AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

Murray Andrew

 


 

Édition S. DELATTRE Privas. Ardèche 1933

 

Edition Numérique Yves PETRAKIAN – France 2011 –

 

Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source : http://456-bible.123-bible.com/


 

 

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

Préface

1.      Le seul Maître

2.      Les vrais adorateurs

3.      Seul avec Dieu

4.      La prière modèle

5.      La certitude de l'exaucement

6.      L'infinie bonté de Dieu

7.      Le don qui renferme tous les dons

8.      La hardiesse des amis de Dieu

9.      La prière prépare les ouvriers

10.   Il faut que la prière soit définie...

11.   La foi qui saisit

12.   Le secret de la prière de la foi

13.   L'incrédulité vaincue

14.   Prière et amour

15.   L'union dans la prière

16.   La puissance de la prière persévérante

17.   La prière en harmonie avec Dieu

18.   La prière d'accord avec la destinée de l'homme

19.   Prière et travail

20.   Le but principal de la prière

21.   La condition qui comprend toutes les autres

22.   La parole et la prière

23.   Obéissance

24.   La victoire assurée

25.   Le Saint-Esprit et la prière

26.   Christ, intercesseur

27.   Christ, souverain sacrificateur

28.   Christ, la victime

29.   L'assurance dans la prière

30.   Le ministère de l'intercession

31.   Une vie de prière

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

PREFACE

 

Le volume excellent que nous publions a déjà eu en français une première édition il y a 42 ans. Elle est épuisée depuis longtemps Nous croyons très utile d’en donner une seconde édition. Sans doute nous avons depuis vingt ans en français l’excellent ouvrage de S. D. Gordon: «Les simples entretiens sur la prière», dont je ne saurais; dire trop de bien et par le moyen duquel j’ai reçu d’inexprimables bénédictions, mais Andrew Murray et S. D. Gordon se complètent. Murray met en lumière certaines vérités que Gordon ne mentionne pas. De là notre vif désir de publier le présent volume tout en bénissant Dieu des cinq mille exemplaires du livre de Gordon qui circulent dans nos pays de langue française.

 

Cela dit, essayons de définir la prière.

 

Qu’est-ce que prier? Prier c’est demander à Dieu une grâce précise, la demander avec foi, avec persévérance, avec insistance, peut-être pendant des jours et des nuits, à certaines époques.

 

Prier, c’est tout d’abord reconnaître notre dépendance de Dieu. «Un homme ne peut recevoir que ce qui lui a été donné du ciel». (Jn 3:27) Nous n’avons rien qui ne nous vienne de Dieu. «C’est Lui qui fait mourir et qui fait vivre, qui fait descendre au sépulcre et qui en fait remonter, il appauvrit et il enrichit, il abaisse et il élève». (1Sa 2:6,7)

 

Et comme ce monde ne peut nous satisfaire et qu’il nous faut plus que tout ce que le soleil peut nous donner, notre âme a faim et soif de Dieu. Sans Lui je meurs de faim. La possession du monde entier et même de toutes les splendeurs matérielles de l’univers n’est rien pour nous sans Dieu. C’est Lui qu’il nous faut. Ce qui nous viendrait sans Lui, en dehors de Lui, nous éloignerait de Lui. «Pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien», c’est ma richesse, c’est ma vie. Force et vie, secours et consolation, paix et pardon, espérance et victoire, tout me vient de toi, mon Dieu.

 

Tel est l’acte grandiose de la prière. «Le passereau a bien trouvé une maison et l’hirondelle un nid où elle abrite ses petits... Tes autels, ô Eternel, mon Roi et mon Dieu!» À tes pieds je dépose toute indépendance, toute prétention, toute crainte, tout fardeau, tout péché, et je répète le cri de Jacob: «Je ne te laisserai point aller que tu ne m’aies béni».

 

Prier, c’est plus encore: c’est reconnaître que, par un mystère insondable, Dieu veut dépendre de nous.

 

La prière, en effet, est un moyen d’agir sur Dieu. Elle ne suppose pas seulement notre faiblesse, notre pauvreté, mais aussi notre dignité royale, notre puissance, notre parenté avec Dieu. Ce n’est pas seulement l’amour, la sainteté, la patience de Dieu qui doivent se retrouver dans notre vie pour que nous ressemblions à notre Père céleste, mais aussi sa puissance. C’est une part de sa royauté qu’Il nous confère quand Il nous invite à prier. Il veut que par la prière, nous travaillions à notre création morale et spirituelle afin que les perfections du Créateur se retrouvent dans ses créatures et que le caractère du Père se retrouve dans ses enfants.

 

Rien ne nous est donné sans que nous le demandions. «Vous qui rappelez le souvenir de l’Eternel, point de repos pour vous, et ne lui donnez aucun relâche». (Esa 62:7) Il faut demander, frapper, persévérer, importuner en s’appuyant sur les promesses de Dieu et l’oeuvre expiatoire accomplie par Jésus-Christ.

 

Ainsi, au nom du Christ, en réclamant de Dieu ce que notre Sauveur nous a obtenu de grâces, en les réclamant, non pour notre propre satisfaction, mais pour la gloire de Dieu, pour que Sa volonté se lasse, pour que Jésus soit glorifié, nous entrons, comme notre Rédempteur. en possession de la toute puissance au ciel et sur la terre. (Ac 1:8) Si Dieu a donné à l’homme le sceptre de l’intelligence pour régner sur la terre, Il lui donne aussi le sceptre de la prière pour régner sur les puissances morales de l’univers.

 

Il n’y a rien de plus grand et de plus sacré que la prière. Pour contempler Dieu dans la gloire de ses perfections, s’entretenir avec Lui, lui exposer tous nos besoins, nous remettre entre ses mains, il faut le recueillement de tout notre être. On ne peut agir puissamment sur Dieu, saisir ses grâces, s’emparer de la plénitude de sa bénédiction sans l’effort de toutes nos énergies pour n’être plus rien et nous abandonner entre ses mains. «Je ne puis rien faire de moi-même» a dit le Fils unique, et il se prosternait devant le Père pour tout recevoir.

 

L’influence de la prière vraie, sérieuse, sur notre vie est immense, car prier c’est cesser de nous nourrir de nous-mêmes, pour puiser notre vie en Dieu, la source unique de tout bien.

 

La prière purifie l’âme, elle l’élève et lui communique des forces divines. Elle est la grande source de découvertes spirituelles, elle nous ouvre les yeux sur nous-mêmes et sur Dieu. Elle rend vivantes dans nos âmes les vérités qui y étaient mortes. À genoux, Dieu devient la grande, la seule réalité, la Bible un livre vivant et vivifiant. J’entends Dieu dans les pages sacrées. La prière m’arrache à toutes les ténèbres, à tous les esclavages, à toutes les erreurs, elle m’enrichit de convictions inébranlables, d’espérances surhumaines, d’expériences sublimes, elle m’arrache à la terre et me porte au ciel, elle me livre tout entier à Dieu, elle le fait descendre en moi, vivre en moi et elle lui donne la possibilité de travailler par moi en mettant ma volonté en pleine conformité avec la sienne.

 

La prière fortifie la foi. En face des dangers, des devoirs surhumains, des situations exceptionnelles, je me réfugie en Dieu. Lorsque Guillaume le Taciturne soulevait les Pays-Bas contre l’Espagne et qu’on cherchait à le décourager, il répondit: «J’ai fait alliance avec le plus puissant des Potentats».

 

L’influence sanctifiante de la prière est une première grâce infiniment précieuse, mais elle est suivie d’une grâce encore plus excellente: c’est l’exaucement. Nous demandons dans le but de recevoir ce que nous demandons. Or la volonté de Dieu est de donner, de donner tout ce que Jésus-Christ nous a acquis par son sacrifice expiatoire. Mais cette volonté de Dieu peut être arrêtée, empêchée par notre attitude morale. Dieu me voit égoïste, orgueilleux, confiant en moi-même. Il voudrait m’accorder certaines bénédictions, mais elles nourriraient mon orgueil, mon égoïsme. Il ne peut. Sa volonté absolue cède à sa volonté temporaire: «l’Eternel attend pour faire grâce», il attend que je sois prêt. (Esaïe 30)

 

Il y a plus encore. Derrière le mystère des exaucements, il y a un mystère insondable: le Dieu infini a donné l’existence à des êtres distincts de lui, différents de lui, de peu inférieurs à lui-même. (Ps 8:6) En nous créant à, son image, à sa ressemblance, il a limite-provisoirement au moins-sa liberté et sa puissance pour nous en donner une partie. C’est le sceau de notre grandeur. Il y a eh nous une puissance qui peut s’opposer à Dieu et borner sa puissance, il y a en nous une volonté qui peut s’opposer à la volonté de Dieu. Nous sommes les frères du Seigneur Jésus, les enfants du même Père. Quand il est venu sur la terre, il n’est pas venu chez des étrangers, mais chez les siens. (Jean 1)

 

Aussi l’auteur de l’épître aux Hébreux (Heb 2:11) nous dit-il que «celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous sortis d’un seul. C’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères». En nous créant si grands et en se limitant en notre faveur, Dieu s’est montré infini en amour. Sans doute notre action a ses limites, mais par la prière elle est pourtant extraordinairement puissante. Nous sommes les collaborateurs de Dieu pour le salut du monde. Quel honneur! «On me donnerait un trône pour que je ne prie pas, a dit un chrétien, que je refuserais le trône; on me conduirait à l’échafaud si je prie encore que je préférerais l’échafaud».

 

Ici de nombreuses questions se posent:

 

Comment Dieu a-t-il pu accorder un tel pouvoir aux hommes? Comment la prière peut-elle s’harmoniser avec la volonté et les décrets arrêtés de Dieu? Comment concilier la souveraineté de Dieu et la prière? la liberté de Dieu et la nôtre? Comment concilier les perfections de Dieu, son indépendance absolue, avec la prière? A. Murray répond clairement à ces questions.

 

N’oublions pas, d’ailleurs, que la prière ne change pas et n’a pas pour but de changer la volonté de Dieu, mais de purifier notre volonté et de l’amener à vouloir uniquement ce que Dieu veut. Dieu ne change pas, il est toujours le même. C’est nous qui changeons.

 

L’Eternel fait annoncer à Ninive qu’elle sera détruite dans quarante jours. La ville se repent et Dieu lui fait grâce parce que Ninive a changé. La prière a pour but de mettre notre volonté en harmonie avec la volonté de Dieu, nos pensées avec ses pensées, nos vues avec ses vues, notre coeur avec son coeur. «Esclaves par nature de nos passions, nous en sommes affranchis par la prière» a dit J.-J. Rousseau. La prière vraie fait tomber tous les murs qui nous séparent de Dieu. Dans chaque soupir que nous faisons monter vers le ciel, il y a une force pour rejeter tout ce qui n’est pas de Dieu. Dieu est lumière et la lumière chasse les ténèbres.

 

La créature humaine qui veut Dieu tout entier et à tout prix, est transportée des ténèbres dans la lumière, du royaume du monde et de Satan dans le royaume de Dieu. La prière nous transporte dans l’atmosphère spirituelle dont les semences divines, déposées en nous, ont besoin pour germer. Les semences matérielles ne germent pas dans tous les terrains, à toutes les températures ni à toutes les altitudes. Des millions de graines périssent chaque année parce que les conditions nécessaires de température ne leur ont pas été fournies. On ne sème pas en hiver. Si ce point est délicat pour une plante, il est encore plus délicat pour la semence spirituelle. Celle-ci peut aussi se flétrir et périr complètement. Pour que les semences de vérité déposées en nous ne se flétrissent pas, il faut leur créer par la prière une atmosphère convenable, car la prière ouvre notre âme à l’action de Dieu, à l’esprit de la vérité, elle nous communique une répulsion instinctive pour tout ce qui est erreur.

 

Au sein d’un monde agité et troublé, sans sécurité et sans espérance, la prière de la foi, appuyée sur la Parole de Dieu, nous fait vivre dans le calme et le repos, elle nous met eh communion avec le Maître du monde, elle nous fait prendre part au plan de Dieu et à ses moyens d’action. En face des problèmes les plus obscurs, les plus troublants, les plus angoissants, elle nous garde dans le repos, car nous avons la conviction que tout va bien, puisque Dieu veille. La prophétie antique se réalisera: la tête du serpent sera écrasée!

 

Nous travaillons tous les jours à la formation et à la déformation de notre caractère, nous y avons déjà fait allusion. Si nous voulons reproduire le caractère de Jésus-Christ, prions beaucoup en veillant sans cesse sur nos pensées, nos paroles et notre humeur. «Je ne veux mépriser aucun genre de travail, a dit Adolphe Monod mourant, mais si je devais revivre, j’emploierais moins de temps au travail et plus de temps à la prière». Soyons convaincu que ce que nous faisons pour Dieu n’a de valeur que dans, la mesure où notre vie de prière a, elle aussi, de la valeur.

 

Jean Baptiste, dit Jésus, était une lampe qui brûlait et qui éclairait Jean. (Jn 5:35) D’abord brûler, puis éclairer. Pour éclairer il faut avoir du feu en nous. Le feu est en Dieu, il est Dieu. «L’Eternel est un soleil». Nous en prenons possession par la prière.

 

Disons enfin que la prière engendre la pensée, l’éclaire et la rend vivante. Un chrétien ne sait que ce qu’il a appris à genoux. C’est là seulement que nous recevons des révélations divines et que les forces divines prennent possession de nous. Il y a des voiles qui nous cachent la bonté de Jésus-Christ, il y a en lui des richesses que nous ignorons et qui nous appartiennent. C’est en priant que nous en prenons possession et que le Saint-Esprit prend possession de nous. Alors nous allons de découverte en découverte, de visions sublimes en visions plus sublimes encore. Alors nos bras, nos pieds, notre intelligence, nos lèvres, notre coeur, notre volonté servent d’instruments à Dieu pour se révéler et travailler ici-bas.

 

Parce que Georges Muller a prié, sans parler de ses besoins aux hommes, Dieu lui a envoyé par des milliers de canaux, trente-sept millions de francs; il a pu recueillir des milliers d’orphelins et être l’instrument béni de nombreux milliers de conversions.

 

Parce que Hudson Taylor a prié avec foi, des centaines de milliers de Chinois sont déjà entrés glorieusement dans l’Eternité et des millions sont évangélisés.

 

À cause des prières de foi de ces chrétiens qui s’appellent Georges Fox, Zinzendorf, Bengel, Richard Baxter, Irving, Dorothée Trudel, Joséphine Butler, des pécheurs sont venus à la repentance et à la foi, des femmes perdues ont été sauvées, des malades ont été guéris, des aveugles ont recouvré la vue, des sourds-muets ont recouvré l’ouïe, des montagnes ont été jetées dans la mer. La prière de la foi met la puissance de Dieu dans les mains de l’homme; c’est pourquoi rien ne lui est impossible.

 

Pour éprouver le besoin d’avoir une vie de foi et de prière, songeons que nous vivons à une époque tragique. Le bolchévisme avec sa haine de toute morale et de toute religion, et sa passion de supprimer Dieu pour diviniser le prolétariat, nos sociétés de libre-penseurs athées, le chômage qui s’accentue dans tous les pays du monde, les peuples armés jusqu’aux dents les uns contre les autres, au sein de chaque peuple les partis qui se font une guerre acharnée, tout nous parle d’une humanité que Dieu semble avoir abandonnée à l’aveuglement et à la folie, après dix-neuf siècles de christianisme.

 

À ces maux universels et profonds, un seul peuple, le plus grand des peuples, le peuple chrétien, peut apporter un remède efficace par la prière de la foi accompagnée de l’action de la foi, car la prière de la foi est l’unique source de la lumière, de la vie spirituelle, de la puissance qui transporte les montagnes. Celui qui nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces a vécu cette vie de prière victorieuse pour nous rendre capables de la vivre.

 

La vie du Seigneur Jésus, en effet, a été une vie de foi absolue et de prière continuelle. C’est là le secret de sa puissance. Suivez-le pendant son ministère dans sa vie de prière et vous serez frappé de sa vie de dépendance de Dieu, si profondément humaine. «Pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit et le Saint-Esprit descendit sur lui». (Lu 3:21) «Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, il se leva et sortit pour aller dans un lieu désert où il pria». (Mr 1:35) «Jésus se retirait dans les déserts et priait» nous dit. (Lu 5:15) Il avait l’habitude d’agir ainsi.

 

Avant de choisir ses 12 apôtres, il se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier». (Lu 6:12)

 

Après le miracle de la multiplication des pains, «il monta sur la montagne à l’écart afin de prier; et comme le soir était venu, il était là seul». (Mt 14:23)

 

Le résultat de ces heures-peut-être de cette nuit de prière-se manifestait par une puissance illimitée. «Les gens le prièrent de leur permettre seulement de toucher le bord de son vêtement. Et tous ceux qui le touchèrent furent guéris».

 

La prière de la foi est la plus grande puissance que Dieu ait confiée à l’homme. Elle est une lutte contre notre moi, un dépouillement de toute confiance en nous, de toute vie propre, une immolation de notre volonté propre. Prier avec sérieux, avec vérité, c’est se quitter pour prendre possession de Dieu. Je ne me veux plus, je veux Dieu.

 

Rendons-nous bien compte que la toute puissance de Jésus reposait sur son impuissance volontaire à ne rien faire de lui-même, en un mot sur sa dépendance absolue de Dieu.

 

«Son pouvoir miraculeux, qui est une réponse à ses prières, est dans chaque circonstance un emprunt fait par l’indigence et par la fidélité humaines à la richesse divine».

 

La puissance de Jésus a été absolument humaine; elle était le résultat de ses prières pleines de foi et de sa parfaite obéissance. Que dans notre humanité, Dieu rencontre des créatures dont la volonté soit tout entière prosternée devant Sa volonté, des êtres qui ne vivent et ne prient que par le Saint-Esprit, et Dieu se réjouira de les associer aussi complètement que possible à sa puissance. Et ainsi sera réalisée la pensée éternelle de Dieu.

 

La puissance dont Jésus prenait possession par la prière et qui se manifestait par de nombreux miracles se transformait peu à peu en la toute puissance réellement possédée. Aussi a-t-il pu dire à ses disciples avant de monter au ciel: tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez. Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du temps».

 

C’est une parole de triomphe. Jésus se proclame le roi de l’univers. Tout genou fléchira devant lui. C’est la récompense de sa vie sainte et de sa mort expiatoire. Dans sa personne l’abîme qui séparait le fini de l’infini est comblé par un membre de notre race. En Jésus nous voyons l’homme vrai tel que Dieu l’a toujours voulu.

 

Pour nous l’affirmation royale du Seigneur Jésus est une parole lumineuse qui nous ouvre des horizons infinis, car cette toute puissance que Jésus possède, il l’a acquise pour nous, croyants; il ne peut l’exercer que par nous, comme le cep ne peut porter de fruits que par les sarments. Et c’est parce qu’il ne peut porter de fruits ici-bas que par nous, qu’il ne peut exercer son pouvoir que par nous, qu’il nous initie au secret de sa toute-puissance eh nous disant: «Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même», c’est-à-dire avant de parler j’écoute dans le recueillement et la prière, ensuite je répète ce que le Père m’a dit. Et ce qui est vrai de mes paroles est vrai de mes oeuvres, elles sont les oeuvres-clé Dieu: «Le Fils ne peut rien faire de lui-même. Le Père qui demeure en moi, c’est Lui qui fait les oeuvres». Et celui qui voudra vivre la même vie de foi, d’obéissance, d’immolation de toute vie propre, verra ma toute-puissance s’exercer par lui. «En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes, parce que je m’en vais au Père; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez, quelque chose en mon nom, je le ferai».

 

Mais cette promesse si extraordinaire, qui met entre nos mains, si nous sommes des hommes de foi absolue, la toute puissance du Sauveur au ciel et sur la terre, l’a-t-on jamais réellement vue se manifester par le moyen de créatures humaines? Certainement. «L’Ecriture ne peut être anéantie», (Jn 10:35) a dit le Sauveur du monde. Les promesses faites par Jésus et conservées pour nous dans les Evangiles, nous les voyons expérimentées par les apôtres dans les Actes.

 

«Vous ferez des oeuvres plus grandes» a dit le Sauveur. Et le jour de la Pentecôte un seul discours de Pierre produit plus de résultats que tous les discours de Jésus pendant son ministère terrestre. Avec la même puissance, Paul fonde des loyers de lumière au sein des plus épaisses ténèbres du paganisme.

 

«En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais». Et Pierre adresse une parole royale à un impotent de naissance: «Je n’ai ni argent, ni or; mais ce que j’ai, je te le donne: au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche. Et à l’instant l’impotent se leva, marcha, sauta et loua Dieu». Un peu plus tard, le même apôtre dira à un homme nommé Enée, couché sur un lit depuis huit ans, et paralytique: «Enée, Jésus-Christ te guérit; lève-toi et arrange ton lit. Et aussitôt Enée se leva». À la même époque, Pierre ressuscite Dorcas.

 

«Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient au milieu du peuple par les mains des apôtres. Le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes, s’augmentait de plus en plus; en sorte qu’on apportait les malades dans les rues et qu’on les plaçait sur des lits et des couchettes, afin que, lorsque Pierre passerait, son ombre au moins couvrit quelqu’un d’eux. La multitude accourait aussi des villes voisines à Jérusalem, amenant des malades et des gens tourmentés par des esprits impurs; et tous étaient guéris». (Ac 5:12-16)

 

Paul affirme que «les preuves de son apostolat ont éclaté au milieu des Corinthiens par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles». (2Co 12 12) Il écrit à l’Eglise de Rome: «Je n’oserais mentionner aucune chose que Christ n’ait pas faite par moi pour amener les païens à l’obéissance par la parole et par les actes, par la puissance des miracles et des prodiges, par la puissance de l’Esprit de Dieu». (Ro 15:18)

 

Le livre des Actes nous affirme que «Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul, au point qu’on appliquait sur les malades des linges ou des mouchoirs qui avaient touché son corps et les maladies les quittaient». (Ac 19:11)

 

Dans ce temps-là on priait et Dieu agissait; on priait avec foi et on transportait des montagnes d’impossibilités. Dieu était rendu visible.

 

Le temps des miracles n’a pas pris fin avec le siècle apostolique. Depuis 19 siècles l’histoire de l’Eglise nous montre que ceux qui ont cru d’une foi vivante et agissante ont fait les mêmes oeuvres que le Seigneur Jésus et de plus grandes encore.

 

L’histoire de la véritable Eglise de Dieu, est d’une monotonie sublime. L’époux divin a vécu sur la terre une vie parfaite, ne se nourrissant que de la volonté de son Père. «Il a été la vérité et la vie, l’amour et la sainteté, l’humilité et la compassion». Son épouse a marché sur ses traces malgré les plus dures épreuves, elle a enduré courageusement son sanglant calvaire.

 

Je ne puis retracer, même à vol d’oiseau, cette histoire surnaturelle. La vie de prière, de foi et de puissance s’est répétée des milliers de fois dans les grands évangélistes de l’âge apostolique et dans les siècles suivants jusqu’à nos jours. Jésus-Christ s’est incarné dans les Patrick et les Valdo, dans les Jean Huss et les Luther, dans les Farel et les Calvin, dans les Zinzendorf et les Wesley, dans Dos grands missionnaires du XVIIIe et du XIXe siècles, dans ces femmes sublimes qui s’appellent Elisabeth Fry, Joséphine Butler, Catherine Booth, et le monde a vécu de leur vie depuis 19 siècles. Ah! si tous les chrétiens de nom avaient vécu de cette vie-là, que de détresses matérielles et morales qui n’existeraient pas! Le monde, qui vivrait du Christ incarné dans tous les professants, meurt de son absence. Les hommes et les femmes pleins de foi ont seuls été sur la terre des puissances de régénération et de vie.

 

Mais ils ne se sont pas contentés de prier et de croire. Derrière la prière de la foi une autre force s’est manifestée: l’action de la foi chez tous les vrais hommes de Dieu, l’action de la foi, c’est-à-dire le sacrifice personnel poussé jusqu’à l’héroïsme, a accompagné la prière de la foi. Tout le secret de la puissance est là. Cette action de la foi, réalisée d’une façon parfaite dans l’abaissement du Fils de Dieu et ses souffrances rédemptrices, est le ressort intime de tous les efforts faits sur la terre pour glorifier Dieu et sauver les âmes. Prier et agir, prier et travailler à l’exaucement de nos prières, prier et s’immoler pour ne vivre que la vie du Saint-Esprit, c’est le secret de la toute puissance.

 

À quiconque se plaint de manquer de puissance et de ne pas voir ses prières exaucées, Dieu répond en l’invitant à payer le prix:

 

«Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes pour qu’il y ait de la nourriture dans ma maison. Mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Eternel, et vous verrez si je ne répands pas sur vous la bénédiction en telle abondance que vous n’y pourrez suffire».

 

S. DELATTRE

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

I

 

LE SEUL MAITRE

 

Jésus priait un jour dans un certain lieu. Lorsqu’Il eut achevé, un de ces disciples lui dit: «Seigneur, enseigne-nous à prier.». (Lu 11:1)

 

Les disciples avaient vécu avec Christ et l’avaient vu prier. Ils avaient saisi jusqu’à un certain point qu’il existait un rapport intime entre sa vie publique si admirable et sa vie de prière secrète et cachée.

 

Ils avaient appris à reconnaître en lui le Maître par excellence dans l’exercice de la prière, nul ne pouvait, nul ne savait prier comme lui.

 

Aussi est-ce à Jésus qu’ils adressent cette requête: «Seigneur, enseigne-nous à prier».

 

Dans l’enseignement du Seigneur peu de choses ont été plus profitables à ses disciples, que ses leçons sur la prière. Ils le voient prier en un certain lieu et ils se sentent pressés de répéter leur demande:

 

«Seigneur! enseigne-nous à prier».

 

À mesure que nous grandissons dans la vie chrétienne, la loi du Maître bien-aimé en son oeuvre d’intercession continuelle, nous devient plus précieuse. L’espérance de devenir semblables à Christ dans la prière d’intercession prend, pour nous, une puissance nouvelle. Comme nous comprenons mieux cette requête des disciples, lorsque, comme eux, nous avons vu le Maître à l’oeuvre! Comme eux aussi, nous nous écrions alors:

 

«Seigneur! enseigne-nous à prier».

 

Si nous acceptons Jésus pour notre bien suprême, notre vie, notre tout, nous aurons l’assurance que si nous le lui demandons, son bonheur sera de nous mettre en rapport direct et intime avec lui en nous enseignant à prier.

 

Frères et n’irons-nous pas, auprès du Maître, lui demander d’inscrire nos noms sur les registres de cette école toujours ouverte à ceux qui ont soif d’apprendre l’art divin de la prière? Aujourd’hui même disons comme autrefois les disciples:

 

«Seigneur! enseigne-nous à prier».

 

Méditons ensemble ces paroles qui renferment chacune un sens particulier:

 

«Seigneur, enseigne-nous à PRIER».

 

Oui, à prier. Voilà ce que nous avons à apprendre. Il semble au premier abord que la prière soit chose si simple que le plus faible enfant peut prier. Mais c’est en même temps l’action la plus sainte et la plus élevée que l’homme puisse accomplir. C’est la communion intime et directe de l’âme avec le Dieu invisible et trois fois saint.

 

La prière dispose des puissances du monde éternel, elle est l’essence même de la vraie religion, la source de toutes les bénédictions, le Secret de la force et de la vie.

 

Cette puissance nous la possédons non seulement pour nous, mais pour les autres, pour l’Eglise, pour le monde entier; c’est à la prière que Dieu a donné le droit de Le posséder, Lui et sa force.

 

C’est à la prière qu’est accordé l’accomplissement des promesses que Dieu nous a faites, concernant le royaume à venir et la gloire de Dieu pleinement révélée.

 

Que nous nous sentons faibles, paresseux, incapables en face de cette oeuvre magnifique! L’Esprit de Dieu, seul, nous met en état de l’accomplir. Nous nous trompons facilement, avouons-le, en nous contentant de la forme tandis que souvent le fond nous fait défaut.

 

Notre éducation première, les enseignements religieux que nous avons reçus, l’influence de l’habitude, certaines émotions même, tout cela est cause que nos prières n’ont parfois aucune force spirituelle et par conséquent ne servent presque à rien.

 

La vraie prière s’empare de la force de Dieu, elle accomplit de grandes choses et devant elle, les portes du ciel s’ouvrent toutes grandes.

 

Qui ne voudrait apprendre à faire monter cette prière-là vers le trône du Père et qui ne s’écriera avec nous:

 

«Qui m’enseignera à prier de la sorte?»

 

Jésus seul le peut, n’irons-nous pas jour après jour nous asseoir sur les bancs de son école en lui répétant.

 

«Seigneur, enseigne-Nous à prier».

 

Oui, nous, Seigneur. Nous avons lu dans ta Parole avec quelle puissance et quelle foi tes serviteurs d’autrefois savaient prier et avec quelle fidélité tu leur as répondu. Si ces merveilleux exaucements ont eu lieu sous l’Ancienne Alliance temps de préparation, n’accorderas-tu pas bien davantage aujourd’hui que les temps s’accomplissent? Ne donneras-tu pas à ton peuple ce signe certain de ta présence au milieu de lui: la réponse à ses prières?

 

Nous connaissons les promesses que tu as faites à tes apôtres touchant la prière faite en ton nom. Nous savons que nous aussi pouvons faire les mêmes magnifiques expériences. Seigneur, réalise ces promesses aussi pour nous! De nos jours, nous sommes entourés d’exemples et de témoignages que tir donnes à ceux qui se confient en toi de tout leur coeur.

 

Seigneur, ils étaient hommes comme nous, sujets aux mêmes passions, aux mêmes infirmités, enseigne-nous à prier comme eux. Tes promesses, tes dons excellents, ta force même, tout est pour nous, donne-nous de les demander de manière à les recevoir en abondance. C’est à nous aussi que tu as confié ton oeuvre; de nos prières dépend l’avènement de ton règne, par elles tu peux glorifier ton nom. Fais-nous comprendre de plus en plus la responsabilité que nous, avons vis-à-vis de toi.

 

«Seigneur, enseigne-nous à prier».

 

Maintenant nous sentons la nécessité de cet enseignement. Au premier abord, nous l’avons dit, rien ne nous paraît plus simple que la prière; plus tard, rien d’aussi difficile. Confessons-le humblement, nous ne savons pas prier comme il le faudrait.

 

Nous possédons, il est vrai, la Parole de Dieu avec ses promesses claires et positives, mais le péché a tellement obscurci notre intelligence que souvent nous ne savons le comprendre ni l’appliquer; ce n’est pas toujours le plus essentiel dans le domaine spirituel que nous cherchons tout d’abord à obtenir. Nous n’apportons pas dans la prière l’esprit d’adoration nécessaire.

 

Dans le domaine temporel nous profitons encore moins de la magnifique liberté que le Père nous a accordée, de lui demander tout ce dont nous avons besoin.

 

Lors même que nous savons ce qui doit faire l’objet de notre prière, il nous manque encore bien des choses pour la rendre acceptable.

 

Prions à la gloire de Dieu, nous soumettant à sa volonté; prions avec persévérance, ayant la conviction que lorsqu’Il le jugera bon, Il nous exaucera, si nous demandons, tout au nom de Jésus.

 

Voilà ce que nous avons à apprendre. Ce n’est qu’en priant que nous apprendrons à prier. C’est en ayant conscience de notre ignorance et de notre indignité, en passant par la lutte entre la foi et l’incrédulité, que nous acquerrons l’art de la prière. Rappelons-nous que ceux-là qui se confient en Dieu d’une façon atteindront la perfection à l’école de la prière.

 

Soyons-en assurés, dans ces conditions-là, le Seigneur nous enseignera à prier. Et qui saurait le faire comme lui?

 

C’est pourquoi redisons avec ses disciples «SEIGNEUR, enseigne-nous à prier».

 

Il faut à l’élève la conviction que son Maître sait enseigner, qu’Il en a le don, et qu’avec patience et amour Il sait aussi se mettre à son niveau.

 

Que Dieu soit béni! Jésus sait tout cela et plus encore Ses prières elles-mêmes sont nos meilleures leçons; Il sait ce que c’est que prier; Il l’a appris pendant les épreuves de sa vie terrestre et ses prières commencées sur la terre, se continuent dans le ciel.

 

Rien ne lui cause plus de joie que d’amener en la présence du Père ceux qui sont encore ici-bas, pour les revêtir de sa force et faire descendre sur eux les bénédictions de Dieu, afin qu’à leur tour ils deviennent ses compagnons dans l’oeuvre d’intercession sans laquelle le royaume des cieux ne saurait être révélé sur la terre.

 

Il sait enseigner! il se sert tour à tour de la douleur d’une âme en détresse et de la vie que donne la réconciliation avec Dieu. Jésus, par sa parole, par le témoignage d’une foi qui sait ce qu’est l’exaucement, nous donne le meilleur enseignement.

 

C’est par le Saint-Esprit qu’Il a accès dans nos coeurs en nous dévoilant le péché qui nous empêche de prier, et c’est par l’Esprit que nous avons que nous faisons réellement ce qui plaît à Dieu. L’Esprit nous enseigne ce qu’il faut demander et comment le demander.

 

Qu’en pensez-vous, mes chers amis? Si nous demandions à notre Maître de nous donner pendant un mois une série de leçons sur la prière? Ne serait-ce pas précisément ce qu’il nous faudrait?

 

Sachons prendre le temps, non seulement de méditer et de prier, mais de nous arrêter au pied du trône de l’Agneau pour être formés au travail d’intercession. Avec Jésus pour Maître nous ferons de réels progrès. Soyons assurés que malgré nos hésitations, nos tâtonnements, nos bégaiements, nos craintes, Jésus poursuivra son oeuvre en nous de la façon la plus merveilleuse. Il nous communiquera sa propre vie, qui est l’essence même de la prière.

 

De même que nous participons à sa justice nous participerons aussi à son oeuvre d’intercession, en plaidant avec lui, devant Dieu, la cause de l’humanité.

 

Quelque ignorant, quelque faible que nous soyons, répétons joyeusement:

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

II

 

LES VRAIS ADORATEURS

 

Mais l’heure vient et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. (Jn 4:23-24)

 

Ces paroles de Jésus à la Samaritaine sont les premiers enseignements du Sauveur sur la prière, qui nous aient été conservés. Quels horizons nouveaux ils ouvrent à notre esprit!

 

Le Père demande des adorateurs.

 

Notre adoration est donc une satisfaction et une joie pour son coeur plein d’amour. Il y a beaucoup d’adorateurs qui ne sont pas les vrais, tels qu’Il les réclame.

 

Ce qu’Il veut, c’est être adoré en esprit et en vérité. Le Fils est venu frayer la voie à ce nouveau culte et nous l’enseigner. Cherchons à comprendre ce que signifient ces paroles et le moyen de parvenir à ce culte vrai.

 

Jésus a parlé à la Samaritaine d’une adoration qui peut se manifester sous trois fermes différentes:

 

Premièrement, l’adoration ignorante des Samaritains: «Vous adorez ce que vous ne connaissez pas». (Jn 4:22)

 

Secondement, l’adoration intelligente des Juifs connaissant le vrai Dieu: «Nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs». (Jn 4:22)

 

Enfin, cette adoration nouvelle et spirituelle que Jésus lui-même est venu apporter. «Mais l’heure vient et elle est déjà venue où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité». (Jn 4:23)

 

En examinant de près ces trois passages, il deviendra évident pour nous que les mots: -en esprit et en vérité-ne veulent pas dire, comme on le croit souvent, sincèrement, du fond du coeur, avec ardeur.

 

Les Samaritains possédaient les cinq livres de Moïse et connaissaient le vrai Dieu jusqu’à un certain point. Sans doute plus d’un parmi eux recherchaient Dieu par la prière avec droiture et sincérité.

 

Les Juifs, eux, avaient reçu la révélation complète de Dieu dans sa Parole, telle qu’elle avait été donnée jusqu’alors. Que d’hommes pieux, au milieu d’eux, se confiaient en l’Eternel de tout leur coeur! Mais ce n’était pas encore, -en esprit et en vérité.

 

Jésus le dit: L’heure vient et elle est déjà venue. Ce n’est que par lui et en lui que l’adoration sera celle que le Père demande. Chez les chrétiens nous retrouvons ces trois classes d’adorateurs.

 

Quelques-uns, dans leur ignorance, savent à peine ce qu’ils doivent demander, encore moins comment, le demander. Ils prient avec ferveur, mais ne reçoivent que peu. D’autres ont une connaissance plus complète des. choses de Dieu, ils apportent à leurs prières leur coeur, leur esprit, leur attention, mais ils n’obtiennent pas les bénédictions accordées à la prière faite en esprit et en vérité. C’est donc à une autre école que nous demanderons au Maître de nous amener. Lui seul peut nous enseigner cette véritable adoration, celle que réclame le Père et qui est toute spirituelle.

 

«Dieu est esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité».

 

Une première condition est l’harmonie indispensable entre Dieu et ses adorateurs c’est-à-dire il faut que l’adorateur soit en rapport intime avec celui qui est l’objet de son adoration.

 

Tout dans la nature nous rappelle ce principe. Il nous faut le lien qui rattache l’objet à l’organe par lequel il se révèle à nous. L’oeil est fait pour percevoir la lumière, l’oreille pour le son. L’homme qui veut sincèrement adorer Dieu, qui désire se rencontrer avec lui, le posséder et le connaître doit se mettre tout d’abord en harmonie. avec lui, pour être en état de le recevoir.

 

C’est parce que Dieu est ESPRIT que nous devons l’adorer EN ESPRIT. Tel est Dieu, tel doit être son, adorateur.

 

La Samaritaine avait demandé au Seigneur si c’était à Samarie ou à Jérusalem qu’il fallait adorer. Jésus répondit que désormais le culte et l’adoration ne seraient limités par aucun lieu déterminé.

 

«Femme, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père».

 

Dieu est esprit, Il n’est limité ni par le lieu, ni par le temps, ni par l’espace; en vertu de sa perfection même, Il est toujours et partout le même; par conséquent le culte qui doit lui être rendu ne sera désormais renfermé dans aucun lieu spécial, ni dans aucune forme arrêtée. Il sera spirituel comme Dieu est spirituel.

 

Quel enseignement profond et important. Notre christianisme souffre lorsqu’il est limité à certains lieux, certains jours, certaines heures. Un homme pourra prier avec ferveur et sérieux à l’église, ou dans le silence du cabinet, et cependant ‘passer une bonne partie de la journée et de la semaine dans une disposition d’esprit toute différente de celle qu’il avait apportée à l’acte de la prière.

 

Parce que c’était un culte d’habitude, fixé à une certaine heure et à un certain lieu, mais non un acte de son être tout entier. L’adoration, pour plaire à Dieu, doit être l’oeuvre de notre vie, la vie de notre vie, et ce culte-là ne peut procéder que de Dieu lui-même. Dieu seul peut nous donner l’Esprit car lui seul le possède en entier. Il nous a donné son Fils pour nous enseigner à l’adorer lui, le Père, en esprit.

 

C’est de son oeuvre ici-bas que Jésus parle en disant à deux reprises:

 

-L’heure vient... Elle est déjà venue.

 

-Le baptême du Saint-Esprit ne pouvait avoir lieu avant que le Christ fût glorifié.

 

«J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé, baptiser d’eau, celui-là m’a dit: Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est celui qui baptisera du Saint-Esprit». (Jn 1:32-33)

 

«Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui, car l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié». (Jn 7:38,39)

 

«Cependant je vous dis la vérité, il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous, mais si je m’en vais, je vous l’enverrai». (Jn 16:7)

 

Après avoir vaincu définitivement le péché et être entré dans le lieu Très-Saint avec son sang, Jésus reçut le Saint-Esprit pour nous le communiquer de la part du Père.

 

«Elevé par la droite de Dieu Il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis et Il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez». (Ac 2:33)

 

Par son sacrifice, Christ nous a rendu, dans la maison du Père, la place d’enfants que nous avions perdue, et par l’Esprit qu’Il nous communique nous pouvons crier «Abba, Père». (Ro 8:15)

 

Jésus emploie ici le nom: Père. Aucun des saints de l’Ancienne Alliance, ni des patriarches, n’a jamais pris le nom d’enfant de Dieu, ni appelé Dieu son Père. L’adoration en esprit n’est possible qu’à celui qui a reçu du Fils, l’Esprit d’adoption.

 

«Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, sous la loi, afin qu’Il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos coeurs l’Esprit de son Fils, lequel crie: «Abba! Père!». (Ga 4:5,6)

 

En esprit et en VERITE. Cela ne veut pas dire, en sincérité, d’accord avec la vérité de la Parole de Dieu. Cette expression a une signification plus profonde.

 

«Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous pleine de grâce et de vérité... la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ». (Jn 1:14,17)

 

«Je suis le chemin, la vérité la vie». (Jn 14:6)

 

Sous l’Ancienne Alliance tout n’était que promesse et ombre des choses à venir. Jésus a apporté la réalité de tout ce qu’on espérait. En lui nous possédons réellement et dès à présent les bénédictions que donne la vie éternelle; nous pouvons en faire journellement l’expérience. Le Saint-Esprit est vérité; par lui la grâce qui est en Jésus-Christ devient notre propriété, elle est une communication de la vie divine.

 

En adorant en esprit, nous adorerons en vérité. Là est la communion vivante avec Dieu, l’harmonie réelle entre le Père qui écoute et l’enfant qui prie. La Samaritaine ne comprit pas tout de suite la portée des paroles de Jésus. Il fallait la Pentecôte pour en révéler toute la signification. Nous ne saurions guère non plus en saisir complètement le sens, à notre début à l’école de la prière. Nous le comprendrons mieux plus tard, mais pour le moment, acceptons cet enseignement tel qu’il nous est donné.

 

Que la disposition dans laquelle nous nous mettons à prier, soit conforme aux enseignements de Christ. Confessons humblement que nous sommes incapables par nous-mêmes de rendre à Dieu le culte qui lui plaît et qu’Il réclame de nous.

 

Soyons dociles à recevoir l’instruction nécessaire, et’ abandonnons-nous avec foi à l’inspiration de l’Esprit. Soyons surtout fermement convaincus que mieux nous écouterons, plus le Seigneur aura à nous dire.

 

La révélation de l’amour paternel de Dieu, la foi en sa miséricorde infinie donnée par son Fils et son Esprit sont véritablement le secret de la prière en esprit et en vérité.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

III

 

SEUL AVEC DIEU

 

Mais toi quand tu pries, entre dans ta chambre et après avoir fermé ta porte, prie ton Père qui est là dans ce lieu secret. et ton Père qui voit dans les lieux secrets, te récompensera. (Mt 6:6)

 

Lorsque Jésus eut choisi ses premiers disciples, Il leur donna un enseignement public dans le sermon sur la montagne. Là Il leur exposa ce qu’est le royaume de Dieu, et les lois qui le régissent. Dans ce royaume Dieu est non seulement Dieu, mais le Père; non seulement Il donne tout, mais Il est tout. Le bonheur de ce royaume consiste à le connaître et à vivre constamment dans sa communion.

 

Dès lors l’enseignement de Jésus se fera en vue de ce nouveau royaume qu’il est venir établir, et l’une de ses premières leçons sera de révéler la vie de prière.

 

Moïse n’a promulgué ni ordre, ni loi touchant la prière, les prophètes en ont dit peu de chose; Christ, lui, a enseigné à prier.

 

Avant tout le Seigneur exhorte ses disciples à se réserver un lieu secret où ils puissent se trouver en tête à tête avec Dieu, leur Père. Il n’est pas d’instituteur qui n’ait sa salle d’étude.

 

Nous avons accepté Jésus comme notre seul Maître à l’école de la prière, et avons appris de lui, à Samarie, que le culte n’est plus limité ni par le temps, ni par le lieu, mais qu’il est un acte d’adoration tout spirituel. La vie de l’homme tout entière doit être un culte actif en esprit et en vérité.

 

Il veut que chacun de ses disciples fasse choix d’un lieu déterminé où Dieu puisse se rencontrer journellement avec lui. Cette chambre secrète et solitaire, quelle qu’elle soit et où qu’elle soit, c’est la salle d’école de Jésus, Elle peut changer chaque jour si les circonstances l’exigent, mais il faut qu’elle existe avec ses heures de recueillement où le Maître prépare son disciple à la vraie adoration du Père.

 

C’est là seulement, mais là certainement, que Jésus viendra nous enseigner à prier. Un maître doit toujours veiller à ce que sa salle d’étude soit gaie et attrayante, à ce que la lumière et l’air pur y pénètrent, de sorte que les élèves aient du plaisir à y venir et à y rester.

 

Notre Maître cherche dès les premiers mots du sermon sur la montagne, à nous rendre cette chambre secrète aussi aimable que possible, car Il veut que nous trouvions notre bonheur à y venir, à y séjourner et même à nous y attarder.

 

Trois fois Il se sert du nom de Père.

 

-«Prie ton Père».

 

-«Ton Père qui voit dans le secret».

 

-«Votre Père sait de quoi vous avez besoin». (Mt 6:6,8)

 

Cherchons donc à rencontrer dans la chambre de prière Notre Père. La lumière qui illumine ce lieu secret, c’est le regard du Père; l’air pur dont Jésus veut le remplir, c’est l’amour infini du Père. Toute prière qui s’en élancera vers le Père sera par conséquent simple, sincère, empreinte d’une confiance enfantine en lui.

 

Mettons-nous donc eh présence du Père et soyons certains que là nous obtiendrons ce que nous demandons.

 

Ecoutons ce que le Seigneur a encore à nous dire.

 

Prie ton Père qui est dans ce lieu secret!

 

Dieu est Esprit, Dieu est invisible, Dieu se dérobe à l’oeil de la chair. Tant que nous apporterons à notre culte et à notre prière, nos pensées, nos soucis, nos préoccupations, nous ne rencontrerons pas Celui que nous venons chercher.

 

Le Père se révélera à quiconque repoussera tout ce qui est du monde et de la terre pour ne chercher que lui seul. Dans la mesure où nous saurons renoncer au monde, rejeter sa vaine manière de vivre et nous soumettre entièrement à Christ, l’amour infini du Père resplendira sur nous.

 

Une chambre secrète dont la porte est close, et entièrement séparée de tout ce qui nous entoure est une image destinée à nous; faire comprendre ce que doit être ce sanctuaire spirituel, où nous nous trouverons en contact réel avec le Père, eh tête à tête avec Dieu. Là, nous apprendrons ce qu’est la véritable prière. Jésus nous montre par notre texte que là, le Père nous attend, et que toujours nous pourrons l’y rencontrer.

 

Bien souvent les chrétiens se plaignent de ce que leur prière particulière n’est pas ce qu’elle devrait être. Ils se lamentent de leur faiblesse, de leur péché, de leur froideur, de leur paresse. Ils ont peu à demander, et ils ne prient ni avec joie, ni avec foi. Découragés, ils renoncent à prier, se croyant indignes de s’approcher du Père.

 

Enfant de Dieu! écoute ton Maître, et ce qu’il a à te dire. Lorsque tu pries en secret, que ta première pensée soit: -Le Père est ici et Il m’attend. C’est précisément parce que ton coeur est froid et que tu ne peux pas prier qu’il faut te mettre, en présence du Père qui t’aime. Comme un père a compassion de ses enfants, le Seigneur aura pitié de toi. Lève tes regards vers lui, pense à l’amour tendre et miséricordieux qu’Il a pour toi. Dis-lui en toute, simplicité que tout en toi est obscurité et péché; le coeur du Père, plein de chaleur et de tendresse, réchauffera et éclairera le tien. Obéis seulement à sa parole:

 

«Ferme ta porte à clef et prie ton Père qui est dans ce lieu secret».

 

N’est-ce pas magnifique? Se trouver seul avec lui, lever les yeux vers lui et s’écrier:

 

«Mon Père!»

 

Et ton Père qui voit dans les lieux secrets te récompensera.

 

Quelle promesse! Aucune prière, faite dans ces conditions, ne restera sans effet. Le Père nous récompensera. Les bénédictions qu’Il répandra sur nous, pendant toute notre vie, seront la preuve manifeste qu’Il a entendu nos prières. C’est son amour et sa fidélité que nous rencontrerons dans le secret, apportons-y de notre côté une pleine et entière confiance.

 

«Car il faut que celui qui s’approche de Dieu, croie que Dieu existe et qu’Il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent». (Heb 11:6)

 

L’exaucement de nos prières dépend non seulement de notre ferveur et de notre foi, mais de l’amour et de la puissance du Père.

 

La leçon que le Maître tient aujourd’hui en réserve pour nous est celle-ci:

 

Le Père habite ce lieu secret, Il nous y attend, Il nous y voit et nous y entend. Allons-y donc; demeurons-y pour un temps, puis retournons à nos devoirs journaliers, fortifiés par cette promesse: Il nous récompensera publiquement. Soyons assurés qu’elle se réalisera pour nous, et que notre prière ne restera pas sans réponse.

 

Pour raffermir notre foi en l’amour du Père, Jésus prononce une troisième parole:

 

«Votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez». (Mt 6:8)

 

À première vue, il semble que la prière n’est pas très nécessaire puisque Dieu sait avant nous ce dont nous avons besoin. Mais en approfondissant ce sujet nous trouverons dans cette vérité de quoi fortifier notre foi. Il ne s’agit pas, comme le croient les païens, de contraindre à nous écouter un Dieu mal disposé à notre égard, et de répéter, à cet effet, une certaine quantité de paroles avec plus ou moins de ferveur.

 

Non, mais nous nous poserons cette question:

 

«Mon Père sait-Il que j’ai réellement besoin de ceci?»

 

Si l’Esprit nous rend le témoignage que ce que nous demandons est réellement pour la gloire de Dieu, cette pensée nous remplira de foi et de confiance, et nous nous écrierons:

 

«Oui, mon Père le sait et Il me l’accordera».

 

La réponse se fait-elle attendre? Ne voyons là qu’un encouragement à persévérer dans la prière et à assiéger le trône de Dieu.

 

«Bienheureuse liberté, bienheureuse simplicité de l’enfant de Dieu». Christ prend la peine de graver cette leçon dans notre coeur, et veut nous rapprocher de Dieu jusqu’à ce que le Saint-Esprit ait opéré son oeuvre parfaite en nous.

 

Sommes-nous en danger d’être tellement préoccupés de l’urgence de nos demandes que nous en venons à oublier que le Père les connaît, alors sachons nous arrêter, faire silence et redire avec foi:

 

«Mon Père sait, mon Père voit, mon Père entend».

 

Nous qui sommes entrés à l’école de Christ pour y apprendre à prier, recevons ses enseignements, mettons-les en pratique, séjournons longtemps dans le lieu secret où le Père nous attend, fermons-en la porte aux hommes et au monde, et écoutons ce que le Père a à nous dire.

 

Le tête-à-tête avec lui deviendra notre plus grande joie, et l’assurance que notre prière la plus intime sera exaucée sera notre force jour après jour. Savoir que le Père sait ce dont nous avons besoin, nous donnera, pleine et entière liberté de lui exposer nos demandes, certains qu’il y pourvoira selon ses richesses, en Jésus-Christ.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

IV

 

LA PRIERE MODELE

 

Voici donc comment vous devez prier: Notre Père qui es aux cieux! (Mt 6:9)

 

Tout instituteur connaît la force de l’exemple. Il ne dit pas seulement à l’enfant ce qu’il doit faire et comment il faut le faire, mais encore il lui montre comment il peut le faire.

 

Comprenant notre faiblesse, notre céleste Instituteur nous fournit les termes mêmes avec lesquels nous pouvons nous approcher du Père.

 

Dans l’Oraison dominicale nous avons une formule de prière qui comprend toute la plénitude de la vie éternelle; elle est si simple qu’un enfant peut la bégayer, et si divinement riche qu’elle renferme tout ce que Dieu peut nous donner.

 

Ce modèle doit inspirer toutes nos prières. Il restera toujours l’expression par excellence des besoins de notre âme devant Dieu.

 

Notre Père qui es aux cieux!

 

Pour donner à ce terme d’adoration sa juste valeur, répétons ici qu’aucun des saints de l’Ancienne Alliance n’a jamais osé s’adresser à Dieu comme, à, son Père. Ce début nous révèle d’emblée la merveilleuse dispensation que le Fils est venu nous apporter, en nous montrant son Père comme notre Père. Cette invocation renferme le mystère de la Rédemption! -Christ nous délivrant de la malédiction afin que nous devenions enfants de Dieu; -le mystère de la Régénération-l’Esprit nous donnant, par la nouvelle naissance, une vie nouvelle; le mystère de la Foi-la Parole préparant les disciples à la bienheureuse expérience par laquelle ils auront à passer, avant que la Rédemption soit accomplie!

 

Ces mots sont la clef de toute prière. Il ne faut pas moins de la vie entière pour les étudier et de l’éternité pour les comprendre. Apprendre à connaître Dieu comme notre Père, nous emparer de son amour pour nous, voilà la première leçon, bien simple, mais si élevée que nous ne pouvons la saisir complètement qu’à l’école de la prière.

 

Ce n’est que lorsque cet amour paternel de Dieu nous est révélé par le Saint-Esprit, et que nous entrons-en communion personnelle avec Dieu que la puissance de la prière prend son plein développement. D’autre part, la prière s’épanouit dans une sainte joie, dans la contemplation de l’amour, de la tendresse, de la compassion et de la patience infinis du Père. Laissons le Saint-Esprit réaliser, en nous ces paroles: Notre Père qui es aux cieux, de telle sorte qu’elles remplissent notre coeur et transforment notre vie, par elles nous pénétrerons dans le heu très saint en dedans du voile.

 

Ton nom soit sanctifié.

 

Une remarque avant tout. Dans nos prières habituelles, ne sont-ce pas nos besoins, nos désirs qui passent en première ligne, et seulement après que nous nous préoccupons des intérêts du règne de Dieu? Ici le maître intervertit l’ordre que nous avons établi. Tout d’abord: Ton nom! Ton règne! Ta volonté!

 

En second lieu: Donne-nous! pardonne-nous! conduis-nous! délivre-nous!

 

Cette leçon a plus d’importance que nous ne le pensons. Dans toute adoration sincère, Dieu a droit à la première place. Plus nous nous oublierons nous-mêmes pour que Lui seul soit glorifié, plus ses bénédictions descendront, riches et abondantes, sur nous. Qui a jamais perdu quoi que ce soit pour avoir fait un sacrifice au Père?

 

Il y a deux sortes de prières. La prière personnelle et. celle d’intercession. Convenons-en, cette dernière nous prend peu de temps et nous y mettons peu d’ardeur. Christ veut former à son école des intercesseurs capables, par leur foi, de faire descendre la bénédiction d’en haut sur son oeuvre ici-bas. Si nous résistons à cet enseignement-là, point de développement possible dans la prière.

 

Un petit enfant demande d’abord à son Père ce qu’il désire pour lui, mais bientôt il arrive à dire: «Donne-m’en aussi pour ma soeur». Le fils ayant atteint l’âge d’homme, s’il se préoccupe avant tout des intérêts de son père, en obtiendra facilement ce qu’il lui demandera pour lui-même. Jésus veut nous former à cette vie de consécration dans laquelle nos intérêts personnels sont subordonnés à la volonté de Dieu. Que cette oeuvre bénie se fasse en chacun de nous, à la, gloire de Dieu!

 

Ton nom soit sanctifié.

 

Quel nom? le nom béni de Père! Le mot saint est le mot central de l’Ancien Testament, celui de Père est le mot central du Nouveau.

 

Toute la gloire et la sainteté de Dieu se révèlent dans ce nom d’amour. Et comment sera-t-il sanctifié? Par Dieu lui-même.

 

«Je sanctifierai mon grand nom que vous avez profané.». (Eze 36:23)

 

Notre union avec Dieu par la prière devrait être de telle nature que nous proclamions par notre vie au milieu monde la sainteté et la grandeur du nom Père. Que ce soit notre être tout entier qui répète:

 

Notre Père... que ton nom soit sanctifié!

 

Ton règne vienne.

 

Le Père est un Roi, il possède donc un royaume. Le prince-héritier d’un roi de la terre n’a pas d’ambition plus haute que la gloire du royaume de son père. En temps de guerre ou de danger public, cette ambition devient sa passion dominante, et il n’a plus d’autre pensée.

 

Les enfants du Père céleste sont ici-bas sur une terre ennemie où le royaume des cieux n’est pas encore manifesté. Quoi de plus naturel, lorsqu’ils ont appris à sanctifier le nom du Père que de les entendre crier avec un enthousiasme mêlé d’impatience: «Ton règne vienne!» La venue du règne de Dieu, n’est-ce pas la révélation de la gloire du Père, la sanctification de ses enfants et le salut du monde? La venue du règne de Dieu dépend de nos prières! Y avons-nous songé? Joignons donc nos voix au cri ardent des rachetés

 

«Ton règne vienne!»

 

Ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel.

 

Que de fois en notre vie n’avons-nous appliqué cette prière qu’à subir la volonté de Dieu, oubliant qu’au ciel la volonté de Dieu est faite et non subie, demandons l’esprit d’adoration, de soumission et d’obéissance, par lequel nous pouvons faire cette volonté. Le bonheur des anges est de l’accomplir. Plus nous ferons la volonté du Père, plus, le royaume des cieux sera réalisé en nous. Dès que la foi a accepté l’amour du Père, l’obéissance accepte sa volonté.

 

Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien.

 

Si nous sommes entièrement soumis au Père, notre premier soin sera de sanctifier son nom, d’avancer son règne et de faire sa volonté. Alors, mais seulement alors, nous aurons la liberté de demander notre pain quotidien. Un maître prend soin de la nourriture de son serviteur, un général de celle de ses soldats, un père de celle de ses enfants. Le Père céleste ne prendra-t-Il pas soin de l’enfant qui, dans sa prière, s’est préoccupé avant toutes choses de ses intérêts à lui?

 

Nous pourrons dire avec une parfaite assurance:

 

«Père, je ne veux travailler que pour toi, je ne veux vivre que pour t’honorer, je sais que tu prendras soin de moi».

 

En nous consacrant entièrement au service de Dieu, et en ne voulant plus que ce qu’Il veut, nous aurons une liberté merveilleuse pour lui demander les choses de la vie présente.

 

Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.

 

Le pain est la nourriture essentielle du corps, le pardon des offenses est le premier besoin de l’âme. La promesse est aussi certaine pour l’un que pour l’autre. Avant d’être enfant du Père, nous sommes des pécheurs; C’est le sang précieux de Christ, versé pour nous, qui nous a acquis le droit de nous présenter devant le Père, et de lui demander son pardon.

 

Prenons garde que cette demande ne devienne une simple formule: ce ne sont que les fautes réellement confessées qui sont réellement pardonnées. Acceptons le pardon qui nous est promis, avec foi, comme une vérité spirituelle. C’est la porte par laquelle nous pénétrons dans les privilèges des enfants de Dieu, mais n’oublions pas la condition imposée.

 

Il est impossible de faire une expérience complète du pardon si nous ne l’exerçons pas envers notre prochain. La relation de l’enfant de Dieu avec son Père s’exprime par le mot pardonne, celle de l’homme avec son frère par le mot pardonnons. Il faut que le chrétien arrive à dire avec sincérité qu’il n’est plus personne qu’il ne puisse aimer d’un amour chrétien.

 

Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal.

 

Les trois demandes de notre pain quotidien, du pardon de nos offenses, de la délivrance du mal et de la tentation renferment tout ce qui nous est nécessaire.

 

Pourrions-nous prier avec efficace si nous n’étions convaincus que Dieu peut nous garder de la puissance du malin?

 

Enfants de Dieu! Voilà dans quel esprit Jésus veut que nous priions notre Père qui est aux cieux.

 

Que son nom, son règne, sa volonté tiennent la première place dans nos requêtes, et, nous pouvons être assurés que Dieu pourvoira à nos besoins temporels, nous pardonnera nos péchés et nous préservera de tout mal.

 

La prière nous révèle ainsi que pour l’enfant de Dieu, le Père est tout, oui, tout, et que ce qui est à lui appartient aussi à son enfant. Que notre prière soit une véritable communion entre lui et nous, et qu’elle nous ramène constamment aux pieds de Celui qui est le commencement et la fin.

 

Car c’est à toi qu’appartiennent dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire, Amen.

 

Fils du Père, enseigne-nous à dire «Notre Père!»

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

V

 

LA CERTITUDE DE L’EXAUCEMENT

 

Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez, heurtez et l’on vous ouvrira Car quiconque demande, reçoit, qui cherche, trouve, et l’on ouvre à celui qui heurte. (Mt 7:7,8)

 

Vous demandez et vous ne recevez pas parce que vous demandez mal. (Jas 4:3)

 

Nous voici pour la seconde fois sur la montagne avec le Seigneur. Il parle encore de la prière. La première fois, Il nous a montré le Père qu’on trouve dans le secret, mais qui récompense publiquement, Il nous a donné ensuite la prière modèle. Aujourd’hui Il veut nous enseigner ce que l’Ecriture considère comme essentiel dans la prière: l’assurance qu’elle est entendue et exaucée. Remarquez que dans notre texte, Il se sert chaque fois d’expressions qui ont à peu près la même signification et qui contiennent la même promesse.

 

«L’on vous donnera, vous trouverez, il vous sera ouvert.

 

Comme raison d’une pareille certitude, le Maître allègue la loi du royaume du Père:

 

«Celui qui demande reçoit, celui qui cherche trouve et l’on ouvre à celui qui heurte».

 

Par cette promesse six fois répétée, Il veut graver cette vérité dans nos coeurs: que nous pouvons et devons attendre avec assurance une réponse à notre prière, et Il veut, que nous sentions toute l’importance de cette leçon.

 

Le Seigneur emploie trois mots: demander, chercher, heurter. Chacun exprime une nuance qu’Il a voulue.

 

Demander s’applique aux dons que nous désirons obtenir.

 

Chercher, c’est le mot dont l’Ecriture se sert lorsqu’il s’agit de trouver Dieu lui-même, non seulement au moment de l’adversité, mais dans une communion intime et permanente.

 

Heurter exprime notre demande d’admission à demeurer en lui et avec lui.

 

Demander un don, et le recevoir amène tout naturellement à chercher et à trouver Celui qui l’accorde, et à heurter à la porte du Père, porte qui s’ouvre devant l’âme qui, frappe. Aucune prière ne sera adressée en vain, le Seigneur veut que nous en soyons assurés et ces répétitions prouvent qu’il connaît notre coeur avec ses doutes et sa méfiance. Au début de ses leçons sur la prière, Il cherche à inculquer cette vérité dans le coeur de ses élèves: Demandez et il vous sera donné. Quiconque demande reçoit. Si vous demandez et ne recevez rien, c’est qu’il manque quelque chose à votre prière. Persévérez et laissez-vous instruire par la Parole et par l’Esprit qui cherchent à éveiller en vous cette confiance et cette assurance et veillez à ce qu’elles vous soient conservées.

 

«Demandez et il vous sera donné».

 

Christ n’a pas, dans son enseignement, de stimulant plus puissant pour engager les siens à persévérer dans la prière.

 

Pour s’assurer de la justesse d’un problème d’arithmétique, on en fait la preuve. Il en est de même pour nos prières; si elles sont ce qu’elles doivent être, elles obtiendront une réponse. Cette réponse sera la preuve! Prenons en toute simplicité cette parole du Maître: «Quiconque demande reçoit». Il a de bonnes raisons pour nous parler sur ce ton absolu. N’affaiblissons pas sa parole par les subtilités de notre sagesse humaine. Nous ne pourrons jamais affronter les difficultés et résoudre les problèmes de la vie, si nous ne commençons pas par accepter la Parole de Dieu et les promesses qu’elle renferme, en y mettant notre ferme confiance. Inscrivez ces mots en lettres d’or dans votre chambre de prière et dans votre coeur.

 

Le Maître nous enseigne que la prière se compose de deux parties, l’une humaine et l’autre divine. La première consiste à demander, la seconde à accorder. Ces deux parties forment donc un tout; c’est comme si Dieu nous disait que nous ne devons prendre aucun repos jusqu’à ce que nous ayons obtenu une réponse.

 

Telle est sa volonté. Toute requête présentée par un enfant de Dieu doit être exaucée.

 

Si nous ne recevons pas de réponse, ne nous endormons pas dans notre paresse, nous croyant résignés et supposant qu’il n’entre pas dans les vues de Dieu de nous répondre.

 

Non, si tel est le cas, il y a quelque chose dans notre prière qui n’est pas selon sa volonté; sollicitons tout d’abord la grâce de prier de telle sorte que l’exaucement ne puisse plus nous être refusé. Il est plus facile à la chair de se résigner à n’être pas exaucé que de permettre à l’Esprit de sonder au plus profond de notre âme et de la purifier jusqu’à ce que notre prière soit ce qu’elle doit être.

 

Une des preuves les plus irrécusables de la faiblesse de la vie spirituelle de nos jours, c’est que tant de chrétiens prennent si aisément leur parti de n’avoir jamais fait l’expérience personnelle de prières exaucées.

 

Ils prient chaque jour, ils demandent beaucoup et espèrent que sur le nombre, quelques-unes de leurs prières seront entendues, mais ils ignorent ces exaucements directs qui devraient être la règle journalière de leur vie.

 

Que veut notre Père? Une communication constante avec nous, au moyen de la prière faite et exaucée. Il veut que nous lui apportions le fardeau de chaque jour, et chaque jour Il fera pour nous ce que nous lui demandons.

 

N’est-ce pas par ses réponses à leurs prières que les saints de l’Ancienne Alliance apprirent à reconnaître en Dieu, le Dieu vivant.

 

«Mais Dieu m’a exaucé, Il a été attentif à la voix de ma prière». (Ps 66:19)

 

«Je me réjouis de ce que l’Eternel entend ma voix et mes supplications». (Ps 116:1)

 

Il y a des cas où la réponse est un refus, parce que la requête n’est pas d’accord avec la Parole de Dieu. Ainsi lorsque Moïse demanda à entrer dans le pays de Canaan, il obtint une réponse, mais une réponse négative.

 

Notre Père, dans sa bonté, nous fait connaître quand Il ne peut nous exaucer. Alors écrions-nous comme le Fils de l’homme en Gethsémané: «Toutefois que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne». (Lu 22:42)

 

Il lut révélé à Moïse, le serviteur et à Christ, le Fils, que leurs requêtes n’étaient pas conformes à ce que Dieu avait décrété. À ceux qui veulent être dociles, Dieu montrera en son temps, par sa Parole et son Esprit, si leur prière est selon sa volonté ou non, Retirons notre demande si elle n’est pas d’accord avec l’Esprit de Dieu ou persévérons jusqu’à ce que la réponse nous soit donnée,

 

Que notre pauvre coeur est naturellement éloigné de Dieu, pour qu’il nous soit si difficile de nous emparer de telles promesses! Notre esprit accepte les mots et croit à leur vérité; mais la foi du coeur qui les possède et s’en réjouit est lente à venir, grâce à la faiblesse de notre vie spirituelle. Qu’elle est misérable, notre compréhension des pensées de Dieu!

 

Regardons à Jésus, prenons ses paroles eh toute simplicité, que son Esprit leur donne force et vie, afin qu’elles pénètrent notre vie intérieure. Ne soyons satisfaits que lorsque nos prières seront portées jusqu’au trône du Père, sur les ailes des paroles mêmes de Jésus:

 

«Demandez et il vous sera donné».

 

Bien-aimés condisciples à l’école de Christ, apprenons consciencieusement cette leçon. Commençons par croire implicitement à ces paroles, et à l’heure voulue, Jésus nous enseignera à les comprendre parfaitement.

 

Que les chétives expériences de notre incrédulité ne nous donnent pas la mesure de ce que notre foi peut attendre et espérer. À chaque instant de notre vie, tenons ferme cette joyeuse assurance. La prière qui s’élève de la terre et la réponse qui descend du ciel sont faites l’une pour l’autre. Confions-nous en Jésus, Il nous enseignera à prier de telle sorte que nous soyons exaucés. Il nous en donne le gage dans la parole que nous venons d’étudier: «Demandez et il vous sera donné».

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

VI

 

L’INFINIE BONTE DE DIEU

 

Lequel de vous donnera une pierre, à son fils, s’il lui demande du pain? Ou s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent? Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison, votre Père qui est dans les cieux, donnera-t-Il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent. (Mt 7:9-11)

 

Notre Seigneur confirme par ces paroles ce qu’Il a dit précédemment sur la certitude de l’exaucement. Pour nous enlever tout doute et nous montrer sur quel terrain solide repose sa promesse, Il en appelle aux expériences que nous avons faites sur la terre. Nous avons été enfants, nous savons donc ce que nous attendions de notre père, et ceux qui sont pères de famille trouvent tout naturel qu’un père écoute son enfant.

 

Le Seigneur nous invite à détourner nos regards des parents terrestres, dont les meilleurs, dit-Il, ne sont que mauvais, et de les élever jusqu’à notre Père céleste qui, lui, est parfait et de calculer COMBIEN PLUS Il donnera de bonnes choses à ceux qui les lui demandent.

 

Jésus veut nous amener à une assurance et à une confiance toujours plus grandes en notre Dieu, Pourquoi ne pas lui accorder ce que nous n’hésitons pas à donner à un père terrestre? Ces paroles si simples renferment un enseignement spirituel profond. La prière n’a de force qu’en raison du degré d’intimité qui existe entre Dieu et son enfant. Elle ne sera vraiment efficace que si ce dernier consacre sa vie aux intérêts de son Père, et jouit des privilèges qu’il en reçoit.

 

Ainsi la promesse: Demandez et vous recevrez ne reçoit son plein accomplissement qu’en raison de l’amour qui existe entre nous et notre Père céleste. Aujourd’hui notre leçon est celle-ci: -Vivons en enfant de Dieu. Présentons nos prières à ce titre-là et elles seront certainement entendues.

 

Quelle doit être la vie du véritable enfant de Dieu? Nous trouverons la réponse à cette question dans n’importe quel intérieur de famille.

 

Le fils qui, par dépit, abandonne la maison paternelle, qui n’y ressent aucune joie, qui n’éprouve aucun bonheur à obéir à son père et qui, malgré tout, continue à demander, espérant obtenir ce qu’il réclame, sera certainement déçu dans son attente.

 

Celui qui au contraire met sa joie et son bonheur dans ses relations d’amour avec son père ne tardera pas à découvrir que celui-ci n’est jamais plus heureux que lorsqu’il lui accorde ses requêtes.

 

L’Ecriture dit, dans l’épître aux: (Ro 8:14) «Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu».

 

Soyons-en certains, celui qui laissera l’Esprit de Dieu diriger sa vie, apprendra à prier, et la réponse du Père céleste dépendra du degré d’obéissance de son enfant.

 

Etudions pendant quelques instants ce que doit être cette vie d’obéissance, base de la prière et de la foi. Nous verrons dans le sermon sur la montagne que les promesses du Sauveur et ses enseignements forment un tout. Qui veut obtenir les unes, doit obéir aux autres. C’est comme si, à cette parole: «Demandez et il vous sera donné» le Seigneur ajoutait: -J’ai fait cette promesse à ceux dont j’ai dit: «Ils seront appelés fils de Dieu, ils verront Dieu». (Mt 5:8-9) J’ai fait ces promesses à ceux de mes enfants qui obéissent à ma parole: «Que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes oeuvres, et qu’ils glorifient notre Père qui est dans les cieux». (Mt 5:16) À ceux qui marchent dans l’amour du prochain: «Afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux». (Mt 5:45) À ceux qui s’efforcent d’être «parfaits comme votre Père céleste est parfait». (Mt 5:48) À ceux qui pratiquent les commandements du Père, tels qu’Il les a donnés dans, (Mt 6:1 à 18) non pour les hommes mais pour «le Père qui voit dans le secret». (Mt 6:18) À ceux qui pardonnent comme «votre Père céleste vous pardonnera aussi». À ceux qui se confiant en lui pour tous les besoins matériels «recherchent premièrement le royaume des cieux et sa justice». (Mt 6:33) À ceux qui ne disent pas seulement «Seigneur, Seigneur, mais qui font la volonté de leur Père qui est dans les cieux». (Mt 7:21)

 

Voilà ce que sont les enfants de Dieu dont la vie est consacrée au service du Père. Leurs prières, quelque nombreuses qu’elles soient, seront toujours exaucées, cela est bien évident.

 

Mais le tableau que nous venons de tracer ne pourrait-il pas décourager une âme faible?

 

S’il faut d’abord satisfaire à ce portrait d’un enfant de Dieu, n’y aura-t-il pas beaucoup de gens qui devront renoncer à tout espoir d’exaucements? Cette difficulté se résout d’elle-même si nous réfléchissons à la bienheureuse relation qui existe entre le Père et ses enfants. Il y a de grandes différences entre les enfants soit par l’âge, soit par les dons qu’ils ont reçus; mais le Père demande de tous l’abandon complet d’eux-mêmes, seul moyen de vivre dans l’obéissance et la vérité. Il a le droit d’occuper le. coeur tout entier de son enfant.

 

Dès qu’Il voit son enfant chercher loyalement à lui complaire en toutes choses, Il l’écoute et Il l’exauce. Prenons le sermon sur la montagne, pour guide de notre vie et nous acquerrons, malgré mainte faiblesse et mainte chute, une plus grande liberté pour réclamer l’accomplissement des promesses qui nous ont été faites. Les noms de Père et d’enfant n’en seront-ils pas le gage?

 

Jésus veut nous dire aujourd’hui que le secret de toute prière efficace, c’est d’avoir le coeur pénétré de l’amour paternel de Dieu. Approfondissons tout ce que ce nom de Père comporte. Supposons le meilleur des pères terrestres, pensons à la tendresse et à l’amour avec lesquels il accueille les demandes de son enfant et à la joie qu’il éprouve de les lui accorder lorsqu’elles sont raisonnables.

 

Puis élevons nos regards à l’amour paternel et infini de Dieu, en réfléchissant avec combien plus de tendresse et de joie, il aime à nous exaucer lorsque nous le prions comme Il veut être prié.

 

Ne passons pas seulement l’heure de la prière, mais notre vie tout entière sous la divine influence du Saint-Esprit. L’enfant qui ne se soucie de connaître l’amour de son père que lorsqu’il a quelque chose à lui demander, n’obtiendra rien certainement. Mais celui qui reconnaît toujours et en toutes choses Dieu pour son Père, et qui passe avec joie sa vie en sa présence, fera l’expérience que l’amour de Dieu et l’accomplissement de ses promesses sont une seule et même chose.

 

Chers compagnons de route, nous comprenons pourquoi tant de prières demeurent sans exaucements. Au lieu des éclaircissements nouveaux que nous nous attendions à recevoir, Christ résume tout dans ce cri: «Abba, Père». «Notre Père qui es aux: cieux!»

 

Voilà la clef de toute prière qui s’élèvera; jusqu’à Dieu.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

VII

 

LE DON QUI RENFERME TOUS LES DONS

 

Si donc, tout méchants que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. (Lu 11:13)

 

Dans notre dernier chapitre, nous avons étudié ces mêmes mots: COMBIEN PLUS, que le Seigneur avait prononcé dans le sermon sur la montagne. Ici en répétant ces mots, nous observons une différence. Il n’est plus question des bonnes choses données par le Père, mais du don par excellence, celui qui renferme tous les autres et celui que le Père accorde avec le plus de bonheur. N’est-ce pas alors celui que nous devons rechercher en premier lieu et avec le plus d’ardeur?

 

Jésus nous montre la valeur indicible du Saint-Esprit, Il nous en parle comme de «la promesse du Père».

 

Un père terrestre voudrait avoir la puissance de transmettre à son fils ce qu’il a de, meilleur en lui, il serait sûr ainsi de se l’attacher plus fortement, mais ce que lui ne peut pas faire, le Père céleste le peut et le veut en donnant à tous ceux qui le lui demandent, son Esprit, l’essence même de son être et de sa vie. Réfléchissons à la portée de ces paroles: Dieu donne son Esprit à son enfant sur la terre.

 

La gloire de Jésus sur la terre c’est que l’Esprit de son Père était en lui. Au moment de son baptême dans le Jourdain, la voix de Dieu l’a proclamé Fils bien-aimé, et l’Esprit de Dieu est descendu sur lui.

 

De même l’apôtre dit de nous:

 

«Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos coeurs l’Esprit de son Fils, lequel crie: «Abba, Père». (Ga 4:6)

 

Un roi cherchera, dans l’éducation qu’il fait donner à son fils, à développer chez lui un esprit que nous appellerons royal. Notre Père veut faire notre éducation en vue de la vie future, vie sainte et céleste qui est la sienne. Pour atteindre ce but, dans son grand amour, Il nous donne son propre Esprit. Après avoir offert son sang sur la croix, pour la rémission des péchés, Jésus est entré dans la gloire pour nous obtenir le don ineffable du Saint-Esprit.

 

Le Saint-Esprit nous met en communion intime avec le Père et le Fils; il est la preuve donnée par Dieu que le Père nous aime du même amour dont Il a aimé le Fils, et c’est par le Saint-Esprit que nous acquérons la place d’enfants obéissants et consacrés au Père, en imitant, dans notre vie, le modèle tracé par Jésus dans sa carrière terrestre.

 

Ne ressort-il pas alors que le premier et le principal objet de nos prières doit être ce don du Saint-Esprit? N’est-Il pas nécessaire à notre vie spirituelle?

 

Le Saint-Esprit, seul, nous permet de nous approprier tout ce qui est en Jésus, de grâce et de vérité. Si nous nous abandonnons entièrement à l’Esprit, le laissant librement agir, Il manifestera et maintiendra la vie de Christ en nous. S’il est une prière qui nous amène au trône de Dieu, et nous y retienne, c’est bien celle-ci:

 

«Que le Saint-Esprit que nous, enfants du Père, avons reçu, habite en nous puissamment et rayonne au dehors d’une vive et éclatante lumière».

 

L’Esprit répond à tous les besoins du coeur et de l’âme de celui qui croit. Arrêtons un moment notre pensée sur les noms divers qu’Il porte.

 

L’Esprit de grâce révèle et communique toute la grâce qui se trouve en Jésus. L’Esprit de foi nous enseigne à croire. L’Esprit d’adoption rend témoignage en nous-mêmes que nous sommes enfants de Dieu, et nous pousse à crier en toute confiance «Abba, Père». L’Esprit de vérité nous révèle la vérité tout entière et fait que toute parole de Dieu est pour nous esprit et vérité. L’Esprit de prière nous accorde le privilège de nous entretenir avec le Père avec l’assurance de l’exaucement. L’Esprit de sainteté manifeste la sainte présence du Père et nous la communique. L’Esprit de force nous rend capables, de témoigner hardiment notre foi et de travailler efficacement au service du Père. L’Esprit de gloire est le gage de notre héritage céleste et glorieux.

 

Ne voilà-t-il pas autant de preuves que l’enfant de Dieu a besoin surtout d’être rempli du Saint-Esprit? Jésus nous enseigne aujourd’hui que le désir ardent du Père est de nous accorder son Esprit si nous ne le lui demandons avec une foi d’enfant, nous; appuyant sur cette parole:

 

«COMBIEN PLUS le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. (Lu 11:13) Dans ces versets «Il a répandu le Saint-Esprit sur nous avec abondance», (Tit 3:6) et dans ce commandement: «Soyez remplis de l’Esprit», (Eph 5:19) nous avons la mesure de ce que Dieu veut donner et de ce que nous pouvons recevoir.

 

En tant qu’enfants de Dieu nous avons déjà reçu le Saint-Esprit, mais nous devons. continuer à demander ses dons spéciaux au fur et à mesure qu’il nous les faut, et à le posséder d’une façon plus complète et permanente. Le sarment est bien rempli de la sève que lui donne le cep, mais il faut qu’elle circule constamment en lui pour que son fruit arrive à maturité complète. Le chrétien lui aussi, joyeux de posséder le Saint-Esprit, en demandera une effusion toujours plus abondante, pour pouvoir porter plus de fruits.

 

Ceci bien établi, quand nous demandons à être remplis de l’Esprit, ne cherchons pas la réponse dans nos sentiments seulement. Saisissons par un acte de foi toutes les bénédictions spirituelles, et que notre foi soit assez complète pour qu’au moment même de la prière, nous puissions dire:

 

«Nous avons reçu ce que nous avons demandé, la plénitude de l’Esprit m’appartient désormais».

 

Persévérons avec actions de grâces dans cette prière de la foi. Que ce soit le coeur pénétré de reconnaissance pour la bénédiction reçue, que nous continuions à la demander jusqu’à ce qu’elle inonde notre être tout entier.

 

Sans la reconnaissance, et sans l’action de grâces, l’Esprit de Dieu ne prendra jamais possession peine et entière de nous.

 

Rappelons-nous la leçon que le Seigneur nous donne aujourd’hui: «S’il y a une chose dont nous puissions être sûrs en ce monde, c’est celle-ci: Le Père veut que nous soyions remplis du Saint-Esprit, et c’est sa joie de nous le donner».

 

Lorsque nous aurons appris à prier de la sorte pour ce qui nous concerne et à puiser jour après jour ce qu’il nous faut dans le trésor que nous possédons aux cieux, avec quelle liberté et quelle puissance ne prierons nous pas pour obtenir une nouvelle effusion de l’Esprit sur l’Eglise, sur tout ce qui se fait pour l’avancement du règne de Dieu et sur toute chair. Celui qui prie avec le plus de foi pour lui-même apprend à prier avec le plus de foi pour les autres.

 

Le Père donne l’Esprit-Saint à qui le lui demande, non pas en petite mesure, mais au contraire en grande abondance, surtout si on le lui réclame pour les autres.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

VIII

 

LA HARDIESSE DES AMIS DE DIEU

 

Si l’un de vous avait un ami et qu’il allât le trouver au milieu de la nuit pour lui dire: mon ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis qui voyage est arrivé chez moi, et je n’ai rien à lui offrir, et que cet ami lui répondit de l’intérieur: Ne m’importune pas, ma porte est déjà fermée, et mes petits enfants sont au lit avec moi, je ne puis me lever pour te donner ces pains. Eh bien! je vous dis alors même qu’il ne se lèverait pas pour les lui donner parce qu’il est son ami, il se lèvera à cause de son importunité et lui donnera tout ce dont il a besoin. (Lu 11:5-8)

 

Le sermon sur la montagne a été le premier enseignement, donné par le Seigneur à ses disciples, mais ce ne lut guère qu’un an plus tard qu’ils demandèrent à Jésus de leur enseigner à prier. Il leur répondit en leur donnant l’Oraison dominicale pour modèle, et leur montra comme tout à nouveau ce qu’Il leur avait déjà révélé de l’amour paternel de Dieu et de la certitude de l’exaucement.

 

Entre ces deux enseignements, Jésus a prononcé la parabole qui nous occupe ici, où Il. nous démontre la volonté de Dieu que nous priions, non seulement pour nous, mais encore pour ceux qui périssent autour de nous. Dans la prière d’intercession, une grande hardiesse est souvent nécessaire, toujours. permise et même agréable à Dieu.

 

Cette parabole est riche en instructions à cet égard. Nous y distinguons d’abord, l’amour qui cherche à secourir les malheureux qui nous entourent: Un de mes amis est arrivé chez moi. Puis l’indigence qui fait pousser ce cri: Je n’ai rien à lui offrir. Enfin la confiance que le secours lui sera accordé. Si l’un de vous a un ami et lui dise: Prête-moi trois pains. Sur le refus inattendu: Je ne puis me lever pour te donner ces pains, l’intercesseur sans se décourager, persévère dans sa requête. Alors... il se lèvera à cause de son importunité. Le premier obtient enfin la récompense de sa prière, il recevra autant qu’il en désire.

 

La pensée centrale de ce récit c’est la prière considérée comme un appel à l’amour de Dieu. Il en ressort deux leçons spéciales.

 

D’abord si nous sommes amis de Dieu et si nous nous approchons de lui en cette qualité, nous sommes amis des nécessiteux. Dès que nous aurons réalisé l’amour de Dieu pour nous, nécessairement nous en éprouverons pour notre prochain. Secondement, quand nous allons à Dieu comme ses amis, nous avons le droit de réclamer une réponse. Toute prière a pour but d’obtenir force et bénédiction pour nous-mêmes, pour les autres et tout à la gloire de Dieu.

 

C’est par la prière d’intercession qu’Abraham, Jacob, Moïse, Samuel et Elie ont montré quelle était leur puissance auprès de Dieu, et qu’ils ont remporté la victoire sur lui. De même lorsque nous cherchons à être en bénédiction à ceux qui nous entourent, nous pouvons sans crainte, compter sur la grâce de Dieu pour obtenir la victoire.

 

Seigneur! j’ai un ami qu’il me faut secourir. Ta bonté et tes richesses sont infinies, accorde-moi ce qui m’est nécessaire pour le sauver. Si moi, qui suis mauvais, je suis prêt à faire pour mon ami tout ce que je pourrai, combien plus toi, mon ami céleste, voudras-tu m’accorder ce que je te demande.

 

Une question se pose ici. Si l’amour paternel de Dieu ne nous donne pas une confiance entière en la puissance de la prière, la pensée de son affection en tant qu’Ami le fera-t-elle davantage?

 

Quand l’enfant obtient de son père ce qu’il lui demande, nous sommes tentés de croire qu’il est tout naturel au père de le lui accorder. Avec un ami la liberté est plus en jeu, donc la bonté a plus de prix, dépendant moins des relations de la nature que du caractère et du degré de sympathie. La position de l’enfant est celle d’une dépendance absolue vis-à-vis du père. Deux amis, même d’âge ou de rangs, différents, sont beaucoup plus sur un pied d’égalité.

 

Notre Seigneur en nous expliquant la prière veut que nous nous approchions de Dieu en qualité d’amis, aussi bien que d’enfant, et nous le pouvons lorsque notre vie et l’Esprit qui nous animent sont d’accord avec sa volonté. Nous devons vivre sur un pied d’intimité avec Dieu. Nous sommes toujours enfants du Père quand bien même nous serions éloignés de lui, mais nous ne saurions être amis que par une constante fidélité.

 

«Vous êtes donc mes amis, si vous faites ce que je vous commande». (Jn 15:14)

 

«Tu vois que la foi agissait avec ses oeuvres et que par les oeuvres la foi lut rendue parfaite. Ainsi s’accomplit ce que dit l’Ecriture: Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice, et il fut appelé ami de Dieu.» (Jas 2:23)

 

C’est le même Esprit (1Co 12:4) qui nous aide dans la prière, et si nous vivons en amis de Dieu, nous serons libres de dire: «Oui, j’ai un ami auquel je puis aller même à minuit».

 

Dieu a égard au but que nous nous proposons en le priant. Si nous n’avons que nous-mêmes en vue, nous ne recevrons pas tout ce que nous voudrions, mais s’II voit que notre désir est de le glorifier en devenant une source de bénédictions pour autrui, nous n’aurons pas prié en vain. D’autre part, si nous attendons, pour prier en faveur des autres que Dieu nous ait rendus assez riches pour qu’aucun sacrifice ne nous soit plus nécessaire, nous n’obtiendrons rien. Au contraire, si nous pouvons nous rendre le témoignage que nous avons fait un effort en faveur d’un ami malheureux, et que malgré notre indigence nous avons commencé une oeuvre d’amour envers lui, sachant que notre ami céleste viendra à notre aide, soyons certains que notre prière sera exaucée.

 

Cependant l’exaucement ne vient pas toujours tout de suite. C’est par la foi que nous honorons Dieu; dans la prière d’intercession la foi est aussi mise à l’épreuve. Cette prière-là est la véritable pierre de touche de notre amour pour Dieu et notre prochain. Par elle on jugera si nous aimons réellement les pécheurs, jusqu’à sacrifier nos aises, à nous lever à minuit pour aller implorer ce qui leur est nécessaire et à ne prendre aucun repos que nous ne l’ayions obtenu. Par elle aussi on reconnaîtra que nos rapports avec Dieu sont ceux de l’ami avec son intime.

 

Prions donc jusqu’à complet exaucement!

 

Quel mystère! Dieu a fait la promesse, Il est parfaitement résolu à en accorder l’accomplissement, et toutefois Il la fait attendre! N’oublions pas qu’il est de souveraine importance que les chrétiens se confient pleinement en leur céleste ami et nous comprendrons mieux l’intention éducatrice de Dieu par l’exaucement différé.

 

Il veut leur enseigner que la persévérance est nécessaire pour remporter la victoire, et qu’ils possèdent une arme puissante s’ils veulent s’en servir.

 

Il y a une foi qui tout en connaissant la promesse, n’en obtient cependant pas la réalisation.

 

«C’est dans la foi qu’ils sont tous morts sans avoir obtenu les choses promises. Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n’ont pas obtenu ce qui leur était promis». (Heb 11:13,39)

 

La réponse différée, et la promesse restant sans réalisation sont cette épreuve de la foi qui est plus précieuse que l’or, et qui a pour but de la purifier et de la fortifier. Le fidèle doit s’emparer de cette promesse et ne l’abandonner que lorsqu’il a obtenu ce qu’il réclame.

 

Que tout enfant de Dieu au service de son Père prenne courage! Que les parents et les enfants, le moniteur et ses élèves, l’ancien et le diacre dans leurs visites, le pasteur et son troupeau, que ceux qui dans quelque sphère que ce soit portent le message du salut à ceux qui périssent, que tous ceux-là, en un mot, prennent courage!

 

Si par notre importunité, nous parvenons à triompher de l’indifférence égoïste d’un ami terrestre, que de grandes et merveilleuses choses par une importunité semblable, n’arriverons-nous pas à conquérir auprès de l’Ami céleste qui aime à donner bien qu’Il soit constamment retenu dans sa générosité, par notre incapacité à profiter de ses trésors.

 

Rendons-lui grâces de ce qu’en différant sa réponse, Il fait notre éducation en nous amenant à une communion plus intime avec lui et à une foi plus grande en ses promesses. Tenons-nous ferme à ce câble à trois cordes que rien ne peut rompre: l’ami affamé réclamant un service, l’ami en prière cherchant à secourir, et l’ami Tout-puissant aimant a donner, tout ce qui lui est demandé.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

IX

 

LA PRIERE PREPARE LES OUVRIERS

 

Alors Il dit à ses disciples: La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. (Mt 9:37,38)

 

Le Seigneur a souvent enseigné à ses disciples qu’il faut prier et continent il faut prier, mais Il leur a rarement dit ce qu’il faut demander, il s’en est remis à leur sentiment personnel, et à la direction de l’Esprit. Ici, nous avons un sujet de prière positif. Si nous nous rappelons qu’il y a une grande moisson toute prête, et peu d’ouvriers pour la recueillir, nous supplierons le Maître de la moisson d’en envoyer un grand nombre.

 

Ici, comme dans la parabole de l’ami survenant à minuit, Il veut que notre prière ne soit pas égoïste, mais qu’elle devienne le canal de riches bénédictions pour d’autres.

 

N’est-il pas étrange que le Maître de la moisson exhorte ses disciples à demander un accroissement d’ouvriers? Ne pourrait-Il pas y pourvoir sans cela? Ne sait-Il pas que les ouvriers manquent?

 

Ces questions touchent aux profondeurs mystérieuses de la prière et de sa puissance (dans le royaume de Dieu. La prière n’est en effet, ni une forme ni un symbole, mais une force d’où dépend la récolte de la moisson et la venue du règne de Dieu.)

 

«Voyant la foule, Jésus fut ému de compassion pour elle, parce qu’elle était languissante et abattue comme des brebis qui n’ont point de berger». (Mt 9:36)

 

Il sollicite alors ses disciples de prier le Père d’envoyer des ouvriers. S’Il le fit c’est qu’Il savait leur prière nécessaire et efficace.

 

Le voile qui nous cache le monde invisible était transparent pour l’âme sainte et cependant humaine de Jésus. La relation secrète entre la cause et l’effet dans le monde spirituel n’était point un mystère pour lui. Il savait que Dieu en appelant Abraham, Moïse. Josué, Samuel, Daniel à exercer en son nom leur avait en même temps conféré le droit d’appeler à leur secours la force d’en Haut, à mesure qu’ils en auraient besoin. Jésus savait que Dieu avait confié son oeuvre à ces hommes du temps passé avant qu’Il la lui remît pour un temps et qu’à soli tour lui, Jésus, la transmit à ses disciples. Il savait aussi que lorsqu’Il en chargerait ceux-ci, ce ne serait point une figure, mais une réalité et que de leur fidélité ou de leur infidélité dépendrait le succès de cette oeuvre

 

Dans les limites de son corps humain, Jésus ne pouvait presque rien pour ses brebis perdues, et les voyant sans guide et sans pasteur, Il lui tardait de les voir dirigées et nourries avec vigilance et sollicitude. C’est pourquoi il s’adresse à ses disciples et les exhorte à se mettre à l’oeuvre par la prière, afin que lorsqu’ils lui auront succédé sur la terre, leur première requête au Père soit, celle-ci:

 

«Envoie des ouvriers dans ta moisson».

 

En confiant son oeuvre à ses disciples le Maître fait dépendre le succès en grande partie d’eux-mêmes. Pour les aider, Il leur donne le droit de s’adresser à lui pour obtenir des ouvriers qui puissent coopérer avec eux.

 

Combien les chrétiens s’affligent peu du manque d’ouvriers dans le champ qui est le monde et pourtant la moisson est blanche! Combien peu d’entre eux croient pouvoir obtenir, par leur prière, les ouvriers nécessaires. Nous ne disons pas qu’ils ne s’aperçoivent pas de cette disette, et nous ne nions pas les efforts partiels qui sont faits pour y suppléer. Combien peu cependant les chrétiens portent le fardeau de ces brebis errantes, sans berger pour les conduire et vouées à un malheur certain!

 

Christ a donc remis entièrement son oeuvre entre les mains de ses disciples, Il s’est rendu dépendant d’eux, Il les considère comme son corps qui seul peut accomplir son travail. Il a donné à son peuple un pouvoir si réel, s’exerçant dans le ciel et sur la terre, que le nombre de ses ouvriers et le résultat obtenu dépendent absolument de la prière des siens.

 

Oh! pourquoi n’obéissons-nous pas plus consciencieusement à cet ordre du Maître? Pourquoi ne crions-nous pas à lui plus instamment pour obtenir des ouvriers? Pour deux raisons: Nous manquons de cette compassion de Jésus, qui a provoqué cet ordre; aimons notre prochain comme nous-mêmes et nous comprendrons que ceux qui périssent loin de Dieu sont un dépôt dont nous sommes responsables. Envisageons-les non seulement comme un champ de travail, mais comme des frères à aimer, et nous nous écrierons avec ferveur:

 

«Seigneur! envoie des ouvriers dans ta moisson!»

 

Puis nous manquons de foi. En général nous croyons trop peu que la prière puisse produire des résultats précis. Mais plus notre coeur sera rempli d’amour, plus nous crierons au secours, plus notre incrédulité fera place à une foi toujours plus vivante. Nous ne vivons pas assez dans la communion de Dieu. Nous ne sommes pas assez consacrés à son service pour avoir la certitude inébranlable que Dieu nous exaucera uniquement parce que nous le prions. Si notre vie est une avec Christ nous demanderons et obtiendrons une double bénédiction.

 

Ne faut-il donc pas, tout d’abord implorer le Seigneur pour que le nombre de ceux consacrés à son service soit augmenté!

 

Quelle honte pour l’Eglise de Christ que trop souvent on ne puisse trouver des serviteurs dévoués comme pasteurs, missionnaires ou évangélistes! Que les enfants de Dieu en fassent un sujet spécial de supplication, soit personnel, soit avec leurs frères, et quel levier puissant dans le monde! Car cela leur sera accordé. Le Seigneur Jésus est le Maître de la moisson. Il est monté au ciel pour en faire descendre les dons de l’Esprit. Le plus précieux de ces dons n’est-ce pas d’avoir des ouvriers remplis du Saint-Esprit? Mais pour que ces grâces soient accordées et réparties, il faut que le Chef et les membres de l’Eglise y coopèrent.

 

C’est par la prière que cette coopération peut avoir lieu. Les fidèles seront encouragés à persister dans leurs supplications à mesure qu’ils obtiendront l’exaucement et qu’ils verront les ouvriers à l’oeuvre.

 

La seconde bénédiction à réclamer n’est pas moindre. Tout croyant est ou doit être un ouvrier. Il n’est pas un des rachetés de Christ qui n’ait son travail spécial à, accomplir. Prions donc que le peuple de Dieu soit tellement rempli de dévouement que tous ses membres deviennent actifs au travail dans la vigne de Dieu. Partout où l’on se plaint du manque d’ouvriers capables de faire l’oeuvre de Dieu, qu’on se rappelle que la prière a la promesse d’un secours. Il n’est pas d’école du dimanche, de visites à domicile, d’oeuvres de relèvement ou de sauvetage, de classes bibliques, d’oeuvres d’évangélisation pour lesquelles Dieu ne soit prêt à envoyer des ouvriers, ayant toujours en réserve ce qui est nécessaire à chacune. Il faudra probablement du temps, l’importuner même, mais son commandement est la garantie que notre prière sera entendue et exaucée:

 

«Je vous le dis, quand même il ne se lèverait pas pour les lui donner parce que c’est son ami, il se lèverait à cause de son importunité et lui donnera tout ce qu’il désire». (Lu 11:8)

 

Quelle glorieuse promesse! Nous pouvons, par la prière, pourvoir aux besoins du monde et assurer des serviteurs à l’oeuvre de Dieu!

 

Oui, parce que Christ qui nous a ordonné de prier spécialement dans ce but, appuiera auprès du Père, les prières offertes en son nom, pour l’avancement de son règne.

 

Mettons à part du temps pour cette partie de notre oeuvre d’intercession, et nous arriverons à une communion intime avec celui dont le coeur plein de miséricorde et de compassion réclame nos prières. Nous apprécierons notre position royale de coopérateurs dans l’avancement du règne de Dieu. Nous nous sentirons réellement ouvriers avec lui et nous comprendrons aussi que c’est par défaut de prières qu’une foule de bénédictions n’auront pas été accordées et reçues.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

X

 

IL FAUT QUE LA PRIERE SOIT DEFINIE

 

Jésus prenant la parole, lui dit: Que veux-tu que je te fasse? (Mr 10:51)

 

Quand Jésus se fut rapproché, Il lui demanda: Que veux-tu que je fasse pour toi? (Lu 18:41)

 

L’aveugle criait depuis longtemps: «Fils de David, aie pitié de moi!» Jésus savait de quoi ce malheureux avait besoin, Il était prêt à le lui accorder, mais avant de répondre, Il lui adresse cette question:

 

«Que veux-tu que je te fasse?»

 

Le Seigneur veut qu’il ne se borne pas à cette demande vague: «Fils de David, aie pitié de moi», mais qu’il spécifie son désir.

 

Aujourd’hui le Seigneur pose cette même question à plus d’un suppliant, et jusqu’à ce qu’il ait répondu catégoriquement il n’obtiendra pas le secours réclamé. Nos prières ne doivent pas être un appel vague à la miséricorde de Dieu, mais la sollicitation d’un secours positif. Non pas que Jésus ne comprenne ou n’entende pas notre cri quel qu’il soit, mais c’est pour nous-mêmes qu’Il nous engage à formuler nos prières. Il veut que nous nous rendions exactement compte de ce qui nous manque. C’est la pierre de touche par laquelle Dieu éprouve la sincérité de nos requêtes et juge de notre persévérance dans l’oraison.

 

Une demande nette et définie nous met à même de constater si nos prières sont d’accord avec la Parole et la volonté de Dieu, et de juger du degré de notre foi. Cette prière-là nous autorise à attendre un exaucement spécial à une supplication spéciale, et surtout à le reconnaître au moment où il nous est accordé.

 

Trop souvent nos prières sont vagues et sans but! Les uns demandent grâce, sans prendre la peine de s’informer de ce que cette grâce fera pour eux. D’autres supplient d’être délivrés du péché et n’ont pas l’idée de nommer le péché particulier dont Ils sont les esclaves. D’autres prient pour que la bénédiction de Dieu repose sur ceux qui les entourent, ou que l’Esprit de Dieu soit répandu en abondance dans leur pays et le monde entier, mais ils n’ont aucun champ spécial de travail où ils pourraient attendre et constater l’exaucement. À tous ceux-là, Jésus leur dit:

 

«Que veux-tu que je lasse pour toi? Qu’attends-tu de moi?»

 

Le chrétien n’a qu’un pouvoir très limité d’action; de même qu’il doit circonscrire son travail dans un champ spécial, de même aussi doit-il donner une forme définie à sa prière.

 

Chacun de nous a son cercle intime de parents, d’amis, de voisins; s’il prend l’habitude de les présenter un à un, en les nommant par leur nom, dans ses prières, il ne tardera pas à découvrir que c’est une bonne école pour sa foi, et peu à peu, ses relations avec Dieu deviendront plus personnelles et plus positives.

 

C’est lorsque nous aurons reçu les dons particuliers que nous avons réclamés avec foi que nos prières seront plus ferventes, plus pressantes et plus efficaces.

 

Nous n’avons pas oublié la surprise avec laquelle nous avons appris, il y a quelques années, la manière dont les troupes régulières anglaises avaient été repoussées par les Boërs du Transvaal, à Majuba. À quoi les Boërs ont-ils dû leur succès? Dans les armées civilisées, les soldats tirent sur l’ennemi en masses compactes et ne visent pas chacun un homme en particulier. Le Boër a appris, à la chasse, une toute autre méthode. Son oeil exercé dirige son arme vers un but précis. Il cherche et il atteint son ennemi. Dans le monde spirituel, usons de ce moyen-là. Tant que nos prières se répandront en demandes vagues sans se proposer aucun but positif, il faut nous attendre à ce que bon nombre d’entre elles ne seront jamais exaucées. Il en sera tout autrement si dans le silence et le recueillement, en présence de Dieu, nous nous posons des questions telles que celles-ci:

 

Qu’est-ce que je désire au fond? Est-ce que je le désire avec foi? Est-ce que j’en attends l’accomplissement avec certitude? Puis-je placer cette requête sur le coeur du Père et l’y laisser? Suis-je d’accord avec Dieu? Ai-je le droit de compter sur un exaucement?

 

De la sorte, nous apprendrons à faire connaître à Dieu nos besoins bien définis. C’est pour nous amener à ce point que le Seigneur nous met en garde contre les vaines redites, des Gentils, qui croient que de longues prières sont indispensables pour l’exaucement. Bien souvent, après avoir entendu de ferventes prières, le Seigneur serait en droit de nous demander: Que veux-tu donc que je te lasse?

 

Si je me trouve en pays étranger pour m’occuper des affaires de mon père, il est évident que j’écrirai deux espèces de lettres très différentes. Celles à ma famille seront pleines de détails sur ma vie intime, tandis que les lettres d’affaires ne traiteront que de négoce. Peut-être y en aura-t-il qui participeront des deux caractères. Les réponses seront en rapport avec la nature des lettres. Je ne m’attendrai pas à en recevoir répondant à chacune de mes réflexions sur moi ou ma famille. Mais pour ce qui concerne la maison de commerce, je suis en droit de compter sur une réponse catégorique, point par point. Dans nos rapports avec Dieu il ne faut pas que l’élément affaire soit négligé.

 

Soit que nous lui confessions nos péchés, soit que nous lui exprimions nos besoins, notre amour, notre foi ou notre volonté de nous consacrer à lui, nous devons le faire clairement. La Parole de Dieu nous l’enseigne, Jésus ne nous dit pas:

 

«De quoi as-tu envie?» mais: «Que veux-tu que je te fasse?»

 

Bien souvent on désire une chose sans la vouloir. J’aimerais posséder un certain objet, mais le prix en est trop élevé pour moi, donc j’y renonce. J’en ai envie, mais je ne le veux pas. Le paresseux désire être riche, mais il ne le veut pas. Plus d’un a désiré être sauvé, mais il a péri parce qu’il ne l’a pas voulu. La volonté doit dominer le coeur et la vie. Si je veux réellement une chose et qu’elle soit à ma portée, je n’aurai pas de repos que je ne la possède. De même lorsque Jésus nous dit: Que veux-tu? Il nous demande si c’est bien notre ferme volonté d’obtenir ce que nous réclamons, à n’importe quel prix.

 

Sommes-nous tellement décidés que quelque délai qu’Il mette à nous répondre, nous ne nous lassions pas de le lui demander jusqu’à ce que nous l’ayons obtenu? Hélas! que de prières qui ne sont que des désirs, sitôt oubliés qu’exprimés; requêtes faites comme un devoir sans trop nous soucier de les voir s’accomplir.

 

Mais, nous demandera-t-on, peut-être vaut-il mieux exposer nos désirs à Dieu et le laisser décider dans sa sagesse sans chercher à imposer notre volonté? Absolument pas!

 

La prière que Jésus enseigne ici à tous ses disciples ne consiste pas seulement à faire connaître leurs besoins à Dieu et à s’en remettre à sa décision; c’est là, la prière de soumission laquelle a sa raison d’être quand nous ne discernons pas clairement la volonté, du Père. La prière de la foi, qui connaît la volonté de Dieu et ses promesses, supplie jusqu’à l’obtention de l’exaucement.

 

Dans, (Mt 9:28) Jésus dit aux aveugles: «Croyez-vous que je puisse faire cela?»

 

Dans notre texte : (Mr 10:51) «Que veux-tu que je te lasse?» Il déclare dans ces deux cas, que la foi les a sauvés, de même qu’à la Syro-Phénicienne lorsqu’Il lui dit: «Femme, ta foi est grande, qu’il te soit fait comme tu le désires». (Mt 15:28)

 

La foi, c’est la volonté s’appuyant sur la Parole de Dieu et disant: «Il faut que je l’obtienne!» Mais cette volonté ne peut-elle pas se trouver en opposition avec notre dépendance de Dieu et la soumission que nous lui devons? Nullement; au contraire, c’est la vraie soumission, celle qui honore Dieu. Ce n’est que lorsque l’enfant de Dieu a identifié propre volonté avec celle du Père qu’il reçoit de lui la liberté, le droit et la faculté de vouloir ce qu’Il veut. Une fois la volonté de Dieu révélée et acceptée, le devoir du croyant est d’employer au service de Dieu sa propre volonté renouvelée.

 

La volonté est la puissance suprême de l’âme, et la grâce de Dieu a pour but spécial de la restaurer et de la sanctifier. Elle est l’un des éléments essentiels de l’image de Dieu en nous. Rendue à elle-même, affranchie et renouvelée, elle pourra dès lors s’employer librement pour Dieu.

 

Un fils, qui ne vit que pour les intérêts de son père et qui ne cherche pas à faire sa volonté propre, finira par gagner toute la confiance de celui-ci, qui lui remettra toutes ses affaires entre les mains. Dieu en agit de même avec son enfant lorsqu’Il lui dit: «Que veux-tu que je fasse pour toi?»

 

Il ne faut pas mettre sur le compte de l’humilité, ce qui n’est trop souvent que paresse spirituelle, à savoir: l’abandon de toute volonté, le laisser-aller qui redoute la peine de rechercher la volonté de Dieu, ou même lorsque celle-ci est connue, n’ose pas la réclamer par la foi.

 

L’humilité vraie marche de pair avec une foi virile, la seule qui, s’identifiant avec la volonté de Dieu, peut réclamer hardiment l’accomplissement de cette promesse:

 

«Tout ce que vous demanderez en mon nom, croyez que vous le recevez, et vous le verrez s’accomplir». (Mr 11:24)

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XI

 

LA FOI QUI SAISIT

 

C’est pourquoi je vous dis: Tout ce que vous demanderez dans vos avez foi que vous l’avez reçu et vous le verrez s’accomplir. (Mr 11:24)

 

Quelle promesse! Elle est si grande, si divine, que si nous ne la limitons pas, elle suffit pour convaincre nos coeurs de ce que l’amour de Dieu veut accomplir pour nous! Recevons-la sans restriction! Elle nous donnera une force et une énergie dont nous ne nous doutons pas.

 

La foi n’est pas seulement une conviction ‘de la vérité de la Parole de Dieu, ou une conclusion naturelle de certaines prémisses. L’oreille a entendu ce que Dieu veut faire, l’oeil le lui a vu accomplir, dès lors si la foi est sincère, la réponse à la prière viendra. Seulement veillons à remplir la condition imposée lorsque nous prions

 

«Ayez foi que vous l’avez reçu» et Dieu l’accomplira. La note dominante de la prière de Salomon: «Béni soit l’Eternel, le Dieu d’Israël qui a parlé de sa bouche à David, mon père, et qui accomplit par sa puissance, ce qu’Il avait déclaré», (2Ch 6:4) devrait être celle de toute prière véritable.

 

Adorons joyeusement en unissant nos voix. à ceux qui chantent de coeur:

 

«Ce que sa bouche a dit, sa main l’accomplira». Ecoutons dans cet esprit-là la promesse de Jésus; chacune de ses paroles renferme un message divin.

 

Tout ce que vous demanderez. Dès ce premier mot notre sagesse humaine se met à douter et à se demander: «Pouvons-nous prendre cette promesse au pied de la lettre?» Si ce n’était pas vrai pourquoi donc le Maître t’aurait-il dit, en employant l’expression la plus forte: TOUT. Ce n’est pas la seule fois qu’Il s’en sert: «Tout est possible à celui qui croit». (Mr 9:23) «Si vous aviez la foi, rien ne vous serait impossible». (Mt 17:20)

 

La foi, oeuvre de l’Esprit, agit dans le coeur du disciple, préparé par la parole divine, si complètement qu’il est impossible que l’accomplissement de la promesse ne se manifeste pas.

 

«Tout ce que vous demanderez dans vos prières, ayez foi... et vous le verrez s’accomplir».

 

La volonté humaine ajoute volontiers ici certaines restrictions: «Si telle est la volonté de Dieu», «Si cela nous est bon», tout cela pour affaiblir une déclaration qui pourrait sembler dangereuse.

 

Gardons-nous d’en agir ainsi avec les paroles du Maître! Sa promesse est littéralement vraie. Il veut que son tout, si souvent répété, pénètre dans notre coeur, pour lui révéler la puissance de la foi. Le Père met à la disposition de son enfant sa propre force, à la condition toutefois que son enfant place eh Lui toute sa confiance. Atténuer les paroles du Père, c’est atténuer la foi elle-même. «Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai». (Jn 14:13) Ces paroles sont sans condition, sans restriction, il faut, seulement les saisir par la foi.

 

Avant d’arriver à croire, nous avons à chercher quelle est la volonté de Dieu. Croire est l’acte d’une âme vaincue et soumise à l’influence de la Parole et de l’esprit. Une fois que nous croyons réellement, rien ne nous sera impossible. Que Dieu nous préserve de rabaisser son tout au niveau de ce que nous croyons possible. Que le verset de Jn 14:13 soit dès à présent la mesure de ce que doit être notre foi, et nous porterons des fruits abondants.

 

«Tout ce que vous demanderez dans vos prières». C’est par la prière que nous pouvons tout demander; partant, tout recevoir. Il est évident que la foi doit précéder la prière, et cependant, la foi, à son tour, est le développement de la prière. Par une communion intime avec le Sauveur, la foi peut s’emparer de ce qui lui paraissait d’abord inaccessible. C’est par la lumière reçue d’En-haut que nous pouvons sonder les motifs qui ont dirigé nos prières et que nous prouverons que nous les avons réellement adressées, au nom de Jésus et pour la seule gloire de Dieu.

 

Souvent c’est dans la prière que nous touchons au doigt notre manque de foi, de persévérance, de hardiesse. Celui qui perd courage à prier ou qui attend d’avoir la foi nécessaire pour obtenir une réponse, celui-là n’apprendra jamais à croire. Celui qui vient à bleu avec la foi qu’il possède fera l’expérience que nulle part le Saint-Esprit n’est accordé aussi certainement qu’au pied du trône de grâce.

 

Ayez foi que vous l’avez reçu. Nous devons croire que nous recevrons la chose même que nous demandons. Le Sauveur ne nous donne pas à entendre que le Père, parce qu’Il sait mieux que nous ce qui nous convient, nous donnera autre chose que ce que nous lui demandons. Bien souvent la paix divine qui inonde notre coeur, est la réponse à certaines supplications, lors même que nous ne savons pas si notre demande est de celles que Dieu peut nous accorder. En tant qu’enfants du Père, nous lui présentons journellement nos désirs pour les mille détails de la vie, nous remettant à sa sagesse pour nous les accorder ou non.

 

Mais la prière de la foi, dont Jésus parle ici, est différente et en quelque sorte d’un degré plus élevé. Jugez-en.

 

Si notre âme arrive à saisir que rien n’honore plus le Père que notre conviction arrêtée qu’il tiendra toutes ses promesses envers nous, qu’il s’agisse des grands intérêts de son oeuvre ou des moindres détails de notre vie, il ne sera pas difficile à notre âme de croire que Dieu nous accordera tout ce que nous lui demandons. Le contraire serait l’offenser! Ces paroles ne sont-elles pas assez claires?

 

Tout... ayez foi que vous L’AVEZ REÇU.

 

Ces deux derniers mots auxquels est attachée une si grande bénédiction, sont d’une importance capitale, et malheureusement, bien souvent mal compris.

 

Croyez que VOUS L’AVEZ REÇU à présent, pendant votre prière même. lise peut que vous ne voyiez ni ne réalisiez encore, il se peut que ce ne soit que plus tard que vous touchiez au doigt l’exaucement de votre prière en en faisant l’expérience personnelle. Mais dès aujourd’hui vous avez à croire que le Père céleste vous a donné ce que vous lui avez demandé. Croire à l’exaucement d’une prière, n’est-ce pas le même acte de foi que celui par lequel nous acceptons de Jésus le pardon et le salut qu’Il nous a acquis, ou quelqu’autre don spirituel.

 

Lorsque je supplie Dieu de me pardonner, je crois que Jésus est mon avocat auprès du Père, qu’Il intercède pour moi. Je l’accepte comme tel. Si je réclame quelque don qui soit en harmonie avec la Parole de Dieu, je crois qu’il me sera accordé, je le saisis par la foi et j’en rends grâces à Dieu.

 

«Si nous savons qu’Il nous écoute, quelque chose que nous lui demandions, nous le savons parce que nous obtenons ce que nous lui avons demandé». (1Jn 5:15) Et vous le verrez s’accomplir. Ce don que nous saisissons d’abord par la foi, certains que nous sommes qu’il nous a été accordé dans le ciel, deviendra tout aussi certainement nôtre par une expérience personnelle.

 

Est-il nécessaire de continuer à prier pour une grâce spéciale lorsque nous avons la certitude que nous avons reçu ce qui faisait l’objet de notre demande?

 

Il est des cas où ce ne sera pas nécessaire parce que la bénédiction se sera manifestée immédiatement, mais à la condition que nous en ayons l’assurance en nous-mêmes et que nous montrions notre foi par nos actions de grâces et nos louanges, pour l’exaucement obtenu, quand bien même l’expérience matérielle se ferait encore attendre.

 

Il est d’autres cas où il faut que la foi qui a reçu son exaucement, soit encore purifiée, épurée et affermie par une prière persévérante.

 

Dieu seul sait quel est le bon moment poux nous accorder la manifestation sensible de la grâce qu’Il accorde à notre foi. Elie savait que la pluie viendrait, Dieu l’avait promise et pourtant il dut prier jusqu’à sept fois avant d’en avoir le moindre indice. Sa prière n’était certes pas formaliste; il y apportait une intensité spirituelle profonde, ardente et réelle, parce qu’il avait conscience de l’efficacité de la réponse d’En-haut.

 

C’est par la foi et par la patience que nous héritons la promesse. La foi peut dire avec certitude: «Je l’ai reçu», et la patience persévère jusqu’à ce que le don accordé dans le ciel soit manifesté sur la terre.

 

«Ayez la foi que vous l’avez reçu et vous le verrez s’accomplir». (Mr 11:24)

 

Entre le: vous l’avez reçu dans le ciel et le: vous le verrez s’accomplir sur la terre, CROYEZ. La foi est le lien entre la prière et Faction de grâces.

 

Lorsque nous levons les yeux vers les cieux ouverts et vers le Père qui, de son trône, offre, et promet de nous accorder tout ce que nous demanderons avec foi, rappelons-nous, les coeurs pleins de confusion, à quel point nous nous sommes peu prévalus de ce magnifique privilège. À l’avenir, emparons-nous plus complètement de ce que le Seigneur met si libéralement à notre portée.

 

Ce qui doit nous rendre joyeux dans l’espérance c’est que c’est Jésus lui-même qui nous a apporté ce message du Père; ce même Jésus qui lors de sa vie terrestre menait une vie de foi et de prière; ce même Jésus qui ayant condamné le figuier, assura à ses disciples étonnés que par la foi ils pouvaient mener une vie semblable à la sienne, et donner des ordres aux figuiers, aux montagnes, certains d’être obéis. Jésus est notre vie, Il vit en nous. Il donne réellement ce qu’Il promet. Par lui, nous avons la foi, et c’est lui qui la perfectionne en nous. Dès lors que craindrions-nous?

 

Cette foi peut devenir le partage de chacun des enfants du Père, elle est à la portée de tous ceux qui acceptent la volonté du Père, et se confient à son amour et à sa parole.

 

Chers frères en Christ! Que cette parole inscrite en tête de ce chapitre, apportée par Jésus, Fils de Dieu, notre frère, nous redonne bon courage. Que notre réponse soit: Oui cher Sauveur, nous croyons à ta Parole, nous croyons que nous recevons lorsque nous te demandons!

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XII

 

LE SECRET DE LA PRIERE DE LA FOI

 

Et Jésus leur répondit: Ayez la foi de Dieu. En vérité, je vous le dis: si quelqu’un dit à cette montagne; ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et s’il ne doute point en son coeur, mais qu’il ait foi en l’accomplissement de sa parole, cela se fera. C’est pourquoi je vous dis: Tout ce que vous demanderez dans vos prières, ayez foi que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir (Mr 11:22-24)

 

La promesse d’un exaucement assuré, sujet de notre précédente leçon, est l’une des plus remarquables de l’Ecriture.

 

Dans combien de coeurs, aura-t-elle fait naître cette question: «Comment parvenir à la foi qui sait avec certitude qu’elle reçoit tout ce qu’elle demande?»

 

C’est précisément à cette question que notre Seigneur veut répondre aujourd’hui.

 

Avant de faire cette admirable promesse à ses disciples, Il a prononcé une parole qui nous montre à quelle source la foi puise sa force.

 

AYEZ LA FOI DE DIEU. Ces Mots, précédant immédiatement la promesse, nous disent pourquoi nous pouvons croire à l’exaucement.

 

La possibilité de croire à une promesse dépend entièrement de la confiance que nous avons eh celui qui l’a faite. La confiance que nous avons en la personne a pour conséquence naturelle, la confiance aux paroles qu’elle prononce. Ce n’est que lorsque nos relations avec Dieu sont permanentes, personnelles et pleines d’amour, lorsqu’Il est TOUT pour nous, lorsque sa sainte présence se révèle en nous, que l’assurance qu’Il nous accordera ce que nous lui demanderons, ira en grandissant et en se développant.

 

Nous verrons clairement le rapport qui existe entre la foi en Dieu, et la foi que nous devons avoir à sa promesse, lorsque nous aurons mieux compris ce qu’est réellement la foi.

 

On l’a comparée quelquefois à la main et à la bouche qui prennent et s’approprient ce qui leur est offert. Mais la foi est plus encore, elle est aussi l’oreille qui a entendu la promesse, et l’oeil qui voit l’objet de cette promesse.

 

Il faut que j’entende la personne qui me fait une promesse et le ton même de sa voix m’encouragera à croire. Il faut aussi que je la voie, son regard, sa physionomie suffiront à dissiper toutes mes craintes, tous mes doutes. Il est de toute importance de bien connaître celui qui fait la promesse pour que notre foi soit complète. C’est pour cela que Jésus avant de faire cette merveilleuse promesse, attachée à la prière, a dit cette parole: Ayez foi de Dieu. Que notre regard soit fixé sur le Dieu vivant, qu’il contemple Celui qui est invisible. C’est par les yeux que nous subissons l’influence de ce qui se trouve devant nous, et c’est à nous à veiller pour que cette influence reçue par les yeux, pénètre jusqu’à notre âme et à notre être intérieur tout entier.

 

Croire en Dieu, c’est regarder à lui, voir ce qu’Il est, lui permettre de se révéler à nous, lui en donner le temps et nous abandonner à lui tout entier, sans résistance. C’est ouvrir notre âme à son amour ineffable, et nous en laisser complètement envelopper. Oui, c’est par la foi que la lumière de sa présence et de sa puissance rayonne dans notre âme.

 

La foi est encore, nous l’avons dit, l’oreille par laquelle nous entendons la voix de Dieu, et qui nous permet de communiquer avec lui. Le Père nous parle par le Saint-Esprit, le Fils est la Parole, et l’Esprit la voix vivante, si nous pouvons nous exprimer ainsi. Il faut à l’enfant de Dieu cette unité en trois parties pour le guider et le diriger. Il lui faut cette voix céleste pour lui enseigner, comme elle l’a fait pour Jésus, ce qu’il doit dire, ce qu’il doit faire. Une oreille ouverte à la voix de Dieu. c’est-à-dire un coeur croyant, humble et sincère, désireux d’écouter ce qu’Il a à lui dire, l’entendra certainement. Ses paroles ne seront pas seulement celles d’un livre, mais procédant de la bouche même de Dieu elles seront esprit, vie, vérité et force; elles apporteront comme un lait réel ce qui sans cela n’aurait jamais été qu’une simple pensée. De même que les mots que mon oreille perçoit entrent dans mon esprit, y pénètrent, y travaillent, de même, par la foi, Dieu entre dans le coeur, le pénètre et y travaille.

 

Lorsque la foi sera devenue pour nous la faculté de l’âme par laquelle nous voyons et nous entendons Dieu, alors elle deviendra cette main et cette bouche par lesquelles nous pourrons saisir et nous approprier Dieu et ses bénédictions.

 

C’est pour cela qu’avant de faire une promesse, Jésus nous dit: Ayez foi de Dieu. La foi consiste à s’abandonner soi-même au Dieu vivant. Sa gloire, son amour remplissent notre coeur, et se rendent maîtres de notre vie: la foi est le lien entre l’Ami qui nous a fait une promesse et nous qui croyons. Dès lors la prière nous devient facile et naturelle, puisque nous avons pleine et entière confiance en Celui qui fait la promesse et qui peut la tenir. La foi qui prie avec efficace n’est-elle donc pas le don de Dieu? Non pas un don qu’Il accorde tout à la fois, mais qui se développe peu à peu, qui devient comme une disposition bénie, une habitude de Mme croissant à mesure que nos rapports avec Dieu seront plus constants et fidèles.

 

Ah! certes, pour celui qui connaît la volonté du Père, qui vit en communion permanente et intime avec lui, il n’est pas difficile de croire à la promesse qu’Il a faite à son enfant de lui accorder tout ce qu’il lui demandera.

 

C’est parce qu’un grand nombre des enfants de Dieu n’ont pas compris le rapport qui existe entre la vie de la foi et la prière de la foi, qu’ils ont fait si peu l’expérience de la puissance de la prière. Que de chrétiens qui désirent sérieusement être exaucés, croient à la promesse de Dieu et qui, si l’exaucement a l’air de se faire attendre, se découragent et abandonnent tout espoir. La promesse est là toujours la même, vraie, positive, mais ils n’ont pas la force de s’en emparer par la foi. Ecoutez la leçon que Jésus nous donne aujourd’hui: AYEZ LA FOI DE DIEU, DU DIEU VIVANT; que notre foi regarde plus à Dieu, à son amour et à sa puissance qu’à la chose promise.

 

À quelqu’un qui consulterait un médecin sur la meilleure manière de se fortifier le bras et les mains de façon à saisir et à tenir avec fermeté les objets qui l’entourent, le médecin lui répondrait certainement qu’il faut commencer par reconstituer et fortifier le système général. Une faible foi ne peut devenir forte qu’en redonnant de la vigueur à notre vie spirituelle tout entière, par une, communion intime avec Dieu. Apprenons à croire en Dieu, laissons Dieu prendre possession de notre vie, et il nous sera facile de nous emparer de sa promesse.

 

Remarquez que c’est là le trait distinctif de la vie des saints de l’ancienne alliance. C’était par une révélation spéciale de Dieu que sa puissance était démontrée. Voyez Abraham, (Ge 15:1,5,6) (Ge 17:1,3,4) Ce fut la parole même de Dieu qui donna vie et force à la promesse, et qui, pénétrant le coeur d’Abraham, y accomplit l’oeuvre de la foi. Ces hommes de foi connaissant Dieu comme ils le connaissaient, ne pouvaient autrement que de croire implicitement à sa parole.

 

La promesse de Dieu prendra toute sa valeur en raison de ce qu’Il est pour nous. Celui qui marche devait le Seigneur et se prosterne devant lui pendant qu’Il parle, recevra l’accomplissement de la promesse. Nous lisons bien les promesses de Dieu dans la Bible, nous nous sentons la liberté de nous les approprier, mais le pouvoir spirituel d’y arriver complètement nous manque jusqu’à ce que Dieu lui-même nous les lasse entendre. Il parle à ceux qui marchent avec lui et qui vivent pour lui.

 

Ayez donc la foi de Dieu.

 

Que notre foi soit tout yeux et tout oreille, et Dieu se révélera promptement à notre âme.

 

L’une des plus riches bénédictions de la prière c’est qu’elle exerce notre foi en Celui qui n’attend que le moment d’accomplir en nous le bon plaisir de sa volonté. Voyons en lui le Dieu d’amour qui met son bonheur à bénir et à se donner. Si notre foi nous amène à cette adoration, nous arriverons bien vite à croire à cette promesse: Tout ce que vous demanderez dans vos prières, ayez foi que vous l’avez reçu et vous le verrez s’accomplir. (Mr 11:24) Quelle précieuse leçon Jésus nous a donnée aujourd’hui! Nous rechercherons les dons de Dieu; le premier qu’Il nous offre, et qu’Il attend que nous lui demandions, c’est lui-même. Nous considérons la prière comme le moyen de faire descendre sur nous les magnifiques dons du ciel et Jésus comme le moyen qui nous attire à Dieu. Nous préférerions rester à sa porte, à supplier, mais Jésus veut que nous commencions par entrer pour nous assurer avant tout que nous sommes bien enfants du Père. Que les expériences que nous avons faites de notre peu de foi en la prière, nous poussent à croire toujours plus au Dieu vivant et à nous abandonner entièrement à lui.

 

C’est pourquoi, enfants de Dieu, sachons prendre tout le temps nécessaire pour apprendre ces choses. Que notre âme, remplie d’une sainte frayeur, se répande en adoration et en actes de foi en Celui qui est infini. À mesure qu’Il se donnera à nous et qu’Il prendra possession de notre coeur, la prière de la foi couronnera notre attente en Dieu.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XIII

 

L’INCREDULITE VAINCUE

 

Alors les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent en particulier: Pourquoi n’avons-nous pu chasser ce démon? C’est à cause de votre incrédulité, leur dit Jésus. Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé... rien ne vous serait impossible, Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. (Mt 17:19-21)

 

Lorsque les disciples virent Jésus chasser le démon de l’enfant épileptique qu’ils n’avaient; pu guérir, ils demandèrent au Maître pourquoi ils avaient échoué puisqu’Il leur avait donné puissance sur les démons.

 

«Puis ayant appelé ses douze disciples, Il leur donna le pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et infirmité». (Mt 10:1)

 

Ils avaient déjà exercé ce pouvoir, et avaient été assurés «avec joie que les démons mêmes leur étaient soumis». (Lu 10:17)

 

Et aujourd’hui, pendant que le Seigneur est sur la montagne, ils n’ont pu guérir cet enfant! Et cependant rien, ni dans la volonté de Dieu, ni dans la nature même de la maladie ne rendait cette délivrance impossible. a Christ le prouva bien, puisqu’à sa première sommation, le démon sortit.

 

Il est évident, d’après la question des disciples: Pourquoi n’avons-nous pu? qu’ils ont fait tous leurs efforts pour l’obtenir. Ils se sont probablement servis du nom du Maître pour enjoindre au malin esprit de sortir de l’enfant. Leurs efforts ont été inutiles, et en présence de la foule ils ont eu la honte d’échouer.

 

«Pourquoi n’avons-nous pu?» La réponse de Jésus ne se fait pas attendre à cause de votre incrédulité».

 

La raison de son succès et de leur échec n’existe nullement dans un pouvoir spécial auquel ils n’auraient aucune part. Il ne faut pas aller chercher la raison si loin. Jésus leur a si souvent enseigné qu’il y a une puissance devant laquelle tout doit s’incliner, dans le royaume des ténèbres aussi bien que dans le royaume de Dieu: celle de la foi. Dès lors, un échec dans le monde spirituel ne peut avoir qu’une seule cause: le manque de foi. La foi est donc la condition par excellence pour que la puissance de Dieu, ayant pénétré dans l’homme, travaille par lui.

 

C’est donc par la foi que nous recevons les impressions du monde invisible et que notre volonté arrive à être entièrement soumise à celle de Dieu.

 

Les disciples n’avaient pas reçu la puissance permanente de chasser les démons, mais elle résidait en Jésus. Par la foi seule, les disciples pouvaient la recevoir de lui et s’en servir, toujours à la condition d’être unis à Christ par une vie de foi.

 

S’ils avaient cru en lui comme au Maître et au vainqueur du monde des esprits, s’ils avaient cru en lui comme en Celui qui leur avait donné le droit et l’autorité de chasser les démons en son nom, avec cette foi! là ils auraient eu la victoire.

 

À cause de votre incrédulité. Ces mots ont été de tout temps l’explication et le reproche du Maître lorsque son Eglise s’est montrée impuissante à accomplir l’oeuvre à laquelle elle a été appelée. Les disciples auraient pu poser cette question:

 

«Pourquoi avons-nous manqué de foi? Pourquoi nous a-t-elle fait défaut en cette occasion?»

 

Avant qu’ils l’aient posée, le Maître a répondu:

 

«Cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne». (Mt 17:21)

 

La foi est l’exercice le plus simple et en même temps le plus élevé de la vie spirituelle. Si elle s’abandonne entièrement à recevoir l’Esprit de Dieu, elle sera toujours plus capable d’accomplir une oeuvre parfaite. Jésus le dit, la foi qui peut vaincre une résistance aussi obstinée que celle que nous avons, vue dans cet esprit immonde, n’est possible qu’à ceux qui, séparés du monde, vivent en communion intime avec Dieu par la prière et le jeûne.

 

Il y a là deux leçons de la plus grande importance; l’une: qu’il faut à la foi une vie de prière pour qu’elle devienne et reste forte; l’autre qu’il faut joindre le jeûne à la prière pour qu’elle atteigne son complet et parfait développement. Il existe une union si intime entre les différentes parties de la vie spirituelle, il y a entre elles une action et une réaction si constantes, que chacune peut être à son tour cause et effet.

 

Il est nécessaire que notre foi croisse continuellement.

 

«Votre foi fait de grands progrès», (2Th 1:3) est-il dit d’une Eglise.

 

Quand Jésus a prononcé ces paroles:

 

Qu’il vous soit fait selon votre foi», (Mt 9:29) Il annonça la loi qui dit que tous n’ont pas la foi au même degré. Selon notre foi du moment, la bénédiction et la puissance nous seront accordées.

 

Ce n’est que par l’exercice de la prière que notre foi grandira et se fortifiera. Elle ne peut se nourrir et vivre que par la communion avec Dieu, et par l’adoration. Au temps voulu, Dieu se révélera. Lorsque nous lui apportons sa parole même, en lui demandant de nous faire entendre sa voix d’amour, alors notre foi se développera, étant fondée sur une base solide. Acceptons avec confiance ce qu’Il nous dit et ce qu’Il nous offre, et notre foi en deviendra plus forte et plus vigoureuse.

 

Bien des chrétiens ne comprennent pas cette prière constante, ils n’éprouvent pas le besoin de passer des heures avec Dieu, mais ce que le Maître a dit, l’expérience de son peuple le confirme: les hommes d’une foi à toute épreuve s’ont des hommes de prière.

 

Ceci nous ramène à la leçon que nous avons apprise lorsque Jésus, avant de nous affirmer que nous recevons ce que nous demandons, nous dit tout d’abord: «Ayez la foi de Dieu».

 

C’est en Dieu même que notre foi doit prendre racine, alors elle aura la puissance de remuer les montagnes et de chasser les démons.

 

«Tout est possible à celui qui croit». (Mr 9:23)

 

Si nous nous consacrons à l’oeuvre que Dieu a mise en réserve pour nous en ce monde, et que nous nous trouvions en contact avec des montagnes à remuer et des démons à chasser, nous verrons bientôt qu’il nous faut une grande provision de foi et que la prière est le seul terrain où elle puisse être cultivée.

 

Jésus-Christ est notre vie et celle de notre foi; une vie de prière implique la mort à nous-mêmes et une intimité toujours plus grande avec Jésus.

 

Il faut joindre le jeûne à la prière, pour que la foi atteigne son entier épanouissement. Telle est la seconde leçon. Si la prière est la main par laquelle nous saisissons les choses invisibles, le jeûne est celle avec laquelle nous rejetons les choses visibles.

 

L’homme est en rapport direct et positif avec le monde des sens, surtout lorsqu’il ressent les atteintes de la faim et que sa jouissance est de prendre sa nourriture. Qu’est-ce qui tenta l’homme dans le paradis terrestre et lut cause de sa chute? Un fruit bon à manger. Jésus, quand Il eut faim au désert, lut sollicité de convertir des pierres en pain. et ce fut par le jeûne qu’Il triompha de la tentation.

 

Le corps a été racheté pour devenir le temple du Saint-Esprit. Nous pouvons donc glorifier Dieu dans notre corps comme dans notre esprit et l’Ecriture le dit: «Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu». (1Co 10:31)

 

Il est à craindre que bien des chrétiens n’aient pas encore réalisé spirituellement ce que c’est que de manger à la gloire de Dieu. La première leçon que nous ayons à tirer de, ces paroles de Jésus quant au jeûne et à la prière, c’est que pour avoir la force de beaucoup prier avec ferveur, il faut vivre dans la modération et la tempérance.

 

Mais n’y a-t-il pas encore dans ces paroles un sens plus littéral? Le chagrin, le souci nous empêchent de manger, tandis que la joie célèbre ses fêtes en mangeant et en buvant. Quand nous passons par des moments de désirs intenses, nous éprouvons que le corps, avec ses appétits, si légitimes soient-ils, est un obstacle réel à la lutte que l’esprit et l’âme ont à soutenir contre les puissances des ténèbres. Alors nous sentons qu’il faut le subjuguer.

 

Nous avons été créés avec des sens; et c’est par eux que notre esprit arrive à saisir ce qui lui est présenté sous une forme visible. Nous pouvons donc considérer le jeûne comme un moyen qui nous permet d’atteindre ce que nous voulons accomplir pour le règne de Dieu. Celui qui a accepté le jeûne et le sacrifice de son Fils, saura apprécier, accepter et récompenser par un accroissement de force spirituelle, le renoncement d’une âme qui a montré qu’elle était prête à tout sacrifier pour Christ et son royaume.

 

L’application que nous pouvons faire de ce qui précède est plus étendue encore. La prière pénètre jusqu’au trône de Dieu dans le domaine invisible, le jeûne au contraire remonte à tout ce qui est visible et temporel.

 

Certains chrétiens s’imaginent que tout ce qui n’est pas défendu ou positivement mal, est permis. Ils veulent conserver de ce monde tout ce qu’il leur est possible, en jouissances intellectuelles, en richesses, en plaisirs mêmes, tandis que l’âme véritablement consacrée au service de Dieu est comme le soldat qui ne porte sur lui que ce qui est indispensable à son service militaire. Rejetant tout fardeau inutile, se mettant en garde contre tout péché dominant, craignant de s’embarrasser des affaires de ce monde, le vrai chrétien cherche à mener la vie d’un Nazaréen, ce type de la vie mise à part pour le Seigneur et son service. Sans cette séparation volontaire, même de ce qui nous paraît légitime, personne n’atteindra à la puissance complète de la prière: «Cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne». (Mt 17:21)

 

Disciples de Jésus! vous qui avez demandé au Maître de vous enseigner à prier, venez et acceptez ses leçons. Il vous dit que la prière est le chemin de la foi, de cette foi forte qui peut chasser les démons.

 

Il vous dit que si vous avez la foi, rien ne vous sera impossible. Que cette glorieuse promesse vous engage à prier beaucoup. Le prix n’est-il pas digne de l’effort? Ne renoncerons-nous pas à tout pour suivre Jésus dans le chemin qu’Il nous ouvre ici; si cela est nécessaire, ne saurons-nous pas jeûner? Ne ferons-nous pas en sorte que ni notre corps, ni le monde, ne nous détournent de la grande oeuvre de notre vie? Ne voudrons-nous pas entrer en relations directes avec notre Dieu par la prière, afin que nous devenions des hommes de foi, ouvriers avec lui pour le salut du monde.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XIV

 

PRIERE ET AMOUR

 

Lorsque vous êtes debout, en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux, vous pardonne aussi vos offenses.. (Mr 11:25)

 

Ces paroles suivent immédiatement celles attachées à la grande promesse faite à la prière: «Tout ce que vous demanderez dans vos prières, ayez foi que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir». (Mr 11:24)

 

Nous avons vu comment les paroles qui précédent cette promesse: «Ayez foi de Dieu», nous enseignent que dans la prière tout dépend de l’intimité de notre relation avec Dieu; cela nous rappelle que nous devons aussi être au clair quant à nos relations avec nos semblables. L’amour pour Dieu, et l’amour pour le prochain sont inséparables. La prière, partant d’un coeur qui n’est pas en règle avec Dieu d’une part et avec les hommes de l’autre, ne peut être efficace. La foi et l’amour font partie l’un de l’autre.

 

Cette pensée a été souvent exprimée par notre Seigneur. Dans le sermon sur la montagne, Jésus enseigne à ses disciples qu’il est impossible d’offrir au Père un culte d’adoration qui lui soit agréable si nous ne sommes pas en paix avec notre frère. «Si donc tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose, contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va te réconcilier avec ton frère; puis viens présenter ton offrande». (Mt 5:23-24) Plus tard, en parlant de la prière, après leur avoir enseigné l’oraison dominicale, Il dit: «Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés». (Mt 6:12)

 

Il ajoute: «Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses». (Mt 6:14-15)

 

À la fin de la parabole du serviteur impitoyable, Jésus fait l’application de son enseignement dans le passage suivant: «C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son coeur». (Mt 18:35)

 

Puis, sans transition, il introduit cette pensée: «Lorsque vous êtes debout, en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux, vous pardonne aussi vos offenses». (Mr 11:25)

 

Il semble que le Seigneur veuille nous apprendre que la désobéissance à cette loi d’amour envers le prochain est le péché dominant de ceux qui prient. De là l’inefficacité et la faiblesse de leurs prières. Il veut faire profiter ses disciples de son expérience personnelle, et leur prouver que rien ne donne autant de liberté aux supplications et de force à la foi que l’amour pour ceux que Dieu a aimés.

 

La première leçon renfermée dans notre texte c’est la nécessité de revêtir un esprit de pardon, quand nous prions: «Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés». (Mt 6:12)

 

L’Ecriture nous dit: «Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement comme Dieu vous a pardonné en Christ». (Eph 4:32) Le pardon complet et gratuit de Dieu doit être notre règle de conduite envers les hommes, sinon, notre pardon accordé à contre-coeur et de mauvaise grâce sera la règle de conduite de Dieu envers nous. Nos prières s’appuient sur notre foi au pardon que Dieu nous accorde. Si Dieu nous traitait comme nos péchés l’ont mérité, pas une de nos prières ne pourrait être exaucée.

 

Le pardon ouvre la porte à l’amour et aux bénédictions de Dieu.

 

Sommes-nous victimes d’une injustice criante, un tort irréparable nous a-t-il été fait, cherchons avant tout à revêtir une disposition semblable à celle du Maître. Nous nous efforcerons de ne pas être susceptibles, de ne pas maintenir nos droits envers et contre tout, et de ne pas attirer de châtiment sur celui qui nous a offensés comme bous croyons qu’il le mérite. Dans les petites difficultés de la vie journalière, nous veillerons à ne pas nous laisser aller à l’impatience, aux paroles amères, aux jugements précipités, sous le prétexte que nous n’avons pas l’intention de blesser, que notre colère passe vite et qu’on ne peut pas s’attendre à ce qu’un homme pardonne comme Dieu et Christ pardonnent. Non; prenons à la lettre le commandement contenu dans: (Eph 4:32) «Vous pardonnant réciproquement comme Dieu vous a pardonné en Christ».

 

Le sang qui purifie la conscience détruit naturellement l’égoïsme, et l’amour de Dieu, révélé en Christ, prend possession de nous et par notre intermédiaire se répand sur les autres. Notre promptitude à pardonner sera la meilleure preuve du pardon de Dieu à notre égard et devient ainsi la condition de la prière de la foi.

 

La seconde leçon que nous avons à tirer de notre texte est plus générale.

 

Notre vie de tous les jours est la pierre de touche de ce que sont nos rapports avec Dieu par la prière.. Souvent lorsque le chrétien prie, il fait tous ses efforts pour se maintenir dans certaines dispositions d’esprit, croyant par là mieux plaire à Dieu. Il ne comprend pas, ou il oublie que la vie ne se compose pas de morceaux différents dont on peut prendre tantôt l’un, tantôt l’autre. La vie est un tout et Dieu juge de la disposition du coeur et de l’esprit par la vie entière dont l’heure de la prière n’est qu’une minime partie.

 

Ce n’est pas seulement au sentiment qui remplit mon coeur au moment même de la prière qu’Il regarde, mais à celui qui anime ma journée. Il est difficile de séparer nos relations avec Dieu de nos relations avec le monde. Manquer aux unes, c’est manquer aux autres. Il ne s’agit pas ici seulement du moment où nous sentons nos torts envers notre prochain, mais aussi lorsque nous ne veillons pas sur nos pensées les plus habituelles, sur nos jugements précipités, sur certains mots peu aimables et malveillants que nous laissons échapper sans y prendre garde.

 

La prière efficace de la foi émane d’une vie consacrée à Dieu et à faire sa volonté. Son efficace ne tient pas à ce que je suis à l’heure de la prière, mais à ce que je suis avant et après. Tel est le terrain sur lequel Dieu juge de la sincérité de ma prière.

 

La troisième leçon contenue dans notre texte résumera ces pensées. Dans notre vie ici-bas tout dépend de notre charité. Le pardon n’en est-il pas l’essence? Dieu est amour, et Il pardonne. En demeurant dans son amour, nous pardonnerons comme Il pardonne. L’amour pour nos frères manifestera notre amour pour le Père.

 

«Si quelqu’un dit: J’aime Dieu et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas. Et nous avons de lui ce commandement: Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère». (1Jn 4:20-21)

 

«Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité et nous rassurerons nos coeurs devant lui. Bien-aimés, si notre coeur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui». (1Jn 3:18)

 

Cette parole: Aimez vos frères, est aussi essentielle que: Ayez la foi de Dieu. Nos relations, avec le Dieu qui est au-dessus de nous, et avec les hommes autour de nous, telles qu’elles doivent être, sont la condition d’une prière efficace. C’est surtout lorsque nous travaillons pour nos frères et que nous prions pour eux, que cet amour fraternel, se montre dans toute son importance.

 

Il nous arrive souvent de travailler pour Christ et sa cause, avec zèle, sans pour cela renoncer à nous-mêmes ou sans éprouver une ardente charité pour ceux dont nous cherchons à sauver les âmes. Dès lors, est-il étonnant que notre foi soit faible et ne remporte pas la victoire? Envisagez vos frères, si misérables, si peu aimables qu’ils soient, à la lumière de l’amour si tendre du Bon Berger cherchant sa brebis perdue; voir le Maître en eux et par amour pour lui, les aimer de tout notre coeur, voilà le secret d’une prière et aussi d’un effort couronné de succès.

 

Jésus l’a dit: Sans charité, point de pardon!

 

Dans son sermon sur la montagne, Jésus joint à son enseignement sur la prière et les promesses qui en dépendent un appel à la miséricorde:

 

«Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde!»

 

«Heureux les pacifiques, car ils seront appelés fils de Dieu!»

 

«Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges; celui qui dira à son frère: Raca! mérite d’être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira: Insensé! mérite d’être puni par le feu de la géhenne».

 

«Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait». (Mt 5:7,9,22,48)

 

Nous le voyons, l’amour est la corrélation essentielle de la prière et de la foi.

 

«Vous demandez et vous ne recevez pas parce que vous demandez mal dans le but de satisfaire vos passions». (Jas 4:3)

 

Laissons cette Parole de Dieu sonder nos coeurs et nous révéler nous-mêmes à nous-mêmes. Demandons-nous si notre prière est véritablement l’expression d’une vie entièrement consacrée à faire la volonté de Dieu et à aimer notre prochain. La charité est le terrain par excellence où la foi puisse prendre racine et se développer. Lorsque nous élevons nos coeurs vers le ciel, notre Père regarde si nos bras s’ouvrent pour accueillir les méchants et les indignes.

 

Ce n’est que dans l’obéissance qui n’a pas encore atteint la perfection mais qui est décidée à soumettre sa volonté, que la foi obtiendra la bénédiction qu’elle réclame. C’est la charité clémente, patiente et miséricordieuse qui l’emporte auprès de Dieu.

 

Les miséricordieux obtiendront miséricorde; les débonnaires hériteront la terre!

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XV

 

L’UNION DANS LA PRIERE

 

En vérité, je vous dis encore que si deux d’entre vous s’accordent, sur la terre, pour demander quoi que ce soit, ils obtiendront de mon Père qui est, dans les cieux tout ce qu’ils auront demandé; car, là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. (Mt 18:19,20)

 

L’une des premières leçons que nous ait donnée le Maître a été celle-ci:

 

«Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père en secret». (Mt 6:6)

 

Il nous a enseigné alors que la vraie prière est un contact personnel et individuel avec Dieu. Dans la leçon d’aujourd’hui il nous dit:

 

«Sans doute, il faut la prière solitaire, eu secret, mais la prière publique en commun avec vos frères est tout aussi nécessaire».

 

Il fait une promesse toute spéciale à la prière où deux ou trois s’accordent pour ce qu’ils ont à demander.

 

De même que les racines d’un arbre sont cachées dans le sol, tandis que le tronc et les branches s’élèvent à l’air libre et en pleine lumière, il faut aussi que la prière, pour qu’elle atteigne son plein développement, commence par la communion intime avec Dieu et finisse par s’épanouir dans une communion publique avec tous ceux qui se donnent rendez-vous au pied de la Croix. Et la raison en est très simple. Le lien qui unit l’homme, à l’homme n’est ni moins réel, ni moins solide que celui qui l’unit à Dieu. La grâce de Dieu donne une force toute nouvelle non seulement à nos rapports avec lui, mais aussi avec nos frères. Nous n’avons pas appris seulement à dire: Mon Père, mais: notre Père.

 

Serait-ce naturel que les enfants d’une même famille ne vissent jamais leur père qu’en tête à tête, et ne se réunissent jamais pour exprimer leur affection ou leurs désirs? Les fidèles non seulement sont membres d’une même famille, mais font partie d’un même corps Les membres d’un corps dépendent les uns des autres, et l’esprit qui l’anime dépend de l’union de tous ses membres. Les chrétiens ne pourront donc réaliser la bénédiction que Dieu est prêt à leur accorder que s’ils s’unissent pour la chercher et la recevoir.

 

C’est dans l’union et la communion des chrétiens entre eux que l’Esprit manifestera puissance tout entière.

 

Nous voyons dans les deux premiers chapitres des Actes, que l’Esprit descendit du Trône de la race sur les cent vingt disciples réunis en prières d’un commun accord, en, un même lieu.

 

Jésus nous donne, dans les paroles de notre texte, des directions pour que la prière faite en commun soit efficace.

 

Il faut, avant tout, se mettre d’accord.

 

Il ne suffit pas de s’associer vaguement à la demande de l’un des fidèles, il faut qu’il y ait entente, en esprit et en vérité, sur un sujet spécial, but de l’union dans la prière. Nous verrons alors plus distinctement ce que nous avons à demander, si nous pouvons le faire en toute conscience, convaincus que telle est la volonté de Dieu.

 

En second lieu, nous avons à nous assembler au nom de Jésus.

 

Nous verrons plus tard combien cette prière au nom de Jésus, est nécessaire, puissante. Le Seigneur nous enseigne ici que son nom est le centre autour duquel les croyants doivent se grouper pour ne plus faire qu’un avec lui.

 

«Le nom de l’Eternel est une tour forte. Le juste s’y réfugie, il se trouve en sûreté». (Pr 18:10)

 

L’amour des disciples les uns pour les autres, leur union entre eux est d’un prix infini pour le Seigneur.

 

«Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux». (Mt 18:20)

 

C’est la présence réelle de Jésus au milieu de ses disciples réunis en prières, qui leur donne tant de force. Enfin, c’est cette réponse positive:

 

«Ils obtiendront de mon Père qui est dans cieux, tout ce qu’ils auront demandé». (Mt 18:19) Voilà le troisième signe que la prière faite en commun est celle que le Seigneur veut.

 

Une réunion de prière dans le seul but de maintenir la communion entre frères ou d’édifier chacun en particulier peut avoir son utilité, mais ce n’est pas celui pour lequel le Seigneur l’a instituée. Il l’a recommandée comme un moyen d’obtenir une réponse spéciale à une demande spéciale. Une réunion de prière sans exaucement positif, devrait être considérée comme une anomalie. Avons-nous une requête distincte à formuler et nous sentons-nous une foi trop faible pour en assurer l’exaucement, cherchons aide et secours auprès de ceux de nos frères animés d’une foi plus forte et plus vivante. Dans l’unité de la foi, de l’amour et de l’Esprit, la puissance du nom de Jésus et sa présence agissent plus librement et nous sommes plus assurés de sa réponse. La preuve qu’il y a eu vraiment accord dans la prière, c’est dans la réponse qu’elle obtient. Quel indicible privilège que celui de cette union dans la prière! Quelle puissance elle pourrait avoir!

 

Voyez plutôt. Qu’un mari et une femme chrétiens, unis au nom de Jésus, faisant l’expérience de sa présence et de sa force dans une prière en commun; que quelques amis animés d’une foi vivante en l’efficace de la prière offerte ensemble; que les réunions de prières, se basant sur la foi en Celui qui est là au milieu d’elles, et comptant avec assurance sur un complet exaucement; qu’une église, se rappelant que la prière faite en commun est le but qu’elle se propose en tant qu’église particulière; que l’Eglise universelle, se réunissant pour demander l’avancement du règne de Dieu, l’effusion du Saint-Esprit et la seconde venue de Christ; que tous, disons-nous, s’unissent avec foi, ferveur et persévérance, et nul ne peut dire quelle bénédiction découlera sur ceux qui ont prié, et qui, d’un commun accord, ont cru à l’accomplissement des promesses de Dieu.

 

L’apôtre Paul avait une foi complète en la puissance de la prière en commun.

 

Il écrit aux Romains: (Ro 15:30-31) «Je vous exhorte, frères, par notre Seigneur Jésus-Christ et par l’amour de l’Esprit, à combattre avec moi, en adressant à Dieu des prières en ma faveur, afin que je sois délivré des incrédules de la Judée». En réponse, il s’attend à être délivré de ses ennemis et à voir prospérer son oeuvre.

 

Dans: (2Co 1:10-11) «C’est lui qui nous a délivrés de ce danger mortel, qui nous en délivre et nous avons l’espérance qu’il nous en délivrera encore à l’avenir, surtout si vous nous assistez de vos prières, afin que, plusieurs personnes contribuant à nous obtenir ce bienfait, plusieurs aussi en rendent grâces pour nous».

 

Ces prières auront donc une part active la délivrance qu’il demande.

 

Aux Ephésiens (Eph 6:18-20) «Faites en tout temps, par l’Esprit, toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints. Priez pour moi, afin qu’il me soit donné de faire connaître ouvertement et librement le mystère de l’Evangile pour lequel je Suis ambassadeur dans les chaînes et que j’en parle avec assurance comme je dois en parler».

 

C’est de leurs requêtes à Dieu pour lui, que Paul fait dépeindre le succès et la force de son ministère.

 

Aux Philippiens (Php 1:19) «Car je sais que cela tournera à mon salut grâce à vos prières et à l’assistance de l’Esprit de Jésus-Christ»

 

Il s’attend à ce que les prières des Philippiens feront tourner ses épreuves à son salut, et qu’ils coopéreront par là aux progrès de l’Evangile.

 

Aux Colossiens (Col 4:2) «Persévérez dans la prière, veillez-y avec actions de grâces».

 

Il ajoute ici la recommandation d’être persévérant dans la prière.

 

Aux Thessaloniciens (2Th 3:1) «Au reste, frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur se répande et soit glorifiée comme elle l’est chez vous».

 

Il ressort de ces passages que Paul se sentait membre d’un corps, sur la sympathie et la coopération duquel il sait pouvoir s’appuyer, pour obtenir des grâces qui ne lui auraient peut-être pas été accordées sans cela. Les prières de l’Eglise sont pour lui un facteur aussi réel dans l’oeuvre d’évangélisation que la puissance même de Dieu.

 

Qui peut dire le pouvoir qu’exercerait une église si elle s’imposait la tâche de prier nuit et jour pour l’avancement du règne de Dieu, afin que force et puissance soient données à la Parole et aux serviteurs de Dieu pour le salut des âmes?

 

Certaines églises se figurent qu’elles ne sont réunies en assemblée que pour s’édifier entre soi, sans rayonner au dehors. Elles oublient que Dieu gouverne le monde par les prières de ses saints, que cette prière est la force par laquelle Satan est vaincu, et que, par elle, l’Eglise de Christ sur la terre dispose des puissances du monde céleste. Elles oublient que Jésus par sa promesse a consacré toute assemblée réunie en son nom, et en a fait, en quelque sorte, une porte du ciel, sur le seuil de laquelle ses enfants, étant en présence du Père, font l’expérience qu’Il exauce leurs requêtes.

 

Nous ne pouvons assez remercier Dieu de la semaine de prières par laquelle le monde chrétien ouvre l’année. Elle est la preuve de notre union, de notre foi à la prière offerte d’un commun accord, elle est l’école où nos coeurs se développent et apprennent à se soucier des besoins de l’église universelle, elle nous pousse à la persévérance; pour toutes ces raisons, elle est d’une valeur inexprimable. Elle est aussi un stimulant pour continuer à prier dans des cercles plus intimes.

 

La prière en commun, en s’affermissant, en devenant universelle, obtiendra plus de grâces à mesure que les enfants de Dieu apprendront à se rencontrer, au nom de Jésus, comme ne formant qu’un tout, unis par le Saint-Esprit, réclamant avec ardeur la présence du Seigneur et la réalisation de la promesse que le Père leur a faite de leur donner ce qu’ils se seront mis d’accord à lui demander.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XVI

 

LA PUISSANCE DE LA PRIERE PERSEVERANTE

 

«Il leur montra encore par une parabole qu’il faut toujours prier, sans se lasser jamais..... Le Seigneur dit: Entendez-vous ce que dit ce juge inique? Et Dieu ne rendra-t-Il pas justice à ses élus qui crient jour et nuit! et tardera-t-il à leur Je vous dis qu’il leur rendra promptement justice. (Lu 18:1-8)

 

De tous les mystères de la question qui nous occupe, celui de la prière persévérante est l’un des plus grands. Qu’il faille quelquefois supplier le Seigneur, lui si miséricordieux, qui ne demande qu’à bénir, pendant des jours, des mois, même des années avant de recevoir aucune réponse, c’est pour nous bien dur à comprendre et d’une difficulté, réelle dans l’exercice de la prière de la foi.

 

Lorsque après avoir prié avec ferveur, nous n’obtenons aucune réponse, nous nous figurons facilement que nous faisons preuve de soumission à la volonté de Dieu en cessant de prier, Dieu ayant certainement une raison connue de lui seul pour ne pas nous exaucer.

 

Ce n’est que par la foi seule que cette difficulté est surmontée. La foi fermement assise sur les promesses de la Parole de Dieu, se laissant diriger par l’Esprit pour ne vouloir que ce que Dieu veut et pour ne chercher que sa gloire, n’aura aucune raison de se laisser décourager, lors même que la réponse à sa prière se ferait attendre.

 

La Bible nous dit que la prière de la foi est une force irrésistible et qu’elle ne doit éprouver aucune déception. Nous savons que l’eau, pour être en état de remplir sa mission sur la terre, doit s’accumuler jusqu’à ce que le torrent puisse s’écouler pour fertiliser les plaines: il faut, de même, une accumulation de prières pour que Dieu, voyant la mesure prête à déborder, accorde l’exaucement attendu. La foi sait que pas une prière sincère et croyante ne peut manquer d’être entendue au ciel, mais qu’elle y est recueillie jusqu’au jour où elle apportera la réponse à celui qui aura persévéré jusqu’à la fin. Elle sait qu’elle n’a pas à traiter avec les pensées incertaines et vacillantes de l’homme mais avec la parole’ positive du Dieu vivant.

 

Abraham attendit pendant de longues années, «espérant contre toute espérance» (Ro 4:18) l’accomplissement de la promesse de Dieu. Voilà le modèle à suivre.

 

Pour nous mettre en état, lorsque l’exaucement se fait attendre, d’unir à une patience confiante une assurance joyeuse, il faut comprendre les deux mots par lesquels notre Seigneur met en relief le caractère et la conduite, non du juge inique, mais de Dieu, notre Père, envers ceux qu’Il laisse crier à lui nuit et jour.

 

«Tardera-t-Il à leur égard? Je vous dis qu’Il leur rendra prompte justice». (Lu 18:7-8)

 

Le Maître le dit: Il leur rendra prompte justice. La bénédiction est toute prête, non seulement Il peut mais Il désire la donner. L’amour éternel du Père brûle du désir de se révéler pleinement à ses bien-aimés et de répondre à leurs voeux. Dieu ne retardera pas l’exécution de sa promesse un instant de plus qu’il n’est absolument nécessaire.

 

Mais alors, si cela est vrai et si le pouvoir de la prière est infini, pourquoi la réponse tarde-t-elle quelquefois si longtemps? Pourquoi faut-il que les élus de Dieu, en proie à la lutte et à la souffrance, crient souvent jour et nuit? (Lu 18:8)

 

«Tardera-t-Il à leur égard?». (Lu 18:7)

 

«Soyez donc patients, mes frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu’à ce que le grain ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison». (Jas 5:7)

 

En effet, le laboureur soupire après le moment de la moisson, mais il sait qu’il faut qu’elle ait reçu le soleil et la pluie nécessaires pour l’amener à maturité, et il prend patience. L’enfant a souvent envie de cueillir le fruit à demi-mûr, mais le cultivateur sait attendre le bon moment.

 

L’homme, dans sa nature spirituelle, est soumis à la loi du développement graduel qui régit toute vie créée. Ce n’est que par ce moyen qu’il peut atteindre sa destinée divine. Dieu seul connaît le moment où une âme, où une Eglise sont assez mûres pour posséder cette plénitude de la foi par laquelle elles peuvent saisir une bénédiction et la garder.

 

Un père de famille désire certainement voir revenir à la maison son enfant unique au sortir des études, cependant il sait attendre que son éducation soit terminée. Dieu en agit de même avec ses enfants, et, dès qu’il les jugera prêts, Il ne tardera plus à leur égard, et accomplira promptement ses promesses.

 

Pour arriver à comprendre cette vérité, le croyant cultivera les dispositions correspondantes, la loi et la patience, l’attente et la ferveur, voilà le secret de la persévérance.

 

Par la foi, nous savons que nous avons reçu la réponse à nos demandes, et nous nous réjouirons de la posséder, quoique ce soit, pour le moment, d’une manière spirituelle, et nous en rendrons grâces.

 

Mais il y a une différence entre la foi qui, croyant à la parole de Dieu, sait qu’elle obtiendra la réponse à sa prière, et la foi plus mûre, plus complète, qui fait l’expérience présente et actuelle de l’exaucement.

 

Il se peut qu’il y ait dans ceux qui nous entourent, dans le vaste système dont nous faisons partie, dans le gouvernement même de Dieu, des choses qui doivent être modifiées par notre prière avant que l’exaucement nous soit entièrement accordé. La foi qui croit qu’elle a été exaucée, peut laisser Dieu prendre son temps et choisir son moment; elle sait qu’elle a prévalu parce qu’il ne pouvait en être autrement. Elle continuera à prier, à rendre grâces, avec calme et persévérance, jusqu’à ce qu’elle ait réalisé la bénédiction. Nous voyons ainsi s’harmoniser ce qui, au premier abord, nous paraissait contradictoire.

 

L’accomplissement, même tardif, de la promesse de Dieu, est la réponse à la foi patiente, mais triomphante du fidèle l’attend.

 

Notre grand danger à cette école de l’exaucement différé, c’est la tentation de croire. qu’après tout, ce que nous demandons n’est pas selon la volonté de Dieu. Si notre prière est d’accord avec la parole de Dieu, si elle vient de l’Esprit, ne cédons pas à ces craintes. Apprenons à donner à Dieu le temps d’agir, et passons ce temps dans une communion journalière et habituelle avec lui. L’heure viendra où nous posséderons par la vue ce que nous n’avons vu que par la foi.

 

Nous verrons alors la gloire de Dieu. Qu’aucun délai n’ébranle notre foi. Par la foi nous saisissons d’abord le brin d’herbe, puis l’épi et, enfin le grain mûr dans l’épi.

 

Toute prière faite avec foi nous fait faire un pas en avant du côté de la victoire dernière, c’est elle qui fait mûrir le fruit et nous rapproche du but. Par elle, nous détruisons-les obstacles du monde c’est elle qui hâtera les temps Enfants de Dieu, laissons toute liberté à notre Père, c’est à cause de nous qu’il tarde. Il veut que la bénédiction soit complète, assurée; ne nous lassons pas de crier à lui nuit et jour. Rappelons-nous seulement ces mots: «Je vous dis qu’Il leur rendra promptement justice». (Lu 18:8)

 

Les bénédictions attachées à la prière persévérante, telle que nous venons d’en parler, sont inexprimables. Rien n’éprouve mieux le coeur et ne le sonde plus profondément que la prière de la foi. C’est par elle que nous découvrons ce qui s’oppose à la bénédiction; c’est par elle que nous arrivons à confesser notre péché et à y renoncer; c’est elle qui nous fait toucher du doigt ce qui, en nous, n’est pas en harmonie avec la volonté du Père; c’est elle qui nous met en communion intime avec Celui qui, seul, peut nous enseigner à prier; c’est par elle que nous approchons le plus près du Maître, revêtus du sang de Christ et remplis du Saint-Esprit.

 

Chrétiens, donnons le temps à Dieu, et Il rendra parfait tout ce qui est en nous. Tardera-t-Il?... Il rendra prompte justice. Voilà les mots de passe de Dieu lorsque nous entrons par les portes de la prière.

 

Oui, qu’il en soit ainsi, soit que vous priez pour vous-même, soit que vous priez pour d’autres. Tout travail, manuel ou mental, demande du temps et un effort: il faut s’y mettre. La nature ne révèle ses secrets et ne cède ses trésors qu’à un labeur consciencieux, persévérant et intelligent. Bien que nous le comprenions peu, il en est de même dans l’ordre spirituel. La graine que nous semons dans le sol céleste, l’influence que nous cherchons à exercer dans le monde supérieur, réclament notre être tout entier.

 

Si nous ne faiblissons pas, nous récolterons au temps de la moisson. Apprenons cette leçon surtout lorsque nous prions pour l’Eglise de Christ.

 

Ne ressemble-t-elle pas à la pauvre veuve? En apparence n’est-elle pas à la merci de ses adversaires, incapable d’obtenir le redressement de ses torts? Quand nous prions pour une Eglise sous la domination du monde, et que nous demandons à Dieu d’y opérer de grandes choses par son Esprit et de la préparer à la venue du Seigneur, faisons-le avec une foi ferme et complète! Seulement, donnons le temps à Dieu d’agir et crions jour et nuit.

 

«Entendez-vous ce que dit le juge inique?, Et Dieu ne rendrait pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-Il à le faire? Je vous dis qu’Il leur rendra prompte justice.». (Lu 18:7-8)

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XVII

 

LA PRIERE EN HARMONIE AVEC DIEU

 

«Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé. Pour moi, je savais bien que tu m’exauces toujours. (Jn 11:41-42)

 

L’Eternel m’a dit: Tu es mon fils! Je t’ai engendré aujourd’hui. Demande-moi et je te donnerai.. (Ps 2:7-8)

 

Le Nouveau Testament fait une distinction entre la foi et la connaissance.

 

«Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune. En effet, à l’un est donnée par l’Esprit une parole de sagesse; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit; à un autre, la foi, par le même Esprit». (1Co 12:8)

 

Chez un chrétien peu cultivé et chez un enfant, il peut y avoir beaucoup de foi et peu de connaissance. La simplicité enfantine accepte la vérité sans difficulté, et volontiers ne cherche pas d’autre raison pour expliquer sa foi à elle-même ou aux autres que celle-ci: Dieu l’a dit.

 

C’est la volonté de Dieu que nous le servions et l’aimions de tout notre coeur, de toute notre force et de toute notre pensée, afin que nous arrivions à une intelligence complète de sa divine sagesse, de la beauté de ses voies, de ses paroles et de ses oeuvres. Ce n’est qu’alors que l’adoration du chrétien sera complète. C’est par cette voie que notre coeur saisira les trésors de sagesse et de connaissance de la rédemption, et que nous serons capables de nous joindre à l’hymne qui s’élève devant le trône du Père.

 

«O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu!». (Ro 11:33)

 

La vérité qui fait l’objet de cette leçon trouvera son application dans une vie de prière.

 

Au fond, la prière et la foi sont choses si simples en elles-mêmes que le nouveau converti peut prier avec force et puissance. Mais le chrétien affermi ne tarde pas à découvrir qu’il y a plus encore dans la doctrine de la prière. Il peut se demander jusqu’à quel point la puissance de la prière est une réalité, et comment il se fait que Dieu lui ait accordé ce pouvoir? Comment la prière peut-elle s’harmoniser avec la volonté et les décrets arrêtés de Dieu? Comment concilier la souveraineté de Dieu et notre volonté? sa liberté et la nôtre? Ces questions et d’autres encore sont des sujets importants proposés à la réflexion du croyant. Plus nous nous approcherons avec respect et sérieux de ces mystères, plus nous tomberons à genoux en adoration devant Celui qui a conféré une telle puissance à l’homme.

 

Une des difficultés secrètes à prier, quoiqu’on ne se l’avoue pas toujours, et qui souvent est un empêchement réel, c’est le sentiment de la perfection de Dieu, de son indépendance absolue vis-à-vis de tout ce qui n’est pas lui. N’est-Il pas l’Être infini, qui ne doit ce qu’Il est qu’à lui-même, et dont la volonté sage et sainte a décrété tout ce qui est et sera?

 

Comment dès lors la prière de l’homme peut-elle l’influencer? Comment peut-elle le décider à faire ce que, sans elle, Il n’aurait pas fait? La promesse d’une réponse à notre prière n’est-elle pas simplement une concession qu’Il fait à notre faiblesse? Ce qui nous est dit de la force toute puissante de la prière est-il réel, n’est-ce pas une façon de s’accommoder à notre mode de pensée? La bénédiction de la prière n’est-elle pas uniquement l’influence qu’elle exerce sur nous pendant que nous prions?

 

Nous trouvons la réponse à ces questions dans l’existence même de Dieu, dans le mystère de la sainte Trinité. Si Dieu était une seule personne, renfermé en lui-même, nous ne pourrions songer ni à l’approcher ni à l’influencer, mais en lui il y a trois personnes: le Père et le Fils, unis en une communion et une unité parfaites par le lien du Saint-Esprit. Quand l’amour éternel engendra le Fils, lui donna à ses côtés une place en tant que seconde personne divine et en fit son conseiller, son égal, Il ouvrit le chemin à la prière, en lui permettant d’atteindre au centre même de la vie divine.

 

Comme dans les relations de famille sur la terre, le père donne et l’enfant reçoit, il en est de même dans les relations célestes; le Père donne, mais il faut que le Fils demande et reçoive une réponse.

 

Le Père, en donnant à Jésus la place de Fils, lui a conféré en même temps la puissance d’agir sur lui. La prière du Fils n’a été ni une simple forme, ni une ombre vaine, mais elle a été une vie réelle, où l’amour du Père et du Fils se sont rencontrés et complétés. Le Père avait décidé qu’Il ne serait pas seul dans son conseil; l’accomplissement des décrets du Père dépendait de ce que le Fils demanderait et accepterait; la prière sur la terre est le reflet de cette vie du Fils et du Père unis par la prière. Nous en avons la preuve dans ces paroles de Jésus: «Levant les yeux au ciel, Jésus dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé... Je savais bien que tu m’exauces toujours». (Jn 11:41-42)

 

La place de Fils sur la terre ne peut pas être séparée de sa place de Fils au ciel; il en est de même pour sa prière dans le ciel, elle est la continuation de sa prière sur la terre. La prière de l’homme Jésus-Christ est le lien entre la prière éternelle du Fils unique du Père et celle des hommes sur la terre. La prière prend sa source la plus profonde dans l’essence même de Dieu! Rien ne peut s’accomplir sans prière dans les demeures éternelles; le Fils demande, le Père accorde.

 

Ceci peut nous aider à comprendre, en quelque mesure, comment la prière de l’homme passant par le Fils, peut avoir une influence sur Dieu. Dieu ne prononce pas ses décrets sans en conférer avec le Fils, qui lui présente ses désirs et ceux de ses serviteurs. Le Seigneur Jésus est le Fils unique, le Fils bien-aimé, le chef et l’héritier de toutes choses, tout a été créé par lui et pour lui, et tout est à lui. Le Fils, représentant de la créature tout entière a sa voix dans les conseils du Père; Il y a sa place comme médiateur et intercesseur, Il y agit avec pleine liberté en faveur de ceux qui s’approchent du Père par lui.

 

Si ce qui précède nous donne à penser que cette liberté et cette puissance accordées au Fils d’agir sur le Père n’est pas en harmonie avec l’immutabilité des décrets divins n’oublions pas qu’il n’y a pas pour Dieu comme pour l’homme un passé auquel Il soit irrévocablement lié; les distinctions du temps passé et de l’avenir ne sont rien pour Celui qui est éternel. L’éternité, c’est le présent éternel. Pour se mettre au niveau de notre faiblesse humaine, l’Ecriture doit adopter notre langage et parler de décrets soit au passé, soit à l’avenir. En réalité, l’immutabilité des conseils de Dieu est en parfaite harmonie avec sa liberté de faire ce qu’Il veut. Le coeur du Père est toujours ouvert et toujours disposé à accueillir toute requête qui lui est présentée par le Fils; Il est libre de se laisser fléchir par la prière et de faire ce que, sans cela, Il n’aurait pas fait.

 

Cette parfaite harmonie et cette parfaite union entre la souveraineté divine et la liberté humaine est et restera pour nous un mystère insondable, parce que Dieu, l’Être éternel, surpasse ce que notre intelligence peut concevoir. Mais puisons notre force et notre consolation dans l’assurance que c’est dans la communion éternelle du Père avec le Fils que la prière a pris naissance et qu’elle tire sa puissance. C’est aussi dans notre union avec le Fils que notre prière prendra toute sa ferveur et pourra exercer l’influence qu’elle doit avoir.

 

Les décrets de Dieu ne sont pas une porte de fer contre laquelle la liberté humaine vienne se heurter en vain. Non, Dieu lui-même est amour et vie, par son Fils Il est entré dans la plus tendre des relations avec l’humanité, par le Saint-Esprit Il prend à lui l’humanité pour la changer, et, par sa vie divine toute d’amour, Il se réserve la liberté d’accorder une place, dans le gouvernement du monde, à toute prière humaine.

 

C’est à cette lumière qui commence à se lever, c’est à l’aurore de ces pensées, que la doctrine de la sainte Trinité doit de n’être plus seulement une spéculation abstraite, mais la manifestation de la manière dont il est possible à l’homme de vivre dans une communion intime avec Dieu le Père. Sa prière aura dans ce cas une part réelle dans la direction des affaires de ce monde.

 

De loin, nous pouvons apercevoir les rayons de la lumière qui resplendit dans le monde éternel, et qui vient tomber sur des paroles telles que celles-ci: «Car c’est par lui que nous avons, les uns et les autres, accès auprès de Dieu dans un seul et même Esprit». (Eph 2:18)

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XVIII

 

LA PRIERE D’ACCORD AVEC LA DESTINEE DE L’HOMME

 

Ils lui présentèrent un denier. Il leur demanda: De qui sont cette effigie et cette inscription? (Mt 22:20)

 

Puis Dieu dit: Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. (Ge 1:26)

 

«De qui est cette effigie?» Jésus, par cette question, déroute ses ennemis, au moment où ils espéraient le prendre en défaut, et les met en face de leur devoir en ce qui concerne les impôts. Le principe mis en lumière par ce récit est d’une application universelle et, nulle part, d’une manière aussi frappante.

 

L’image que l’homme porte en lui-même décide de sa destinée; si c’est celle de Dieu, il appartient à Dieu.

 

Plus nous méditons sur la prière et sur la puissance merveilleuse qu’elle exerce sur Dieu, plus nous sommes poussés à nous demander ce qu’est l’homme pour qu’une pareille place dans les conseils de Dieu ait pu lui être départie. Le péché l’a amené à un, tel état de dégradation que nous ne pouvons absolument pas nous former une idée, par ce qu’il est devenu, de ce qu’il devait être. Pour bien nous rendre compte du but que Dieu s’est proposé, revenons au récit qu’Il nous a fait lui-même de la création de l’homme et nous verrons quels dons Il lui avait conférés pour qu’il pût répondre à cette vocation.

 

L’homme était destiné à remplir la terre, à se l’assujettir et à dominer sur tout ce qu’elle contient. (Ge 1:28)

 

Ces trois expressions nous montrent qu’il a été créé pour gouverner le monde comme représentant de Dieu. Assujetti lui-même à Dieu, il devait s’assujettir toutes choses pour le service de Dieu.

 

Tout devait s’accomplir par le travail de l’homme sur la terre, l’avenir de la création était entièrement remis entre ses mains.

 

Sa destinée était donc en harmonie avec la position qu’il devait occuper et la puissance mise à sa disposition. Quand un souverain envoie un vice-roi dans une province éloignée, il va de soi que celui-ci se réserve de donner son avis sur la politique à suivre et de demander que l’on agisse d’après son conseil. Le vice-roi a la liberté de réclamer les secours et les moyens nécessaires pour mettre en oeuvre les ordres du souverain et maintenir la dignité de son empire.

 

S’il ne remplit pas ses fonctions d’une manière satisfaisante, il est rappelé, sa place est donnée à un autre qui, mieux que lui, saura comprendre et exécuter la volonté de son maître. Tant qu’il a la confiance du souverain, on suit ses conseils.

 

Tout donc sur la terre devait s’accomplir par la volonté de l’homme. À sa demande le ciel aurait répandu ses bénédictions sur la terre; la prière aurait été le canal naturel par lequel les relations entre le Roi des cieux et son fidèle serviteur, seigneur de la création, auraient été maintenues.

 

Au moment de la chute de l’homme, tout sur la terre, subit un terrible changement: le péché fit tomber la création tout entière sous le poids de la malédiction.

 

La rédemption fut le commencement d’une glorieuse restauration. Dès que Dieu, en appelant Abraham, se fut mis à part un peuple, peuple d’où devait sortir non seulement des rois, mais le Roi des rois, nous voyons quelle fut la puissance de la prière du fidèle serviteur de Dieu sur les destinées de ceux qui sont en rapport intime avec le Tout-Puissant. Abraham nous fait comprendre que la prière est non seulement le moyen d’obtenir une bénédiction personnelle, mais qu’elle est encore l’exercice d’une prérogative royale, qui a une influence positive sur les destinées de l’homme et sur la volonté du Dieu qui les gouverne.

 

Nous ne voyons jamais Abraham prier pour lui-même: ses prières pour Sodome, pour lot, pour Abimélec, pour Ismaël, prouvent la puissance que possède l’ami de Dieu, et montrent que c’est entre ses mains qu’est confiée la destinée de ceux qui l’entourent. Tel a été le sort de l’homme dès le commencement. Non seulement l’Ecriture nous le dit, mais elle nous enseigne comment il se peut que Dieu ait appelé l’homme à une pareille vocation. C’est parce qu’Il l’a fait à son image et selon sa ressemblance.

 

Dieu n’a pas formé l’homme à son image sans le douer en même temps des qualités morales nécessaires pour porter dignement cette ressemblance. Il existait entre Dieu et lui une harmonie intime qui mettait la créature en état d’être le médiateur entre le Créateur et la création. L’homme était créé pour être prophète, prêtre, roi, pour interpréter la volonté de Dieu, pour intercéder, pour recevoir et dispenser les munificences de Dieu.

 

C’est parce qu’il a été créé selon la ressemblance de Dieu que l’homme peut comprendre les vues de Dieu, accomplir ses plans, et que le Père céleste lui a confié ce merveilleux privilège. Quoique le péché ait modifié pour un temps les plans de l’Eternel, la prière reste ce qu’elle est en principe. Elle est pour nous la preuve de notre ressemblance primitive avec Dieu, le véhicule de nos relations avec le pouvoir, par lequel nous tenons la main qui dirige l’univers. La prière n’est pas seulement le cri du su pliant qui veut obtenir miséricorde; c’est l’expression la plus élevée de la volonté de l’homme qui, se sachant d’origine divine, se sent capable d’exécuter avec une entière liberté les décisions de l’Eternel.

 

La grâce a rétabli ce que le péché avait détruit. Ce que le premier Adam avait perdu, le second Adam l’a retrouvé.

 

Par Christ, l’homme peut être rétabli dans sa position primitive, et l’Eglise, demeurant en lui hérite de la promesse.

 

«Demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé». (Jn 15:7)

 

Cette promesse ne se rapporte pas seulement aux bénédictions que nous réclamons pour nous-mêmes, mais elle nous rappelle que, comme des sarments attachés au cep divin, nous devons porter des fruits et vivre uniquement à la gloire du Père. Cette promesse est faite à ceux qui, ayant renoncé à eux-mêmes, demeurent en Christ, et ne veulent plus d’autre vie que celle de l’obéissance. Ils savent que ce n’est qu’en perdant leur vie qu’ils la retrouveront en lui.

 

Ce n’est que par la nouvelle naissance que nous sommes ramenés à notre origine première, parce qu’elle nous rend l’image et la ressemblance de Dieu.

 

Ceux qui ont compris cette vérité ont réellement le pouvoir d’obtenir les bénédictions d’en haut, pour les répandre sur ceux qui les entourent. Ils expriment leurs désirs avec une sainte hardiesse, ils vivent comme les prêtres de Dieu en sa présence, et en tant que rois, ils peuvent disposer des puissances du monde à venir. Pour eux commence déjà à s’accomplir cette promesse: «Demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jn 15:7)

 

Eglise du Dieu vivant! Ta vocation est plus élevée, plus sainte que tu ne t’en doutes. C’est par tes membres, comme rois et sacrificateurs, que Dieu veut gouverner le monde; leurs prières accordent ou retiennent les bénédictions du ciel!

 

Par les élus qui ne se contentent pas seulement d’être sauvés, mais qui consacrent leur vie à Dieu, le Seigneur révèle quelles magnifiques destinées auraient été celles de l’homme sans la chute. C’est par ses élus qui crient à lui jour et nuit, qui s’approchent de lui au nom du Fils, que le Père accomplit son «conseil admirable». (Esa 28:29)

 

Maintenant que l’homme est racheté, sa dignité première commence de lui être rendue. Il entre dans les desseins de Dieu que son peuple accomplisse sa volonté sur la terre en y établissant son royaume. Ceux qui demeurent en Christ ne seront-ils pas prêts à prendre leur place auprès de lui, le grand sacrificateur-roi, et ne feront-ils pas monter leurs prières où ils exprimeront hardiment ce qu’ils désirent que Dieu fasse? L’homme racheté doit, comme porteur de l’image de Dieu et son représentant sur la terre, se rappeler que, par ses prières, il est chargé de décider des destinées humaines.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XIX

 

PRIERE ET TRAVAIL

 

«En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père: et tout ce que vous demanderez au Père, en mon non, je le ferai afin que le Père soit glorifié par le Fils. (Jn 14:12-13)

 

Le Seigneur a ouvert son ministère public par le sermon sur la montagne et Il le termine par ce discours d’adieu à ses disciples, qui nous a été conservé par Jean. Dans tous les deux, Il parle de la prière, mais avec une différence.

 

Dans le sermon sur la montagne, Il s’adresse à ses disciples comme à des écoliers qui viennent d’entrer à son école, qui savent à peine que Dieu est leur Père et qui, lorsqu’ils prient, ne se préoccupent que de leurs besoins personnels.

 

Dans son discours final, Il parle aux mêmes disciples qui ont terminé leur temps d’éducation, et qui sont prêt à partir comme ses messagers, pour prendre sa place et continuer son oeuvre. Au début de ses leçons, Il leur fait comprendre la nécessité de l’obéissance, de la prière, de la foi et de la confiance implicite au Père, pour qu’Il leur donne les bonnes choses contenues dans soit trésor. Mais ici son point de vue est plus élevé. Ses disciples étant devenus des amis auxquels Il a révélé tout ce qu’Il avait appris du Père, Il leur fait connaître que désormais ils seront ses ambassadeurs chargés de son oeuvre et du soin du royaume de Dieu sur la terre.

 

Il faut maintenant qu’ils partent et travaillent pour le Maître, et ils feront les oeuvres qu’Il a faites et de plus grandes encore. (Jn 14:12) La force de les accomplir leur sera donnée par le Saint-Esprit.

 

Au moment de l’ascension de Jésus auprès du Père, commence, pour les disciples, une époque nouvelle tant pour leur travail que pour leur vie de prière. De notre texte ressort clairement ce rapport intime.

 

En qualité de représentants de Dieu sur la terre, nous pourrons dorénavant accomplir de plus grandes oeuvres que celles que le Seigneur a faites lui-même ici-bas. Nos victoires et nos succès seront plus grands que ceux qu’Il a remportés, réalisant ainsi l’obéissance parfaite sur la terre comme au ciel. (Mt 6:10)

 

Il en donne deux raisons: la première, c’est parce qu’Il va à soli Père, pour en recevoir la Toute-Puissance; la seconde, c’est que, désormais, ses disciples ont le droit de tout demander et de tout attendre en son nom. (Jn 14:12-14)

 

«Parce que je m’en vais au Père et...» Remarquez cet ET «tout ce que vous demanderez eh mon nom, je le ferai».

 

C’est parce qu’Il va à son Père que la bénédiction est doublée. Les disciples pourront s’adresser au Père au nom du Fils, sûrs d’être exaucés, et c’est pour cela qu’ils feront des oeuvres plus grandes. Cette première mention de la prière, au nom du Seigneur, nous enseigne deux leçons importantes. Il faut, d’une part, que celui qui veut travailler à l’oeuvre de Christ, prie en son nom; d’autre part, que celui qui veut prier au nom de Christ, travaille en son nom.

 

Etudions ces deux enseignements. Il faut que celui qui veut travailler prie. C’est la prière seule qui donne la force pour agir. Celui qui, par la foi, veut faire les oeuvres que Jésus a faites, doit prier en son nom. Tant que Jésus a été sur la terre, nul n’a fait d’oeuvres aussi grandes que les siennes: les démons que ses disciples ne pouvaient chasser s’enfuyaient à sa parole. Lorsqu’Il monta auprès du Père, Il ne pouvait plus agir directement sur la terre, n’existant plus dans son corps, mais Il laissait ses disciples pour travailler et accomplir son oeuvre ici-bas, comme membres de son corps.

 

On pouvait croire que n’agissant plus lui-même sur la scène, du monde et devant se servir d’intermédiaires, ses oeuvres s’amoindriraient. Il nous assure du contraire:

 

«En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes parce que je m’en vais à mon Père».

 

La mort du Seigneur devait remporter une victoire définitive sur le mal et la puissance du péché. Par sa résurrection, la vie éternelle exerçait tout son ascendant sur l’esprit de l’homme et, par son ascension, Il recevait le pouvoir de communiquer le Saint-Esprit pleinement aux siens. L’union entre Jésus-Christ sur son trône et ses disciples sur la terre devait être si complète, si divine, si parfaite qu’il pouvait dire comme étant une vérité littérale:

 

«Il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais à mon Père».

 

Ce que nous connaissons de la vie des disciples de Christ nous prouve combien ces paroles étaient vraies.

 

Jésus, pendant ses trois années de ministère personnel, avait réuni à peine cinq cents disciples, dont quelques-uns étaient si faibles en la foi qu’ils faisaient peu d’honneur à sa cause. Nous savons qu’après lui, Pierre et Paul ont fait de plus grandes choses que le Maître. Du haut de son trône, Il accomplit, par leur moyen ce qu’Il n’avait pas fait dans, sa chair d’humiliation.

 

«Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père, et tout ce, que vous demanderez au Père en mon nom. je le ferai».

 

Parce qu’Il retournait auprès du Père, Il obtiendrait pour ses disciples non seulement une nouvelle force pour prier, mais encore la certitude de l’exaucement. Il fallait deux choses pour accomplir ces oeuvres plus grandes; la première, qu’Il montât vers le Père seul jusqu’alors; la seconde, qu’Il instituât la prière en son nom afin qu’à notre tour, nous recevions la puissance d’accomplir son oeuvre.

 

Ayons la foi et nous pourrons, en priant en son nom, accomplir ces grandes oeuvres qu’Il a prédites. Hélas! Dans ce que nous faisons pour Dieu, combien on voit peu cette force merveilleuse accomplir quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à l’oeuvre du Christ; et, par conséquent, bien moins encore les grandes oeuvres dont Il parle: Il ne peut y avoir qu’une seule cause à cela: Le manque de foi eh lui et en la prière faite en son nom.

 

Que tout ouvrier dans le champ de Dieu, que ce soit dans l’Eglise, l’école, les missions, n’importe, se pénètre de cette leçon: C’est la prière au nom de Jésus, qui nous fera participer au pouvoir qu’Il a reçu de son Père et, par cette puissance seule, nous accomplirons de plus grandes oeuvres que lui. Aux plaintes de faiblesse, d’incapacité, à nos murmures lorsque nous ne réussissons pas, ou que les difficultés nous paraissent insurmontables, Jésus n’oppose que cette réponse: «Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes... Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai». Sans la foi et sans la prière au nom de Christ notre travail sera terrestre et charnel, il pourra avoir quelque utilité pour réprimer le mal en partie, ou pour préparer les voies à de plus grandes bénédictions, mais la puissance réelle fera défaut. Pour un travail efficace, il faut une prière efficace.

 

Passons maintenant au second enseignement contenu dans cette leçon. Celui qui veut prier au nom de Christ doit travailler en son nom.

 

C’est au travail que la prière fait de si belles promesses, et c’est par le travail que nous pourrons prier avec efficace. Dans les paroles d’adieu de notre Seigneur, Il ne répète pas moins de six fois les promesses faites à la prière.

 

«Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai... Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai». (Jn 14:13-14)

 

«Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jn 15:7)

 

«Je vous ai établis, afin que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous le donne». (Jn 15:16)

 

«En vérité, eh vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera». (Jn 16:23)

 

«Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite». (Jn 16:24)

 

Ces promesses ont souvent soulevé des questions inquiètes dans nos coeurs, quand nous avons cherché à les comprendre.

 

Tout ce que vous demanderez, quelque chose, ce que vous voudrez, demandez et vous recevrez. Que de fidèles les ont lues, ces paroles, avec joie, avec espérance et ont cherché dans la sincérité de leur âme à les appliquer à leurs besoins personnels, et cependant ils ont été déçus dans leur attente.

 

Pourquoi?

 

La raison en est simple. Ils avaient séparé la promesse de la condition qui s’y rattache. Le Seigneur nous a permis de nous servir librement de son nom auprès du Père, mais à la condition que nous travaillions à son oeuvre. Le disciple qui consacre sa vie à Jésus, à l’avancement de son règne, qui ne vit que pour faire la volonté du Maître, sera le premier à réaliser cette promesse et à se l’approprier avec force. Celui qui, au contraire, ne s’emparera de cette promesse que lorsqu’il aura une requête spéciale à faire pour lui-même, sera infailliblement déçu, parce qu’il ne ferait de Jésus que le serviteur de ses besoins personnels. Mais à celui qui priera avec foi pour l’accomplissement de l’oeuvre du Maître, il sera donné de voir la promesse se réaliser. Serviteur des intérêts du Seigneur, il verra les, effets directs et immédiats de la prière.

 

La prière n’enseigne pas seulement à travailler, mais fortifie celui qui travaille, et le travail enseigne à prier et fortifie celui qui prie. Ceci est en parfait accord avec les lois du monde matériel et du monde spirituel. «Car on donnera à celui qui a». (Mt 25:29) «Celui qui est fidèle dans les petites choses l’est aussi dans les grandes». (Lu 16:10) Consacrons-nous au service du Maître, et travaillons pour lui avec la mesure de grâces que nous avons reçue et notre travail deviendra pour nous une école réelle de prière. Lorsque Moïse dut prendre la direction et la charge d’un peuple rebelle, il sentit la nécessité de parler hardiment à Dieu et de lui demander de grandes choses.

 

«Moïse dit à l’Eternel: Voici tu me dis fais monter ce peuple! Et tu ne me fais pas connaître qui tu enverras avec moi. Cependant tu as dit: Je te connais par ton nom et tu as trouvé grâce à mes yeux. Maintenant si j’ai trouvé grâce à tes yeux, fais-moi connaître tes voies».

 

«Moïse lui dit: Si tu ne marches pas toi-même avec nous, ne nous fais point partir d’ici».

 

«Moïse dit: Fais-moi voir ta gloire! L’Eternel répondit: Je ferai passer devant toi toute ma bonté et je proclamerai devant toi le nom de l’Eternel; je fais grâce à qui je fais grâce et miséricorde à qui je fais miséricorde». (Ex 33:12,15,18)

 

Dans la mesure où nous nous consacrerons entièrement au service de Dieu, nous éprouverons que ses grandes promesses sont précisément celles dont nous avons besoin et qu’elles ne sont en rien inférieures à ce que nous avons le droit d’espérer et d’attendre.

 

Croyants fidèles, nous sommes appelés à faire l’oeuvre de Jésus et même de plus grandes oeuvres encore, et parce qu’Il est allé vers, ton Père, il a obtenu le pouvoir de les accomplir en nous et par nous. «Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai».

 

Donnons nos forces, notre vie à Dieu; donnons-nous nous-mêmes pour accomplir les, oeuvres de Christ et bientôt nous prierons de manière à obtenir de merveilleux exaucements. D’autre part, consacrons nos forces, notre vie et nous-mêmes à la prière et nous apprendrons à faire les oeuvres que Christ a faites, et de plus grandes encore. Christ fera la conquête du monde si nous sommes avec lui, si nous sommes des disciples pleins de foi, hardis dans la prière pour demander ces grandes choses.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XX

 

LE BUT PRINCIPAL DE LA PRIERE

 

Je m’en vais au Père, et tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié par le Fils. (Jn 14:13)

 

Afin que le Père soit glorifié par le Fils.

 

Voilà le but pour lequel Jésus, dans la gloire, à la droite de Dieu, fera tout ce que nous lui demanderons. Lorsqu’il n’y a aucune espérance que ce but puisse être atteint, Il ne répondra pas. De là il résulte tout naturellement que ce but doit être pour nous, comme pour Jésus, l’élément essentiel de nos prières. La gloire du Père doit être l’essence de l’âme, la vie de notre prière.

 

N’était-ce pas la règle de conduite de Jésus lorsqu’Il était sur la terre?

 

«Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé». (Jn 5:30)

 

Nous avons là la note dominante de sa vie. Il l’exprime aussi dans les premières paroles de sa prière sacerdotale.

 

«Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie».

 

«Pour moi, je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’oeuvre que tu m’as donné à faire; maintenant, Père, glorifie-moi auprès de ta personne». (Jn 17:1-4)

 

Il s’appuie sur deux raisons pour demander que les siens soient admis à partager la gloire qu’Il a auprès du Père. Il l’a glorifié sur la terre, et Il le glorifiera encore dans le ciel. Son seul désir est que son Père soit glorifié de plus en plus par la fidélité des siens.

 

Rien n’est plus sûr que cette parole du Fils bien-aimé de Dieu: c’est que nous le glorifierons surtout en faisant ce qu’Il nous demande. Il ne laissera par conséquent échapper aucune occasion d’assurer l’accomplissement de sa promesse. Que notre but soit celui de Jésus: la gloire du Père, qu’elle nous préoccupe avant tout et que nous en fassions l’objet de nos requêtes, notre prière alors sera certainement exaucée. Cette parole de Jésus est, à la vérité, une épée à deux tranchants qui, pénétrant l’âme de part eh part, discerne les intentions et les pensées les plus intimes du coeur. Jésus, dans ses prières sur la terre, dans son intercession au ciel, et dans la promesse d’exaucement qu’Il nous a faite, a toujours comme première pensée et premier but la gloire du Père!

 

En est-il de même pour nous? Souvent le mobile le plus puissant qui nous pousse à prier n’est-il pas notre intérêt personnel ou notre volonté propre? Et si tel n’est pas le cas, ne devons-nous pas reconnaître que le désir ardent et persévérant de la gloire du, Père n’a pas souvent la première place dans nos prières? Cependant il faut qu’il en soit ainsi.

 

Nous ne prétendons pas dire que le fidèle n’y songe pas par moments. Il déplore souvent d’obtenir si peu; il en connaît la raison:, C’est lorsqu’il n’y a pas harmonie entre l’esprit qui anime sa vie de chaque jour et la disposition de son âme à l’heure de la prière. Nous nous apercevons que le désir de glorifier le Père ne doit pas être un sentiment, intermittent qu’on n’éprouve qu’au moment où l’on prie. Non. Ce n’est que lorsque notre vie tout entière, dans tous ses détails, est consacrée à Dieu, que nous pourrons le glorifier par notre prière.

 

«Faites tout pour la gloire de Dieu». (1Co 10:31)

 

«Nous avons auprès de lui cette assurance que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, Il nous écoute». (1Jn 5:14)

 

Ces deux paroles sont inséparables. L’obéissance à ce commandement est le gage de la bénédiction révélée dans ce second texte.

 

Pour qu’une prière soit exaucée, il faut qu’elle soit à la gloire de Dieu. Il n’y a pas d’autre gloire que la sienne et celle qu’Il veut bien faire reposer sur quelques-unes de ses créatures. La création proclame sa gloire. Tout ce qui n’est pas pour sa gloire est péché, ténèbres et mort. Ce n’est qu’en glorifiant Dieu que ses créatures peuvent réaliser sa gloire. Le simple devoir de tous les rachetés est de faire ce que le Fils de l’homme a fait. La récompense de Christ sera aussi la leur.

 

Le Père l’a couronné de gloire et d’honneur, lui a remis le royaume entre les mains, lui a accordé le privilège de demander ce qu’Il voudrait et le droit, comme Intercesseur, d’exaucer nos prières. Si nous sommes un avec Christ, si notre prière fait partie d’une vie employée à glorifier Dieu, le Sauveur glorifiera le Père en accomplissant à notre égard la promesse:

 

«Tout ce que vous demanderez au Père eh mon nom, je le ferai». (Jn 14:13)

 

Par nous-mêmes nous ne pouvons parvenir à vivre de manière à ce que la gloire de Dieu soit notre but unique. Elle n’a été pleinement réalisée que par Jésus-Christ homme, et ce n’est qu’en lui qu’elle le sera pour nous. Oui, Dieu en soit béni, sa vie est notre vie, Il s’est donné lui-même pour nous.

 

Il est essentiel que nous cherchions ce qui usurpe en nous la place que Dieu doit occuper, que nous le confessions et que nous y renoncions. N’est-ce pas souvent l’amour du moi, notre confiance en nous-mêmes? Ce n’est que par le secours de Christ habitant en nous, s’emparant de notre coeur, lui qui a glorifié le Père sur la terre, que nous parviendrons à glorifier le Père à notre tour.

 

Il tarde à Jésus de glorifier le Père par l’exaucement de nos prières et de nous enseigner à vivre et à prier à la gloire de Dieu.

 

Quel motif assez puissant pourrait engager nos coeurs indifférents à s’abandonner au Seigneur pour qu’Il agisse de la sorte en nous? Pas d’autre que celui-ci: c’est que le Père seul est digne de gloire.

 

Que par la foi, nous l’adorions, en nous prosternant devant lui, lui attribuant le règne, la puissance et la gloire. Vivons dans la lumière du Dieu, trois fois saint, du Dieu d’amour, et bien certainement nous nous écrierons:

 

«À Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur, soit gloire». (Jude 1:25)

 

N’est-ce pas une pensée qui doive nous humilier, que si souvent nous avons prié pour un enfant, un ami, une oeuvre avec plus de ferveur que lorsqu’il s’agit de la gloire de Dieu. Ne nous étonnons plus de ce que tant de prières ne sont pas exaucées. Là est le secret.

 

Ne l’oublions pas, celui qui veut prier avec foi, doit consacrer sa vie à ce que son Père soit glorifié par lui eh toutes choses. Hors de là, point de prière efficace.

 

«Comment pouvez-vous croire», dit Jésus, «vous qui tirez votre gloire les uns des autres et qui ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul». (Jn 5:44)

 

Toute recherche de notre propre gloire auprès des hommes rend la foi impossible.

 

C’est le renoncement à nous-mêmes, c’est le sentiment de notre incapacité qui nous amènera à la foi. Celui-là seul qui recherche avant tout la gloire de Dieu, la verra dans la réponse à ses prières. Mais comment y arriver, demanderons-nous encore?

 

Commençons par confesser que la gloire de. Dieu n’a pas été notre passion dominante et qu’elle a aussi peu rempli nos vies que nos prières! Que nous avons peu vécu selon la ressemblance du Fils, en sympathie avec lui! Prenons notre temps Permettons au Saint-Esprit d’agir en nous. Il nous révélera nos lacunes, et nous verrons tout ce qui nous a manqué à cet égard. La connaissance du péché en nous, la confession que nous en ferons, sont le vrai chemin qui mène à la délivrance.

 

Regardons à Jésus. Mourons à nous-mêmes et vivons pour Dieu, comme Christ l’a fait. Que tout en nous travaille à la réalisation de, ce grand but: Vivre pour la gloire du Père.

 

Acceptons Jésus et la force qu’Il veut nous donner; possédons la joyeuse assurance que nous vivons à la gloire de Dieu, parce que Jésus habite en nous. Que ce soit là l’esprit qui anime notre vie tout entière. Jésus est le gage que nous pouvons vivre de la sorte. Le Saint-Esprit nous a été donné pour que nous puissions faire cette expérience, à la condition que nous nous confions en lui et que nous le laissions agir. Que notre incrédulité ne soit pas cause que nous restions en arrière et prenons avec confiance pour mot de passe: Tout à la gloire de Dieu.

 

Le Père accepte le sacrifice de notre volonté, il lui est agréable. Le Saint-Esprit y apposera son sceau par la conviction que nous vivons pour Dieu et sa gloire.

 

Quelle paix, quelle force, quelle puissance auront nos prières quand nous saurons, par la grâce de Dieu, que nous sommes en parfaite harmonie avec Celui qui nous a promis de faire ce que nous lui demandons, afin que le Père soit glorifié par le Fils!

 

Lorsque nous croirons sans réserve à l’inspiration des Ecritures par l’Esprit, nos désirs ne seront plus les nôtres, mais ceux de l’Esprit en nous, et tout naturellement la gloire de Dieu sera notre but unique. Nous pourrons dire avec une liberté toujours croissante: Père! tu le sais, nous ne demandons cela que pour ta gloire.

 

La condition attachée à l’exaucement de nos prières, au lieu d’être une montagne qui nous paraît inaccessible, nous deviendra facile et nous donnera la certitude que nous sommes écoutés, parce que la prière n’a pas de plus grande beauté et de bénédiction plus désirable que celle-ci, c’est qu’elle glorifie le Père. Le privilège de la prière nous deviendra doublement précieux, parce qu’il nous mettra en harmonie parfaite avec le Fils bien-aimé qui a dit:

 

«Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié par le Fils». (Jn 14:13)

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXI

 

LA CONDITION QUI COMPREND TOUTES LES AUTRES

 

Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. (Jn 15:7)

 

Dans nos relations avec Dieu, la promesse et les conditions qui s’y rattachent sont inséparables. Si nous remplissons ces conditions, Dieu tiendra sa promesse. Ce qu’Il sera pour nous dépend de ce que nous voulons être pour lui.

 

«Approchez-vous de Dieu et Il s’approchera de vous». (Jas 4:8)

 

Ainsi la promesse illimitée accordée à la prière: demandez ce que vous voudrez, dépend de cette condition simple, naturelle, mais positive: Si vous demeurez en moi. C’est Christ que le Père exauce toujours; ÊTRE et DEMEURER EN LUI: c’est le moyen de faire accepter notre prière. Demeurer en lui entièrement et complètement, nous donne le droit de demander ce que nous voudrons, et la promesse se réalisera pour nous. Si nous comparons cette promesse avec l’expérience faite par tant de chrétiens, nous ne pouvons qu’être frappés de la terrible différence qui existe entre elles. Qui peut compter le nombre infini de prières qui s’élèvent et n’obtiennent aucune réponse? Il n’y a qu’une manière d’expliquer ce fait.

 

Ou nous ne remplissons pas les conditions requises, ou Dieu ne tient pas sa promesse.

 

Les chrétiens sont peu disposés à admettre l’un ou l’autre; dès lors ils ont imaginé un moyen pour sortir de ce dilemme. Ils ajoutent à la promesse une clause qui la modifie, mais que le Seigneur n’y a point mise: «Si telle est la volonté de Dieu!» Par là, ils conservent l’intégrité de Dieu et la leur, du même coup. Oh! s’ils voulaient seulement accepter la promesse et la tenir ferme telle qu’elle est, s’en remettant à Christ du soin de défendre la vérité!

 

Le Saint-Esprit leur ferait voir que cette promesse n’a été faite qu’à ceux qui demeurent réellement en Christ, dans le sens où Il l’entend lui-même. Le même Esprit, les amenant à confesser que, de leur côté, ils n’ont pas rempli la condition requise, ils comprendraient qu’il est dès lors tout naturel que leur prière n’ait pas été exaucée. Si le Saint-Esprit les éclaire, ils ne tarderont pas à être avertis de la faiblesse de leurs prières et en chercheront la raison. C’est alors qu’ils obtiendront la bénédiction de demeurer pleinement en Christ. «Si vous demeurez en moi».

 

Lorsqu’un chrétien grandit dans la grâce, et la connaissance du Seigneur Jésus, il lui arrive souvent de voir les paroles de Dieu grandir en même temps et se révéler à lui d’une manière toute nouvelle et plus profonde. Il peut se reporter au jour où telle parole de Dieu s’est illuminée pour lui et se réjouir de la bénédiction qu’elle lui a apportée. Plus tard, dans des circonstances différentes, ayant acquis une plus grande expérience, il y découvre un sens qu’il n’y avait jamais vu auparavant. Plus tard, en avançant dans la vie chrétienne, il se peut que cette même parole qui lui paraît encore mystérieuse, soit éclairée du Saint-Esprit, qui lui en révèle le sens le plus caché et le plus profond. L’une de ces paroles dont le sens se découvre graduellement et qui nous amène, pas à pas, dans la plénitude de la vie divine est celle qui nous occupe: «Demeurez en moi». De même que la croissance du sarment attaché au cep est constante, de même notre union avec Christ doit grandir et durer pendant notre vie entière; ce n’est qu’alors que la vie divine prendra une possession complète de nous.

 

Le chrétien faible encore en la foi peut cependant demeurer en Christ dans la mesure de lumière qui lui est accordée, mais plus il demeurera en Christ, dans le sens parfait du mot, tel que le Maître l’entend, plus il héritera des promesses qui s’y rattachent.

 

Dans la vie chrétienne, la première étape est la foi. Quand l’enfant de Dieu découvrira que le commandement est fait pour lui malgré sa faiblesse, il fera l’expérience qu’en dépit de nombreuses chutes et de beaucoup d’infidélités, son devoir le plus impérieux est d’y obéir, et il en retirera une bénédiction. Il ne verra plus que l’amour, la puissance et la fidélité du Sauveur, et il sentira un besoin croissant de foi.

 

Il ne se passera pas longtemps avant qu’il ne découvre qu’il lui faut encore autre chose. L’obéissance et la foi sont inséparables. La foi n’est pas autre chose qu’une obéissance passive qui regarde au Maître. L’obéissance n’est autre chose qu’une foi active qui fait la volonté de Dieu.

 

Il peut arriver que le chrétien pense davantage aux privilèges et aux bénédictions attachés à cette parole: Demeurer en Christ, qu’aux devoirs qui en découlent et aux fruits qu’elle doit porter. Il s’apercevra qu’il y a eu en lui beaucoup de volonté propre et d’amour de soi-même, plus même qu’il ne s’en est douté, et que la paix dont il avait joui dans la première ferveur de sa foi n’est plus son partage. C’est par l’obéissance pratique que la demeure en Christ pourra être réalisée. «Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime. Si vous m’aimez, gardez mes commandements». «Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui». (Jn 14:21:15,23) «Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour». (Jn 15:10)

 

Au début de la vie chrétienne, le fidèle a cru plus par l’intelligence et par les vérités que cette intelligence avait saisies, que par le coeur. Plus tard, il lui semble qu’il lui manque encore quelque chose.

 

La volonté, le coeur du chrétien appartiennent au Seigneur. Il lui obéit et il l’aime. Mais alors pourquoi la nature charnelle a-t-elle encore tant de puissance? Pourquoi les mouvements spontanés, les émotions subites de l’homme intérieur sont-ils si loin de ce qu’ils devraient être?

 

La volonté sanctifiée ne peut ni approuver, ni tolérer cet état de choses, mais on dirait qu’il y a là une région qui semble n’être pas soumise au contrôle de notre volonté. Pourquoi même lorsqu’il n’y a pas beaucoup de péchés de commission à condamner, y a-t-il un si grand nombre de péchés d’omission? Pourquoi si peu de sainteté, si peu d’amour, si peu de conformité dans notre vie à celle de Jésus?

 

Pourquoi notre vie ne se confond-elle pas avec la sienne? N’est-ce pas là ce que le Maître a voulu dire par cette parole: «Demeurez en moi». Il faut qu’il y ait quelque chose dans notre vie en Christ et dans la vie de Christ en nous, dont nous n’ayons pas encore fait l’expérience.

 

Oui, en effet: La foi et l’obéissance sont le seul chemin qui mène à la bénédiction.

 

Avant de nous donner la parabole du cep et des sarments, Jésus nous a fait entendre très clairement quelle merveilleuse bénédiction sera le prix de notre foi et de notre obéissance.

 

Par trois fois, Il répète ces paroles: Si vous m’aimez et gardez mes commandements, en les faisant suivre chaque fois d’une promesse différente: l’Esprit qui viendra du Père, le Fils qui sera manifesté, enfin le Père et le Fils qui feront leur demeure dans le coeur obéissant.

 

Plus notre foi grandira dans l’obéissance et l’amour, plus notre vie intérieure s’épanouira et nous deviendrons capables de recevoir l’esprit de Christ glorifié. «En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et que je suis en vous» (Jn 14:20) de la même manière que Christ est en Dieu, et Dieu en Christ, unis dans une identité absolue de vie et de nature, de même serons-nous unis en Christ et Christ en nous dans une même vie.

 

C’est lorsque Jésus nous a parlé de la connaissance que nous avons acquise par le Saint-Esprit, de sa vie en Dieu, de notre vie en lui et de lui en nous, qu’Il a pu dire: «Demeurez en moi et moi en vous». Acceptons cette vie unie à Christ.

 

C’est là la vraie vie! Christ pouvant venir habiter en nous, de telle sorte que notre âme ayant renoncé à elle-même, a laissé la place à Celui qui n’aspire qu’à devenir l’essence même de notre vie. Pour cela, redevenons petit enfant, qui, ne se faisant aucun souci, trouve son bonheur à se confier et à obéir à celui qui a tout fait pour lui.

 

Pour ceux qui demeurent ainsi en Christ, la promesse: «Demandez ce que vous voudrez», aura son accomplissement certain. Il ne peut en être autrement. Christ est devenu leur Maître. Il règne en souverain sur leur vie, leur volonté, leur coeur. Non seulement ils n’ont plus de volonté propre, mais Christ y a substitué la sienne par son Esprit et prie en eux.

 

Chers frères en la foi, confessons que c’est parce que nous ne demeurons pas en Christ comme Il nous l’a commandé que l’Eglise est impuissante en présence de l’infidélité, de la mondanité et du paganisme au milieu desquels le Seigneur pourrait la rendre plus que victorieuse. Acceptons la condamnation que cette confession implique et croyons à sa fidélité pour accomplir sa promesse. Mais ne nous décourageons pas. La vie du sarment attaché au cep grandit toujours. Demeurer en Christ comme Il nous y invite est à notre portée, car sa volonté est de nous y aider. Soyons prêts à compter pour rien tout ce qui n’est pas lui, et à dire: «Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix... mais je cours pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ». (Php 3:12)

 

Ainsi demeurant en lui, grandissant dans notre union avec lui, exerçons notre droit et notre volonté en nous conformant à la volonté de Dieu et réclamons ce qu’Il nous a promis. Laissons-nous enseigner par le Saint-Esprit qui, à mesure que nous avancerons, nous dévoilera mieux ce qu’est la volonté de Dieu, afin que nous en puissions réclamer, l’exécution par la prière. Et surtout ne nous contentons de rien moins que de faire l’expérience personnelle de ce que Jésus nous a promis quand Il a dit:

 

«Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jn 15:7)

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXII

 

LA PAROLE ET LA PRIERE

 

Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela sera accordé. (Jn 15:7)

 

La relation essentielle qui existe entre la Parole et la prière est l’une des leçons les plus simples en même temps qu’elle est une de celles qu’on apprend au début de la vie chrétienne. Un païen nouvellement converti l’a dit: «Je prie: je parle à mon Père; je lis: mon Père me parle».

 

Avant que nous arrivions à prier, n’est-ce pas la Parole de Dieu qui nous prépare à la prière en nous révélant ce que nous devons demander? C’est elle qui nous fortifie en donnant à notre foi une base certaine. C’est encore cette Parole qui nous apporte la réponse qui nous est nécessaire, et c’est par elle que l’Esprit nous donne d’entendre la voix du Père. La prière n’est pas un monologue, mais un dialogue dans lequel la voix de Dieu, répondant à la nôtre, est la partie la plus importante. Ecouter la voix de Dieu est le secret de la certitude qu’Il écoutera la nôtre.

 

«Eternel! incline ton oreille et écoute». (2Ro 19:16) «Prête l’oreille à mes paroles». (Ps 5:2) «Ecoutez ma voix». (Jer 7:23)

 

Voilà des paroles que l’homme dit à Dieu et celles que Dieu lui répond. Dieu nous écoutera dans la mesure où nous l’aurons écouté. Le degré d’importance que nous attachons à ce que Dieu nous dit sera la véritable pierre de touche de ce qu’Il est réellement pour nous, de notre droiture et de notre sincérité dans la prière. C’est à cette relation entre sa parole et notre prière que Jésus fait allusion dans notre texte. La grande importance de cette vérité deviendra claire pour nous, si nous la comparons avec celle qui a fait l’objet de notre précédente leçon

 

Si vous demeurez en moi. (Jn 15:7)

 

Plus d’une fois, Jésus a dit: Demeurez en moi et moi en vous. Sa demeure eh nous sera le complément de notre demeure en lui, mais ici ce n’est plus: Vous en moi et moi en vous c’est: Vous en moi et mes paroles en vous. L’idée est la même, sous une forme différente.

 

Un horizon nouveau s’ouvre devant nous; nous discernons mieux la place que doivent occuper dans notre vie spirituelle et surtout dans notre prière, les paroles que Dieu nous a révélées par Christ. Un homme se fait connaître par ses paroles, par ses promesses il se donne et il se lie à celui auquel il a fait ses promesses. Il fait connaître sa volonté en donnant ses ordres à ceux dont il réclame l’obéissance, non seulement dans le but de les diriger, mais aussi pour les employer à son service.

 

C’est par nos paroles que nous entrons en communion avec nos semblables. C’est par nos paroles entendues, acceptées, comprises, obéies, que nous pouvons exercer une influence sur les autres, influence naturellement toujours très limitée. Mais lorsque c’est Dieu, l’Être infini, en qui réside la vie, la puissance, la vérité dans l’acception la plus élevée du mot, lorsque c’est Dieu, disons-nous, qui parle, il y a plus encore, car Il se donne lui-même à ceux qui, recevant ses paroles, font l’expérience de la réalité de ses promesses. En nous faisant la promesse, Il nous donne en même temps la puissance de la saisir et de la posséder. En nous donnant ses ordres, Il nous donne en même temps la capacité de partager avec lui sa volonté, sa sainteté, sa perfection.

 

La Parole de Dieu n’est rien autre que son Fils, Jésus-Christ. C’est pour cela que les paroles de Christ sont les paroles de Dieu, toutes empreintes d’une puissance divine et d’une force vivifiante.

 

«La Parole était Dieu». (Jn 1:1) «Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie». (Jn 6:63)

 

Nous savons par les sourds-muets que la faculté de la parole dépend de celle de l’ouïe; c’est pour cela que la perte de l’ouïe chez l’enfant entraîne celle de la parole. Nous retrouvons cette vérité dans un champ plus vaste. Nos paroles dépendent de ce que nous entendons. C’est vrai aussi dans le sens le plus élevé de nos relations avec Dieu. Offrir une prière, exprimer nos désirs, faire appel à certaines promesses, n’est pas difficile, et l’homme peut aller jusque-là par son intelligence naturelle. Mais prier par l’Esprit, faire entendre à Dieu de ces paroles destinées à exercer une influence sur les puissances du monde invisible, c’est autre chose; prier de la sorte dépend entièrement de la manière dont nous écoutons la voix de Dieu.

 

Ce n’est que par notre éducation à l’école du Maître que nous apprendrons à parler à Dieu aussi bien qu’à l’homme. «Le Seigneur, l’Eternel m’a donné une langue exercée-Pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu. -Il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, -Pour que j’écoute comme écoutent des disciples. -Le Seigneur, l’Eternel m’a ouvert l’oreille, -Et je n’ai point résisté». (Esa 50:4-5)

 

Ecouter la voix de Dieu, c’est quelque chose de plus qu’une étude attentive de sa Parole. On peut étudier et connaître à fond la Parole de Dieu sans être pour cela dans une communion réelle avec le Dieu vivant. Mais il y a aussi dans la lecture régulière de la Parole, faite sous le regard du Père et la direction de l’Esprit, une puissance qui vient directement de Dieu lui-même: c’est la voix de Dieu qui pénètre dans nos coeurs, qui y apporte force et bénédiction, qui y éveille cette foi vivante, laquelle, à son tour, atteint le coeur de Dieu.

 

Notre force de croire et notre force d’obéir dépendront de la manière dont nous aurons écouté cette voix. La chose essentielle pour nous est de reconnaître la voix de Dieu dans ce qu’Il a à nous dire.

 

Ce n’est pas la loi, ce n’est pas la Bible, ce n’est pas la connaissance de ce qui est bien qui engendrent l’obéissance, mais c’est l’influence personnelle de Dieu et sa communion intime. Dans la présence réalisée de Dieu, nous découvrirons que la désobéissance et l’incrédulité sont impossibles. Nous voyons dans notre texte l’explication de ce que nous venons de dire. Il faut que les paroles du Seigneur s’emparent tellement de notre coeur et de notre vie, que notre conduite et nos dispositions en soient le reflet. S’il en est ainsi, notre prière deviendra efficace, car elle sera la conséquence de notre vie; si nous faisons ce que Dieu nous ordonne, Dieu, à son tour, aura égard à ce que nous lui demandons.

 

Les saints de l’Ancien Testament ont bien compris cette relation intime entre les paroles de Dieu et les nôtres. Pour eux la prière était réellement l’effusion d’un coeur qui a entendu la voix de Dieu. Si la parole était une promesse, ils comptaient sur Dieu pour faire ce qu’il avait dit. «Ce que Dieu a dit, ne le fera-t-il pas? Ce qu’Il a déclaré, ne l’exécutera-t-Il pas?». (No 23:19)

 

La parole était-elle un commandement? Nous voyons qu’ils obéissaient simplement à ce que Dieu leur avait ordonné. «Abram partit comme l’Eternel le lui avait dit». (Ge 12:4)

 

Leur vie en communion avec Dieu était un libre échange de paroles et de pensées. Ils écoutaient et faisaient ce que Dieu leur commandait; Dieu, de son côté, les écoutait et leur accordait ce qu’ils demandaient.

 

Non seulement Christ nous parle, mais, se donnant tout entier à nous, Il fait suivre sa promesse de l’accomplissement. En retour, Il demande que nous fassions de même, c’est-à-dire que nous nous abandonnions complètement à lui.

 

«Si mes paroles demeurent en vous». (Jn 15:7) Cette condition est claire et simple. Elle nous révèle la volonté de Christ; si ses paroles demeurent en nous, sa volonté deviendra la nôtre; et nous deviendrons l’instrument docile qu’Il maniera à son gré. Christ remplira notre être intérieur dans l’exercice de l’obéissance et de la foi. Notre volonté s’affermira et sera toujours plus en harmonie avec lui et Il le saura. Il ne craindra pas alors de nous faire cette promesse: «Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jn 15:7) Cette promesse se réalisera littéralement pour tous ceux qui y ajouteront foi et qui vivront d’après elle.

 

Disciples de Christ! Ne nous devient-il pas de plus eh plus évident que pendant que nous cherchions à nous expliquer pourquoi nos prières restaient sans réponse, essayant de nous persuader que cela tenait à notre soi-disant soumission à la volonté de Dieu, la vraie raison était que notre vie sans énergie était la cause de nos prières sans force? Qu’est-ce qui nous rendra forts si ce n’est la parole sortant de la bouche même de Dieu? C’est la parole de Christ, aimée, respectée, agissant eh nous par l’obéissance.. c’est elle qui nous fera devenir un avec lui, et qui nous rendra capables de nous approcher de Dieu et de le comprendre.

 

Tout ce qui est de ce monde passera, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeurera éternellement. Abandonnons notre vie à Christ. Que nos coeurs s’ouvrent à sa parole. Quelles expériences pleines de bénédictions ne ferons-nous pas alors, et ne réaliserons-nous pas de sa présence en nous!

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXIII

 

OBEISSANCE

 

Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais moi, je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous le donne». (Jn 15:16)

 

«La prière fervente du juste a une grande efficace.». (Jas 5:16)

 

Le Père renouvelle ici la promesse de nous donner ce que nous demanderons, mais à une condition qui nous montre à qui sera accordée cette merveilleuse influence auprès du Tout-Puissant. Le Maître dit: «Je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure».

 

Puis Il ajoute

 

«Afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom», -vous qui portez du fruit, -«Il vous le donne».

 

Au fond, ces paroles ne sont que l’expression plus complète de celles-ci:

 

«Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jn 15:7)

 

Porter du fruit et toujours plus de fruit est donc le but de notre demeure en Christ. «Si vous portez beaucoup de fruit, c’est ainsi que mon Père sera glorifié et que vous serez mes disciples». (Jn 15:8)

 

Dès lors il n’est pas étonnant qu’Il ajoute que des fruits abondants et durables seront la preuve de notre vie en Christ. Répondre à l’appel qui nous a été adressé est la condition de toute prière efficace, c’est la clef qui nous ouvre le trésor des bénédictions de Dieu.

 

Il y a des chrétiens qui craignent que cette assertion ne soit en désaccord avec la doctrine du salut gratuit. Il n’en est rien si nous comprenons cette doctrine comme nous devons la saisir, et comme elle nous est donnée à plusieurs reprises dans la Parole de Dieu.

 

Ecoutez ces paroles de Jean: «Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité et nous rassurerons nos coeurs devant lui... Quoique ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable». (1Jn 3:18,19,22)

 

Et encore celles-ci de Jacques: «La prière fervente du juste a une grande efficace». (Jas 5:16)

 

Le juste est celui dont on peut dire, selon la définition du Saint-Esprit:

 

«Celui qui pratique la justice est juste, comme lui-même est juste». (1Jn 3:7)

 

Remarquez aussi l’esprit qui anime plusieurs Psaumes avec leurs appels à l’intégrité et à la justice de celui qui prie: «L’Eternel m’a traité selon ma droiture. Il m’a rendu selon la pureté de mes mains... J’ai été sans reproche envers lui, et je me suis tenu en garde contre mon iniquité. Aussi le Seigneur m’a rendu selon ma droiture, selon la pureté de mes mains devant ses yeux. Avec celui qui est bon, tu te montres bon, avec l’homme droit, tu agis selon la droiture». (Ps 18:21,24,26) «Mon bouclier est en Dieu, qui sauve ceux dont le coeur est droit». (Ps 7:11) «O Eternel! qui séjournera dans ta tente? Qui demeurera sur ta montagne sainte? Celui qui marche dans l’intégrité, qui pratique la justice, et qui dit la vérité selon son coeur». (Ps 15:1-2)

 

Si nous considérons attentivement ces déclarations à la lumière du Nouveau Testament, vous les trouvons en parfait accord avec l’enseignement du Sauveur dans son discours d’adieu. «Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour». (Jn 15:10) «Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande». (Jn 15:14) Ces mots veulent dire littéralement: «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous le donne». (Jn 15:16)

 

Cherchons à entrer dans l’esprit de ce que le Seigneur nous enseigne. Ne courons-nous pas le danger de ne voir quelquefois qu’un des côtés de la question et qu’une seule expérience à faire de la prière et de la foi? Mais il est un autre côté que la Parole de Dieu met fortement en relief, c’est celui de l’obéissance comme seul chemin menant à la bénédiction. Nous avons à réaliser dans nos relations avec l’Être Infini que nous appelons Dieu, Celui qui nous a créés et rachetés, que notre premier devoir envers lui c’est la soumission.

 

L’assujettissement de notre être tout entier à sa suprématie, à sa gloire, à sa volonté et à son bon plaisir, devrait être le grand objet de notre vie. La question n’est pas de savoir comment nous pourrons obtenir la faveur de Dieu et en jouir parce que même en cela notre moi peut dominer; c’est Dieu qui doit l’emporter sur tout. Une soumission complète, n’est-ce pas ce qui fera la beauté du ciel?

 

Obéir et servir, voilà les mobiles qui ont fait agir le Fils pendant qu’Il était sur la terre. Savoir et obéir, voilà ce que doit être notre but principal bien plus encore que le repos, la lumière, la joie ou la force.

 

Remarquons quelle place éminente le Maître donne à ce but, non seulement dans le chapitre quinzième, mais dans le quatorzième, où Il parle de l’habitation de Dieu en nous, en trois personnes. «Si vous m’aimez, gardez mes commandements». (Jn 14:15) Et l’Esprit vous sera alors donné par le Père. «Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, je l’aimerai et je me ferai connaître à lui». (Jn 14:21) Enfin au verset 23 nous trouvons l’une des plus grandes et des plus précieuses promesses: «Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui».

 

Est-il possible d’exprimer plus clairement que c’est par l’obéissance que l’Esprit habitera en nous, qu’il révélera le Fils en nous et nous préparera à être la demeure du Père? L’obéissance et la foi ne sont que les deux faces d’un même acte, celui par lequel nous acceptons la volonté de Dieu. De même que la foi fortifie l’obéissance, l’obéissance, à son tour, fortifie la foi. La foi se perfectionne par les oeuvres: souvent ce que nous avons pris pour la foi est resté sans résultat; n’est-ce pas parce que nous n’avions pas compris que la seule foi efficace est celle qui est accompagnée d’une entière soumission à la volonté ide, Dieu. C’est alors seulement que nous aurons force et puissance pour réclamez de Dieu tout ce qu’Il nous a promis.

 

L’application de cette vérité est simple, mais très solennelle. Le Maître a dit: «Je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit», -«beaucoup de fruit», - «et que votre fruit demeure». (Jn 15:16)

 

Ce qui revient à dire qu’il faut que notre vie soit utile et d’une utilité continuelle. Que de fois nous avons prié avec ferveur pour obtenir la grâce de porter du fruit, et nous avons été étonnés de ne recevoir aucune réponse! C’est parce que nous avions interverti l’ordre du Maître. Nous avions voulu recevoir d’abord la joie, la force, la consolation afin de pouvoir accomplir facilement notre oeuvre, sans difficulté et sans renoncement à nous-mêmes. Et le Maître veut que par la foi, sans nous préoccuper de notre tâche, de ses côtés faciles ou de ses difficultés, de nos forces ou de notre faiblesse, nous fassions ce qu’Il nous demande, dans une parfaite obéissance. En suivant ce chemin, nous serions arrivés à prier avec efficace, et à tout faire pour la gloire de Dieu. Non pas que l’obéissance tienne lieu de foi, ni y supplée si elle manque; non, l’obéissance qui vient de la foi est la clef qui ouvre les trésors que Dieu tient en réserve pour nous. Le baptême de l’Esprit, l’habitation du Fils et du Père en nous, la foi en un exaucement constant de la prière, voilà ce qui attend celui qui obéit.

 

Acceptons cette leçon.

 

Voilà donc encore une des causes pour lesquelles nos prières peuvent n’être pas efficaces: notre vie n’est pas ce qu’elle doit être. Une obéissance simple et droite n’en est pas le signe caractéristique. Et cependant nous approuvons pleinement cette loi divine de la Providence: c’est que l’homme à qui Dieu a accordé une si grande influence dans le gouvernement du monde, jusqu’à lui donner des choses qu’Il n’aurait pas données sans la prière, doit apprendre, à se soumettre loyalement et sans restriction à l’autorité supérieure du Maître de toutes choses.

 

Reconnaissons, à notre honte, combien nos vies ont été et sont peu fidèles à cet égard. Consentons enfin à obéir à l’ordre que le Seigneur nous donne. Etudions ses relations avec nous en tant que Maître. Ne recherchons plus en premier lieu, jour après jour, notre consolation, notre joie et nos bénédictions personnelles. Que notre première pensée soit: J’appartiens au Maître

 

Qu’en toutes circonstances nous agissions comme faisant partie de lui-même, ne nous préoccupant plus que de connaître et de faire sa volonté. Être le serviteur, l’esclave de Jésus-Christ, que ce soit là l’esprit qui nous anime. S’Il a dit: «Je ne vous appelle plus serviteurs... mais je vous ai appelés amis», (Jn 15:15) c’est qu’Il avait défini plus haut cette qualité d’amis: «Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande». La seule chose qu’Il nous ordonne, comme aux sarments attachés au cep, c’est de porter du fruit. Vivons pour être en bénédiction aux autres, pour rendre témoignage de l’amour et de la vie qui sont en Jésus. Consacrons-nous entièrement à, vivre dans la foi et l’obéissance, c’est là ce que Jésus veut de nous, appliquons-nous à faire sa volonté: c’est-à-dire, à porter du fruit. Réalisons que c’est à cela qu’Il nous appelle, que nous n’avons d’ordre à recevoir que de Celui qui obtient tout de soli Père, et qu’une vie utile et féconde en fruits, toute consacrée à Dieu est à notre portée. Nous comprendrons alors comment et pourquoi porter du fruit peut seul nous ouvrir le chemin de la prière efficace.

 

Celui qui, par l’obéissance à Christ, prouve qu’il accomplit la volonté de Dieu, obtiendra tout ce qu’il demandera au Père, parce que le Père le lui a promis.

 

«Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que, nous faisons ce qui lui est agréable» (1Jn 3:22)

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXIV

 

LA VICTOIRE ASSUREE

 

«Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai.»

 

«Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.». (Jn 14:13-14)

 

«Que le Père vous accorde ce que vous lui demanderez en mon nom.». (Jn 15:16)

 

«En vérité, en vérité, je vous dis que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon nom, demandez et vous recevrez. En ce jour-là vous demanderez en mon nom.» (Jn 16:23-24,26)

 

Les disciples n’avaient encore rien demandé au Dom de Jésus-Christ, et lui-même n’avait jamais parlé de cette possibilité. Nous trouvons dans ces paroles: assemblés en mon nom, (Mt 18:20) ce qui s’en rapproche le plus. Ici, dans ce discours d’adieu, Il répète ces mots: en mon nom, à la suite de trois promesses illimitées: Tout... quelque chose... ce que vous demanderez, (Jn 14:13-14) (Jn 15:16) pour enseigner à ses disciples et à nous en même temps, que ce n’est qu’en son nom seul que nous aurons la victoire. Mais cette victoire dépend de l’usage que nous ferons de ce nom. Qu’est-ce qu’un nom?

 

Le nom est la personnification d’un individu, à tel point qu’il nous suffit de l’entendre prononcer pour que son image paraisse à nos yeux. Le nom éveille en nous immédiatement la personnalité qu’il évoque; il nous rappelle ce que nous en connaissons et renouvelle l’impression que nous en avons reçue. Le nom d’un roi, par exemple, nous suggère aussitôt l’idée de sa puissance, de sa grandeur, de son royaume même, parce qu’il en est le type. De même, chacun des noms sous lesquels Dieu nous est révélé: l’Eternel, Jéhova, l’Admirable, le Tout-Puissant, le Prince de Paix, personnifie instantanément à nos yeux quelque attribut de Celui qui est invisible. Le nom de Christ nous dit tout ce qu’Il a fait pour nous et tout ce qu’Il fait en ce moment comme Intercesseur et Médiateur.

 

Qu’est-ce que faire quelque chose au nom d’un autre?

 

C’est se présenter avec le pouvoir et l’autorité de cet autre, comme son représentant ou son envoyé. Et comment nous servir du nom d’un autre si nous n’avons pas avec lui une communauté de pensées? Pourrions-nous consentir à ce que qui que ce soit se serve librement de notre nom, si nous ne sommes assurés que notre honneur et nos intérêts seront saufs et en bonnes mains.

 

Voilà ce que Jésus nous offre lorsqu’Il nous permet de nous servir de son nom avec l’assurance que quoi que nous demandions, cela nous sera donné.

 

On ne peut établir ici de comparaison entre la permission accordée à quelqu’un de se servir d’un certain nom, dans une occasion particulière, et celle que Jésus donne solennellement à tous ses disciples d’user librement de son nom, en tout temps et pour tout ce qu’ils ont à demander. Il ne l’aurait pas fait s’Il n’avait pas su qu’Il pouvait leur confier ses intérêts, et que son honneur était en sûreté entre leurs mains. L’usage autorisé du nom d’un autre est toujours le signe d’une grande intimité. En employant le nom d’un autre pour un but spécial, nous laissons le nôtre de côté comme n’ayant plus de valeur et comme si nous revêtons la personnalité de celui dont nous invoquons le nom.

 

Faire usage d’un nom est un droit qui peut nous avoir été accordé en vertu d’une union légale.

 

Un négociant, obligé de s’éloigner et de quitter ses affaires, donne à son fondé de pouvoir une attestation au moyen de laquelle celui-ci peut tirer des centaines de mille francs en son nom. Le fondé de pouvoir s’en servira non pour lui-même mais dans l’intérêt de la maison. C’est parce que son patron le connaît pour être dévoué à ses affaires qu’il peut lui remettre ainsi, en toute confiance, le libre usage de son nom.

 

Lorsque le Seigneur Jésus-Christ est monté au ciel, Il a laissé son oeuvre, le gouvernement de son royaume ici-bas, entre les mains de ses serviteurs. Il ne pouvait faire autrement que de les autoriser à se servir de son nom, pour obtenir du Père le secours dont ils auraient besoin pour la bonne réussite de ses affaires. Ses disciples ont donc le pouvoir de se servir du nom de Jésus dans la mesure où ils se consacrent aux intérêts et à l’oeuvre du Maître. L’usage d’un nom suppose toujours l’abandon de nos intérêts propres pour prendre en main ceux de la personne que nous représentons.

 

Faire usage d’un nom est un droit qui peut encore nous avoir été accordé en vertu d’une union pour la vie.

 

Dans le cas du négociant et de son fondé de pouvoir, l’union est temporaire. Mais nous savons comment l’union de la vie comporte l’unité du nom.

 

Un enfant porte le nom de son père parce qu’il en a reçu la vie. Et souvent le fils d’un père honorable a été respecté par le seul fait du nom qu’il portait. Mais si l’on arrive à découvrir qu’il n’a que le nom, sans avoir le caractère et les qualités de son père, ce nom même perdra de sa valeur. Tout doit être en harmonie, le nom, la vie et le caractère. Si tel est le cas, l’enfant aura un, double titre à l’affection et à l’estime des amis de son père.

 

Il en est de même pour Jésus et le chrétien. Nous devons être un avec lui. Nous avons une même vie avec lui, un même esprit, et, par là, nous avons le droit de nous approcher de Dieu en son nom.

 

Ce qui peut en autoriser l’usage est encore l’union de l’amour.

 

Si une jeune fille pauvre, dont la vie a été toute de privations, s’unit à un homme riche, elle renonce à son nom pour prendre celui de son mari, elle a le droit de s’en servir. Elle peut faire des emplettes, et, grâce au nom qu’elle porte, on ne refusera pas de les lui livrer. Pourquoi? Parce que l’époux, l’ayant choisie pour sa compagne, lui a donné le droit de considérer sa richesse à lui comme devenant la sienne à elle, car ils ne font plus qu’un.

 

L’époux céleste ne pouvait faire moins, nous ayant aimés, nous ayant unis à lui. Dès lors, Il donne à ceux qui portent son nom le droit de tout demander en ce nom-là.

 

Les exemples que nous venons de citer nous montrent que la manière habituelle d’envisager cette question est défectueuse. Trop souvent nous terminons nos prières par le nom de Jésus, comme une simple formule, ou en coupables qui s’en font une caution qui doit répondre pour eux.

 

Jésus est vivant, Il est auprès du Père, ne l’oublions pas. Si même c’est à lui que nous adressons nos supplications, il faut le faire en son nom. N’est-ce pas déclarer par là que nous sommes avec lui en communion de sentiments, d’intérêts et d’amour? S’il en est ainsi, notre foi grandira dans l’assurance que rien de ce que nous demandons en son nom ne nous sera refusé, et nous verrons quelle puissance merveilleuse nous aurons dans nos prières auprès du Père. De l’influence de Christ dans notre vie dépend son influence dans nos prières. Bien des paroles dans l’Ecriture rendent clairement ce que nous venons de dire:

 

«Faites tout au nom du Seigneur Jésus». (Col 3:17)

 

Ce verset est la contre-partie de cet autre:

 

«Demandez tout en mon nom». Faire et demander au nom de Jésus sont inséparables.

 

«Nous marcherons, nous, au nom de l’Eternel, notre Dieu à toujours et à perpétuité». (Mic 4:5)

 

Nous voyons que le nom du Seigneur doit exercer une influence dirigeante sur notre vie tout entière, et surtout dans la prière. Ce n’est pas à nos paroles seulement, mais à nos actes que Dieu regarde pour jugez ce que le trône de son Fils est réellement pour nous. Quand l’Ecriture parle de: «Ces hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ», (Ac 15:26) ou de celui qui est: «Tout prêt, non seulement à être enchaîné, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus», (Ac 21:13) nous voyons ce que ce nom doit être pour nous. S’Il est tout pour nous, nous obtiendrons tout par lui. Si j’abandonne tout à Dieu, Il me fera part de tout ce qu’Il possède. «Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai». (Jn 14:13)

 

Jésus noua fait cette promesse libéralement: les chrétiens l’ont amoindrie, limitée, ils la trouvaient trop large. Qui oserait se fier à un homme sans condition? Mais dans ce cas-ci, il ne s’agit pas d’un homme, et ces mots: en mon nom, portent en eux leur propre garantie. C’est une puissance spirituelle que nous pouvons revendiquer devant les hommes et devant Dieu.

 

Oh! demandons à Dieu le secours de son Saint-Esprit, pour que nous comprenions la signification de ce nom et l’usage que nous en devons faire. C’est par l’Esprit seul que «le nom qui est au-dessus de tout nom», (Php 2:9) prendra la place prépondérante dans nos affections et dans notre vie. Disciples de Jésus! Que les leçons d’aujourd’hui pénètrent profondément dans notre coeur. Les cieux nous sont ouverts, les trésors du monde invisible sont mis à notre disposition, sachons en user au profit de ceux qui nous entourent. Apprenons à prier au nom de Jésus. Que chacun de nous exerce son sacerdoce royal et se prévale du droit dont il dispose dans le champ d’activité que le Seigneur lui a donné.

 

Que les chrétiens se réveillent, qu’ils écoutent ce message! Notre prière obtiendra ce qui, sans elle, n’aurait jamais été fait. Servons-nous sans réserve du nom de Jésus, et soyons ainsi en bénédiction pour ceux qui nous entourent.

 

«Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai». (Jn 14:13)

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXV

 

LE SAINT-ESPRIT ET LA PRIERE

 

«En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus sur rien: en vérité, en vérité, je vous dis que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez afin que votre joie soit parfaite. En ce jour-là, vous demanderez en mon nom et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime.» (Jn 16:23,24,26)

 

«Priant par le Saint-Esprit, maintenez-vous dans l’amour de Dieu.». (Jude 1:20-21)

 

«Je vous écris, petits enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés à cause de son nom. Je vous écris, pères, parce que vous avez connu Celui qui est dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le malin». (1Jn 2:12-18)

 

Ces paroles de Jean adressées aux petits enfants, aux jeunes gens et aux pères, ne nous indiquent-elles pas qu’il y a dans la vie chrétienne trois époques distinctes d’expériences?

 

La première est celle de l’enfance; l’âme naît à la joie du pardon et de l’assurance du salut.

 

La seconde est celle de l’adolescence époque de transition et de lutte où la foi grandit et s’affermit; la Parole de Dieu agit et donne à la jeunesse les armes par lesquelles elle peut remporter la victoire sur le malin.

 

La troisième est celle de l’âge mûr; les pères ont approfondi toutes choses et sont entrés dans une communion intime avec le Tout-Puissant.

 

Dans le sermon sur la montagne, tel que nous venons de l’étudier au point de vue de l’enseignement de Christ sur la prière, nous retrouvons aussi trois divisions distinctes analogues. En premier lieu, l’époque d’initiation où l’enseignement se résume en ce mot Père: «Priez votre Père». «Votre Père voit, entend, sait, récompensera, beaucoup plus qu’aucun père terrestre». Ayez seulement en lui une foi enfantine.

 

Plus tard, vient l’époque de luttes, de transition et de victoire, résumées par ces paroles: «Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne». (Mt 17:21) «Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-Il à leur égard?» (Lu 18:7)

 

Enfin, dans ses paroles d’adieu, nous atteignons un degré plus élevé encore. Les enfants sont devenus hommes faits, ils sont les amis du Maître pour lesquels Il n’a point de secrets et auxquels Il dit: «Je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père». (Jn 15:15)

 

En nous répétant si souvent quoi que vous demandiez, Jésus nous remet pour ainsi dire les clefs du royaume des cieux. Le moment est venu de prouver la puissance de la prière en son nom. Le contraste entre le premier et le dernier degré de cette marche ascendante est marqué de la manière la plus positive dans les paroles que nous méditons aujourd’hui.

 

«Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. En ce jour-là vous demanderez en mon nom». (Jn 16:24,26)

 

Nous savons maintenant ce que veut dire ce mot «en ce jour-là.» C’est le jour de l’effusion du Saint-Esprit. L’oeuvre de Christ sur la croix, sa victoire complète sur la mort révélée par sa résurrection et son ascension devaient recevoir leur couronnement, par la descente du Saint-Esprit sur les disciples pour animer leur vie, manifestation visible de la gloire de Dieu sur la terre.

 

L’un des merveilleux résultats de la dispensation de l’Esprit, c’est la force toute-puissante qu’Il donne à la prière, puissance inconnue jusqu’à la Pentecôte. La prière adressée au nom de Jésus et exaucée n’est-elle pas la preuve que l’Esprit habite en nous?

 

Pour comprendre comment le don du Saint-Esprit a été le commencement d’une ère nouvelle dans l’exercice de la prière, rappelons-nous quelle est son oeuvre et pourquoi Il n’a pas été donné avant que Jésus eût été glorifié.

 

L’Esprit est l’essence même de Dieu, car Dieu est Esprit. C’est par l’Esprit que le Fils a été engendré du Père, c’est par la communion du Saint-Esprit que le Père et le Fils sont un. La prérogative éternelle du Père est d’accorder sans cesse au Fils ce qu’il demande. Le privilège béni du Fils est de demander et de recevoir sans cesse, parce que par l’Esprit, Ils sont tous deux unis en une même vie et un même amour. Il en a été ainsi de toute éternité, il en est de même maintenant encore parce que le Fils agit comme médiateur entre nous et le Père.

 

Jésus, sur la terre, a commencé l’oeuvre de réconciliation de l’homme avec Dieu, en unissant dans son corps la nature humaine et la nature divine. Il la poursuit dans le ciel. Il a réuni en lui ce qui était inconciliable la justice de Dieu et notre péché; il a terminé la lutte, une fois pour toutes, quant à lui, en son propre corps attaché sur la croix. Puis Il est monté au ciel pour agir avec puissance, en chacun des membres de son corps, les délivrant du péché et manifestant ainsi la victoire qu’il a remportée. Par son intercession incessante, Il vit dans une communion vivante avec ceux de ses rachetés qui prient sans cesse. Cette intercession même leur donne une force et une puissance qu’ils n’auraient pu avoir sans elle. C’est par le Saint-Esprit que cette oeuvre s’accomplit. Le Saint-Esprit n’avait pas été accordé aux hommes avant que Jésus-Christ eût été glorifié.

 

«Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui, car l’Esprit n’était pas encore répandu, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié». (Jn 7:39)

 

Ce don du Père était nouveau et entièrement différent de ce que les Saints de l’Ancien Testament avaient reçu. L’oeuvre de la rédemption par le sang de Christ était si complète que l’humanité sous cette économie nouvelle pouvait recevoir une manifestation du Saint-Esprit qu’il n’aurait pas été possible à Dieu d’accorder sous l’économie de l’Ancien Testament. Ces paroles de Jn 7:39, étaient littéralement vraies. Au moment où Jésus, glorifié, remonta au ciel, Il reçut du Père le droit de répandre le Saint-Esprit sur ses disciples et sur nous, ses enfants, ce qu’il n’aurait pas pu faire auparavant. «Elevé par la droite de Dieu, Il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis et Il l’a répandu, comme vous le voyez, et l’entendez». (Ac 2:33) Sous l’ancienne Alliance, Il était invoqué comme, l’esprit de Dieu. À la Pentecôte, Il descendit comme l’Esprit de Jésus glorifié, nous, apportant les fruits que la Rédemption accomplie devait produire en nous.

 

C’est dans l’intercession continue de Christ eh notre faveur que l’oeuvre de la Rédemption trouve son complément. Par le Saint-Esprit qui est en nous, nos prières s’élèvent au trône de grâce où elles se mêlent et se confondent avec celles de Jésus pour nous. L’Esprit prie, pour nous, sans paroles; dans les profondeurs de notre coeur souvent nos pensées revêtent à peine une forme, et l’Esprit s’en empare alors pour les mettre en communication avec le Dieu-saint. Par le Saint-Esprit les prières de Christ deviennent nôtres et les nôtres deviennent siennes. Nous comprenons alors par une expérience personnelle ces paroles: «Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez... En ce jour-là, vous demanderez en mon nom». (Jn 16:24-26)

 

Frères! ce qu’il faut que nous demandions au nom de Christ pour que notre joie soit parfaite, c’est le baptême du Saint-Esprit. Il y a ici plus que l’Esprit de Dieu sous l’ancienne Alliance. C’est le Saint-Esprit, l’Esprit de Jésus glorifié dans sa Toute-Puissance, descendant en nous, habitant en nous, pour nous révéler le Père et le Fils. «Et moi, je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Consolateur afin qu’Il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir parce qu’il. ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car Il demeure avec vous et Il sera en vous. En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et que je suis eh vous». Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui». (Jn 14:16-17,20,23)

 

Lorsque cet Esprit n’est pas seulement celui de nos heures de prières mais de notre vie tout entière, nous rendant semblables à Jésus, Il nous donne le moyen d’avoir cet accès immédiat auprès du Père, dont Jésus parle ici: «Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime». (Jn 16:26) Oui, comprenons et croyons qu’être rempli de l’Esprit de Jésus glorifié est indispensable au peuple de Dieu. Nous réaliserons alors ce que c’est que: «Faire en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications». (Eph 6:18) et «Prier par le Saint-Esprit, se maintenant dans l’amour de Dieu». (Jude 1:20-21)

 

L’efficacité de nos prières dépend de ce que nous sommes et de ce qu’est notre vie. Le secret de prier au nom de Christ, c’est de vivre au nom de Christ. C’est en demeurant en lui que nous acquérons le droit de demander ce que nous voulons. La mesure dans laquelle nous vivons en Christ sera l’exacte mesure de notre puissance dans la prière. C’est l’Esprit qui est eh nous qui prie, lion pas toujours en paroles et en pensées, mais par des soupirs, qui ne se peuvent exprimer.

 

Que nos vies soient remplies de Christ, de son Esprit, et ses promesses si magnifiques ne nous paraîtront plus si extraordinaires. «Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite». «En ce jour, vous demanderez en mon nom». «En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera». (Jn 16:24,26)

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXVI

 

CHRIST, INTERCESSEUR

 

«Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point.». (Lu 22:32)

 

«Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous.». (Jn 16:26)

 

«Etant toujours vivant pour intercéder en leur faveur.». (Heb 7:25)

 

Nos progrès dans la vie spirituelle sont en rapport avec ce que Jésus est pour nous dans notre vie intérieure. Plus nous réaliserons que Christ doit être tout pour nous et en nous, plus nous vivrons de la véritable vie de la foi qui, renonçant à soi-même, ne vit plus que pour Christ. La vie ne sera plus une lutte vaine pour faire ce qui est bien, mais, ‘nous appuyant sur Christ, nous trouverons en lui la force de combattre le bon combat et de remporter la victoire de la foi. C’est surtout vrai quand il s’agit de vie de prière. Lorsque par la foi nous croirons que Jésus-Christ a tout accompli pour nous, nous comprendrons aussi que le temps des soucis et des efforts inutiles est passé, que désormais nous pourrons participer à la vie de Christ soit sur la terre, soit dans les cieux. Nous prierons alors, nous appuyant non seulement sur les mérites de Jésus, qui rend acceptables aux yeux du Père nos misérables prières, mais encore sur l’union intime qui existe entre Christ et nous et sur sa prière en nous.

 

Le salut parfait est en Christ lui-même. Il s’est donné lui-même pour nous, Il vit lui-même en nous. Parce qu’Il prie, nous prions aussi. Comme ses disciples, quand ils le virent prier, lui demandèrent de leur enseigner à prier, ainsi participerons-nous à sa vie de prière, puisque nous savons qu’Il est sur le trône comme notre intercesseur. Cette vérité ressort clairement dans la dernière nuit de sa vie ici-bas.

 

Sa prière sacerdotale (Jn 17) n’est-elle pas un modèle? Ne continuera-t-Il pas à plier ainsi pour nous, dans le ciel? Dans ses dernières paroles, Il a annoncé à plusieurs reprises que la vie de prière de ses disciples était étroitement unie à son retour auprès du Père: son intercession éternelle était dès lors liée intimement à la vie de prière en son nom qui allait commencer pour eux.

 

La confiance en l’intercession de Jésus nous assure le droit de prier en son nom. Pour bien comprendre ceci, examinons d’abord son oeuvre d’intercession. La vie de Christ sur la terre comme prêtre n’a été qu’un commencement. Ce fut comme sacrificateur et victime à la fois, qu’Il répandit son sang. Pareil à Melchisédec, Il vit encore au-dedans du voile pour continuer son oeuvre. De même que Melchisédec a été supérieur à Aaron dans la hiérarchie sacerdotale, de même l’oeuvre d’intercession de Jésus est supérieure en puissance et en gloire à son oeuvre d’expiation. Christ est mort; bien plus, Il est ressuscité, Il est à la droite de Dieu, et Il intercède pour nous». (Ro 8:34)

 

Cette intercession est une réalité positive, absolument nécessaire, sans laquelle la rédemption n’aurait plus d’effet. La merveilleuse réconciliation entre Dieu et l’homme s’est faite par l’incarnation, l’expiation et la résurrection de Jésus, et c’est par elle que l’homme participe à la vie divine. Mais l’appropriation personnelle de cette réconciliation pour les membres du corps de Christ sur la terre, ne peut avoir lieu que par l’exercice constant de lai puissance divine du Chef de notre foi, vivant éternellement dans les cieux.

 

Aucune conversion, aucun travail de sanctification, aucune victoire sur le péché et le monde ne peut avoir lieu sans une manifestation directe de Celui qui est tout-puissant pour sauver. Cette révélation ne peut s’effectuer que par sa prière. Il la demande au Père et Il l’obtient du Père. «C’est aussi pour cela qu’Il peut sauver, parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur». (Heb 7:25)

 

Il n’est pas un besoin de son peuple qu’Il ne puisse satisfaire. Sa médiation sur le trône est aussi indispensable, aussi efficace que sur la croix, et c’est son oeuvre incessante à la droite de Dieu. Non seulement nous participons aux bénéfices de cette oeuvre, mais à l’oeuvre elle-même. Pourquoi? Parce que nous sommes son corps et que le corps et ses membres ne font qu’un. «La tête ne peut pas dire aux pieds: Je n’ai pas besoin de vous». (1Co 12:21) Faisant un avec Jésus, nous partageons avec lui ce qu’Il est et ce qu’Il a. «Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée». (Jn 17:22)

 

Nous partageons sa vie, sa justice, son oeuvre, nous devons aussi partager son intercession. Il n’est pas une oeuvre qu’Il accomplisse sans que nous en ayons notre part. «Christ est ma vie». (Php 1:21)

 

«Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi». (Ga 2:20)

 

La vie en lui et en nous est absolument identique. La vie de Jésus dans les cieux est une vie de prière constante; et si nous vivons eh lui, notre prière sera aussi un échange continuel de demandes et d’exaucements. Ne pensons pas qu’il y ait deux courants distincts de prières qui s’élèvent séparés l’un de l’autre, l’un venant de Christ et l’autre de son peuple. Non, s’ils vivent de sa vie, l’union entre lui et les siens est complète. C’est lui qui nous inspire ce que nous avons à demander; et, à son tour, Il s’empare de notre prière pour la présenter au Père. Il est l’ange qui tient l’encensoir d’or. «On Lui donna beaucoup de parfums, afin qu’il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône». (Ap 8:3) Voilà le secret de l’exaucement de toute prière. Il faut que ce soit Christ qui les offre au Père.

 

Le Fils unique du Père a seul le droit de prier; la plénitude de la divinité habite en lui, et cette plénitude lui donne une puissance entière et complète dans l’exercice de la prière, puissance qu’il accorde aux siens. La croissance dans la vie spirituelle consiste à découvrir de plus en plus tous les trésors renfermés en lui, les liens qui nous unissent à lui et à faire l’expérience que nous sommes en lui. Plus nous le posséderons, plus nous recevrons de grâces dans la vie de la prière comme dans la vie spirituelle.

 

Ne croyons pas que l’intercession de Jésus se borne à prier à notre place, lorsque pour une raison ou pour une autre nous ne prions pas. Non. Elle va plus loin. C’est elle qui nous amène à prier à l’unisson avec Christ, de qui procède notre vie et notre foi. Dès lors, notre prière sera un acte de foi.

 

C’est une nouvelle époque dans la vie de plus d’un croyant, que le moment où Christ lui est révélé comme vivant en lui et lui en Christ. Il comprend alors que le Sauveur est son garant, afin qu’il lui reste fidèle et obéissant. C’est là le premier pas dans la vie de la foi. La découverte que Christ est aussi notre garant dans notre vie de prière ne sera pas moins bénie. Il est le centre de toute prière. Il est le guide dans la voie de supplications qu’Il a inaugurée lui-même, Il est le chef et le consommateur de notre foi. Il communique son propre Esprit de prière à tous les siens. En donnant sa vie pour ses rachetés, Il a fourni à tous leurs besoins. Il s’associe donc à leur vie de prière, Il y pourvoit en les unissant à la sienne et en la maintenant en eux. «Mais j’ai prié pour toi», non pour rendre ta foi superflue ou inutile, mais «pour que ta foi ne défaille point». (Lu 22:32) Cela revient à dire: «Si vous demeurez en moi», L’INTERCESSEUR, qui vis aux siècles des siècles, «demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jn 15:7)

 

La pensée de cette communion intime avec Jésus dans son oeuvre d’intercession nous rappelle ce qu’Il nous a enseigné plus d’une fois. Les magnifiques promesses faites à la prière ont comme but et justification la gloire de Dieu dans la manifestation de son royaume et le salut des pécheurs. Tant que nous ne prions que pour nous-mêmes, les promesses faites par Jésus-Christ dans sa dernière nuit ici-bas, restent un livre fermé pour nous.

 

C’est aux sarments du vrai cep, qui produisent du fruit, c’est aux disciples envoyés dans le monde pour annoncer la vérité aux âmes qui périssent, c’est aux serviteurs fidèles qui continuent et poursuivent le travail qu’Il a laissé inachevé derrière lui, c’est à ceux qui, comme le Maître, sont devenus la semence de vie, semence qui doit mourir pour produire au centuple, c’est à tous ceux-là, disons-nous, que la promesse a été donnée. Que chacun de nous cherche quelle est l’oeuvre qu’il a à faire, quelles sont les âmes qui lui ont été confiées, et que notre intercession pour elles devienne notre lien d’intimité avec Dieu. Nous réaliserons non seulement pour nous les promesses faites à la prière, mais nous ferons encore l’expérience que demeurer en Christ et lui en nous nous rend participants à son propre bonheur. Ce bonheur ne consiste-t-il pas à être en bénédiction aux hommes et à les sauver?

 

Merveilleuse intercession de notre bien-aimé Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, à, laquelle nous devons toutes choses et à laquelle Il nous associe comme ses compagnons, de travail! Oh! prions en son nom, en son Esprit, en lui-même, en union parfaite avec, lui! Oh! merveilleuse intercession toujours, active, toujours efficace de Jésus-Christ, quand y participerons-nous complètement? Quand nos prières feront-elles partie intégrante de son intercession?

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXVII

 

CHRIST, SOUVERAIN SACRIFICATEUR

 

«Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi.». (Jn 17:24)

 

Dans son discours d’adieu, Jésus révèle à ses disciples ce que sera la vie future lorsque le règne de Dieu sera venu avec puissance. Dans la communion du Saint-Esprit, dans l’union avec le cep céleste, dans le témoignage et les souffrances, les disciples trouveront leur vocation et leur félicité. En déroulant à leurs yeux les perspectives de cette vie-là, le Seigneur fait, à plusieurs reprises, aux apôtres, les promesses les plus illimitées à la force et à la puissance de leurs prières.

 

En terminant ses enseignements, lui-même se dispose à prier. Voulant laisser à ses disciples la joie de savoir ce que sera pour eux son intercession dans le ciel comme leur souverain sacrificateur, Il leur fait le précieux legs de sa prière sacerdotale. Et cela autant parce qu’ils doivent partager son oeuvre d’intercession que pour qu’ils sachent, et nous avec eux, comment ils peuvent accomplir leur sainte mission.

 

Dans l’enseignement du Seigneur, pendant cette dernière nuit, nous avons appris que ses étonnantes promesses faites à la prière ne sont pas accordées en notre faveur seulement, mais en faveur des intérêts du Seigneur et de son royaume. C’est du Seigneur lui-même que nous pouvons apprendre ce que la prière en son nom doit être et ce qu’elle peut obtenir. La prière sacerdotale nous enseigne ce que la prière faite, au nom de Jésus peut demander, espérer et attendre.

 

Elle se divise en trois parties. Dans la première, du verset 1 à 5 le Seigneur prie pour lui-même; dans la seconde, du verset 6 à 19 Il prie pour ses disciples, et dans la dernière du verset 20 à 26 Il prie pour le peuple des fidèles dans tous les âges.

 

Le disciple de Jésus qui se voue à l’oeuvre d’intercession et qui veut faire l’épreuve de la mesure de bénédictions qu’il peut faire descendre sur ceux qui l’entourent, par la prière au nom de Jésus, étudiera par l’Esprit en toute humilité, ce beau chapitre dix-septième de Jean, comme l’une des leçons les plus importantes de l’école à laquelle nous sommes.

 

Jésus prie avant tout pour lui-même, afin qu’étant glorifié, Il puisse glorifier le Père. «Père... glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie».

 

«Maintenant toi, Père, glorifie-moi».

 

Il expose les raisons pour lesquelles Il prie de la sorte. Le Père et le Fils ont conclu une sainte alliance dans les cieux, Le Père, comme récompense de l’oeuvre du Fils ici-bas, lui a donné toute puissance sur les hommes. Le Fils a accompli sa mission; Il a glorifié le Père. Son but est de le glorifier toujours plus. C’est avec une. sainte hardiesse qu’Il demande au Père de le glorifier, parce qu’alors Il sera eh état de faire pour son peuple tout ce qu’Il a entrepris.

 

Disciples de. Jésus! Nous avons ici la première leçon dans l’intercession sacerdotale. Suivons l’exemple de notre grand souverain sacrificateur. Le Fils a commencé sa prière en affirmant sa position vis-à-vis du Père. Il a mis, en avant son oeuvre, son obéissance, son ardent désir que le Père soit glorifié. Faisons comme lui. Approchons-nous de notre Père, par Christ, sachons nous prévaloir auprès de lui de l’oeuvre que Jésus a accomplie. Ne faisons plus qu’un avec elle, confions-nous en elle, vivons pour elle; déclarons que nous sommes prêts à nous consacrer jusqu’à la fin au travail que le Père nous a donné à faire et à ne vivre que pour sa gloire. Demandons alors avec confiance que le Père soit glorifié eh nous. Voilà ce qu’est la prière faite dans l’Esprit de Jésus, en son nom et en parfaite union avec lui. Cette prière aura force et puissance.

 

Si, avec Jésus, nous glorifions le Père, le Père, à son tour, glorifiera le Fils, en nous accordant ce que nous demandons en son nom et, en particulier, nos requêtes d’intercession pour ceux qui nous entourent.

 

Notre Seigneur prie ensuite pour ses disciples: Il parle d’eux comme de ceux que le Père lui a donnés. Le signe qui les caractérise, c’est qu’ils ont reçu la parole de Christ. Il déclare les envoyer désormais dans le monde à sa place, comme le Père l’avait envoyé lui-même. Il réclame deux choses en leur faveur: Que le Père les préserve du.mal, et qu’Il les sanctifie par sa parole qui est la vérité, parce que Jésus se sanctifie lui-même pour eux.

 

Tout intercesseur croyant et fidèle a, comme le Seigneur, un cercle intime pour lequel il faut qu’il prie tout d’abord. Les parents ont leurs enfants, les instituteurs leurs élèves, les pasteurs leurs troupeaux, les moniteurs des écoles du dimanche leurs groupes, tout travailleur dans le champ de Dieu a sa charge spéciale et doit porter dans son coeur ceux qui lui sont confiés.

 

Il est de toute importance que la prière d’intercession soit personnelle, définie, qu’elle ait un but bien déterminé. Notre première demande en faveur de ceux pour lesquels nous Intercédons doit être qu’ils reçoivent la Parole, mais cette prière n’aura aucune efficace si nous ne pouvons dire avec le Seigneur: «Je leur ai donné ta parole». (Jn 17:14)

 

Voilà ce qui nous donne la liberté et la force dans notre oeuvre d’intercession pour les âmes. Il faut non seulement prier pour elles, mais nous adresser à elles directement. Quand elles auront accepté la Parole, prions beaucoup pour qu’elles soient préservées du mal et sanctifiées par la Parole.

 

Au lieu de nous désespérer, de juger ceux qui tombent et de les abandonner, prions pour eux avec ardeur. «Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés». (Jn 17:11) «Sanctifie-les par ta vérité». (Jn 17:17)

 

La prière au nom de Jésus est d’une grande efficace. «Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai». (Jn 14:13)

 

Enfin, la prière du Seigneur embrasse un champ plus vaste. «Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole». (Jn 17:20)

 

Son coeur de sacrificateur s’ouvre et s’élargit pour renfermer tous les lieux et tous les temps Il prie pour que tous ceux qui lui appartiennent ne forment partout qu’un seul corps, donnant ainsi la preuve que sa mission est bien réellement divine et que les siens seront admis avec lui à une gloire éternelle. «Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et que je sois en eux». (Jn 17:26)

 

Le disciple de Christ qui a éprouvé dans son entourage immédiat quelle a été la puissance de sa prière, ne pourra plus se renfermer dans un cercle aussi limité. Il faut qu’il prie pour l’Eglise universelle et les branches qui s’y rattachent. Il priera surtout pour, obtenir l’amour fraternel et l’unité de l’Esprit. Il priera pour que l’Eglise soit une en Christ et pour qu’elle témoigne au milieu du monde que Christ a accompli cette oeuvre merveilleuse: l’amour triomphant de l’égoïsme. Quel autre, sinon le Fils de Dieu, envoyé du ciel, aurait pu la réaliser?

 

Les chrétiens devraient prier beaucoup pour que l’unité de l’Eglise, non dans sa forme extérieure, mais en esprit et en vérité, soit rendue manifeste. Voilà pour la prière en elle-même.

 

Voyons le mode à employer.

 

Jésus dit: «Père, JE VEUX!» Lui, le Fils, lui qui a reçu les promesses du Père, lui qui, a accompli son oeuvre jusqu’au bout, Il a le droit de le dire. La promesse du Père est positive: «Demande-moi et je te donnerai». Il s’en prévaut, Il nous fait, à son tour, une promesse analogue. «Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai». (Jn 14:13)

 

Il nous adresse cette demande: «Que veux-tu?» À nous de répondre: «Père, JE VEUX tout ce que tu as promis». Au fond, c’est là la foi véritable, celle qui honore Dieu. La conviction que nous obtiendrons ce que nous demandons avec foi est agréable au Père. Au premier abord, notre coeur hésite à employer cette expression: je veux; nous ne nous sentons ni le droit, ni la force de nous en servir. La grâce de pouvoir dire: «je veux» ne nous sera accordée que lorsque nous aurons fait une entière abnégation de nous-mêmes; soyons certains alors que tous ceux qui auront soumis leur volonté à celle du Maître la recevront. Celui qui renonce à sa volonté la retrouvera, et il la retrouvera renouvelée et fortifiée d’une puissance toute divine.

 

«PÈRE JE VEUX». Voilà la note dominante de l’intercession, constante, active, efficace de notre Sauveur dans le ciel. Par notre union avec lui, notre prière aura la même efficacité. Mais à une condition: c’est que nous marchions avec lui, que nous demeurions en lui et que nous fassions toutes choses en son nom. Allons à lui avec confiance. Apportons-lui chacune de nos requêtes. Mettons-les à l’épreuve de sa Parole et du Saint-Esprit, puis jetons-les dans le torrent d’intercession qui s’échappe du coeur de notre Seigneur pour s’élancer vers le Père. Alors nous pourrons avoir pleine confiance que nous recevrons ce que nous demandons.

 

L’Esprit lui-même nous inspirera ce:

 

«Père, je veux» qui nous apportera l’exaucement. Vivre en lui et pour lui seul, là sera le secret de notre force et de notre influence.

 

Disciples de Jésus! Appelés à être semblables à notre Seigneur dans son intercession sacerdotale, quand arriverons-nous à réaliser notre glorieuse destinée, qui est de prier, de plaider la cause des âmes qui périssent et d’acquérir de l’influence en leur faveur auprès de Dieu? Quand secouerons-nous notre nonchalance qui se revêt de fausse humilité et nous rendrons-nous à l’Esprit de Dieu, afin qu’Il revête notre volonté de force et de lumière? Quand arriverons-nous à saisir et à posséder les merveilleuses promesses que Dieu nous a faites?

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXVIII

 

CHRIST, LA VICTIME

 

«Il disait: Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe! Toutefois non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.». (Mr 14:36)

 

Quel contraste dans l’espace de quelques heures! Quelle transition entre le moment où: «Jésus levant ses yeux au ciel dit: Père, je veux». (Jn 17:1-24) et celui où, «s’étant jeté contre terre, Il pria que, s’il était possible, cette heure s’éloignât de lui!». (Mr 14:35)

 

Dans l’un, nous voyons le souverain sacrificateur en dedans du voile, intercédant avec puissance. Dans l’autre, la victime sur l’autel, ouvrant la voie nouvelle au travers du voile déchiré.

 

Dans l’ordre chronologique, le: Père, je veux du souverain sacrificateur, précède le cri de la victime obéissante: «Père, non pas ce que je veux». Cet ordre était nécessaire pour nous montrer ce que serait l’intercession de Jésus une fois le sacrifice consommé. De fait, c’est cette prière à l’autel: «Père, non pas ce que je veux», qui a fait la force de celle devant le trône: «Père, je veux».

 

C’est par l’abandon complet de sa volonté en Gethsémané que le grand prêtre assis. sur le trône a la puissance de demander ce qu’Il veut. Pour tous ceux qui veulent apprendre à prier à l’école de Jésus, cette leçon de Gethsémané est l’une des plus sacrées et des plus précieuses. Il pourrait sembler à un écolier superficiel qu’elle ôte le courage de prier avec foi. Si cette supplication ardente du Fils n’a pas été entendue, si le bien-aimé lui-même a dû dire: Non pas ce que je veux, à combien plus forte raison ne le dirons-nous pas aussi. Au premier abord, il paraît impossible que les promesses faites si peu d’heures auparavant par le Seigneur, puissent être prises au pied de la lettre: TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ, et QUOI QUE VOUS DEMANDIEZ.

 

Si nous pénétrons plus profondément dans le sens des paroles prononcées en Gethsémané, nous apprendrons que c’est là précisément notre sûreté quant à l’exaucement de nos prières. Approchons-nous avec une adoration pleine de respect pour contempler le Fils de Dieu priant, suppliant avec larmes et grands cris et n’obtenant pas ce qu’Il demande. Il est notre Maître; lui,même nous révélera le mystère de son sacrifice, tel qu’il est contenu dans cette prière, inexplicable à nos yeux.

 

Pour la comprendre, remarquons l’immense différence entre la prière de notre Seigneur grand sacrificateur, et celle qu’Il offre si peu de moments après dans sa faiblesse. Alors, Il priait pour que son Père fût glorifié, pour que lui-même et son peuple le fussent aussi, par l’accomplissement des promesses positives qui leur avaient été faites. Il demandait ce qu’Il savait être selon la parole et la volonté du Père; Il pouvait donc dire hardiment: PÈRE, JE VEUX

 

Maintenant, Il prie dans la faiblesse de son humanité, et pourtant, Il sait que c’est la volonté du Père qu’Il boive cette coupe. Il en a déjà parlé à ses disciples, plus tard Il leur dira encore: «Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donné à boire». (Jn 18:11) Il sait que c’est pour cela qu’Il est venu sur la terre. Mais dans l’indicible angoisse de son âme, lorsqu’Il sent la puissance des ténèbres l’envelopper et qu’il éprouve les premières atteintes de la colère de Dieu contre le péché, sa nature humaine tremble en présence de cette épouvantable réalité: Être lait malédiction.

 

Il pousse ce cri d’angoisse, demandant à Dieu que, si son but peut être atteint sans cette épreuve, cette coupe terrible passe loin de lui. Ce cri est la preuve évidente, irrécusable de la réalité profonde de son humanité. Lorsqu’Il dit au Père: «Toutes choses te sont possibles» et qu’Il le supplie avec toujours plus d’intensité que cette coupe lui soit épargnée, c’est le: «Toutefois, non pas ce que je veux», trois fois répété, qui constitue la valeur réelle, l’essence même de son sacrifice.

 

Il a demandé quelque chose... et Il ne peut pas dire: «Je sais que c’est ta volonté!» Il se réclame de l’amour et de la puissance de Dieu et pourtant Il termine par ces mots: TA VOLONTE SOIT FAITE.. (Mt 26:42)

 

C’est dans l’abandon complet de sa volonté, dans sa soumission à celle de son Père, que l’obéissance de Christ atteint sa plus haute perfection; c’est du sacrifice de sa volonté en Gethsémané que le sacrifice de sa vie sur le Calvaire a pris sa valeur. C’est là, comme dit l’Ecriture: «Que le Fils a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes et qui, après avoir été élevé à la perfection, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur d’un salut éternel». (Heb 5:9) «Il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix», «c’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé». (Php 2:8-9) De plus, Dieu lui a donné le droit de demander ce qu’Il veut. C’est dans le: «Père, non pas ce que je veux», qu’Il a obtenu de pouvoir dire: Père, je veux.

 

Contemplons encore les mystères que nous offre Gethsémané.

 

Nous voyons d’abord le Père présenter à son bien-aimé la coupe du vin de son ardente colère; (Ap 16:19) puis le Fils, toujours si obéissant, reculer et supplier que cette coupe s’éloigne de lui; (Mr 14:36) enfin le Père, sans accorder cette requête, présenter de nouveau la coupe à son Fils. Le Fils cède, satisfait que sa volonté à lui ne s’accomplisse pas, et Il se rend au Calvaire pour y boire la coupe jusqu’à la lie.

 

Oh! Gethsémané, c’est toi qui nous fais comprendre comment notre Seigneur a pu nous donner l’assurance illimitée qu’Il répond à nos prières. Il nous l’a méritée, cette assurance, en consentant à ce que sa prière restât sans effet.

 

Ceci est en harmonie parfaite avec le plan de la rédemption. Notre Seigneur a conquis pour nous le contraire de ce qu’Il a souffert. Ainsi, Il a été lié, afin que nous fussions libres; Il a été fait péché, afin que nous devinssions justice devant Dieu; Il est mort, afin que nous vivions; Il a porté le poids de la malédiction de Dieu, afin que Dieu répandît sur nous ses bénédictions. Sa prière est restée sans réponse pour que nos prières fussent exaucées. Il a dit: Non pas ce que je veux, afin que nous puissions obtenir: Demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. (Jn 15:7)

 

Oui, ces mots: Si vous demeurez en moi, prennent une nouvelle force ici, à Gethsémané. Christ est notre chef, Il s’est mis à notre place, IL est notre garant, et Il a supporté le châtiment qui devait nous atteindre. Nous avions mérité que Dieu ne nous écoutât pas, Christ est intervenu et a enduré cette douleur suprême pour nous. Mais à cause de cette douleur même, nous retrouvons le droit d’être exaucés. Le châtiment est écarté, mais il faut que nous demeurions en lui.

 

Oui, en lui! Quand Il est là, prosterné en Gethsémané, il faut que nous demeurions en lui. Le Saint-Esprit par lequel Il s’est offert à Dieu en victime expiatoire est le même qui habite en nous, qui nous fait participer à son obéissance et nous rend capables de sacrifier notre volonté propre à celle de Dieu. Cet Esprit nous enseigne à repousser notre volonté, à la craindre, à la redouter même lorsqu’elle n’est pas positivement mauvaise. C’est lui qui ouvre notre oreille et la dispose à attendre avec douceur et docilité tout ce que le Père a à nous dire et à nous enseigner, jour après jour.

 

Il nous fait comprendre comment l’union de notre volonté avec celle de Dieu n’est autre que l’union avec le Père. L’exemple que nous donne le Fils est la véritable bénédiction de nos âmes. Cette volonté, renouvelée par l’Esprit, nous met en communion avec la mort et la résurrection de, Christ, elle nous remplit d’une sainte joie, et nous permet de devenir les instruments dociles de cette volonté divine.

 

Mettons donc toute notre volonté à vivre pour les intérêts du règne de Dieu sur la terre, et, par la prière, dans le ciel, auprès de Dieu. Plus nous nous pénétrerons de ces paroles: Père, non pas ce que je veux, prononcées en Gethsémané, plus nous nous efforcerons de vivre en Celui qui les a fait entendre et plus nous éprouverons complètement la force de ce: «Père, je veux» du Sauveur.

 

Ecoutons-le à Gethsémané lorsqu’Il dit:

 

«Si vous demeurez en moi... demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jn 15:7)

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXIX

 

L’ASSURANCE DANS LA PRIERE

 

«Nous avons auprès de lui cette assurance que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, Il nous écoute. Et si nous savons qu’Il nous écoute, quelque chose que nous demandions, nous le, savons parce que nous obtenons ce que nous lui avons demandé.». (1Jn 5:14-15)

 

Pour beaucoup dé chrétiens, un des grands, obstacles à la prière de la foi est celui-ci: Ils ne savent pas si ce qu’ils demandent est selon la volonté de Dieu. Tant qu’ils conservent un doute à cet égard, ils ne peuvent prier avec l’assurance qu’ils seront exaucés. Aussi, qu’arrive-t-il? Une fois la prière prononcée, si la réponse tarde, ils pensent qu’il vaut mieux laisser Dieu agir selon son bon plaisir.

 

De la façon dont ils interprètent ces paroles de Jean: Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, Il nous écoute, toute certitude d’exaucement est impossible, parce qu’ils ne peuvent arriver à se rendre compte de la volonté de Dieu. Ils considèrent la volonté de Dieu comme son conseil secret et se demandent comment l’homme mortel peut sonder les desseins du Dieu omniscient.

 

Ce point de vue est opposé au but que Jean s’est proposé en écrivant les paroles de notre texte. Il veut nous réveiller, ranimer en nous la confiance, l’assurance et la foi en une prière efficace. Il a dit: Nous avons auprès de lui cette assurance, afin que nous puissions dire à notre tour: «Père, tu sais et je sais que ce que je demande est selon ta volonté, par conséquent je sais que tu m’écoutes».

 

C’est pour cela que Jean ajoute immédiatement le verset 15 «Si nous savons qu’Il nous écoute, quelque chose que nous demandions, nous le savons», par la foi, «parce que nous obtenons», au moment même où nous prions, «ce que nous lui avons demandé».

 

Jean ne met pas en doute qu’avant de commencer à prier, nous ne nous soyons demandé: Notre prière est-elle selon la volonté de Dieu? Elle peut l’être et cependant ne pas obtenir une réponse immédiate, si Dieu veut mettre à l’épreuve notre persistance et notre foi. C’est pour nous mettre sur cette voie qu’il nous dit: «Nous avons auprès de lui cette assurance que si nous demandons quelque ‘chose selon sa volonté, il nous écoute».

 

Il est évident que si nous ne pouvons pas nous rendre le témoignage que notre prière est selon la volonté de Dieu, nous ne recevrons aucun secours des paroles suivantes: «Nous le savons, parce que nous obtenons ce que nous lui avons demandé». Là se trouve précisément la difficulté.

 

Plus d’un chrétien se dit: Je ne sais pas. si ce que je désire est selon la volonté de Dieu et selon le dessein de sa sagesse infinie. Il m’est impossible de savoir s’il n’a pas en réserve pour moi quelque chose de meilleur que ce que je désire, et s’Il n’a pas d’excellentes raisons pour me refuser ce que je demande». Chacun a pu se rendre compte dans la vie qu’avec de pareilles pensées, la prière de la foi dont Jésus a dit: «Si quelqu’un ne doute point en son coeur mais croit que ce qu’il dit arrivera, il le verra s’accomplir», (Mr 11:23) devient une impossibilité.

 

La prière sera celle de la soumission, de la confiance en la sagesse de Dieu, mais ne sera jamais la prière de la foi. La grande erreur que commettent souvent les enfants de Dieu, c’est de croire qu’il n’est pas possible de connaître la volonté de leur Père. Si, au contraire, ils croient à cette possibilité, ils ne prennent ni le temps ni la peine de chercher quelle est cette volonté. Ce qu’ils désirent, c’est de voir clairement le, chemin par lequel le Père vent les conduire.

 

C’est par la Parole de Dieu, par la lumière du Saint-Esprit accepté comme guide, que nous reconnaîtrons si nos requêtes sont selon la volonté de Dieu.

 

PAR LA PAROLE. Il y a comme une volonté secrète de Dieu, avec laquelle nous craignons souvent que notre prière ne soit en désaccord. Ce n’est pas à cette volonté-là que nos prières ont affaire, mais à celle qui nous est clairement révélée dans l’Ecriture.

 

Nos idées sur ce que cette volonté mystérieuse peut avoir décrété sont le plus souvent tout à fait erronées et rendent tout exaucement impossible. La foi enfantine accepte simplement l’assurance du Père, que sa volonté est d’exaucer les prières et d’accorder à la foi ce qu’elle demande. Le Père a révélé dans sa Parole, par des promesses générales, ce qu’est sa volonté envers son peuple. L’enfant a le droit de s’emparer de cette promesse et de l’appliquer à toutes les circonstances particulières de sa vie, auxquelles elle se rapporte.

 

Tout ce qu’il demande, d’accord avec cette volonté révélée, recevra certainement son exaucement. À mesure que la foi s’enhardit et s’affermit assez pour réclamer l’accomplissement d’une promesse générale qu’elle ne craint pas d’appliquer à un cas *particulier, elle recevra l’assurance que sa prière est entendue.

 

Pourquoi?

 

Parce qu’elle est selon la volonté de Dieu.

 

Prenons ces paroles de Jean comme une illustration de notre pensée: «Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne mène point à la mort, qu’il prie, et Dieu donnera la vie à ce frère». (1Jn 5:16)

 

Voilà la promesse générale, le fidèle qui s’appuie sur elle prie selon la volonté de Dieu, et Jean lui donne l’assurance qu’il reçoit la grâce qu’il réclame.

 

Mais cette manière de comprendre la volonté de Dieu est toute spirituelle et ne peut être discernée que spirituellement. Ce n’est pas par un raisonnement logique que nous pourrons y arriver: «Dieu l’a dit, donc je l’obtiendrai». Tous les chrétiens n’ont pas reçu la même vocation ni le même don. La promesse prise dans son sens général est la même pour tous, mais Dieu a une volonté différente et spéciale à l’égard de chaque individu suivant le but qu’Il se propose d’atteindre.

 

La sagesse des enfants de Dieu cherchera à connaître cette volonté spéciale du Père en ce qui les concerne personnellement, selon la mesure de grâce qui leur a été donnée.

 

Cette sagesse les mettra en état de demander et de recevoir ce que Dieu a mis en réserve pour eux. C’est pour nous la communiquer que le Saint-Esprit habite en nous. Et c’est pour que nous fassions l’application à nos besoins personnels et particuliers des promesses générales du Père que l’Esprit de Dieu nous est donné pour nous conduire.

 

C’est cette union entre l’enseignement de la Parole et celui de l’Esprit que beaucoup de chrétiens n’arrivent pas à comprendre. De là vient la double difficulté de bien se rendre compte de ce qu’est la volonté de Dieu à leur égard. Quelques-uns la cherchent dans un sentiment intérieur ou une conviction innée et voudraient être conduits par l’Esprit, mais sans la Parole. D’autres la cherchent dans la Parole seulement, sans y ajouter le Saint-Esprit comme un guide plein d’amour. Ces deux facteurs ne peuvent, ni ne doivent être séparés. C’est par leur moyen que nous parviendrons à., connaître la volonté de Dieu et à savoir prier selon cette volonté.

 

C’est dans notre coeur que la Parole et l’Esprit doivent se rencontrer et c’est par leur cohabitation en nous que nous serons pleinement enseignés. Il faut que la Parole de Dieu demeure en nous, de telle sorte que notre oeuvre et notre vie soient, jour après jour, sous son influence. L’enseignement du Saint-Esprit ne peut venir du dehors, il vient de l’intérieur. Celui-là seul qui s’est abandonné à la direction de la Parole et de l’Esprit dans tous les détails de sa vie, saura discerner dans certains cas spéciaux ce que la volonté de Dieu l’autorise à demander, en toute hardiesse, avec l’assurance d’être exaucé.

 

Ah! si les chrétiens pouvaient savoir le mal qu’ils se font lorsqu’ils se figurent que leur prière n’est pas selon la volonté de Dieu! C’est comme s’ils consentaient à se passer de toute réponse et de tout exaucement. La Parole de Dieu nous dit que la.. raison pour laquelle tant de nos prières ne sont pas exaucées, c’est que nous ne prions. pas bien. «Vous demandez et vous ne recevez rien, parce que vous demandez mal». (Jas 4:3)

 

En ne nous répondant pas, notre Père veut nous faire entendre que nos prières ne sont pas ce qu’elles doivent être, qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Il veut nous amener, d’abord, à découvrir ce que c’est, à le confesser, puis à posséder la vraie foi et à prier avec efficace. Dieu ne peut atteindre ce but qu’en nous forçant à voir que c’est nous qui sommes à blâmer si l’exaucement se fait attendre. Il se peut que ce soit l’objet de notre prière, ou notre foi, ou notre vie, qui ne sont pas conformes à ce qu’elles doivent être. Mais cet enseignement de Dieu reste infructueux aussi longtemps que nous nous contentons de dire: «C’est parce que notre prière n’est pas en harmonie avec les vues et la volonté de Dieu, qu’Il ne nous exauce pas».

 

N’accusons plus du rejet de nos prières une volonté secrète de Dieu; sachons reconnaître que la faute n’en est qu’à nous. Que la citation de Jacques soit comme la lampe du Seigneur, qui visite et illumine nos coeurs et nos vies, pour nous prouver que nous sommes réellement de ceux auxquels Christ a fait la promesse d’une réponse certaine.

 

Oui, nous pouvons savoir avec quelque certitude si notre prière est selon la volonté de Dieu. Mais, pour cela, ouvrons nos coeurs, laissons la Parole du Père habiter en nous. Abandonnons-nous sans réserve à l’enseignement de l’Esprit; demeurons en Christ, vivons en la présence du Père, et nous comprendrons alors que la volonté de, Dieu est de nous accorder tout ce que son amour et sa Toute-Puissance ont en réserve pour nous.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXX

 

LE MINISTERE DE L’INTERCESSION

 

«Formez vous-mêmes un édifice, une maison spirituelle pour constituer une, sainte sacrificature et offrir des sacrifices spirituels à Dieu, par Jésus-Christ.». (1Pi 2:5)

 

«Mais vous, on vous appellera prêtres de l’Eternel.». (Esa 61:6)

 

«L’Esprit du Seigneur, l’Eternel, est sur moi, car l’Eternel m’a oint». (Esa 61:1)

 

Telle est la parole de Dieu révélée par Esaïe. Comme fruit de l’oeuvre de Christ, tous les rachetés sont prêtres de l’Eternel, participants avec lui de l’onction qui lui été faite de l’Esprit en qualité de souverain sacrificateur.

 

«C’est comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de ses vêtements». (Ps 133:2) De même que les fils d’Aaron, les membres du corps de Christ ont droit à la sacrificature, mais tous ne l’exercent pas. Un grand nombre d’entre eux ignorent même qu’ils possèdent ce privilège. Et pourtant, n’est-ce pas le plus précieux de tous, pour l’enfant de Dieu? N’est-ce pas là le trait de ressemblance qui l’unit étroitement avec Celui qui vit éternellement pour prier?

 

Douterons-nous qu’il en soit réellement ainsi? Réfléchissons à ce qui constitue la sacrificature. L’oeuvre du sacerdoce nous présente deux faces: L’une regarde à Dieu, l’autre à l’homme: «En effet, tout souverain sacrificateur pris au milieu des hommes, est établi en faveur des hommes, en vue de leurs, rapports avec Dieu». (Heb 5:1) En ce temps-là, l’Eternel sépara la tribu de Lévi et lui ordonna... de se tenir devant l’Eternel pour le servir et bénir le peuple en son nom». (De 10:8)

 

Le sacrificateur avait le droit de s’approcher de Dieu, de demeurer avec lui dans sa maison, d’offrir devant lui le sang du sacrifice ou de brûler l’encens. Il n’accomplissait aucun de ces actes pour lui-même, mais pour le peuple, dont il était le représentant. C’est là l’une des faces de son devoir. Il recevait du peuple les sacrifices, les offrait à Dieu, puis sortait pour bénir le peuple au nom de l’Eternel, l’assurer de sa faveur et lui enseigner ses lois.

 

Un sacrificateur est donc un homme qui ne vit en aucune façon pour lui-même. Il vit avec Dieu et pour Dieu. Son devoir est de veiller, comme serviteur de Dieu, sur la maison de son Maître, sur son honneur, sur son culte et de faire connaître aux hommes son amour et sa volonté. Il vit avec les hommes et pour les hommes. «Il peut être indulgent envers ceux qui pèchent par ignorance et par erreur, puisqu’il est lui-même plein de faiblesse». (Heb 5:2)

 

Telle est la vocation magnifique à laquelle est appelé tout chrétien. C’est le privilège de tous les saints. Ils ont été rachetés dans le seul but d’être sacrificateurs de Dieu au milieu des millions d’âmes qui périssent. Ils doivent être comme les dispensateurs de la grâce de Dieu, pour tous ceux qui les entourent, en vivant conformément à la vie de notre grand souverain sacrificateur Jésus-Christ.

 

Le sacrificateur doit être en harmonie avec son chef. Comme Dieu est saint, le prêtre devait être saint. Non seulement il devait être séparé de tout ce qui était souillé, mais encore il devait se sanctifier pour Dieu. Il était mis à part, consacré à Dieu, pour qu’Il en disposât à son gré. Sa séparation d’avec le monde qui l’entourait et sa consécration à Dieu étaient indiquées de bien des manières. D’abord par les vêtements, confectionnés d’après l’ordre même de Dieu;  (Ex 28) puis il ne devait touche aucun mort, et se préserver de toute souillure légale. «Il n’ira vers aucun mort; Il ne se rendra point impur, ni pour son père, ni pour sa mère». (Le 21:11)

 

Bien des choses permises à un Israélite lui étaient interdites. Cette séparation d’avec le monde se voyait encore dans cet ordre positif: c’est que le prêtre ne devait avoir aucune tare, aucun défaut corporel, sa perfection physique étant le type de sa sainteté.

 

«Tout homme de la race du prêtre Aaron qui aura un défaut corporel ne s’approchera point pour offrir à l’Eternel les sacrifices consumés par le feu». (Le 21:21)

 

Cette séparation s’accentuait aussi par la défense que Dieu avait faite que la tribu consacrée à la sacrificature eût un héritage terrestre. Dieu était son héritage: sa vie, celle de la foi. Les enfants de Lévi mis à part pour le service de Dieu ne devaient vivre que pour lui et par lui.

 

Tout cela est l’image de ce que doit être le prêtre sous la nouvelle Alliance. La puissance de notre sacerdoce auprès de Dieu dépend de la manière dont nous vivons dans ce monde. Il faut que nous soyons de ceux dont Jésus dit: «Ils n’ont pas souillé leurs vêtements». (Ap 3:4) En renonçant à ce qui peut paraître légitime pour d’autres, mais qui ne l’est plus pour nous, nous avons à prouver que notre consécration au Seigneur est sincère et complète. La perfection physique du sacrificateur sous l’ancienne Alliance doit trouver son équivalent dans notre état spirituel: «Sans défaut et sans tache». (1Pi 1,19) Nous devons être parfaits et préparés pour toute bonne oeuvre. «Mais il faut que la persévérance ait une efficacité parfaite, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien». (Jas 1:4)

 

Par-dessus tout, renonçons à tout héritage sur la terre; abandonnons tout et, comme Christ, sachons nous contenter d’avoir Dieu pour notre part, sachons posséder toutes choses comme ne possédant rien, et disposer de tout pour la seule gloire de Dieu. Voilà les signes distinctifs du prêtre véritable, de l’homme qui ne vit que pour Dieu et ses semblables.

 

Examinons maintenant le chemin qui mène au sacerdoce. Dans la personne d’Aaron, Dieu avait choisi ses descendants pour être sacrificateurs. Chacun d’eux l’était par sa naissance, et cependant aucun ne pouvait entrer en fonctions sans avoir passé par un acte spécial de consécration: l’onction.

 

Tout enfant de Dieu est sacrificateur par droit de naissance, par sa parenté avec le souverain sacrificateur, mais cela ne suffit pas. Il n’exercera son pouvoir qu’en raison de la manière dont il acceptera et réalisera sa consécration. Pour Aaron et ses fils, l’ordination se passait ainsi : (Ex 29) après avoir été lavés et habillés, ils étaient oints de l’huile sainte; puis on offrait des sacrifices. On touchait l’oreille droite, la main droite et le pied droit des nouveaux sacrificateurs avec le sang de l’holocauste. Puis, ainsi que leurs vêtements, ils étaient aspergés de l’huile et du sang mêlés. Il en est de même pour l’enfant de Dieu lorsqu’il réalise complètement ce que le sang de Christ et le Saint-Esprit sont pour lui. Il sent alors avec quelle puissance cette sainte sacrificature agit en lui. Le sang efface en lui tout sentiment d’indignité et l’Esprit tout sentiment d’incapacité.

 

Remarquons ce qu’il y avait de nouveau dans cette aspersion du sang sur le sacrificateur. Si, comme pénitent, il avait apporté autrefois un sacrifice pour son péché implorant le pardon, le sang de la victime était répandu sur l’autel, mais non sur sa personne. Pour sa consécration à la sacrificature, il fallait qu’il passât par un contact plus immédiat avec le sang. L’oreille, la main et le pied étaient mis par un acte spécial sous l’action directe du sang. Cet acte devenait ainsi le signe que Dieu prenait possession de l’être tout entier et le sanctifiait pour son service.

 

De même quand le chrétien en arrive à vouloir exercer le pouvoir de ce saint sacerdoce auprès du trône de Dieu, il envisage le sang de Christ d’une manière spéciale. Jusqu’alors il s’est contenté de penser que le sang répandu pour lui sur la croix est la seule chose nécessaire à son salut; maintenant il sent la nécessité d’une action plus complète et plus durable de la puissance du sang de Christ, pour purifier le coeur d’une mauvaise conscience et de tout péché.

 

C’est à mesure qu’il possède ce sentiment que se réveille en lui la conviction du privilège merveilleux, devenu son partage: avoir l’accès le plus intime auprès de Dieu et l’assurance la plus complète qu’il est accepté de lui.

 

Dans la même mesure que le sacrifice de Christ nous donne le droit, le Saint-Esprit nous donne la puissance et nous rend capables d’une intercession pleine de foi. Il souffle en nous l’esprit du sacerdoce et l’amour brûlant pour l’honneur de Dieu et le salut des âmes. Il nous rend tellement un avec Jésus-Christ que la prière en son nom devient une réalité. Par lui nous comprenons ce qu’est une prière importune qui compte sur l’exaucement. Plus le chrétien sera rempli de l’Esprit de Christ, plus sa vie tout entière sera employée au sacerdoce de l’intercession.

 

Chers condisciples en Christ! Dieu a grand besoin de sacrificateurs qui puissent s’approcher de lui, vivre en sa présence et attirer sur d’autres par leur intercession les bénédictions de sa grâce. Le monde, à son tour, a grand besoin de sacrificateurs qui veuillent se charger du fardeau des âmes qui périssent et intercéder pour elles. Ne voulons-nous pas nous consacrer à cette oeuvre magnifique! Nous savons le prix qu’elle nous coûtera: rien de moins que sacrifier tout, comme Christ l’a fait, afin que les desseins de l’amour de Dieu pour le salut du monde puissent s’accomplir.

 

Ne nous contentons plus désormais de savoir que nous, nous sommes sauvés, et d’accomplir juste assez de travail pour que notre conscience ne nous adresse pas de reproches. Que rien ne nous empêche de devenir des sacrificateurs parfaits! Que toute notre ambition soit ‘être des sacrificateurs du Dieu Très-haut! Que le sentiment de notre incapacité, de notre indignité ne nous retienne pas! Le SANG de Christ, seul, peut rendre nos prières acceptables à Dieu. Le SAINT-ESPRIT, en nous unissant à Dieu, nous enseigne à prier parfaitement selon sa volonté.

 

Tout sacrificateur savait que lorsqu’il présentait un sacrifice selon les lois du sanctuaire, il était agréé.

 

Couverts du sang de Christ, remplis du Saint-Esprit, nous avons l’assurance que les promesses de Dieu auront leur accomplissement pour nous. Soyons un avec le grand Souverain Sacrificateur, et «nous demanderons ce que nous voudrons ‘et cela nous sera accordé». (Jn 15:7)

 

Nous aurons le droit d’offrir la prière du juste, qui est d’une grande efficace. Non seulement nous nous joindrons à la prière générale de l’Eglise pour le monde, mais encore, comme sacrificateurs, nous ferons une oeuvre individuelle par notre prière. Nous nous adresserons directement à Dieu et, recevait sa réponse, nous pourrons, comme les enfants de Lévi, bénir en son nom.

 

Allons! frères, allons, devenons des sacrificateurs, de vrais sacrificateurs et rien que des sacrificateurs. Là est la vraie bénédiction, la réalisation de notre conformité à l’image du Fils de Dieu.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE

 

XXXI

 

UNE VIE DE PRIERE

 

«Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. Rendez grâces en toutes choses: c’est là ce que Dieu demande de vous en Jésus-Christ. (1Th 5:16-18)

 

Notre Seigneur a prononcé la parabole, du juge inique et de la pauvre veuve pour nous enseigner que l’homme «doit prier toujours et ne point se relâcher». (Lu 18:1 et suivants)

 

La veuve persévère à demander une chose définie et positive, et il semblerait que la parabole a en vue la prière persévérante qui réclame une bénédiction spéciale que souvent Dieu n’accorde pas tout de suite.

 

Les épîtres qui nous parlent de la vigilance associée à la prière constante, faite toujours selon l’Esprit, semblent se rapporter plutôt à une vie qui serait entièrement consacrée à la prière. Si notre âme est remplie de l’ardent désir que, la gloire de Dieu se manifeste en nous, autour de nous et par nous, avec l’assurance qu’Il entend la prière de ses enfants, notre vie intérieure fera de continuels progrès dans la foi et la confiance.

 

En terminant ces méditations, il ne nous est pas difficile de comprendre ce qu’il faut pour mener une vie de prière. La première condition est, sans aucun doute, le sacrifice complet de notre vie à la gloire de Dieu.

 

Celui qui cherche à prier sans cesse seulement parce qu’il veut être pieux et bon, n’y arrivera jamais. Notre coeur ne peut s’élargir que si nous nous oublions nous-mêmes. Nous arriverons alors à considérer toutes choses à la lumière divine. Nous reconnaîtrons pour tout ce qui nous entoure la nécessité du secours et de la bénédiction de Dieu. Nous y verrons une occasion de le glorifier.

 

Quand tout dans notre vie est envisagé et jugé au seul point de vue de la gloire de Dieu; quand nous aurons découvert que cela seul qui vient de lui peut réellement être à sa gloire, notre vie entière deviendra une aspiration vers le ciel, un cri du coeur pour que Dieu prouve sa puissance et son amour en manifestant sa gloire. Notre conscience se réveillera; nous comprendrons que nous sommes des sentinelles avancées sur les murs de Sion, chargées de célébrer la mémoire du Seigneur. Notre appel touchera réellement le Roi des cieux, nous aurons une influence positive sur lui pour l’engager à faire ce qu’Il n’aurait pas fait sans nos prières. Ces exhortations de Saint-Paul deviendront une réalité pour nous:

 

«Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance et priez pour tous les saints. Priez pour moi». (Eph 6:18)

 

«Persévérez dans la prière, veillez-y avec actions de grâces. Priez en même temps pour nous». (Col 4:2-3)

 

Renoncer à soi-même, vivre pour Dieu et sa gloire parmi les hommes, voilà donc le chemin qui conduit à prier sans cesse. Cette vie consacrée à Dieu doit être accompagnée d’une confiance entière dans l’efficacité de notre prière. Nous avons vu notre bien-aimé Sauveur, dans ses enseignements, insister particulièrement sur la foi au Père, le Dieu trois fois saint, qui accorde certainement ce que nous lui demandons «Demandez et vous recevrez». (Mt 8:7) L’exaucement certain de nos prières est pour Jésus le commencement et la fin de son enseignement.

 

Si nous possédons vraiment cette assurance et que nous soyons convaincus que nos prières ont une influence indiscutable auprès de Dieu, nous ne négligerons plus la merveilleuse puissance qu’Il nous a accordée. Notre âme se tournera complètement vers Dieu et notre vie deviendra une vie de prière. Le Seigneur prend le temps nécessaire pour nous répondre parce que nous et tout ce qui nous entoure, sommes des créatures du temps, soumises à la loi du progrès. Mais si nous croyons qu’aucune prière offerte avec foi ne peut être perdue, nous croyons aussi qu’il y a des moments où il faut que nos requêtes s’accumulent au pied du trône de Dieu jusqu’à ce qu’elles atteignent, par leur persévérance, une force irrésistible.

 

Ce n’est pas en Dieu, ni dans sa secrète volonté, mais eh nous seulement que se trouve l’obstacle à l’exaucement de nos prières.

 

C’est quand nous ne sommes pas ce que nous devons être que nous n’obtenons pas la réalisation de la promesse.

 

Les Paroles de notre Père contenues dans sa sainte Ecriture nous sonderont, nous humilieront, nous relèveront, nous fortifieront et finalement nous donneront le bonheur.

 

Pour la foi qui sait qu’elle obtient ce qu’elle demande, la prière n’est plus un travail ou un fardeau, mais une joie et un triomphe; elle deviendra pour nous une nécessité et une seconde nature.

 

Cette union de ferveur et de ferme assurance n’est au fond que la vie du Saint-Esprit en nous. Le Saint-Esprit habite en nous. Il se cache dans les replis les plus secrets de notre coeur. Tantôt Il se manifeste par des soupirs qui ne se peuvent exprimer; tantôt par une foi claire et consciente; tantôt par des demandes spéciales, distinctes, pour que Christ se révèle plus complètement à nous; tantôt par des supplications pour une âme en particulier, pour une oeuvre, pour l’Eglise, pour le monde. N’importe! C’est toujours le Saint-Esprit seul qui met dans le coeur la soif de Dieu, la soif de sa révélation, la soif de sa gloire.

 

Lorsque l’enfant de Dieu marche et vit réellement selon l’Esprit, lorsqu’il ne veut plus de l’existence de la chair, mais qu’il cherche avant tout la vie spirituelle et qu’il veut être un instrument entre les mains de Dieu pour révéler Christ autour de lui, alors la vie d’intercesseur du Fils bien-aimé ne peut que devenir nôtre et se refléter dans tous nos actes.

 

C’est donc par l’Esprit que tout obstacle sera aplani et que l’harmonie entre Dieu et nous sera parfaite. Mais la chose principale qu’il nous faut pour une vie de prière incessante, c’est la conviction que Jésus nous enseigne à prier. C’est la communion de la propre vie de Jésus qu’il nous faut. C’est la vie de Jésus en prière qui a poussé les disciples à lui demander de leur enseigner à prier. Il en est de même pour nous, c’est la vue de Jésus priait sans cesse qui nous enseigne véritablement à prier. Nous en savons la raison, Celui qui prie de la sorte est notre chef, notre vie. Tout ce qu’Il possède devient notre propriété, si nous lui appartenons complètement. Par son sang répandu pour nous, Il nous fait entrer en la présence immédiate de Dieu. Le lieu très saint est notre demeure; nous avons le droit d’y habiter. Ceux qui vivent en Dieu et qui sentent qu’ils ont été amenés à cette nouvelle vie pour être en bénédiction à ceux qui ne la connaissent pas encore, ne peuvent faire autrement que de prier.

 

Christ nous rend participants avec lui à sa vie de prière et à la force qui en découle. C’est ce qui nous fait comprendre que le vrai but de notre vie ne doit pas être seulement de travailler beaucoup et de prier assez pour que notre oeuvre n’en souffre pas, mais de prier beaucoup et de travailler assez pour que la force et la bénédiction obtenues par la prière retombent sur nos compagnons de route par notre moyen.

 

Non seulement Christ, qui sauve et qui règne, nous inspire notre vie de prière, mais Il nous la conserve toujours, si nous nous confions en lui. Il se fait le garant de notre prière incessante. Christ est tout: c’est lui qui nous donne la vie et la force, afin que nous priions constamment et sans nous lasser. C’est l’intercession continuelle de Christ, présente à notre coeur, qui nous rendra capables de prier sans cesse. C’est parce que la sacrificature de Jésus est l’emblème de la puissance que doit avoir la vie nouvelle, que prier sans cesse peut devenir pour nous la joie vivante et réelle du ciel dès ici-bas. «Soyez toujours joyeux». «Priez sans cesse». «Rendez grâces en toutes choses». (1Th 5:16-18)

 

La joie éternelle, la louange éternelle, la prière éternelle, n’est-ce pas là la manifestation de la vie éternelle, du ciel enfin, où Jésus prie éternellement? L’union entre le cep et le sarment n’est en réalité que l’union par la prière. La conformité entière avec Christ, la participation bénie à la gloire de sa vie divine est réalisée par la part que nous prenons à son oeuvre d’intercession. Lui et nous, nous vivrons pour prier toujours.

 

À mesure que nous ferons l’expérience de notre union avec lui, prier sans cesse deviendra une possibilité, une réalité, le but essentiel et le résultat béni de notre communion avec Dieu. Notre demeure permanente est en dedans du voile, en la présence même du Père; ce que le Père dit, nous le faisons; ce que le Fils dit, le Père le fait.

 

Prier sans cesse, c’est le ciel descendant jusqu’à nous. C’est l’avant-goût de cette vie céleste où nul ne s’arrête, ni jour ni nuit, dans le chant de la louange et dans l’adoration.

 

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.

 


 

Édition S. DELATTRE Privas. Ardèche 1933

 

Edition Numérique Yves PETRAKIAN – France 2011 –

 

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