente seule peut sanctifier. Cela ressort avec une évidente clarté si nous remarquons que plus la présence de Dieu était immédiate, plus était élevé le degré de sainteté. Parce que Dieu habitait au milieu d’eux, le camp était saint; toute souillure devait en être éloignée avec soin. Mais la sainteté du parvis entourant le tabernacle était plus grande; des souillures tolérées dans le camp ne pouvaient l’être dans le parvis. Puis le lieu saint était encore plus saint, parce qu’il était plus près de Dieu. Enfin le sanctuaire intérieur, où la présence de Dieu habitait sur le propitiatoire, était le lieu très saint, le lieu le plus saint. Et ce principe est ferme: la sainteté se mesure par la proximité de Dieu; plus sa présence est réelle, plus la sainteté est vraie; une habitation parfaite de Dieu dans un lieu, dans un cœur, communiquera à ce lieu, à ce cœur une parfaite sainteté. Personne n’est saint sinon le Seigneur; il n’y a de sainteté qu’en lui. Il ne peut se séparer d’une partie de sa sainteté et nous la communiquer séparément de sa personne divine; seulement nous avons d’autant plus de sainteté que nous avons Dieu habitant en nous. Et pour l’avoir lui, vraiment, pleinement, nous devons l’avoir comme Celui qui habite en nous par la foi.

 

Il n’y a pas d’union aussi intime, aussi réelle, aussi parfaite que celle d’une vie qui vient habiter en nous. Voyez la vie qui circule dans un arbre vigoureux et fertile. Comme elle en pénètre et en remplit toutes les parties! Comme elle unit d’une manière inséparable tout l’ensemble aussi longtemps qu’elle existe réellement! Cette vie est la vie de la nature, la vie de l’Esprit de Dieu qui réside et agit dans la nature. C’est la même vie que celle qui anime nos corps, l’esprit de la nature, pénétrant toutes les parties de celle-ci de la puissance de sentir et d’agir. {3}

 

L’habitation de l’Esprit qui produit cette vie nouvelle par laquelle Dieu fait du croyant sa demeure n’est pas moins intime. Que dis-je? Elle est plus merveilleuse et plus réelle si possible. Et c’est lorsque cette habitation devient une question de foi ardente et comme une sainte passion que l’âme obéit au commandement: «Ils me feront un sanctuaire et j’habiterai au milieu d’eux», et qu’elle expérimente la vérité de cette promesse: «Ce lieu sera sanctifié par ma gloire, j’habiterai au milieu des enfants d’Israël». C’est comme celui qui habite au milieu de son peuple, que Dieu se révéla en son Fils, qu’il a sanctifié et qu’il a envoyé dans le monde. Plus d’une fois le Seigneur a insisté là-dessus: «Croyez-moi que je suis dans le Père et que le Père est en moi; le Père qui demeure en moi est Celui qui fait les œuvres». C’est spécialement comme temples de Dieu que les croyants sont souvent appelés saints dans le Nouveau Testament: «Le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple».—«Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous».—«Tout l’édifice bien coordonné s’élève pour être un temple saint au Seigneur». C’est, ainsi que nous le comprendrons mieux plus tard, parce que c’est par l’Esprit que le cœur est préparé à l’habitation de Christ en nous, et que cette habitation est effectuée et maintenue, que l’Esprit prend d’une manière toute spéciale l’attribut de saint. L’Esprit qui vient habiter en nous c’est le Saint-Esprit. La mesure dans laquelle il habite en nous, ou plutôt dans laquelle il nous révèle l’habitation de Christ en nous, voilà la mesure de la sainteté.

 

Nous avons vu quels étaient les différents degrés de la proximité de la présence de Dieu en Israël. Ces divers degrés se retrouvent aujourd’hui. Il y a des chrétiens qui demeurent dans le camp, mais qui savent peu ce que c’est que de s’approcher du lieu saint. Puis, il y a les chrétiens qui appartiennent au parvis extérieur; ils soupirent après le pardon, la paix; ils reviennent sans cesse à l’autel des expiations; mais ils ne connaissent que peu ou point la vraie proximité de Dieu, la sainteté, leurs privilèges de sacrificateurs d’entrer dans le lieu saint. D’autres, qui savent que c’est là leur sainte vocation, qui désirent ardemment entrer, et qui cependant; comprennent avec peine la hardiesse qu’ils ont d’entrer dans le lieu très saint et d’y demeurer. Heureux sont ceux à qui ce secret: de l’Eternel a été révélé! Il» savent ce que signifie le voile du temple déchiré du haut en’ bas, et ce qu’est l’accès à la présence immédiate du Saint. Le voile a été ôté de leur cœur; ils ont compris que le secret de la vraie sainteté est dans l’habitation du Saint en nous, du Dieu qui est saint et qui sanctifie. Croyant! le Dieu qui t’appelle à la sainteté est le Dieu qui apporte la vie à l’âme qui le reçoit. Le tabernacle en est le type; le Fils nous le révèle; l’Esprit nous le communique; la gloire éternelle le manifestera pleinement. Et vous pouvez en faire vous-même l’expérience. En tant que croyants, c’est notre vocation d’être de saints temples de Dieu. Oh! livrez-vous sans réserve à cette parfaite habitation de Christ en vous. Ne cherchez pas la sainteté d’abord en ce que vous êtes ou en ce que vous faites, mais cherchez-la en Dieu. Ne la cherchez pas même comme un don de Dieu, cherchez-la en Dieu, dans sa présence habitant en vous. Adorez-le dans la beauté de sa sainteté, comme Celui qui habite dans les lieux hauts et saints. Et quand vous l’adorez, écoutez-le vous dire: «Ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint; j’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté; mais je suis avec l’homme contrit et humilié, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les cœurs contrits». {Esa 57:15} C’est dans la mesure où l’Esprit nous fortifie puissamment dans l’homme intérieur, tellement que Christ habite dans nos cœurs par la foi, et que le Père vient et fait sa demeure avec Christ en nous, que nous sommes véritablement saints. Oh! que, aussi complètement que le tabernacle ou le temple était consacré à la demeure du Très-Haut, l’habitation de sa sainteté, nous nous livrions absolument à lui par une entière et vraie consécration! Une maison remplie de la gloire de Dieu, un cœur rempli de toute la plénitude de Dieu, voilà la promesse de Dieu, voilà notre portion, notre héritage. Qu’avec foi nous demandions, acceptions, retenions fermement cette grâce: Christ, le Saint de Dieu, venant au nom de son Père, entrer dans notre âme et en prendre possession. Alors la foi apportera la solution de toutes nos difficultés, la victoire par laquelle nous triompherons de toutes nos chutes, et par laquelle aussi nous verrons l’accomplissement de tous nos désirs. Le secret révélé de la vraie sainteté, le secret de la joie ineffable, c’est Christ habitant dans le cœur par la foi.

 

«Soyez saints, car je suis saint». Nous fléchissons les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, pour qu’il nous accorde, selon les richesses de sa gloire, ce qu’il nous a enseigné à lui demander. Nous ne demandons rien moins que ceci, savoir que Christ habite dans nos cœurs par la foi. Nous désirons ardemment cette habitation bénie, permanente, consciente du Seigneur Jésus dans notre cœur, habitation qu’il a clairement promise comme le fruit de l’effusion du Saint-Esprit. O Père! nous te demandons ce que ton Fils entendait quand Il disait: «Je l’aimerai et je me ferai connaître à lui. Nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui». Oh! accorde-nous cette habitation de Christ dans nos cœurs par la foi! Et veuille, en conséquence, nous t’en supplions, nous accorder d’être puissamment fortifiés par ton Esprit dans l’homme intérieur.

 

O Dieu très bon! entends notre prière, notre supplication. Nous nous prosternons humblement à tes pieds. Nous faisons valoir devant toi les richesses de ta gloire. Nous te louons, ô notre Dieu! toi qui es puissant pour faire au delà de ce que nous osons demander ou penser. Nous nous attendons à toi. Que ce ne soit plus nous qui vivions, mais Christ en nous! Nous te le demandons au nom de ton Fils. Amen.

 

1° L’habitation de Dieu au milieu d’Israël était le grand fait central auquel étaient subordonnés comme préparatoires tous les commandements concernant la sainteté. De même, l’œuvre du Saint-Esprit a son point culminant dans l’habitation personnelle de Christ en nous. Ayez, cela en vue, et attendez-le. {Jn 14:12,23 Eph 3:16}

 

2° Le tabernacle avec ses trois divisions était, comme pour d’autres vérités spirituelles, l’image de la triple nature de l’homme. Notre esprit est le lieu très saint, où Dieu veut habiter, et où le Saint-Esprit est donné. La vie de l’âme, avec sa puissance de sentir, de savoir et de vouloir, est le lieu saint. Et la vie extérieure du corps, la conduite, l’action, est la cour ou le parvis extérieur.

 

Commencez par croire que l’Esprit demeure dans le sanctuaire le plus intime, où son action est secrète et cachée. Honorez-le, en vous confiant en lui pour le travail, en vous livrant à lui dans une silencieuse adoration devant Dieu. De l’intérieur, il prendra possession de vos pensées, de votre volonté; il remplira même le parvis extérieur, le corps, de la sainteté de Dieu. «Le Dieu de paix lui-même vous sanctifiera tout entiers, et tout ce qui est en vous, l’esprit, l’âme et le corps, sera conservé irrépréhensible pour l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. Celui qui vous a appelés est fidèle, et il le fera».

 

{3} Voir Psychologie biblique du Dr Beck.—Tubingue

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

NEUVIÈME JOUR

Sainteté et médiation

 

Tu feras une lame d’or pur et tu y graveras: Sainteté à l’Eternel. Elle sera sur le front d’Aaron, et Aaron sera chargé des iniquités commises par les enfants d’Israël en faisant toutes leurs saintes offrandes; elle sera constamment sur son front devant l’Eternel pour qu’il leur soit favorable. {Ex 28:30:38}

 

La maison de Dieu devait être le lieu de la demeure de sa sainteté, le lieu où il devait se révéler comme le Saint, dont on ne devait s’approcher qu’avec crainte et tremblement, et comme Celui qui sanctifie, attirant à lui tous ceux qui désirent être faits participants de sa sainteté. Le centre de la révélation de sa présence, et de sa présence en tant qu’elle sanctifie, se trouvait dans la personne du souverain Sacrificateur en sa double qualité de représentant de Dieu dans ses rapports avec l’homme, et de l’homme dans ses rapports avec Dieu. Il est la personnification de la sainteté divine sous une forme humaine, et de la sainteté humaine comme don de Dieu, pour autant que la dispensation des symboles et de l’ombre des choses à venir pouvait le présenter et l’exprimer. En lui, Dieu s’approchait pour sanctifier et bénir son peuple; en lui, le peuple venait à Dieu et s’en approchait. Et cependant le jour même des expiations, jour dans lequel il était permis au grand prêtre d’entrer dans le lieu très saint, ce jour-là, dis-je, était une preuve bien évidente de la souillure de l’homme et de son incapacité de demeurer en la présence de Dieu. Lui, le souverain Sacrificateur, preuve évidente de la souillure d’Israël, était cependant un type et comme une image du Sauveur attendu, notre bien-aimé Seigneur Jésus-Christ, représentation merveilleuse du chemin par lequel, dans les âges futurs, la sainteté deviendrait la portion de son peuple.

 

Parmi les nombreux points par lesquels le souverain Sacrificateur typifiait Christ comme notre sanctification, il n’en était peut-être aucun qui fût plus suggestif et plus beau que la tiare sainte qu’il portait sur son front. Tout ce qu’il portait devait être saint. Ses vêtements étaient de saints vêtements. Mais il devait y avoir une chose dans laquelle cette sainteté atteignait sa pleine et entière manifestation. Sur le front du souverain Sacrificateur devait se trouver une lame d’or avec ces mots gravés dessus: SAINTETÉ A L’ÉTERNEL.

 

Tous devaient y lire que l’objet suprême de son existence, la chose pour laquelle il vivait, c’était d’être la personnification, le porteur de la sainteté divine, l’élu par le moyen duquel la sainteté de Dieu devait découler en bénédictions sur le peuple.

 

Le moyen par lequel la bénédiction de cette sainte tiare devait agir était très remarquable. En portant «SAINTETÉ A L’ÉTERNEL» sur son front, il doit, ainsi que nous le lisons, «être chargé des iniquités commises par les enfants d’Israël, en faisant toutes leurs saintes offrandes, afin que l’Eternel leur soit favorable». Pour chaque péché, un sacrifice ou quelque moyen d’expiation avait été institué. Mais que faire pour ce péché qui s’attache au sacrifice même ou à quelque partie du service religieux lui-même? «Tu désire la vérité dans le cœur». De quel poids douloureux peut et doit être oppressé le «vrai adorateur» par le sentiment que son humiliation, ses pénitences, sa foi, son amour, son obéissance, sa consécration, tout est imparfait et souillé! Eh bien là même Dieu y avait pourvu. La sainteté du grand prêtre couvrait le péché et la souillure des choses saintes qu’il offrait. La tiare sainte, placée sur son front, était pour l’adorateur de l’Eternel une garantie que la sainteté du grand prêtre le rendait acceptable devant Dieu. Si lui, adorateur du Dieu saint, était souillé, il s’en trouvait un au milieu de ses frères qui était saint, un qui avait une sainteté dont il pouvait se prévaloir et sur laquelle il pouvait compter. Il pouvait s’adresser au grand prêtre, non seulement comme à celui qui faisait l’expiation par l’aspersion du sang, mais qui pouvait aussi, dans sa propre personne, lui assurer une sainteté qui le rendrait lui et son offrande acceptables devant Dieu. Dans le sentiment de sa souillure, il pouvait se réjouir de ce que Dieu lui avait donné un médiateur, se réjouir de la sainteté d’un autre que lui-même, du grand prêtre que Dieu avait établi pour son peuple.

 

N’avons-nous pas là une précieuse leçon, nous faisant faire un pas en avant dans le chemin de la sainteté? A notre question: «Comment Dieu rend-il saint?» nous avons cette réponse divine: «Par le moyen d’un homme que la sainteté de Dieu a choisi pour y faire sa demeure, et dont la sainteté est nôtre, en tant que nous sommes ses frères, les membres de son corps; par une sainteté qui a une telle efficace que les péchés mêmes des choses saintes que nous faisons sont ôtés, et que nous pouvons entrer en la sainte présence de Dieu avec l’assurance d’être agréables à ses yeux».

 

Et n’est-ce pas là précisément l’enseignement que plus d’un chercheur sérieux de la sainteté demande? Ils savent tous ce que la Parole enseigne concernant l’expiation, et le pardon complet qu’elle a procuré. Ils croient à l’amour infini du Père, et à ce qu’il est prêt à faire pour eux. Et cependant quand ils entendent parler de la simplicité enfantine, de l’assurance que donne la foi, de l’abandon absolu que le Père attend de ceux qui viennent à lui et qui reçoivent cette bénédiction, leur cœur tremble et leur fait défaut. C’est comme si la bénédiction dans ces conditions était hors de leur portée. A quoi leur sert d’entendre dire que le Saint s’approche si près d’eux? leur souillure les rend impropres à réclamer ou à saisir la présence qui s’offre à eux. Mais voyez comment le Saint révèle ici le moyen qu’il emploie pour nous sanctifier et nous préparer à la communion de sa sainteté. En Celui qui est son Elu, comme Médiateur, la sainteté est préparée, conservée précieusement pour tous ceux qui viennent à Dieu par lui. Quand je me prosterne, que je prie et que j’adore et que je sens tout ce qu’il me manque de l’humilité, de la ferveur, de la foi que Dieu est en droit d’attendre de moi, je puis regarder au souverain Sacrificateur dans sa sainteté, à la tiare sainte qu’il porte sur son front, et croire que l’iniquité, le péché, qui s’est attaché à mon service pour Dieu, a été porté par lui et ôté. Je puis savoir avec certitude que malgré tous mes manquements et toute mon indignité, mes prières sont acceptées comme une odeur de bonne senteur, comme «le parfum du soir». Je puis regarder au Dieu trois fois saint et le voir me sourire pour l’amour de son Oint. «La lame d’or sera constamment sur son front devant l’Eternel pour qu’il leur soit favorable». C’est là la précieuse vérité de la substitution «un pour tous», de la médiation; c’est le moyen choisi de Dieu pour nous sanctifier. Le sacrifice de l’adorateur israélite est saint et acceptable en vertu de la sainteté d’un autre.

 

Les ombres de l’Ancien Testament ne peuvent jamais représenter d’une manière parfaitement adéquate, précise, les réalités du Nouveau Testament, avec sa plénitude de grâce et de vérité. A mesure que nous avancerons dans notre étude nous verrons que la sainteté de Jésus, notre sanctification, ne nous est pas seulement imputée, mais nous est communiquée, parce que nous sommes en Lui; le nouvel homme que nous avons revêtu a été créé en vraie sainteté. Nous ne sommes pas seulement considérés comme saints, nous sommes saints; nous avons reçu une nature nouvelle, sainte, en Jésus-Christ. «Car Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous issus d’un seul. C’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères». {Heb 2:11} C’est notre union vivante avec Jésus, le Saint de Dieu, qui nous a procuré une nature nouvelle et sainte, plus encore, un droit, une part à la sainteté qui est en Jésus. Et ainsi, aussi souvent qu’il nous arrive de sentir combien nous sommes éloignés encore de la sainteté, ou combien notre souillure est grande, nous nous plaçons sous le couvert de la sainteté de Jésus, avec la pleine assurance que nous et notre offrande sommes agréables à Dieu, dans son Bien-Aimé. Quelle que soit la faiblesse de notre foi, l’insuffisance de notre désir de glorifier Dieu, et malgré tout ce qui manque à notre amour, à notre zèle, lorsque nos regards s’arrêtent sur Jésus, lorsque nous voyons sur son front divin la lame d’or avec «SAINTETÉ A L’ETERNEL», nous sentons que nous pouvons tourner notre visage vers lui afin de recevoir son divin sourire qui nous dit que nous sommes pleinement approuvés de Dieu et acceptés devant Lui.

 

Au livre du prophète Zacharie, nous lisons que dans «le jour de l’Eternel, les clochettes des chevaux porteront SAINTETÉ A L’ETERNEL». La devise du grand prêtre sera devenue alors le mot d’ordre de la vie journalière; chaque objet d’art, ou servant à notre usage, sera saint aussi; de la tête, la sainteté descendra jusqu’aux bords des vêtements. Mais commençons par réaliser la sainteté de Jésus dans sa puissance pour couvrir l’iniquité qui s’attache même à notre service pour Dieu; faisons-en l’épreuve et ne permettons pas plus longtemps à notre indignité de nous retenir ou de nous faire douter; croyons que nous et notre service sommes acceptés parce que nous sommes saints en Christ, le Seigneur; vivons dans le sentiment de cette acceptation et entrons dans une communion vivante avec le Saint. A mesure que nous entrerons et que nous habiterons dans la sainteté de Jésus, cette sainteté entrera et habitera en nous. Elle prendra possession de notre vie entière et y répandra sa puissance conquérante, jusqu’à ce qu’il nous arrive, à nous aussi, que sur toutes les choses qui nous; appartiennent brillera en lettres de feu cette parole: «SAINTETÉ A L’ETERNEL». Et nous ferons encore cette expérience, combien la voie, le chemin de Dieu pour la sainteté part incessamment d’un centre, et ici le centre est notre nature renouvelée, et s’étend en cercles toujours plus étendus, prouvant la puissance de la sainteté. Demeurons seulement enveloppés de la sainteté de Jésus lorsqu’il ôte l’iniquité du service que nous rendons à Dieu, car il veut nous rendre, nous et notre vie, saints au Seigneur.

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O mon Dieu, mon Père! mon âme te loue: et te bénit pour cette admirable révélation de ce que sont tes voies et ta grâce pour ceux que tu as appelés «saints en Christ». Père saint! ouvre nos yeux, afin que nous voyions, et nos cœurs, afin que nous comprenions la signification de cette tiare sainte que tu nous fais voir sur le front de notre souverain Sacrificateur, avec cette devise merveilleuse et bénie: «SAINTETÉ A L’ETERNEL». Amen.

 

1° La sainteté n’est pas quelque chose que je puisse voir ou admirer en moi; la sainteté pour moi c’est de me mettre à couvert, de me perdre dans la sainteté de Jésus. Et plus j’aurais vu et saisi la sainteté de Jésus, moins je chercherai et verrai de la sainteté en moi.

 

2° Il me rendra saint; mon caractère, mes dispositions seront renouvelés; mon cœur, mon esprit seront purifiés, sanctifiés. La sainteté sera une nouvelle nature; et cependant, ce sentiment humiliant et joyeux en même temps demeurerai toujours: «Ce n’est pas moi, mais Christ qui vit en moi».

 

3° Faisons-nous bien petits et bien dociles devant Dieu, afin que le Saint-Esprit puisse nous révéler ce que c’est que d’être saint de la sainteté d’un autre, de la sainteté de Jésus, c’est-à-dire de la sainteté de Dieu.

 

4° Si nous réunissons maintenant les enseignements que nous avons trouvés dans la Parole depuis Eden jusqu’ici, nous voyons que les éléments de la sainteté en nous sont les suivants, correspondant chacun à quelque aspect spécial de la sainteté de Dieu: profond repos (chap. III); humble respect (chap. IV); entier abandon, ou don de soi-même à Dieu (chap. V); joyeuse adoration (chap. VI); simple obéissance (chap. VII). Tout ceci préparant à la divine habitation du chapitre VIII, habitation à laquelle nous participons, si nous demeurons en Jésus, qui porte sur son front la tiare de sainteté.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

DIXIÈME JOUR

Sainteté et séparation

 

Je suis l’Eternel votre Dieu, qui vous ai séparés des peuples. Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Eternel: je vous ai séparés des peuples afin que vous soyez à moi. {Le 20:24,26}

 

Jusqu’à l’accomplissement des jours pour lesquels le nazaréen s’est consacré à l’Eternel, il sera saint. Pendant tout le temps de son naziréat, il sera consacré à l’Eternel. {No 6:5,8}

 

C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. {Heb 13:12,13}

 

La séparation n’est pas la sainteté, mais c’est le chemin qui y conduit. Quoi qu’il ne puisse y avoir de sainteté sans séparation, il peut y avoir une séparation qui ne conduit pas à la sainteté. Il est de la plus haute importance ici de comprendre et la différence et la relation, afin d’être préservés de l’erreur grossière de compter la séparation seule comme sainteté, aussi bien que de cette autre erreur, non moins grossière, de chercher la sainteté sans la séparation.

 

Le mot hébreu employé pour désigner la sainteté vient très probablement d’une racine qui signifie séparation, mis à part, ou séparer. Mais là où, dans nos traductions, nous avons «séparé» ou a retranché», «ou mis à part», nous avons des mots tout à fait différents. {4} Le mot employé pour «saint» l’est exclusivement pour exprimer cette idée spéciale. Et quoique l’idée de saint renferme toujours celle de séparation, la sainteté renferme en réalité quelque chose d’infiniment plus élevé; il est d’une très grande importance de bien comprendre ceci, parce que le fait d’être mis a part pour Dieu, l’abandon de tout notre être aux droits qu’il a sur nous, la consécration à son service, sont trop souvent considérés comme si c’était cela qui constitue la sainteté. Nous ne pouvons assez insister sur ce point, c’est que tout cela n’en est que le commencement, la présupposition: la sainteté elle-même est infiniment plus que cela; ce n’est ni ce que je suis, ni ce que je fais, ni ce que je donne qui est la sainteté, mais ce que Dieu est, ce qu’il donne et ce qu’il fait pour moi, en moi. C’est Dieu prenant possession de moi qui me sanctifie; c’est la présence et la gloire de Dieu qui me rend réellement saint. Une étude attentive des paroles de l’Eternel à son peuple nous le rendra évident. Huit fois nous trouvons dans le livre du Lévitique cette expression: «Vous serez saints, car je suis saint».

 

La sainteté est l’attribut le plus élevé de Dieu, non seulement comme expression de ses rapports avec Israël, mais de son être même, de son essence, de sa perfection infinie. Et quoique ce ne soit qu’à pas lents et gradués qu’il peut faire comprendre à notre esprit charnel ce que cela signifie, cependant, dès l’origine il dit à son peuple que son but est qu’ils soient faits semblables à lui, saints parce que et comme il est saint. Me dire que Dieu sépare, met à part des hommes pour lui-même, afin qu’ils soient siens, comme lui-même se donne pour être leur Dieu, me parle bien d’une relation qui existe, mais ne me dit encore rien de la vraie nature de cet Etre saint, ou de la valeur essentielle de la sainteté qu’il veut me communiquer. La séparation, ce n’est que la mise à part, la prise de possession du vase, pour être purifié et utilisé; ce qui lui donne sa réelle valeur c’est l’action de le remplir du précieux contenu. La sainteté, c’est le divin remplissage, sans lequel la séparation nous laisse vides. La séparation n’est donc pas la sainteté. Mais la séparation est essentielle à la sainteté. «Je vous ai séparés des autres peuples, vous serez saints pour moi». Jusqu’à ce que j’aie choisi un vase et que je l’aie séparé de ceux qui l’entourent, et, si c’est nécessaire, purifié, je ne puis ni le remplir, ni l’employer. Je dois l’avoir en mains, à mon entière disposition, sinon je ne pourrai le remplir de lait ou de vin précieux.

 

C’est précisément ainsi que Dieu sépara son peuple quand il le transporta d’Egypte, le mettant à part pour lui-même lorsqu’il leur donna son alliance et sa loi, afin de les avoir sous son contrôle et sous sa puissante main pour exécuter son dessein qui était de les rendre saints. Il ne pouvait arriver à ce résultat qu’en les mettant à part, et en éveillant en eux le sentiment qu’ils étaient son peuple particulier, entièrement et uniquement siens, jusqu’à ce qu’enfin il leur eût enseigné à se séparer eux-mêmes pour lui. La séparation est essentielle à la sainteté.

 

L’institution du naziréat {No 6} confirme ce que je viens de dire, et montre aussi jusqu’à l’évidence ce que signifie la séparation. Israël devait être dans la pensée de Dieu une nation sainte. Sa sainteté était tout particulièrement typifiée dans ses prêtres. Quant à l’Israélite, comme individu, il ne nous en est jamais parlé dans les livres de Moïse comme d’un homme qui soit saint. Mais il y avait des ordonnances par le moyen desquelles l’Israélite qui voulait montrer son désir d’être entièrement saint pouvait le faire. Il pouvait se séparer de la vie ordinaire de son peuple et vivre de la vie d’un naziréen, une vie séparée. Cette vie-là était considérée dans ces temps d’ombres et de types, comme la sainteté: «Pendant tout le temps de son naziréat, il sera saint (consacré) à l’Eternel». {No 6:5:8} La séparation consistait spécialement en trois choses: Sa tempérance, ou plutôt l’abstinence de fruits et de vin; la pénitence ou l’humiliation: le ciseau ni le rasoir ne devaient toucher la barbe ou les cheveux du naziréen «c’est une honte pour l’homme de porter de longs cheveux»; {1Co 11:14} le renoncement à soi-même, en ne se souillant ni pour un père, ni pour une mère à l’occasion de leur mort. Remarquons particulièrement ceci, c’est que la séparation ne concernait pas les choses illégitimes, mais les choses légitimes. Il n’y avait rien de criminel en soi dans le fait qu’Abraham vivait dans la maison de son père, ou qu’Israël vivait en Egypte. C’est en abandonnant, non seulement ce qui peut être prouvé comme péché, mais tout ce qui pourrait empêcher la plénitude de l’abandon de nous-mêmes entre les mains de Dieu afin qu’il nous sanctifie, que l’esprit de séparation se manifeste.

 

Recueillons les leçons que cette vérité nous enseigne. Et d’abord nous devons connaître la nécessité de la séparation. Ce n’est pas une exigence arbitraire de notre Dieu, mais c’est dans la nature des choses que cette exigence a son fondement. Séparer une chose, c’est l’affranchir en vue d’une utilité spéciale ou d’un but, tellement qu’elle puisse avec une «énergie entière accomplir la volonté de celui qui la choisit, et réaliser ainsi sa destinée. C’est le principe qui se trouve à la base de toute la division du travail; une séparation, complète en vue d’une branche d’études ou de travail est la condition indispensable du succès et de la perfection. On voit souvent à la lisière d’un bois un arbre qui est séparé de tous ses compagnons de la forêt; son tronc énorme, ses branches puissantes et étendues prouvent évidemment combien il lui a été utile d’être séparé, d’avoir pour lui tout seul une large étendue de terrain dans lequel ses racines puissent pousser sans obstacles, et ses branches s’étendre à volonté; là est le secret de sa croissance et de sa grandeur remarquables. Nos capacités, comme hommes, sont limitées. Si Dieu doit prendre pleinement possession de nous; si nous voulons jouir pleinement de lui, la séparation pour lui n’est que la simple et naturelle condition requise. Dieu nous veut tout entiers pour lui afin qu’il puisse se donner tout entier à nous.

 

Nous devons ensuite connaître le but de la séparation. C’est afin que nous soyons trouvés dans cette situation que Dieu a décrite en ces mots: «Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Eternel; je vous ai séparés des peuples afin que vous soyez à moi». Dieu nous a séparés pour lui-même, dans toute l’étendue du sens de cette parole, et cela afin de pouvoir entrer en nous et se montrer lui-même à nous. Sa sainteté est la somme et le centre de toutes ses perfections; c’est afin de nous rendre saints comme lui qu’il nous a séparés. La séparation n’a jamais de valeur en elle-même; elle peut être un grand mal et nous devenir nuisible; tout dépend de l’objet qu’elle a en vue. C’est dans la mesure où Dieu obtient et prend pleine possession de nous, dans la mesure où la vie de Christ se rend maîtresse de notre être tout entier, dans la mesure où le Saint-Esprit nous pénètre entièrement et nous remplit tellement que nous demeurons en Dieu et qu’il demeure en nous, que la séparation sera non une chose d’observances, d’ordonnances, mais de réalité spirituelle. Et c’est lorsque ce dessein de Dieu à notre égard sera vu, compris, accepté et suivi que la question difficile de savoir de quoi nous devons nous séparer et quelle est la somme de sacrifices que la séparation demande de nous, trouvera une solution facile. Dieu nous sépare de tout ce qui ne nous conduit pas à sa sainteté et à sa communion.

 

Nous avons besoin surtout de connaître la puissance de la séparation, la puissance qui nous y fait entrer dans un esprit d’ardeur, de joie, de liberté et d’amour. Le grand mot qui, dans le langage humain, sépare et unit tout à la fois, c’est le mot mien. C’est dans ce mot que nous trouvons le grand ressort de l’effort et du bonheur; chez l’enfant avec-ses joujoux, dans le travail avec ses gains et sa récompense, chez le patriote qui meurt pour son pays, c’est le mot mien qui met l’accent sur ce qui est séparé de toute autre chose. C’est le grand mot dont l’amour fait usage. Que ce soit l’enfant qui dise à sa mère: «Ma mère», et qui entende la réponse: «Mon fils, mon enfant»; que ce soit le fiancé qui prenne de la maison de ses parents «celle qui est devenue sienne, ou que ce soit le Dieu saint qui dise: «Je vous ai séparés des peuples afin que vous soyez à moi», c’est toujours avec ce mot mien, que l’amour exerce son pouvoir et attire à lui, pour le séparer de tout le reste, ce qu’il demande. Dieu lui-même ne connaît pas d’arguments plus puissants, n’emploie pas d’attraits plus énergiques que ces paroles: «Afin que vous soyez à moi». Et la puissance de la séparation, la force nécessaire pour que nous nous séparions pour Dieu, nous sera communiquée, et agira en nous, dans la mesure où nous nous livrerons à l’étude et à la réalisation de ce but saint, que nous écouterons attentivement et apprécierons à sa juste valeur ce mot merveilleux: à moi, et dans la mesure aussi où nous nous laisserons saisir et posséder par l’amour puissant qui nous a faits siens. Etudions pas à pas le chemin merveilleux dans lequel l’amour divin fait son œuvre de séparation. Il nous en prépare la voie par la rédemption. Israël est séparé de l’Egypte par le sang de l’Agneau pascal et par la colonne de nuée et de feu. Dans le commandement que l’Eternel leur donne: «Sortez et séparez-vous», son amour réveille l’homme en vue de l’action; et dans cette promesse: «Je te serai Dieu», l’amour divin stimule le désir de croire et fortifie la foi. Dans tous les saints, dans tous les serviteurs de Dieu, et enfin dans Celui qui était saint, sans tache, séparé des pécheurs, l’amour divin indique le chemin. Par la puissance du Saint-Esprit, de l’Esprit de sainteté, cet amour scelle la séparation par la présence même de Dieu, d’un Dieu qui demeure dans l’âme qui le reçoit. Voilà, en effet, ce qui donne à la séparation une réelle puissance. La puissance sanctifiante de la présence de Dieu, voilà ce qu’il nous importe de connaître. «A quoi connaîtra-t-on que nous avons trouvé grâce devant tes yeux, et moi, et ton peuple? Ne sera-ce pas quand tu marcheras avec nous, et quand nous serons distingués (separated) moi et ton peuple, de tous les peuples qui sont sur la face de la terre?». {Ex 33:16}

 

C’est le sentiment de la présence de Dieu qui nous a faits et nous maintient siens, qui produit la vraie séparation du monde et de l’esprit qui y règne, la séparation de nous-mêmes et de notre volonté propre. Et c’est dans la mesure où cette séparation est acceptée et appréciée par nous, et que nous y persévérons, que la sainteté de Dieu entre en nous et prend possession de tout notre être. Et nous ferons cette expérience qu’être la propriété du Seigneur, son peuple particulier, c’est infiniment plus que d’être simplement comptés et reconnus pour siens. Nous comprendrons que cela ne signifie rien moins que ceci, savoir: que Dieu, par l’habitation du Saint-Esprit en nous, remplit notre être, nos affections, notre volonté de sa propre vie et de sa sainteté. Il nous sépare pour lui, et il nous sanctifie pour que nous soyons, nous, le lieu de sa demeure, où il habite. Il vient lui-même pour prendre personnellement possession de notre cœur en y faisant habiter Christ par la foi. Nous sommes alors vraiment séparés, et tenus à part, par la présence de Dieu en nous.

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O mon Dieu! qui m’as séparé pour toi, je t’en supplie, fais par ta vertu toute-puissante que cette séparation soit pour moi une vérité, un fait. Qu’en moi, dans les profondeurs de mon propre esprit, et qu’au dehors, dans mes rapports avec mes frères, la tiare sainte qui doit me séparer pour toi soit placée constamment sur mon front. Je te prie surtout, ô mon Dieu! d’achever cette puissance de séparation pour tout ce qui concerne ma vieille nature. Que ta présence, par l’habitation de Christ en moi, soit le pouvoir qui renverse le MOI de son trône. O mon Père! révèle pleinement ton Fils en moi. Le fait seul qu’il sera le Roi de mon âme pourra me garder pour toi, comme ta propriété. Et accorde-moi cette grâce, Seigneur, que pour ma vie extérieure j’attende toute sagesse de toi, afin que je puisse rendre témoignage, pour ta gloire et pour les besoins de ton peuple, au bonheur qu’il y a dans un abandon de toutes choses entre tes mains, dans une séparation absolue et sans réserve, et dans le fait d’être à toi, et à toi seulement.

 

O Dieu saint! visite ton peuple. Oh! sépare tes rachetés et éloigne-les de toute conformité avec le monde. Sépare, ô Seigneur! sépare les tiens pour toi; sépare-les comme le feu sépare l’or des scories, afin qu’on voie qui sont ceux qui sont au Seigneur, ses saints. Amen.

 

1° L’amour sépare efficacement. Avec quel amour jaloux un mari réclame sa femme, une mère son enfant, un avare ce qu’il possède! Demandez à Dieu qu’il vous montre par son Saint-Esprit comment il vous a amenés vers lui pour que vous fussiez siens. «Il est un Dieu saint et jaloux». L’amour de Dieu répandu dans le cœur rend la séparation facile.

 

2° La mort sépare efficacement. Si je fais mon compte d’être vraiment mort avec Christ, je suis séparé de mon moi par la puissance de la’ mort de Christ. La vie sépare encore plus puissamment quand je dis: «Ce n’est pas moi qui vis, mais Christ qui vit en moi». Je suis élevé d’autant au-dessus de la vie du moi, de toute vie qui me soit personnelle.

 

3° La séparation commence dans l’amour et finit de même. L’esprit de séparation, c’est l’esprit de renoncement, d’abandon complet de soi-même à l’amour de Dieu; le chrétien le mieux séparé sera celui qui aime d’un plus grand amour, qui en gagne le plus par l’amour, celui qui est le plus complètement consacré au service de Dieu et de ses frères. L’amour qui se sacrifie, qui se donne, n’est-ce pas là ce qui sépare, ce qui distingue Jésus de tous les autres hommes? Voilà quelle a été pour lui sa séparation, par laquelle et dans laquelle nous devons lui être faits semblables.

 

4° La sainteté de Dieu, c’est sa séparation; entrons dans cette séparation du monde qui est la sienne, ce sera notre sainteté. Unis-toi à ton Dieu, tu seras alors séparé et saint. Dieu sépare pour lui-même, non par un acte venant du dehors, mais lorsque sa volonté et sa présence prennent possession de notre cœur.

 

{4} Voir la note B à la fin du volume.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

ONZIÈME JOUR

Le Saint d’Israël

 

Car je suis l’Eternel, votre Dieu, qui vous ai fait monter du pays d’Egypte pour être votre Dieu. {Le 11:45}

 

Le prêtre sera saint pour toi. car je suis saint, moi l’Eternel qui vous sanctifie. {Le 21:8}

 

Je suis l’Eternel, ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur.—Ainsi parle l’Eternel, votre Rédempteur, le Saint d’Israël—Je suis l’Eternel, votre Saint, le Créateur d’Israël, votre Roi. {Esa 43:3,14,15}

 

Dans le livre de l’Exode nous avons vu Dieu faisant provision de sainteté pour son peuple. Dans les jours saints, les lieux saints, les personnes saintes, les choses saintes et les services saints, il enseignait à son peuple que tout ce qui l’entoure, lui, le Saint, que tout ce qui veut s’approcher de lui doit être saint. Il ne voulait demeurer qu’au milieu de la sainteté; son peuple devait être un peuple saint. Mais il n’est pas fait mention là de Dieu lui-même comme Saint. Dans le livre du Lévitique nous faisons un pas de plus. {5} D’abord nous voyons Dieu parler de sa propre sainteté, et faire de cette sainteté une justification de la sainteté réclamée par lui de son peuple, en même temps que la garantie et la puissance de ce peuple. Sans cela la révélation de la sainteté serait incomplète, et l’appel à la sainteté impuissant. La vraie sainteté viendra à nous quand nous apprendrons que Dieu lui-même seul est saint. C’est lui, le Saint, qui seul sanctifie; c’est lorsque nous venons à lui et que nous sommes liés à lui par l’amour et l’obéissance que sa sainteté nous est communiquée.

 

Du Pentateuque au livre d’Esaïe, le prophète, il est rarement fait mention du nom de Dieu comme Saint, mais dans le livre de ce prophète, qu’on a pu appeler le prophète-évangéliste, nous l’y trouvons vingt-six fois, et sa vraie signification est révélée par la manière avec laquelle ce nom est lié au nom du Sauveur et Rédempteur. Les sentiments de joie, de confiance et de louanges avec lesquels un peuple racheté regarderait à son Libérateur sont tous mentionnés en relation avec le nom du Saint. «Pousse des cris de joie et d’allégresse, habitant de Sion! car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël». {Esa 19:6} «Les pauvres feront du Saint d’Israël le sujet de leur allégresse». {Esa 29:19} «Tu te réjouiras en l’Eternel et tu mettras ta gloire dans le Saint d’Israël». {Esa 41:16} En Eden nous avons vu que le Dieu créateur était aussi le Dieu qui sanctifie, perfectionnant ainsi l’œuvre de ses mains.

 

En Israël nous avons vu que Dieu, le Rédempteur, était en même temps le Dieu qui sanctifie le peuple qu’il s’est choisi pour lui-même. Ici, dans le livre d’Esaïe, nous voyons que c’est ce Dieu qui sanctifie, lui, le Saint, qui doit amener la grande rédemption de la nouvelle Alliance, et cela en tant qu’il est le Saint, le Rédempteur. Dieu rachète parce qu’il est saint: la sainteté sera la rédemption amenée à sa perfection. La rédemption et la sainteté se trouvent dans des relations personnelles avec Dieu. La clef du secret de la sainteté offerte à tout croyant se trouve dans cette parole: «Ainsi parle l’Eternel, votre Rédempteur, le Saint d’Israël: Je suis l’Eternel, votre Saint». S’approcher du Saint, le reconnaître, le posséder, et être possédé par lui, c’est la sainteté.

 

Si la sainteté de Dieu est la seule espérance de notre sainteté, il est juste que nous cherchions à savoir ce qu’est cette sainteté. Et remarquons tout d’abord que, quoique cette sainteté de Dieu nous soit souvent présentée comme un attribut divin, il est difficile de la mettre sur le même pied que les autres attributs. Les autres attributs ont tous rapport à quelque caractère spécial de la nature divine; la sainteté, au contraire, semble exprimer ce qui fait l’essence même ou la perfection de l’Etre divin lui-même. Aucun des attributs ne peut être donné comme indiquant tout ce qui appartient à Dieu; mais l’Ecriture parle du saint nom de Dieu, de son saint jour, de sa sainte demeure, de sa sainte Parole. Dans le mot saint nous avons l’expression la plus juste possible pour exprimer le sommaire de toutes les perfections divines, la description de ce qu’est la divinité. Nous parlons des autres attributs comme de perfections divines, mais ici, dans la sainteté, nous avons la seule expression que le langage humain puisse employer pour la perfection divine elle-même. C’est pourquoi les théologiens ont une si grande difficulté à donner une définition qui exprime assez exactement ce que ce mot signifie. {6} Le mot original hébreu, qu’il dérive d’une racine signifiant séparer, mettre à part, ou d’une autre signifiant briller, exprime l’idée d’une chose distincte des autres, séparée d’elles par une excellence supérieure. Dieu est différent et séparé de tout ce qui a été créé, et il se tient séparé de tout ce qui n’est pas Dieu; en tant que le Saint il maintient sa gloire et sa perfection divines contre tout ce qui voudrait y porter atteinte. «II n’y a point d’autre Saint que l’Eternel».—«A qui me comparerez-vous pour que je lui ressemble?» dit le Saint. En tant que le Saint, Dieu est, en effet, l’Incomparable; la sainteté lui appartient à lui seul; il n’y a rien de semblable dans les cieux et sur la terre, sinon lorsqu’il communique cette sainteté. Par conséquent, notre sainteté devra consister, non dans une séparation humaine dans laquelle nous chercherions à imiter celle de Dieu, non, mais à entrer dans ce qui constitue sa séparation, lui appartenir tout entiers, être mis à part par lui et pour lui.

 

A cette dernière idée est rattachée intimement l’idée de l’exaltation. «Ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint». {Esa 47:15} C’était le Saint que le prophète vit sur un trône très élevé, l’objet de l’adoration des séraphins. {Esa 6} Dans le Psaume {Ps 99} il est spécialement parlé de la sainteté de Dieu en relation avec son exaltation: «Exaltez l’Eternel, notre Dieu, et prosternez-vous devant son marchepied! Il est saint!»—«Il est élevé au-dessus de tous les peuples». Pour cette raison aussi sa sainteté est souvent mise en rapport avec sa gloire et sa majesté. (Voir le sixième jour). Et ici nous verrons que notre sainteté n’est que cette pauvreté d’esprit, cette humilité qui nous viennent lorsque la fierté de l’homme est humiliée, et que le Seigneur seul est exalté.

 

Et maintenant si nous demandons d’une manière plus précise en quoi consiste cette séparation et cette exaltation, nous en venons à penser à la pureté divine, et cela non seulement sous son aspect négatif, comme haine, horreur du péché, mais avec l’élément plus positif de la beauté parfaite. Parce que nous sommes pécheurs et que la révélation de la sainteté de Dieu nous est faite dans un monde de péché, il est juste et convenable que la première impression, que l’impression qui demeure, soit celle d’une pureté infinie, qui ne peut soutenir la vue du péché, et en la présence de laquelle le pécheur doit se cacher la face et trembler. La justice de Dieu, défendant, condamnant, punissant le péché, a ses racines dans sa sainteté, elle est l’un de ses deux éléments: la puissance dévorante et destructive du feu consumant. «Le Dieu saint sera sanctifié par la justice»; {Esa 5:16} la sainteté du Dieu saint est révélée et maintenue par la justice. La lumière ne révèle pas seulement ce qui est impur, afin qu’il soit purifié, mais elle est encore en elle-même d’une beauté infinie. Aussi quelques-uns des hommes les plus saints que l’Eglise ait connus n’ont-ils pas hésité de parler de la sainteté de Dieu comme de la beauté infinie de l’Etre divin, la parfaite pureté et la beauté de cette lumière inaccessible dans laquelle Dieu habite. Et si la sainteté de Dieu doit devenir nôtre, doit demeurer sur nous, entrer en nous, il doit y avoir sans cesse dans notre âme la crainte salutaire qui fait trembler à la pensée de contrister par nos péchés l’infinie sensibilité du Dieu saint; et, en même temps, en parfaite harmonie avec ce saint tremblement, le désir ardent, profond, de contempler la beauté de l’Eternel, une vive admiration de sa gloire divine et un don joyeux et complet de soi-même à Dieu.

 

Mais nous devons faire un pas de plus. Quand Dieu dit: «Je suis saint; je suis l’Eternel qui vous sanctifie», nous voyons qu’un des principaux éléments de sa sainteté est celui-ci, c’est qu’elle cherche à se communiquer, à rendre les hommes participants de sa propre perfection et des bénédictions qu’elle apporte; ce qui n’est pas autre chose que l’amour. Dans la merveilleuse révélation qui, dans le livre d’Esaïe, nous enseigne ce qu’est le Saint pour son peuple, nous devons prendre garde de tordre la précieuse parole. Il n’y est pas dit, en effet, que quoique Dieu soit le Saint, qu’il haïsse le péché, et qu’il doive le punir et le détruire, néanmoins il veut nous sauver. Nullement. Mais nous y voyons, au contraire, que parce qu’il est le Saint, précisément à cause qu’il est le Saint, dont la joie et les délices sont de sanctifier, il veut être le Libérateur de son peuple-. {Voir Os 2:9}

 

C’est à rechercher la sainteté, à la contempler, à mettre en elle notre confiance et à nous en réjouir que nous sommes invités pardessus toute autre chose. Le Dieu saint est le Dieu qui sanctifie; il nous rachète et nous sauve afin de gagner notre confiance, afin de nous attirer à lui, comme à Celui qui est saint, et afin que par un attachement personnel à lui-même nous puissions apprendre à obéir, à devenir un même esprit avec lui, à être saints comme il est saint.

 

La sainteté divine est donc cette perfection infinie de la divinité, dans laquelle la justice et l’amour sont en parfaite harmonie, harmonie d’ailleurs dont elle procède et qu’elles révèlent l’une et l’autre. C’est cette énergie de la vie divine dans la puissance de laquelle Dieu reste non seulement éloigné de toute faiblesse et de tout péché de la créature, mais encore par laquelle il cherche incessamment à élever la créature à une union avec lui et à une pleine participation de sa propre pureté et de sa perfection. La gloire de Dieu, comme Dieu, comme le Dieu de la rédemption, c’est sa sainteté. C’est en cela que, même au-dessus de tout ce que nous pouvons concevoir, la séparation et l’exaltation de Dieu consiste réellement. «Dieu est lumière»; par sa pureté infinie il révèle toutes ténèbres et n’a cependant aucune communion avec les ténèbres. Il les juge et les condamne; il en délivre le pécheur et l’élève jusqu’à la communion de sa propre pureté et de sa félicité. Voilà le Saint d’Israël.

 

C’est ce Dieu-là qui nous parle et nous dit; «Je suis l’Eternel, votre Dieu, je suis saint, je sanctifie». C’est dans la contemplation pleine d’adoration de sa sainteté, dans un abandon plein de confiance à cette sainteté, dans une communion d’amour avec lui, le Saint, que nous pouvons être rendus saints. Mon frère, veux-tu être saint? Ecoute, et, dans le silence et le recueillement d’une âme qui a foi en Dieu, laisse descendre dans ton âme les paroles qu’il t’adresse, lui, ton Saint, «le Saint d’Israël». Viens à lui, et réclame-le comme ton Dieu, et demande de lui tout ce que, comme Dieu saint, qui sanctifie, il peut faire pour toi. Souviens-toi que la sainteté c’est lui-même. Viens à lui; adore-le; donne-lui gloire. Ne cherche pas, ou, plutôt, ne lui demande pas une sainteté qui puisse se trouver en toi-même; que ton moi soit dans la poussière; et sois heureux que la sainteté vienne de lui uniquement. Selon que sa présence remplira ton cœur, que sa sainteté et sa gloire seront ton unique désir, que sa sainte volonté et son amour feront tes délices, enfin, selon que le Dieu saint sera tout en toi, tout pour toi, dans cette mesure tu seras saint de la sainteté qu’il aime à voir chez les siens. Et selon que jusqu’à la fin tu ne verras rien à admirer en toi, et qu’en lui tu ne verras que beauté, dans cette mesure encore tu comprendras qu’il t’a revêtu de sa gloire, et tu trouveras ta sainteté dans cet hymne du peuple de Dieu: «Il n’y a point d’autre saint que toi, ô Eternel!» «Soyez saints, car je suis saint».

 

O Dieu! nous avons entendu encore une fois la merveilleuse révélation que tu nous as faite de Toi: «Je suis saint». Et comme nous avons senti combien ta sainteté est infiniment exaltée au-dessus de toutes nos pensées, nous avons entendu ton appel plus merveilleux encore: «Soyez saints, car je suis-saint». Et alors que nous ne savions comment arriver à comprendre de quelle manière nous devions devenir saints comme toi-même es saint, nous avons entendu ta voix nous dire encore cette parole admirable: «Je vous sanctifie. Je suis votre Saint». Amen.

 

1° Ce Saint, c’est Dieu, le Tout-Puissant. Avant de se révéler à Israël comme le Saint, il s’était fait connaître à Abraham comme 1e Tout-Puissant, qui ressuscite les morts. {Heb 11:19} Dans toute votre conduite avec Dieu, en vue de la sainteté, souvenez-vous qu’il est le Tout-Puissant, qui peut faire en vous des merveilles. Dites souvent: «Gloire à Celui qui peut, par la puissance qu’il déploie en nous, faire infiniment au delà de tout ce que nous demandons et pensons!»

 

2° Ce Saint est le Dieu juste, un feu consumant. Jetez-vous vous-mêmes dans ce feu, afin que tout ce qu’il y a en vous de criminel, de coupable soit détruit. Lorsque vous vous placez sur l’autel, attendez-vous à ce que le feu y descende. Et «livrez, consacrez vos membres à Dieu comme des instruments de justice».

 

3° Ce Saint est le Dieu d’amour. Il est votre Père; livrez-vous à lui, afin que le Saint-Esprit crie en vous;; «Abba!» (Père) en d’autres termes, afin de le laisser y répandre abondamment l’amour du Père. La sainteté de Dieu, c’est son amour paternel; notre sainteté, c’est notre ressemblance comme enfants du Père. Soyez simples, aimants, confiants.

 

4° Ce Saint, c’est Dieu. Qu’il soit bien réellement Dieu pour vous! Qu’il gouverne tout, remplisse tout, fasse toute l’œuvre en vous. Adorez-le; approchez-vous de lui; vivez avec lui, en lui et pour lui. Il veut être, lui, votre sainteté.

 

{5} «Car je suis l’Eternel, votre Dieu; vous vous sanctifiez et vous serez saints, car je suis saint.—Car je suis l’Eternel, votre Dieu, qui vous ai fait monter du pays d’Egypte pour être votre Dieu. {Le 11:44,45} «Soyez saints, cap je suis saint, moi, l’Eternel, votre Dieu.» {Le 19:2} «Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis l’Eternel, votre Dieu: vous observerez mes lois et vous les mettrez en pratique. Je suis l’Eternel, qui vous sanctifie.—Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Eternel; je vous ai séparés des peuples, afin que vous soyez à moi.—Vous ne profanerez point mon saint nom afin que je sois sanctifié au milieu des enfants d’Israël. Je suis l’Eternel, qui vous sanctifie. {Le 20:7:8-20,26; 22:32} «Je suis l’Eternel, qui les sanctifia.» {Le 22:9:16}

 

{6} Voir la note C pour quelques-unes des différentes définitions données.

 

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

DOUZIÈME JOUR

Le Dieu trois fois saint

 

Je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils criaient l’un à l’autre et disaient: Saint, saint, saint est l’Eternel des armées! Toute la terre est pleine de sa gloire. {Esa 6:3} Ils ne cessaient de dire jour et nuit: Saint! saint! saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, qui était, qui est, et qui vient! {Ap 4:8}

 

Ce n’est pas seulement sur la terre, mais aussi dans le ciel que la sainteté de Dieu est son principal et son plus glorieux attribut. Ce n’est pas seulement sur la terre, mais aussi dans le ciel que les élans de l’inspiration et de l’adoration la plus élevée font mention de sa sainteté. Les plus glorieux des êtres vivants, ceux qui sont sans cesse devant le trône de Dieu, mettent leur gloire à adorer et à proclamer la sainteté de Dieu. Il ne peut assurément y avoir pour nous un honneur plus grand que celui d’étudier, de connaître et de proclamer hautement la gloire du Dieu trois fois saint.

 

Après Moïse, nous le savons, Esaïe a été le principal messager de la sainteté de Dieu. L’un et l’autre, pour la tâche qui leur incombait de faire connaître le Dieu saint, avaient eu une préparation spéciale. Moïse avait vu le Saint dans le feu du buisson, et il cacha sa face et craignit de regarder Dieu; il fut ainsi préparé à être son messager et à le louer comme le Dieu «magnifique en sainteté». Esaïe, lorsqu’il entendit le cantique des séraphins et vit le feu sur l’autel, et la maison qui se remplissait de fumée, s’écria: «Malheur à moi!» Ce ne fut que lorsque, dans le sentiment du besoin qu’il avait d’être purifié, il eut reçu l’attouchement du feu et en même temps la purification de ses péchés, qu’il se sentit capable de porter à Israël l’Evangile du Saint comme son Rédempteur. Que ce soit aussi avec un esprit de crainte et d’humble adoration que nous écoutions le cantique des séraphins, et que nous cherchions à connaître le Dieu trois fois saint! Et que ce soit aussi pour nous par le feu purificateur que nos lèvres soient rendues capables de raconter au peuple de Dieu que son Dieu est le Saint d’Israël, leur Rédempteur! La triple répétition du mot saint, a, à travers tous les siècles de l’histoire de l’Eglise chrétienne, été mise en relation avec la sainte trinité. Le cantique des quatre êtres vivants devant le trône de Dieu rend évidente la vérité de cette pensée. {Ap 4:8} Car nous le trouvons là suivi de l’adoration de «Celui qui était, qui est et qui vient, le Tout-Puissant»; la source éternelle, la manifestation actuelle dans le Fils, et l’achèvement futur de la révélation de Dieu par l’œuvre de l’Esprit dans son Eglise. Cette vérité, la sainte trinité, est souvent considérée comme une doctrine abstraite, n’ayant que peu de portée pour la vie pratique. Bien loin que ce soit le cas, une foi vivante doit trouver là une de ses racines les plus puissantes; car une vue spirituelle des relations et de l’œuvre de chacune des personnes de la trinité, et de la réalité de leur unité vivante est un élément essentiel d’une vraie croissance dans la connaissance et l’intelligence des choses spirituelles. {7}

 

Considérons ici la trinité spécialement avec la sainteté de Dieu, et comme la source de notre propre sainteté. Que signifie que nous adorions le Dieu trois fois saint? Dieu n’est pas seulement saint, mais il est encore Celui qui sanctifie; dans la révélation des trois personnes de la trinité, nous avons la révélation du moyen par lequel Dieu nous sanctifie. La trinité nous enseigne que Dieu s’est révélé à nous de deux manières. Le Fils est «la forme de Dieu», sa manifestation lors qu’il se montre à l’homme, l’image en laquelle s’est incorporée sa gloire invisible, et à laquelle l’homme doit être rendu conforme. L’Esprit est la puissance de Dieu, agissant dans l’homme et le conduisant à cette image. En Jésus-Christ, Celui qui était en forme de Dieu a pris la forme d’un homme, et la sainteté divine a été littéralement manifestée sous la forme d’une vie humaine et des membres d’un corps humain. Une nature humaine nouvelle et sainte a été formée en Christ afin de nous être communiquée. Dans sa mort, sa propre sainteté a été rendue parfaite par une obéissance humaine, et ainsi la puissance du péché a été conquise, brisée. Par conséquent, dans la résurrection, et par l’Esprit de sainteté, Jésus fut déclaré Fils de Dieu, avec le pouvoir de nous communiquer sa vie. Là, l’Esprit de sainteté fut débarrassé des entraves qui empêchaient son œuvre, et il obtint le pouvoir d’entrer dans l’homme et d’y demeurer. Le Saint-Esprit fut répandu comme le fruit de la résurrection et de l’ascension. Et l’Esprit est maintenant la puissance de Dieu en nous, agissant pour nous élever et pour nous conduire à Christ, pour reproduire sa vie et sa sainteté en nous, pour nous rendre capables de recevoir et de manifester pleinement dans notre vie Celui qui nous a sauvés. Christ vient d’en haut comme l’incorporation de la sainteté invisible de Dieu; le Saint-Esprit nous élève de notre poussière à la rencontre de Christ et nous rend capables de recevoir et de nous approprier tout ce qui est en lui.

 

La trinité que nous adorons est le Dieu trois fois saint; le mystère de la trinité est le mystère de la sainteté; la gloire et la puissance de la trinité sont en même temps la gloire et la puissance du Dieu qui sanctifie. Il y a Dieu, qui habite une lumière inaccessible, un feu consumant d’amour pur et saint, qui détruit tout ce qui lui résiste, et élève à sa pureté et à sa sainteté tout ce qui se soumet à lui. Il y a le Fils, qui se jette dans ce feu consumant, soit que ce feu se manifeste dans la félicité éternelle du ciel, soit qu’il se manifeste dans l’explosion du courroux de Dieu sur la terre; le Fils, dis-je, s’y jette comme une vivante et volontaire offrande pour en être l’aliment, comme aussi pour être la révélation du pouvoir qu’il a de détruire et de sauver. Enfin, il y a l’Esprit de sainteté, feu puissant, dont les flammes s’étendent de tous côtés, convainquant de péché, jugeant comme Esprit de feu et transformant pour lui donner son propre éclat et sa propre sainteté tout ce qu’il peut atteindre. Toutes les relations qui existent entre ces trois personnes divines, et qui existent entre elles et nous, ont leur source et leur signification dans la révélation de Dieu comme le Saint. Dans la mesure où nous le connaissons et où nous avons part à sa vie, dans, cette mesure nous connaîtrons sa sainteté et y participerons. Et comment le connaîtrons-nous? Apprenons à connaître la sainteté de Dieu comme le font les séraphins: en adorant le Dieu trois fois saint. Couvrons-nous la face et joignons-nous sans cesse au cantique d’adoration: «Saint! saint! saint est l’Eternel des armées!» Que chaque fois que nous méditons la Parole, chaque prière que nous adressons au Dieu saint, chaque acte de foi en Christ, le Saint et le Juste, que tout service que nous faisons dans une humble dépendance du Saint-Esprit soit accompli dans l’esprit d’adoration de ce cantique: «Saint! saint! saint est l’Eternel notre Dieu!» Apprenons à connaître la sainteté de Dieu comme Esaïe l’a fait, lui qui était un des messagers choisis de Dieu pour révéler et pour interpréter à son peuple le nom du Saint d’Israël. La préparation du prophète comme tel avait eu lieu dans une vision qui le fit pousser le cri: «Malheur à moi! Car mes yeux ont vu le Roi, l’Eternel des armées!» Prosternons-nous dans le silence devant le Saint, jusqu’à ce que notre beauté même soit changée en corruption. Puis, croyons au feu purificateur de l’autel, à la vertu de l’attouchement du charbon ardent pris sur l’autel, charbon qui non seulement consume, mais purifie les lèvres et le cœur, et leur fait tenir ce langage: «Me voici, envoie-moi». {Esa 6:8} Oui, adorons, soit comme les séraphins, soit comme le prophète, qui était tout tremblant; adorons jusqu’à ce que nous sachions que notre service aussi est accepté pour publier hautement la louange du Dieu trois fois saint.

 

Saint! saint! saint! Si nous devons être, en effet, les messagers du Dieu saint, cherchons à comprendre toute la signification de ce triple cri d’adoration: Saint! le Père, Dieu au-dessus de nous, haut élevé, qu’aucun homme n’a vu ni ne peut voir, dont la sainteté est inaccessible, mais qui, dans sa sainteté, s’approche de nous pour nous sanctifier. Saint, le Fils, Dieu avec nous, révélant dans une vie humaine la sainteté divine, la conservant au milieu de ses souffrances et de sa mort pour nous, et préparant pour son peuple une nature et une vie saintes. Saint, l’Esprit, Dieu en nous, la puissance de la sainteté en nous, nous faisant atteindre et embrasser la stature de Christ, et transformant notre vie intérieure par une union et une communion avec Celui par qui et en qui nous sommes saints. Saint! saint! saint! tout est sainteté. Ce n’est que sainteté, parfaite sainteté. Voici ce qu’est la sainteté cachée et inaccessible; une sainteté manifestée et maintenue dans une vie humaine; une sainteté communiquée et faite nôtre. Le mystère de la sainte trinité est le mystère de la vie chrétienne, le mystère de la sainteté. Les Trois sont un; et nous devons nous pénétrer toujours plus profondément de cette vérité, c’est qu’aucune des trois personnes de la trinité ne travaille jamais séparément ou d’une manière indépendante l’une de l’autre. Le Fils révèle le Père, et le Père révèle le Fils. Le Père ne se donne pas lui-même, mais l’Esprit; l’Esprit ne parle pas de lui-même, mais il crie en nous: «Abba!» (Père). Le Fils est notre sanctification, notre vie, notre tout; «toute plénitude habite corporellement en lui». Et cependant nous devons sans cesse nous prosterner aux pieds du Père pour qu’il révèle en nous son Fils, pour qu’il établisse Christ dans notre âme. Et le Père n’établit point Christ en nous sans l’Esprit; nous devons donc demander d’être puissamment fortifiés par l’Esprit, afin que Christ habite en nous. Christ donne l’Esprit à ceux qui croient en lui, qui l’aiment et qui lui obéissent; et l’Esprit, à son tour, donne Christ, le forme en nous et l’y fait habiter. Et ainsi dans chaque acte d’adoration, à chaque pas dans la croissance, dans chaque expérience bénie que nous faisons de la grâce de Dieu, les trois personnes de la divinité sont activement engagées: le Dieu un étant toujours trois, les trois toujours un.

 

Enfants de Dieu, appelés à être saints comme lui aussi est saint, oh! prosternons-nous et adorons en sa sainte présence! Venez et couvrez-vous la face; détournez vos yeux et vos esprits de la contemplation de choses qui surpassent toute intelligence, et que votre âme se recueille dans ce silence intime dans lequel le culte du sanctuaire céleste peut seul avoir lieu. Venez, et comme les séraphins couvrez-vous les pieds; tenez-vous pour un peu de temps à l’écart du bruit de votre activité et de votre vie pressée, que ce bruit soit un bruit mondain ou même un bruit religieux, et apprenez à adorer. Venez, et quand vous vous prosternerez dans l’humiliation qui vous convient, la gloire du Saint brillera sur vous. Et lorsque vous entendrez, que vous saisirez et chanterez le cantique: Saint! saint! saint! vous comprendrez comment dans cette connaissance et ce culte du Dieu trois fois saint se trouve la puissance qui peut vous rendre saints.

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

Saint, saint, saint, Seigneur Dieu tout-puissant, qui étais, qui es et qui viens, je t’adoré comme le Dieu trois fois saint. Me couvrant la face et les pieds, je voudrais me prosterner devant toi dans une profonde humilité et dans le silence jusqu’à ce que ta miséricorde me relève, et m’élève comme sur des ailes d’aigle pour contempler ta gloire.

 

Dieu des miséricordes qui m’a appelé à être saint comme tu es saint, oh! révèle-moi quelque chose de ta sainteté! Lorsqu’elle brille dans mon âme et fait mourir en moi ce qui est charnel et terrestre, fais que même les souillures les plus involontaires du péché disparaissent de mon cœur, et que les mouvements les plus imperceptibles de la chair me deviennent intolérables. Lorsqu’elle brille d’une divine lumière et ravive en moi l’espérance d’être fait participant de ta sainteté, fais grandir dans mon âme la confiance, l’assurance que toi-même tu veux me sanctifier entièrement, et que tu veux même faire de moi un messager de ta sainteté.

 

O Dieu trois fois saint! je t’adore comme mon Dieu! SAINT, toi, LE PÈRE, qui es saint et qui sanctifies, toi qui as sanctifié ton propre Fils, et l’as envoyé dans le monde afin que nous puissions contempler la gloire de Dieu dans une figure humaine, la face bénie de Jésus-Christ! SAINT, toi, LE FILS, le Saint de Dieu accomplissant la volonté du Père, et qui t’es sanctifié toi-même pour nous, afin de pouvoir être notre sanctification, notre sainteté. SAINT, toi, LE SAINT-ESPRIT; l’Esprit de sainteté qui, venant demeurer en nous, nous fait possesseurs du Fils et de sa sainteté, nous rendant ainsi participants de la sainteté de Dieu. O mon Dieu! je me prosterne devant toi, je te rends le culte qui t’appartient, je t’adore. Que l’adoration du ciel dont les accents se font entendre incessamment soit, même ici-bas, l’adoration que mon âme te rende sans cesse! Que le cantique de ce culte qui t’est rendu par les séraphins et par tes rachetés devant ton trône soit, dans les profondeurs de mon âme, la note dominante de ma vie: SAINT.’ SAINT.’ SAINT.’ le Seigneur Dieu tout-puissant qui étais, qui es et qui viens! Amen.

 

1° L’idée, la pensée a toujours besoin de distinguer, de séparer: la vie seule renferme une parfaite unité. Plus nous connaîtrons le Dieu vivant, plus nous réaliserons combien réellement le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un. Dans chacun des actes d’une personne les deux autres personnes sont présentes. Il ne s’élève pas une prière à Dieu que la présence des trois personnes divines ne soit nécessaire: au nom de Christ, par l’Esprit, nous parlons au Père.

 

2° Saisir ceci par la foi, c’est saisir le secret de la sainteté. Le Dieu saint au-dessus de nous, donnant et agissant sans cesse; le Saint de Dieu, Jésus-Christ, le don vivant, qui a pris possession de nous, et en qui nous sommes; le Saint-Esprit, Dieu en nous, par qui le Père agit et le Fils est révélé; voilà le Dieu qui nous dit::«Je suis saint; je suis Celui qui sanctifie». Dans la parfaite unité de l’œuvre des trois personnes divines se trouve la sainteté.

 

3° Il n’y a rien qui doive nous étonner si l’amour du Père et la grâce du Fils n’accomplissent pas davantage, lorsque la communion du Saint-Esprit est peu comprise, peu recherchée ou peu acceptée. Le Saint-Esprit est le fruit et le couronnement de la révélation divine, Celui par qui le Fils et le Père viennent à nous. Si vous voulez connaître Dieu, si vous voulez être saint, vous devez être enseigné et conduit par le Saint-Esprit.

 

4° Toutes les fois que vous rendez au Dieu trois fois saint votre culte et que vous l’adorez, écoutez attentivement si aucune voix ne se fait entendre: «Qui enverrai-je? Qui ira pour nous?». {Esa 6:8} Et faites entendre cette réponse: «Me voici, envoie-moi», vous offrant à être pour ceux qui vous entourent un messager de la sainteté de Dieu.

 

5° Quand dans la méditation et l’adoration vous avez cherché à recevoir et à exprimer ce que la Parole de Dieu vous a enseigné, alors vient le moment pour vous de confesser votre ignorance et de vous attendre à Dieu pour qu’il se révèle lui-même à vous.

 

{7} Nous voyons dans la nature comme une contrepartie de la nécessité divine et de la signification de la doctrine de la trinité. Dans tout objet vivant qui existe, nous distinguons en premier lieu la vie, puis la forme sous laquelle cette vie se manifeste: enfin la puissance ou l’effet que le résultat de la vie, agissant sous sa forme ou sa manifestation, produit. Nous avons ainsi Dieu comme l’invisible, la source de la vie: le Fils comme forme ou image de Dieu, manifestation de la vie invisible, et le Saint-Esprit comme puissance de cette vie qui procède du Père et du Fils, et qui accomplit le plan de la volonté de Dieu dans l’Eglise. En appliquant cette pensée à Dieu, comme à Celui qui est le Saint, nous comprendrons mieux la place du Fils et de l’Esprit lorsqu’ils nous apportent la sainteté de Dieu.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

TREIZIÈME JOUR

Sainteté et humilité

 

Ainsi parle le Très-Haut dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint: J’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté; mais je suis avec l’homme contrit et humilié, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les cœurs contrits. {Esa 57:15}

 

La révélation que nous avons en Esaïe, le Saint, comme Rédempteur et Sauveur de son peuple est bien admirable. Dieu veut, en tant que Saint, habiter au milieu du peuple qu’il a créé et qu’il s’est formé pour lui-même, manifestant sa puissance et sa gloire, et les remplissant de joie et d’allégresse. Cependant toutes ces promesses sont relatives au peuple dans son ensemble. Notre texte de ce jour nous révèle un trait nouveau et tout particulièrement beau de la sainteté divine dans ses relations avec l’individu. Le Très-Haut, dont le nom est saint, et dont la demeure est éternelle, regarde à l’homme contrit et humilié; il est avec cet homme; il veut demeurer auprès de lui. La sainteté de Dieu se montre dans son amour plein de condescendance. De même qu’il est un feu consumant pour tous ceux qui s’enorgueillissent et qui s’exaltent eux-mêmes devant lui, il est pour l’esprit des humbles semblable à un soleil brillant, faisant revivre le cœur, et donnant la vie. La profonde signification de cette promesse apparaît clairement lorsque nous la rapprochons des autres promesses des temps de la nouvelle Alliance. Le trait caractéristique de la nouvelle Alliance, dans ce qui la rend supérieure à l’ancienne, c’est que, tandis que dans la loi et ses institutions tout était extérieur, tout dans le royaume de Dieu inauguré par la nouvelle Alliance veut être intérieur. La loi de Dieu donnée et écrite dans le cœur, un nouvel esprit mis au dedans de nous, l’Esprit même de Dieu donné pour demeurer avec notre esprit, tellement que le cœur et la vie intérieure soient rendus capables de devenir le temple, la demeure de Dieu, voilà ce qui constitue le privilège particulier du ministère de l’Esprit. Notre texte est peut-être le seul dans l’Ancien Testament, où cette habitation du Dieu saint, non seulement au milieu du peuple, mais dans le cœur du croyant, est clairement révélée. C’est en ceci que les deux aspects de la sainteté divine devaient atteindre leur complète manifestation: «J’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté; je suis avec l’homme contrit et humilié». Dans son ciel, dans ces lieux hauts et saints, et dans notre «cœur, contrit et humilié, Dieu a sa demeure»

 

La sainteté de Dieu, c’est sa gloire qui, par une distance infinie, se sépare non seulement du péché, mais même de la créature, cette gloire l’élevant bien au-dessus de cette dernière. La sainteté de Dieu, c’est son amour qui l’attire en bas vers le pécheur, afin de l’élever à sa communion et à sa ressemblance, et de le rendre saint comme lui est saint. Le Dieu saint cherche celui qui est humble; celui qui est humble trouve le Dieu saint: voilà les deux leçons que nous avons à apprendre aujourd’hui.

 

Le Dieu saint cherche celui qui est humble. Rien n’a tant d’attraits pour Dieu qu’un cœur humilié, contrit. La raison en est évidente. Il n’y a pas, dans le monde de la nature, comme dans le monde spirituel, une loi plus simple, que celle-ci, c’est que deux corps ne peuvent en même temps occuper le même espace. Le nouvel occupant ne peut réellement posséder que l’espace qu’il a fait évacuer par l’ancien. Dans l’homme, le moi est maître de la place, la volonté propre possède tout; il n’y a pas de place pour Dieu. Il est absolument impossible que Dieu vienne régner dans un cœur lorsque le moi en occupe encore le trône. Aussi longtemps que sous l’influence aveuglante du péché et de l’amour de soi-même, le croyant lui-même n’est pas vraiment conscient de l’étendue du règne de la volonté propre, il ne peut y avoir ni contrition, ni humilité véritable.

 

Mais lorsque l’Esprit de Dieu nous a révélé, et que notre âme voit enfin que c’est bien le moi qui a tenu secrètement Dieu à distance, oh! avec quelle confusion elle est brisée, et combien elle soupire après une rupture complète avec ce moi égoïste, afin que Dieu puisse avoir la place à laquelle il a droit! C’est cette rupture voulue et entretenue qui est exprimée par ce mot contrition. Et lorsque l’âme voit quelle a été sa folie et sa culpabilité en honorant secrètement le moi et en empêchant le Dieu saint d’occuper la place que son droit de Créateur lui avait donnée en nous, et qu’il aurait remplie avec tant de bénédictions pour notre âme, cette dernière se jette dans la poussière, n’ayant qu’un seul désir: donner à Dieu la place et la louange qui lui sont dues.

 

Pareille contrition et pareille humiliation sont douloureuses, car l’une et l’autre amènent l’âme à ne voir plus rien en elle-même sur quoi se reposer, ou qui lui permette d’espérer. Et moins que tout cela; elle ne saurait croire ou s’imaginer qu’elle peut devenir un objet de la bienveillance divine, un vase capable de recevoir une bénédiction venant de Dieu. Et cependant, voilà justement le message que la Parole du Seigneur apporte à notre foi. Elle nous annonce que le Très-Haut, dont le nom est saint, cherche et se prépare une demeure sur la terre. Elle nous, dit précisément ce qu’un cœur humble et contrit ne pouvait imaginer ou penser, et que, même maintenant, ce cœur peut à peine croire, c’est que c’est justement et seulement dans un pareil cœur que Dieu veut habiter. Ce sont ces cœurs-là dans lesquels Dieu peut se glorifier, dans lesquels la place est faite pour lui, afin qu’il occupe la place du moi, et qu’il la remplisse de sa divine présence. Le Saint cherche les humbles. C’est lorsque nous reconnaissons qu’il n’y a rien en nous à admirer, et sur quoi nous puissions nous appuyer, que Dieu voit en nous tout à admirer et sur quoi il peut compter, parce qu’il y a une place libre et toute prête pour lui. Le cœur humilié est la demeure du Dieu saint.

 

Le cœur humble trouve le Dieu saint. C’est lorsque la conscience de notre péché et de notre faiblesse, et la découverte que nous avons faite de tout ce qui reste en nous du moi nous fait craindre de ne jamais pouvoir arriver à la sainteté, c’est alors, dis-je, que le Dieu saint se donne à nous. Ce n’est point lorsque regardant à vous-même vous cherchez à vous rendre compte si vous êtes suffisamment humble et contrit, non, mais c’est lorsque, cessant de vous contempler vous-même, parce que vous désespérez de voir jamais en vous autre chose que du péché, vous regardez au Dieu saint, alors seulement vous vous apercevez que sa promesse est votre seule espérance. C’est dans la foi et par la foi que le Saint est révélé à l’âme humble et contrite. La foi est toujours le contraire de ce que nous voyons ou sentons; elle regarde à Dieu seul. Et cette foi donne à l’âme cette confiance que, dans le sentiment profond de notre souillure, et avec la crainte que nous avons de ne jamais arriver à la sainteté, Dieu, le Saint, qui nous sanctifie, est près de nous comme Rédempteur et comme Sauveur. De plus, la foi nous rend capables d’être contents dans notre humiliation et dans le sentiment de notre indignité et de notre pauvreté, en même temps qu’elle nous fait nous réjouir dans l’assurance que Dieu lui-même prend possession du cœur contrit et lui rend la vie. Heureuse l’âme qui est prête à apprendre cette leçon, c’est là que, tout le long du chemin, elle aura à faire l’expérience simultanée de la faiblesse et de la puissance, de la pauvreté et de l’abondance, de la profonde et réelle humiliation, comme aussi de la merveilleuse habitation en elle du Dieu saint. Ceci est, en effet, le profond mystère de la vie divine. Pour la raison humaine c’est un paradoxe. Quand Paul dit de lui-même: «Comme mourant, et voici nous vivons; comme affligés, et cependant nous réjouissant sans cesse; comme n’ayant rien, et cependant possédant toutes choses», il ne fait qu’exprimer la loi du royaume de Dieu qui est que, dans la mesure où le moi est détrôné et anéanti, Dieu devient tout en nous. A côté du sentiment profond de néant et de faiblesse, le sentiment de richesses infinies et de joies ineffables peut remplir le cœur. Quelque intense et bénie que soit l’expérience de la proximité, de la félicité, de l’amour et de l’habitation actuelle du Saint en nous, ce n’est jamais une habitation qui ait lieu dans ma vieille nature, dans le moi; c’est toujours, au contraire, la divine présence humiliant le moi, afin de faire place à Dieu et que lui seul soit exalté. La puissance de la mort de Christ, la communion de sa croix agit sans cesse et en même temps avec la puissance et la joie de sa résurrection. «Celui qui s’abaisse sera élevé». Dans la vie de la foi l’humiliation et l’exaltation sont simultanées, l’une dépendant de l’autre.

 

Le cœur humble trouve le Dieu saint, et quand il l’a trouvé, la possession qu’il en a l’humilie d’autant plus. Non qu’il n’y ait pas de danger pour la chair de s’exalter dans la possession du Dieu trois fois saint; mais, le danger connu, le cœur humble recherche la grâce de craindre continuellement Celui qui doit être craint, d’une crainte qui le fait s’attacher toujours plus fermement à Dieu seul. Ne vous imaginez jamais avoir atteint un état dans lequel le moi ou la chair sont absolument morts. Non; mais par la foi vous entrez et vous demeurez dans une communion avec Jésus, en qui ils sont crucifiés; si vous demeurez en lui, vous êtes affranchi de leur domination, mais seulement en tant que vous habitez en lui, que vous croyez, et qu’en croyant vous êtes sorti de votre moi pour demeurer en Jésus. Par conséquent, plus la grâce de Dieu abonde, plus l’habitation du Saint en nous devient sensible et précieuse, plus aussi le cœur devient humble. Le danger qui vous menace est plus grand, mais le secours sur lequel vous pouvez compter est plus près maintenant; contentez-vous de constater en tremblant le danger, cela vous rendra courageux, plein de hardiesse pour réclamer dans la foi la victoire.

 

Croyants, qui confessez votre néant, et qui faites profession de n’avoir de confiance que dans la grâce, je vous en prie, écoutez ce merveilleux message. «Le Très-Haut dont la demeure est éternelle, et dont le nom est saint, Celui qui habite dans les lieux élevés et dans la sainteté» cherche une demeure ici-bas. Voulez-vous la lui donner? Ne voulez-vous pas vous prosterner dans la poussière afin qu’il trouve en vous le cœur humble dans lequel il aime à habiter? Ne voulez-vous pas croire maintenant que, même en vous, quelque misérable et brisé que vous vous sentiez, Il se réjouit de faire sa demeure? «Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux». Oh! voilà le chemin de la sainteté! Soyez humbles, et la sainte proximité, la divine présence de Dieu en vous sera votre sainteté. Lorsque vous entendez le commandement: «Soyez saints comme je suis saint», que la foi réclame ce qui lui est promis, et qu’elle réponde: «Je veux être saint, ô Dieu très saint! si toi qui es le Saint veux demeurer en moi».

 

«Soyez saints comme je suis saint».

 

O Seigneur! tu es le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint. Et cependant tu dis: «J’habite dans les lieux élevés et saints, et avec celui dont le cœur est contrit et humilié». Oui, Seigneur, lorsqu’une âme se met à la dernière place, lorsqu’elle a d’elle-même des pensées humbles et qu’elle sent son néant, toi, le Saint, tu aimes à venir et à consoler cette âme, à habiter en elle et à la vivifier.

 

O mon Dieu! le néant de mon être m’humilie; mes nombreuses transgressions m‘humilient; ma méchanceté innée m’humilie; mais ce qui m’humilie plus que toute autre-chose c’est ta condescendance infinie et l’ineffable habitation que tu m’accordes de ta personne divine. C’est ta sainteté en Christ portant notre péché et consentant à demeurer en nous, ô Dieu! c’est ton amour qui surpasse toute intelligence, qui m’humilie. Je t’en supplie que cet amour fasse son œuvre en moi jusqu’à ce que le moi se cache et fuie h la présence de ta gloire et que toi seul tu sois tout en moi. Amen.

 

1° Humilité et sainteté. Tenez ferme le rapport intime entre ces deux choses. L’humilité me met à la place qui me convient, à moi, pécheur; la sainteté donne à Dieu la place qui seule est digne de lui. Si je consens à n’être rien devant lui, et que Dieu soit tout pour moi, je suis sur la vraie voie de la sainteté. L’humilité est la sainteté parce qu’elle donne toute gloire à Dieu.

 

2° Plusieurs font effort pour être humbles avec Dieu, mais avec les hommes ils maintiennent leurs droits et nourrissent, entretiennent, le moi. Souvenons-nous que la grande école d’humilité devant Dieu c’est d’accepter l’humiliation qui nous vient de l’homme. Christ s’est sanctifié lui-même pour nous, en acceptant l’humiliation et l’injustice que des hommes méchants ont fait peser sur lui.

 

3° L’humilité n’aperçoit jamais sa propre beauté, parce qu’elle refuse de se regarder; elle s’étonne seulement d’une chose, c’est de l’infinie condescendance du Dieu saint; et elle se réjouit de l’humilité de Jésus, du Saint de Dieu, notre Saint.

 

4° Le lien qui relie la sainteté à l’humilité c’est l’habitation de Dieu en nous. Le Très-Haut, dont le nom est saint, habite le cœur-contrit. Et, où Il habite, là est le lieu saint.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

QUATORZIÈME JOUR

Le Saint de Dieu

 

C’est pourquoi aussi le Saint (petit enfant), qui aura été engendré, sera appelé Fils de Dieu. {Lu 1:35} (Version de Lausanne.)

 

Et pour nous, nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Saint de Dieu.. {Jn 6:69} F. Godet.

 

«Le Saint de l’Eternel», {Ps 106:16} cette expression ne se trouve qu’une fois dans l’Ancien Testament. Elle est employée pour parler d’Aaron en qui la sainteté, pour autant qu’elle pouvait alors être révélée, avait trouvé sa plus complète personnification. Ce titre a attendu son accomplissement en Celui qui seul, dans sa personne divine, pouvait parfaitement manifester la sainteté de Dieu sur la terre, Jésus, le Fils du Père.

 

1° En lui nous voyons en quoi consiste l’incomparable excellence de la nature divine. «Tu aimes la justice et tu hais la méchanceté, c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie par privilège sur tes collègues». {Ps 45:8} La haine infinie de Dieu pour le péché, et le soin avec lequel il maintient le droit, la justice, pourraient sembler n’avoir qu’une petite valeur morale, comme étant une nécessité de sa nature. Dans le Fils nous voyons la sainteté divine mise à l’épreuve. Il est éprouvé et tenté! «Il souffre étant tenté», et il prouve que la sainteté a vraiment une valeur morale; elle est prête à faire tous les sacrifices, même jusqu’à donner sa vie, cesser d’être, plutôt que de consentir au péché. Jésus, en se livrant lui-même à la mort plutôt que de céder à la tentation, en acceptant la mort afin que le juste jugement du Père soit honoré, a prouvé que la justice est un élément de la sainteté divine et que le Saint est sanctifié par la justice.

 

Mais ceci n’est qu’un côté de la sainteté. Le feu qui consume est aussi le feu qui purifie: il fait participant de sa belle nature lumineuse tout ce qui est capable d’assimilation. Par conséquent, non seulement la sainteté divine maintient sa propre pureté, mais encore elle la communique. En cela Jésus se montra véritablement le Saint de Dieu, c’est qu’il n’a jamais dit: «Retire-toi, car je suis plus saint que toi». Sa sainteté s’est montrée être l’incarnation même de Celui qui a dit: «J’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté, mais je suis avec l’homme contrit, humilié». C’est en lui qu’on a pu voir l’affinité qu’il y a entre la sainteté et tout ce qui est perdu, impuissant, pécheur. Il a montré que la sainteté n’est pas seulement cette énergie qui dans une sainte indignation se sépare de tout ce qui est impur, mais qu’elle est aussi cette puissance qui, dans son saint amour, sépare pour lui-même, même ce qui est le plus coupable, le plus pécheur, afin de le sauver et de le bénir. En lui nous voyons comment la sainteté divine est l’harmonie de la Justice infinie avec l’Amour infini.

 

2° Tel est le divin aspect du caractère de Christ lorsqu’il fait voir sous une forme humaine ce qu’est la sainteté de Dieu. Mais il y a un autre aspect, non moins intéressant et non moins important pour nous. Non seulement nous désirons savoir comment Dieu est saint, mais aussi comment l’homme doit s’y prendre pour être saint comme Dieu est saint. Jésus est venu pour nous enseigner qu’il est possible d’être homme et d’avoir en même temps la vie de Dieu habitant en nous. Nous pensons ordinairement que la gloire et la perfection infinies de la divinité sont les seuls cadres dans lesquels la beauté de la sainteté peut être contemplée; Jésus a prouvé la parfaite adaptation et la parfaite capacité de la nature humaine pour manifester ce qui est la gloire essentielle de la divinité. Il a montré comment, en choisissant et en accomplissant la volonté de Dieu, en faisant de cette volonté la sienne propre, l’homme peut vraiment être saint comme Dieu est saint.

 

La valeur de cet aspect de l’incarnation dépend de notre manière de réaliser parfaitement la vraie humanité de notre Seigneur. La séparation solennelle et l’opération purificatrice qui se poursuit incessamment dans la fournaise ardente de la sainteté divine, consumant et s’assimilant sans cesse ce qui en nous doit être consumé et est assimilable, nous nous attendons à la voir en Lui dans les luttes d’une volonté vraiment humaine. Car la sainteté, pour être vraiment humaine, doit être non seulement un don, mais une acquisition. Venant de Dieu, elle doit être acceptée par l’individu qui doit se l’approprier personnellement, par l’abandon volontaire de sa part de tout ce qui n’est pas en conformité avec elle. Jésus ayant très positivement fait le sacrifice de sa propre volonté, et ayant accompli et souffert la volonté du Père, nous avons en lui la révélation de ce qu’est la sainteté humaine, et comment l’homme, par l’union de sa volonté avec celle de Dieu, peut vraiment être saint comme Dieu est saint.

 

3° Mais à quoi servirait-il que nous ayons vu en Jésus qu’un homme peut être saint? Son exemple serait une ironie s’il ne nous montrait pas le moyen et ne nous donnait pas le pouvoir de devenir semblables à lui. Nous apporter ce moyen, nous donner ce pouvoir, voilà certainement l’objet suprême de cette incarnation. La nature divine de

 

Christ ne s’est pas bornée à rendre son humanité participante de sa sainteté, le laissant, lui, n’être rien de plus qu’un simple homme. Mais sa divinité a donné à la sainteté humaine qu’il a manifestée, à la sainte nature humaine qu’il a amenée à la perfection, une valeur infinie et une puissance de communication. Avec lui une vie nouvelle, la vie éternelle, a été greffée sur le tronc de l’humanité. Pour tous ceux qui croient en lui, il s’est sanctifié, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité. Parce que sa mort a été le grand triomphe de son obéissance à la volonté du Père, elle a brisé pour toujours la domination du péché; elle a expié notre iniquité, et elle a acquis auprès du Père, pour le Fils, le pouvoir de rendre ses rachetés participants de sa propre vie et de sa sainteté. Dans sa résurrection et dans son ascension la puissance de cette vie nouvelle et son droit à une domination universelle ont été rendus manifestes; et maintenant, il est en vérité le Saint de Dieu, tenant en ses mains comme Chef la puissance de la sainteté, divine et humaine tout à la fois, afin de la communiquer à chacun des membres de son corps.

 

En parlant du mystère de la sainte trinité, nous avons vu comment Christ tient le milieu entre le Père et le Saint-Esprit, comme point d’union dans lequel ils se rencontrent. Dans le Fils, «l’empreinte de sa personne», {Heb 1:3} nous avons la révélation objective de la divinité, la sainteté divine personnifiée et rapprochée de nous. Dans le Saint-Esprit nous avons cette même révélation subjectivement, la sainteté divine entrant dans notre être intérieur et s’y révélant. Lorsque le Saint-Esprit prend de la sainteté qui est de Christ pour nous la communiquer, son œuvre est bien réellement de révéler et de glorifier Christ comme le Saint de Dieu. Il nous montre que tout est en Christ, et que Christ est tout pour nous; que nous-mêmes nous sommes en Christ, et que comme un Sauveur vivant, Christ, par son Saint-Esprit, nous prend et nous garde à sa charge, nous et notre vie de sainteté. Il fait vraiment de Christ pour nous le Saint de Dieu. Mon frère, veux-tu être saint? Veux-tu connaître la voie de Dieu pour la sainteté? Apprends à connaître le Christ comme le Saint de Dieu. Tu es en lui, «saint en Christ». Tu as été établi en Christ par un acte de la puissance divine; et cette puissance t’y maintient, planté, enraciné dans cette plénitude divine de vie et de sainteté qui est en lui. Sa sainte présence et la puissance de sa vie éternelle t’entourent de toutes parts; que le Saint-Esprit te le révèle! Le Saint-Esprit est en toi comme la puissance même de Christ et de sa vie. Secrètement, silencieusement, mais puissamment, si tu veux regarder au Père pour cette œuvre de l’Esprit en toi, le Saint-Esprit te fortifiera dans cette foi: que tu es en Christ, et que la vie divine qui t’enveloppe ainsi de tous côtés entrera en toi et prendra possession de tout ton être. Prie et étudie-toi à croire et à réaliser que c’est bien en Christ, comme en Celui qui est le Saint de Dieu, en Christ, dans lequel la sainteté de Dieu est préparée pour toi sous la forme d’une nature sainte et d’une vie sainte, que toi tu es et que tu peux demeurer désormais.

 

Puis souviens-toi aussi que le Christ est ton Sauveur, le plus patient, le plus compatissant des pédagogues. Etudie la sainteté la clarté de sa face, en ayant les regards arrêtés sur lui. Il est venu du ciel dans le but unique de te rendre saint. Son amour et sa puissance dépassent infiniment ta stupidité et ta culpabilité. Apprends à penser à la sainteté comme à un héritage préparé pour toi, comme la puissance d’une vie nouvelle que Jésus ne demande qu’à te communiquer. Penses-y comme à une chose qui se trouve toute en lui, et pense à la possession de cette chose comme à une chose qui dépend de la possession de Christ lui-même. Et de même que les disciples, quoiqu’ils comprissent à peine ce qu’ils confessaient, ou qu’ils sussent à peine où le Seigneur les conduisait, devinrent ses saints, ses bien-aimés, en vertu de leur attachement à sa personne, de même tu trouveras qu’aimer Jésus avec ferveur et lui obéir simplement est le plus sûr chemin pour la sainteté et pour la plénitude du Saint-Esprit.

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O Dieu très saint! je te bénis de ce que ton Fils bien-aimé, que tu as sanctifié et envoyé dans le monde, est maintenant pour nous le Saint de Dieu.

 

Fais que je le connaisse commue la révélation de la sainteté, l’incarnation en une nature humaine, même jusqu’à la mort, de ta haine incomparable et infinie contre le péché, comme aussi de ton amour ineffable pour le pécheur. Remplis mon âme d’une crainte salutaire en toi et d’une foi parfaite en tes promesses.

 

O mon Père! il t’a plu de faire habiter en ton Fils toute plénitude. En lui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance; en lui sont les insondables richesses de la grâce et de la sainteté. Je t’en supplie, révèle-le à mon âme; révèle-le en moi; que je ne me satisfasse pas de pensées et de désirs sans réalité, mais que dans la puissance d’une vie sans fin je puisse le connaître et être connu de lui, le Saint de Dieu. Amen.

 

1° Dans la sainteté de Jésus nous voyons ce que doit être la nôtre: une justice qui hait le péché et qui donne tout pour qu’il soit détruit; un amour qui cherche le pécheur et qui donne tout pour qu’il soit sauvé. «Quiconque ne pratique point la justice n’est point issu de Dieu non plus que celui qui n’aime point son frère».,

 

2° C’est une pensée bien solennelle que celle-ci: nous pouvons étudier sérieusement pour arriver à savoir ce qu’est la sainteté, et cependant en avoir fort peu, parce que nous avons peu de Jésus. C’est une pensée bienfaisante que celle-ci; un homme peut s’occuper fort peu directement de la pensée de la sainteté, et cependant en avoir beaucoup, parce qu’il est rempli de Jésus. Jésus est le Saint de Dieu; l’avoir véritablement, l’aimer avec ferveur, se confier-en lui et lui obéir, être en lui, voilà ce qui rend, saint.

 

3° Votre sainteté est donc conservée précieusement dans ce Sauveur puissant et divin; il n’y a par conséquent rien à craindre qu’il ne soit pas prêt à nous rendre saints, ou qu’il n’en soit pas capable.

 

4° Avec, un pareil Sauveur qui sanctifie, comment se fait-il que plusieurs de ceux qui font profession de chercher la sainteté échouent misérablement et connaissent si peu les joies d’une vie sainte? Je suis assuré que pour un grand nombre la cause en est en ce qu’ils cherchent à se saisir de ce Christ avec leurs propres forces, ignorant qu’ils doivent attendre le Saint-Esprit au dedans d’eux, afin qu’il vienne révéler à leurs cœurs cet Etre divin, le Saint de Dieu.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

QUINZIÈME JOUR

Le Saint-Esprit

 

Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux; qui croient en lui; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié. {Jn 7:39}

 

Mais le Consolateur, le Saint-Esprit, que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses. {Jn 14:26}

 

Dieu vous a choisis pour vous sauver par la sanctification de l’Esprit, et par la foi à la vérité. {2Th 2:13 1Pi 1:2}

 

On a dit quelquefois que tandis que dans l’Ancien Testament la sainteté de Dieu est mise, d’une manière toute particulière en lumière, dans le Nouveau elle cède la place à la révélation de son amour. Cette remarque pourrait difficilement être faite si l’on comprenait bien que l’Esprit, c’est Dieu, et que lorsqu’il prend,1’épithète de Saint, comme étant son propre nom, c’est afin de nous enseigner que maintenant la sainteté de Dieu doit s’approcher plus près de nous que jamais, et doit nous être révélée comme le pouvoir qui rend saint. Dans le Saint-Esprit, Dieu, le Saint d’Israël, et Celui qui nous a été révélé comme le Saint de Dieu s’approchent pour que s’accomplisse cette promesse: «Je suis l’Eternel qui te sanctifie». La sainteté invisible et inaccessible de Dieu nous a été révélée, et a été rapprochée de nous dans la vie de Jésus-Christ; tout ce qui empêchait notre participation à cette sainteté a été ôté par la mort du Sauveur. Le nom de Saint-Esprit nous enseigne que c’est l’œuvre spéciale de l’Esprit de nous communiquer et de faire nôtre la sainteté.

 

Voyez et saisissez la signification de ceci: l’épithète qui dans tout l’Ancien Testament a appartenu au Dieu trois fois saint, est maintenant appropriée à l’Esprit qui est en nous. La sainteté de Dieu en Christ devient sainteté en vous parce que l’Esprit est en vous. Les mots et les réalités divines que ces mots: Saint et Esprit expriment, sont maintenant inséparablement et éternellement unis. Vous pouvez désormais avoir autant de l’Esprit en vous que vous désirez de sainteté, et vous pouvez avoir autant de sainteté que vous avez de l’Esprit.

 

Il y a des chrétiens qui demandent l’Esprit parce qu’ils désirent avoir la joie, la lumière et la force que l’Esprit apporte. Et cependant leurs prières ne leur apportent qu’une bien petite augmentation de bénédictions et de puissance. Pourquoi? Parce qu’ils ne désirent pas vraiment l’Esprit comme le Saint-Esprit. Sa pureté consumant, sa lumière qui va chercher dans les plus secrètes retraites de l’âme ce qui y est caché, et qui y porte la conviction de péché; le fait qu’il fait mourir les actions du corps, du moi, avec sa volonté et sa puissance propres, qu’il conduit l’âme à la communion avec Jésus, lorsque le Christ sacrifiait sa volonté et sa vie au Père qui l’avait envoyé, toutes ces choses, il semble que les chrétiens n’y aient point songé. Le Saint-Esprit ne peut venir en eux avec puissance, parce qu’ils ne le reçoivent pas comme le Saint-Esprit. Dans tel moment donné, dans des temps de réveil par exemple, comme ce fut le cas chez les Corinthiens et les Galates, l’Esprit peut se manifester avec ses dons (charismes) et son action puissante, tandis que sa puissance sanctifiante ne se manifeste que faiblement. {1Co 14:4 13:5 III,1-3 Ga 3:3,15-26} Mais, à moins que la puissance sanctifiante de l’Esprit ne soit reconnue et acceptée, ses dons seront perdus, ne serviront de rien. {1Co 13:1-3} Les dons du Saint-Esprit nous sont communiqués comme une préparation à la puissance de sanctification qui doit les accompagner. Nous devons prendre à cœur cette leçon, c’est que nous pouvons avoir autant de l’Esprit que nous sommes disposés à recevoir en nous de sa sainteté. «Soyez remplis du Saint-Esprit» doit signifier pour nous: «Soyez pleinement saints». L’inverse est également vrai. Nous ne pouvons avoir comme mesure de sainteté en nous que la mesure de l’Esprit que nous possédons. Il y a des âmes qui cherchent bien sincèrement à être saintes; mais au fond cela dépend beaucoup d’elles. On les voit lire des livres, écouter le plus attentivement des discours; elles font effort pour saisir chaque pensée, et pour mettre en pratique tous les conseils qu’elles reçoivent. Et néanmoins, elles doivent reconnaître qu’elles sont encore très étrangères au vrai repos complet, à la joie et à la puissance qui découlent du fait de demeurer en Christ, et par conséquent aussi à la sainteté qui est en lui. Elles ont cherché la sainteté plus que le Saint-Esprit. Elles doivent encore apprendre que même toute la sainteté qui est si près de nous et si claire en Christ est hors de notre portée si le Saint-Esprit n’habite en nous et ne nous la communique. Elles doivent encore apprendre à demander d’être puissamment fortifiées par le Saint-Esprit pour le développement de l’homme intérieur; {Eph 3:16} de croire en lui comme en cette eau vive dont parle le Sauveur. {Jn 4:14 7:37} Elles doivent apprendre à mettre de côté les efforts qu’elles font avec leurs propres forces par la pensée, par la volonté, par l’action; apprendre à espérer en Dieu, à s’attendre patiemment à lui. Par son Saint-Esprit, lui nous sanctifiera. «Soyez saints» signifié: «Soyez remplis dé l’Esprit».

 

Si nous nous demandons de plus près comment le Saint-Esprit rend saint, nous verrons que c’est parce qu’il nous révèle et nous communique la sainteté de Christ. L’Ecriture nous dit: «Christ nous a été fait de la part de Dieu... sanctification». Il s’est sanctifié lui-même pour nous, afin que nous aussi nous soyons sanctifiés dans la vérité. Nous avons été sanctifiés une fois pour toutes par l’offrande que Jésus a faite une fois pour toutes de son corps. Nous sommes sanctifiés en Jésus-Christ. Le Christ vivant est tout entier un trésor de sainteté pour l’homme. Dans sa vie sur la terre, Jésus a changé la sainteté divine dont il est possesseur en monnaie courante pour cette vie humaine et terrestre: obéissance au Père, humilité, amour, zèle. En tant que Dieu, Jésus, le Fils, en a une provision suffisante pour les besoins de tout croyant.

 

Et cependant cette provision est tout entière hors de notre portée si le Saint-Esprit ne nous l’apporte et ne nous la communique intérieurement. Mais c’est précisément l’œuvre en vue de laquelle il porte ce nom divin de Saint-Esprit: glorifier Jésus, le Saint de Dieu en nous, et nous rendre participants de sa sainteté. Il le fait en nous révélant Christ, afin que nous commencions par voir ce qui est en lui. Il le fait en nous montrant la profonde corruption de notre nature-. {Ro 7:14-23} Il le fait en nous fortifiant puissamment dans la foi, pour que nous recevions Jésus lui-même comme notre vie. Il le fait en nous amenant à désespérer complètement de nous-mêmes, à nous abandonner absolument à l’obéissance que nous devons à Jésus notre Seigneur, et à une confiance assurée de la foi en la puissance de l’habitation de Christ en nous. Il le fait en nous donnant, dans le recueillement secret des profondeurs du cœur et de la vie intérieure, les dispositions et les grâces de Christ, tellement que, du centre intime de notre vie, qui a été renouvelé et sanctifié en Christ, la sainteté découle et pénètre tout jusqu’à l’extrême circonférence. Où le désir de la loi de Dieu, de sa volonté pour la faire a été éveillé et où l’homme intérieur prend plaisir à cette loi, là, l’Esprit de cette vie qui est en Jésus-Christ affranchit de la loi du péché qui est dans les membres, et il conduit dans la glorieuse liberté des enfants de Dieu. Comme Dieu en nous, il communique à notre âme ce que Dieu a préparé pour nous en Christ.

 

Et si nous nous demandons encore comment l’œuvre de ce Saint-Esprit qui nous sanctifie ainsi peut nous être assurée, la réponse en est bien simple et claire. II est l’Esprit de Celui que Jésus appelle: «Père saint!» et de Christ, le Saint de Dieu; c’est du Père et du Fils qu’il doit être reçu par nous. «Il me montra un fleuve d’eau vive qui sortait du trône de Dieu et de l’Agneau». Jésus ne parlait-il pas du «Saint-Esprit que le Père enverra en mon nom?» Et ne nous a-t-il pas enseigné à le demander au Père?’ Paul priait pour les Ephésiens disant: «Je fléchis les genoux devant le Père pour qu’il veuille, selon les richesses de sa gloire, vous donner d’être puissamment fortifiés par son Esprit pour le développement de l’homme intérieur». {Eph 3:16,17} C’est lorsque nous regardons à Dieu dans sa sainteté, et à toutes ses révélations depuis la création jusqu’à nous, et que nous voyons comment l’Esprit coule comme un fleuve d’eau vive du trône de sa sainteté, que l’espérance que Dieu fera agir puissamment en nous son Esprit peut être éveillée et fortifiée en nous. Et quand nous voyons alors Jésus révélant cette sainteté dans la nature humaine, déchirant par sa mort expiatoire le voile, afin que l’Esprit du lieu très saint sorte, et que comme Saint-Esprit il soit le représentant de Christ, le rendant présent dans notre âme, alors aussi naît en nous cette confiance: que la foi en Jésus amènera en nous la plénitude de l’Esprit. «Si quelqu’un croit en moi, des fleuves d’eau vive, comme dit l’Ecriture, couleront de son sein». Prosternons-nous devant le Père, au nom de Christ, son Fils; croyons simplement au Fils comme en Celui en qui nous sommes agréables au Père et par qui l’amour et les bénédictions du Père viennent jusqu’à nous, et nous pouvons être assurés que l’Esprit qui est déjà en nous fera comme Saint-Esprit son œuvre dans notre âme avec une puissance qui ira grandissant. Le mystère de la sainteté est le mystère de la Trinité; selon que nous fléchissons les genoux devant le Père, croyant au Fils, le Saint-Esprit agira en nous. Et nous comprendrons alors la vraie signification de ce que Dieu disait à Israël: Je suis saint; ainsi parle le Père: «Soyez saints» comme mon Fils et en lui. «Je vous sanctifie par l’Esprit de mon Fils habitant en vous». Que vos âmes adorent et s’écrient: «Saint, saint, saint est l’Eternel des armées!»

 

Le Saint-Esprit: Toute vraie connaissance du Père dans sa sainteté adorable et du Fils dans sa propre sainteté, sainteté qui doit devenir nôtre, et toute participation à cette sainteté dépend de la vie de l’Esprit en nous, de notre manière de le connaître et de le reconnaître comme habitant en nous, notre vie. Le Saint-Esprit est au milieu de nous, en nous; il faut bien que nous le contristions et que nous lui résistions. Si vous, vous ne voulez pas lui résister, fléchissez les genoux devant le Père sans tarder, afin qu’il vous accorde d’être puissamment fortifiés par son Saint-Esprit dans l’homme intérieur. Croyez que le Saint-Esprit, porteur pour vous de toute la sainteté qui est en Dieu et en son Fils, est au dedans de vous. Laissez-lui prendre la place du moi, de ses pensées et de ses efforts.

 

Saint, saint, saint est l’Eternel des armées, toute la terre est remplie de ta gloire. Que cette gloire, ô Dieu! remplisse le cœur de ton enfant quand il se prosterne devant toi! Je viens à toi maintenant pour me désaltérer au fleuve d’eau vive qui sort de ton trône, ô Dieu! et du trône de l’Agneau. Gloire à Dieu et à l’Agneau pour le don ineffable dont la pensée n’aurait jamais pu monter au cœur de l’homme, le don du Saint-Esprit habitant dans le cœur de l’homme!

 

O mon Père! je te demande, au nom de Jésus, d’être puissamment fortifié par ton Esprit dans l’homme intérieur. Enseigne-moi, je te prie, à croire que tu me donnes cet Esprit, afin que je l’accepte et que j’attende de lui qu’il remplisse et qu’il conduise tout mon être. Donne-moi de me livrer à lui, et de ne pas continuer à vouloir, à courir, à penser et à agir avec mes propres forces, mais d’attendre dans une paisible confiance et une parfaite certitude qu’il agisse en moi. Apprends-moi ce que c’est que de n’avoir point de confiance dans la chair et de te servir dans l’Esprit. Enseigne-moi ce que c’est que d’être conduit en toutes choses par le Saint-Esprit, l’Esprit de ta sainteté.

 

Et accorde-moi cette grâce, ô tendre Père! que par lui je t’entende me parler et te révéler à moi avec puissance en me disant: «Je suis saint». Qu’il glorifie à mes yeux et en moi Jésus, en qui le commandement: «Soyez saints» s’est si merveilleusement accompli en ma faveur. Et que le Saint-Esprit me donne l’onction et le sceau qui me conduiront à la parfaite assurance qu’en Lui ta promesse: «Je vous sanctifie» s’accomplit d’une manière glorieuse! Amen.

 

1° Il est universellement reconnu que le Saint-Esprit n’a pas, dans l’enseignement de l’Eglise ou dans la foi des fidèles, la place d’honneur et de puissance qui lui revient comme au Révélateur du Père et du Fils. Cherchez à arriver à la profonde conviction que sans le Saint-Esprit l’enseignement le plus clair sur la sainteté, les désirs les plus fervents de sainteté, même les expériences les plus bénies ne seront que temporaires, ne produiront aucun résultat permanent, et n’apporteront aucun repos durable.

 

2° De même que le Fils parlait toujours du Père, ainsi l’Esprit dirige toujours vers Christ. L’âme qui s’abandonne à la direction de l’Esprit apprendra de lui comment Christ est notre sainteté, comment nous pouvons toujours demeurer en Christ notre sanctification. Que de vains efforts ont été souvent faits sans l’Esprit! Selon que l’onction vous a enseignés, demeurez en lui.

 

3° Dans le temple de ton cœur, bien-aimé croyant, il y a un lieu secret, au delà du voile, où demeure, souvent inconnu, l’Esprit de Dieu. Prosterne-toi devant le Père avec un humble respect, et demande-lui que l’Esprit agisse puissamment en toi. Puis attends-toi à ce que l’Esprit fasse son œuvre. Il fera de ton être intérieur une demeure convenable, de ton cœur un trône pour Jésus, où Il te le révélera.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

SEIZIÈME JOUR

Sainteté et vérité

 

Sanctifie-les par la vérité, ta Parole est la vérité. {Jn 17:17}

 

Dieu vous a choisis dès le commencement pour vous sauver par la sanctification de l’Esprit, et par la foi à la vérité. {2Th 2:13}

 

Le moyen principal de sanctification employé par Dieu, c’est sa Parole. Et cependant que de lectures du saint livre, d’études, d’enseignements, de prédications tirés de cette Parole qui n’ont presque aucun effet pour rendre les hommes saints! C’est que ce n’est pas la Parole qui sanctifie, c’est Dieu lui-même qui peut sanctifier. Ce n’est pas non plus simplement par la Parole que Dieu sanctifie, mais par la vérité qui est dans la Parole. Comme moyen, la Parole, si c’est Dieu qui l’emploie, a une valeur inexprimable, en tant que vase qui renferme la vérité; mais si ce n’est pas Dieu qui emploie ce moyen, la Parole n’a point de valeur. Efforçons-nous de relier sans cesse la sainte Parole de Dieu au Dieu saint lui-même. Dieu sanctifie dans la vérité par sa Parole. Jésus avait dit précisément: «Les paroles que tu m’as données, je les leur ai données». Essayons de comprendre ce que ces mots signifient. Réfléchissons à cette mystérieuse transaction conclue dans l’éternité entre le Père; et le Fils, l’Etre infini que nous appelons Dieu.

 

Donnant ses paroles à son Fils; dans ces paroles révélant son cœur, communiquant sa pensée et sa volonté, se révélant lui-même avec tout son plan et tout son amour. Avec une puissance divine et une réalité qui surpasse toute intelligence, Dieu donna ses paroles à Christ. Et avec cette même puissance, vivante et divine, Christ les donna à ses disciples, toutes remplies d’une vie et d’une énergie divines, pour qu’elles agissent dans leurs cœurs, selon qu’ils étaient capables de les recevoir. Et de même que dans les paroles d’un homme sur la terre nous nous attendons à trouver toute la sagesse ou toute la bonté qu’il y a en lui, ainsi la Parole du Dieu trois fois saint est tout animée de la sainteté de Dieu. Tout le feu divin avec son zèle ardent et son amour consumant demeure dans ses paroles.

 

Et cependant les hommes peuvent manier ces paroles, les étudier, les prononcer, et rester entièrement étrangers à leur sainteté ou à leur pouvoir de rendre saint. C’est que c’est Dieu lui-même, lui le Saint, qui sanctifie par la Parole. Chaque semence dans laquelle la vie d’un arbre ou d’une plante est; renfermée a pour enveloppe une balle, une gousse ou une coquille, afin d’en protéger la vie intérieure. Et ce n’est que lorsque la semence trouve un sol propice, et que la balle, la gousse ou la coquille éclate et s’ouvre, que la semence peut germer et croître.

 

Et c’est aussi seulement là où un cœur est en harmonie avec la sainteté de Dieu, la désire, s’y livre, que la Parole rendra vraiment saint. C’est au cœur qui ne se contente pas de la Parole, mais qui cherche le Saint, le Vivant, la Parole vivante, dans la Parole, que Dieu révélera la vérité, et dans la vérité se révélera lui-même. C’est la Parole qui nous est donnée par Christ, comme Dieu la lui a donnée; et reçue par nous comme elle a été reçue par lui, pour diriger et remplir notre vie, qui peut nous sanctifier.

 

Mais nous devons remarquer comment le Sauveur parle quand il dit: «Sanctifie-les, non par ta Parole, mais par ta vérité». De même que dans l’homme il y a un corps, une âme, un esprit, ainsi en est-il de la vérité.

 

- Il y a premièrement ce que nous appellerons la vérité-parole; un homme peut avoir la forme correcte des paroles, tandis qu’il ne saisit pas vraiment la vérité qu’elles contiennent.

 

- Puis il y a la vérité-pensée; il peut y avoir une claire conception intellectuelle de la vérité sans l’expérience de sa puissance.

 

- La Bible parle ensuite de la vérité comme d’une vivante réalité; c’est la vérité-vie par laquelle ce même Esprit de vérité que nous professons est entré, et a pris possession de notre être intérieur.

 

Christ s’appelle lui-même la vérité, il est dit de lui qu’il est «plein de grâce et de vérité». La vie et la grâce divine sont en lui comme une excellence et une.réalité essentielles. Non seulement il agit en nous par des pensées et par des mobiles, mais il communique comme une réalité la vie éternelle qu’il nous a apportée de la part du Père. Le Saint-Esprit est appelé l’Esprit de vérité; tout ce qu’il communique est réel, actuel, la substance même des choses invisibles. Il «conduit dans la vérité», non la vérité-pensée ou doctrine, mais la vérité-vie, qui est en Jésus. Comme Esprit de vérité, il est l’Esprit de sainteté; il nous apporte, pour en faire notre réelle propriété, la vie de Dieu, qui est sa sainteté.

 

C’est de cette vérité vivante, qui demeure dans la Parole, comme la semence demeure dans son enveloppe, que Jésus dit: «Sanctifie-les par ta vérité, ta Parole est la vérité». Il voulait par là nous faire remarquer l’intime relation, aussi bien que l’immense différence qu’il y a entre la Parole et la vérité. La relation est une relation voulue de Dieu, et qui, dans sa pensée, est inséparable: «Ta Parole est la vérité»; pour Dieu la Parole et la vérité ne sont qu’une. Il n’en est pas de même pour l’homme. Car de même qu’il y a eu des hommes en contact intime, et ayant des rapports continuels avec Jésus, et pour qui cependant le Seigneur n’était qu’un homme, et rien de plus, de même il y a des chrétiens qui connaissent et comprennent la Parole, et qui restent cependant étrangers à sa puissance spirituelle. Ils ont la lettre, ils n’ont pas l’esprit; la vérité vient à eux en paroles, non en puissance. La Parole ne les sanctifie pas parce qu’ils ne la retiennent pas en esprit et en vérité.

 

Pour d’autres, au contraire, qui savent ce que c’est que de recevoir la vérité avec l’amour de la vérité, qui se livrent dans toute leur conduite à l’Esprit de vérité qui est dans la Parole et qui est aussi en eux, la Parole vient en effet comme vérité, comme une divine réalité, communiquer et agir selon qu’elle le promet. C’est à un pareil usage fait de la Parole que Jésus pense quand il dit: «Sanctifie-les par ta vérité; ta Parole est la vérité». Et de même que les paroles que Dieu lui avait données étaient toutes dans la puissance de la vie éternelle, de l’amour et de la volonté de Dieu, la révélation et la communication du plan de Dieu, de même que la Parole de Dieu était vérité pour lui et en lui, il peut en être de même pour nous et en nous. Et si nous la recevons ainsi, nous sommes sanctifiés par la vérité.

 

Et maintenant quelles sont les leçons que nous pouvons recueillir de ceci pour le chemin de la sainteté?

 

La première, c’est que dans tous nos rapports avec la Parole bénie de Dieu, nous ne devons nous contenter de rien moins que de cette expérience: elle doit être pour nous la vérité de Dieu comme Esprit et comme puissance. Jésus disait: «Si vous gardez ma Parole, vous connaîtrez la vérité». Aucune analyse ne peut trouver ou prouver la vie d’une semence; mais plantez-la dans le sol qui lui convient, et sa croissance rendra témoignage de la vie qu’elle contient. Ce n’est que lorsque la Parole de Dieu est reçue avec amour, lorsqu’elle croît et agit en nous, que nous pouvons en connaître la vérité, et savoir qu’elle est la vérité de Dieu. C’est lorsque nous vivons les paroles de Jésus, gardant et faisant dans l’amour et l’obéissance ce qu’elles nous commandent, que la vérité céleste, la puissance de la vie divine qui est en elles, se manifestera à nous. Christ est la vérité; en lui, l’amour et la grâce, la vie même de Dieu sont venus sur la terre sous la forme d’une existence réelle, d’un pouvoir vivant, puissant; quelque chose de nouveau a paru que la terre n’avait jamais vu auparavant; {Jn 1:18} livrons-nous au Christ vivant, afin qu’il prenne possession de nous et qu’il nous guide comme la vérité vivante; alors la Parole de Dieu sera pour nous et en nous la vérité.

 

L’Esprit de Christ est l’Esprit de vérité, cette réalité céleste, véritable, de vie divine et d’amour en Christ, la vérité, a un Esprit qui vient nous la porter, la communiquer. Gardons-nous d’essayer d’étudier ou de comprendre, ou de nous emparer de la Parole de Dieu sans cet Esprit par lequel elle a été proclamée dans les temps anciens; nous n’y trouverions que la coquille, l’enveloppe, la vérité de la pensée et du sentiment, belle peut-être, mais sans puissance pour nous sanctifier. Nous devons avoir l’Esprit de la vérité en nous. Il nous conduira dans la vérité; et quand nous sommes dans la vérité, Dieu nous sanctifie en elle et par elle. La vérité doit être en nous, et nous en elle». «Dieu veut la vérité dans le cœur»; nous devons appartenir à ce peuple dont Jésus parle en disant: «Si vous étiez de la vérité»,—«celui qui est de la vérité me connaîtra». Dans la sphère inférieure de notre vie journalière, dans la direction de nos pensées et de nos actions, nous devons montrer un ardent amour de la vérité et un empressement à tout sacrifier pour elle; dans notre vie spirituelle un besoin intense de placer chaque jour, à chaque moment, en pleine lumière de la vérité de Dieu, toute notre religion. C’est au cœur simple, humble, au cœur d’enfant que la vérité de la Parole sera révélée, dévoilée. C’est dans ces cœurs-là que l’Esprit de vérité vient demeurer. C’est en eux, lorsqu’ils attendent journellement devant le Dieu saint, dans le sentiment de leur néant, dans le silence, avec un profond respect et avec crainte, que le Saint-Esprit agit et qu’il vient mettre «la vérité à l’intérieur». En leur communiquant ainsi Christ, tel qu’il est révélé dans la Parole, dans sa vie divine et dans son amour, comme leur propre vie, il les rend saints de la sainteté de Christ.

 

«Père saint! sanctifie-moi par ta vérité». Puisque vous avez confiance en Christ comme en Celui qui est la vérité, la réalité de ce que vous désirez si ardemment, puisque vous avez en même temps confiance dans sa toute-puissante intercession; puisque vous comptez sur l’Esprit qui est en vous comme sur l’Esprit de vérité, regardez au Père, et croyez à son action directe et puissante en vous pour vous sanctifier. Le mystère de sainteté est en même temps le mystère du Dieu trois fois saint. L’entrée plus réelle, plus intime dans une vie sainte repose sur la communion du Père, du Fils et du Saint-Esprit. C’est le Père qui nous établit en Christ, qui donne par un don qu’il renouvelle journellement le «Saint-Esprit»; c’est au Père, au Père saint, que l’âme doit regarder continuellement dans cette prière: «Sanctifie-moi par ta vérité!»

 

O Père saint! tu as dit toi-même à Israël: «Moi, l’Eternel, je suis saint et je sanctifie». Mais ce n’est qu’en ton Fils bien-aimé que la gloire parfaite de ta sainteté, pour nous sanctifier, nous a été révélée. Tu es notre Père, tout resplendissant de la gloire de ta sainteté, et c’est toi qui nous sanctifie par ta vérité.

 

Nous te remercions de ce que ton Fils, nous a donné les paroles que tu lui avais données, et de ce que lui les ayant reçues de toi puissantes et vivantes, nous pouvons les recevoir de même. O Père! nous les recevons de tout notre cœur. Que ton Saint-Esprit les fasse devenir vérité et vie en nous. Alors nous te connaîtrons comme le Saint, consumant le péché, renouvelant le pécheur. Nous te rendons grâces pour le don que tu nous as fait de ton bien-aimé Fils, le Saint de Dieu, la Parole vivante en qui la vérité demeure. Nous te bénissons de ce que, dans son intercession incessante, ce cri arrive toujours à toi: «Père saint, sanctifie-les par ta vérité», et de ce que la réponse à cette prière descend comme un fleuve du siège de ta gloire. Père saint! sanctifie-nous par ta vérité, par la merveilleuse révélation que tu nous as faite de toi-même, en Celui qui est la vérité. Que ton Saint-Esprit ait tellement domination sur nos cœurs que ton saint Fils Jésus, qui s’est sanctifié lui-même pour nous, afin que nous puissions être sanctifiés dans la vérité, soit pour nous le chemin, la vérité et la vie. Que nous sachions que nous sommes en lui devant toi, et que ta Parole, sortie de ta bouche pour nous, en réponse à la prière Que nous t’adressons pour que tu, nous-sanctifies, est: «Saints en Christ». Amen.

 

1° Dieu est le Dieu de vérité; non seulement de la vérité dans la Parole, dans la doctrine, mais de la vérité quant à l’existence, quant à la vie dans sa divine réalité. En Christ est la vérité, l’incorporation véritable de la vie divine. Il y a un royaume de la vérité, de divines réalités spirituelles, dont Christ est le Roi. Et l’essence même de toute cette vérité de Dieu en Christ, c’est l’Esprit. Cet Esprit est l’Esprit de vérité, il conduit dans la vérité, afin que nous soyons de la vérité et que nous y marchions. La source la plus profonde de la vérité, de la réalité qui est en Dieu, c’est sa sainteté; l’Esprit de vérité est le Saint-Esprit.

 

2° C’est l’œuvre du Père de nous sanctifier par la vérité. Lorsque nous faisons monter vers Dieu cette prière: «Père saint sanctifie-nous par ta vérité!» prosternons-nous humblement et avec une confiance enfantine devant lui, et il nous répondra.

 

3° C’est l’intercession du Fils qui demande et obtient cette bénédiction; prenons notre position en lui, et réjouissons-nous dans l’assurance d’une réponse favorable.

 

4° C’est par le moyen de l’Esprit de vérité que le Père fait son œuvre en nous.

 

5° Qu’à la lumière de cette œuvre du Père, du Fils et du Saint-Esprit, nous lisions toujours la Parole avec cette pensée, et, dans ce but, que nous soyons sanctifiés de Dieu par la vérité.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

DIX-SEPTIÈME JOUR

Sainteté et crucifixion

 

Je me sanctifie moi-même pour eux afin qu’eux aussi soient vraiment sanctifiés {Jn 17:19}

 

Il ajoute: «Me voici, je viens pour faire ta volonté.» C’est par l’exécution de cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l’oblation du corps de Christ. Car par une oblation unique il a amené pour toujours à la perfection ceux qui ont été sanctifiés. {Heb 10:9,10,14}

 

Ce fut dans sa prière de souverain Sacrificateur, sur le chemin de Gethsémané et du Calvaire, que Jésus parla ainsi à son Père: «Je me sanctifie». Il avait dit en parlant de lui-même peu de temps auparavant: «Le Fils que le Père a sanctifié et qu’il a envoyé dans le monde». {Jn 10:36} D’après le langage de l’Ecriture, la pensée que ce que Dieu a sanctifié, l’homme doit aussi le sanctifier, nous est familière. L’œuvre du Père sanctifiant le Fils est la base, le fondement de l’œuvre du Fils se sanctifiant lui-même pour nous. Si sa sainteté comme homme devait être une possession libre et personnelle qu’il s’assimilait par une détermination consciente et volontaire, il ne suffisait pas qu’il fût sanctifié par le Père: il devait se sanctifier aussi lui-même.

 

Cette sanctification propre de notre Seigneur a été l’œuvre de toute sa vie, sans doute; mais elle atteint son point culminant, et ressort avec une netteté toute spéciale dans sa crucifixion. Les paroles que nous avons tirées de {Heb 10:9:10:14} nous disent clairement en quoi elle consiste. Le Messie disait: «Voici je viens pour faire ta volonté», et l’auteur de l’épître ajoute: «C’est par l’exécution de cette volonté que nous avons été sanctifiés..., par l’oblation du corps de Christ». L’offrande du corps de Christ, voilà quelle était la volonté de Dieu; en exécutant cette volonté il nous a sanctifiés. C’est bien de l’exécution de cette volonté par l’offrande de son propre corps qu’il parlait quand il disait: «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient vraiment sanctifiés». L’abandon de sa volonté à la volonté de Dieu dans l’agonie de Gethsémané, et l’exécution de cette volonté par une obéissance allant jusqu’à la mort, voilà ce qu’il faut entendre par: Christ se sanctifiant lui-même et nous sanctifiant avec lui. Essayons de comprendre ceci.

 

La sainteté de Dieu nous est révélée dans sa volonté. La sainteté, même dans l’Etre divin, n’a aucune valeur morale si elle n’est librement voulue. «Quoique Fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes». {Heb 5:8} En Gethsémané, la lutte entre la volonté de sa nature humaine et la volonté divine atteindra son degré le plus intense; elle se manifeste dans un langage qui nous fait presque trembler pour son impeccabilité (sinlessness), lorsqu’il parle de sa volonté en opposition à la volonté de Dieu. {8} Mais le combat est une victoire, parce qu’en présence du sentiment très net de ce que cela signifie d’avoir une volonté à soi, il fait le sacrifice de cette volonté et dit: «Ta volonté soit faite». Pour entrer dans la volonté de Dieu il donne sa propre vie, il révèle ainsi la loi de la sanctification dans sa crucifixion.

 

La sainteté, c’est l’entrée pleine et entière de notre volonté dans celle du Seigneur. Ou plutôt, c’est l’entrée de la volonté de Dieu en nous pour faire mourir notre volonté propre. La seule fin possible de notre volonté, et le seul moyen d’en être délivré, c’est la mort à cette volonté sous le juste jugement de Dieu. C’est en se livrant à la mort de la croix que Christ se sanctifia lui-même, et qu’il nous sanctifia avec lui, afin que nous soyons véritablement sanctifiés.

 

Et maintenant, de même que le Père l’a sanctifié, et que lui, en vertu de ce qu’il a été sanctifié par le Père, s’est approprié cette sanctification et s’est sanctifié lui-même pour nous, de même nous, qu’il a sanctifiés, nous devons nous l’approprier. Or, de même que Christ ne pouvait autrement que par la crucifixion réaliser la sanctification qu’il avait reçue du Père, de même nous, nous ne pouvons réaliser notre propre sanctification, que nous avons en lui, que par ce même moyen. Sa propre sanctification et la nôtre portent la marque commune de la croix. Nous avons vu ailleurs que l’obéissance est le chemin de la sainteté; maintenant, en Christ, nous voyons que la parfaite obéissance est le chemin de la parfaite sainteté. Et c’est une obéissance jusqu’à la mort, même jusqu’au don d’une vie, jusqu’à la mort même de la croix. Et comme la sanctification que Christ a conquise pour nous, en faisant même l’offrande de son corps, porte la marque de la mort, nous ne pouvons y participer, nous ne pouvons entrer dans cette sanctification si nous ne mourons à nous-mêmes et à notre volonté. La crucifixion est de chemin de la sanctification.

 

Cet enseignement est en harmonie avec tout ce que nous avons vu jusqu’ici. La première révélation de la sainteté de Dieu à Moïse était accompagnée déjà du commandement: «Ote» (tes souliers de tes pieds). Les louanges de Dieu dans le cantique par lequel Moïse célèbre Dieu comme magnifique en sainteté, digne de louanges furent chantées sur les corps morts des Egyptiens. Lorsque Moïse, sur le Sinaï, reçut l’ordre de sanctifier la montagne, il lui fut dit: «Si quelqu’un la touche, animal ou homme, il ne vivra point».—«Si même une bête touche la montagne, elle sera lapidée ou transpercée d’un trait». La sainteté de Dieu est une cause de mort pour tout ce qui est en contact avec le péché. Ce n’était que par une mort, par l’effusion du sang d’une victime qu’il y avait accès au lieu très saint. Christ a choisi la mort, même la mort accompagnée de malédiction, afin de se sanctifier pour nous, et de nous ouvrir la voie de la sainteté, le chemin du lieu très saint, l’accès au Dieu saint. Et il en est encore de même. Personne ne peut voir Dieu et vivre. Ce n’est que par la mort, la mort du moi, la mort de notre nature charnelle, que nous pouvons nous approcher de Dieu et le contempler. Christ nous a ouvert le chemin. A cette parole: «Personne ne peut voir Dieu et vivre, il a répondu: «Eh bien, que je meure, ô Dieu! mais il faut que je te voie». Oui, et que Dieu en soit béni! l’intérêt qui nous lie à la personne de Christ est si réel, et notre union avec lui si intime, que nous pouvons vivre en sa mort. Dans la mesure où jour après jour le moi est tenu à la place de mort qui est la sienne, la vie et la sainteté de Christ peuvent devenir nôtres. {9}

 

Et où est la place de mort? Et comment la crucifixion qui conduit à la sainteté et à Dieu peut-elle s’accomplir en nous? Grâces à Dieu, ce n’est pas notre œuvre; ce n’est pas une opération fatigante de crucifixion propre. La crucifixion qui doit nous sanctifier est un fait accompli. La croix de Christ porte ce drapeau: «Tout est accompli!» Sur cette croix Christ s’est sanctifié lui-même pour nous afin que nous soyons sanctifiés en vérité. Notre crucifixion comme notre sanctification est une chose qui, en Christ, a été complètement et parfaitement accomplie. «Nous avons été sanctifiés une fois pour toutes par l’oblation du corps de Christ».—«Car par une oblation unique il a amené pour toujours à la perfection ceux qui ont été sanctifiés. «Dans la plénitude que le bon plaisir du Père veut voir habiter en Christ, la crucifixion de notre vieil homme, de la chair, du monde, de nous-mêmes, tout est d’une spirituelle réalité; celui qui désire Christ, qui le connaît et qui l’accepte, reçoit tout pleinement en lui. Et comme le Christ, qui était auparavant connu davantage comme Celui qui pardonne, qui vivifie et qui sauve, est encore réclamé par le pécheur, ensuite comme Celui qui délivre de la puissance du péché et qui sanctifie, il vient et prend l’âme dans la communion de ses souffrances et de sa mort. «Il s’est montré... pour anéantir le péché par son sacrifice», {Heb 9:26} doit devenir vrai pour nous comme pour Jésus. Il nous révèle alors que cela fait partie du salut qu’il nous offre d’être faits participants par lui d’une volonté entièrement consacrée à la volonté de Dieu, d’une vie livrée à la mort, et qui a été délivrée de la mort par la puissance de Dieu; d’une vie dont la puissance et l’esprit gisent précisément dans la crucifixion de la volonté propre. Christ révèle ces choses, et l’âme qui le voit, qui y consent, qui fait l’abandon de sa volonté et de sa vie, qui croit en Jésus comme en Celui qui est sa mort et sa vie tout à la fois, et en sa crucifixion comme en une chose qui lui appartient en propre, qui est son héritage, cette âme-là entre dans la pleine jouissance de ses biens et en expérimente la richesse. Son langage est maintenant celui-ci: «J’ai été crucifié avec Christ, et je vis... Mais ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. La vie dont je vis maintenant en la chair est une vie en la foi du Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est donné lui-même pour moi, une vie d’acceptation journalière par la foi de Celui qui vit en nous, en vertu d’une mort par laquelle j’ai passé, et avec laquelle j’en ai fini pour toujours».

 

«Je me sanctifie moi-même pour eux afin qu’ils soient aussi sanctifiés en vérité».—«Je viens, ô Dieu! pour faire ta volonté». Par cette volonté, par laquelle la volonté de Dieu a été accomplie en Christ, «nous avons été sanctifiés par l’oblation du corps de Christ». Comprenons bien ceci et retenons-le fermement: Christ faisant le sacrifice de sa volonté en Gethsémané et acceptant la volonté de Dieu en mourant; Christ exécutant cette volonté en obéissant jusqu’à la mort de la croix, voilà comment il s’est sanctifié lui-même, et comment nous avons été sanctifiés en vérité. «C’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés». La mort à soi-même, l’abandon complet, absolu de notre vie propre avec sa volonté, sa propre puissance et ses desseins, à la croix; et, dans la crucifixion de Christ, porter chaque jour la croix, non une croix sur laquelle nous devons encore être crucifiés, mais la croix du Christ crucifié, avec le pouvoir qu’elle a de faire mourir ce qui doit être crucifié, voilà le secret de la vie de sainteté, la vraie sanctification.

 

Mourir à soi-même, abandonner complètement, absolument notre vie propre, notre volonté, nos énergies et nos plans, et les livrer sur la croix, à la crucifixion de Christ; porter chaque jour sa croix, non une croix sur laquelle nous devions être crucifiés, mais la croix du Christ crucifié avec le pouvoir qu’elle a de faire mourir ce qui doit être mortifié, voilà le secret de la vie de sainteté, voilà la vraie sanctification.

 

Croyant! est-ce là la sainteté que tu cherches? As-tu vu et as-tu reconnu que Dieu seul est saint? Que le moi est tout le contraire de la sainteté, et qu’il n’y a pas d’autre moyen d’être sanctifié, sinon par le feu de la sainteté divine venant en nous et y donnant la mort au moi. «Portant toujours dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus se montre aussi dans notre corps», c’est là le chemin de quiconque cherche à être vraiment sanctifié, comme Christ s’est sanctifié lui-même; sanctifié tout à fait comme Jésus.

 

Il s’est sanctifié lui-même pour nous afin que nous puissions nous-mêmes être sanctifiés en vérité. Oui, notre sanctification a pour fondement et pour racines sa propre sanctification; elle repose sur la sanctification de Christ. Et nous sommes en lui. Les racines secrètes de notre être sont plantées en Christ d’une manière plus profonde que nous ne pouvons le voir ou le sentir, il est notre cep, Celui qui nous porte et qui nous vivifie. Comprenons par la foi, d’une manière et dans une mesure qui dépasse de beaucoup ce que nous pouvons comprendre, d’une manière éminemment réelle et divine, que nous sommes en Celui qui s’est sanctifié pour nous. Demeurons donc où Dieu lui-même nous a placés.

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O Père saint! je te bénis pour cette précieuse Parole, pour cette œuvre bénie de ton Fils bien-aimé. Dans son intercession pour nous, tu entends sans cesse cette parole de son admirable prière: «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient vraiment sanctifiés». O tendre Père! je te prie de me fortifier puissamment par ton Esprit, afin que dans une foi vivante je sois rendu capable d’accepter la sainteté que tu as préparée pour moi en mon Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, et que je la vive. Donne-moi l’intelligence spirituelle pour que je comprenne ce que signifie qu’ «il s’est sanctifié lui-même», que ma sanctification est assurée dans la sienne, et afin que, comme par la foi j’habite en lui, sa puissance protège ma vie entière. Que sa sanctification soit vraiment la loi et la vie de la mienne! Que l’abandon qu’il a fait à ta volonté paternelle de sa propre volonté, que sa continuelle dépendance et son obéissance soient la racine et la force de ma propre sanctification! Que la mort de Christ au monde et au péché soit ma règle journalière! Par-dessus tout, o mon Père! fais que Christ lui-même, Christ qui s’est sanctifié pour moi, soit mon repos, ma confiance, mon appui! Il s’est sanctifié pour moi, afin que moi aussi je sois vraiment sanctifié. Bien-aimé Sauveur, comment pourrai-je assez te bénir, t’aimer, te glorifier pour cette grâce merveilleuse. Tu t’es donné toi-même tellement que je suis maintenant saint en toi. Je me donne à toi, afin qu’en toi je sois rendu vraiment saint. Amen, Seigneur Jésus! Amen.

 

1° «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive». Jésus, par ces paroles, veut nous dire que notre vie devra être le pendant de la sienne, y compris la crucifixion. Le commencement d’une pareille vie, c’est le renoncement à soi-même, afin que Christ en prenne la place. Les Juifs n’ont pas voulu renoncer à eux-mêmes, mais «ils ont renié le Saint et le Juste; ils ont fait mourir le Prince de la vie». Le choix à faire est encore aujourd’hui entre le Christ et le moi. Renions l’être souillé, le moi, faisons-le mourir.

 

2° Les pas à faire dans ce chemin sont les; suivants: d’abord une décision délibérée, mûrie, que le moi sera livré à la mort; puis l’abandon de nous-mêmes au Christ crucifié, afin qu’il nous fasse participants de sa crucifixion; ensuite, «sachant que notre vieil homme est crucifié», la foi qui dit; «Je suis crucifié avec-Christ», et la force de vivre comme un crucifié, et ne plus se glorifier, sinon en la croix de Christ.

 

3° La pensée centrale de tout ceci est que: Nous sommes en Christ, qui a renoncé à sa volonté, en a fait le sacrifice, et a fait la volonté de Dieu. Par le Saint-Esprit, l’esprit qui était en lui est en nous; la volonté du moi est crucifiée, et nous vivons dans la volonté de Dieu.

 

{8} Murray dit: en antithèse à la volonté de Dieu (Note du trad.)

 

{9} Voir note D.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

DIX-HUITIÈME JOUR

Sainteté et foi

 

En sorte qu’ils reçoivent par la foi en mot le pardon des péchés, et une part avec ceux qui ont été sanctifiés. {10} {Ac 26:18}

 

Plus nous étudions l’Ecriture à la lumière du Saint-Esprit, ou pratiquons par sa divine puissance la vie chrétienne, plus aussi nous sommes profondément convaincus de la place unique et centrale que la foi occupe dans le plan de Dieu pour notre salut. Et nous apprenons aussi à comprendre qu’il est bon et juste qu’il en soit ainsi: la nature même des choses l’exige. Parce que Dieu est un Etre spirituel et invisible, chacune des révélations qu’il nous donne de Lui-même, soit: dans ses œuvres, soit dans sa Parole, soit dans son Fils, réclame de nous la foi. La foi est le sens spirituel de l’âme; elle est pour elle ce que les sens sont pour le corps; par elle seule nous entrons en communication et en contact avec Dieu.

 

La foi est cette humilité d’âme qui attend dans le silence pour écouter, pour comprendre, pour accepter ce que Dieu dit, pour recevoir, pour retenir, pour posséder ce que Dieu donne et ce qu’il opère. Par la foi nous laissons entrer Dieu, que dis-je? Nous l’accueillons lui-même, lui, le Vivant, dans notre cœur, afin qu’il y fasse sa demeure, et qu’il devienne notre vie même. Quoique nous pensions le bien savoir, nous avons toujours à apprendre à nouveau cette vérité pour en faire une application toujours plus profonde et plus complète, c’est que, dans la vie chrétienne, la foi est la première chose, la chose qui plaît à Dieu et qui attire sur nous ses bénédictions. Et parce que la sainteté est la gloire suprême de Dieu, et la suprême bénédiction qu’il a en réserve pour nous, c’est tout spécialement dans la vie de la sainteté que nous sommes appelés à vivre uniquement de foi.

 

Le Seigneur parle ici de «ceux qui sont sanctifiés par la foi en lui». {11} Lui-même est notre sanctification, comme il est notre justification; pour l’une comme pour l’autre, Dieu demande la foi; et l’une et l’autre sont également accordées immédiatement à la foi. Le participe «sanctifiés» n’est pas le présent, comme s’il indiquait une œuvre qui se poursuit, mais le passé défini indiquant un acte accompli une fois pour toutes. Lorsque nous croyons en Christ, nous recevons le Christ tout entier, notre justification et notre sanctification: nous sommes immédiatement acceptés de Dieu comme justes et comme saints en lui. Dieu nous compte et nous appelle, ce que nous sommes réellement, des «sanctifiés en Christ». C’est lorsque, nous arrivons à voir ce que Dieu voit, lorsque notre foi saisit ceci: c’est que la vie sainte de Christ est nôtre, qu’elle est devenue notre propriété véritable, qu’elle doit être acceptée ainsi par nous, et que nous devons nous l’approprier par un usage journalier, c’est alors que nous serons vraiment rendus capables de vivre de la vie à laquelle Dieu nous appelle, la vie des sanctifiés en Jésus-Christ. Nous serons alors dans la vraie position dans laquelle ce qui est appelé la sanctification progressive peut s’opérer. Ce sera alors, dans la vie de tous les jours, l’application de la puissance de la vie sainte qui nous a été préparée en Jésus, et qui, dans notre union avec lui, est devenue notre possession présente et permanente, puissance qui agit en nous selon la mesure de notre foi. {12}

 

A ce point de vue, il est évident que la foi a une double opération à accomplir. La foi est la démonstration des choses qu’on ne voit point, et qui cependant existent véritablement dans le moment présent; elle est une ferme persuasion des choses qu’on espère, mais qui ne sont pas encore présentes. En tant que démonstration des choses qu’on ne voit point, elle se réjouit en Christ, notre parfaite sanctification, comme en une possession présente, actuelle. Par la foi, je regarde simplement à ce que Christ est, tel que la Parole nous l’a révélé par le Saint-Esprit. Réclamant comme ma propriété tout ce qu’il est, je sais que sa sainteté, sa nature et sa vie sainte sont à moi; je suis un saint; par la foi en lui, j’ai été sanctifié.

 

Voilà le premier aspect de la sanctification: regarder à ce qui est une chose accomplie, une absolue réalité. En tant que ferme persuasion des choses espérées, cette foi atteint, par l’assurance de l’espérance quant à l’avenir, des choses que je ne vois pas encore et dont je ne fais pas l’expérience; et elle réclame jour après jour de Christ, notre sanctification, ce qui est nécessaire pour la pratique de la sainteté, «pour que je sois saint dans toute ma conduite».

 

Et voici le second aspect de la sanctification: je compte sur Christ pour que dans une expérience personnelle, il me remplisse graduellement, incessamment, et selon les besoins de chaque instant de toutes les richesses qui ont été amassées pour nous dans sa plénitude «C’est à lui que vous devez d’être en Jésus-Christ, qui a été fait sagesse pour nous par la volonté de Dieu, ainsi que justice, sainteté et délivrance». (Oltramare). Sous son premier aspect, la foi dit: «Je sais que je suis en lui et que toute sa sainteté est mienne»; sous son second aspect, elle ajoute: «Je m’assure en lui pour la grâce et la force qui me sont nécessaires à chaque instant pour vivre d’une vie sainte».

 

Et cependant, il est à peine besoin de le dire, ces deux aspects n’en font qu’un. Car c’est un seul et même Jésus qui est notre sanctification, soit que nous le considérions à la lumière de ce qu’il a été fait pour nous, une fois pour toutes, soit que, comme résultat de ce qu’il a été fait pour nous, nous le considérions dans ce qu’il devient pour notre expérience journalière. Et c’est aussi une seule et même foi qui, à mesure qu’elle apprend mieux à connaître Jésus, à l’adorer, à se réjouir en lui comme en Celui qui nous a été fait de la part de Dieu sanctification, et en qui nous avons été sanctifiés, devient plus hardie pour attendre l’accomplissement de chacune des promesses de Dieu pour la vie de chaque jour, plus forte aussi pour réclamer et attendre de Dieu la victoire sur tout péché. La foi en Jésus est le secret d’une vie sainte: toute sainte conduite, toutes nos actions vraiment saintes, sont le fruit de la foi en Jésus, comme en Celui qui est notre sainteté.

 

Nous savons comment la foi agit, et quels sont ses grands obstacles dans ce qui concerne la justification. Il est bon que nous nous rappelions que les mêmes dangers se rencontrent dans l’exercice de la foi qui sanctifie que dans celui de la foi qui justifie. La foi en Dieu est et demeure opposée à la confiance en soi-même, spécialement dans son vouloir et son faire. Tout effort pour faire quelque chose par nous-mêmes entrave la foi. La foi regarde à Dieu qui seule opère, et elle s’abandonne à sa puissance comme à une puissance qui nous a été révélée en Christ, par l’Esprit; elle laisse Dieu produire en nous la volonté et l’exécution. La foi doit agir: sans les œuvres, elle est morte; elle n’arrive à la perfection que par les œuvres. Ainsi que Paul le dit: «En Jésus-Christ, ce qui importe, c’est la foi agissante par la charité». {Ga 5:6} Mais ces œuvres que la foi en l’action de Dieu inspire et produit sont bien différentes des œuvres dans lesquelles le croyant dépense ses meilleurs efforts pour n’arriver qu’à constater son échec, son impuissance. La vraie vie de sainteté, la vie de ceux qui sont sanctifiés en Christ, a ses racines et sa force dans le sentiment permanent d’une complète impuissance, dans la plénitude de repos d’une âme qui se confie en la puissance et en la vie divines, enfin, dans un abandon complet de soi-même au Sauveur, dans cette foi qui consent à n’être rien, afin qu’il soit tout. Il peut paraître impossible de discerner ou de décrire la différence qui existe entre le travail qui vient de nous-mêmes, et le travail qui vient de Christ par la foi; mais si nous savons seulement que cette différence existe; si nous apprenons à nous défier de nous-mêmes et à compter sur Christ agissant en nous, le Saint-Esprit nous introduira aussi dans ce «secret de l’Eternel». Les œuvres de la foi sont les œuvres de Christ.

 

De même que la foi est entravée par les efforts personnels, de même elle l’est par le désir de voir et de sentir. «Si tu crois, tu verras»; le Saint-Esprit scellera notre foi par une divine expérience, nous verrons la g {l} oire de Dieu. Mais ceci est son œuvre; la nôtre est, lorsque, tout paraît sombre et froid, en présence de tout ce que la nature et l’expérience témoignent, de croire cependant en Jésus à chaque instant, comme en Celui qui est notre sanctification, et une sanctification parfaitement suffisante, en laquelle nous sommes rendus parfaits devant Dieu. Des plaintes sur ce que nous ne sentons pas, sur notre faiblesse, sur l’engourdissement qui nous gagne servent rarement à quelque chose; c’est l’âme qui renonce à s’occuper d’elle-même, de sa propre faiblesse ou de la force de l’ennemi, et qui ne regarde qu’à ce que Jésus est, à ce qu’il a promis de faire, c’est cette âme, dis-je, qui progrès sera en sainteté et qui connaîtra une marche Joyeuse, de victoire en victoire. «L’Eternel lui-même combattra pour vous». Cette pensée si souvent répétée en parlant du pays dont la possession avait été promise à Israël est l’aliment de la foi; dans le sentiment de sa faiblesse, en présence de ses puissants ennemis, la foi entonne le chant du vainqueur. Lorsque Dieu paraît ne pas faire ce pourquoi nous avions eu confiance en lui, c’est précisément le moment pour la foi de se glorifier en lui.

 

Il n’y a peut-être rien qui révèle davantage le vrai caractère de la foi comme la joie et la louange. Vous faites à un enfant la promesse d’un cadeau pour le lendemain, immédiatement il vous dit: «Merci!» et il est heureux. Le joyeux merci prouve combien réellement votre promesse est entrée dans son cœur. Nous pouvons être saints, parce que Jésus, le Puissant, Celui qui aime d’un amour infini est notre sainteté. La louange exprimera notre foi; la louange la prouvera aussi; la louange la fortifiera. «Le peuple que je me suis formé publiera mes louanges».—«Alors ils crurent à ses paroles, et ils chantèrent sa louange». La louange nous ramènera à la foi, nous verrons que nous n’avons plus qu’une chose à faire: aller de l’avant dans une foi qui se confie sans cesse et qui loue sans cesse. C’est dans un attachement plein d’amour et vivant pour Jésus, un attachement qui se réjouit en lui et le loue sans cesse pour ce qu’il est pour nous, que la foi se prouve à elle-même, et qu’elle reçoit la puissance de la sainteté.

 

«Sanctifiés par la foi en moi». Oui, par la foi en moi». C’est un Jésus personnel et vivant qui s’offre à nous, lui-même dans toute la richesse de sa puissance et de son amour, lui, comme l’objet, la force, la vie de notre foi. Il nous dit que si nous voulons être saints, saints toujours et en toutes choses, nous devons avoir une seule chose en vue: être toujours et entièrement pleins de foi en lui. La foi est l’œil de l’âme, la force par laquelle nous pouvons discerner la présence de l’invisible lorsqu’il vient se donner à nous. Non seulement, la foi voit, mais elle s’approprie, elle s’assimile les choses divines; aussi, que notre âme se recueille pour que le Saint-Esprit, qui habite en nous, vivifie et fortifie cette foi pour laquelle il nous a été donné. La foi est l’abandon, la reddition de notre être tout entier; c’est l’acte par lequel nous nous livrons à Jésus, afin qu’il puisse faire son œuvre en nous, nous nous donnons à lui, afin de vivre de sa vie, et que sa volonté se fasse en nous; en accomplissant cet acte d’abandon, nous ferons cette expérience que c’est lui qui se donne entièrement à nous, en prenant complètement possession de nous. La foi sera donc une puissance, la puissance d’obéissance pour faire la volonté de Dieu, «notre très sainte foi»,—«la foi des saints». Et nous comprendrons combien est simple, pour le cœur droit, le secret de la sainteté: Jésus, lui seul. Nous sommes en lui, qui est notre sanctification; lui personnellement est notre sainteté; et la vie de la foi en lui, pour qui le reçoit et le possède, doit être nécessairement une vie de sainteté. Jésus dit: «Sanctifiés par la foi en moi».

 

«Soyez saints, car je suis saint». Bien-aimé Sauveur, j’ai vu une fois de plus avec un cœur plein d’une respectueuse adoration ce que tu veux être pour moi. C’est en toi, et dans une vie de sainte communion avec toi que je puis devenir saint. C’est dans une vie de simple attachement à ta personne divine, dans une vie de foi en toi et d’amour pour toi, Jésus, d’abandon et de consécration à toi, que tu deviens mon tout et que tu me rends participant de toi-même et de ta sainteté.

 

Seigneur Jésus, je crois en toi, subviens à mon incrédulité. Je te confesse ce qui reste en moi d’incrédulité; et je compte sur ta présence pour que tu en fasses la conquête et que tu la fasses disparaître de mon cœur. Mon âme regarde continuellement vers toi afin de voir toujours mieux combien c’est toi qui es ma vie et ma, sainteté, Tu élargis mon cœur afin que je me réjouisse en toi comme en Celui qui est mon tout, et que j’aie l’assurance que c’est toi-même qui prends possession de ce cœur et qui le remplis, comme un temple, de ta gloire. Tu m’enseignes à comprendre que quelque faibles, humaines et décevantes que puissent être mes expériences, ton Saint-Esprit est la force de ma foi, qu’il me fait grandir dans une confiance plus forte et plus profonde en toi, en qui je suis saint. O mon Sauveur! je prends la parole de ce jour: «Sanctifié par la foi en moi», comme une nouvelle révélation de ton amour et de ce que cet amour se propose de faire pour moi. En toi est la puissance de ma sainteté; en toi la puissance de ma foi. Que ton nom soit béni de ce que tu m’as donné une place parmi ceux dont tu parles quand tu dis: «Sanctifiés par la foi en moi». Amen.

 

1° Souvenons-nous que ce n’est pas seulement la foi qui se sert de Christ pour la sanctification, mais toute foi vivante qui a le pouvoir de sanctifier. Tout ce qui nous jette souillés aux pieds de Jésus, tout ce qui exige de notre part une foi intense et simple, que ce soit une épreuve de foi, ou une prière de foi, ou une œuvre de foi, tout cela aide à nous rendre saints, parce que tout cela nous met en contact avec Jésus, le Saint.

 

2° Ce n’est que par le Saint-Esprit que Christ et sa sainteté nous sont jour après jour révélés, faits nôtres, en une possession véritable. Et la foi qui les reçoit est aussi du Saint-Esprit. Livrez-vous en simplicité de cœur et avec confiance à son action. Ne soyez point effrayés comme si vous ne pouviez croire; vous avez en vous «l’Esprit de foi», vous avez par conséquent le pouvoir de croire. Et il vous est permis, que dis-je? vous pouvez demander à Dieu qu’il vous fortifie puissamment par son Esprit dans l’homme intérieur; car la foi qui reçoit Christ est celle qui demeure et qui ne faiblit pas.

 

3° Je n’ai de foi que dans la mesure que j’ai l’Esprit. N’est-ce pas désormais que ce qui m’est le plus nécessaire, c’est que je vive entièrement sous l’action du Saint-Esprit?

 

4° Comme l’œil en voyant est réceptif, cède à l’objet qui est placé devant lui afin d’en recevoir l’impression, ainsi la foi est l’impression que Dieu produit sur l’âme quand il s’en approche. La foi d’Abraham ne fut-elle pas le résultat du fait que Dieu s’était approché de lui, et lui avait parlé, l’impression que Dieu avait faîte sur lui? Recueillons-nous pour contempler le divin mystère de Christ, notre sainteté; sa présence attendue et adorée produira la foi. C’est-à-dire que l’Esprit qui procède de lui dans ceux qui s’attachent à lui sera de la foi.

 

5° La sainteté en Jésus, et non par ton effort, la puissance du péché brisée par la grâce seule. La sainteté de Dieu en toi, sa beauté sur ton front, ce sera la joie de ton pèlerinage, ce sera ta portion ici-bas.

 

{10} En sorte qu’ils reçoivent la rémission des péchés et un héritage parmi ceux qui sont sanctifié par la foi en moi.» Version révisée d’Oxford, 1881, autorisant l’intitulé de ce chapitre»

 

{11} Les meilleurs commentateurs relient cette expression par «la foi en moi,» non point au mot «sanctifiés,» mais à tonte l’expression «qu’ils reçoivent par la foi en moi.» Mais ceci ne saurait aucunement affecter l’application au mot «sanctifiés» Lu ainsi, le texte nous dit que la rémission des péchés et l’héritage, et la sanctification qui nous qualifie pour l’héritage, tout mous vient parla foi.

 

{12} Voir note E.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

DIX-NEUVIÈME JOUR

Sainteté et résurrection

 

Son fils, Celui qui est issu de la postérité de David, selon la chair, et qui selon l’Esprit de sainteté a été désigné Fils de Dieu d’une manière puissante par sa résurrection d’entre les morts. {Ro 1:4}

 

Ces paroles nous parlent d’une double naissance de Christ. Selon la chair, il est né de la postérité de David; selon l’Esprit, il est le premier-né d’entre les morts. Comme il était un fils de David en vertu de sa naissance physique, de même il a été déclaré Fils de Dieu avec puissance, en vertu de sa résurrection par l’Esprit de sainteté. De même que la vie qu’il a reçue par sa première naissance a été une vie dans et selon la chair, avec toute sa faiblesse, de même la nouvelle vie qu’il a reçue par sa résurrection a été une vie dans et selon là puissance de l’Esprit de sainteté.

 

L’expression: l’Esprit de sainteté est très spéciale. Ce n’est pas le mot ordinaire pour la sainteté de Dieu qui est employé ici, comme dans {Heb 12:10}, pour décrire la Sainteté d’une manière abstraite, et comme l’attribut d’un objet, mais un autre mot employé aussi {2Co 7:1 1Th 3:13} exprimant l’habitude de la sainteté en action, la sainteté pratique, la piété. Paul emploie ce mot, parce qu’il désirait mettre l’emphase sur la pensée que la résurrection de Christ était clairement le résultat de cette vie de sainteté, de cette sanctification de soi-même, dont le point culminant fut sa mort. Ce fut par la puissance de l’Esprit de la vie de sainteté dont il avait vécu qu’il ressuscita des morts. Il nous enseigne que cette vie et cette mort par lesquelles il s’est sanctifié lui-même pour nous, et sur lesquelles seules repose notre sanctification, furent la source et le fondement de sa résurrection, comme aussi de la déclaration que faisait avec puissance cette résurrection, c’est que Christ est le Fils de Dieu, le premier-né d’entre les morts. La résurrection fut le fruit que porta cette vie de sainteté. La vie de sainteté devient donc la propriété de tous ceux qui sont participants de la résurrection. La vie de ressuscité («si vous êtes ressuscites avec Christ...») et l’Esprit de sainteté sont inséparables. Christ s’est sanctifié lui-même dans sa mort, afin que nous soyons sanctifiés en vérité; lorsque par la vertu de l’Esprit de sainteté, il fut ressuscité d’entre les morts, cet Esprit de sainteté s’est révélé comme la puissance même de cette vie de ressuscité, et la vie de ressuscité comme une vie de sainteté.

 

Comme croyant, vous avez part à cette vie de ressuscité. (Résurrection, anglais). «Vous avez été régénérés par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts».—«Vous êtes ressuscites avec Christ», dès lors vous êtes exhortés à vous considérer comme vivants à Dieu, par Jésus-Christ, notre Seigneur. Mais la vie ne peut agir avec puissance que lorsque vous cherchez à la connaître, à vous y livrer, à la laisser prendre pleine possession de vous-même. Et si c’est là que vous voulez arriver, une des choses les plus importantes à réaliser pour vous, c’est que comme ce fut par l’Esprit de sainteté que Christ fut ressuscité, ainsi l’Esprit de cette même sainteté doit être en vous le cachet et la puissance de votre vie. Etudiez-vous à connaître et à posséder l’Esprit de sainteté tel qu’il s’est manifesté dans la vie de votre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

 

Et en quoi consistait cet Esprit? Le secret de cet Esprit, nous le trouvons dans cette Parole: Voici, je viens, ô Dieu! pour faire ta volonté. C’est par l’exécution de cette volonté, telle que Christ l’a accomplie, que nous avons été sanctifiés une fois pour toutes par l’oblation de son corps. C’est ainsi que Christ se sanctifia dans sa vie et dans sa mort; c’est là ce que l’Esprit de sainteté a produit en lui; c’est aussi ce que l’Esprit de vie qui est en Jésus-Christ veut faire en nous; une vie selon la volonté de Dieu est une vie de sainteté. Cherchez de tout votre cœur à saisir ceci clairement. Christ est venu pour nous révéler ce que devait être la vraie sainteté dans les conditions de la vie et de la faiblesse humaines. Il est venu pour l’accomplir pour vous, afin de pouvoir vous la communiquer par son Saint-Esprit. Si vous ne la saisissez pas avec intelligence et de tout votre cœur, le Saint-Esprit ne peut agir en vous; il ne peut la produire en vous. Cherchez à vous en emparer sérieusement; la volonté de Dieu acceptée sans hésitation, voilà la puissance par excellence de sainteté. C’est là le point de départ de toute tentative de devenir saint comme Christ lui-même est saint, dans et par sa sainteté. Plusieurs cherchent à ne prendre dans la vie de Christ ou dans son image, pour les imiter, que quelques parties de cette vie et de cette image, tandis qu’ils manquent grandement dans d’autres parties. Ils n’ont pas vu que le renoncement auquel Jésus les appelle est vraiment un renoncement à soi-même, dans toute l’étendue du terme. Notre volonté propre ne doit l’emporter sur aucun point quelconque: Jésus faisant seulement la volonté de son Père, voilà le Maître qui doit dominer sur nous, et non notre moi. «Etre parfait et bien convaincu, et demeurer ferme dans tout ce que Dieu veut», {Col 4:12} voilà quelle doit être l’ambition, la prière, l’attente constante du disciple de Jésus. Il n’y a pas à craindre que la volonté de Dieu ne nous soit pas clairement révélée en toutes choses. «Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il connaîtra...» Le Père ne laissera pas l’enfant disposé à obéir dans l’ignorance de sa volonté.

 

Et il n’y a pas à craindre que lorsque la volonté du Père nous sera révélée, il nous soit impossible de la faire. Quand une fois la douleur de nos chutes et de notre péché nous aura jetés dans cet état que décrit saint Paul au chapitre VII des Romains, et que nous saurons ce que c’est que de «prendre plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur», jusqu’à faire entendre ce cri: «Malheureux que je suis! qui me délivrera du corps qui cause cette mort?» la délivrance viendra sûrement par Jésus-Christ. Le Saint-Esprit ne produit pas seulement en nous la volonté, mais aussi le faire; où le croyant ne pouvait que soupirer et dire: «Je ne fais pas le bien que je veux», il donne la force, avec le cantique: «La loi de l’Esprit qui donne la vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort».

 

Dans cette foi ferme qu’il est possible de connaître et de faire la volonté de Dieu en toutes choses, prenez de Christ, en qui vous êtes, ce principe dirigeant de votre vie: «Je viens, ô Dieu! pour faire ta volonté». C’est le principe de la vie de celui qui est ressuscité avec Christ; sans cette disposition, Jésus n’aurait jamais été ressuscité d’entre les morts. C’est le principe de la vie nouvelle en vous. Acceptez-le; étudiez-le; réalisez-le; mettez-le en pratique. Plus d’un croyant a fait cette expérience que quelques simples paroles de consécration, exprimant, comme celles que nous venons de citer: «Je viens, O Dieu, pour faire ta volonté», la ferme intention de faire en toutes choses la volonté de Dieu, ont été pour eux comme une prise de possession de la joie et de la puissance d’une vie de résurrection inconnue auparavant. La volonté de Dieu est l’expression complète de ses perfections morales, de sa sainteté. Prendre sa place au centre même de cette volonté, la vivre, être porté et soutenu par cette volonté, a été la puissance de cette vie de Jésus que la mort n’a pu retenir dans la tombe, puissance qui ne pouvait autrement qu’éclater dans la gloire de sa résurrection. Or, ce que cette puissance a été pour Jésus, elle le sera aussi pour nous.

 

La sainteté, c’est la vie; ceci est l’expression la plus simple de la vérité contenue dans notre texte. Il ne peut y avoir de sainteté jusqu’à ce qu’il y ait une vie nouvelle implantée. Et la vie nouvelle ne peut se manifester comme une puissance de résurrection, elle ne peut porter des fruits, qu’en croissant en sainteté. Aussi longtemps que le croyant vit de cette vie partagée, dont une part est de la chair et une part de l’Esprit, une part pour soi-même, une part pour Christ, c’est en vain qu’il cherche la sainteté. C’est la vie nouvelle qui est la vie sainte; c’est la parfaite conception de cette vie par la foi, l’abandon complet de toute notre conduite à cette vie sainte, qui sera la route royale de la sainteté. Jésus a vécu, il est mort et ressuscité, afin de nous préparer une nouvelle nature, une nature que nous devons recevoir jour après jour dans l’obéissance de la foi; nous avons «revêtu l’homme nouveau, créé à l’image de Dieu, dans une justice et une sainteté que produit la vérité». {Eph 4:24}

 

Il y a plus. Cette vie n’est pas semblable à la vie de la nature, un principe aveugle, inconscient, accomplissant involontairement son idéal, dans une obéissance qui ne résiste pas à la loi de son être. Dans cette vie nouvelle, il y a l’Esprit de vie qui est en Jésus-Christ; l’Esprit de sainteté, le Saint-Esprit demeurant en nous comme une personne divine, entrant en communion avec nous et nous introduisant dans la communion du Christ vivant. C’est cela qui remplit notre vie d’espérance et de joie. Le Sauveur ressuscité souffla de son Esprit sur ses disciples; l’Esprit, lui, apporte le divin Ressuscité dans notre cœur; il l’y introduit comme un ami personnel, un guide vivant, et comme Celui qui fortifie. L’Esprit de sainteté, c’est l’Esprit, la présence, la puissance du Christ vivant. Jésus disait de l’Esprit. «Vous le connaissez». N’est-ce pas là ce dont nous avons le plus grand besoin: connaître le Saint-Esprit, l’Esprit de Christ l’Esprit de sa sainteté et de notre sainteté? Comment pouvons-nous «marcher selon l’Esprit» et suivre ses directions, si nous ne connaissons ni lui, ni sa voix, ni sa manière de conduire et d’agir?

 

Apprenons encore une autre leçon de notre texte. C’est du tombeau de notre chair et de notre volonté propre que l’Esprit de sainteté éclate en puissance de résurrection. Nous devons accepter la mort de la chair, la mort du moi, de sa volonté et de son action propres, comme point de départ de notre expérience de la puissance de l’Esprit de sainteté. En vue de chaque conflit avec le péché, de tout exercice de foi ou de prière, nous devons entrer dans la mort de Jésus, dans la mort à nous-mêmes, et comme ceux qui disent avec l’apôtre: «Non que nous soyons capables de rien concevoir par nous-mêmes», nous devons, dans une foi paisible, attendre que l’Esprit de Christ fasse son œuvre en nous, puisque «c’est de Dieu que nous vient notre capacité». L’Esprit agira, vous fortifiant puissamment dans l’homme intérieur, élevant en vous un saint temple au Seigneur. Et le temps viendra, s’il n’est pas encore venu pour vous, peut-être plus tôt que vous ne le pensez ou que vous n’osez l’espérer, où l’habitation consciente de Christ dans votre cœur, par la foi, la parfaite révélation et le couronnement de Christ en vous, comme roi, comme guide, comme gardien de votre cœur et de votre vie sera devenu pour vous une expérience personnelle.

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O Dieu très saint! nous te bénissons de ce que tu as ressuscité ton Fils d’entre les morts, et de ce que tu l’as élevé dans la gloire, afin que notre foi et notre espérance fussent en toi. Tu as fait de sa résurrection la puissance de la vie éternelle en nous, afin que comme il est maintenant ressuscité, nous puissions marcher en nouveauté de vie. Comme l’Esprit de sainteté a habité et a agi en lui, il habite et agit en nous, et il devient en nous l’Esprit de vie. O Dieu! nous t’en supplions, achève ton œuvre dans tes saints. Donne-leur un sentiment plus vif, plus profond de la sainte vocation que tu leur as adressée en Christ, le Ressuscité. Donne leur à tous d’accepter l’Esprit qui animait sa vie terrestre, de faire de la volonté de Dieu leurs délices, et que l’Esprit qui anime leur vie soit le même que celui qui animait celle de ton Fils. Que ceux qui jusqu’ici n’ont jamais accepté ces choses les acceptent, et que dans la foi et dans la puissance d’une vie nouvelle ils disent: «J’accepte la volonté de Dieu comme ma seule loi». Que l’Esprit de sainteté soit l’Esprit qui les fasse vivre! Père, nous t’en supplions, que Christ soit ainsi, par une expérience croissante du pouvoir de sa résurrection, révélé à nos cœurs comme le Fils de Dieu, le Seigneur, le Souverain qui règne en nous! Amen.

 

1° La vie de Christ est en même temps la sainteté de Christ. La raison pour laquelle nous échouons si souvent dans la poursuite de la sainteté, c’est que notre propre vie, la chair, cherche avec ses {forces} propres une sainteté qui soit comme un beau vêtement dont nous puissions nous parer pour entrer dans le ciel. C’est de la mort journalière à soi-même que naît la vie de Christ.

 

2° Mourir ainsi, vivre ainsi en Christ pour être saints, mais comment pouvons-nous y arriver? Tout cela vient selon l’Esprit de sainteté. Ayez le Saint-Esprit en vous. Dites journellement: «Je crois au Saint-Esprit».

 

Saints en Christ. Quand Christ vit en nous et que son Esprit, tel qu’il a trouvé son expression dans les paroles et les œuvres de Christ sur la terre, entre en nous et pénètre notre volonté et notre sentiment intérieur, alors notre union avec lui devient ce que Jésus a voulu qu’elle fût. C’est l’Esprit de sa conduite sainte, de sa sainteté qui doit être en nous.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

VINGTIÈME JOUR

Sainteté et liberté

 

Or, ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus les esclaves de la justice: faites maintenant de vos membres les esclaves de la justice pour devenir saints. Aujourd’hui que vous êtes affranchis du péché, et que vous êtes devenus les esclaves de Dieu, vous portez votre fruit de manière à être saints, et vous avez pour fin la vie éternelle. {Ro 6:18,19,22}

 

La liberté que nous avons en Jésus-Christ. {Ga 2:4}

 

En vertu de la liberté pour laquelle Christ nous a affranchis, tenez donc ferme, et ne vous laissez pas mettre sous le joug de la servitude. {Ga 5:1}

 

Aucune possession n’est plus estimable et plus précieuse que la liberté; rien n’inspire et n’élève davantage l’homme, et rien au contraire de plus déprimant et de plus dégradant que l’esclavage. L’esclavage ravit à l’homme ce qui constitue sa virilité, sa puissance de décision et d’action; il l’empêche d’être et de faire ce qu’il voudrait.

 

Le péché est un esclavage; c’est la servitude sous un pouvoir étranger qui s’est rendu maître de nous, et qui exige souvent un service des plus répugnants. La rédemption de Christ restaure notre liberté et nous affranchit de la puissance du péché. Si nous voulons vraiment vivre comme des rachetés, nous devons, non seulement regarder à l’œuvre que Christ a accomplie pour notre rédemption, mais nous devons accepter et réaliser par l’expérience combien est complète, sûre et absolue la liberté par laquelle il nous a rendus libres. Ce n’est que lorsque nous nous tenons fermes dans cette liberté qui est en Jésus-Christ que nous pouvons «porter notre fruit de manière à être saints».

 

Il est à remarquer combien rarement, dans la grande argumentation de l’épître aux Romains, le mot saint se rencontre, et comment, là où il est employé deux fois (chap. VI), dans l’expression: «pour la sanctification ou pour être saints», il est clairement énoncé comme but et fruit à atteindre par une vie de justice. Cette double répétition «pour être saints», indiquant un résultat qui doit être atteint, est précédée d’une pensée répétée deux fois aussi: «Ayant été affranchis du péché, et étant devenus les esclaves de la justice», ce qui nous montre bien comment l’affranchissement de la puissance du péché et l’abandon de notre être au service de la justice ne sont pas encore en eux-mêmes la sainteté, mais le seul et le plus sûr moyen de l’atteindre. Une vraie connaissance de l’affranchissement du péché que Christ nous procure, et une entrée complète dans cette liberté sont indispensables pour une vie de sainteté. Ce fut lorsqu’Israël fut affranchi du joug de Pharaon que Dieu commença à se révéler à lui comme le Dieu saint; ce n’est que lorsque nous savons que nous sommes «affranchis du péché», délivrés de la main de tous nos ennemis, que nous servons Dieu en justice et en sainteté tous les jours de notre vie.

 

«Ayant été affranchis du péché»; pour bien comprendre cette parole nous devons nous garder de deux erreurs. Nous ne devons ni la diminuer, ni y mettre plus que le Saint-Esprit n’y a mis lui-même. Le contexte montre que l’apôtre parle, non de notre position judiciaire, mais d’une réalité spirituelle, de notre union vivante avec Christ dans sa mort et dans sa résurrection, par laquelle nous sommes entièrement délivrés de la domination de la puissance du péché. «Le péché n’aura pas domination sur vous». Paul ne parle pas davantage d’une expérience, de ce que nous sentons que nous sommes affranchis de tout péché. Il parle du grand fait objectif que Christ nous a enfin délivrés de la puissance que le péché avait de nous forcer à faire sa volonté et ses œuvres, et il nous presse, dans la foi à ce fait glorieux, de repousser hardiment les commandements ou la tentation du péché. Connaître la liberté que nous avons en Christ, notre affranchissement de l’empire et de la puissance du péché, c’est le moyen de réaliser ces choses dans notre expérience.

 

Dans le temps où les Turcs et les Maures réduisaient souvent des chrétiens en esclavage, des sommes considérables étaient fréquemment payées pour la rançon de ceux qui étaient esclaves. Mais il arriva plus d’une fois que ceux pour qui on avait payé une rançon, éloignés dans l’intérieur du pays de leur servitude, ignorèrent toujours la bonne nouvelle de leur rachat, leurs maîtres ayant tout intérêt à la leur laisser ignorer. D’autres avaient bien appris cette nouvelle, mais ils s’étaient tellement habitués à leur esclavage qu’ils étaient incapables de faire un effort pour atteindre la côte ou la frontière. L’indolence ou le désespoir les retenait dans l’esclavage, ils ne pouvaient croire qu’ils fussent jamais capables d’atteindre sûrement le pays de la liberté. La rançon avait été payée; ils étaient réellement libres, et cependant soit ignorance, soit manque d’énergie, ils étaient encore dans l’esclavage. La rédemption de Christ a si complètement mis fin au péché et à la puissance légale qu’il avait sur nous «car la puissance du péché c’est la loi», {1Co 15:56} que très réellement et très certainement le pèche n’a plus le pouvoir de nous forcer à lui obéir. Ce n’est que dans la mesure où nous lui permettons encore de régner, dans la mesure où nous lui cédons comme si nous étions ses serviteurs qu’il peut exercer son empire. Satan fait l’impossible pour tenir les croyants dans d’ignorance de ce qu’il y a de complet dans leur affranchissement de son esclavage. Et comme les croyants sont si facilement satisfaits de leurs propres pensées sur la signification de la rédemption, et qu’ils désirent si faiblement et font si peu valoir leurs droits de la voir telle qu’elle est, et de posséder par son moyen la délivrance complète et les bénédictions qu’elle renferme, l’expérience qu’ils font de l’étendue de l’affranchissement du péché est très faible. «Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté». {2Co 3:17} C’est par le Saint-Esprit, par sa lumière éclairant et guidant notre être intérieur, son action étant humblement désirée et fidèlement acceptée, que cette liberté peut devenir notre propriété.

 

En, {Ro 6} Paul parle de l’affranchissement du péché; en, {Ro 7:3,4,6} de l’affranchissement de la loi, l’un et l’autre nous ayant été acquis en Christ, et par notre union avec lui. En, {Ro 8:2} il nous parle de cette liberté comme devenue nôtre par l’expérience. Il dit: «La loi de l’Esprit qui donne la vie en Jésus-Christ m’a affranchi oie la loi du péché et de la mort». La liberté qui est nôtre en Christ doit devenir nôtre par une appropriation et une jouissance personnelles, par le moyen du Saint-Esprit.

 

La dernière dépend de la première; plus la foi est complète, plus la connaissance est claire et nette, plus nous pouvons joyeusement nous glorifier en Jésus-Christ et en la liberté par laquelle il nous a affranchis, plus aussi est rapide et entière notre entrée en possession de la glorieuse liberté des enfants de Dieu. Comme la liberté est en Christ seul, de même c’est l’Esprit de Christ seul qui nous met de fait en possession de cette liberté et qui nous y fait demeurer. «L’Esprit de vie qui est en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. Où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté». Lorsque l’Esprit nous révèle Jésus comme Seigneur et Maître, notre nouveau Maître, qui seul a quelque chose à nous commander et qui nous engage à nous livrer nous-mêmes, à présenter nos membres, à abandonner notre vie entière au service de Dieu en Christ, la foi à l’affranchissement du péché devient consciente et réelle en nous. Croyant à ce qu’il y a de complet dans la rédemption, le captif sort de son esclavage comme un «affranchi du Seigneur». Il sait maintenant que le péché n’a plus pour un seul instant aucun pouvoir pour lui imposer l’obéissance. Il se peut qu’il cherche à reprendre ses anciens droits; il se peut qu’il parle avec un ton d’autorité; il se peut qu’il nous effraie jusqu’à se faire craindre et à nous soumettre à ses exigences, mais il n’a absolument plus de puissance sur nous, à moins que nous, oubliant notre liberté, nous ne cédions à ses tentations, et que nous ne lui donnions nous-mêmes puissance sur nous.

 

Nous sommes les affranchis du Seigneur. «Notre liberté est en Jésus-Christ». Au chapitre VII des Romains, Paul décrit les terribles luttes de l’âme qui cherche à accomplir la loi, vendue au péché, captive, esclave, sans la liberté de faire tout ce que son cœur désire. Mais lorsque l’Esprit prend la place de la loi, le cri: «Malheureux que je suis, qui me délivrera du corps qui cause cette mort?» est changé en ce chant de victoire: «Je rends grâces à Dieu par Jésus-Christ; la loi de l’Esprit de vie m’a affranchi».

 

Que de plaintes sur l’insuffisance de nos forces à accomplir la volonté de Dieu, que d’efforts impuissants, d’espérances déçues, de continuelles défaillances reproduisant et répétant sous mille formes ce cri du captif: «Malheureux que je suis!» Mais, grâces en soient rendues à Dieu, il y a une délivrance! Christ nous a affranchis pour la liberté. {Ga 5:1} «Tenez donc ferme, et ne vous laissez pas mettre sous le joug de la servitude». Satan cherche sans cesse à mettre sur nous soit le joug du péché, soit celui de la loi, comme si le péché ou la loi dans leurs exigences avaient quelque pouvoir sur nous.

 

Mais il n’en est rien. Ne vous laissez point prendre à ses filets; tenez ferme dans la liberté pour laquelle vous avez été affranchis par Christ. Prêtons l’oreille à ce message: «Or, ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus les esclaves de la justice..., faites maintenant de vos membres les esclaves de la justice pour devenir saints».—«Aujourd’hui que vous êtes affranchis du péché, et devenus les esclaves de Dieu, vous portez votre fruit de manière à être saints»; {Ro 6:18,19,22} ou «vous avez pour fruit la sanctification».

 

Pour être saint, vous devez être libre, parfaitement libre; libre de manière à ce que Jésus puisse régner en vous, vous conduire; libre de manière à ce que le Saint-Esprit puisse disposer de vous, respirer en vous, agir, opérer en vous son œuvre secrète, douce et puissante, afin que vous croissiez jusqu’a la pleine liberté que Christ vous a acquise.

 

Ayant été affranchis du péché, et étant devenus les esclaves de la justice, vous portez votre fruit de manière à être saints, et vous avez pour fin la vie éternelle. Liberté, justice, sainteté voilà les degrés à franchir pour atteindre à la gloire future. Plus nous entrerons profondément par la foi dans la liberté que nous avons en Christ, plus aussi nous présenterons joyeusement et avec confiance à Dieu nos membres comme instruments pour faire ce qui est juste. Dieu est le Père dont nous sommes heureux de faire la volonté, et dont le service est une parfaite liberté. Le Rédempteur est le Maître auquel l’amour nous lie dans une obéissance volontaire. La liberté n’est pas la licence: «Nous sommes délivrés des mains de nos ennemis afin de le servir sans crainte, en pratiquant sous son regard la sainteté et la justice tous les jours de notre vie». {14}

 

La liberté est la condition de la justice, et la justice de la sainteté.

 

«Soyez saints comme je suis saint».

 

O Dieu de gloire! Je te prie d’ouvrir mes yeux à cette merveilleuse liberté pour laquelle Christ m’a fait un de ses affranchis. Fais-moi saisir pleinement ta Parole quand elle me dit que le péché n’aura pas domination sur moi, parce que je ne suis pas sous la loi, mais sous la grâce! Apprends-moi à bien connaître la liberté que j’ai en Jésus-Christ et a m’y tenir ferme.

 

Mon Père, ton service est un service de parfaite liberté; révèle-moi cette vérité; tu es l’infiniment libre et ta volonté ne connaît d’autres limites que celles qu’y met sa propre perfection. Et tu nous invites à entrer dans cette volonté pour la faire, afin que nous soyons libres comme toi-même, ô Dieu! tu es libre. O mon Dieu! montre-moi la beauté de ta volonté lorsqu’elle m’affranchit de moi-même et du péché; et que je fasse de cette volonté mes seules délices. Que le service de la justice soit une joie et une force pour moi, et qu’il ait pour fruit ma sanctification, m’introduisant dans ta sainteté.

 

Bien-aimé Sauveur! mon Libérateur et ma liberté, je t’appartiens. Je m’abandonne à ta volonté, afin de ne connaître d’autre volonté que la tienne. Maître! je veux te servir toi, et toi seul. J’ai ma liberté en toi! Sois mon gardien, toi seul. Je ne puis rester debout un seul instant hors de toi. En toi je me tiens ferme; en toi je me confie.

 

Dieu très saint! moi ton enfant libre, obéissant et qui t’aime, tu me rendras saint Amen.

 

1° La liberté est le pouvoir de donner libre essor à l’impulsion de notre nature. En Christ, l’enfant de Dieu est affranchi de tout pouvoir qui l’empêcherait d’agir selon les lois de sa nouvelle nature.

 

2° Cette liberté nous vient de la foi. Par la foi en Christ, j’entre en possession de la liberté et j’y demeure.

 

3° Cette liberté est du Saint-Esprit. «Où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté». Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus sous la loi». Un cœur rempli de l’Esprit devient vraiment libre.

 

4° Mais cette liberté est dans la charité. «Vous avez été appelés à la liberté; seulement que votre liberté ne serve pas d’excitation à la chair; mais asservissez-vous les uns aux autres». La liberté pour laquelle Christ nous affranchit est la liberté de devenir semblables à lui, pour aimer et pour servir. «Quoique libre de tous, je me suis fait esclave de tous, pour gagner un plus grand nombre». Voilà la liberté de la charité.

 

5° «Ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus les esclaves de la justice pour devenir saints». Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve. .{Ex 10:3} Celui-là seulement qui fait ce qui est juste peut devenir saint.

 

6° Cette liberté est joie et chants de triomphe.

 

{14} Voir note F

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

VINGT ET UNIÈME JOUR

Sainteté et bonheur

 

Le royaume de Dieu consiste dans la justice, dans la paix, et dans la joie par le Saint-Esprit. {Ro 14:17}

 

Les disciples étaient remplis de joie et d’Esprit-Saint. {Ac 13:52}

 

Néhémie dit: Ce jour est consacré à notre Seigneur. Ne vous affligez pas, car la joie de l’Eternel sera votre force. {Ne 8:10}

 

La profonde signification de la joie dans la vie chrétienne est peu comprise. La joie est trop souvent considérée comme quelque chose de secondaire, tandis que sa présence dans notre âme est essentielle comme preuve que Dieu nous satisfait pleinement, et que son service fait nos délices. Dans notre vie domestique, il ne nous suffit pas pour être contents que toutes les convenances de la conduite, du maintien soient observées, et que tous remplissent leurs devoirs réciproques; seul l’amour vrai nous rend heureux dans nos rapports les uns avec les autres; or, de même que l’amour donne sa chaleur d’affection, la joie est le rayon de soleil qui remplit la maison de son éclat. Même dans la souffrance et la pauvreté, les membres d’une famille qui s’aiment, sont une source de joie les uns pour les autres. Sans cette joie, spécialement, il n’y a pas de vraie obéissance de la part des enfants. Ce n’est pas à la simple exécution d’un ordre donné ou à l’accomplissement d’un service que des parents regardent; c’est à la manière joyeuse, volontaire, au joyeux empressement avec lesquels cela est fait, qui rend ce service agréable. Il en est de même des rapports des enfants de Dieu avec leur Père céleste. Même dans l’effort que nous faisons pour arriver à une vie de consécration et d’obéissance selon l’Evangile, nous sommes continuellement en danger de nous replacer sous la loi avec ses: «Tu feras, tu ne feras pas». La conséquence en est toujours une occasion de chute. La loi ne produit que la colère; elle ne donne ni la vie ni la force. Ce n’est que lorsque nous nous tenons fermes dans la joie de notre Seigneur, dans la joie de notre affranchissement du péché, dans la joie de son amour et de ce qu’il est pour nous, dans la joie de sa présence, que nous possédons la force nécessaire pour le servir et pour lui obéir. Ce n’est que lorsque nous sommes libres de tout maître, du péché, du moi et de la loi; ce n’est que lorsque nous nous réjouissons dans cette liberté, que nous pouvons offrir à Dieu un service qui le satisfasse, et qui nous rende nous-mêmes heureux. «Je vous reverrai, disait Jésus à ses disciples, et votre cœur sera réjoui, et nul ne vous ravira votre joie». La joie est la preuve et la condition de la présence permanente et personnelle de Jésus dans notre âme.

 

Si la sainteté est la beauté et la gloire de la vie de la foi, il est évident que là, tout particulièrement, l’élément de la joie ne doit pas faire défaut. Nous avons déjà vu comment la première mention qui a été faite de Dieu comme le Saint, se trouve dans un chant de louanges sur les bords de la mer Rouge, comment Anne, la mère de Samuel, et Marie, la mère de Jésus, dans leurs moments d’inspiration, louaient Dieu comme Celui qui est le Saint; comment le nom de Dieu trois fois saint, prononcé dans les cieux, vient jusqu’à nous par la bouche et dans le cantique des séraphins; et comment les êtres vivants qui sont devant le trône et la grande multitude des rachetés qui chantent le cantique de l’Agneau, adorent Dieu comme le Saint. Nous devons l’adorer dans toute la beauté de sa sainteté; chanter ses louanges en nous souvenant de sa sainteté; ce n’est que dans un esprit d’adoration, de louange et de joie que nous pouvons connaître Dieu parfaitement comme le Saint. Plus encore, ce n’est que sous l’inspiration d’un amour qui adore et qui se réjouit, que nous pouvons être rendus saints. C’est lorsque nous cessons de vivre dans la crainte et l’anxiété, et que nous ne comptons plus sur nos efforts ou sur nos élans, mais que nous nous reposons avec des cœurs reconnaissants et joyeux sur ce que Jésus est dans son œuvre parfaite comme sanctification pour nous; c’est lorsque nous nous reposons et nous réjouissons en lui, que nous pouvons être faits participants de sa sainteté. C’est le jour de repos, c’est-à-dire le jour que Dieu a béni, qui est un jour de joie et de félicité; et c’est le jour qu’il a béni qui est un jour saint. Sainteté et bonheur sont inséparables.

 

Mais ceci n’est-il pas en contradiction avec l’enseignement de l’Ecriture et avec l’expérience des saints? La souffrance et l’affliction ne sont-elles pas parmi les moyens choisis de Dieu pour la sanctification? Les promesses ne sont-elles pas faites à ceux dont le cœur est brisé, aux pauvres en esprit, à ceux qui pleurent? Le renoncement à soi-même, l’abandon de tout ce que nous avons, la crucifixion avec Christ et la mortification journalière de notre chair, n’est-ce pas là le chemin de la sainteté? et tout ceci ne donne-t-il pas plus de raisons de souffrir et de pleurer que de chanter et de se réjouir?

 

La réponse à ces questions, nous la trouverons dans une juste conception de la vie de la foi. La foi élève, et nous met en possession de ce qui est précisément l’opposé de ce que nous sentons ou expérimentons. Dans la vie chrétienne, il y a toujours un paradoxe: les oppositions qui nous paraissent le plus irréconciliables, nous les voyons à tel moment donné mises côte à côte. Paul l’exprime dans des paroles comme celles-ci: «...Pour mourants, et voilà que nous vivons; pour châtiés, et pourtant nous ne sommes pas mis à morts; pour tristes, nous qui sommes toujours joyeux; pour pauvres, nous qui en enrichissons bon nombre; pour n’ayant rien, nous qui avons tout». Et ailleurs: «Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort». Cette contradiction apparente se concilie non seulement par le fait de l’union, dans tout croyant, de deux vies, la vie humaine et la vie divine, mais surtout parce que le fidèle participe en même temps de la mort et de la résurrection de Christ. La mort de Christ a été une mort de douleurs et de souffrances, une mort réelle, terrible, un déchirement des liens qui unissaient l’âme et le corps, l’esprit et la chair.

 

La puissance de cette mort agit en nous: si nous voulons vivre saintement, nous devons la laisser agir puissamment; car c’est dans cette mort que Christ s’est sanctifié, afin que nous-mêmes, nous soyons vraiment sanctifiés. Notre sainteté, comme la sienne, est dans la mort à notre volonté propre, et à notre vie propre tout entière. Mais—et nous devons bien saisir ceci—nos approches du côté de la mort, nous ne les faisons pas du même côté que Christ, c’est-à-dire dans la direction d’un ennemi à vaincre, d’une souffrance à subir avant d’entrer dans la vie nouvelle. Non, le croyant, qui sait ce que Christ est comme Ressuscité, s’approche de la mort, de la crucifixion à soi-même, de la crucifixion de la chair et du monde, du côté de la résurrection, qui, pour le racheté, est le côté de la victoire en la puissance du Christ vivant. Quand nous avons été «baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort» et en sa résurrection comme nôtres; et Christ lui-même, le Seigneur vivant, ressuscité, nous introduit triomphalement dans la puissance de sa mort. Et ainsi, pour le croyant qui vit vraiment par la foi, et qui ne cherche pas à crucifier et à mortifier la chair par ses propres efforts, mais qui connaît le Sauveur vivant, la joie profonde de la résurrection ne l’abandonne jamais, mais elle est sans cesse sa force dans ce qui pour d’autres peut paraître n’être que durs sacrifices et croix à porter. Il dit avec Paul: «Je me glorifie dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ par lequel le monde est crucifié pour moi». Le croyant ne se pose jamais la question: «Qui me délivrera du corps qui cause cette mort?» sans faire retentir la joyeuse et triomphante réponse comme une expérience actuelle: «Je rends grâces par Jésus-Christ, notre Seigneur. Grâces soient rendues à Dieu de ce qu’il nous fait toujours triompher en Christ!»

 

Et maintenant retenons les deux leçons suivantes: la sainteté est essentielle au vrai bonheur; le bonheur est essentiel à la vraie sainteté.

 

La sainteté est essentielle au vrai bonheur. Si vous voulez avoir de la joie, une plénitude de joie, une joie permanente que rien ne peut faire disparaître, soyez saints comme Dieu est saint. La sainteté est la félicité. Rien ne peut assombrir ou interrompre notre joie sinon le péché. Quelle que soit notre épreuve ou notre tentation, la joie de Jésus, dont Pierre dit: «En qui vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse», est une compensation qui l’emporte, et au-delà. Si nous perdons notre joie, la cause doit en être le péché. Peut-être suivons-nous le monde ou nous-mêmes; il se peut aussi qu’une tache se soit produite sur notre conscience par quelque chose de douteux, ou qu’il y ait en nous quelque incrédulité, un désir de marcher par la vue où Dieu veut que nous marchions par la foi, situation dans laquelle nous pensons plus à nous-mêmes et à notre joie qu’au Seigneur seul: quoi qu’il en soit, rien ne peut nous ravir notre joie que le péché. Si nous voulons avoir une vie heureuse et qui connaît la vraie joie, une vie par laquelle nous assurions Dieu, les hommes et nous-mêmes que notre Seigneur est vraiment tout pour nous, soyons saints, glorifions-nous en lui qui est notre sainteté, car, en sa présence, il y a plénitude de joie. «Ta face est un rassasiement de joie». Vivons dans le royaume qui est «joie par le Saint-Esprit». L’Esprit de sainteté est en même temps un esprit de joie, parce qu’il est l’Esprit de Dieu. Ce sont les saints, les saints de Dieu qui poussent des cris de joie.

 

De plus, le bonheur est essentiel à la vraie sainteté. Si vous voulez être un chrétien saint, vous devez être un chrétien heureux. Jésus fut oint de Dieu d’une «huile de joie», afin qu’il puisse «nous donner une huile de joie au lieu du deuil». Apprenez à comprendre la divine valeur de la joie. Elle est la preuve la plus évidente que vous êtes en la présence du Père, et que vous demeurez dans son amour. Elle prouve que vous avez conscience de votre affranchissement de la loi et de l’effort de l’esprit de servitude. C’est le signe que vous êtes libres de souci et de responsabilité (responsibility), parce que vous vous réjouissez eh Jésus-Christ comme en Celui qui est votre sanctification, votre gardien, votre force. C’est le secret de la santé et de la force spirituelles, remplissant tout votre service dans l’assurance heureuse et enfantine que le Père ne demande rien de nous sans nous donner la force de l’accomplir, et qu’il accepte tout ce qui est fait dans cet esprit, quelque imparfait que soit le travail. Le vrai bonheur est toujours désintéressé; il se perd dans ce qui fait l’objet de sa joie. Dans la mesure où la joie du Saint-Esprit nous remplit, et où nous nous réjouissons en Dieu, qui est le Saint, par Jésus-Christ, notre Seigneur, dans la mesure où nous adorons et servons le Dieu trois fois saint, dans cette mesure nous devenons saints. C’est là, même dans le désert où nous sommes, le «chemin de la sainteté, la voie sainte, où les rachetés de l’Eternel marcheront, allant à Sion avec chants de triomphe. Une joie éternelle couronnera leur tête; ils obtiendront la joie et l’allégresse». {Esa 35}

 

Tous les enfants de Dieu comprennent-ils ceci? C’est que la sainteté est précisément un autre nom, le vrai nom que Dieu donne pour bonheur; que c’est, en effet, un bonheur inexprimable que de savoir que Dieu nous rend saints, que notre sainteté est en Christ, que le Saint-Esprit, l’Esprit de Christ est en nous. Rien n’est si attrayant que la joie; les croyants ont-ils compris que ceci est la joie du Seigneur: être saints? «Tu te glorifieras dans le Saint d’Israël». Les plus pauvres feront du Saint d’Israël le sujet de leur allégresse. Réclamons-nous de ces promesses. Que l’assurance que la foi nous donne que Dieu, notre Père, et notre Sauveur Jésus-Christ, et le Saint-Esprit qui demeure en nous, se sont engagés à faire l’œuvre dans notre âme, et qu’ils la font, que cette assurance, dis-je, nous remplisse de joie. Ne cherchons pas notre joie en ce que nous voyons en nous de sainteté; réjouissons-nous de la sainteté de Dieu en Christ, sainteté qui nous a été gratuitement acquise; réjouissons-nous dans le Saint d’Israël. Ainsi notre joie sera indicible et permanente; ainsi aussi nous le glorifierons.

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

Dieu bienheureux! Je te prie de me révéler, à moi et à tous tes enfants, le secret de se réjouir en toi, le Saint d’Israël.

 

Tu vois quelle part importante du service de tes enfants se fait dans un esprit de servitude, et combien qui n’ont jamais compris jusqu’ici que la voie sainte est un chemin dans lequel ils peuvent marcher en chantant, et que là ils rencontreront la joie et l’allégresse. O Père! enseigne à tes enfants à se réjouir en toi.

 

Je te demande spécialement de nous enseigner que dans une profonde pauvreté d’esprit, dans l’humilité et dans le sentiment de notre péché et de notre néant, dans la conscience bien nette qu’il n’y a pas de sainteté en nous, nous pouvons chanter tous les jours ta sainteté, que tu as faite nôtre en Christ, et ta gloire, que tu as fait reposer sur nous, sainteté et gloire qui sont cependant à toi, et à toi seul. O Père! dévoile à tes enfants les mystères bénis de ton royaume, c’est-à-dire la foi qui voit tout en Christ, et rien en soi-même; la foi qui, en effet, a tout en lui, et se réjouit de tout en lui, la foi qui ne saurait se réjouir de rien en soi-même, parce qu’il n’y a là rien de quoi se réjouir. Amen.

 

1° Le grand obstacle à la joie en Dieu est de s’attendre à trouver en nous-mêmes quelque chose dont nous puissions nous réjouir. Dans les premiers pas que nous faisons à la recherche de la sainteté, nous nous attendons toujours à voir se produire en nous un grand changement. Mais lorsque nous avançons plus profondément dans la connaissance de ce qu’est la foi et la vie de la foi, nous comprenons comment, quoique nous ne voyions pas le changement que nous avions attendu, nous pouvons cependant nous réjouir d’une joie ineffable en ce que Jésus est. C’est là le secret de la sainteté.

 

2° La joie doit être cultivée. Le commandement de nous réjouir nous est donné plus fréquemment que nous n’avons l’air de le savoir. Cela fait partie de l’obéissance de la foi de se réjouir lorsque nous n’en sentons aucune envie. La foi se réjouit et chante parce que Dieu est saint. «Remplis de joie et du Saint-Esprit». «Le royaume de Dieu est joie par le Saint-Esprit».

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

VINGT-DEUXIÈME JOUR

En Christ notre sanctification

 

C’est par lui que vous êtes en Jésus-Christ qui a été fait sagesse pour nous, par la volonté de Dieu, ainsi que justice, sanctification et rédemption, afin que comme il est écrit: Celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur. {1Co 1:30,31}

 

Ces paroles nous introduisent maintenant au centre même de la révélation de Dieu concernant la sainteté. Nous connaissons les diverses étapes de la route qui y conduit. Il est saint, et la sainteté est de lui. Il nous sanctifie en s’approchant de nous. Sa présence est sainteté. Dans la vie de Christ, la sainteté qui, jusqu’alors, n’avait été révélée qu’en symboles et comme une promesse de choses excellentes à venir, a réellement pris possession d’une volonté humaine, et a été faite une avec une vraie nature humaine. Dans sa mort, tout obstacle pouvant empêcher que cette sainte nature nous soit transmise, a été enlevé: Christ est vraiment devenu notre sanctification. La communication effective de cette sainteté a eu lieu par le Saint-Esprit. Et maintenant, nous désirons comprendre quelle est l’œuvre qu’accomplit le Saint-Esprit, et comment il nous communique cette sainte nature; quelles sont nos relations avec Christ comme notre sanctification; quelle position nous devons prendre vis-à-vis de lui si nous voulons que cette sanctification puisse, dans sa plénitude et avec puissance, accomplir son œuvre en nous.

 

La réponse divine à cette question est celle de notre texte:

 

«C’est par lui (Dieu), que vous êtes en Christ». Cette vie en Christ est destinée au pécheur, à celui qui est «travaillé et chargé», à celui qui est indigne, à l’impotent. C’est une vie qui est un don de l’amour du Père et qu’il veut révéler lui-même à quiconque vient à lui avec la confiance d’un enfant. C’est une vie qui est destinée à être notre vie de tous les jours, et qui dans les circonstances et les situations les plus diverses nous rendra saints et nous entretiendra dans la sainteté.

 

«Par lui (Dieu), vous êtes en Christ». Avant que notre bien-aimé Sauveur quitte ce monde, il avait dit à ses disciples: «Voici je suis tous les jours avec vous jusqu’à la fin du monde». Et il est écrit de lui: «Celui qui est descendu est Celui-là même qui est monté au plus haut de tous les cieux, afin de rendre toutes choses parfaites (de remplir toutes choses)». L’Eglise est son corps, la plénitude de Celui qui accomplit tout en tous. Par le Saint-Esprit, le Seigneur Jésus est avec son peuple sur la terre. Quoiqu’il soit invisible, et qu’il ne soit point dans la chair, sa présence personnelle est aussi réelle sur la terre que lorsqu’il marchait avec ses disciples. Par la nouvelle naissance, le croyant est sorti de sa vieille nature, «la chair»; il n’est plus «dans la chair»; il est vraiment et actuellement en Christ. Le Christ vivant l’enveloppe de sa sainte présence. Où qu’il soit et quoi qu’il soit, quelque ignorant qu’il soit de sa position, et malgré ses infidélités, sa place est en Christ. Par un acte de la divine et toute-puissante grâce de Dieu, il a été planté en Christ, environné de tous côtés de la puissance et de l’amour de Celui qui remplit toutes choses, et dont la plénitude habite tout spécialement son corps ici-bas, c’est-à-dire l’Eglise.

 

Et comment celui qui désire ardemment connaître Christ parfaitement comme sa sanctification peut-il arriver à vivre, selon les intentions de Dieu, avec la provision qu’il lui a faite «en Christ?» La première chose dont il faut se souvenir, c’est que ceci est une affaire de foi, et non de sentiment. La promesse de l’habitation du Saint qui vivifie a été faite aux humbles, aux contrits de cœur. C’est lorsque je sens le plus vivement ma souillure, et que je ne puis rien faire pour me rendre saint, lorsque j’ai honte de moi-même, c’est alors que je dois tourner le dos au moi et dire plein de confiance: «Je suis en Christ. Il est là, et il m’environne de tous côtés. Comme l’air qui m’enveloppe, comme la lumière qui m’inonde, voici mon Seigneur Jésus-Christ! Il est là avec moi; il m’enveloppe de sa présence cachée, mais réelle et divine. Avec calme et confiance, ma foi doit se jeter dans les bras du Père, de qui et par la puissante grâce duquel je suis en Christ; il me révélera alors cette vérité avec une force et une clarté toujours plus grandes. Il le fait lorsque je crois, et quand je crois, il ouvre lui-même mon âme entière pour qu’elle reçoive tout ce qui est impliqué dans ce fait d’être en Christ: le sentiment de mon péché, de ma souillure doit devenir la force de ma confiance et de ma dépendance de Christ. C’est dans une pareille foi que je demeure en Christ».

 

Mais par le fait que c’est de la foi que nous vient cette grâce, c’est donc du Saint-Esprit. «Par lui (Dieu), vous êtes en Christ». Ce n’est pas comme si Dieu, après nous avoir placés et plantés en Christ, nous laissait le soin de maintenir notre union avec lui. Non, Dieu est l’Eternel, le Dieu de la vie éternelle, Celui qui agit à chaque instant avec une puissance qui ne se lasse jamais. Ce que Dieu donne, il continue de le donner incessamment. C’est lui qui, par son Saint-Esprit, fait de cette vie en Christ une bienheureuse réalité, et qui nous en donne conscience. «Nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les grâces que Dieu nous a faites». {1Co 2:12} La foi ne dépend pas de Dieu seulement pour le don qu’elle doit accepter, mais aussi pour la force dont elle a besoin pour l’accepter. La foi a besoin du Fils, non seulement comme nourriture, et comme l’Etre qui peut la satisfaire, mais elle a encore besoin du Saint-Esprit comme puissance pour le recevoir et le garder. Ainsi la bienheureuse acquisition de tout ce que signifient ces mots: «Christ notre sanctification», nous est assurée à mesure que nous apprenons à nous prosterner devant Dieu avec foi pour demander le Saint-Esprit, et avec une parfaite et enfantine confiance qu’il est prêt à révéler et à glorifier en nous Christ, en qui nous sommes, comme notre sanctification.

 

Et comment l’Esprit révêlera-t-il ce Christ en qui nous sommes? Il nous le révélera spécialement comme le Vivant, l’Ami personnel, le Maître. Christ n’est pas seulement notre exemple, notre idéal. Sa vie n’est pas seulement une atmosphère et une inspiration, comme nous disons quand nous parlons d’un homme qui nous a puissamment influencés par ses écrits. Christ n’est pas seulement un trésor et une plénitude de grâce et de puissance dont nous sommes faits participants par le Saint-Esprit. Mais Christ est le Sauveur vivant dont le cœur bat d’un amour le plus tendrement humain, et cependant divin. C’est dans cet amour qu’il s’approche de nous, dans cet amour qu’il nous reçoit, lorsque le Père nous attache à lui. Par la puissance d’un amour personnel, il peut exercer une influence et nous attacher à lui. Dans cet amour de Christ pour nous, nous avons la garantie que sa sainteté nous sera communiquée; et dans cet amour, la grande puissance par laquelle entre cette sainteté. Lorsque le Saint-Esprit nous révèle que le lieu où nous demeurons, c’est Christ et son amour, et que ce Christ est un Seigneur et un Sauveur vivant, alors s’éveille en nous l’enthousiasme d’un attachement personnel, le dévouement d’une fidélité affectueuse qui nous fait tout-à-fait siens. Alors il nous devient possible de croire que nous pouvons être saints; nous arrivons à la certitude que, dans la voie de la sainteté, nous pouvons «aller de force en force».

 

Une telle connaissance, que nous donne la foi, de notre relation avec Christ, en nous montrant que nous sommes en lui, et un tel attachement personnel à Celui qui nous a reçus dans son amour, et qui nous y maintient et nous y garde d’une manière permanente, devient le ressort d’une obéissance nouvelle. La volonté de Dieu nous est présentée à la lumière de la vie de Christ et de son amour, chaque commandement ayant été premièrement accompli par lui, puis nous étant transmis comme le secours le plus sûr et le plus précieux pour une communion plus parfaite avec le Père et avec sa sainteté. Christ devient Seigneur et Roi dans l’âme, par la puissance du Saint-Esprit; il guide la volonté de son racheté dans toute la volonté parfaite de Dieu, et il se révèle à l’âme comme sa sanctification, lorsqu’il couronne son obéissance d’une mesure toujours plus grande de la présence et de la sainteté de Dieu.

 

Si quelqu’enfant de Dieu était jamais disposé à se laisser décourager lorsqu’il pense à ce qu’il doit être en sainteté dans toute sa conduite, qu’il me permette de lui dire de reprendre courage. Dieu pouvait-il imaginer quelque chose de plus merveilleux ou de plus beau pour des créatures si pécheresses et si impuissantes? Voyez Christ, le Fils même de Dieu fait sanctification pour nous! le Christ puissant, saint, plein d’amour, sanctifié par la souffrance, afin qu’il puisse sympathiser à nos douleurs; lui, donné de Dieu, afin que nous soyons sanctifiés par son moyen. Que pouviez-vous désirer de plus? Oui, il y a quelque chose de plus: Par lui (Dieu), vous êtes en Christ. Que vous le compreniez ou non, quelque faiblement que vous le réalisiez, le fait est là dans sa divine et parfaite réalité. Vous êtes «en Christ» par un acte de la toute-puissance de Dieu. Et là, «en Christ», Dieu lui-même veut vous y établir et vous y faire demeurer jusqu’à la fin. Et vous possédez, chose merveilleuse entre toutes, le Saint-Esprit en vous, pour vous enseigner à connaître, à croire, à recevoir tout ce qui est réservé pour vous «en Christ». Et si vous voulez seulement reconnaître qu’il n’y a en vous aucune sagesse, aucune force quelconque pour la sainteté; si vous voulez permettre à Christ, lui «la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu», de vous conduire par le Saint-Esprit qui est en vous, et de vous faire éprouver combien complètement, fidèlement et puissamment il peut être votre sanctification, il le fera d’une manière merveilleuse.

 

O mon frère! viens et que Christ soit ta sanctification. Non point un Christ éloigné auquel tu regarderais, mais un Christ qui est tout près de toi, qui t’enveloppe de sa présence, et en qui tu es. Non point un Christ selon la chair, un Christ du passé, mais un Christ présent par la puissance du Saint-Esprit. Non un Christ que tu puisses arriver à connaître avec ta propre sagesse, mais le Christ de Dieu qui est un Esprit, et dont l’Esprit qui est en toi, dans la mesure où tu meurs à la chair et à toi-même, te révélera la puissance. Non point un Christ que tu puisses embrasser de la petitesse et de la pauvreté de ta pensée, mais un Christ selon l’infinie grandeur du cœur et de l’amour de Dieu. Oh! viens, accepte ce Christ-là et réjouis-toi en lui. Sois content de lui laisser toute ta faiblesse, toute ta folie, toute ton infidélité, dans la calme confiance qu’il fera pour toi beaucoup plus que tu ne peux penser ou espérer. Et que dorénavant il en soit pour toi selon cette parole de l’apôtre: «Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur!»

 

«Soyez saints comme je suis saint».

 

O mon tendre Père! je me prosterne dans le silence devant le saint mystère de ton amour infini.

 

Oh! pardonne-moi de l’avoir connu et de l’avoir cru si imparfaitement, et d’une manière si peu digne d’un si grand mystère.

 

Accepte mes louanges pour ce que j’ai pu voir et goûter des bénédictions divines qu’il renferme. Accepte, Seigneur Dieu! la louange d’un cœur joyeux qui t’aime, et qui ne sait qu’une chose, c’est qu’il ne peut te louer comme tu en es digne.

 

Et entends ma prière, ô mon Père! c’est que, par la puissance du Saint-Esprit qui demeure en moi, je puisse accepter chaque jour, et le réaliser pleinement dans ma vie, ce que tu m’as donné en Christ ma sanctification. Que les insondables richesses qui sont en lui soient la provision journalière pour chacun de mes besoins! Que sa sainteté par laquelle il fait de ta volonté ses délices devienne vraiment mienne! Enseigne-moi surtout comment cela se fait le plus sûrement; c’est par l’action de ta toute-puissance merveilleuse et vivifiante que je suis en lui, et que je suis gardé dans cette position par ta main. Mon Père! ma foi s’écrie: «Loué soit le Seigneur Jésus-Christ, je puis être saint» Amen.

 

1° Christ, tel qu’il a vécu et qu’il est mort sur la terre, est notre sanctification. Sa vie, l’Esprit qui a animé cette vie est ce qui constitue notre sainteté. Etre en une parfaite harmonie avec Christ, avoir son Esprit, c’est être-saint.

 

2° La sainteté de Christ avait deux côtés. D’abord, Dieu l’a sanctifié par son Esprit; puis, Christ s’est sanctifié lui-même en suivant les directions de l’Esprit, en sacrifiant en toutes choses sa propre volonté à celle de Dieu. Se prosterner à ses pieds, croire qu’il connaît tous nos besoins et qu’il possède toutes choses, qu’il aime à tout donner, c’est le repos. Et la sainteté, c’est se reposer en Jésus, qui est lui-même le repos de Dieu. Que toutes nos pensées se résument en une seule: «Jésus! bien-aimé Jésus!»

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

VINGT-TROISIÈME JOUR

La sainteté et le corps

 

Le temple de Dieu est saint, ce que vous êtes vous-mêmes. {1Co 3:17}

 

Le corps est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps. {1Co 6:13}

 

Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous? Glorifiez Dieu dans votre corps. {1Co 6:19,20}

 

Jésus, notre Seigneur, venant dans le monde dit: «Tu n’as voulu ni sacrifice, ni offrande, mais tu m’as fait un corps. Voici, je viens, ô Dieu! pour faire ta volonté». En quittant ce monde, c’est encore en son propre corps qu’il a porté nos péchés sur le bois. C’était donc dans son corps, non moins que dans son esprit et son âme, qu’il a fait la volonté de Dieu. Aussi est-il écrit: «C’est par l’exécution de cette volonté que nous avons été sanctifiés une fois pour toutes, par l’oblation du corps de Jésus-Christ». Paul priant pour les Thessaloniciens et pour leur sanctification dit: «Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et que tout ce qui est en vous, l’esprit l’âme et le corps, soit conservé irrépréhensible pour l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ». Parlant de lui-même, Paul avait dit: «Nous portons toujours dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus se montre aussi dans notre corps; car, nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus se montre aussi dans notre corps; car, nous qui vivons, nous sommes toujours livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre chair mortelle». Sa ferme attente et son espérance est, il l’exprime en ces termes, «que maintenant comme toujours Christ sera glorifié dans mon corps, soit par le moyen de la vie, soit par le moyen de la mort». La relation entre le corps et l’esprit est si intime, la puissance du péché sur l’esprit s’exerce tellement par le moyen du corps, le corps est si clairement l’objet de la rédemption de Christ et du renouvellement du Saint-Esprit, que notre étude de la sainteté serait singulièrement incomplète si nous ne relevions pas l’enseignement de l’Ecriture sur la sainteté du corps.

 

On a dit très justement que le corps est, pour l’âme et l’esprit qui l’habitent et qui y agissent, comme les murailles d’une cité. C’est par ces murailles que l’ennemi entre. En temps de guerre tout cède devant la nécessité de défendre les murailles. C’est bien souvent parce que le croyant ne comprend pas l’importance de défendre les murailles en gardant son corps dans la sainteté, qu’il manque à conserver son âme et son esprit irrépréhensibles. Ou c’est parce qu’il ne comprend pas que la garde et la sanctification du corps dans toutes ses parties doit être aussi distinctement une œuvre de foi, et aussi directement une œuvre qui s’accomplit par la toute-puissance du Seigneur Jésus et l’habitation du Saint-Esprit que lorsqu’il s’agit du renouvellement de l’homme intérieur, c’est pour cette raison que les progrès dans la sainteté sont si faibles.

 

Afin de nous rendre bien compte de la signification de ce que j’avance, souvenons-nous que ce fut par le corps que le péché entra dans le monde. La femme vit l’arbre qui était bon à manger, ce fut la tentation en la chair; par cette tentation l’âme fut atteinte: «le fruit de l’arbre était agréable à la vue»; par l’âme, la tentation passa dans l’esprit, qui désira le fruit précieux pour ouvrir l’intelligence. Dans la description que Jean, dans sa première épître II, 15, fait de ce qui est dans le monde, nous retrouvons cette triple division: «La convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie». Et les trois tentations de Jésus par Satan correspondent exactement à cette triple division. Satan chercha premièrement à atteindre le Seigneur par le corps; il lui suggéra l’idée de satisfaire sa faim en faisant du pain; en second lieu, d’après {Lu 4} il fait appel à l’âme dans la vision des royaumes de ce monde et de leur gloire; par la troisième tentation il en appelle à l’esprit et le somme en quelque sorte de prouver, d’affirmer que lui, Jésus, est le Fils de Dieu, en se jetant du haut du temple en bas. Même pour le Fils de Dieu la première tentation s’est présentée, comme pour Adam et pour tous les hommes après lui, sous la forme d’une convoitise de la chair, et comme désir de satisfaire l’appétit naturel et légitime de la faim. C’est dans la question du manger et du boire, choses légitimes et bonnes en elles-mêmes, que plus de chrétiens qu’on ne pense, sont battus par Satan. Mettre tous les appétits du corps sous l’autorité, le gouvernement, la discipline du Saint-Esprit paraît à plusieurs inutile, et à d’autres trop difficile. Et cependant cela doit être, si le corps doit être saint en tant que temple de Dieu, et si nous devons «glorifier Dieu dans notre corps et dans notre esprit qui lui appartiennent». Les premières approches du péché sont faites par le corps; c’est dans le corps que la victoire complète sera remportée.

 

Ce que l’Ecriture nous enseigne concernant l’intimité des relations entre le corps et l’esprit est confirmé par la physiologie. Ce qui paraît, au premier abord, être des transgressions purement physiques laisse une tache et a sur l’âme une influence dégradante; par ce moyen l’esprit lui-même est entraîné. Et d’un autre côté, des péchés de l’esprit, des péchés de pensée, d’imagination, de disposition passent par l’âme dans le corps, se fixent, s’établissent dans le système nerveux et s’expriment même dans l’attitude, dans les habitudes ou dans les tendances du corps. Le péché doit être combattu non seulement dans la région de l’esprit; si nous voulons arriver à la sainteté, nous devons nous purifier de toute souillure de la chair et de l’esprit. «Si par l’Esprit, vous faites mourir les actions auxquelles la chair sollicite, vous vivrez». En effet, si nous voulons être purifiés du péché et rendus saints pour Dieu, le corps, en tant qu’ouvrages extérieurs (de la cité), doit être très spécialement mis en sûreté contre la puissance de Satan et du péché. {15}

 

Et comment arriver à ce résultat? Dieu a préparé pour cela des provisions spéciales. L’Ecriture parle si explicitement du Saint-Esprit en relation avec le corps, comme de l’Esprit qui communique la sainteté. Au premier abord, il semble que les mots: «Vos corps» soient simplement employés comme équivalents de: «vos personnes, vous-mêmes». Mais lorsqu’une connaissance plus profonde de la puissance du péché sur le corps rend plus vivaces nos perceptions, et que le besoin d’une délivrance dans ce domaine se fait sentir, nous comprenons mieux ce que signifie cette expression «le corps, temple du Saint-Esprit». Mais remarquons combien c’est très spécialement des péchés du corps que Paul parle comme souillant le saint temple de Dieu, et comment c’est par la puissance du Saint-Esprit dans le corps que l’apôtre veut que nous glorifiions Dieu. «Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit? Glorifiez donc Dieu dans votre corps par la puissance du Saint-Esprit qui est en vous». Le Saint-Esprit ne doit pas seulement exercer une influence restrictive et régulatrice sur les appétits de notre corps et sur leur satisfaction, tellement que ces appétits soient satisfaits avec modération et tempérance.

 

Et comment y arriver? Dans la vie chrétienne vraie, le renoncement à soi-même est le chemin qui conduit à la jouissance, le renoncement conduit à la possession, la mort à la vie. Aussi longtemps que nous nous imaginons avoir la liberté de bien user ou de bien jouir de quoi que ce soit, pourvu que nous le fassions modérément, nous n’avons encore ni vu ni confessé notre propre souillure et le besoin que nous avons d’un entier renouvellement du Saint-Esprit. Il ne suffit pas de dire: «Tout ce que Dieu a créé est bon, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces»; il faut encore se souvenir de ce qui suit: «Car tout est sanctifié par la Parole de Dieu et par la prière». {1Ti 4:4} Cette sanctification de tout ce qui est créé et de son usage est une chose aussi réelle et aussi solennelle que la sanctification de nous-mêmes. Et cela ne sera que si nous savons faire le sacrifice et du don et de la liberté que nous avons d’en user, jusqu’à ce que Dieu nous donne la force d’en user vraiment et uniquement pour sa gloire. Parlant d’une des institutions divines les plus sacrées, le mariage, Paul, qui dénonce ceux qui voulaient interdire de se marier, dit clairement qu’il peut y avoir des cas dans lesquels un célibat volontaire est peut-être le moyen le plus sûr et le meilleur pour être «saint de corps et d’esprit». Lorsque être saint comme Dieu est saint devient vraiment le grand désir et le but de la vie, toutes choses seront aimées ou abandonnées selon qu’elles favorisent ce but principal. La présence actuelle et active du Saint-Esprit dans la vie du corps sera le feu qui sera entretenu sans cesse sur l’autel.

 

Et comment atteindre ce but? Dieu, et Dieu en Christ, est celui qui sanctifie et qui garde le corps comme l’esprit. La garde des murailles de la cité doit être confiée à Celui qui règne dans la ville. «J’ai la conviction qu’il a la puissance de garder mon dépôt pour le grand jour», de garder ce que je lui ai confié; cela doit devenir aussi définitivement vrai du corps et de chacune de ses fonctions dont nous avons le sentiment qu’elle peut être ou qu’elle est une occasion de doute ou de chute, que cela a été vrai de l’âme que nous lui avons confiée pour le salut. Un dépôt déterminé dans une banque est une valeur qui sort de mes mains pour être confiée au banquier; le corps, ou telle partie du corps qui a besoin d’être sanctifiée, doit être un dépôt fait entre les mains de Jésus. La foi doit avoir confiance dans le fait qu’il a accepté et le dépôt et la garde du dépôt; la prière et la louange doivent renouveler journellement cette assurance, confirmer la remise du dépôt et maintenir la communion avec Celui qui en a pris la charge. Demeurant ainsi en lui, en sa sainteté, nous recevrons dans une vie de foi et de joie la force de prouver, même dans notre corps, combien pleinement, complètement nous sommes en Celui qui a été fait pour nous sanctification, et combien est réelle et vraie la sainteté de Dieu dans ceux qui font partie de son peuple.

 

«Soyez saints comme je suis saint».

 

O Sauveur béni! Toi qui as porté nos péchés en ton corps sur le bois, toi de qui il est écrit: «Nous avons été sanctifiés par l’oblation du corps de Jésus-Christ une fois pour toutes!» qu’il te plaise de m’enseigner comment mon corps peut faire pleinement l’expérience de ta merveilleuse puissance de rédemption. Je désire être saint, corps et âme» au Seigneur.

 

Seigneur! j’ai trop peu compris que mon corps est le temple du Saint-Esprit, et que ses fonctions doivent être «sainteté au Seigneur». J’ai oublié combien cette partie de mon être pouvait aussi être sanctifiée et gardée telle par la foi seulement, quand toi, Seigneur Jésus, tu te charges, pour le garder, de ce que la foi t’a confié.

 

O mon Sauveur! je viens maintenant abandonner mon corps avec tous ses besoins entre tes mains. O Seigneur Jésus! toi, le Saint, que mon corps soit à chaque instant en ta sainte garde. Tu nous as appelés, «nous ayant affranchis du péché, à te présenter nos membres comme serviteurs de la justice pour devenir saints». Sauveur fidèle, dans la foi que j’ai en toi pour mon affranchissement du péché, je te présente tous les membres de mon corps; je crois que «l’Esprit dé vie qui est en toi m’a affranchi de la loi du péché qui est dans mes membres». Dans la vie ou dans la mort, fais que tu sois glorifié en mon corps. Amen.

 

1° Dans le tabernacle et dans le temple, la partie matérielle devait être en harmonie avec la sainteté qui habitait à l’intérieur et comme l’incorporation de cette sainteté. Aussi tout devait-il être fait selon le modèle donné sur la montagne. Dans les deux derniers chapitres de l’Exode, nous trouvons dix-huit fois ces mots «Selon que l’Eternel l’avait commandé».

 

2° «Si par l’Esprit vous faites mourir les-actions du corps, vous vivrez». L’énergie vivifiante de l’Esprit doit régner sur tout l’être. Nous sommes tellement habitués à allier le spirituel à l’idéal et à l’invisible, qu’il faudra du temps, de la réflexion et de la foi pour nous rendre un compte exact de l’influence du physique et du sensible sur notre vie spirituelle, et pour que nous comprenions la nécessité de placer l’un et l’autre sous la discipline et l’inspiration du Saint-Esprit. Même Paul dit: Je traite durement mon corps (je frappe mon corps et: je le traite en esclave (Oltrainare), de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même rejeté. {1Co 9:27}

 

3° Si Dieu a positivement soufflé de son Esprit dans le corps d’Adam, formé de terre, ne trouvons pas étrange que le Saint-Esprit anime aussi nos corps de son énergie sanctifiante.

 

La corporalité (ou matérialité) est le but des voies de Dieu. Cette parole profonde d’un ancien théologien nous rappelle une vérité trop négligée. La grande œuvre de l’Esprit de Dieu est de s’allier à la matière afin d’en faire un corps spirituel qui devienne la demeure de Dieu. Le Saint-Esprit veut faire cette œuvre dans notre corps, si nous lui en laissons la pleine possession.

 

5° C’est sur cette vérité de la puissance du Saint-Esprit sur le corps que repose œ qu’on appelle la guérison par la foi. A travers tous les âges, Dieu a donné à quelques-uns de ses enfants de voir comment Christ est prêt à rendre le corps, même ici-bas, participant de la vie et, de la puissance du Saint-Esprit. Pour ceux qui le voient, le chaînon qui relie la sainteté à la guérison est précieux et béni, lorsque le Seigneur Jésus prend possession pour lui-même de-notre corps

 

{15} «L’homme naturel se fleure devoir à sa chair de la satis faction.» (Hoffman.) «Le soin de sa personne au point de vue le plus terrestre lqi paraît la première et la plus importante de ses obligations. Or, c’est cette tendance que combat l’Esprit dès qu’il s’est emparé de nous. {Ga 5:17} C’est là la dette qu’il ne faut ni reconnaître ni payer.» (F. Godet.)—Note du traducteur.)

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

VINGT-QUATRIÈME JOUR

Sainteté et purification

 

Puis donc que nous avons de telles promesses, purifions-nous, mes bien-aimés, de toutes souillures de la chair et de l’esprit, en achevant l’œuvre de notre sanctification dans la crainte de Dieu. {2Co 7:1}

 

Que la sainteté soit plus que la purification et que celle-ci doive en être précédée, c’est là un enseignement que nous retrouvons dans plus d’un passage du Nouveau Testament. «Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle afin de la sanctifier par la Parole, après l’avoir purifiée par l’ablution d’eau». {Eph 5:25,26} «Si un homme se conserve pur de ces choses, il sera un vase servant à un usage noble, sanctifié!»

 

La purification n’est que le côté négatif; c’est la séparation des choses souillées, c’est le soin qu’on prend de n’y pas toucher et d’enlever toute impureté;

 

La sanctification, «c’est l’union positive avec Dieu, la communion avec lui, la participation aux grâces et à la sainteté de la vie divine. {2Co 6:17,18} Ainsi, nous lisons aussi de l’autel dont Dieu parle à Moïse: «Tu purifieras l’autel par cette expiation et tu l’oindras pour le .sanctifier». {Ex 29:36}

 

La purification doit toujours préparer la voie, et devrait toujours conduire à la sainteté.

 

Paul parle d’une double souillure, dont nous devons nous purifier, celle de la chair et celle de l’esprit. La relation entre ces deux souillures est si intime, que dans tout péché elles y participent. La forme de péché la plus basse et la plus charnelle entrera dans l’esprit, elle le souillera et le dégradera. Et de même, la souillure de l’esprit fera sentir, avec le temps, sa puissance sur la chair.

 

Purifions-nous de toute souillure de la chair. Les fonctions de notre corps peuvent être classées sous trois chefs: la nourriture, la propagation et la protection de notre vie. Par la première de ces fonctions, la terre sollicite journellement notre appétit par la nourriture et le breuvage qu’elle nous offre. De même que le fruit, bon à manger, fut la tentation qui séduisit Eve, de même les jouissances du manger et du boire peuvent être classées parmi les formes les plus primitives de la souillure de la chair. La seconde de ces fonctions, très Intimement en relation avec la première, est celle que l’Ecriture indique comme spécialement liée au mot de chair. Nous savons comment, dans le jardin d’Eden, le manger coupable fut immédiatement suivi de l’éveil du désir coupable, et de la honte. Dans sa première épître aux Corinthiens, {1Co 6:13-15} Paul relie intimement ces deux péchés, comme il le fait pour l’ivrognerie et l’impureté. {1Co 6:9,10} Puis vient la troisième de ces fonctions dans, laquelle la vitalité du corps se déploie: l’instinct de la préservation personnelle qui s’élève contre tout ce qui pourrait gêner nos plaisirs ou notre confort. Ce qu’on appelle le caractère, avec ses fruits mauvais de colère et de division, a sa racine dans la constitution physique et doit être classé parmi les péchés de la chair. Le chrétien doit croire que le Saint-Esprit habite dans le corps afin de faire des membres du corps les membres de Christ; et, dans cette foi, il doit rejeter les œuvres de la chair; il doit «se purifier de toute souillure de la chair».

 

«Et de l’esprit». De même que la source de toutes les souillures de la chair est la satisfaction de ses propres désirs, de même la recherche de soi-même est à la base de toute souillure de l’esprit. Dans les rapports avec Dieu, cette souillure se manifeste sous la forme de l’idolâtrie, que ce soit par le culte d’autres dieux, d’idoles que notre cœur s’est créées, ou par l’amour du monde, qui prend la place de l’amour de Dieu, ou encore en choisissant notre volonté plutôt que celle de Dieu. Dans les rapports avec le prochain, la souillure de l’esprit se montre par l’envie, le manque d’amour, la haine, la négligence froide, glaciale, ou le jugement sévère porté sur autrui. Dans ses relations avec nous-mêmes, on la voit sous la forme de l’orgueil, de l’ambition, de l’envie encore, de la disposition qui fait du moi le centre autour duquel tout doit tourner, et par qui tout doit être jugé. Même les péchés dont nous n’avons pas conscience, si nous ne sommes pas sérieux dans notre désir qu’ils nous soient révélés, empêcheront très sûrement nos progrès dans la sainteté.

 

Bien-aimés, purifions-nous. La purification est quelquefois indiquée comme étant l’œuvre de Dieu; {Ac 15:9 1Jn 1:9} quelquefois aussi comme l’œuvre de Christ. {Jn 15:3 Eph 5:27 Tit 2:14} Ici, nous sommes exhortés à nous purifier nous-mêmes. Dieu fait son œuvre en nous par le Saint-Esprit; le Saint-Esprit fait son œuvre en nous en nous excitant à agir et en nous rendant capables de le faire. L’Esprit est la force de la vie nouvelle; dans et par cette force, nous devons nous mettre d’une manière bien décidée à rejeter tout ce qui est souillé. «Partez, partez, sortez de là! Ne touchez rien d’impur». {Esa 52:11} Le contact involontaire avec ce qui est souillé doit nous être si insupportable qu’il nous force à pousser ce cri: «Malheureux que je suis!» et nous conduire à la délivrance que l’Esprit de vie, qui est en Jésus-Christ, nous apporte.

 

Et comment cette purification doit-elle avoir lieu? Lorsque Ezéchias appela les prêtres de l’Eternel à sanctifier le temple, qui avait été souillé par la présence des idoles et par le culte qui leur était rendu, {2Ch 29} il leur dit: «Mettez ce qui est impur hors du sanctuaire».—«Et les prêtres entrèrent dans la maison de l’Eternel pour la purifier; ils sortirent toutes les impuretés qu’ils trouvèrent dans le temple de l’Eternel». Ce n’est qu’alors que le sacrifice d’expiation pour le péché et l’holocauste, et les sacrifices d’actions de grâces, purent être apportés, et que le service de l’Eternel put être rétabli. De la même manière, tout ce qui est souillé doit être soigneusement examiné, mis en lumière et absolument rejeté. Quelque profondément que le péché paraisse enraciné dans notre constitution et nos habitudes, nous devons nous en purifier si nous voulons être saints. «Si nous marchons dans la lumière comme lui-même est dans la lumière, le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché». Venons à la lumière avec notre péché, et le sang prouvera sa puissance purifiante. Purifions-nous en nous livrant nous-mêmes à la lumière, qui révèle et qui condamne le péché, et au sang pour qu’il purifie et qu’il sanctifie.

 

«Purifions-nous, en achevant l’œuvre de notre sanctification dans la crainte de Dieu». Nous lisons dans Hébreux: {Heb 10:14} «Christ a amené pour toujours à la perfection ceux qui ont été sanctifiés». Comme nous avons déjà souvent vu que ce que Dieu a sanctifié, l’homme doit aussi le sanctifier, en acceptant et en s’appropriant la sainteté que Dieu lui a accordée, il en doit être de même de la perfection que les saints ont en Christ. Nous devons achever la sanctification; la sainteté doit être développée dans la vie entière et poursuivie jusqu’au bout, car, en tant que nous sommes les saints de Dieu, nous devons arriver à la perfection, achevant notre sanctification. Ne nous laissons pas effrayer par ce mot. Notre Seigneur l’a employé quand il nous a donné le commandement: «Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait». Le Maître nous appelle à une perfection semblable à celle du Père; il nous a déjà rendus parfaits en lui, et il met devant nous la perspective d’une perfection qui va toujours croissant. Sa Parole nous appelle maintenant à achever, jour après jour, notre sanctification. Que dans l’accomplissement de chaque devoir, nous nous y adonnions de tout notre cœur et sans réserve. Que, comme des écoliers dociles, nous fassions dans tout acte de culte et d’obéissance, dans toute tentation et dans toute épreuve, ce que l’Esprit de Dieu nous enseigne à faire. «Que l’ouvrage de la patience soit parfait, afin que vous soyez parfaits et accomplis, en sorte qu’il ne vous manque rien». {Jas 1:4} «Que le Dieu de paix vous rende parfaits en toute bonne œuvre pour faire sa volonté!»

 

«Puis, donc que nous avons de telles promesses», bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant l’œuvre de notre sanctification dans la crainte de Dieu». C’est la foi qui donne le courage et la force de se purifier de toute souillure et d’achever la sanctification dans la crainte de Dieu. C’est dans la mesure où les promesses de l’amour divin et de l’habitation de Dieu en nous sont faites nôtres par le Saint-Esprit que nous pouvons être faits participants de la victoire qui a vaincu le monde, savoir: notre foi. Dans le chemin que nous avons suivi du repos de l’Eden jusqu’ici, à travers toute l’Ecriture sainte, nous avons vu la merveilleuse révélation de ces promesses dans une splendeur qui n’a fait que grandir: que Dieu, le Saint, veut nous sanctifier; que Dieu, le Saint, veut demeurer chez celui qui est humble de cœur; que Dieu, dans son Bien-aimé, le Saint, est venu pour être notre sainteté; que Dieu nous a créés en Christ afin qu’il fût notre sanctification; que Dieu, qui nous a élus pour la sanctification de l’Esprit, a mis son Esprit dans nos cœurs; qu’il veille maintenant sur nous, dans son amour, pour opérer en nous par cet Esprit son dessein et pour achever notre sanctification. Telles sont les promesses qui ont été placées devant nous. «Puis donc que nous avons de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu».

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

Seigneur Jésus, toi le Saint, tu t’es donné toi-même pour nous, nous ayant purifié, pour toi comme ta propriété, afin que tu puisses nous sanctifier, et nous présenter à toi-même comme une Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable. Que ton nom soit béni pour ton amour infini. Que ton nom soit béni pour cette merveilleuse purification. Par le lavage de ta Parole et de ton sang tu nous as entièrement purifiés. Et quand nous marchons dans la lumière, tu nous purifies sans cesse.

 

Avec ces glorieuses promesses que tu nous as faites, et dans la puissance de ton œuvre et de ton sang, tu nous appelles à nous purifier nous-mêmes de toute souillure de la chair et de l’esprit. O Sauveur bénit révèle-nous, dans ta miséricorde et par ta sainte lumière, tout ce qui est souillure en nous, même l’action la plus secrète de cette souillure Oh! que, sous la puissance vivifiante de ta Parole et de ton sang, puissance appliquée à mon âme par le Saint-Esprit, ma voie soit pure, mes mains soient pures, mes lèvres soient pures, mon cœur soit pur. Purifie-moi «complètement afin que je puisse marcher avec toi en vêtements blancs, déjà ici-bas»

 

Gardant ces vêtements sans tache et sans souillure. Fais cela, bien-aimé Sauveur, pour l’amour de ton grand nom. Amen.

 

1° La purification a presque toujours un but: un vase purifié est propre à être employé. Un travail spirituel, fait pour le Seigneur, avec le sincère désir que le Seigneur nous emploie pour lui, rendra urgent notre désir de purification. Un vase non purifié ne peut être employé: n’est-ce peut-être pas là la raison pour laquelle il y a des travailleurs que Dieu ne peut bénir?

 

Toute souillure: une tache suffit pour souiller. «Purifions-nous de toute souillure».

 

3° Point de purification sans lumière. Ouvrons notre cœur pour que la lumière y pénètre.

 

4° Aucune purification n’égale celle produite par le feu. Livrez la souillure au feu de la sainteté de Dieu, qui est un feu qui consume et purifie. Livrez-la à la mort de Jésus, à Jésus lui-même.

 

Si nous marchons dans la lumière, le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. La lumière révèle le péché; nous le confessons et nous le délaissons, et nous acceptons le sang; ainsi nous nous purifions. Soyons bien fermement déterminés à nous purifier de toute souillure, de tout ce que notre Père céleste considère comme une tache.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

VINGT-CINQUIÈME JOUR

Saints et irrépréhensibles

 

Vous êtes témoins, et Dieu l’est aussi, combien la conduite que nous avons tenue envers vous qui croyez a été sainte, juste et irrépréhensible. {1Th 2:10}

 

C’est en Christ qu’il nous a élus avant la fondation du monde pour être saints et parfaits devant lui dans son amour. {Eph 1:4} {1Th 3:12,13}

 

Il y a deux mots grecs qui signifient à peu près la même chose et qui sont constamment employés avec le mot saint, et le suivent pour exprimer ce que devra être le résultat et l’effet de la sainteté telle qu’elle se manifeste dans la vie visible. L’un est traduit par sans tache (sans flétrissure) et est toujours employé pour parler de notre Seigneur et de son sacrifice: «l’Agneau sans tache». {Heb 9:14 1Pi 1:19} Ensuite il est employé en parlant des enfants de Dieu, et cela avec le mot saint; «saints et parfaits, ou saints et irrépréhensibles»; {Eph 1:4 5:27} «sans tache et sans reproche»; {Col 1:22} «irréprochables et purs». {Php 2:15 Jude 1:24 2Pi 3:14} L’autre est irrépréhensible, sans- défauts, {Lu 1:6 Php 2:15 3:16} et il se trouve aussi en rapport avec le mot saint: {1Th 2:10 3:13} «une sainteté parfaite». {1Th 4:2,3} Quant à la question de savoir si cette irrépréhensibilité a rapport à l’estimation que Dieu fait de ses saints ou à celle que font les hommes, l’Ecriture dit clairement qu’il s’agit de l’une et de l’autre. Dans quelques passages, comme, {Eph 1:4 5:27 Col 1:22 1Th 3:13} les mots «devant lui»,—«pour lui-même»,—«devant Dieu, notre Père» indiquent bien que la première pensée est l’irrépréhensibilité, la perfection, en présence d’un Dieu saint, irrépréhensibilité qui est placée devant nous comme le but que Dieu se propose à notre égard, et notre privilège. Dans d’autres, comme, {Php 2:15 1Th 2:10} l’irréprochabilité devant les hommes est placée au premier rang. Dans les deux cas, le mot peut être considéré comme renfermant les deux aspects de la pensée: irrépréhensible, irréprochable, sans défaut et sans tache; cette situation doit pouvoir soutenir la double épreuve du jugement de Dieu et du jugement des hommes. Et quelle est la leçon spéciale que la liaison de ces deux mots ensemble dans l’Ecriture et l’exposition du mot saint avec celle d’irrépréhensible est destinée à nous enseigner? Une leçon d’une très grande importance. Dans la poursuite de la sainteté, plus le croyant réalise distinctement quelle immense bénédiction il possède d’être trouvé en Christ, séparé du monde et en communion directe avec Dieu; de n’être pleinement possédé que par une réelle habitation de Dieu en lui, le croyant, dis-je, risque de regarder, trop exclusivement au côté divin de la bénédiction qui lui a été acquise, à son aspect céleste et surnaturel. Il peut oublier combien la repentance et l’obéissance, comme sentier qui conduit à la sainteté, doit embrasser tous les détails les plus minutieux de notre vie journalière. Il peut surtout ne pas avoir appris que c’est non seulement l’obéissance à ce qu’il sait être la volonté de Dieu, mais une bonne volonté docile et prête à recevoir tout ce que l’Esprit a à lui enseigner et à lui montrer, soit de ses imperfections, soit de la volonté du Père à son égard, qui est la condition essentielle pour que la sainteté de Dieu puisse nous être plus complètement révélée, à nous et en nous. Et ainsi, tout en étant fortement appliqué à découvrir le secret d’une sainteté vraie et complète du côté de Dieu, il se peut qu’il tolère des défauts que tout le monde autour de lui remarque, ou qu’il reste ignorant, et cela non point innocemment, parce que toute ignorance ici vient d’un manque de parfaite docilité aux grâces et aux beautés de la sainteté dont le Père aurait voulu le voir orné devant les hommes. Il peut chercher à vivre très saintement, sans se préoccuper suffisamment d’une vie parfaitement irrépréhensible.

 

Il y a eu de pareils saints; saints, mais durs; saints, mais réservés et froids; saints, mais tranchants dans leurs jugements; saints, mais dont l’entourage dit qu’ils sont égoïstes, sans amour. Le Samaritain, demi-païen, se montrant plus compatissant, plus prêt à un sacrifice de ses aises que le saint Lévite et que le sacrificateur. Si cela est vrai, ce n’est pas à l’enseignement de la sainte Ecriture que nous pouvons en faire un reproche. En reliant si intimement ces deux pensées saint et irrépréhensible (ou sans reproche), le Saint-Esprit nous aurait conduits à chercher la personnification de la sainteté comme puissance spirituelle dans l’irrépréhensibilité de la pratique et de la vie journalière. Que tout croyant qui se réjouit de la déclaration que Dieu lui a faite qu’il est saint en Christ, cherche aussi à achever sa sanctification, ne se contentant de rien moins que d’une sainteté irrépréhensible.

 

Or, que cette irrépréhensibilité ait très spécialement trait à nos relations avec nos frères, nos semblables, nous le voyons par la manière avec laquelle elle est liée avec l’amour. Ainsi {Eph 1:4} «pour être saints et parfaits devant lui, dans l’amour». Mais c’est surtout dans ce remarquable passage «Puisse le Seigneur vous faire croître et abonder en charité les uns pour les autres et pour tous les hommes..., afin d’affermir vos cœurs de manière à ce qu’ils soient d’une sainteté parfaite devant Dieu, notre Père... {1Th 3:12,13} La sainteté et l’irrépréhensibilité, le principe positif de la vie divine et cachée, et la pratique de cette vie dans la vie extérieure et humaine, doivent trouver leur force dans une charité qui abonde et déborde sans cesse de notre part.

 

Sainteté et charité, il est de la plus haute importance que ces deux mots soient inséparablement unis dans notre esprit, comme leur réalité dans nos vies. Nous avons vu dans l’étude de la sainteté de Dieu combien l’amour est l’élément dans lequel elle se meut et agit, attirant à elle et formant à son image tout ce dont elle peut prendre possession. L’amour est la flamme du feu de la sainteté divine, flamme qui cherche à se communiquer et à s’assimiler tout ce dont elle peut se saisir. Il en est de même de la vraie sainteté chez les enfants de Dieu; le feu divin brûle et cherche à communiquer son action bénie à tout ce qu’il peut atteindre. Lorsque Jésus se sanctifia afin que nous fussions sanctifiés dans la vérité, ce n’était pas autre chose que l’amour se livrant lui-même à la mort afin que le pécheur devînt participant de la sainteté de Dieu.

 

Egoïsme et sainteté sont inconciliables. L’ignorance peut s’imaginer que la sainteté est un vêtement dont le moi peut se parer devant Dieu, tandis qu’il y a au fond un orgueil égoïste qui dit: «Je suis plus saint que toi», et qui est content de ce que les autres sont privés de ce dont il se vante. La vraie sainteté au contraire est l’expulsion et la mort de l’égoïsme; elle prend possession du cœur et de la vie et en fait des serviteurs, cet amour qui se consume pour atteindre, purifier et sauver les autres. La sainteté est amour. Un amour abondant, voilà ce que Paul demande comme condition d’une sainteté irrépréhensible. C’est dans la mesure où le Seigneur nous fait croître et abonder dans l’amour qu’il peut établir dans nos cœurs une sainteté irréprochable. L’apôtre parle d’un double amour: l’amour des uns pour les autres et l’amour pour tous les hommes. L’amour pour les frères est cet amour que le Seigneur recommande comme marque distinctive des disciples de Celui qui est amour. Et il prie son Père que cet amour soit dans les siens comme une preuve évidente aux yeux du monde de la vérité de sa divine mission. C’est dans la sainteté de l’amour, dans une sainteté qui aime, que l’unité du corps de Christ sera rendue évidente, sera développée et préparée pour une action plus complète du Saint-Esprit. Dans les épîtres aux Corinthiens et aux Galates, les divisions et l’éloignement entre croyants sont indiqués comme preuves certaines de la vie du moi et de la chair. Oh! si nous voulons être saints, commençons par être pleins de douceur, patients, miséricordieux, prêts à pardonner, bons et généreux dans nos rapports avec tous les enfants du Père céleste. Etudions l’image divine de l’amour qui ne cherche point ses propres intérêts, et prions le Seigneur qu’il nous fasse sans cesse abonder dans l’amour les uns pour les autres. Le plus saint devra être le plus humble, le plus désintéressé, le plus débonnaire et le plus soucieux des autres, et cela pour l’amour de Jésus. «Revêtez-vous, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’une tendresse compatissante, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité..., surtout, revêtez-vous de la charité, c’est le lien de la perfection». {Col 3:12-14}

 

Puis, l’amour pour tous les hommes; un amour que l’on voie dans la conduite et dans les rapports de la vie journalière; un amour qui non seulement évite la colère, la mauvaise humeur, les jugements sévères, mais qui montre les vertus plus positives du dévouement actif pour le bien-être et les intérêts de tous. Un amour charitable qui a soin du corps aussi bien que de l’âme; un amour qui est prêt non seulement à venir au secours partout où le secours est requis, mais encore qui se donne réellement, qui renonce à soi-même, qui est prêt au sacrifice, pour chercher, pour soulager les besoins des plus misérables et des plus indignes. Un amour, enfin qui prenne l’amour de Christ, cet amour qui l’a fait quitter le ciel et choisir la croix pour nous, comme sa seule loi, sa seule règle de conduite et qui subordonne toutes choses au bonheur de donner, de faire du bien, d’embrasser dans ses liens et de sauver celui qui est dans le besoin, celui qui est perdu. Abondant dans l’amour, nous serons irrépréhensibles dans la sainteté.

 

C’est en Christ que nous sommes saints; de la part de Dieu nous sommes en Christ, qui nous a été fait sanctification. C’est dans cette foi que Paul prie le Seigneur, notre Seigneur Jésus-Christ, qu’il nous fasse croître et abonder dans l’amour. Le Père est la source; Jésus le canal; le Saint-Esprit, le fleuve de vie. Christ est notre vie par le Saint-Esprit. C’est par la foi en lui, c’est en demeurant en lui et en son amour, en laissant, dans une communion intime avec lui, le Saint-Esprit répandre abondamment l’amour de Dieu dans notre cœur, que nous recevrons une réponse à notre prière et que nous serons rendus par lui irrépréhensibles en sainteté. Que ce soit pour nous une prière de foi qui se change en un chant de louanges! Loué soit le Seigneur qui veut nous faire croître et abonder dans l’amour, et qui veut nous rendre irrépréhensibles en sainteté devant Dieu, notre Père, au jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous ses saints. «Soyez saints, car je suis saint».

 

Dieu miséricordieux et Père! je te remercie encore pour ce merveilleux salut, par la sanctification de l’Esprit qui nous a rendus saints en Christ. Et je te remercie de ce que ton Esprit peut tellement nous rendre participants de la vie de Christ que nous aussi nous soyons irrépréhensibles en sainteté. Grâces te soient rendues de ce que c’est toi-même, ô Seigneur! qui nous fais croître et abonder dans l’amour; l’amour abondant et la sainteté irrépréhensible nous viennent de toi. O Seigneur et Sauveur Jésus-Christ! je viens à toi pour te demander et pour prendre comme mon bien ce que tu peux et veux faire pour moi. O toi en qui réside la plénitude de l’amour de Dieu, et en qui j’habite, toi, le Seigneur, mon Seigneur! fais-moi abonder dans l’amour. Par l’enseignement de ton Saint-Esprit, conduis-moi sur les traces de ton amour dont le renoncement m’a valu le salut, afin que moi aussi je puisse comme toi être consumé en devenant bénédiction pour les autres.

 

Et ainsi, Seigneur, établis mon cœur puissamment dans une sainteté irrépréhensible; que le moi périsse en ta présence. Que ta sainteté, qui se donne afin de rendre saint le pécheur, prenne entièrement possession de moi, jusqu’à ce que mon cœur et ma vie soient parfaitement sanctifiés, et que mon esprit entier, l’âme et le corps soient conservés irrépréhensibles pour le jour de ta venue. Amen.

 

1° Demandons très sérieusement à Dieu que notre intérêt dans l’étude de la sainteté ne soit, point une affaire d’intelligence ou d’émotions, mais une affaire de volonté et de vie que tous les hommes puissent voir dans notre marche et notre conversation journalière. «Abondants dans la charité»,—«irrépréhensibles en sainteté» nous gagnera la faveur de Dieu et des hommes.

 

2° «Dieu est amour»; la création c’est l’abondance débordante de cet amour. La rédemption c’est le sacrifice et le triomphe de l’amour» La sainteté c’est le feu de l’amour; la beauté de la vie de Jésus, c’est l’amour. Tout le divin dont nous jouissons, nous le devons à l’amour. Si nous n’aimons pas, notre sainteté n’est ni de Dieu, ni de Christ.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

VINGT-SIXIÈME JOUR

La sainteté et la volonté de Dieu

 

Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification. {1Th 4:3}

 

Voici je viens pour faire ta volonté, cette volonté par l’exécution de laquelle nous sommes sanctifiés une fois pour toutes par l’oblation du corps de Christ {Heb 10:9,10}

 

Dans la volonté de Dieu nous avons l’union de sa sagesse et de sa puissance. La sagesse de Dieu déclare et décide ce qui doit être; sa puissance en assure l’exécution. L’expression de cette volonté n’est qu’un des côtés; son complément en est l’exécution, qui est alors la vivante énergie dans laquelle tout ce qui est bon a sa source et son existence. Aussi longtemps que nous ne regardons à la volonté de Dieu que comme on regarde à une loi, cette volonté devient pour nous un fardeau parce que nous n’avons pas la force de l’accomplir; elle est trop élevée pour nous. Quand la foi regarde à la puissance qui agit dans la volonté de Dieu et qui l’exécute, elle a le courage de l’accepter et de l’accomplir parce qu’elle sait que c’est Dieu lui-même qui l’accomplit. L’abandon à la volonté divine en tant que sagesse divine devient ainsi le chemin qui conduit à l’expérience de cette volonté comme puissance. «Il agit selon sa volonté» devient alors le-langage non pas seulement d’une soumission forcée, mais d’une joyeuse attente.

 

«C’est ici la volonté de Dieu, savoir: votre sanctification». Dans l’acception ordinaire de ces mots, ils signifient simplement que, parmi beaucoup d’autres choses que Dieu a voulues, la sanctification en est une; c’est une chose qui est selon sa volonté. Cette pensée contient un enseignement d’une grande valeur. Dieu a voulu très clairement et très positivement votre sanctification; votre sanctification a sa source et sa certitude dans le fait qu’elle est la volonté de Dieu à votre égard. Nous sommes «choisis dès le commencement pour le salut par la sanctification de l’Esprit», et «choisis pour être saints»,—«élus en Christ pour être saints et parfaits devant lui»; le plan de Dieu, son dessein de toute éternité et sa volonté aujourd’hui à notre égard, c’est notre sanctification. Nous n’avons qu’à nous rappeler ce que nous avons dit, c’est que la volonté de Dieu est un divin pouvoir qui opère ce que sa sagesse a arrêté, pour voir la force que cette vérité donnera à notre foi: que nous serons saints; Dieu le veut et il le fera pour tous et en tous ceux qui ne résistent pas à cette volonté, mais qui se livrent à sa puissance. Cherchez votre sanctification non seulement dans la volonté de Dieu comme déclaration de ce qu’il désire que vous soyez, mais comme révélation de ce que lui-même veut produire en vous.

 

Il y a cependant ici une autre très précieuse pensée qui nous est suggérée. Si notre sanctification est dans la volonté de Dieu, si elle en est la pensée centrale et le contenu, toutes les parties de cette volonté doivent porter là-dessus, et le plus sûr moyen d’entrer dans la voie de la sanctification sera une cordiale acceptation de la volonté de Dieu en toutes choses. Etre un avec la volonté de Dieu, c’est être saint. Que celui qui veut être saint prenne sa position là et «demeure ferme dans tout ce que Dieu veut». {Col 4:12} C’est là qu’il trouvera Dieu lui-même et qu’il sera fait participant de sa sainteté, parce que sa volonté exécute ses desseins avec puissance en tout homme qui s’y livre sans réserve. Tout dans la vie de la sainteté dépend de ceci, c’est que la relation dans laquelle nous sommes avec la volonté de Dieu soit ce qu’elle doit être.

 

Il y a beaucoup de chrétiens à qui il semble impossible d’accepter toute la volonté de Dieu, d’être parfaitement d’accord avec cette volonté. Ils regardent à la volonté de Dieu telle qu’elle leur apparaît dans ses mille commandements et ses innombrables dispositions providentielles. Ils ont trouvé parfois si difficile d’obéir à un seul commandement, ou d’accepter volontiers quelque légère contrariété! Ils s’imaginent qu’ils devraient être mille fois plus saints et plus avancés dans la grâce avant de se risquer à dire qu’ils acceptent toute la volonté de Dieu, soit pour la faire, soit pour s’y soumettre. Ils ne peuvent comprendre que toutes leurs difficultés viennent de ce qu’ils ne se sont pas placés à un point de vue juste. Ils s’arrêtent à ce qui, dans la volonté de Dieu, est en désaccord avec leur volonté naturelle et ils sentent que cette volonté ne fera jamais ses délices de toute la volonté de Dieu. Ils oublient que le nouvel homme a une volonté renouvelée. Cette volonté nouvelle fait ses délices de la volonté de Dieu parce qu’elle est née elle-même de cette volonté. Cette volonté renouvelée voit la beauté et la gloire de la volonté de Dieu et est en harmonie avec elle. S’ils sont, en effet, des enfants de Dieu, la première impulsion de l’esprit d’un enfant est certainement de faire la volonté du Père qui est dans les cieux. Et ils n’ont qu’à céder cordialement et entièrement à cet esprit filial, ils ne craindront plus alors d’accepter comme leur la volonté de Dieu.

 

L’erreur qu’ils commettent est très sérieuse. Au lieu de vivre par la foi, ils jugent par ce qu’ils sentent; or, le sentiment est un domaine dans lequel agit et parle la vieille nature. Cette vieille nature leur dit que la volonté de Dieu est souvent un fardeau trop lourd à porter et qu’ils n’auront jamais la force de le faire. La foi parle différemment. Elle nous rappelle que Dieu est amour et que sa volonté n’est pas autre chose que l’amour révélé. Elle nous demande si nous ignorons qu’il n’y a rien de plus parfait et de plus beau dans les cieux et sur la terre que la volonté de Dieu. Elle nous montre que lors de notre conversion nous avons déjà fait profession d’accepter Dieu comme Père et comme Seigneur. Elle nous assure surtout que, si nous voulons seulement et d’une manière définitive nous livrer avec confiance à cette volonté qui est amour, elle remplira comme amour divin nos cœurs et nous y fera trouver nos délices, devenant ainsi en nous la puissance qui nous rendra capables de faire et d’accepter cette volonté. La foi nous révèle que la volonté de Dieu est la puissance de son amour exécutant avec une divine beauté son plan dans quiconque s’y livre entièrement.

 

Et maintenant, que choisirons-nous? Et quelle est la position que nous prendrons? Essaierons-nous d’accepter Christ comme Sauveur sans accepter sa volonté? Ferons-nous profession d’être les enfants du Père tout en dépensant notre vie à débattre la part de la volonté de Dieu que nous sommes décidés à accepter? Nous contenterons-nous d’aller de l’avant, jour après jour, avec le sentiment douloureux que notre volonté n’est pas en harmonie avec celle de Dieu? Ou ne renoncerons-nous pas plutôt immédiatement et une fois pour toutes à notre volonté coupable pour accepter la sienne, qu’il a déjà commencé à graver dans nos cœurs? Ceci est une chose possible. Nous pouvons la faire. Dans une transaction simple et déterminée avec Dieu, nous pouvons lui dire que nous acceptons comme nôtre sa sainte volonté. La foi sait que Dieu ne laissera point inaperçu un pareil abandon de notre part, mais qu’il l’acceptera. Avec cette confiance qu’il nous enrôle dans sa volonté, qu’il nous y fait monter, comme un voiturier fait monter sur son char le pauvre piéton fatigué, et qu’il se charge de nous révéler cette volonté avec l’amour et la force pour la faire, avec cette foi-là, entrons dans les vues de Dieu, dans sa volonté, et commençons une vie nouvelle, nous établissant et demeurant dans le centre même de cette très sainte volonté.

 

Une pareille acceptation de la volonté de Dieu préparera le croyant, par le Saint-Esprit, à reconnaître et à connaître cette volonté sous quelque forme qu’elle se présente. La grande différence entre le chrétien charnel et le chrétien spirituel est que ce dernier reconnaît Dieu sous quelque forme qu’il se manifeste, que ce soit la plus humble, la plus pauvre et la plus humaine. Lorsque Dieu vient dans des épreuves qui ne peuvent être attribuées qu’à sa main seule, il dit: «Que ta volonté soit faite!» Il sait qu’il n’est pas possible qu’un enfant de Dieu soit dans une situation quelconque sans la volonté de son Père céleste, même lorsque cette volonté a été de le laisser pour un temps livré à son caractère volontaire ou de le laisser supporter les conséquences de ses propres péchés ou de ceux des autres. Il voit cela, et, en acceptant ces circonstances comme la volonté de Dieu, volonté qui doit mettre à l’épreuve sa foi et son obéissance, il est maintenant dans la vraie position pour savoir et pour faire ce qui est juste. Voyant et honorant de cette manière en toutes choses la volonté de Dieu, il apprend à demeurer toujours dans cette volonté. Il en agit aussi de cette manière en faisant la volonté de Dieu. Comme son discernement spirituel se développe et grandit au point qu’il peut, en présence de tout ce qui lui arrive, dire: «Toutes choses viennent de Dieu», de même aussi il croît en sagesse et en intelligence spirituelle pour connaître la volonté de Dieu et pour savoir comment il doit la faire. Dans les indications de sa conscience et de la Providence, dans l’enseignement de la Parole et de l’Esprit, il apprend à voir comment la volonté de Dieu se rapporte à toutes les parties et à tous les devoirs de la vie et cela devient sa joie de vivre en toutes choses «en faisant de bon cœur la volonté de Dieu, comme pour le Seigneur et non pour les hommes».—«Combattant toujours par ses prières afin de demeurer ferme dans tout ce que Dieu veut», il voit combien heureusement le Père a accepté l’abandon qu’il lui a fait de lui-même et comment il le pourvoit de toute la lumière et de toute la force qui lui est nécessaire pour que la volonté de Dieu soit faite par lui sur la terre comme elle est faite dans le ciel.

 

Qu’il me soit permis maintenant de demander de tout lecteur qu’il dise au Dieu saint si oui ou non il s’est vraiment donné à lui pour être sanctifié; si oui ou non il a accepté la volonté bonne et parfaite de Dieu et s’il vit selon cette volonté. La question n’est pas de savoir si, lorsque vient l’affliction, il l’accepte comme inévitable et se soumet à une volonté à laquelle il lui est impossible de résister, mais s’il a choisi la volonté de Dieu comme son bien suprême et s’il a pris comme sien le principe qui a fait agir Christ pendant toute sa vie: «Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté». Ce lut là la sainteté de Christ dans laquelle il s’est sanctifié pour nous en faisant la volonté de Dieu, «volonté par laquelle nous avons été sanctifiés». C’est cette volonté de Dieu qui est notre sanctification.

 

Frère, es-tu bien sérieux dans ton désir d’être saint, entièrement possédé par ton Dieu? Voici le chemin. Je te prie de ne pas t’en effrayer ni de te tenir à l’écart. Tu as pris Dieu pour ton Dieu; as-tu vraiment pris sa volonté pour être ta volonté? Oh! pense au privilège et au bonheur d’être parfaitement d’accord avec la volonté de Dieu! et ne crains pas de t’y livrer sans réserve. La volonté de Dieu est dans toutes ses parties et dons toute sa puissance divine ta sanctification.

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O Père saint! je viens à toi pour te dire que je vois que ta volonté est que je sois saint; et je ne veux chercher ma sanctification nulle part ailleurs que dans ta volonté. Accorde-moi miséricordieusement que par, ton Saint-Esprit qui habite en moi, la gloire de cette volonté et le bonheur de m’y tenir, de vivre dans cette volonté, me soit pleinement révélé.

 

Enseigne-moi à la connaître comme une volonté d’amour qui se propose sans cesse ce qu’il y a de mieux et de meilleur pour ton enfant. Apprends-moi à la connaître comme la volonté de la Toute-puissance, capable d’accomplir en moi son conseil. Apprends-moi à la connaître en Christ parfaitement accomplie en ma faveur. Apprends-moi à la connaître comme l’œuvre que l’Esprit veut et qu’il opère en tout croyant qui se livre à lui.

 

O mon Père! je reconnais ton droit à ce que ta volonté seule soit faite, et me voici pour que tu fasses de moi à cet égard tout ce qu’il te plaît. De tout mon cœur, ô mon Dieu! j’entre dans tes voies afin d’être un avec toi pour jamais. Ton Saint-Esprit peut entretenir cette union sans interruption. Je me confie en toi, mon Père, d’heure en heure, pour que tu fasses briller dans mon cœur par cet Esprit la lumière de ta volonté.

 

Que ce soit là la sainteté dans laquelle je vive, et que je m’oublie et renonce à moi-même pour te plaire et t’honorer, ô mon Dieu Sauveur! Amen.

 

1° Faites votre étude, soit dans la méditation, soit dans le culte que vous rendez à Dieu, soit dans la prière, de vous pénétrer pleinement de la majesté, de la perfection et de la gloire de la volonté de Dieu, comme aussi du privilège et de la possibilité de vivre dans cette volonté.

 

2° Etudiez-la aussi comme l’expression d’un amour paternel et infini, chacune de ses manifestations étant pleine de miséricorde. Toute dispensation providentielle est volonté de Dieu; quoi qu’il arrive, l’humble adorateur y voit Dieu. Tout précepte est volonté de Dieu; sachez dans une obéissance filiale y voir Dieu. Toute promesse est volonté de Dieu; voyez-y, là encore, Dieu avec une entière confiance. Une vie passée dans la volonté de Dieu est repos, force et bonheur. Et n’oubliez pas surtout de croire à la toute-puissance de cette volonté. «Il fait toutes choses selon le conseil de sa volonté».

 

3° Cette volonté est la bienveillance et la bienfaisance infinies révélées dans le sacrifice que Jésus a fait de lui-même. Vivez pour les autres, et vous deviendrez un instrument dont se servira la volonté divine. {Mt 18:14 Jn 6:39,40} Livrez-vous vous-même à cette volonté rédemptrice de Dieu, pour qu’elle prenne pleine possession de vous, et qu’elle accomplisse par vous son plan de salut.

 

4° Christ est la personnification même de la volonté de Dieu. Il est la volonté de Dieu accomplie. Demeurez en lui, en demeurant dans la volonté de Dieu et en la faisant toujours de tout votre cœur. Un chrétien est, comme Christ, un homme qui s’est livré à la volonté de Dieu.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

VINGT-SEPTIÈME JOUR

La sainteté et le service

 

Si donc un homme se conserve pur de ces choses, il sera un vase servant à un usage noble, sanctifié, fort utile au maître de la maison, propre à toute bonne œuvre. {2Ti 2:21}

 

Une sainte sacrificateur pour offrir des sacrifices spirituels à Dieu, par Jésus-Christ. Une nation sainteun peuple que Dieu s’est acquis, afin que vous publiiez les vertus de Celui qui vous a appelés à sa merveilleuse lumière {1Pi 2:21}

 

A travers toute l’Ecriture, nous avons vu que quoique ce soit que Dieu sanctifie, il le sanctifie afin de l’employer au service de sa sainteté. Sa sainteté est une énergie infinie qui ne trouve son repos qu’en rendant saint. A la révélation de ce qu’il est: «Moi l’Eternel, je suis saint», Dieu ajoute continuellement la déclaration de ce qu’il fait: «Je suis l’Eternel qui sanctifie». La sainteté est un feu consumant qui s’étend, qui cherche à consumer ce qui est souillé, et à communiquer sa propre félicité à tout ce qui veut la recevoir. Sainteté et égoïsme, sainteté et inactivité, sainteté et paresse, sainteté et impuissance sont absolument inconciliables. Tout ce que nous lisons être chose sainte était admis dans le service de la sainteté de Dieu.

 

Jetons un regard en arrière sur tout ce qui, dans l’Ecriture, nous a été révélé comme saint. Le septième jour fut sanctifié, afin que, par le moyen de ce jour, Dieu puisse sanctifier son peuple. Le tabernacle était saint, pour servir de demeure au Dieu saint, comme le centre duquel la sainteté de Dieu pût se manifester au peuple. L’autel était très saint, afin qu’il pût sanctifier les dons qui y étaient déposés. Les prêtres avec leurs vêtements, la maison avec son ameublement et ses vases saints, les sacrifices et le sang, tout ce qui portait la qualification de saint, avait un usage et un but, en vue de la sainteté. Dieu avait dit d’Israël, qu’il l’avait racheté de la servitude d’Egypte, afin qu’il fût pour lui une nation sainte: «Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve». Les saints anges, les saints prophètes et les saints apôtres, les saintes Ecritures, tout porte une qualification d’êtres et d’objets sanctifiés pour le service de Dieu. Notre Seigneur parle de lui-même comme du «Fils que le Père a sanctifié», et il ajoute aussitôt dans quel but: le service du Père et de ses rachetés «afin qu’eux aussi soient sanctifiés en vérité». Et maintenant que Dieu, en Christ, le Saint, et par le Saint-Esprit, accomplit son dessein, et se forme un peuple de saints? saints, sanctifiés en Christ, est-il possible d’imaginer que maintenant, dis-je, la sainteté et le service puissent être séparés? Impossible! Nous nous rendons bien compte d’abord ici combien ils sont indispensables l’un à l’autre. Essayons d’en saisir leur relation mutuelle. Nous n’avons été sanctifiés qu’en vue d’un service. Nous ne pouvons servir que dans la mesure où nous sommes saints.

 

La sainteté est essentielle à un service effectif. Dans l’Ancien Testament, nous voyons des degrés de sainteté, non seulement dans les lieux saints, mais aussi dans les personnes saintes. Dans la nation, les Lévites, les prêtres, puis le souverain sacrificateur, il y a des degrés divers de sainteté; et dans chaque stage qui se succède, le cercle se rétrécit, et le service est plus direct, plus entier, tellement que la sainteté requise est plus élevée et plus distincte. Il en est de même dans la dispensation plus spirituelle où nous sommes maintenant; plus il y a de vraie sainteté, plus grande aussi est l’aptitude pour le service; plus il y a de vraie sainteté, plus la place que Dieu occupe est grande, et plus, par conséquent, est vraie et profonde l’entrée qu’il a eue dans l’âme. La prise qu’il a sur l’âme pour l’employer à son service est dès lors plus complète.

 

Mon frère! écoute ce message: «Si un homme se conserve pur, il sera un vase noble, sanctifié, fort utile au maître de la maison, propre à toute bonne œuvre». Impossible d’exposer plus clairement et plus noblement la loi du service. Un vase d’honneur, un vase que le roi sera heureux d’honorer doit être un vase purifié de toute souillure de la chair et de l’esprit. Alors seulement, il peut être un vase sanctifié, possédé par le Saint-Esprit, et rempli de l’Esprit de Dieu. Alors il devient propre au service du Maître. Le Maître peut s’en servir, agir en lui et vouloir en lui. Et ainsi, purs et saints, livrés aux mains du Maître, nous sommes divinement préparés pour toute bonne œuvre.

 

La sainteté est essentielle pour le service. Si notre service doit être acceptable devant Dieu, et vraiment effectif pour son action sur les âmes, s’il doit être une joie et une force pour nous-mêmes, il faut pour cela que nous soyons saints. La volonté de Dieu doit premièrement vivre en nous, si elle doit être faite par nous.

 

Combien d’ouvriers fidèles qui déplorent un manque de puissance dans l’œuvre, qui soupire après cette puissance, suppliant Dieu de la leur donner, et ne l’obtiennent pas! Ils ont dépensé leur force davantage dans le parvis extérieur de l’œuvre et du service du Maître, et moins dans la vie intérieure de la communion et de la foi. Ils n’ont jamais compris que ce n’est que dans la mesure où le Maître prend possession d’eux, dans la mesure où le Saint-Esprit les a sous sa main, à sa disposition, qu’il peut les employer, et qu’ils peuvent être vraiment revêtus de puissance. Ils désirent souvent et demandent ardemment ce qu’ils appellent un baptême de puissance. Ils oublient que le moyen d’avoir la puissance de Dieu en nous, c’est que nous-mêmes nous soyons entièrement en sa puissance. Mettez-vous vous-même entre les mains de Dieu, en sa puissance; laissez sa volonté sainte régner en vous; vivez vous-même dans cette volonté, et soyez-y obéissant, comme quelqu’un qui n’a pas le pouvoir de disposer de lui-même; laissez le Saint-Esprit demeurer en vous comme dans son saint temple, révélant le Dieu saint qui est sur son trône et qui gouverne toutes choses. Il vous emploiera alors volontiers, comme un vaisseau à honneur, sanctifié et prêt pour l’usage que le Maître veut en faire. La sainteté est essentielle à un service effectif.

 

Et le service n’est pas moins essentiel à la vraie sainteté. Nous l’avons répété si souvent: la sainteté est une énergie, une énergie intense de ce désir et de cet esprit de sacrifice qui porte à rendre les autres participants de sa propre pureté et de sa propre perfection. Christ s’est sanctifié lui-même; mais en quoi consistait ce sacrifice et quel en était le but? Il s’est sanctifié lui-même, afin que nous aussi nous soyons sanctifiés. Une sainteté qui est égoïste est une illusion, la vraie sainteté, la sainteté de Dieu en nous, se déploie dans l’amour, en cherchant et en aimant les êtres souillés, afin de travailler à les rendre saints, eux aussi. Un amour qui se donne, qui se sacrifie est l’essence même de la sainteté. Le Saint d’Israël est ton Rédempteur. Le Saint de Dieu est le Sauveur mourant. Le Saint-Esprit de Dieu rend saint, il sanctifie. Il n’y a de sainteté en Dieu que celle qui est le plus activement employée à aimer, à sauver et à bénir. Il en doit être de même en nous. Que toute pensée de sainteté, que tout acte de foi ou de prière, que tout effort à la poursuite de la sainteté soit, avec notre abandon complet à la sainteté de Dieu, animé du désir de nous en servir pour atteindre l’objet que cette sainteté a en vue. Que votre vie entière soit une vie bien clairement et définitivement donnée à Dieu pour son service. Il se peut que vos circonstances ne s’y prêtent pas facilement. Il se peut que Dieu paraisse vous fermer la porte et vous empêche pour le moment de travailler pour lui, de la manière dont vous le désireriez; le sentiment de votre incapacité vous est peut-être douloureux. Néanmoins, que ce soit une chose réglée entre Dieu et vous, que votre désir ardent de sainteté vient de votre désir d’être rendu plus apte pour lui, pour son service, et que ce qu’il vous a donné de sa sainteté en Christ, et par son Saint-Esprit, est tout entier à sa disposition, attendant d’être employé par lui et pour lui. Soyez prêt pour son service. Mettez en pratique, dans une vie journalière d’un service plein d’amour pour les autres et d’humilité, ce que vous avez reçu de sa grâce. Vous éprouverez alors que dans cette union et dans cet échange de culte, d’adoration et d’action la sainteté de Dieu reposera sur vous. «Le Père a sanctifié le Fils et l’a envoyé dans le monde». Le monde, voilà le lieu pour celui qui est sanctifié; il doit en être la lumière, le sel, la vie. Nous sommes sanctifiés en Jésus-Christ, et envoyés aussi d’ans le monde. Oh! ne craignons pas d’accepter notre position, notre double position: dans le monde et en Christ! Dans le monde, avec son péché et sa souffrance, avec ses milliers de besoins qui nous touchent de tous côtés, avec ses millions d’âmes qui toutes comptent sur nous. Et aussi en Christ. Pour l’amour de ce monde, «nous avons été sanctifiés en Christ», nous sommes «saints en Christ», nous avons reçu «l’Esprit de sainteté», qui habite en nous. Comme un sel sanctifié dans un monde pécheur, livrons-nous tout entiers à notre sainte vocation. «Comme Celui qui vous a appelés est saint», soyons saints en son Fils bien-aimé, par son Saint-Esprit, et le feu de son saint amour opérera par nous son œuvre de jugement et de condamnation, de salut et de sanctification.

 

«Soyez saints comme je suis saint».

 

Bien-aimé Maître! Je te rends grâces de ce que tu m’ as rappelé le but de ton amour rédempteur. Tu t’es donné toi-même afin que tu puisses te purifier un peuple qui soit zélé pour les bonnes œuvres. Tu voulais faire de chacun de nous un vase à honneur, purifié, sanctifié, apte à te servir, et préparé pour toute bonne œuvre. O Sauveur béni! grave en lettres de feu cette leçon de ta Parole dans mon âme. Enseigne-moi, à moi et à tout ton peuple, ceci: c’est que si nous voulons travailler pour toi, si nous voulons que tu travailles en nous, et que tu nous emploies pour ton service, nous devons être saints, saints comme Dieu lui-même est Saint. Enseigne-nous encore que si nous voulons être saints cela doit être en vue de te servir. C’est à ton Saint-Esprit, par lequel nous sommes sanctifiés, à nous employer, et à nous sanctifier en nous employant. Etre entièrement possédé par toi, ô Dieu! voilà le chemin de la sainteté et du service que nous te devons.

 

O Sauveur! Toi le Saint et le Juste, nous sommes en toi comme en Celui qui est notre sanctification; c’est aussi en toi que nous voulons demeurer. Dans le repos d’une foi qui s’assure en toi pour toutes choses, dans la force que donne un entier abandon à toi, un abandon qui ne veut connaître d’autre volonté que la tienne; dans un amour qui se livre à toi sans réserve, ô Sauveur bien-aimé! nous demeurons en toi. En Toi nous sommes saints; en toi nous porterons beaucoup de fruits. Oh! qu’il te plaise d’achever ton œuvre en nous. Amen.

 

1° Il est difficile d’exprimer clairement en paroles comment la croissance dans la sainteté se révélera simplement par une simplicité et un oubli de soi-même qui vont croissants, avec l’assurance paisible et bénie que Dieu a pris possession de tout notre être, et qu’il veut se servir de nous.

 

2° On a dit quelquefois que les croyants emploieraient mieux leur temps en travaillant pour Dieu, qu’en assistant à des réunions (conventions) de sainteté. Il y a là sûrement un malentendu. Car ce fut devant le trône du Dieu trois fois saint, et lorsqu’il entendit les séraphins chanter la sainteté de Dieu, que le prophète dit: «Me voici, envoie-moi».

 

3° Que tout ouvrier dans l’œuvre de Dieu prenne le temps nécessaire pour entendre le double appel de Dieu. Si vous voulez travailler, soyez saints; si vous voulez être saints, donnez-vous à Dieu pour qu’il vous emploie à son service.

 

4° Remarquez la relation qui existe entre «sanctifié» et «utile pour le service du Maître». La vraie sainteté consiste à être possédé de Dieu; le vrai service à être employé par Dieu lui-même. Le vrai service c’est de se livrer absolument au Maître pour qu’il se serve de nous; alors le Saint-Esprit est le seul agent, et nous sommes les instruments de sa volonté. Pareil service est la sainteté.

 

5° «Je me sanctifie moi-même, afin qu’eux aussi soient sanctifiés». Penser aux autres est la racine, le principe actif de toute vraie sainteté.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

VINGT-HUITIÈME JOUR

Le chemin du lieu très saint

 

Puis donc, mes frères, que le sang de Christ nous ouvre un libre accès au lieu très saint, par la voie récente et vivante que Christ a inaugurée pour nous à travers le voile, c’est-à-dire à travers sa chair; et puisque nous avons un souverain sacrificateur à la tête de la maison de Dieu, approchons-nous de Dieu avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi. {Heb 10:19-22}

 

Quand le souverain sacrificateur entrait une fois l’an dans le second tabernacle, au dedans du voile, cela signifiait, nous dit l’épître aux Hébreux, «que le chemin du lieu très saint n’avait pas encore été ouvert». {Heb 9:8} Quand Christ mourut, le voile fut déchiré; tous ceux qui servaient dans le lieu saint eurent dès lors un libre accès dans le lieu très saint, le chemin du lieu très saint étant ouvert. L’auteur de l’épître aux Hébreux passant à l’application pratique de cette vérité résume ainsi tout l’enseignement: «Puis donc que le sang de Christ nous ouvre un libre accès au lieu très saint, approchons-nous». La rédemption de Christ nous a ouvert le chemin du lieu très saint et l’acceptation de cette vérité nous conduit à rien moins qu’à nous approcher et à entrer. Les paroles de notre texte nous suggèrent quatre précieuses pensées concernant le lieu de l’accès, le droit de l’accès, le moyen de l’accès et la puissance que donne l’accès.

 

Et d’abord le lieu où nous avons accès.—Quel est le lieu dont nous sommes invités à nous approcher? Les sacrificateurs en Israël pouvaient entrer dans le lieu saint, mais ils étaient toujours exclus du lieu très saint, de la présence immédiate de Dieu. Le voile une fois déchiré, le sanctuaire devint accessible à tous. C’est maintenant que les croyants, comme sacrificature royale, doivent vivre et marcher. Au dedans du voile, dans le lieu très saint, ceux en qui Dieu demeure ont leur chez soi, leur home. Quelques chrétiens pensent que cette parole «approchons-nous» est une invitation à la prière, et que, par nos actes de culte, nous entrons dans le lieu très saint. Mais non, quelque grand que soit ce privilège, Dieu nous a appelés à quelque chose d’infiniment plus grand encore. Nous devons nous approcher et demeurer, vivre notre vie de tous les jours et faire notre œuvre dans cette atmosphère du sanctuaire. C’est la présence de Dieu qui sanctifie le terrain, la présence immédiate de Dieu en Christ qui fait de tout lieu un lieu très saint. Il n’y a pas un instant de la journée, pas une circonstance où le croyant ne puisse demeurer à l’ombre du Tout-Puissant.

 

En entrant par la foi dans la plénitude de sa réconciliation avec Dieu tellement que son union avec Christ est une vivante réalité, en se livrant au Saint-Esprit afin qu’il lui révèle la présence du Dieu saint, le chrétien habite réellement sans interruption dans le lieu très saint, toujours plus près de son Dieu.

 

Le droit à l’accès.—Une pensée s’impose à nous. N’est-ce pas là seulement un idéal? Cela peut-il bien devenir une réalité, une expérience de la vie journalière pour ceux qui connaissent leur nature pécheresse? Grâces à Dieu, ce n’est point un idéal, mais un état d’âme auquel tout croyant peut arriver. C’est une possibilité parce que notre droit d’accès repose non sur ce que nous sommes, mais sur le sang de Jésus. «Puis donc que le sang de Christ nous ouvre un libre accès au lieu très saint, approchons-nous». La Pâque nous a montré que la rédemption et la sainteté à laquelle elle aspire dépendaient de l’aspersion du sang. L’aspersion du sang était indispensable pour assurer l’accès auprès de Dieu, soit dans le parvis, soit dans le lieu saint ou dans le lieu très saint. Et maintenant que le sang de Jésus a été répandu, oh! avec quelle puissance divine, avec quelle éternelle efficacité et quelle intense réalité nous avons accès dans le lieu très saint. Nous avons un libre accès par le sang de Christ. «Les adorateurs, une fois purifiés, ne sentent plus leur conscience chargée de péché». {Heb 10:2} Marchant dans la lumière, le sang de Jésus les purifie d’une purification incessante.

 

La conscience de notre indignité ne saurait mettre obstacle à notre accès auprès de Dieu, car cette liberté de nous approcher repose dans la vertu toujours infaillible, toujours active, toujours vivante du précieux sang de Jésus. Il est possible au croyant de demeurer dans le lieu très saint.

 

Le moyen de l’accès.—On pense à tort que ce qui est dit du chemin nouveau consacré pour nous par le Sauveur ne signifie autre chose que la liberté que nous avons par son sang; ce n’est pas le cas. Ces paroles disent beaucoup plus: «Puis donc que le sang de Christ nous donne un libre accès, approchons-nous par le chemin, par la voie récente qu’il a ouverte pour nous». C’est-à-dire qu’il a inauguré pour nous un chemin pour que nous y marchions comme il a marché lui-même: «une voie récente et vivante à travers le voile, à travers sa chair». Le chemin dans lequel Jésus a marché quand il a donné sa vie est le même que nous devons suivre nous-mêmes. C’est le chemin de la croix. Et le voile de la chair sainte de Christ aurait-il été déchiré afin que le voile de notre chair pécheresse fût épargné? Non, certainement. A mesure que nous marchons à travers le voile déchiré de sa chair, nous y trouvons en même temps et immédiatement la nécessité que notre chair soit déchirée et la force nécessaire pour accomplir ce déchirement, car suivre Jésus signifiera toujours être conforme au Crucifié. C’est en Jésus dont la chair a été déchirée que nous marchons. Il n’y a pas de chemin pour arriver à Dieu sinon celui d’u déchirement de la chair. Dans l’acceptation de la vie et de la mort de Christ par la foi comme force qui agit en nous, et de la puissance du Saint-Esprit qui nous unit vraiment à Christ, tous nous suivons Christ lorsqu’il passe à travers le voile déchiré, c’est-à-dire sa chair rompue pour nous, et que nous devenons participants avec lui de sa crucifixion et de sa mort. Le chemin de la croix par lequel «j’ai été crucifié» est le chemin à travers le voile déchiré. La destinée de l’homme, la communion avec Dieu par la puissance du Saint-Esprit, ne peut être atteinte que par le sacrifice de la chair.

 

Et c’est ici que se trouve la solution d’un grand mystère, pourquoi tant de chrétiens restent-ils après tout éloignés sans jamais entrer dans le lieu très saint? pourquoi la sainteté de la présence de Dieu est-elle si peu visible en eux? Ils ont cru qu’en Christ seulement la chair devait être déchirée et non en eux-mêmes. Ils ont cru que la liberté qu’ils avaient dans et par le sang de Christ, c’était là «la voie nouvelle et vivante».

 

Ils ont ignoré que le chemin d’une vraie et complète sainteté, le chemin du lieu très saint, ne saurait être atteint que par le voile déchiré de la chair, par la conformité à la mort de Jésus. Voilà véritablement le chemin qu’il a inauguré pour nous. Il est, lui, le «chemin, chemin de renoncement à soi-même» de sacrifice de soi-même, de crucifixion. Et il prend avec lui, dans ce chemin, tous ceux qui désirent ardemment être saints de sa sainteté.

 

La puissance d’accès.—Quelqu’un redoute-t-il d’entrer dans le lieu très saint à cause du déchirement de la chair ou parce qu’il doute de pouvoir le supporter? Qu’il écoute encore un instant, qu’il prête l’oreille à cette parole: «Puis donc que nous avons Jésus, le Fils de Dieu, un grand souverain sacrificateur qui a pénétré au haut des cieux, approchons-nous avec assurance du trône de grâce».—«Puis donc que nous avons un souverain sacrificateur à la tête de la maison de Dieu, approchons-nous». {Heb 10:21} Non seulement nous avons le lieu très saint, le sang qui nous donne la hardiesse et le chemin à travers le voile déchiré inauguré pour nous, mais nous avons encore le grand souverain Sacrificateur à la tête de la maison de Dieu, le Sauveur vivant et béni, qui nous invite à nous approcher, qui nous aide et qui nous souhaite la bienvenue: Christ est notre Aaron. Sur son cœur, nos noms sont écrits; il ne vit que pour penser à nous et prier pour nous. Sur son front, nous voyons le nom de Dieu: Sainteté à l’Eternel! Car dans sa sainteté, les péchés de notre service sont couverts. En lui nous sommes acceptés, sanctifiés, Dieu nous reçoit comme ses saints. Dans la puissance de son amour et de son Esprit, nous acceptons joyeusement la voie qu’il a inaugurée pour nous et nous marchons sur ses saintes traces dans le renoncement et le sacrifice. Notre chair nous apparaît comme le voile épais qui nous sépare du Dieu saint, et dès lors nous demandons avec ardeur que la crucifixion de la chair devienne en nous par la puissance du Saint-Esprit une bienheureuse réalité. Alors la gloire du sanctuaire nous éclairant à travers le voile déchiré, et le précieux sang de Christ proclamant notre liberté d’accès auprès de Dieu, le grand souverain Sacrificateur nous invite à nous approcher pour nous bénir. Nous n’avons rien à craindre, nous choisissons le chemin à travers le voile déchiré comme celui que nous aimons à parcourir et nous entrons désormais sans arrière-pensée au dedans du voile, dans le lieu très saint. Alors notre vie ici-bas nous sera le garant de la vie à venir, comme il est écrit (et remarquez que nous retrouvons ici les quatre grandes pensées de notre texte): ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, c’est-à-dire au travers du voile déchiré «Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau»; leur liberté d’entrée leur venait du sang. «C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu», leur demeure dans le lieu très saint! «l’Agneau qui est là au milieu du trône les paîtra», le grand souverain Sacrificateur, le souverain Pasteur des âmes, Jésus lui-même, sera leur tout en tous.

 

Mon frère, vois-tu maintenant ce qu’est la sainteté et comment on peut se la procurer? Ce n’est point quelque chose de produit en toi-même. La sainteté, c’est la présence de Dieu habitant en toi. Elle t’est donnée lorsque tu habites d’une manière consciente en la présence de Dieu, faisant toute ton œuvre et vivant toute ta vie en sacrifice vivant acceptable par Jésus-Christ et sanctifié par le Saint-Esprit.

 

Oh! ne sois plus craintif comme si cette vie n’était pas pour toi. Regarde à Jésus. Notre Frère aîné a charge du temple, ayant reçu du Père la liberté de nous montrer tout ce que renferme le sanctuaire et de nous révéler tous les secrets de la présence du Père. L’entière direction du temple a été remise dans ses mains dans ce but, que les faibles et les craintifs viennent avec confiance. Confie-toi seulement en Jésus, en sa conduite et en sa garde. «Christ t’a été donné afin que tu saches comment on doit se conduire dans la maison de Dieu».

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O Dieu très saint! comment te bénirai-je pour la liberté que tu m’as donnée d’entrer dans le lieu très saint et d’y demeurer? Comment te bénir pour le précieux sang qui m’y a donné un libre accès? Comment te bénir pour cette voie nouvelle et vivante à travers le voile déchiré de la chair par lequel aussi ma chair a été crucifiée? Comment, ô mon Dieu! te bénir pour le grand Sacrificateur que tu as établi sur ta maison, notre Sauveur vivant, Jésus-Christ, avec qui et en qui nous osons paraître devant toi? Gloire à ton saint nom pour cette merveilleuse et complète rédemption. Je t’en supplie, ô mon Dieu! donne-moi, et à tous tes enfants, le sentiment vrai de la réalité et de la sûreté avec laquelle nous pouvons passer notre vie entière au dedans du voile dans ta présence immédiate. Donne-nous l’Esprit de révélation, je t’en prie, afin que nous puissions comprendre comment, à travers le voile déchiré, la gloire de ta présence jaillit du lieu saint dans le lieu très saint. Comment par l’effusion du Saint-Esprit le royaume des cieux s’est répandu sur la terre et comment tous ceux qui s’abandonnent à cet Esprit peuvent apprendre qu’en Christ ils sont si près, si près de toi. O Père saint! enseigne-nous par ton Esprit que c’est là, en effet, la vie sainte: une vie en Christ, vécue en la présence de ta sainte majesté. O Dieu très saint! je m’approche et j’entre, je suis maintenant dans le lieu très saint, je désire y demeurer, en Christ, mon souverain Sacrificateur. Amen.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

VINGT-NEUVIÈME JOUR

Sainteté et châtiment

 

Dieu nous châtie pour notre profit, afin de nous rendre participants de sa sainteté.

 

Recherchez la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur. {Heb 12:14}

 

Aucune portion du livre de Dieu ne jette sur la «souffrance» autant de divine lumière que l’épître aux Hébreux, et cela parce qu’elle nous montre ce que furent les souffrances du Fils de Dieu. En rendant parfaite son humanité, elles le rendirent apte à son œuvre de souverain Sacrificateur compatissant. Elles ont aussi prouvé que Celui qui avait accompli la volonté de Dieu par l’obéissance dans la souffrance, était vraiment digne d’en être l’exécuteur dans la gloire, et de s’asseoir à la droite de la majesté de Dieu dans les cieux. «Il était convenable que Dieu élevât par des souffrances au plus haut degré de perfection et de salut, Celui qui voulait conduire un grand nombre de fils à la gloire». «Quoique Fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes».—«Et ayant été rendu parfait, il est devenu l’auteur d’un salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent».—«Je me sanctifie moi-même», a dit Jésus, et ces paroles témoignent que ses souffrances ont été pour lui le chemin de la perfection et de la sainteté.

 

Ce que Christ a été et ce qu’il a acquis nous appartient en entier. La puissance que la souffrance a manifestée en lui pour l’amener à la perfection, est le témoignage de la vie nouvelle qui se communique de lui à nous. Nous discernons à la lumière de son exemple que la souffrance est pour l’enfant de Dieu la preuve de l’amour du Père et le canal de ses plus riches bénédictions. Le mystère apparent de la souffrance ne semble plus être alors qu’une divine nécessité, la légère affliction qui accomplit et produit en nous une gloire infiniment excellente. «Puis qu’il était convenable que Dieu rendît parfait par les souffrances l’auteur de notre salut, combien n’est-il pas plus convenable que nous aussi soyons sanctifiés par la souffrance».—«Il nous châtie pour notre profit afin de nous rendre participants de sa sainteté».

 

De toutes les précieuses paroles que l’Ecriture renferme pour les affligés, il n’y en a aucune qui nous introduise plus directement et plus profondément dans la plénitude des bénédictions que la souffrance a mission de nous apporter. C’est de la SAINTETÉ même de Dieu que nous devons être faits participants.

 

L’épître avait parlé très clairement du côté divin de notre sanctification telle qu’elle nous a été acquise par Jésus-Christ lui-même «Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont un», ou: «Car Celui qui sanctifie aussi bien que ceux qui sont sanctifiés, sont tous issus d’un même Père». {Heb 2:11} «Nous avons été sanctifiés une fois pour toutes par l’oblation du corps de Jésus-Christ». Dans notre texte nous apparaît un autre côté de la sanctification: l’œuvre progressive par laquelle nous acceptons personnellement et nous nous approprions volontairement cette sainteté divine. En vue de tout ce qui, en nous, est contraire à la volonté de Dieu et qui doit être découvert et brisé, afin que nous abandonnions notre volonté propre pour nous réjouir en celle de Dieu; en vue de la communion personnelle aux souffrances de Christ, en vue aussi de notre entrée personnelle dans la pensée de l’amour de Dieu à notre égard et de la joie que nous y trouvons, le châtiment et la souffrance sont les éléments indispensables dans l’œuvre de notre sanctification. Sous ces trois aspects, nous verrons comment ce dont le Fils avait besoin, est aussi ce dont nous avons besoin; ce qui était pour lui d’une valeur infinie ne sera pas moins riche de bénédictions pour notre âme.

 

Le châtiment nous amène à l’acceptation de la volonté de Dieu.—Nous avons vu que la volonté de Dieu à notre égard est notre sanctification par Christ; plus encore, qu’il nous a sanctifiés en se sanctifiant lui-même pour nous par l’abandon absolu de sa volonté à son Dieu.

 

Sa déclaration: «Me voici, ô Dieu! pour faire ta volonté», ou: «Je me plais à faire ta volonté», tire toute sa valeur de son continuel: «Non point ce que je veux». Sous quelque forme que Dieu envoie le châtiment ou la souffrance, le premier objet qu’il a en vue est de demander, et d’opérer en nous une union complète avec sa sainte volonté, afin que par cette union nous soyons faits participants de son amour. Sur tel ou tel point, sa volonté contrarie nos plus chères affections et il nous demande l’abandon de notre volonté pour la remplacer par la sienne. Lorsque ceci est fait volontairement et avec amour, il conduit l’âme plus loin et lui montre comment la demande du sacrifice en question est au fond la revendication d’un principe: en toutes choses sa volonté doit être notre seul désir. Heureuse l’âme pour qui l’affliction n’est pas une série d’actes isolés, de luttes et de soumission à la volonté de Dieu, mais bien l’entrée dans l’école où nous apprenons à considérer la volonté de Dieu comme bonne, parfaite et acceptable!

 

Il est arrivé même à des enfants de Dieu que l’affliction n’a pas été en bénédiction; au contraire, elle a tellement réveillé la mauvaise nature et a fait jaillir si fortement l’opposition du cœur à la volonté de Dieu, qu’elle a ravi la paix et la piété qui paraissaient régner autrefois dans ce cœur. Même alors, l’affliction atteint le but que Dieu se propose. «Afin de t’humilier et de Réprouver, pour te faire ensuite du bien», {De 8:16} explique encore aujourd’hui pourquoi il conduit plusieurs de ses enfants dans le désert. Nous ne nous rendons pas compte jusqu’à quel point notre religion est superficielle et égoïste. Lorsque nous acceptons l’enseignement de l’épreuve en découvrant la volonté propre et l’amour du monde qui existent encore en nous, nous avons appris une des plus importantes leçons. Cette leçon rencontre des difficultés spéciales lorsque l’épreuve ne nous vient pas directement de Dieu, mais des hommes et des circonstances. En regardant aux causes secondes et en cherchant à les faire disparaître, nous oublions souvent dans notre indignation ou notre chagrin de voir la volonté de Dieu en tout ce que sa Providence permet. Aussi longtemps que nous en sommes là, le châtiment ne porte pas de fruit et peut-être qu’il nous endurcit davantage. Si notre étude du chemin de la sainteté a éveillé en nous le désir de nous soumettre et d’adorer, et de nous tenir ferme dans la volonté de Dieu, apprenons en premier lieu à reconnaître cette volonté dans tout ce qui nous arrive. Le péché de celui qui nous irrite n’est pas la volonté de Dieu.

 

Mais c’est sa volonté que nous soyons dans cette position difficile afin d’être éprouvés. Que notre première pensée soit: «Cette position difficile est voulue de mon Père pour moi. J’accepte cette volonté comme la position choisie pour m’éprouver». C’est ainsi que l’épreuve se change en bénédiction et nous amène à demeurer plus constamment dans la volonté de Dieu.

 

Le châtiment conduit à la communion du Fils de Dieu. —En dehors de Christ, la volonté de Dieu est une loi que nous sommes incapables d’accomplir, tandis que la volonté de Dieu en Christ est une vie qui nous remplit; il est venu au nom de notre humanité déchue et il a accepté toute la volonté de Dieu, telle qu’elle s’est manifestée envers nous, soit par les exigences de la loi, soit par les conséquences que le péché avait attirées sur nos têtes. Il s’est donné entièrement à la volonté de Dieu quoi qu’il pût lui en coûter. C’est dans la force que Christ nous donne par sa communion que nous aussi, nous pouvons aimer le chemin de la croix comme le meilleur pour arriver à la couronne. L’Ecriture dit que la volonté de Dieu est notre sanctification, et que Christ est notre sanctification. En Christ seul nous pouvons aimer et nous réjouir dans la volonté de Dieu. Il est devenu notre sanctification une fois pour toutes, en faisant de la volonté de son Père ses délices.

 

O vous, les souffrants, vous tous que le Père châtie! venez et voyez Jésus souffrant, faisant le sacrifice de sa volonté, étant rendu parfait, se sanctifiant lui-même pour nous. Ses souffrances sont le secret de sa sainteté, de sa gloire, de sa vie. Ne bénirez-vous pas Dieu pour tout ce qui peut vous faire entrer dans une communion plus intime avec notre bien-aimé Sauveur? N’accepterons-nous pas toute épreuve, petite ou grande, comme un appel de son amour? C’est là la sainteté: être un avec Christ en faisant la volonté de Dieu.

 

Le châtiment nous amène à la jouissance de l’amour de Dieu.—Plus d’un père a été surpris de voir que son enfant, après avoir été puni avec amour, s’est attaché à lui plus tendrement qu’auparavant. Ainsi tandis que la misère et la souffrance paraissent ébranler la confiance dans l’amour de Dieu pour ceux qui vivent loin de leur Père, c’est justement par la souffrance que l’enfant de Dieu apprend à connaître la réalité de cet amour. L’action de châtier est si clairement la prérogative du Père; elle nous conduit si directement à avouer sa nécessité et l’amour qui le commande; elle éveille si puissamment l’ardent désir du pardon, de la consolation, de la délivrance, qu’elle devient, en effet, quelque étrange que cela puisse paraître, un des guides les plus sûrs à une expérience plus profonde de l’amour divin.

 

Le châtiment est l’école à laquelle s’apprend la précieuse leçon que la volonté de Dieu est tout amour, et que la sainteté est la flamme de l’amour, consumant, afin de purifier, ne détruisant que les scories, afin d’assimiler à sa pureté parfaite tout ce qui cède à ce changement merveilleux.

 

Nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous avons cru. Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. La destinée de l’homme, c’est la communion avec Dieu, la communion, l’habitation mutuelle de l’amour. Ce n’est que par la foi que cet amour de Dieu peut être connu. La foi ne peut se développer que par l’exercice; elle ne peut grandir que par l’épreuve; lorsque les choses visibles viennent à manquer, ses énergies sont réveillées et poussées à céder pour que l’invisible, le divin, prenne possession de ce qui lui appartient de droit. Le châtiment nourrit la foi, il conduit celui qui en est l’objet à une connaissance plus profonde de l’amour de Dieu. C’est le chemin, la voie nouvelle et vivante, le chemin de la chair déchirée, en communion avec Jésus et conduisant dans le lieu très saint. La justice qui ne veut pas épargner l’enfant et l’amour qui le soutient et le sanctifie, sont unis dans la sainteté de Dieu. O vous, les saints que Dieu châtie, vous qui êtes d’une manière toute spéciale conduits dans le chemin qui va à travers le voile déchiré de la chair! vous avez la liberté d’entrer. Approchez-vous, venez et demeurez dans le lieu très saint; là vous êtes faits participants de sa sainteté. Le châtiment amène votre cœur à s’unir avec la volonté de Dieu, le Fils de Dieu, l’amour de Dieu.

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O Dieu saint! une fois de plus, je te bénis pour la merveilleuse révélation que tu me donnes de ta sainteté! Non seulement je t’ai entendu me dire: «Je suis saint»; mais tu m’as invité à une communion intime avec toi en me disant; «Sois saint, car je suis saint».

 

Je te bénis pour ce que tu nous as révélé par ton Fils, par ton Saint-Esprit, par ta Parole, de la voie de la sainteté. Mais comment te bénirai-je de la leçon que tu m’as donnée aujourd’hui, qu’il n’y a ni perte, ni douleur, ni souffrances, ni soucis, ni tentations, ni épreuve, que ton amour ne fasse servir à opérer la sainteté, dans l’âme des membres de ton peuple?

 

Père saint! tu sais combien souvent j’ai regardé les circonstances et les difficultés de cette vie comme des obstacles. Oh! que dès cette heure, à la lumière du divin but que tu te proposes, ils soient pour ton enfant autant d’aides, de secours. Par-dessus toutes choses, que le chemin qu’a suivi ton Fils bien-aimé, et qui nous montre dans la souffrance la discipline de l’amour d’un Père, le secret de la sainteté. Oh! que ce chemin devienne le mien pour me rendre participant de ta sainteté. Amen.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

TRENTIÈME JOUR

L’onction du Saint

 

«Pour vous, c’est de Celui qui est saint que vous avez reçu l’onction, en sorte que vous savez toutes choses. Pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, en sorte que vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne; mais comme son onction vous instruit de toutes choses (et cela est vrai, ce n’est pas un mensonge), demeurez en lui selon qu’elle vous a instruits.» {1Jn 2:20,27}

 

Moïse, en nous révélant la sainteté de Dieu et de ses voies pour sanctifier son peuple, nous montre les sacrificateurs, et particulièrement les souverains sacrificateurs, comme les représentants de la sainteté de Dieu dans l’homme. Chez les sacrificateurs eux-mêmes, l’huile d’onction était le symbole de la grâce qui sanctifie. Moïse devait faire lui-même une onction d’huile. «Tu prendras de l’huile d’onction et tu en feras l’aspersion sur Aaron et sur ses fils. Ainsi seront consacrés Aaron et ses fils». {Ex 29:21} Et après les indications données à Moïse pour la fabrication de cette huile, l’Eternel ajoute: «Pour de l’onction sainte. Ce sera pour moi l’huile de l’onction sainte. On n’en répandra point sur le corps d’un homme et vous n’en ferez point de semblable, dans les mêmes proportions; elle est sainte, vous la regarderez comme sainte». {Ex 30:25-32} Les sacrificateurs, et spécialement les souverains sacrificateurs, devaient en être oints et consacrés. «Le prêtre qui a la supériorité sur ses frères, sur la tête duquel a été répandue l’huile d’onction, ne sortira point du sanctuaire et ne profanera point le sanctuaire de son Dieu, car l’huile de l’onction de son Dieu est une couronne sur lui». Et il dit de même de David, {Le 21:10,12} le type du Messie: «Le Saint d’Israël, c’est notre Roi». {Ps 89:21} «J’ai trouvé David, mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte».

 

Le mot hébreu Messie, le mot grec Christ, sont en rapport avec ce que nous venons de dire. Ainsi dans le passage que nous venons de citer, il y a en hébreu: «Je l’ai messianisé de mon huile sainte». Et de même dans un passage semblable du livre des Actes {Ac 10:38}: «Comment Dieu a christé (oint) d’esprit et de force Jésus de Nazareth». Ou encore, au Psaume {Ps 45} «Ton Dieu t’a oint (messianisé) d’une huile de joie, par privilège sur tes collègues». {Ps 45:8} De sorte que, ainsi qu’un de nos catéchismes réformés, le Catéchisme de Heidelberg, s’exprime dans une réponse à la question: «Pourquoi t’appelles-tu chrétien?»—«Nous sommes appelés chrétiens, parce que nous sommes participants de son baptême et de son onction». (Christing). C’est là l’onction dont Jean parle, le baptême du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est la sainte onction que reçoit tout croyant: ce que Dieu a fait pour SON Fils afin de faire de lui le Christ, il le fait pour moi, afin de faire de moi un chrétien «Pour vous, c’est de Celui qui est saint que vous avez reçu l’onction».

 

Vous avez reçu l’onction de Celui qui est le Saint. C’est en sa qualité de Saint que le Père répand l’onction, et l’huile dont il oint est appelée l’huile de sainteté, le Saint-Esprit. La sainteté est, en effet, une divine onction. La sainteté est la présence invisible, et cependant manifeste, du Saint reposant sur son oint. L’onction qui nous vient directement du Saint n’est reçue, ou plutôt, n’existe que dans une communion constante avec lui, en Christ, qui, lui, est le Saint de Dieu.

 

Et qui la reçoit? Seulement celui qui s’est donné entièrement afin d’être saint comme Dieu lui-même est saint. Le sacrificateur «seul mis à part pour être saint à l’Eternel» recevait l’onction: «On n’en répandra point sur le corps d’un homme». Que de chrétiens voudraient recevoir la précieuse onction pour le parfum dont elle les envelopperait! Mais non. Celui-là seul qui est complètement consacré au service du Saint peut la recevoir.

 

L’onction du saint est pour le sacrificateur, le serviteur du Dieu Très-Haut. La sainteté, devient une réalité dans une âme vraiment réveillée et qui s’est livrée pour glorifier Dieu. Les saints vêtements n’étaient préparés que pour le service des sacrificateurs. Ne l’oublions pas dans nos recherches de la sainteté. Gardons-nous de croire que le travail, pour Christ nous rendra saints; gardons-nous également de poursuivre la sainteté en dehors du travail. C’est le sacrificateur mis à part pour le service du Dieu saint, c’est le croyant prêt à vivre et à mourir afin que la sainteté de Dieu triomphe au milieu des hommes, qui recevront l’onction.

 

L’onction nous enseigne, «L’homme-nouveau se renouvelle par la connaissance», aussi bien dans la justice que dans la sainteté. Christ nous est fait sagesse aussi bien que justice et sanctification. Le service de Dieu et notre sainteté sont avant tout d’un consentement libre et entier, intelligent et spontané, à la volonté divine. Et c’est pourquoi l’onction, afin de nous rendre aptes au service du sanctuaire, nous enseigne toutes choses. De même que l’huile d’onction est une essence subtile qui ne se manifeste que par son parfum, ainsi la faculté spirituelle que donne l’onction est la plus insaisissable qu’on puisse imaginer. Elle avive notre perspicacité pour craindre le Seigneur; elle nous enseigne, comme par un instinct divin, à reconnaître ce qui est céleste et ce qui est de la terre. C’est l’onction qui fait que la Parole et le nom de Jésus dans la Parole deviennent un parfum qui se répand au dehors. Le signe distinctif de ceux qui sont oints, c’est leur docilité. La grande marque de Christ, le Saint de Dieu, l’Oint, c’est qu’il écoute: «les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même. La parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé». {Jn 14:10,4}

 

Il ne saurait en être autrement. L’onction enseigne: «Son onction vous instruit de toutes choses».—«Vous n’avez donc pas besoin que personne vous enseigne, c’est-à-dire: tous les croyants seront tous enseignés en Dieu». Le secret d’une vraie sainteté, c’est une relation personnelle et directe avec le Saint, tous les enseignements des hommes étant subordonnés entièrement à l’enseignement personnel du Saint-Esprit.

 

Et cette onction que vous avez reçue de lui demeure en vous.—En vous. Dans la vie spirituelle il est de la plus haute importance de maintenir sans cesse l’harmonie entre ce qu’on appelle aujourd’hui l’objectif et le subjectif. Dieu en Christ au-dessus de moi: Dieu dans l’Esprit au dedans de moi. En nous, faisant un avec nous, entrant dans les parties les plus intimes de notre être, pénétrant tout, demeurant dans notre corps qui est son temple. L’onction demeure en devenant une partie de nous-mêmes. Et ceci dans la mesure où nous la connaissons et nous nous y livrons, où nous attendons et demeurons dans le silence, afin de laisser le parfum pénétrer tout notre être. Et ceci, encore une fois, non par intermittence, mais comme une expérience continue et permanente. L’onction demeure à travers toutes les circonstances et les sentiments. «Je suis oint d’une huile fraîche»; voilà le côté objectif et chaque matin le croyant attend le renouvellement du don divin de la part du Père. «L’onction demeure en vous», voilà le côté subjectif; la vie sainte, une vie de foi et de communion, l’onction se réalise d’instant en instant. L’huile sainte toujours fraîche, demeurant toujours, c’est là le secret de la sainteté.

 

Et comme cette onction nous instruit demeurez en lui. Nous voici encore en présence de la sainte trinité; le Saint duquel procède l’onction; le Saint-Esprit qui est lui-même l’onction et Christ, le Saint de Dieu, en qui l’onction nous enseigne à demeurer. En Christ la sainteté invisible de Dieu a été manifestée et rapprochée de nous; elle est devenue humaine en revêtant la nature humaine afin de pouvoir nous être communiquée. Le Saint-Esprit agit et demeure en nous, il nous sort de nous-mêmes pour nous placer en Christ, unissant notre cœur et notre volonté à Christ, nous le révélant, le formant en nous, tellement que sa ressemblance, sa pensée est comme incorporée en nous. C’est ainsi que l’onction du Saint nous enseigne à demeurer en Christ. C’est là la preuve de la vraie onction. Voilà donc la vie de sainteté telle que la donne le Dieu trois fois saint: le Père qui sanctifie, le Fils en qui nous sommes, le Saint-Esprit qui habite en nous et par qui nous demeurons en Christ, et Christ en nous.

 

Méditons sur la divine onction: elle nous vient du Dieu saint. Il n’y en a point de semblable. C’est la volonté de Dieu pour nous rendre participants de la sainteté de Christ. L’onction reçue de lui jour après jour, demeurant en nous, nous enseignant toutes choses, nous enseignant surtout à demeurer en Christ, doit reposer sur nous chaque jour. Son action doit pénétrer notre vie entière, le parfum de l’onction doit remplir la maison. Dieu soit béni, cela est possible. Gloire à son nom!

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O toi, qui es le Saint! Je viens à toi pour que tu renouvelles mon onction. O Père! accorde-moi la grâce de chanter: «Tu oins ma tête d’huile».—«Je suis oint d’une huile fraîche».

 

Je viens te confesser avec humiliation que j’ai douloureusement contristé et déshonoré ton Esprit. Que de fois l’esprit charnel a usurpé ta place dans le culte que je te dois!

 

Que de fois la volonté charnelle a cherché à faire son œuvre! O mon Père! que ta lumière paraisse, me pénètre et me convainque profondément de ces choses. Que ton jugement vienne sur tout ce qui en moi est encore volonté et actions charnelles.

 

Père saint! accorde-moi la grâce, selon les richesses de ta gloire, d’être fortifié maintenant avec puissance par ton Esprit dans mon homme intérieur.

 

Fortifie ma foi en Christ en vue d’une pleine mesure de son onction. Oh! enseigne-moi à attendre de toi, et fais-moi recevoir chaque jour cette grâce d’être «arrosé d’une huile fraîche». O mon Père! amène-moi avec tous tes enfants à voir ceci: c’est que pour demeurer en Christ nous devons avoir reçu l’onction qui demeure. Père! nous voudrions marcher humblement dans la dépendance de la foi, comptant pour avancer sur l’onction intérieure qui demeure éternellement. Que nous soyons pour tous la parfaite odeur de Christ. Amen.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

TRENTE ET UNIÈME JOUR

La sainteté et le ciel

 

Puis donc que tout doit se dissoudre, quels ne devez-vous pas être par une conduite sainte et pieuse!  {2Pi 3:11}

 

Recherchez la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur, {Heb 12:14}

 

Que le saint se sanctifie encore!

 

Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous! Amen. {Ap 22:11,21}

 

O mon frère! nous sommes en route pour le ciel. Nous sommes appelés à voir le Saint des saints face à face. Le mystère infini de sainteté, la gloire du Dieu invisible, devant lequel les séraphins voilent leurs faces, doit nous être révélé. Nous verrons le Dieu trois fois saint, le Dieu vivant lui-même. Oh! quelle grâce infinie, quelle ineffable félicité! Nous verrons Dieu!

 

Nous verrons Dieu, le Saint. Tout notre apprentissage ici-bas, dans la vie de sainteté, n’est que la préparation à cette rencontre et à cette vue. «Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu».—«Recherchez la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur». Depuis le temps où Dieu dit à Israël: «Soyez saints car je suis saint», la sainteté a été révélée comme le seul terrain sur lequel Dieu et son peuple pussent se rencontrer, le seul attribut par lequel ils pussent devenir semblables à Dieu, la seule préparation pour le temps où il n’aurait plus besoin de les tenir éloignés, mais où il les admettrait à la pleine participation de sa gloire.

 

Dans sa seconde épître, Pierre rappelle aux croyants que la venue du jour du Seigneur sera précédée et accompagnée des plus redoutables catastrophes, la destruction des cieux et de la terre. Et il les supplie de veiller à être trouvés sans tache, irrépréhensibles en sa présence. Il leur demande de réfléchir et de dire leur sentiment profond de tout ce que la venue du Seigneur sera et apportera, ce que doit être la vie de ceux qui s’attendent à ces choses: «Puis donc que tout doit se dissoudre, quels ne devez-vous pas être par une conduite sainte et pieuse!» La sainteté doit en être le sceau distinctif, l’universel caractère. Au terme de notre étude sur l’appel de Dieu à la sainteté, nous reprenons la question de Pierre, et à la lumière de tout ce que Dieu nous a révélé de sa sainteté et de tout ce qui doit encore nous être révélé, demandons-nous à nous-mêmes: «Quels ne devons-nous pas être en sainte conduite et piété?»

 

Remarquez en premier lieu la signification de la question. Dans l’original grec, les mots conduite et piété sont au pluriel. Un commentateur (Alford) traduit en saintes conduites et piétés, le pluriel indiquant la sainte conduite et la piété sous toutes leurs formes. Pierre insiste pour une vie de sainteté pénétrant l’homme tout entier: notre conduite envers les hommes et nos rapports envers Dieu. La vraie sainteté ne peut être moins que cela. La sainteté doit être le caractère unique et universel de notre vie chrétienne, la sainteté est l’attribut central de Dieu, la seule expression possible de la divine perfection, l’attribut de tous les attributs, la seule épithète par laquelle lui-même, comme Rédempteur et Père, son Fils et son Esprit, son jour, sa maison, sa loi, ses serviteurs, son peuple, son nom soient désignés et reconnus. Toujours et en tout, dans le jugement comme dans la miséricorde, dans son élévation et dans son abaissement, quand il se cache ou quand il se révèle, toujours et en toutes choses, Dieu est le Saint. La Parole nous apprend que pour être vrai, agréable à Dieu, le règne de la sainteté doit être absolu dans toute notre conduite. Il ne doit y avoir ni un moment de la journée, ni une relation dans la vie, ni aucune action extérieure, ni un repli caché du cœur, ni rien qui nous appartienne, dans notre culte ou nos affaires, qui ne soit saint. La sainteté qui nous vient de l’onction de l’Esprit doit être réelle si nous voulons être saints; il en doit être ainsi que Pierre le dit de l’appel de Dieu: saints dans toute votre conduite; saints en toute conduite et piété. Pour employer le langage significatif du Saint-Esprit: tout doit être fait «d’une manière digne de saints», {Ro 16:2} ou «comme il convient à des saints». {Eph 5:3} Remarquez l’insistance de cette question de l’apôtre Pierre dit: «Puis donc que vous attendez ces choses». Puis donc que tout se dissoudrai quels ne devez-vous pas être! Oui, réfléchissons à ce que cela signifie. Nous avons vu à travers tout le livre de la révélation la grâce merveilleuse et la patience avec laquelle Dieu nous a fait connaître sa sainteté pour nous en rendre participants, et tout cela comme préparation à ce qui doit encore arriver. Nous avons entendu Dieu, le Saint, nous appelant, plaidant avec nous, nous commandant d’être saints comme il est saint. Et nous sommes assurés de le rencontrer, de le voir et de demeurer pendant toute l’éternité dans la lumière, saints comme il est saint. Ceci n’est point un rêve, mais une vivante réalité vers laquelle nous regardons comme vers la seule chose pour laquelle il vaille la peine de vivre.

 

Nous comptons sur l’amour éternel pour nous accueillir, et avec une confiance filiale nous venons à lui comme ses saints et ses bien-aimés en disant: «Père saint!» Nous avons appris à connaître Jésus, le Saint de Dieu, comme notre sanctification. Nous vivons en lui jour après jour comme saints en Christ. Nous marchons dans cette volonté de Dieu comme lui-même y a marché et il nous en rend capables. Nous regardons avec joie au moment, où nous lui serons réunis, «le jour où il viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui ont cru».

 

Nous avons au dedans de nous le Saint-Esprit; la sainteté de Dieu en Christ descend sur nous et fait de nous sa demeure comme arrhes de notre héritage. Lui, l’Esprit de sainteté, transforme silencieusement tout en nous, sanctifie notre esprit, notre âme, notre corps, afin de les rendre irréprochables pour le jour de sa venue et de nous préparer pour «l’héritage des saints dans la lumière». Nous attendons avec impatience le temps où il aura achevé son œuvre, alors que le corps de Christ sera rendu parfait et que l’Epouse, toute remplie et débordante de la vie et de la gloire de l’Esprit, sera assise avec lui sur son trône, comme lui s’est assis avec le Père sur son trône. Pendant l’éternité, nous adorerons le mystère du Dieu trois fois saint. Même ici-bas ce mystère remplit notre âme d’admiration et d’une sainte joie, mais quand l’œuvre de notre sanctification sera accomplie, oh! avec quelle joie n’entonnerons-nous pas le cantique: «Saint, saint, saint est le Seigneur, Dieu tout-puissant, qui était, qui est et qui sera!» Comme préparation à ces faits glorieux, les événements les plus saisissants doivent avoir lieu. Le Seigneur Jésus lui-même apparaîtra, la puissance du péché et du monde sera détruite; l’économie actuelle prendra fin; la puissance de l’Esprit triomphera dans toute la création; il y aura «de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera». La sainteté se développera dans la félicité et la gloire d’une communion toujours croissante avec le Dieu trois fois saint. «Que celui qui est saint se sanctifie encore!» Certainement il n’y a plus qu’à poser cette question devant tout croyant afin qu’il en reconnaisse la force: «Puis donc, mes bien-aimés, que toutes ces choses doivent arriver, quels ne devez-vous pas être par une conduite sainte et pieuse!»

 

Remarquez maintenant l’importance de notre question: «quels ne devez-vous pas être!» Mais une pareille question ne serait-elle pas superflue? Se peut-il que les saints de Dieu sanctifiés en Christ, ayant en eux l’Esprit de sainteté, marchant à la rencontre du Saint dans sa gloire et dans son amour, se peut-il qu’ils aient besoin de se poser cette question? Hélas! hélas! il en était ainsi au temps de Pierre et il en est encore ainsi aujourd’hui. Hélas! que de chrétiens à qui ce mot de saint paraît étrange et inintelligible, quoique ce soit le nom que le Père, dans le Nouveau Testament, aime à donner à ses enfants. Que de chrétiens, pour lesquels ce mot a peu d’attraits parce qu’à leurs yeux, il n’a jamais été l’expression d’une vie possible et inexprimablement bénie! Et encore une fois, hélas! que de chrétiens, même parmi les ouvriers au service du Maître, pour qui une conduite sainte et pieuse, est encore un secret et un fardeau, parce qu’ils n’ont pas encore consenti à tout abandonner, leur volonté et leur œuvre, afin que le Saint puisse tout prendre et le remplir de son Saint-Esprit. Et enfin, que de chrétiens parmi ceux qui connaissent la puissance d’une vie sainte, se lamentent de leurs infidélités et de leur incrédulité, en voyant combien plus riche et plus puissante aurait pu être leur entrée dans cette vie de sainteté, et combien plus complète aurait pu être la bénédiction qu’ils sont trop faibles pour communiquer aux autres! Oh! la question est bien nécessaire, en effet. Chacun de nous ne se la posera-t-il pas à nouveau? ne la serrera-t-il pas de près? n’y répondra-t-il pas par le Saint-Esprit dont elle procède et ne la passera-t-il pas à ses frères, afin que les uns et les autres, nous puissions nous aider dans la foi et vivre en donnant à Dieu la réponse qu’il attend de nous?

 

«Puis donc que tout doit se dissoudre, quels ne devons-nous pas être par une conduite sainte et pieuse!» Frères, le temps est court. Le monde passe avec sa convoitise. Les âmes païennes périssent! Les chrétiens, dorment! Satan seul serait-il actif et puissant?

 

Les saints de Dieu sont l’espérance de l’Eglise et du monde. Ce sont eux que le Seigneur peut employer. «Quels ne devons-nous pas être par une conduite sainte et pieuse!» Ne chercherons-nous pas à être tels que le Père le commande: «saints comme il est saint?» Ne nous livrerons-nous pas comme tout de nouveau et sans réserve, à lui qui est notre sanctification et à son Saint-Esprit pour nous rendre saints dans toute notre conduite? Oh! à la pensée de l’amour de notre Seigneur Jésus-Christ, de sa gloire future, de la fin qui s’approche, des besoins de l’Eglise et du monde, ne nous livrerons-nous pas à lui pour qu’il nous rende saints, comme il est saint, afin que nous recevions de lui une puissance de bénédiction pour tout croyant que nous rencontrons, lui portant le message de la volonté de Dieu à notre égard, étant lumière et moyen de salut pour le monde qui périt!

 

Je termine par les paroles du saint volume: «Celui qui atteste ces choses dit: Oui, je viens bientôt. Amen. Viens, Seigneur Jésus».

 

«Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous tous, les saints! Amen».

 

«Soyez saints, car je suis saint».

 

O Dieu très saint! qui nous as appelés à être saints, nous avons entendu ta voix nous demander: «Quels ne devez-vous pas être, par une conduite sainte et pieuse!» De toute notre âme, nous te répondons avec contrition et humilité; Père saint! oh! nous devrions être si différents de ce que nous avons été, en foi, en amour, en zèle, en piété, en humilité qui ressemble à celle de Christ et en sainteté; ô Père! nous n’avons pas été devant toi, devant le monde, ce que nous aurions dû et pu être! Père saint, nous te supplions de produire un réveil de vraie sainteté en nous et dans ton Eglise. Agis sur les ministres de ta Parole, afin qu’en prévision de ton retour ils remettent en lumière et fassent retentir la question: «Quels ne devez-vous pas être!» Fais peser sur eux et sur tout ton peuple, le lourd fardeau de la mondanité, du manque de sainteté qui les entoure, en sorte qu’ils ne cessent de crier à toi. Accorde-leur une vue si évidente, si claire du chemin de la sainteté, le chemin nouveau et vivant en Christ, qu’ils puissent prêcher Christ, notre sanctification, avec la puissance et la joie du Saint-Esprit, avec la voix confiante et triomphante de témoins qui se réjouissent de ce que tu as fait pour eux. O Dieu! ôte l’opprobre de ton peuple, fais disparaître le reproche qu’on lui adresse, hélas! avec justice, c’est que sa profession ne le rend pas plus humble, pas plus saint pas plus aimant, pas plus céleste que d’autres.

 

Nous courbons humblement le genou devant toi, ô Père! pour que tu nous accordes selon les richesses de ta gloire, d’être puissamment fortifiés dans l’homme intérieur, par l’Esprit de sainteté. Amen.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

NOTE A.

La sainteté en tant que droit de propriété

 

Dans un petit livre intitulé: «Comment les écrivains bibliques ont compris la sainteté»? par Joseph Agar Beit, l’auteur s’est appliqué à établir que la sainteté indique notre relation avec Dieu et le droit de propriétaire qu’il possède sur nous.

 

Ce qui était vrai pour l’individu était vrai pour toute la nation israélite. Lorsque Dieu déclare qu’elle doit être sainte, il affirme par là qu’elle doit lui être consacrée sans réserve.

 

Les prêtres reçoivent l’ordre de se sanctifier, et cet ordre ils l’exécutent en se mettant à la disposition de Dieu, ou en se séparant de tout ce qui n’était pas en harmonie avec le service de Dieu.

 

Lorsque Dieu affirme sa propre sainteté et qu’il nous veut saint comme Il est saint, Il donne une merveilleuse révélation de sa propre nature et de ce que doit être la nôtre. Une telle proclamation des droits de Dieu sur nous inaugura une ère nouvelle dans la vie d’Aaron et dans sa conception de Dieu, ce qui revient à dire que Dieu était saint pour Aaron et pour Israël, et qu’eux, étant la propriété de Dieu, devaient vivre saintement.

 

Les hommes sanctifiaient Dieu lorsqu’ils lui rendaient le culte qu’il attendait d’eux. Jéhovah était le Saint d’Israël et Israël était saint (consacré) à l’Eternel. Cette relation mutuelle était fondée sur le fait que l’Eternel affirmait qu’Israël lui appartenait et que Lui l’Eternel voulait appartenir à Israël, être le Dieu d’Israël. En affirmant ainsi ses droits, Dieu manifestait sa nature: les êtres intelligents et ce qu’ils possédaient lui appartenaient.

 

Cette affirmation de la sainteté de Dieu et de ses droits n’est pas un fait accidentel, mais elle découle de l’essence même de Dieu. Dans le Nouveau Testament, notre conception de la sainteté de Dieu grandit au fur et à mesure que nous prenons mieux conscience des droits de Dieu sur nous et du fait que ces droits découlent de la nature même de Dieu.

 

La personne du Fils incarnée de Dieu nous présente l’idée biblique de la sainteté dans sa parfaite réalisation. Jésus entre absolument dans les pensées de Dieu, il réalise ses plans. En Christ, nous constatons la réalisation de la parfaite volonté de Dieu. «Celui qui m’a vu a vu mon Père». Il est le Saint de Dieu.

 

Les disciples du Christ sont appelés des saints. En appelant ainsi ses enfants, Dieu proclame sa volonté qu’ils soient saints comme il est saint.

 

Dans de nombreux passages, le mot saint signifie que l’homme doit vivre en ayant toujours Dieu pour seul et unique but. C’est là ce qui constitue la sainteté du peuple de Dieu.

 

Il n’y a pas de bonheur en dehors de la sainteté. Si Dieu réclame notre consécration, c’est son amour pour nous qui l’y pousse.

 

Quoique nous ne puissions pas atteindre la sainteté sans la pureté, cependant la sainteté est beaucoup plus que la pureté. Celle-ci est une qualité simplement négative tandis que la sainteté exige l’activité corporelle et mentale la plus intense dont nous soyons capables pour réaliser ici-bas la volonté de Dieu comme elle est réalisée dans le ciel.

 

Notre sainteté est le résultat d’un contact spirituel intérieur avec Jésus, d’une communion intime avec lui qui a vécu sur la terre une vie parfaitement sainte qu’il reproduit en nous. Il est le cep, nous sommes les sarments. Il vit maintenant cette même vie glorifiée sur le trône du Père et Il nous la communique.

 

La grande doctrine de la sanctification par la foi nous enseigne que Dieu réclame de nous une consécration sans réserve et que Lui seul réalise cette sainteté en ceux qui se confient en Lui. Ce qu’il demande, Il le donne à ceux qui croient. Quand notre cœur lui appartient, Dieu le remplit de sa vie. C’est là ce qui rend le cœur saint.

 

Lorsque les séraphins adorent Dieu comme le Saint en se voilant la face et en répétant: Saint, Saint, Saint est l’Eternel, ils proclament un des attributs les plus profonds de la divinité et ils entendent affirmer plus que les droits souverains de Dieu en tant que propriétaire de ses créatures humaines. En nous disant: «Soyez saints comme je suis Saint,» Dieu qui nous a créés à son image, de peu inférieurs à Lui-même, nous révèle qu’il nous a créés pour que nous lui ressemblions.

 

Essayons de découvrir ce qu’est la sainteté en Dieu. Elle est la plus glorieuse révélation de Dieu, elle est l’essence même de la personne de Dieu, et lorsqu’il est question de la sainteté des saints, nous avons la révélation la plus profonde du changement par lequel leur nature, dans ce qu’elle a de plus intime, est renouvelée à l’image de Dieu.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

NOTE B

Remarques sur le mot «saint»

 

Le sens du mot hébreu traduit par saint, «Kadosh», n’est pas connu avec certitude. Il est possible qu’il provienne d’une racine qui signifie briller. Ou bien d’une autre racine renfermant la double idée de nouveauté et de lumière. Ou encore, d’un vieux terme arabe, signifiant couper, séparer. Quelle que soit la racine exacte, l’idée maîtresse semble être non seulement celle de séparation, de mise à part, idée que l’Hébreu exprime par d’autres termes bien précis, mais celle que l’objet séparé se distingue de tout autre objet par la supériorité et l’excellence de sa valeur.

 

Dans son Lexique du Nouveau Testament grec, à l’article consacré à l’étude du mot grec hagios, Cremer montre que la notion de sainteté est une notion entièrement biblique. «La conception de la Sainteté de Dieu que nous donne l’Ecriture, dit-il, quel que soit le rapprochement à faire dans la forme, est diamétralement opposée à toutes les conceptions grecques. Tandis que celles-ci, par elles-mêmes, excluent chez les divinités païennes toute idée d’amour, la conception scripturaire au contraire, n’ouvre à nos esprits toute la réalité de son sens que dans le plus étroit rapprochement avec la notion de l’amour divin». Il est de toute importance de noter que nous devons et le mot et la pensée à la seule révélation. Tout autre attribut de Dieu a dans quelque mesure son correspondant dans l’esprit humain: la notion de sainteté est essentiellement divine. Ne serait-ce pas la raison pour laquelle, malgré le fait que Dieu, dans le Nouveau Testament ait si clairement désigné son peuple comme saint, ce terme a pourtant si peu pénétré dans le langage et dans la vie de tous les jours de l’Eglise Chrétienne?

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

NOTE C

La sainteté de Dieu

 

La sainteté de Dieu.—Il n’y a pas un terme aussi exclusivement scripturaire, aussi distinctement divin que le mot saint. En conséquence de cette origine divine qui est la sienne, ce terme a un sens inépuisable. Il n’y a pas un attribut de Dieu que les théologiens aient trouvé aussi difficile à définir ou sur lequel ils diffèrent davantage d’opinion. Un bref examen des différents points de vue exprimés pourront nous faire comprendre combien peu l’idée de la Sainteté Divine peut être comprise et épuisée par une définition humaine, et comment c’est seulement dans la vie de communion et d’adoration que la sainteté qui surpasse toute intelligence peut être saisie comme une réalité.

 

1. Le point de vue le plus rudimentaire, et où l’élément moral semble passer à l’arrière-plan, est celui où la notion de sainteté est associée à celle d’un Dieu séparé de sa création et élevé infiniment au-dessus de celle-ci. La sainteté ainsi conçue a été définie comme «la gloire incomparable de Dieu, Sa majesté infinie. Son titre à recevoir l’adoration de toutes ses créatures». Quoique toutes ces pensées soient étroitement unies avec la Sainteté de Dieu, elles ne nous font saisir malgré tout que les effets de cette Sainteté et non celle-ci dans sa véritable essence.

 

2. Un autre point de vue nous amène à envisager la sainteté comme l’expression d’une relation entre Dieu et nous. Nous sommes appelés saints comme étant la propriété divine, mise à part pour Son service: donc Dieu qui Lui-même nous réclame pour être à Lui est Saint. Notre sainteté sert ici de point de départ pour nous amener à comprendre la Sainteté de Dieu. «Dieu est saint dans son essence, sainte est son alliance avec son peuple. Il est non seulement le Propriétaire, mais aussi le Bien suprême des siens, leur possession et la seule loi qui les gouverne» (Diestel) Il a déjà été fait mention de ce point de vue dans le présent volume (voir «Cinquième jour», notes).

 

3. Abordons maintenant les vues de ceux qui envisagent la sainteté en tant qu’attribut moral. La conception la plus répandue est celle qui s’arrête à l’idée de pureté, de libération à l’égard du péché. «La sainteté est un terme général pour désigner l’excellence morale de Dieu. Nul n’est saint que Dieu seul: nul autre que Dieu n’est parfaitement pur; rien ne saurait limiter la perfection morale de son être». (Hodge). L’idée de sainteté implique ici celle de pureté infinie, de haine et d’horreur du péché: le point de vue négatif est surtout mis en évidence. On comprend la place importante qu’a pris cette conception par le fait que, dans notre état de péché, la première impression que puisse faire sur nous la Sainteté de Dieu est une impression de crainte. Mais elle ne nous dit pas en quoi réellement cette excellence morale ou cette perfection de Dieu consiste.

 

4. C’est un progrès sur le précédent point de vue que d’essayer de définir ce qu’est cette perfection divine. Une chose est parfaite lorsqu’elle est en tout point ce qu’elle doit être. Il est facile de définir ainsi la perfection, mais moins facile de définir ce qu’est la perfection de tel ou tel objet; ceci demande la connaissance de la nature de cet objet. Aussi nous devons nous contenter de termes très généraux qui définissent la sainteté de Dieu comme le bien essentiel et absolu. «La, sainteté en Dieu, c’est l’affirmation libre, réfléchie, calme, immuable, de Lui-même qui est le bien, ou du bien qui est Lui-même». (Godet, commentaire de Jean XVII, l1).

 

5. Très rapproché du précédent est le point de vue qui envisage la sainteté, non pas seulement comme un attribut Divin, mais comme l’ensemble de ce que nous sommes habitués à envisager et à nous représenter isolément comme les attributs de Dieu. C’est ainsi que Bengel envisageait la sainteté comme la nature Divine elle-même, dans laquelle tous les attributs sont contenus.

 

Dans le même ordre d’idée, Howe «voit dans la sainteté la Divine beauté, le produit parfait et harmonieux de tous les attributs divins». La sainteté Divine est la beauté dans sa plus grande perfection et la mesure de toute autre beauté. La Sainteté Divine est cette parfaite et immortelle beauté qu’aucune langue ne peut traduire, qu’aucun œil ne peut contempler. La Sainteté pourrait être appelée l’attribut transcendantal de Dieu, qui se communique à tous les autres et jette sur chacun l’éclat de sa propre splendeur. C’est l’attribut divin par excellence». (Howe. Petit catéchisme de Whyte). Tel était l’aspect de la Sainteté Divine sur lequel Jonathan Edwards arrêtait sa pensée avec délices. «L’amour mutuel du Père et du Fils, dit-il, forme la troisième personne, le Saint-Esprit, ou la Sainteté de Dieu, qui est Sa beauté infinie». Par la communication de la Sainteté de Dieu, la créature a part à l’excellence morale de Dieu, à la beauté de la nature Divine, à sa perfection. «La sainteté comprend tout ce qui constitue la vraie excellence morale des êtres intelligents. Ainsi la Sainteté de Dieu n’est autre que l’excellence morale de la nature Divine, comprenant toutes Ses perfections, Sa justice, Sa fidélité, Sa bonté. Il y a deux sortes d’attributs en Dieu, en rapport avec notre manière de concevoir Ses perfections: Ses attributs moraux, qui tous se ramènent à Sa sainteté, et Ses attributs naturels, force, connaissance, etc., qui constituent Sa grandeur. Les personnes saintes, dans l’exercice de leur sainte affection aiment Dieu, tout d’abord à cause de la beauté de Sa Sainteté. La sainteté d’une créature intelligente est ce qui met le sceau d’une incomparable beauté sur toutes ses perfections naturelles. Ainsi en est-il en Dieu: la sainteté est d’une manière particulière la beauté de l’être Divin. Aussi l’Ecriture parle-t-elle à diverses reprises de la beauté de la sainteté. C’est elle qui rend tous les autres attributs divins glorieux et aimables.

 

6. En parlant de la Sainteté de Dieu comme de l’excellence absolue de Sa nature, certains appuient avec une force très spéciale sur le point de vue moral. Le bien en Dieu ne doit pas être le simple produit de sa propre nature, il doit être l’effet d’une libre volonté. Ce qui est naturellement bon n’est pas la vraie réalisation du bien. L’exercice d’une libre volonté doit aussi trouver sa place en Dieu, pour qu’il soit, véritablement l’auteur du bien: car seule la volonté qui consciemment se détermine elle-même est capable de faire le bien comme tel. Dieu est la puissance de Sainteté qui ne peut ni ne veut se renier elle-même. Il est le Bien dans l’expression de sa nécessité la plus sainte: c’est ainsi qu’il est le Saint. (Dorner).

 

7. On a fait remarquer que, dans les points de vues qui précèdent on n’a pas suffisamment tenu compte du fait que c’est spécialement comme Saint que Dieu est appelé le Rédempteur et qu’il accomplit l’œuvre de Son amour en vue d’élever ses créatures à la sainteté. On a été amené par là à cette conception que la sainteté et l’amour sont, sinon identiques, du moins en étroite corrélation. «Dieu est saint, digne de louanges au delà de toute expression, à cause de Sa grâce, et plein d’une infinie tendresse à l’égard de sa créature, dans laquelle il s’est plu à manifester la gloire de son amour». Dieu est saint en ceci que l’amour qui est en Lui triomphe de Sa juste colère {selon Os 11,9} et Ses jugements ne s’exercent qu’après que toute possibilité de faire miséricorde s’est montrée inefficace. Cette sainteté se dévoile dans le nom que Dieu porte dans le Nouveau Testament, nom qui parle à la fois de Sa suprême grandeur et de Son amour tendre et condescendant, le nom de Père». (Stier, commentaire sur Jean 171).

 

8. Ce dernier point de vue qui renferme une précieuse vérité, se rencontre avec celui-ci, où sont mis en lumière les deux vrais aspects de la Sainteté de Dieu. On peut le définir comme étant l’harmonie établie entre l’élément de conservation et l’élément de communication qui sont en Dieu. (En tant que Dieu Saint, Dieu hait le péché et cherche à le détruire. En tant que Dieu Saint, Il communique Sa sainteté au pécheur et l’élève ainsi à la hauteur de Son amour. La sainteté est l’essence de la gloire Divine, dont l’amour et la justice sont les deux aspects.

 

«La sainteté est l’élément de conservation en Dieu, par lequel Il se soustrait à l’influence du monde extérieur et demeure conséquent avec Lui-même et fidèle à Sa propre Essence; par lequel aussi Il se crée librement un organisme divin qui ne vit que pour Lui et qui est son Eglise. (Lange).

 

«La sainteté de Dieu est l’élément de conservation en Dieu, en vertu duquel Il demeure fidèle à Ses propres perfections, sans jamais sacrifier ce qui est Divin, ni admettre ce qui n’est pas Divin. Mais ceci n’est encore qu’un aspect. La sainteté de Dieu ne serait pas sainteté mais simple exclusivisme, si elle ne l’amenait à entrer dans de multiples relations avec ses créatures et ainsi à se révéler et à se communiquer à elles.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

NOTE D

 

Notre sainteté n’est donc pas une simple imitation de celle de Jésus, que nous réaliserions par nos propres résolutions; c’est la’ sienne elle-même, sa sainteté à Lui, celle qu’il a réalisée ici-bas à force de luttes et de sacrifices et que du sein de sa gloire, il nous communique. C’est la vie humaine telle qu’il l’a faite en sa personne, exempte de péché et agréable à Dieu, qu’il reproduit en nous. Prototype de cette vie nouvelle, il est en même temps la source d’où elle descend dans l’âme du croyant. Il fait resplendir dans le cœur de celui qui le contemple avec foi sa propre image et l’y fait rayonner avec une telle puissance qu’elle prend vie en lui, qu’elle y devient l’homme nouveau, et que le fidèle est ainsi «métamorphosé de gloire en gloire, comme par le Seigneur qui est Esprit». {2Co 3:18}

 

Jésus avait indiqué lui-même cette relation qui devait exister un jour entre sa sainteté et la nôtre, dans cette parole, souvent jugée obscure, mais qui, après tout ce qui précède me paraît bien claire: «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés en vérité.». {Jn 17:19} En d’autres termes: «La sainteté que je réalise dans ma vie deviendra la leur par la communication que je leur en ferai; et alors ils seront véritablement saints comme Je suis saint». Jésus a exprimé cette même pensée dans ces mystérieuses images: boire son sang, manger sa chair, {Jn 6} qui se rapportent évidemment, d’après l’explication qu’il en donne lui-même (v. 6) à l’opération par laquelle son Esprit approprie au croyant sa chair, c’est-à-dire sa vie consacrée à Dieu et son sang, c’est-à-dire sa mort pour le péché, avec la mort au péché qui y est impliquée.

 

Notre sainteté n’est pas proprement nous, changeant et devenant meilleurs; car après cinquante ans de travail fidèle il nous arrive de nous retrouver tout à coup, dès que notre propre nature reprend le dessus, aussi mauvais qu’un demi siècle auparavant; c’est bien plutôt Lui grandissant en nous, de manière à remplir notre cœur et à bannir graduellement notre moi naturel, notre vieil homme, qui, lui, ne s’améliore pas, et n’a autre chose à faire qu’à périr.

 

Comment s’opère dans la pratique cette espèce d’incarnation par laquelle Christ devient lui-même notre nouveau moi? Par un procédé libre et moral, que Jésus a décrit dans une parole qui nous étonne parce qu’elle met sa sanctification presque sur le même pied que la nôtre: «Comme le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange, lui aussi, vivra par moi». {Jn 6:57} Jésus se nourrissait du Père qui l’avait envoyé, et vivait par lui. Cela signifie sans doute qu’à chaque fois qu’il devait agir ou parler, il commençait par s’effacer lui-même, puis il laissait le Père vouloir, penser, agir, être tout en Lui. Pareillement, lorsque nous sommes appelés à faire un acte ou à prononcer une parole, nous devons commencer par nous annuler nous-mêmes en face de Jésus, et après avoir supprimé en nous, par un acte énergique, tout désir propre, laisser Jésus déployer sa volonté, sa sagesse, sa force. C’est ainsi que nous vivons par lui, comme il vivait par le Père, que nous le mangeons, (c’est l’image dont il se sert) comme il se nourrissait du Père. Le procédé de Jésus et le nôtre sont identiques. Seulement celui de Jésus se rapportait directement à Dieu, parce qu’il était en communion immédiate avec Lui, tandis que le nôtre s’adresse à Jésus parce que c’est avec lui que le croyant communique immédiatement et par lui seulement que nous trouvons et possédons «le Père qui est vivant». Là est le secret généralement si peu compris de la sanctification chrétienne.

 

Mais nul ne saurait pratiquer cet art suprême sans prendre dès l’abord la position glorieuse qui nous est faite en Jésus-Christ, telle que l’enseigne Saint Paul. Quand cet apôtre veut nous apprendre comment on parvient à mourir au péché et à vivre à Dieu, voici comment il s’exprime: «Faites votre compte que vous êtes morts au péché et vivants à Dieu, en Jésus-Christ, notre Seigneur». Ce langage n’est guère conforme à celui de la raison. La sagesse humaine dit: «dégage toi peu à peu des liens du péché; apprends graduellement à aimer Dieu et à vivre pour lui». Mais de cette manière nous ne rompons jamais radicalement avec le péché et nous ne nous donnons jamais complètement à Dieu. Nous demeurons dans l’atmosphère terne et trouble de notre propre nature et nous ne parvenons point à la pleine clarté de la sainteté divine. La foi au contraire, nous élève en quelque sorte d’un bond à la position royale qu’occupe maintenant Jésus-Christ, et qui en lui est déjà la nôtre. De là nous voyons le péché sous nos pieds; là nous savourons la vie de Dieu comme notre Véritable essence en Jésus-Christ. La raison dit: «Deviens saint pour l’être». La foi dit: «Tu l’es; deviens le donc. Tu l’es en Christ, deviens-le en ta personne». Ou, comme dit Saint Paul : «Vous êtes morts; mortifiez donc vos membres terrestres».

 

C’est là ce qu’il y a de plus paradoxal dans le pur enseignement évangélique. Celui qui méconnaît ce fait intime ou le repousse, ne franchira jamais le seuil de la sanctification chrétienne. On ne rompt pas peu à peu avec le péché; on consomme d’un coup la.rupture complète en s’appropriant l’expiation que Christ a consommée sur la croix. On ne gravit pas un à un les degrés du trône; on s’y élance et s’y assied en Christ par l’acte de foi qui nous incorpore à Lui. Puis du haut de cette position, sainte par essence, on domine victorieusement le moi, le monde, Satan, toutes les puissances du mal. C’est dans ce milieu de sainteté absolue où l’on se trouve transporté, que l’on revêt l’image à la fois divine et humaine du Fils de Dieu.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

NOTE E

 

Je désire une fois de plus renvoyer tous ceux qui étudient le sujet de la sainteté à l’ouvrage de Marshall sur la Sanctification, et surtout au troisième et au quatrième chapitres de cet ouvrage. S’ils veulent comparer ce volume avec nos ouvrages modernes,—par exemple, le Chemin de Dieu qui conduit à la Sainteté, par l’éminent Dr. H. Bonar,—ils ne peuvent faire autrement que d’être frappés par la place que donne Marshall à cette seule pensée, que notre sainteté, une nature sainte, nous est donné en Jésus, et que la sanctification est l’œuvre de la foi qui accepte le fait d’une union personnelle de notre être avec Jésus et persévère. Tandis que d’autres ouvrages, au contraire, ne font que mentionner incidemment cette union de notre être avec Christ, appuyant surtout sur nos devoirs et sur les motifs qui nous poussent à les pratiquer, Marshall fait ressortir combien ces motifs sont incapables de nous communiquer la force dont nous avons besoin: c’est la puissance de la vie de Christ en nous, c’est Christ Lui-même, lorsque par la foi nous sommes enracinés en Lui, qui accomplit en nous toute œuvre vraiment agréable à Dieu.

 

 


SAINT EN CHRIST (Murray A.)

NOTE F

Le double résultat de la Rédemption

 

(Extrait d’un discours du pasteur Stockmans)

 

«Qui s’est donné Lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui Lui appartienne, purifié par Lui et zélé pour les bonnes œuvres».

 

«Dans l’œuvre de la rédemption de notre Sauveur Jésus-Christ, il y a deux aspects bien distincts. Vous ne saurez jamais le secret de demeurer en Christ, aussi longtemps que vous ne saurez pas discerner ces deux aspects. Le premier, c’est «Jésus pour moi», le second, «moi pour Christ». Béni soit notre Seigneur, Il est venu pour les pécheurs. Lui pour nous. Béni soit le Seigneur, il y a rédemption pour le coupable. Mais ce n’est pas là tout ce que signifie la rédemption. Par ce même Saint-Esprit qui est le guide qui nous conduit à la pleine possession de tout ce que Christ nous a acquis et par sa vie et par sa mort, il faut que vous arriviez à saisir la seconde partie de la rédemption. Il s’est donné Lui-même, afin de nous racheter de toute-iniquité,—non pas que nous ayons la joie de nous complaire dans notre état de pureté ou de sainteté, ou autres choses semblables; mais afin qu’il puisse nous posséder entièrement pour Lui-même «afin de se faire un peuple qui Lui appartienne», un peuple qui Lui appartienne à Lui seul, qui soit vraiment Sa possession.

 

«Et maintenant, qu’est-ce que la rédemption?—L’affranchissement du moi, même du moi spirituel. Nous ne sommes pas faits pour être le centre de notre propre vie, le centre de notre joie, de notre marche en avant, ayant dans nos pauvres et faibles mains le fil de notre vie spirituelle. Il n’y a de vraie vie spirituelle qu’en Christ, et Il doit prendre soin de celle-ci du commencement à la fin. Levez les yeux, chers frères, vous qui, si longtemps, vous êtes traînés à terre péniblement. Nous sommes faits pour la gloire de Dieu, pour être la propriété de Jésus-Christ. Le Seigneur notre Dieu en donnant Son Fils, l’Agneau de Dieu, Son Agneau à Lui, a trouvé le moyen pour amener de pauvres créatures, si entièrement plongées dans l’égoïsme que, même dans la ligne de la vie Chrétienne, elles étaient capables de se rechercher elles-mêmes, à devenir, dans le sens le plus pratique. Sa propre possession à être possédées par Jésus. C’est là, et là seulement, le sens de la rédemption. C’est là que votre âme trouvera sa pleine satisfaction, lorsqu’elle ne pourra plus se satisfaire d’une expérience personnelle quelle qu’elle soit, mais laissant là ses expériences, lorsqu’elle pourra dire: je suis libre, libre comme les enfants d’Israël à la sortie d’Egypte, libre pour le service de mon Dieu. «Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve». Vous êtes libre, libre par le sang de Christ, libre par la puissance du Saint-Esprit. Aucune autre puissance n’est capable de vous retenir en arrière. Le Seigneur a étendu Son bras sur toutes les puissances qui nous avaient gardé dans l’esclavage en Egypte et Il en a triomphé. Vous êtes libre comme l’oiseau des cieux pour vivre désormais en Jésus; libre dans votre vie de tous les jours, libre jusque dans les profondeurs les plus mystérieuses de votre être, libre pour Jésus, la propriété de Jésus, un peuple qui lui appartient. Laisse aller mon peuple, dit Dieu. J’ai donné mon sang, dit Jésus; et ni la chair, ni le péché, ni la puissance subtile de votre propre moi ne peut plaider contre le sang de Jésus. Il s’est fait à Lui-même, non pas à nous, un peuple qui Lui appartienne...

 

«Vous demandez le secret de demeurer en Jésus. N’avez-vous pas lu dans le quinzième chapitre de Jean que demeurer en Jésus et porter du fruit sont deux choses inséparables? Vous ne pouvez demeurer en Jésus pour Sa joie et en même temps pour votre propre satisfaction. Le secret pour demeurer est de prendre votre position de racheté, aussi fermement dans la deuxième partie de la rédemption que dans la première. Je vis maintenant pour Jésus et je dis au Seigneur: Seigneur, qu’y a-t-il à faire pour toi maintenant? Je suis pour toi. Je vis pour Jésus. Je n’ai qu’à suivre, à suivre comme un être sanctifié, comme un être qui ne se possède plus lui-même, qui ne vit plus pour lui-même, qui a mis sa vie tout entière entre les mains de Jésus. Oh, comme il est simple de demeurer en Lui! Ce n’est pas du mysticisme; ce n’est pas une expérience spéciale. C’est tout simplement un fait. J’ai besoin de Jésus à chaque instant de ma vie, et mes tentations, aussi bien que mes devoirs, sont autant d’occasions de réaliser cette vie de communion avec Christ. Oh, oui, c’est là la rédemption! Oh, merveilleuse puissance de Dieu le Père, de Dieu le Fils, de Dieu l’Esprit Saint, capable de garder une pauvre, faible et infidèle créature comme vous et moi au centre de la vie! Scellé par le Saint-Esprit. Jamais Dieu ne brisera Son propre sceau!»