COMME CHRIST
Rev. Murray Andrew
Nouvelle Edition Numérique Yves
PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG
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COMME CHRIST
1. Parce que nous demeurons en lui.
8. Dans le sacrifice de lui-même.
12. En faisant la volonté de Dieu.
15. Dans sa dépendance du
Père.
18. Dans son recours aux
Écritures.
22. Semblable à lui dans sa
mort.
24. Conforme à lui dans sa
mort.
25. Donnant sa vie pour les
hommes.
27. Demeurant dans l'amour de
Dieu.
32. De la nécessité de prêcher
Christ comme notre modèle
COMME CHRIST
(Murray)
PREMIER JOUR
COMME CHRIST
Parce que nous demeurons en lui.
« Celui qui dit
qu'il demeure en lui, doit aussi marcher comme il a marché lui-même. » 1 Jean 2 : 6.
Demeurer en
Christ et marcher comme Christ: voilà les deux grâces qui
nous sont présentées ici dans leur intime union. Le fruit d'une vie en Christ
est une vie semblable à celle de Christ.
La première de
ces deux paroles : demeurer en Christ, ne nous est pas nouvelle.
L'admirable parabole du cep et des sarments accompagnée de ce commandement : «
Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous » (Jean 15 : 4), nous a
souvent été une source d'instruction, et de force ; et quoique nous n'ayons que
bien imparfaitement appris à demeurer en Christ, nous avons pourtant goûté déjà
quelque chose de la joie donnée à toute âme qui peut dire : Seigneur, tu sais
toutes choses, tu sais que je demeure en toi ! Et Jésus aussi sait combien de
fois s'adresse encore à lui cette prière : Seigneur, donne-moi de demeurer en
toi complètement et sans interruption !
Cette autre
parole : marcher comme Christ n'a pas moins d'importance que la
première. Elle nous est une promesse de la puissance merveilleuse que doit
produire en nous le fait de demeurer en Christ. C'est là le fruit de notre
entier abandon au Seigneur. Sa vie opère alors si puissamment en nous, que
notre marcher c'est-à-dire l'expression extérieure de notre
vie intérieur en devient semblable à la sienne. L'une et l'autre de ces vérités
sont inséparablement liées. Toujours il faut commencer par demeurer en Christ
pour pouvoir marcher comme lui, quoique marcher comme Lui soit le but qui nous
engage à demeurer en lui et qui nous en fait pleinement sentir le besoin; alors
seulement le Seigneur a toute liberté de nous accorder la plénitude de sa
grâce, parce qu'il voit que l'âme est préparée à en user selon sa destination.
Plus d'un croyant découvrira là pourquoi il n'a pas réussi à demeurer en Christ
; il comprendra que c'est parce que son but n'était pas de marcher comme
Christ. Les paroles de Jean nous engagent à considérer ces deux vérités dans
leur rapport vital et leur dépendance l'une de l'autre.
La première
chose qu'elles nous enseignent est que celui qui cherche à demeurer en Christ
doit nécessairement marcher comme Christ a marché lui-même. Chacun sait que
le sarment porte un fruit de l’espèce du cep auquel il appartient. La vie du
cep et celle du sarment sont si bien une même vie, que le produit de cette vie
ne peut en différer. Quand le Seigneur Jésus nous a rachetés par son sang et
qu'il nous a présentés au Père revêtus de sa justice, il ne nous a pas laissés
à notre ancienne nature pour servir Dieu de notre mieux. Non, en lui réside la
vie éternelle, la vie sainte et divine du ciel, et tous ceux qui demeurent en
lui, reçoivent de lui cette même vie éternelle avec toute sa puissance sainte
et divine. De là, rien de plus naturel que d'attendre de tout homme qui demeure
en Christ et reçoit sa vie, qui marche aussi comme Christ a marché lui-même.
Cette vie de Dieu dans notre âme n'agit pourtant pas comme une force
aveugle qui nous ferait marcher comme Christ involontairement et à notre insu.
Nous ne pouvons au contraire marcher avec Christ qu'en vertu de notre libre
choix, qu’après l’avoir voulu, désiré et cherché. C'est pour cela que notre
Père céleste nous a montré par la vie terrestre de Jésus ce que peut être
ici-bas la vie du ciel quand elle est soumise aux conditions et aux
circonstances terrestres de nôtre vie humaine. C'est pour cela aussi que notre
Seigneur Jésus, en nous communiquant sa vie et en nous invitant à demeurer en
lui, nous donne pour modèle sa propre vie sur la terre, et nous rappelle que
c'est pour nous faire marcher comme lui qu'il nous communique cette vie
nouvelle. « Comme moi, de même vous aussi ». Dans cette parole du Maître se
résume toute sa vie terrestre ; elle en fait tout naturellement notre règle de
conduite. Si nous demeurons en Jésus, nous ne pourrons pas agir autrement que
Lui. « Comme Christ » nous donne donc en deux mots la règle de la vie du
chrétien. Il doit penser, parler et agir comme Jésus l’a fait. Ce que Jésus
a été, il doit l'être aussi.
La seconde leçon
à retirer des deux vérités qui font le sujet de notre étude, complète la
première : Celui qui désire marcher comme Christ, doit demeurer en lui.
Il importe de
bien comprendre ceci pour pouvoir suivre l’exemple de Christ. Quelques croyants
font de serieux efforts pour y parvenir, mais ils ne comprennent pas qu’il est
impossible de ressembler à Christ sans demeurer en Lui ; ils échouent donc
dans leurs tentatives parce qu'ils cherchent à obéir sans en avoir la force,
c'est-à-dire sans posséder la vie en Christ. Chez d'autres on trouve l'erreur
opposée : connaissant leur propre faiblesse, ils déclarent qu’il est impossible
de marcher comme Christ. Soit les uns, soit les autres doivent apprendre que
pour marcher comme Christ, il faut demeurer en Lui et que celui qui demeure en
Lui a le pouvoir de marcher comme Lui, non de lui-même, non par ses propres
efforts, mais en Jésus dont « la force s'accomplit dans la faiblesse ».
(2 Cor. 12: 9)- C'est précisément quand je sens le mieux mon incapacité absolue
et que j'accepte entièrement Jésus et sa vie, que sa puissance opère en moi et
qu'alors je puis être dans ma vie bien au delà de ce que je serais par mes
propres forces. Je vois alors que demeurer en Christ n'est pas seulement une
grâce de courte durée ou qui ne me serait accordée que de temps en temps, mais
que j'ai là une source abondante de vie, d'où je puis continuellement et sans
interruption, tirer toute ma vie chrétienne. J'ose donc prendre réellement Christ
pour mon modèle en toutes choses, puisque j'ai la certitude que cette communion
de vie avec lui amènera toute ma conduite à ressembler à la sienne.
Cher lecteur! Si
Dieu nous fait la grâce, dans le cours de ces méditations, de bien saisir le
sens de ce qu'il nous dit par ce texte, de bien comprendre ce qu'est une vie
vraiment conforme à celle de Christ, nous nous trouverons plus d'une fois en
présence de cimes et de profondeurs qui nous obligeront à nous écrier : comment
ces choses peuvent-elles se faire ? Quand le Saint-Esprit nous aura révélé
la céleste perfection de l'humanité de notre Seigneur, comme «
étant l'image du Dieu invisible » (Col. 1:15) et qu'il nous aura dit «Comme »
oui « Comme lui-même a marché, vous devez aussi marcher », nous
sentirons aussitôt a quelle distance nous sommes de lui. Nous serons même sur
le point de désespérer et de nous écrier avec tant d'autres : Inutile
d'essayer! Jamais je ne pourrai marcher comme Jésus! Mais alors voici ce qui
sera notre force : « Celui qui demeure en lui doit et peut marcher comme il a
marché lui-même ». La parole du Maître prenant un sens nouveau, « Celui qui
demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruits ». (Jean 15 :
5), nous sera la promesse d'une force suffisante. Demeurez donc en lui, frère! Tout
croyant est en Christ, mais chacun ne demeure pas en lui, ne s abandonne pas à
lui volontairement, joyeusement, entièrement et avec pleine confiance. Vous
savez ce que signifie « demeurer en Christ ». C'est consentir de toute notre
âme à ce que Jésus soit notre vie, c’est compter sur Lui pour nous inspirer
tout ce qui compose notre vie. C'est lui remettre absolument toutes choses pour
que lui-même dirige et fasse toutes choses en nous. C’est le repos qui résulte
de la pleine assurance qu'à chaque instant, il opère en nous tout ce que nous
devons être, et qu'ainsi lui-même nous fait persévérer dans cet entier
renoncement qui lui laisse la liberté d’accomplir en nous sa volonté. Que tous
ceux donc qui veulent marcher avec Christ, reprennent courage à la pensée de ce
qu'il est pour eux et de ce qu’Il fera en eux s’ils se confient en Lui. C'est
lui qui est « le vrai Cep ». Aucun cep ne fit jamais pour ses sarments
tout ce que Jésus veut faire pour nous. Nous n'avons pour cela qu'à consentir à
être des sarments. Honorez-le donc de votre joyeuse confiance, considérez-le
avec adoration comme « le vrai Cep » qui vous soutient par sa force
toute-puissante et qui vous nourrit de sa plénitude infinie. Dès que votre foi
regardera ainsi à Lui, plus de soupirs, plus de chutes, mais l'accent de là
louange, mais l'action de grâces de la foi. Grâces à Dieu, celui qui demeure en
lui, marche réellement comme il a marché lui-même. Grâces à Dieu, je demeure en
lui, je marche donc comme il a marché ! Oui, grâces à Dieu, dans la vie du
racheté ces deux choses sont inséparables : demeurer en Christ et marcher comme
Christ.
Tu sais, ô mon
Sauveur, que souvent je t'ai dit : Je demeure en toi ! Et pourtant souvent
encore je manque de la joie et de la force qui se trouvent en toi. Ta parole me
rappelle aujourd'hui quelle en est la raison. Je cherchais à demeurer en toi
pour ma propre jouissance, plutôt que pour ta gloire. Je n'avais pas encore
bien saisi que le but de mon union avec toi devait être ma parfaite conformité
avec toi, et que celui-là seulement, qui se consacre à obéir au Père et à le
servir aussi complètement que tu l'as fait, peut recevoir pleinement tout ce
que l'amour divin veut faire pour lui. J'en entrevois quelque chose à présent.
La volonté de renoncer à moi-même pour vivre et pour travailler comme toi, doit
précéder l'expérience de la puissance merveilleuse de ta vie en moi. Seigneur,
je te rends grâces de me l'avoir fait découvrir. De tout mon cœur je voudrais
répondre à ton appel et marcher en toutes choses comme tu as marché. Que
l'unique désir de mon cœur soit de te suivre en tout ce que tu as été, en tout
ce que tu as fait sur la terre. Seigneur ! celui qui veut sincèrement marcher
comme tu as marché, recevra la grâce de demeurer en toi. O mon Dieu, me voici
pour marcher comme Christ! C'est pour cela que je me consacre à toi, que
je veux demeurer en Christ! Et pour le pouvoir, je me confie en toi avec
la pleine assurance de la foi. Daigne perfectionner en moi ton œuvre !
Chaque fois que
je méditerai sur le sens de ces mots : « marcher comme Christ », veuille ton
Saint-Esprit me faire comprendre qu'aussitôt que je demeure en Christ, je
possède par là même la force de marcher comme Christ. Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
DEUXIÈME JOUR
COMME CHRIST
Lui-même nous y appelle.
« Je vous ai
donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. » Jean 13 : 15.
C'est
Jésus-Christ, le Rédempteur de notre âme, qui parle ainsi. Il venait de
s'abaisser à faire le service d'un esclave, il venait de laver les pieds de ses
disciples. Par là, dans sa charité, il avait rendu au corps le service voulu
pour que chacun d'eux pût prendre place à la table du souper. Par là il avait
aussi symbolisé son œuvre de purification pour l'âme. Par là, il avait
résumé, à la veille de les quitter, toute l'œuvre de sa vie, tout ce qu'avait
été son ministère et pour le corps et pour l'âme. Puis en se remettant à
table il leur dit : « Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez
comme je vous ai fait ». Tout ce qu'ils lui ont vu faire, tout ce qu'ils
ont reçu de lui, devient ainsi la règle de leur vie : comme je vous ai
fait, faites-le, vous aussi.
Cette parole de
notre adorable Sauveur s'adresse à nous. A chacun de ceux qui se savent lavés
par Jésus, s'adresse ce même commandement, d'autant plus impressif et plus
touchant qu'il est une des dernières paroles de celui qui allait mourir pour
nous. Faites comme je vous ai fait. Jésus-Christ demande réellement à
chacun de nous de l'imiter. Ce qu'il a fait pour nous, ce qu'il fait encore
chaque jour pour nous, nous devons le faire aux autres. Son amour plein de
support, de pardon et du désir de sauver les hommes est notre modèle, et chacun
de nous doit être la fidèle image du Maître.
Aussitôt nous
éprouvons ce regret : Hélas! que j'ai peu vécu ainsi! Que j'ai même peu compris
que je devais vivre ainsi ! Et pourtant Jésus est mon Seigneur et mon Dieu, il
m'aime et je l'aime. Je ne puis donc admettre la pensée de vivre autrement
qu'il ne l'attend de moi. Que puis-je faire, sinon ouvrir mon cœur à sa parole,
et regarder à lui comme à mon modèle, jusqu'à ce que sa puissance divine
m'amène à m'écrier : Seigneur, je veux, moi aussi, faire ce que tu as fait!
La puissance de
l'exemple dépend soit de l'attrait même de cet exemple, soit de l'influence
individuelle de celui qui donne l'exemple. De quelle puissance est ici
l'exemple de notre Seigneur ! Et pourtant y a-t-il vraiment un si grand attrait
dans l'exemple de notre Seigneur? Je le demande sérieusement, parce «qu'à en
juger par la conduite d'un grand nombre de ses disciples, on pourrait croire
que non. Oh ! veuille le Saint-Esprit nous ouvrir les yeux et nous faire voir
toute la céleste beauté du Fils de Dieu!
Nous savons qui
est le Seigneur Jésus. Il est le Fils du Dieu de gloire, il est un avec le
Père, soit par sa nature même, soit par sa gloire et sa perfection. Quand il
était sur la terre, on pouvait dire de lui : « Nous vous annonçons la vie
éternelle qui était avec le Père et qui s'est manifestée à nous ». (1 Jean
1:2). En lui, nous voyons Dieu. En lui, nous voyons comment Dieu agirait
à notre place sur la terre. En lui, tout ce qui est beau, aimable et parfait
dans le monde céleste nous est révélé dans l'exemple d'une vie terrestre.
Si nous voulons savoir ce qui est noble et glorieux dans le ciel, si nous
voulons voir ce qui est réellement divin, nous n'avons qu'à contempler Jésus,
car dans tout ce qu'il fait se révèle la gloire de Dieu.
Mais quel
aveuglement chez les enfants de Dieu ! Pour plusieurs d'entre eux, cette beauté
céleste n'a aucun attrait : « Il n'y a rien en lui à le voir qui le leur
fasse désirer ». (Esa. 53 : 2).
L'influence d'un
roi de la terre et de sa cour se fait sentir dans tout son royaume. Tous ceux
qui appartiennent à la noblesse et aux classes élevées s'empressent d'imiter
l'exemple donné en si haut lieu, mais pour l'exemple du roi des cieux qui est
venu habiter un corps de chair et nous enseigner à vivre ici-bas d'une vie
divine, hélas, qu'il trouve peu d'imitateurs! Quand nous considérons Jésus, son
obéissance à la volonté du Père, son abaissement jusqu'à se faire le serviteur
de tous, son amour allant jusqu'au plus entier dévouement, jusqu'au, sacrifice
de lui-même, nous voyons là ce que le ciel a de plus merveilleux, de plus
glorieux à nous montrer. Dans le ciel même nous ne verrons rien de plus grand,
de plus resplendissant. Un exemple aussi attrayant ne devrait-il pas
nous engager à le suivre? N'y a-t-îl pas là de quoi émouvoir à sainte jalousie
tout ce qui a vie en nous, et nous faire accueillir avec joie cette parole de
Jésus : « Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous
ai fait ! »
Ce n'est pas
tout. La force de l'exemple ne dépend pas seulement de son excellence
intrinsèque, mais aussi des rapports personnels qui s'établissent entre celui
qui le donne et celui qui le reçoit. Jésus n'avait pas lavé les pieds à
d'autres devant ses disciples. C'est après leur avoir lavé les pieds à
eux-mêmes qu'il dit: « Comme je vous ai fait, vous devez aussi faire de
même ». C'est donc la certitude d'être en relation directe avec Christ
qui m'impose l'obligation de faire ce qu'il a fait. C'est l'expérience de
ce que Jésus a fait pour moi qui me donne la force de faire de même aux autres.
Jésus ne me demande pas de faire plus qu'il n'a fait pour moi, mais je ne dois
pas faire moins non plus : « Comme je vous ai fait ». Il ne me demande
pas de m'abaisser plus bas que lui comme serviteur, et pourtant il n'eût pas
été étrange qu'il le demandât d'un pauvre ver comme moi ; mais non, il veut
seulement que je sois et que je fasse précisément ce que lui, le roi, a été et
a fait. Il s'est abaissé aussi bas que possible pour m'aimer et me bénir, et il
a trouvé là son plus grand honneur, son plus grand bonheur. Maintenant il
m'invite à prendre part à ce même honneur, à ce même bonheur, en aimant et en
servant comme lui. En vérité, si je comprends bien de quel amour il
m'enveloppe, et par quelle humiliation cet amour a dû passer pour m'atteindre,
si je comprends quelle est la puissance de purification qui m'a lavé, rien ne
saurait m'empêcher de m'écrier : Oui, mon Sauveur ! Ce que tu as fait pour moi,
je veux le faire aussi! La céleste beauté de l'exemple donné, la divine beauté
de celui qui donne l'exemple se réunissent ici pour donner à cet exemple un
attrait irrésistible.
N'oublions pas
qu'il ne s'agit pas seulement ici du souvenir de ce que Jésus a fait une fois
pour nous, mais que c'est l'expérience de ce qu'il est à présent même pour nous
qui nous donnera la force d'agir comme lui. Ce n'est qu'en réalisant moi-même
par le secours du Saint-Esprit ce que Jésus fait pour moi, et comment il le
fait, et que c'est bien lui qui le fait, qu'il me devient possible de faire
pour les; autres ce qu'il fait pour moi.
« Que vous
fassiez comme je vous ai fait ». Quelle précieuse parole! Quelle
glorieuse perspective ! Jésus veut manifester en moi le divin pouvoir de son
amour pour que je puisse à mon tour le manifester à d'autres. Il me bénit pour
que je puisse être en bénédiction à d'autres. Il m'aime pour que je puisse aimer
les autres. Il se fait mon serviteur pour que je devienne le serviteur des
autres. Il me sauve et me sanctifie, pour que je puisse en amener d'autres à
être également sauvés et sanctifiés. Il se donne entièrement pour moi et à moi,
pour que je puisse me donner entièrement aussi pour d'autres et à d'autres. Je
n'ai qu'à faire pour les autres ce qu'il fait pour moi, rien de plus, et c'est
précisément parce qu'il le fait en moi que je puis le faire aussi. Ce que je
fais n'est donc pas autre chose que le reflet, que la manifestation de ce que
je reçois de lui.
Quelle grâce
d'être appelé à suivre le Seigneur dans ce qui constitue sa plus grande gloire
! Quelle grâce que celle qui, en nous appelant à faire ces choses, nous donne
en même temps le nécessaire pour les accomplir, puisque c'est Jésus qui opère
avant tout en nous ce que nous devons être à notre tour pour les autres! De
tout notre cœur ne répondrons-nous pas à son appel par un joyeux : Oui,
Seigneur, ce que tu as fait pour moi, je veux aussi le faire pour d'autres.
Dieu de grâce,
que puis-je faire sinon te louer et t'adorer? Mon cœur ne peut suffire à saisir
l'offre merveilleuse que tu me fais de me révéler tout ton amour, toute ta
puissance, si je veux consentir à les faire passer de moi à d'autres. J'en suis
écrasé, et si c'est avec crainte et tremblement, c'est pourtant aussi avec
gratitude et adoration, avec joie et confiance que je voudrais accepter ton
offre et te dire : Me voici. Montre-moi combien tu m'aimes et je le montrerai
aux autres en les aimant de même.
Mais pour que je
le puisse, ô mon Dieu, accorde-moi par ton Saint-Esprit une plus ample
connaissance de ton amour pour moi. Oui, que je puisse savoir combien tu
m'aimes, savoir que tu prends plaisir à m'aimer et à faire en moi tout ce que
je devrais faire. Accorde-le moi, Seigneur. Je saurai alors comment aimer les
autres, et vivre pour les autres, ainsi que tu le fais pour moi.
Accorde-moi
encore, chaque fois que je me sens si peu d'amour pour mes semblables, de bien
comprendre que ce n'est pas par le faible amour de mon misérable cœur que je
puis accomplir ton commandement d'aimer comme toi, mais uniquement par ton
amour venant en moi. Ne suis-je pas ton sarment, ô mon divin Cep? C'est donc la
plénitude de ta vie et de ton amour qui doit se répandre en amour et en
bénédiction sur ceux qui m'entourent. C'est ton Esprit qui me révèle ce que tu
es pour moi, et qui me donne la force d'être pour les autres ce que je dois,
être en ton nom. Voilà ce qui me permet de dire : Amen, Seigneur, ce que tu fais
pour moi, je le ferai aussi. Oui, amen.
COMME CHRIST
(Murray)
TROISIÈME JOUR
COMME CHRIST
Comme celui qui sert.
« Si donc je
vous ai lavé les pieds, moi qui suis le Seigneur et le Maître, vous devez aussi
vous laver les pieds les uns aux autres. » Jean 13 : 14.
« Je suis au
milieu de vous comme celui qui sert. » Luc 22 : 27.
Hier nous nous
sommes occupés du droit qu'a le Seigneur de demander et d'attendre de ses
rachetés qu'ils suivent son exemple. Aujourd'hui nous allons chercher en quoi
nous devons le suivre.
« Vous devez
aussi vous laver les pieds les uns aux autres ». Voilà le texte
dont il nous importe de bien saisir le sens. Il nous offre trois principaux
sujets à méditer : le rôle de serviteur que prend ici Jésus ; la purification
qui était le but de ce service ; l'amour qui en était le mobile.
En premier lieu le rôle de serviteur. Tout est prêt
pour le dernier souper, tout, jusqu'à l'eau pour laver, selon la coutume, les
pieds des convives, mais il n'y a pas là d'esclave pour ce service. Chacun
l'attend des autres ; aucun des douze ne songe à s'abaisser jusque là. Même à
table, ils ne sont préoccupés que de savoir qui sera le plus grand dans le
royaume qu'ils attendent. (Luc 22 : 26,27). Soudain Jésus se lève, pose sa
robe, se ceint d'un linge et se met à leur laver les pieds. O merveille ! Les
anges mêmes ne le voient-ils pas avec étonnement et adoration! Christ, lui, le
Créateur et le Roi de l'univers, lui que des légions d'anges sont prêtes à
servir au moindre signe, lui qui d'un mot affectueux aurait pu désigner l'un
des douze pour ce service, il prend lui-même la place d'un esclave, et de ses
mains il lave les pieds poudreux de ses disciples. Il le fait avec la pleine
connaissance de sa gloire divine, car Jean dit : « Jésus, sachant que le
Père lui avait remis toutes choses entre les mains, et qu'il était venu de
Dieu, et qu'il s'en allait à Dieu, i1 se leva... » (Jean 13 : 3). Pour les
mains entre lesquelles Dieu a remis toutes choses, il n'est rien de vulgaire ni
de souillé. Ce n'est pas le travail le plus vil qui abaisse le travailleur,
mais c'est le travailleur qui honore et relève le travail, revêtant de sa
propre valeur le plus humble service ; aussi est-ce dans ce que nous appelons
l'abaissement, selon nos vues humaines, que notre Seigneur trouve sa gloire
divine, et qu'il met ainsi son Eglise sur la voie de toute vraie bénédiction.
C'est précisément parce qu'il est le bien-aimé du Père qui lui a remis toutes
choses, qu'il ne lui est pas difficile de s'abaisser aussi bas. En prenant
ainsi la place de serviteur, Jésus proclame la loi du rang dans l'Eglise
chrétienne. Plus un de ses membres veut être en faveur, plus il doit trouver sa
joie à être le serviteur de tous. « Quiconque voudra être le premier
entre vous, qu'il soit votre esclave ». (Matt. 20 : 27). « Que le plus
grand d'entre vous soit votre serviteur ». (Matt. 23 : 11).
Un serviteur est
sans cesse occupé de l'ouvrage et de l'intérêt de son maître ; il est toujours
prêt à montrer à son maître qu'il ne cherche en toutes choses qu'à lui plaire,
ou à lui être utile. Ainsi a vécu Jésus, « car le Fils de l'homme lui-même
est venu, non pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie pour la
rançon de plusieurs ». (Marc 10 : 45) « Je suis au milieu de vous comme
celui qui sert ». Et moi, disciple de Christ, c'est ainsi que je dois vivre
aussi, ainsi que je dois être, au milieu des enfants de Dieu, le serviteur de
tous. Si je veux être en bénédiction à d'autres, ce sera par mon empressement à
les servir avec humilité et avec amour, sans égard à ma propre gloire, ni à mon
propre intérêt, mais en cherchant à leur faire du bien. C'est en lavant les
pieds des disciples que je dois suivre l'exemple de Christ, car un serviteur
n'a pas honte d'être tenu pour un inférieur; sa place et son travail sont de
servir les autres. Souvent, nous ne sommes pas eh bénédiction aux autres,
parce que nous nous adressons à eux comme leur étant supérieurs par les grâces
et les dons que nous avons reçus. Si nous apprenions d'abord du Seigneur à
apporter dans nos relations avec le prochain l'esprit de serviteur, quelle
bénédiction ne serions-nous pas pour le monde ! Quand cet exemple sera suivi
et tiendra la place qu'il doit tenir dans l'Eglise de Christ, on sentira
bientôt la présence du Maître et sa puissance.
Et à quel
travail est appelé le disciple dans cet esprit d'humble service? Laver les
pieds représente ici un double travail : l'un en vue de nettoyer et rafraîchir
le corps, l'autre de purifier et sauver l'âme. Ces deux buts ont toujours été
réunis dans tout le cours de la vie terrestre de notre Seigneur. Les malades
étaient guéris et l'Evangile était prêché aux pauvres. Pour le paralytique,
comme pour beaucoup d'autres, la guérison du corps était la figure et la
promesse de la vie de l'esprit.
Le disciple de
Jésus ne doit pas perdre de vue ceci quand il reçoit l'ordre de laver les pieds
aux autres. Se souvenant que par la vie extérieure et matérielle il peut
trouver accès à la vie intérieure et spirituelle, il fait du salut de l'âme le
premier but de son ministère, mais il cherche aussi le chemin des cœurs par sa
promptitude à rendre service dans les menus détails de la vie de chaque jour.
Ce ne sera pas par des reproches et par des censures qu'il remplira l'office de
serviteur, ce sera bien plutôt par sa bienveillance et son affection, par son
empressement à aider et à rendre service, qu'il témoignera de ce que doit être
le disciple de Jésus. Sa parole aura de la force alors, elle sera bien
accueillie, et s'il rencontre chez autrui péché, perversité et opposition,
loin d'en être découragé, il persévérera en pensant à toute la patience avec
laquelle Jésus l'a supporté lui-même, et continue chaque jour à le laver et à
le purifier. Il se sait au nombre des serviteurs destinés de Dieu à
s'abaisser aussi bas que possible pour servir et sauver les hommes, même
jusqu'à se mettre à leurs pieds s'il le faut.
L'esprit qui
doit animer cette vie d'amour et d'humble service ne peut venir que de Jésus
seul. Jean dit de lui : «Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le
monde, il les aima jusqu'à la fin ». (Jean 13 : 1). Pour l'amour,
rien n'est trop difficile. L'amour ne parle pas de sacrifice. Pour rendre
heureux celui qu'il aime, l'amour est prêt à renoncer à tout. C'est l'amour qui
a fait de Jésus un serviteur. C'est l'amour seul qui nous fera trouver tant de
bonheur à être serviteur, qu'à tout prix nous voudrons continuer à servir notre
Maître. Nous pourrons, comme Jésus, avoir à laver les pieds de quelque Judas
qui nous paiera d'ingratitude et de trahison. Nous rencontrerons probablement
plus d'un Pierre qui nous repoussera d'abord par son : « Jamais tu ne me
laveras les pieds », et qui ensuite exhalera son mécontentement si nous ne
pouvons complaire à l'impatience de son : « Non seulement les pieds, mais
aussi les mains et la tête ». L'amour seul, un amour divin, inépuisable,
peut donner la patience, le courage et la sagesse nécessaires pour le vaste
service dont le Seigneur nous a donné l'exemple : « Vous devez aussi
vous laver les pieds les uns aux autres ».
O mon âme, ton
amour ne saurait atteindre si haut. C'est pourquoi, écoute celui qui te dit: «
Demeurez dans mon amour ». (Jean 15 : 9).
Apprenez de
Jésus combien il vous aime, et que lui seul peut vous faire « demeurer dans son
amour » .Vivez chaque jour comme le bien-aimé du Seigneur, faisant
l'expérience que son amour vous purifie, vous sanctifie, vous soutient et vous
bénit tout le long de la journée. Son amour se répandant ainsi en vous,
débordera aussi de vous, et vous fera trouver votre plus grande joie à suivre
son exemple en lavant les pieds aux autres. Ne vous plaignez pas trop du manque
d'amour et d'humilité chez les autres, mais priez beaucoup le Seigneur de
rendre les siens attentifs à leur véritable vocation, celle de suivre ses
traces, afin que le monde voie que Christ est réellement leur modèle. Et si
vous ne voyez pas de changement aussi vite que vous le voudriez chez ceux qui
vous entourent, demandez d'autant plus au Seigneur que vous puissiez, vous au
moins, témoigner de la joie qu'il y a à aimer et à servir comme Jésus, que vous
puissiez montrer que c'est aussi là le moyen d'être, comme Jésus, en
bénédiction aux autres.
Mon Dieu ! Je
m'abandonne à toi, te priant de me faire entrer dans cette heureuse vie de
service. En toi, Seigneur, j'ai vu que l'esprit de serviteur est l'esprit qui
vient du ciel et qui conduit au ciel. Que ton amour éternel demeure en moi, et
ma vie sera, comme la tienne, l'accomplissement de ces mots : « Je suis au
milieu de vous comme celui qui sert ».
O toi, Fils
glorifié du Père, tu sais que ce n'est pas toujours ton Esprit qui nous anime,
tu sais que cette vie de serviteur est le contraire de ce que le monde tient
pour honorable, mais tu es venu nous donner d'autres notions là-dessus, tu es
venu nous enseigner ce qu'on pense au ciel de la gloire d'être le dernier, et
du bonheur qu'on peut trouver à servir. O toi, qui donnes, non seulement de
nouvelles pensées, mais encore de nouveaux sentiments» donne-moi un cœur comme
le tien, un cœur rempli du Saint-Esprit, un cœur qui puisse aimer comme toi.
O Seigneur, ton
Saint-Esprit demeure déjà en moi; mais le recevoir avec plénitude est
l'héritage que tu m'as promis. Dans la joie que donne ton Saint-Esprit, je
pourrai être ce que tu es. Je me consacre donc à une vie de service comme la
tienne. Donne-moi le même esprit qui t'animait quand tu t'es abaissé au point
de revêtir un corps d'homme, et sans égard à l'opinion du monde, de prendre la
place de serviteur. Oui, Seigneur, que par ta grâce ce même esprit vienne
m'animer, moi aussi. Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
QUATRIÈME JOUR
COMME CHRIST
Notre Tête.
« C'est aussi à
quoi vous êtes appelés, puisque Christ lui-même a souffert pour vous, vous
laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces... lui qui a porté nos
péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché, nous vivions à
la justice. » 1 Pier. 2 : 21, 24.
Etre appelé à
suivre l'exemple de Christ et à marcher sur ses traces ! C'est si grand,
c'est si élevé, qu'il y a là toute raison de s'étonner et de s'écrier : Comment
attendre d'hommes pécheurs qu'ils marchent comme le Fils de Dieu? Aussi la
plupart s'écrient que c'est impossible, que c'est là un idéal admirable, mais
hors d'atteinte.
L'Ecriture parle
autrement. Elle nous montre l'admirable union qui nous relie à .Christ et qui
nous remplit de sa vie divine avec toute sa puissance d'action. Elle nous
montre que par là même il est tout naturel d'attendre de nous que nous vivions
comme Christ. Pour suivre l'exemple de Christ il faut donc avant tout réaliser
l'union de Christ avec ses disciples.
Et quelle est
cette union? Dans notre texte, Pierre nous présente Christ comme notre Garant,
notre Modèle et notre Tête.
Christ est notre
Garant. Christ a souffert pour nous, lorsqu'il « a porté nos
péchés en son corps sur le bois ». Comme notre Garant, il a souffert et il
est mort à notre place. En portant nos péchés, il nous a affranchis de la
malédiction et de la domination du péché. Comme notre Garant, il a fait ce que
nous ne pouvions pas faire, ce qu'à présent nous n'avons pas besoin de faire.
Christ est aussi
notre Modèle. Dans un sens son œuvre est unique sans
doute, et pourtant nous avons à le suivre dans cette œuvre même, nous devons
faire ce qu'il a fait, vivre et souffrir comme lui. Christ nous a laissé un
exemple afin que nous suivions ses traces. Ses souffrances comme mon Garant
m'appellent à des souffrances semblables, puisqu'il est aussi mon Modèle. Mais
ceci est-il équitable? Lorsque Jésus a souffert comme Garant du pécheur, il
avait en lui la puissance de sa nature divine, et comment peut-il attendre de
moi, dans la faiblesse de la chair, que je souffre comme lui? N'y a-t-il pas un
abîme béant entre ces deux choses que Pierre réunit si étroitement : la
souffrance comme Garant et la souffrance comme Modèle? Non, l'œuvre de Christ
présente une troisième face qui jette un pont sur l'abîme, et qui nous rend
possible de prendre le Garant pour notre Modèle, de vivre, de souffrir et de
mourir comme lui.
Christ est aussi
notre Tête. Voilà ce qui relie le Garant au Modèle: Christ est le second Adam.
Comme croyant, je suis spirituellement un avec lui, membre du corps dont il est
la tête. (Eph. 1 : 23). Par cette unité en lui, il vit en moi et
me fait avoir part à la vertu de son œuvre accomplie, à la vertu de ses souffrances,
de sa mort et de sa résurrection. C'est sur cette base-là qu'il nous est dit
dans Romains 6, et ailleurs, que le chrétien est réellement mort au péché et
vivant à Dieu. La vie même dont Christ vit, cette vie qui a passé par la
mort et par la puissance de cette mort, devient la vie du croyant, et par ce
fait il est mort et ressuscité avec Christ. C'est la même pensée qu'exprime
Pierre, quand il dit : « qui a porté nos péchés en son corps sur le bois ».
Il l'a fait, non seulement afin que nous soyons pardonnés par sa mort, mais
afin « qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice ».
Comme nous avons part à la mort spirituelle du premier Adam, étant réellement
morts à Dieu en lui, nous avons de même part au second' Adam, étant réellement
morts au péché en lui, et ayant repris vie en lui pour être à Dieu. Christ
n'est pas seulement le Garant qui a vécu et qui est mort pour nous, il n'est
pas seulement le Modèle qui nous a montré comment nous devons vivre et mourir,
il est encore notre Tête. En lui, nous sommes un; en sa mort, nous sommes
morts, et sa vie est à présent nôtre vie. Voilà ce qui nous donne la force de
marcher d'après le Modèle dans tout ce qu'a fait le Garant. Christ comme
notre Tête est le lien qui rend inséparables la foi au Garant et la conformité
au Modèle.
Ces trois choses
n'en font qu'une. Ces trois vérités ne peuvent se séparer l'une de l'autre.
Et pourtant on les sépare trop souvent.
-
Quelques-uns veulent suivre l'exemple de Christ sans foi en son expiation. Ils
cherchent en eux-mêmes la force de vivre comme lui, et leurs efforts ne peuvent
être que vains.
-
D'autres saisissent bien l'œuvre du Garant, mais ils négligent le Modèle. Ils
croient à la rédemption par le sang versé sur la croix, mais ils négligent de
suivre les traces de celui qui a souffert la croix. La foi à l'expiation est
bien la base de l'édifice, mais ce n'est pas tout. Leur christianisme est
défectueux aussi, il manque de lumière sur la sanctification, parce qu'ils ne
comprennent pas que la foi à l'expiation impose l'obligation de suivre
l'exemple de Christ.
-
D'autres croyants ont bien saisi ces deux vérités : Christ leur Garant, et
Christ leur modèle ; et pourtant il leur manque encore quelque chose. Ils
sentent bien le besoin de suivre Christ comme leur Modèle dans ce qu'il a fait
comme leur Garant, mais ils manquent de force pour le faire. Ils ne comprennent
pas comment on peut arriver à suivre cet exemple. Ce qu'il leur faut, c'est une
vue claire de ce que l'Ecriture nous dit de Christ comme notre Tête.
C'est parce que
le Garant n'est pas séparé de moi, mais que je suis en lui, et qu'il est en
moi, que je puis devenir comme lui. Sa vie même devient ma vie. Lui-même vient
habiter en moi qu'il a racheté par son sang. Suivre ses traces est mon devoir,
parce que cela m'est possible par l'union qui existe entre
On cite souvent
cette parole de saint Augustin : « Seigneur donne-moi ce que tu commandes,
et commande alors ce que tu voudras ». Ce qu'il a dit trouve ici sa
confirmation : Si le Seigneur, qui vit en moi, me donne ce qu'il demande
de moi, il ne me demandera jamais rien de trop élevé pour moi. J'ai le courage
alors de considérer son saint exemple en long et en large et de le recevoir
comme la règle à suivre. Ce n'est plus seulement le commandement qui me dit ce
que je dois être, c'est aussi la promesse de ce que je serai. Rien
n'affaiblit plus la force de l'exemple de Christ que la pensée de ne pas
pouvoir marcher comme lui. N'accueillez jamais cette pensée-là. C'est déjà sur
cette terre que doit commencer la parfaite ressemblance avec Christ que nous
obtiendrons plus tard au ciel. Dès ici-bas elle peut s'accentuer chaque
jour et devenir plus visible à mesure que la vie suit son cours. Comme Christ,
votre Tête, a accompli une fois pour toutes l'œuvre de votre salut, il
accomplira peu à peu en vous avec sa même puissance cette oeuvre de
renouvellement à son image. Que ceci nous rende la croix doublement précieuse !
Jésus, notre Tête, a souffert comme notre Garant, afin de pouvoir, par son
union avec nous, porter nos péchés à notre place. Jésus, notre Tête, a souffert
comme notre Modèle, afin de pouvoir nous guider dans la voie, qui par notre
union avec lui, nous conduit à la victoire et à la gloire. Le Christ qui a
souffert est donc à la fois notre Tête, notre Garant et notre Modèle.
Il en résulte
que c'est précisément la voie de souffrance où Jésus a opéré notre union avec
lui, qui nous conduit à la victoire et à la gloire. Le Christ qui a souffert
est donc à la fois notre Tête, notre Garant et notre Modèle.
Il en résulte
que c'est précisément dans la voie de souffrance où Jésus a opéré notre
expiation et notre rédemption, que nous devons suivre ses traces, et que nous
ne réaliserons ce qu'est pour nous cette rédemption qu'à proportion de la part
personnelle que nous prendrons à cette souffrance. « Christ a
souffert pour nous, nous laissant un exemple ». Veuille le Saint-Esprit
nous révéler ce que signifie cette parole.
O mon Sauveur !
Comment te rendre grâce de l'œuvre que tu as accomplie comme mon Garant? Te
mettant à ma place comme un coupable, tu as porté mes péchés en ton corps sur
le bois, sur cette croix que j'avais méritée. Toi, tu l'as subie, tu t'es fait
semblable à moi, afin que la croix fut pour moi bénédiction et vie.
Et à présent tu
m'appelles à être crucifié, afin d'être fait semblable à toi, et de trouver en
toi la force de souffrir et de ne plus pécher. Toi, ma Tête, tu as été mon
Garant, tu as souffert et tu es mort avec moi. Toi, ma Tête, tu es mon Modèle,
afin que je puisse souffrir et mourir avec toi.
O mon Sauveur!
Je reconnais que j'ai trop peu compris ces choses. Ton œuvre comme Garant
tenait plus de place à mes yeux que ton œuvre comme Modèle. J'étais heureux de
savoir que tu avais souffert la croix pour moi, mais je ne pensais guère que je
dusse, moi aussi, souffrir la croix comme toi et avec toi. J'attachais plus
d'importance à l'expiation de la croix qu'à ma participation à la croix, plus
d'importance à me savoir racheté qu'à être personnellement uni à toi
Pardonne-le-moi,
Seigneur ! et apprends-moi à trouver ma joie dans mon union avec toi, ma Tête,
tout autant que dans ma confiance en toi comme Garant et comme Modèle. Et quand
je me demande comment je puis suivre l'exemple que tu m'as donné, puisse ma foi
devenir plus ferme et plus joyeuse à la pensée que si Jésus est mon modèle,
c'est parce qu'il est aussi ma vie. Puisque je suis un avec lui, je dois et je
puis être comme lui. Accorde-le-moi, Seigneur, dans ton amour! Amen.
(Voir à la fin
du volume la note 1)
COMME CHRIST
(Murray)
CINQUIÈME JOUR
COMME CHRIST
En souffrant injustement.
« Car cela est
agréable à Dieu, lorsque quelqu'un, par un motif de conscience, endure de
mauvais traitements en souffrant injustement. Autrement quelle gloire serait-ce
pour vous, si, étant battus pour avoir mal fait, vous l'enduriez? Mais si, en
faisant bien, vous êtes maltraités, et que vous le souffriez patiemment, c'est
à cela que Dieu prend plaisir. » 1 Pier. 2 : 19, 20.
C'est à propos
de choses tout ordinaires que Pierre prononce ces paroles importantes, nous
présentant Christ comme notre Garant et notre Modèle. Il écrit à des serviteurs
qui dans ce temps-là étaient pour la plupart des esclaves. Il les exhorte à
être « soumis à leurs maîtres avec toute sorte de crainte, non seulement à ceux
qui sont bons et équitables, mais aussi à ceux qui sont fâcheux, car, dit-il,
si quelqu'un fait mal et en est puni, quelle gloire lui serait-ce de le
supporter patiemment? » Non, mais si quelqu'un fait bien, et en souffre et le
supporte patiemment, voilà ce qui est agréable à Dieu. Supporter ainsi
l'injustice, c'est faire comme Christ. En portant nos péchés à notre place,
Christ a souffert injustement ; d'après son exemple, nous devons être prêts
aussi à souffrir injustement.
Il n'est guère
de chose qui nous soit plus dure et plus difficile à supporter que de souffrir
injustement de la part de nos semblables. Il y a là non seulement préjudice et
douleur, mais encore un sentiment d'humiliation et d'injustice qui réveille la
conscience de nos droits. Dans ce qui nous arrive par l'entremise des hommes,
il n'est pas toujours facile de discerner la volonté de Dieu et de nous dire
aussitôt qu'il permet cette épreuve pour voir si nous avons réellement pris
Christ pour notre modèle. Etudions ce modèle ; il nous apprendra ce qui lui
donnait la force de supporter patiemment l'injustice.
Christ voyait
dans la souffrance la volonté de Dieu. Il avait trouvé
dans l'Ecriture que le serviteur de Dieu doit souffrir. Cette pensée lui était
devenue familière, en sorte qu'à l'arrivée de la souffrance, il n'en fut pas
surpris. Il l'attendait, il savait qu'elle devait contribuer à sa perfection. Il
n'eut donc pas l'idée de chercher comment il pourrait s'en délivrer mais
plutôt comment il pourrait glorifier Dieu par là-même. Ceci le rendit
capable de supporter tranquillement la plus grande injustice. Il voyait là la
main de Dieu.
Chrétien!
Auriez-vous la force de souffrir injustement dans le même esprit que Christ? Accoutumez-vous
à reconnaître la main de Dieu dans tout ce qui vous arrive. Ce que Jésus
vous enseigne là est plus important que vous ne le pensez. Qu'il s'agisse de
quelque injustice dans des choses graves, ou de quelque petite offense du
courant de chaque jour, avant d'arrêter votre pensée sur la personne qui en est
l'occasion, recueillez-vous et rappelez-vous ceci: Dieu permet cette épreuve
sur ma route pour voir si je le glorifierai par là. Cette épreuve, grande
ou petite, me vient de Dieu, elle est sa volonté à mon égard. Avant tout
puissé-je y voir la volonté de Dieu et m'y soumettre. Alors, dans la
tranquillité d'âme que donne ce regard en haut, je recevrai aussi la sagesse
nécessaire pour me conduire en cette circonstance. Quand on regarde, non plus à
l'homme, mais à Dieu, souffrir injustement n'est pas si difficile qu'il semble
d'abord.
Christ aussi
croyait que Dieu prendrait soin de ses droits et de son honneur. Nous avons en
nous un sentiment inné de justice qui vient de Dieu; mais l'homme qui vit
encore selon le monde visible veut avoir son honneur vengé dès ici-bas, tandis
que celui qui vit déjà dans le monde éternel et « comme voyant celui qui
est invisible » (Héb. 11 : 27), se contente de laisser à Dieu le soin de
venger son honneur et ses droits ; il les sait en sûreté dans la main de
Dieu. Ainsi faisait notre Seigneur Jésus. Pierre nous dit « qu'il s'en
remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2 : 23). C'était une chose
entendue entre le Père et le Fils que le Fils n'avait pas à prendre soin de son
honneur à lui, mais seulement de celui du Père, et que le Père pourvoirait à la
gloire du Fils. Qu'en ceci le chrétien suive l'exemple de Christ et il en
retirera beaucoup de paix et de repos d'esprit. Placez sous la garde de Dieu
vos droits et votre honneur ; recevez chaque offense avec la ferme confiance
que Dieu veille sur vous et prend soin de vous, « vous en remettant à celui qui
juge justement ».
En outre, Christ
croyait à la puissance de l'amour qui sait souffrir. Nous
reconnaissons tous qu'il n'est pas de plus grande puissance que celle de
l'amour. C'est par là que Christ a vaincu l'inimitié du monde. Toute autre
victoire n'obtient qu'une soumission forcée, l'amour seul opère la véritable
victoire qui change l'ennemi en ami. Nous admettons tous cette vérité en
théorie, mais nous reculons devant l'application, tandis que Christ l'a mise en
pratique. Lui aussi a voulu se venger, mais il l'a fait avec amour, amenant à
ses pieds ses ennemis devenus ses amis. Il a cru que, par le silence, la
soumission, la souffrance et le support des offenses, il gagnerait sa cause,
parce que c'est ainsi que l'amour obtient la victoire.
Et voilà ce
qu'il veut aussi de nous. Notre nature pécheresse aime mieux compter sur sa
propre force et son droit que sur le pouvoir divin de l'amour, mais celui
qui veut ressembler à Christ doit le suivre là aussi et surmonter le mal par le
bien. Plus il sera traité injustement par un autre, plus il se sentira
appelé à l’aimer. Et même, s'il faut pour la sécurité publique que
la justice punisse l'offenseur, il prendra garde à ce qu'il ne s'y mêle de sa
part aucun ressentiment personnel, mais en tout ce qui le concerne il
pardonnera, il aimera.
Ah! que tout
serait différent dans le monde chrétien et dans nos Eglises, si l'exemple de
Christ était suivi ! Que tout serait différent si chacun de ceux qui «
reçoivent des outragea n'en rendaient point », si chacun de ceux qui sont
«maltraités ne faisaient point de menaces, mais s'en remettaient à celui qui
juge justement ». Frères chrétiens, voilà littéralement ce que le Père demande
de nous. Lisons et relisons les paroles de Pierre jusqu'à ce que notre âme soit
pénétrée de cette pensée : « Si en faisant bien vous êtes maltraités et que
vous le souffriez patiemment, c'est à cela que Dieu prend plaisir ».
Dans la vie
chrétienne, comme on la cornprend ordinairement, où chacun cherche à remplir
par ses propres efforts sa vocation de racheté, il est impossible de parvenir à
une semblable conformité à l'image du Seigneur ; mais dans la
vie de celui qui renonce à soi-même pour s'abandonner au Seigneur, qui remet
tout entre ses mains avec la confiance qu'il fera tout, renaît l'espérance de
pouvoir ressembler à Christ en ceci aussi. Pour lui le commandement de souffrir
comme Christ se lie étroitement à ces mots : « Christ a porté nos péchés en
son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché, nous vivions à la justice
». (1 Pier. 2 : 24).
Frère chrétien,
ne voudrais-tu pas ressembler à Jésus et faire, en supportant les offenses, ce
que lui-même eût fait à ta place? N'est-elle pas belle la perspective d'être en
toutes choses, même en ceci, conforme à Jésus? Avec tes propres forces, c'est
impossible, mais avec sa force à lui, c'est possible. Abandonne-toi donc à lui
jour après jour pour qu'il opère en toi tout ce qu'il veut que tu sois. Crois
qu'il vit dans les cieux pour être la vie et la force de chacun de ceux qui
cherchent à marcher sur ses traces. Renonce à toi-même pour devenir un avec
le Christ crucifié, si tu veux savoir ce que c'est d'être mort au péché et de
vivre à la justice. Alors tu éprouveras avec joie quelle puissance résulte
de la mort de Jésus, non seulement pour effacer le péché, mais encore pour en
briser les liens; alors tu participeras aussi à sa vie de résurrection qui te
fera « vivre à la justice », et tu trouveras tout autant de bonheur à suivre
les traces du Sauveur dans la souffrance que tu en as trouvé à te confier
pleinement et uniquement en sa passion pour ton expiation et ta rédemption.
Alors Christ te sera aussi précieux comme Modèle qu'il te l'a été comme Garant.
C'est parce qu'il a pris sur lui ton châtiment en souffrant pour toi, que tu
souffriras, toi aussi, volontiers pour lui. Souffrir injustement deviendra
ainsi pour toi une participation honorable à ses souffrances, le sceau de la
conformité à sa sainte ressemblance, le fruit béni de la véritable vie de foi.
O Seigneur, mon
Dieu, je viens d'entendre ce que dit ta Parole : « Lorsque quelqu'un, par un
motif de conscience, endure de mauvais traitements en souffrant injustement,
cela est agréable à Dieu ». Voilà donc, Seigneur, le sacrifice qui t’est
agréable, l'œuvre que ta grâce seule peut faire en nous. C'est là le fruit des
souffrances de ton Fils bien-aimé, le fruit de l'exemple qu'il a laissé et de
la force qu'il donne parce qu'il a détruit la domination du péché.
O mon Père,
enseigne-moi, enseigne à tous tes enfants, à rechercher une entière conformité
avec ton Fils dans ce trait de son image. Seigneur, je veux une fois pour toutes
te confier la garde de mes droits et de mon honneur, et ne plus m'en charger
moi-même. Tu sauras parfaitement en prendre soin. Et quant à moi, que ma seule
préoccupation soit désormais l'honneur et les droits de mon Dieu.
Je te demande
surtout de me remplir de foi en la puissance victorieuse de l'amour qui
sait souffrir. Fais-moi saisir pleinement que l'Agneau de Dieu qui a souffert
pour nous, nous enseigne par là-même que la patience, le silence et le support
ont plus de prix aux yeux de Dieu et plus d'influence sur les hommes que la
force et le droit. O mon Père, je dois marcher et je voudrais marcher sur les
traces de Jésus, mon Sauveur. Que ton Saint-Esprit, que ta lumière, ton amour
et ta présence me guident et me fortifient. Amen.
(Voir la note 2me).
COMME CHRIST
(Murray)
SIXIÈME JOUR
COMME CHRIST
Crucifié avec lui.
« Je suis
crucifié avec Christ, et je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi.
Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur
Jésus-Christ par laquelle le monde est crucifié à mon égard, et moi je suis
crucifié au monde. » Gal. 2 : 20 ; 6 : 14.
Se charger de la
croix. Voilà le mot de ralliement donné par Christ à ses disciples. Dans
trois occasions différentes, ces paroles sont répétées : « Si quelqu'un veut
venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il
me suive ». (Matt. 10 : 38 et 16 : 24 ; Luc 14 : 27). Pendant que le
Seigneur était encore sur le chemin de la croix, cette expression « se charger
de sa croix » était la plus propre à bien rendre la conformité avec Christ à
laquelle est appelé son disciple. Mais à présent que Christ a été crucifié,
le Saint-Esprit emploie d'autres termes pour nous parler avec plus de force de
notre entière conformité avec Christ ([1]). Il nous dit
que le croyant est crucifié avec Christ. La croix est le signe distinctif du
chrétien, aussi bien que de Christ. Le Christ crucifié et le chrétien
crucifié s'appartiennent mutuellement. Le principal trait de ressemblance
avec Christ consiste à être crucifié avec lui. Aussi quiconque veut lui
ressembler doit avant tout chercher à comprendre le mystère de cette union avec
Christ sur la croix. Au premier moment, ce mot « crucifié avec Christ »
effraye le chrétien qui cherche à ressembler à Jésus. Il recule à la pensée de
la croix, à la pensée des souffrances et de la mort .qui s'y rattachent, mais à
mesure que sa vie spirituelle s'éclaire, cette parole fait toujours plus son
espérance et sa joie, et il se glorifie de la croix, parce qu'elle le fait
participer à la mort et à la victoire qui ont déjà été accomplies et qui
l'affranchissent de la domination de la chair et du monde. Pour comprendre ces
choses, il faut étudier avec soin ce que nous en dit l'Ecriture.
« Je suis
crucifié avec Christ », dit Paul « et je vis, non plus moi-même, mais
Christ vit en moi ». Par la foi en Christ nous sommes amenés à
participer à la vie de Christ, et cette vie-là a passé par la mort de la
croix. Elle possède la puissance divine que lui a acquise la mort de la croix. Quand
donc je reçois en moi la vie de Christ, je reçois par là-même toute la
puissance qui résulte de sa mort sur la croix, puissance qui agit
constamment en moi. J'ai été crucifié avec Christ, et pourtant je vis, mais ce
n'est plus moi, c'est Christ en moi ; ma vie est celle de Christ crucifié,
celle qu'il a obtenue par la croix. Le fait d'avoir été crucifié est au
nombre des choses passées et accomplies. « Sachant que notre vieil homme a
été crucifié avec lui ». (Rom. 6:6). « Ceux qui sont à Christ ont
crucifié la chair ». (Gal. 5 : 34). « Dieu me garde de me glorifier en
autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le
monde est crucifié à mon égard et moi au monde ». (Gal. 6 : 14). Tous ces
textes parlent de quelque chose qui a été fait en Christ, et dont je suis
participant par la foi.
Il est très
important de comprendre cette vérité et de la proclamer hautement. J'ai été
crucifié avec Christ. J'ai crucifié ma chair. J'apprends ainsi à quel point je
participe à l'œuvre accomplie par Christ, car si je suis crucifié et mort avec
lui, j'ai part aussi à sa vie et à sa victoire. J'apprends ainsi à laisser
mortifier mon vieil homme par la vertu de cette croix.
Il me reste
encore beaucoup à faire, mais non à me crucifier, puisque j'ai déjà été
crucifié, « Mon vieil homme, dit l'Ecriture, a été crucifié ».
(Rom. 6 : 6). Je n'ai donc plus qu'à le tenir pour crucifié, et le traiter
comme tel sans lui permettre de descendre de la croix. Il faut que je
maintienne ma position de crucifié, que « ma chair » reste sur la croix.
Pour réaliser la force de ce que nous disons là, il y a encore une importante
distinction à faire : le vieil Adam en moi a bien été crucifié, mais il n'est
pas encore mort. Quand je me suis donné à mon Sauveur crucifié, péché, chair et
tout, il m'a reçu tout entier. Tout mon être avec sa vieille nature fut alors
réuni à lui sur la croix, mais là se fit une séparation. Par ma réunion à
Christ j'ai été libéré de la vie de la chair, je suis mort avec lui et
l'essence intime de mon être a reçu une vie nouvelle : Christ vit en moi;
mais la chair que j'habite encore, ce vieil homme crucifié avec lui, bien que
condamné à mort, n'est pas encore mort. Et maintenant, par mon union avec
Christ et par sa force en moi, je dois avoir l'œil à ce que ma vieille nature
reste clouée à la croix jusqu'au moment où elle sera entièrement détruite. Tous
ses instincts, tous ses désirs crient ensemble : Descends de la croix. «
Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » (Luc 23 : 89). Mais mon devoir, à moi,
est de me glorifier en la croix, de maintenir de tout mon cœur la prééminence
de la croix, d'apposer mon sceau à la sentence prononcée contre la chair, de
tenir le péché pour crucifié, et ainsi de ne lui permettre aucune domination.
C'est là ce qu'entend l'Ecriture quand elle dit : « Si par l'Esprit vous
mortifiez les œuvres du corps, vous vivrez ». (Rom. 8 : 18). « Faites
donc mourir ce qui compose en vous l'homme terrestre ». (Col. 8:5). Par là
je reconnais que « le bien n'habite point en moi, dans ma chair » (Rom.
7 : 18), par là je reconnais que Christ, le Crucifié, est mon Seigneur; je me
souviens que j'ai été crucifié, que je suis mort en lui, et que ma chair a été
à jamais livrée à la mort de la croix. C'est ainsi que je vis comme Christ,
crucifié avec lui.
Pour se rendre
pleinement compte du sens et de la portée de cette participation à la croix de
notre Seigneur, voici ce que doivent bien saisir ceux qui veulent suivre Christ : qu'ils
sachent, avant tout, que par la foi, ils sont unis au Christ crucifié. C'est à
leur conversion qu'a commencé cette union, mais alors ils ne l'ont pas bien
comprise ; et combien de chrétiens restent toute leur vie dans l'ignorance à
cet égard, faute de développement spirituel. Mon frère, demandez que le
Saint-Esprit vous révèle votre union avec le Crucifié et vous éclaire sur le
sens de ces mots : « J'ai été crucifié avec Christ ». « Je me
glorifie en la croix de Christ par laquelle le monde est crucifié à mon égard
et moi au monde ». Saisissez-vous de ces paroles de l'Ecriture, cherchant
par la prière et la méditation à vous les approprier entièrement. D'un cœur
avide de recevoir, demandez que le Saint-Esprit les fasse vivre en vous. A la
lumière de Dieu, comprenez ce que vous êtes bien réellement : « crucifié avec
Christ ».
Quand vous serez
au clair sur ce premier point, vous recevrez par là-même la grâce et la force
de vivre comme quelqu'un qui a été crucifié et en qui Christ vit. Vous pourrez
alors, tenir la chair et le monde pour cloués à la croix, et les traiter comme
tels. Votre vieille nature cherche sans cesse à vous faire croire que c'est
trop prétendre d'exiger de vous que vous viviez toujours de cette vie de
crucifié, mais vous le pouvez par votre union avec Christ. C'est en lui et
en sa croix que saint Paul peut dire : « J'ai été crucifié au monde ».
En Jésus cette crucifixion est un fait accompli; en Jésus vous avez passé par
la mort, en lui vous avez été rendu vivant. Christ vit en vous. Que cette
participation à la croix de Christ s'implante toujours mieux en vous, car elle
vous fera participer toujours mieux à sa vie et à son amour. Etre crucifié
avec Christ, c'est être affranchi de la domination du péché, c'est être racheté
et vainqueur. Souvenez-vous que le Saint-Esprit est spécialement chargé de
glorifier Christ en vous, de vous révéler et de vous approprier tout ce qu'il y
a en Christ pour vous. Ne vous contentez pas, comme tant d'autres, de ne
voir dans la croix que l'expiation.
La gloire de la
croix est non seulement d'avoir été pour Jésus l'entrée dans la vie du ciel,
mais d'être continuellement pour nous le moyen de vaincre le péché et
d'entretenir en nous la vie divine. Apprenez de votre Sauveur à saisir tout
ce que la croix vous donne là. La foi en la puissance victorieuse de la croix
fera mourir de jour en jour « les désirs de la chair » ; elle vous fera trouver
votre bonheur, dans la mort continuelle du moi, car vous regarderez la
croix, non plus comme si vous étiez encore sur le chemin qui mène à la
crucifixion, avec la perspective d'une mort douloureuse, mais comme ayant déjà
subi la mort de la croix en Christ et comme vivant en Christ. La croix vous
sera ainsi le moyen béni par lequel « le corps du péché est détruit »
(Rom. 6 : 6), le drapeau sous lequel il faut s'enrôler pour obtenir pleine
victoire sur le péché et sur le monde.
Enfin, souvenez-vous
de ce qui est ici l'essentiel. Souvenez-vous que c'est Jésus lui-même, votre
Sauveur, qui vous rendra capable d'être semblable à lui en toutes choses. Sa
douce communion, son tendre amour, sa divine puissance font de la participation
à sa croix et de la vie de crucifixion une vie de joyeuse résurrection, de
bénédiction et de victoire sur le péché. En lui vous pouvez chanter cet hymne
de victoire : « Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la
croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle le monde est crucifié à mon
égard, et moi je suis crucifié au monde !»
O mon Sauveur,
je te demande humblement de me révéler la gloire que recèle pour moi ta
croix lorsque je m'y place avec toi. La croix, c'était là ma place, lieu de
mort et de malédiction ; et toi, tu t'es fait homme comme nous, et tu as été
crucifié avec nous. A présent la croix est la place dont tu fais un lieu de
bénédiction et de vie; et tu m'appelles à devenir comme toi, crucifié avec toi,
pour que je sache par ma propre expérience que la croix m'a entièrement
affranchi du péché.
Seigneur,
fais-moi connaître toute la puissance de la croix. Depuis longtemps je connais
sa vertu efficace pour racheter de la malédiction. Mais qu'il y a longtemps
aussi que, racheté, je lutte en vain contre le péché, pour obéir au Père comme
toi tu lui as obéi. Il m'était impossible de me soustraire à la domination du
péché. A présent je vois que nul ne le peut, à moins de s'abandonner à la
direction du Saint-Esprit en la communion de ta croix. Alors tu fais voir à ton
disciple que la croix a mis fin à la domination du péché et l'en a
affranchi. Alors toi, le Crucifié, tu viens vivre en lui, lui communiquer ton
esprit de volontaire sacrifice, expulser et vaincre le péché.
O mon Dieu !
Fais-moi mieux comprendre ces choses. C'est avec la confiance que tu le feras,
que je puis dire : «J'ai été crucifié avec Christ ». Toi, qui m'as aimé
jusqu'à mourir pour moi, ce n'est pas ta croix, c'est toi-même, toi, le
Crucifié, que je cherche et en qui j'espère. Prends-moi, garde-moi,
enseigne-moi d'instant en instant que tout ce qui compose mon vieil
homme, mon moi terrestre, est condamné, mérite la croix et a été crucifié ;
enseigne-moi d'instant en instant qu'en toi j'ai tout ce qui m'est
nécessaire pour vivre d'une vie sainte et bénie. Amen.
[1] On perd de vue le véritable sens
de ce commandement, quand on ne voit là que les croix ou épreuves de la vie. La
croix signifie la mort. Se charger de sa croix c'est mourir, et c'est surtout
dans la prospérité qu'on en a besoin. Se charger de la croix et suivre Christ,
c'est vivre chaque jour en abandonnant à la mort toute volonté et toute vie
propres.
(Voir la note 3e).
COMME CHRIST
(Murray)
SEPTIEME JOUR
COMME CHRIST
Dans son abnégation.
« Nous devons
donc, nous qui sommes plus forts, supporter les infirmités des faibles, et non
pas chercher notre propre satisfaction. Que chacun de nous donc ait de la
condescendance pour son prochain, et cela pour le bien et pour l'édification ;
car aussi Christ n'a point cherché sa propre satisfaction ; mais selon qu'il
est écrit : Les outrages de ceux qui t'ont outragé sont tombés sur moi.
C'est pourquoi recevez-vous les uns les autres avec bonté, comme Christ nous a
reçus pour la gloire de Dieu. » Rom. 15 : 1-3, 7.
« Si quelqu'un
veut venir après moi, qu'il renonce a soi-même, qu'il se charge de sa croix, et
qu'il me suive. » Matth. 16 : 24.
Christ lui-même n'a pas «
cherché sa propre satisfaction ». Il a supporté avec patience les
reproches par lesquels les hommes ont déshonoré Dieu; il l'a fait afin de
sauver les hommes et de glorifier Dieu. C'est là ce qui nous donne la clef de
sa vie, soit à l'égard de Dieu, soit à l'égard de l'homme. C'est là aussi ce
qui doit être notre règle de conduite. «Nous qui sommes plus forts, nous ne
devons pas chercher notre propre satisfaction ».
Renoncer à
soi-même est tout le contraire de chercher sa propre satisfaction. Quand Pierre
renia Christ, il dit : « Je ne connais point cet homme-là », je n'ai
rien à faire avec lui, ni avec ce qui le concerne; je ne veux pas qu'on me
croie son ami. Le vrai chrétien renie de même son vieil homme : Je ne connais
pas ce vieil homme; je ne veux rien avoir de commun avec lui, ni avec ce qui le
concerne. Et s'il encourt quelque blâme, s'il est en butte à quelque offense, à
quelque procédé pénible à son ancienne nature, il se borne à dire : Faites ce
que vous voudrez du vieil Adam ; je n'en ai nul souci. Par la croix de Christ,
je suis crucifié au monde, à la chair, à moi-même, et je suis étranger à ce qui
touche le vieil homme. Je ne suis pas son ami. Je désavoue toute réclamation,
toute exigence de sa part, je ne le connais pas.
Le chrétien qui
n'en est encore qu'à se savoir sauvé de la condamnation et de la malédiction,
ne peut pas comprendre ceci, il lui semble impossible de « renoncer à soi-même
», et bien qu'il essaye parfois de le faire, sa vie consiste en majeure partie
à chercher « sa propre satisfaction ». Mais le chrétien qui voit en Christ son
modèle ne peut plus s'en tenir là. Il a renoncé à lui-même pour chercher dans
la croix de Christ une parfaite intimité avec le Seigneur. Le Saint-Esprit lui
a appris à dire : « J'ai été crucifié avec Christ », et par là je suis mort au
péché et à moi-même. Etroitement uni à Christ, il voit son vieil homme crucifié
comme un malfaiteur condamné, et il a honte de l'avouer pour son ami. Il est
déterminé à ne plus chercher la satisfaction de son ancienne nature, mais à la
renier, et il a reçu la force de le faire. Depuis que le Christ crucifié est
sa vie, renoncer à lui-même est devenu la règle de sa vie.
Ce renoncement
s'étend à tout. Il en était ainsi du Seigneur Jésus, et il en est de même de
chacun de ceux qui veulent réellement le suivre. Ce renoncement comprend non
seulement le péché et toute contravention à la loi de Dieu, mais il va plus
loin encore, il s'étend jusqu'aux choses qui sont en apparence licites ou
indifférentes. Pour celui qui a renoncé à lui-même, la volonté et la gloire de
Dieu, ainsi que le salut des âmes, l'emportent toujours sur tout plaisir, sur
tout intérêt personnel.
Pour pouvoir
user de « condescendance pour le prochain », il faut commencer par user de
renoncement à soi-même. Le jeûne de celui qui a dit : « L'homme ne vivra pas de
pain seulement, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu », et qui ne
voulut pas manger avant que le Père lui envoyât la nourriture, et que l'ouvrage
du Père fût achevé, offre au croyant un bel exemple de tempérance dans le
manger et le boire. La pauvreté de celui qui n'avait pas un lieu où reposer sa
tête, lui apprend à user de la possession et de la jouissance des choses
terrestres comme ne possédant pas ; et par la passion de celui qui a porté tous
nos péchés en son corps sur le bois, il apprend à supporter patiemment toute
souffrance. Son corps, comme temple du Saint-Esprit, est prêt à « porter
partout la mort du Seigneur Jésus ». (2 Cor. 4 : 10). Avec Paul « il
traite durement son corps et le tient assujetti ». (1 Cor. 9 : 27). Il met
un frein à ses désirs, et selon l'exemple de renoncement donné par Jésus, « il
ne cherche pas sa propre satisfaction ».
Le renoncement
est la sauvegarde aussi de l'intelligence et de l'esprit. Le croyant
soumet aux enseignements de la parole de Dieu et de l'Esprit de Dieu sa propre
sagesse, son propre jugement et toutes ses pensées. Vis-à-vis de l'homme, il se
montre prêt à renoncer à ses propres vues pour écouter et s'instruire avec
douceur et humilité, et même quand il sait avoir raison, c'est avec douceur
encore, avec humilité qu'il émet son opinion, cherchant à découvrir et à
reconnaître ce qu'il y a de bon chez les autres.
Le renoncement a
en outre une grande influence sur le cœur. C'est sous son contrôle que doivent
se placer les affections, les désirs et la volonté aussi, cette puissance
souveraine de l'âme. Chez le disciple de Christ, la propre
satisfaction ne doit pas tenir plus de place qu'elle n'en tenait dans la vie de
Christ. Le renoncement est la règle de sa vie.
Ce renoncement
n'est pas difficile au croyant réellement donné à Christ. Pour celui qui,
d'un cœur partagé, veut se contraindre à une vie de renoncement, oui, c'est difficile,
mais non pas pour celui qui s'est donné sans réserve et qui a saisi de tout son
cœur que la croix détruit la domination du péché et du moi. Les bénédictions
qu'il recueille de son renoncement lui sont une ample compensation du sacrifice
plus apparent que réel auquel il s'est soumis. A peine ose-t-il parler encore
de renoncement, tant il trouve de bonheur à être rendu conforme à l'image de
Jésus.
Aux yeux de
Dieu, le renoncement ne tire pas sa valeur, ainsi qu'on se le figure parfois,
du degré de peine qu'il cause. Non, car la peine qu'on en éprouve
vient en grande partie d'un reste de répugnance à renoncer à soi-même. Sa plus
grande valeur aux yeux de Dieu vient au contraire d'un acquiescement facile et
même joyeux qui ne regarde pas comme un sacrifice ce qui est fait pour Jésus,
et qui s'étonne plutôt d'entendre les autres le qualifier de renoncement.
Ili fut un temps
où les hommes croyaient devoir fuir au désert et se retirer dans des couvents
pour renoncer à eux-mêmes. Le Seigneur Jésus nous a montré que c'est dans
nos rapports ordinaires avec les hommes que doit s'exercer le renoncement.
Aussi Paul dit ici que « nous devons ne pas chercher notre propre
satisfaction, et cela pour le bien et l'édification de notre prochain, car
Christ n'a pas cherché sa propre satisfaction. C'est pourquoi recevez-vous les
uns les autres avec bonté comme Christ nous a reçus ». Le renoncement de
notre Seigneur : voilà, ni plus ni moins, l'exemple à suivre. Ce qu'il fut,
nous devons l'être. Ce qu'il fit, nous devons le faire.
Quelle vie
glorieuse sera celle de l'Eglise de Christ quand cette règle-là prévaudra :
chacun ne vivant plus que pour rendre les autres heureux ; chacun renonçant à
lui-même, ne se cherchant plus lui-même, estimant les autres meilleurs que
lui-même! Alors plus de susceptibilité prompte à s'offenser, plus
d'amour-propre blessé au moindre manque d'égards. Comme disciple de Christ,
chacun cherchera à supporter les faibles et à avoir de la condescendance pour
son prochain.
« Si quelqu'un
veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il se charge de sa croix et
qu'il me suive ». Cette parole de Jésus non seulement nous appelle à renoncer à
nous-mêmes, mais nous indique en outre le moyen de le pouvoir. Celui qui ne se
borne pas à vouloir atteindre le ciel par Christ, mais qui veut aussi marcher
sur ses traces pour lui plaire, le suivra.
Dans ce cœur
là Jésus prend aussitôt la place qu'occupait le moi. Jésus seul devient
alors le centre et le but de sa vie. La reddition sans réserve de celui qui
suit Jésus est couronnée de l'insigne bénédiction de voir Christ devenir
lui-même sa vie par son Esprit. L'esprit de Christ, son esprit de
renoncement et d'amour lui est envoyé, et c'est alors avec joie qu'il renonce à
lui-même, puisqu'il trouve là un moyen d'intime communion avec Dieu.
Le renoncement
n'est plus alors une œuvre qu'il accomplit dans le but d'atteindre à la
perfection par lui-même ; il n'est plus seulement une victoire négative sur
lui-même, un moyen de tenir en respect son moi. Depuis qu'il a formellement
rompu avec le moi, Christ a pris en lui la place du moi, et l'amour de Christ,
sa douceur et sa bonté se répandent de lui sur les autres. Nul commandement
alors ne lui paraît plus béni, plus naturel que celui-ci : « Nous devons ne pas
chercher notre propre satisfaction, car aussi Christ n'a pas cherché sa propre
satisfaction... Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même et
qu'il me suive ».
Bien-aimé
Sauveur, je te remercie de ce nouvel appel à te suivre et à ne pas chercher ma
propre satisfaction, puisque toi-même tu ne l'as pas cherchée. Je te remercie
de ce qu'à présent, je n'ai plus peur comme naguère, d'entendre ce que tu me
dis là. Tes commandements ne me sont plus pénibles. Ton joug est aisé, et ton
fardeau léger. Ce que je vois de ta vie terrestre et de l'exemple qu'elle me
donne à suivre, m'est un gage certain de ce que je recevrai en moi de ta vie
actuelle et céleste. C'est là ce que je n'avais pas encore compris. Longtemps
après avoir reconnu en toi mon Sauveur, je n'osais pas admettre la pensée de
renoncer à moi-même. Mais pour celui qui a appris ce que c'est que de se
charger de sa croix, d'être crucifié avec toi et de laisser son vieil homme
cloué sur la croix, il n'est plus si terrible de renoncer à soi-même. Depuis que
j'ai compris que tu es toi-même ma vie, depuis que je sais que tu te charges
entièrement de la vie qu'on te confie entièrement, « produisant en nous le
vouloir et le faire », je ne crains plus que tu me laisses manquer de l'amour
et de la sagesse nécessaires pour pouvoir suivre joyeusement tes traces dans la
voie du renoncement.
Seigneur, tes
disciples sont indignes d'une telle grâce, mais puisque tu as bien voulu nous
l'accorder, tout notre bonheur sera de ne plus chercher notre propre
satisfaction, mais d'avoir chacun, de la condescendance pour son prochain,
comme tu nous en as donné l'exemple. Veuille ton Saint-Esprit le réaliser avec
puissance en nous! Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
HUITIÈME JOUR
COMME CHRIST
Dans le sacrifice de lui-même.
« Marchez dans
la charité de même que Christ qui nous a aimés et qui s'est offert lui-même à
Dieu pour nous comme une oblation et une victime d'agréable odeur. » Eph. 5 : 2.
« Nous avons
connu ce que c'est que la charité en ce que Jésus-Christ a mis sa vie pour nous
; nous devons donc aussi mettre notre vie pour nos frères. » 1 Jean 3 : 16.
Quel rapport y
a-t-il entre le sacrifice de soi et le renoncement à soi?
Le premier est
la source du second. Le renoncement témoigne d'un sacrifice antérieur; il le
confirme, il en prépare le renouvellement. C'est ce que nous montre la vie de
notre Seigneur Jésus. Son incarnation fut le sacrifice de soi-même, sa vie
de renoncement en fut la conséquence, et par là il fut amené au grand
sacrifice de sa mort sur la croix. Il en est de même du chrétien. Sa conversion
est en quelque mesure le sacrifice de soi-même, quoique bien imparfait, vu son
ignorance et sa faiblesse. De ce premier acte naît pour lui l'obligation du
renoncement quotidien. Ses efforts à le réaliser lui prouvent sa faiblesse, et
l'amènent à un nouveau sacrifice plus complet dans lequel seulement il trouve
la force de pratiquer le renoncement habituel. L'esprit de sacrifice est
l'essence même de l'amour. L'amour trouve son bonheur à s'oublier
pour autrui, à tout sacrifier pour autrui, à s'identifier avec ceux qu'il aime
et à partager avec eux toutes ses joies.
Qui sait si au
nombre des mystères que nous révélera l'éternité, nous ne verrons pas que le
péché fut permis sur la terre, parce que sans cela l'amour de Dieu n'aurait pas
eu lieu de se manifester si pleinement? Le suprême degré de l'amour de Dieu se
révèle dans le sacrifice de Christ, et la plus grande gloire du chrétien est de
suivre jusque-là son Dieu. Sans un entier sacrifice de soi-même, impossible
d'accomplir « le nouveau commandement », celui de l'amour. (Jean 13 : 34). Sans
un entier sacrifice de soi-même, impossible d'aimer comme Jésus a aimé. « Soyez
les imitateurs de Dieu », dit l'apôtre, et « marchez dans la charité, de même
que Christ qui nous a aimés et qui s'est offert lui-même à Dieu pour nous comme
une oblation et une victime d'agréable odeur ». Que tout' dans votre vie se
fasse, d'après l'exemple de Christ, avec amour. C'est cet amour qui a rendu son
sacrifice agréable à Dieu, et puisque cet amour s'est manifesté par le
sacrifice de lui-même, que votre amour aussi soit conforme au sien par le
sacrifice répété de vous-même pour le bien des antres; c'est là ce qui le
rendra agréable à Dieu. « Nous devons mettre notre vie pour nos frères ».
C'est jusque
d'ans les menus détails de notre intérieur, jusque dans nos rapports entre mari
et femme, entre maître et serviteur, que le sacrifice de Christ doit être la
règle de notre conduite de chaque jour. « De même vous, maris, aimez vos femmes
comme Christ aussi a aimé l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle ».
(Eph. 5 : 25).
Remarquez
surtout ces mots : « Christ s'est offert lui-même à Dieu pour nous comme une
oblation ». Nous voyons là que son sacrifice a deux faces, l'une pour Dieu,
l'autre pour l'homme. C'est pour nous, mais c'est à Dieu qu'il
s'est offert en sacrifice. Dans le sacrifice de nous-mêmes ces deux faces
doivent toujours se retrouver aussi, quoique tantôt l'une, tantôt l'autre soit
plus en évidence.
Ce n'est
qu'après nous être offerts en sacrifice à Dieu que nous pouvons aussi
renoncer entièrement à nous-mêmes. Le Saint-Esprit révèle alors au croyant les
droits que Dieu a sur lui. Il nous enseigne que nous ne nous appartenons pas à
nous-mêmes, mais que nous sommes à Dieu. Alors seulement, nous apprenons à quel
degré nous sommes sa propriété absolue, achetés et payés à prix de sang, à quel
degré il nous a aimés de son amour infini, et quel bonheur il y a à se donner,
à s'abandonner à lui. Voilà ce qui amène le croyant à s'offrir aussi en sacrifice
fait par le feu ». (Lév. 1:9). Il se place sur l'autel de consécration et
trouve sa plus grande joie à être « une oblation d'agréable odeur » à son
Dieu, à être consacré à Dieu et accepté de Dieu. Son plus vif désir est
alors de savoir comment Dieu l'appelle à lui prouver, par sa vie de chaque
jour, la réalité de cet entier sacrifice de lui-même.
Dieu lui montre
l'exemple de Christ. Il était « d'agréable odeur » à Dieu quand il s'est offert
en sacrifice pour nous. A tout chrétien qui se consacre entièrement au
service de Dieu, Dieu réserve le même honneur qu'il a conféré à son Fils, il se
sert de lui comme d'un moyen de bénédiction pour les autres. C'est pour cela
que Jean dit : « Celui qui n'aime point son frère qu'il voit, comment peut-il
aimer Dieu qu'il ne voit pas? » (1 Jean 4 : 20). Le sacrifice de vous-même par
lequel vous vous êtes consacré au service de Dieu, vous oblige à servir aussi
vos semblables ; le même acte qui vous donne entièrement à Dieu, vous donne
entièrement à eux.
C'est donc
précisément cette entière consécration à Dieu qui rend capable de se sacrifier
pour les autres et qui en fait même une joie. C'est quand ma foi s'est
appropriée cette promesse : « En tant que vous avez fait ces choses à l'un de
ces plus petits de mes frères, vous me les avez faites », que je puis concilier
ces deux faces du sacrifice : sacrifice à Dieu et sacrifice pour les
hommes. Alors mes rapports avec mes semblables, au lieu d'être, comme on
s'en plaint souvent, un obstacle à ma communion non interrompue avec Dieu,
deviennent l'occasion même de m'offrir incessamment à lui.
Quel appel ! «
Marcher dans la charité de même que Christ nous a aimés, et s'est offert
lui-même à Dieu pour nous, comme une oblation et une victime d'agréable odeur ».
Ce n'est qu'ainsi que l'Eglise peut remplir son mandat, et prouver au monde
qu'elle a été mise à part pour continuer l'oeuvre de Christ, son œuvre de
sacrifice et d'amour, pour « achever de souffrir le reste des afflictions de
Christ ». (Col. 1 : 240.
Mais Dieu
attend-il réellement de nous que nous renoncions si complètement à nous-mêmes
pour les autres? N'est-ce pas trop demander? Peut-on se sacrifier si
entièrement? Chrétien! Dieu l'attend de vous. Il ne faut pas moins pour devenir
conforme à l'image de son Fils, ce à quoi il vous a destiné dès l'éternité.
C'est là la voie qu'a suivie Jésus pour entrer dans la gloire et la félicité,
et le disciple ne peut en suivre d'autre pour entrer dans la joie de son
Seigneur. C'est bien réellement à devenir comme Jésus dans son amour et son
abnégation que nous sommes appelés : « Marchez dans 1a. charité de même que
Christ qui nous a aimés ».
Il est essentiel
pour le croyant de reconnaître cette vérité, car l'état de faiblesse de
l'Eglise vient en grande partie de ce que les serviteurs de Dieu la comprennent
généralement si peu. En ceci l'Eglise a besoin d'une nouvelle réformation. Lors de la
grande réformation, il y a trois siècles, la puissance de la mort et de la
justice de Christ pour effacer les péchés fut remise en lumière pour la joie et
la consolation des âmes angoissées ; mais il nous faut à présent une seconde
réformation pour déployer le drapeau de Christ comme exemple et règle à suivre,
pour rétablir cette vérité trop oubliée : la puissance de la résurrection de
Christ nous rend participants de la vie de notre Seigneur, nous rend ainsi
conformes à lui. Les chrétiens ne doivent pas s'en tenir à croire à leur union
avec Christ seulement pour leur salut et leur réconciliation, mais ils doivent
croire à leur union parfaite avec Christ, leur Tête, leur Modèle et leur Vie.
Ils doivent réellement représenter Christ sur la terre et faire voir autour
d'eux par la vie des membres ce qu'a été la vie de
Et vous tous qui
déjà désirez réaliser ces choses, ne craignez pas de vous donner à Dieu, par un
sacrifice semblable à celui de Christ. A votre conversion, vous vous êtes déjà
donnés à Dieu et dès lors vous vous êtes plus d'une fois donnés et consacrés de
nouveau à lui, mais l'expérience vous a montré tout ce qui vous manque encore.
Peut-être n'avez-vous jamais compris à quel degré votre sacrifice devait et
pouvait être entier et complet. Eh bien, venez et voyez en Christ votre Modèle,
voyez dans son sacrifice sur la croix ce que votre Père attend de vous. Voyez
en Christ qui est votre Tête et votre Vie, ce qu'il veut faire de vous. Croyez
en lui. Croyez que ce qu'il a accompli sur la terre par sa vie et par sa mort
comme votre Modèle, il veut à présent l'accomplir en vous aussi du haut du
ciel. Offrez-vous au Père en Christ, voulant être aussi entièrement, aussi
complètement que lui une oblation d'agréable odeur. Comptez sur Christ pour le
réaliser en vous, et pour vous maintenir dans cette voie. Que vos rapports avec
Dieu soient clairs et précis; soyez-lui, comme Christ, entièrement consacrés.
Alors il ne vous sera plus impossible de « marcher dans la charité de même que
Christ qui nous a aimés ». Alors tous vos rapports avec vos frères et avec le
monde vous seront l'occasion de prouver à Dieu que vous vous êtes bien
complètement donnés à lui en oblation d'agréable odeur.
O mon Dieu! Qui
suis-je que tu m'aies choisi, moi, pour me rendre conforme à l'image de ton
Fils dans son amour et son sacrifice ! Il nous a révélé sa perfection et sa
gloire divines en n'aimant point sa propre vie, mais en se donnant pour nous en
sa mort, et c'est par là que je puis lui ressembler. En marchant dans la
charité, je puis montrer que moi aussi, je me suis donné tout entier à Dieu.
O mon Père ! ce
que tu demandes de moi, je le veux aussi. Avec solennité je te confirme ma
consécration, non pas en me confiant en ma propre force, mais avec foi en la
force de Celui qui s'est donné pour moi. C'est parce que Christ, mon Modèle,
est aussi ma vie, que j'ose te dire : Mon Père, en Christ, comme Christ, je
m'offre à toi en sacrifice.
O mon Père!
Enseigne-moi comment tu veux que je manifeste ton amour au monde. Tu veux le
faire en me remplissant de ton amour. Mon Père, fais-moi « marcher dans la
charité de même que Christ qui nous a aimés ». Que ton Saint-Esprit me vivifie
chaque jour et me rende capable d'aimer en toutes circonstances chacun de ceux
que je rencontrerai, capable d'aimer d'un amour qui ne vient pas de moi, mais
de toi. Amen.
(Voir la note 4°).
COMME CHRIST
(Murray)
NEUVIÈME JOUR
COMME CHRIST
En n'étant pas du monde.
« Eux sont dans
le monde,... et le monde les a haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme
je ne suis pas du monde. Ils ne sont pas du monde comme je ne suis pas du
monde. » Jean 17 : 11, 14, 16.
« Afin que nous
soyons dans ce monde tel qu'il est lui-même. » 1 Jean 4 : 17.
Si Jésus n'était
pas du monde, pourquoi était-il dans le monde? S'il n'y avait
aucune sympathie entre lui et le monde, pourquoi y vivait-il, au lieu de rester
dans ce monde suprême, saint et béni auquel il appartenait? C'est parce que le
Père l’a envoyé dans le monde. Ces mots : « dans le monde », « pas du monde »
nous révèlent tout le secret de son œuvre comme Sauveur, et de sa gloire comme
Dieu-homme.
« Dans le
monde » : Revêtu de la nature humaine, parce que Dieu voulait montrer ainsi
que cette nature humaine lui appartenait, à lui, qu’elle n'appartenait pas au «
prince de ce monde », et qu'elle était capable de recevoir la vie divine, de
parvenir par là à la plus haute gloire.
« Dans le
monde » : Mêlé aux hommes, en relation avec eux pour se faire voir et
connaître d'eux et pour les ramener par là au Père.
« Dans le
monde » : En lutte avec les puissances qui gouvernent le monde, pour
apprendre l'obéissance, pour perfectionner et sanctifier ainsi la nature
humaine.
« Pas du
monde » : Mais du ciel, manifestant la vie qui se trouve en Dieu et que l'homme
avait perdue, pour la rapprocher de l'homme, pour la lui faire contempler et
désirer.
« Pas du
monde » : Témoignant contre le péché et contre tout ce qui sépare l'homme
de Dieu, pour montrer à l'homme qu'il est incapable de se faire une juste idée
de Dieu et de lui plaire.
« Pas du
monde » : Fondant sur la terre un royaume d'origine toute divine, tout à
fait indépendant de tout ce que le monde tient pour désirable ou nécessaire,
avec des principes et des règles tout autres que ceux qui ont cours dans le
monde.
« Pas du
monde » : Afin de racheter tous ceux qui lui appartiennent, et de les
amener dans le royaume nouveau et céleste qu'il leur a révélé.
« Dans le
monde ». « Pas du monde ». Voilà ce qu'est Jésus, ce qu'est son
œuvre : pas du monde quant à sa puissance et sa sainteté divines qui
doivent juger le monde et le vaincre ; et pourtant dans le monde quant à
son humanité et son amour qui cherchent à sauver tout ce qui peut être sauvé.
La plus complète séparation d'avec le monde jointe aux plus intimes rapports
avec ceux qui sont dans le monde, voilà les deux extrêmes qui se réunissent et
se concilient en Jésus. La vie du chrétien doit aussi mettre d'accord ces
deux extrêmes, quelque contradictoires qu'ils puissent paraître. Il faut que
chez le croyant, la vie divine se fasse jour au travers de l'enveloppe
terrestre.
S'en tenir à
l'une de ces vérités seulement n'est pas très difficile. « Pas du monde » fut dès les
âges les plus reculés la devise de tous ceux qui croyaient devoir, pour servir
Dieu, fuir au désert, ou se retirer dans des couvents, et de nos jours encore,
elle rallie ceux qui croient devoir montrer la sincérité de leur piété en
jugeant sévèrement tout ce qui est dans le monde. Il y a bien chez eux
séparation d'avec le péché, mais il n'y a plus de rapports avec les pécheurs
qui ne se sentent pas entourés par eux de la divine charité de Jésus. C'est
limiter la religion à un seul point de vue, c'est en faire par conséquent une
religion défectueuse.
D'autres s'en
tiennent aux mots : « Dans le monde », se réclamant de cette parole de
l'apôtre : « Autrement il vous faudrait sortir du monde ». (I Cor. 5 :
10). Ils veulent montrer que la religion n'empêche pas d'être sociable et de
jouir de tout, car ils se figurent que par là ils engageront le monde à servir
Dieu. Souvent ils ont en effet réussi à rendre le monde très religieux, mais à
quel prix? La religion se faisait alors très mondaine.
Le vrai disciple
doit réunir ces deux vérités. S'il ne montre pas clairement qu'il
n'est pas du monde, s'il ne témoigne pas du bonheur qui résulte de la vie qui
vient de Dieu, comment pourra-t-il convaincre le monde de péché, comment lui
prouver qu'il existe une vie d'un niveau plus élevé, comment l'engager à
désirer ce qu'il ne possède pas encore? Il faut que son sérieux, sa sainteté
et sa séparation d'avec l'esprit du monde le caractérisent, lui et sa vie.
Il faut que son esprit sanctifié, un esprit nouveau, céleste, tout contraire à
celui du monde, prouve à tous qu'il appartient à un royaume qui n'est pas de ce
monde.
Et pourtant il
doit vivre « dans le monde ». Dieu l'a placé là, au milieu de ceux
qui sont du monde pour gagner leur cœur, pour avoir de l'influence sur eux,
pour leur communiquer l'Esprit qui est en lui, et c'est à remplir cette mission
qu'il doit chercher à employer sa vie. Il ne saurait y réussir par les moyens
qu'indique la sagesse du monde, par des concessions, par des déviations ou des
atténuations des grandes vérités religieuses. Non, il ne pourra être en
bénédiction au monde qu'en suivant lest traces de celui qui seul peut enseigner
à vivre dans le monde sans être du monde, qu'en réalisant une vie de service et
d'abnégation par laquelle il confessera ouvertement que la gloire de Dieu est
le but de son existence, et par laquelle, étant plein du « Saint-Esprit » il
réchauffera les hommes au contact de l'amour divin.
Oh! qui nous
fera trouver le secret divin de réunir chaque jour dans notre vie ces deux
choses si difficiles à concilier : dans le monde, et pas du monde? C'est Jésus
qui nous le révèle, lui qui a dit : « Ils ne sont pas du monde comme je ne
suis pas du monde ». Ce comme a plus de portée et de
puissance que nous ne le pensons. Si nous laissons le Saint-Esprit nous
expliquer le sens de ce mot, nous comprendrons « ce que c'est que de vivre dans
ce monde comme Jésus y a vécu. C'est de notre union avec Christ que ce comme
tire toute sa force. C'est elle qui nous enseignera que plus on est
loin « d?être du monde », mieux on est préparé à « être dans le
monde ». Plus l'Eglise sera affranchie de l'esprit et des principes du
monde, plus aussi elle aura d'influence sur lui. La vie du monde cherche sa
propre satisfaction et sa propre gloire. La vie du ciel est sainte, elle vit
d'amour et de renoncement à soi-même. Un grand nombre de chrétiens qui cherchent
à se séparer du monde ne possèdent que peu de vie spirituelle, parce qu'ils
conservent encore trop de l'esprit égoïste du monde, cherchant avant tout leur
propre amélioration, et leur propre bonheur. Jésus-Christ n'était pas du
monde, il n'avait rien de l'esprit du monde; c'est pourquoi il pouvait aimer
les pécheurs, les gagner et les sauver. Le croyant non plus ne doit pas être du
monde plus que Christ ne l'a été, car le Seigneur lui dit : « pas du monde, comme
je ne suis pas du monde ». Par sa nouvelle nature le croyant est « né de
Dieu », il a reçu en lui la vie et l'amour de Dieu, et c'est cette vie
surnaturelle qui le rend capable d'être dans le monde sans être du monde. Tout
disciple qui tire sa vie de Christ en fera l'expérience. Il peut se dire : comme
Christ je ne suis pas du monde, parce que je suis en Christ. Il sait que
c'est seulement par son union avec Christ qu'il peut rester séparé du monde, et
que ce n'est qu'autant que Christ vit en lui qu'il peut jouir de la vie qui
vient de Dieu. Il sait que pour répondre à sa vocation, il doit se retirer
du monde comme étant crucifié au monde, et que néanmoins il doit vivre dans le
monde, afin d'y être en bénédiction aux autres par la vie qu'il reçoit de
Christ. Tout en marchant sur la terre, il vit dans le ciel.
Chrétiens, voyez
là la vraie manière d'imiter Jésus-Christ. « C'est pourquoi sortez du milieu
d'eux et vous en séparez, dit le Seigneur ». Et alors s'accomplit cette
promesse : « J'habiterai au milieu d'eux et j'y marcherai ». (2 Cor.
6 : 17, 16). Alors Christ pourra vous envoyer dans le monde, comme
le Père l'y a envoyé? pour occuper dans le monde la place où votre Père vous
commande de le glorifier et de faire connaître son amour.
« Pas du
monde » : Ce n'est pas seulement se séparer du monde et témoigner contre
lui, mais c'est encore faire connaître l'esprit, l'amour et la puissance de
l'autre monde, du ciel, auquel nous appartenons, c'est amener le monde terrestre
à avoir part aux bénédictions du monde céleste.
O toi, Souverain
Sacrificateur ! Toi, qui revêtu de ton pouvoir sacerdotal as prié le Père pour
nous qui ne sommes, pas plus que toi, du monde, quoique devant encore
l'habiter, puisse ton intercession manifester en notre faveur sa souveraine
efficace !
Le monde a
souvent accès dans notre cœur. Son égoïsme nous domine trop encore. A cause de
notre incrédulité, la nouvelle nature n'a pas toujours plein pouvoir. Seigneur,
nous te supplions, en vertu de ton intercession toute-puissante, de réaliser en
nous ces mots : « Pas du monde, comme je ne suis pas du monde », car notre
seule force contre le monde est d'être comme toi.
Seigneur, nous
ne pouvons être comme toi qu'en étant un avec toi. Nous ne pouvons marcher avec
toi qu'en demeurant en toi. O Seigneur, nous renonçons à nous-mêmes pour demeurer
en toi seul. Tu prends possession d'une vie qui se donne entièrement à toi. Que
ton Saint-Esprit, qui habite en nous, nous unisse si étroitement à toi, que
nous puissions toujours vivre comme n'étant pas du monde. Et qu'en outre ton
Saint-Esprit nous initie si bien à ton œuvre, en nous invitant à travailler
comme toi dans le monde, que nous puissions être avec joie et en toute humilité
un exemple du bonheur dont jouissent ceux qui ne sont pas du monde. Que notre
séparation du monde se reconnaisse à notre amour et à notre empressement à nous
sacrifier, comme toi, pour ceux qui sont encore du monde. Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
COMME CHRIST
Dans sa mission divine.
« Comme tu m'as
envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. » Jean 17 ; 18.
« Comme mon Père
m'a envoyé, je vous envoie aussi de même. » Jean 20 : 21.
Notre Seigneur
Jésus se rendait compte que son Père lui avait donné une mission à remplir
ici-bas. Souvent il disait: « Le Père m'a envoyé ([2]) ». Il savait
ce qu'était cette mission. Il savait que le Père l’avait choisi, l'avait envoyé
dans le monde pour accomplir cette mission, et il savait aussi que le Père lui
donnerait tout ce dont il aurait besoin pour l'accomplir. La conviction d'avoir
été envoyé par le Père était le grand mobile de tout ce qu'il faisait.
Dans les
affaires de ce monde, il importe qu'un ambassadeur sache clairement quelle est
la mission dont il est chargé, et qu'il sache aussi qu'il n'a autre chose à
faire qu'à la bien remplir, s'y adonnant tout entier. Il importe aussi que
le chrétien se rende compte qu'il a une mission à remplir sur cette terre,
qu'il sache ce qu'elle est et comment il peut l'accomplir.
Notre mission
divine est une des plus belles parties de notre conformité avec Jésus. Lui-même dit
clairement dans un des moments les plus solennels de sa vie que, « comme le
Père l'a envoyé », il envoie de même ses disciples. C'est dans sa prière
sacerdotale qu'il parle ainsi à son Père, lui demandant pour eux qu'ils soient
gardés et sanctifiés. Après sa résurrection, il le dit aussi à ses disciples,
leur promettant à cet effet l'envoi du Saint-Esprit. Rien ne nous fera mieux
comprendre et remplir notre mission ici-bas que sa correspondance, son identité
avec la mission de Christ.
Notre mission
est semblable à la sienne par le but qu'elle se propose. Pourquoi le
Père a-t-il envoyé son Fils? Pour faire connaître son amour envers les pécheurs
et sa volonté de les sauver. Non seulement les paroles de Jésus, mais sa
personne même, mais toute sa conduite et toute sa vie témoignaient de l'amour
du Père. Il devait représenter en sa personne le Père invisible qui est au
ciel, afin que sur la terre les hommes apprissent ce que signifie: «
Comme le Père ».
Après avoir
accompli sa mission, le Seigneur monta au ciel, devenant, comme le Père,
invisible au monde. Et maintenant il a transmis sa mission à ses disciples
après leur avoir montré comment il fallait l'accomplir. Ils doivent le
représenter, lui l'Invisible, afin qu'en voyant ce qu'ils sont, les hommes de
la terre puissent juger de ce qu'il est lui-même. Tout chrétien doit donc
être la vivante image de Jésus, il doit montrer en sa personne et par sa
conduite le même amour pour les pécheurs, le même désir de les sauver, afin que
par eux le monde puisse savoir ce que signifie ; «Comme Christ ». O mon âme,
prends le temps nécessaire pour réaliser cette vérité. Notre mission a le
même but que celle de Christ, le but de faire connaître le saint amour de Dieu
revêtu de notre enveloppe terrestre.
Notre mission a la
même origine aussi que celle de Christ. C'est l'amour
du Père qui a choisi Christ pour cette œuvre, et qui l'a trouvé digne d'un tel
honneur, d'une telle confiance. Nous aussi, nous sommes choisis par Christ pour
cette œuvre. Tout racheté sait bien que ce n'est pas lui qui a été chercher le
Seigneur, mais que c'est le Seigneur qui a été le chercher. En allant le
chercher, et en l'attirant a lui, le Seigneur avait expressément en vue cette
mission divine, « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, mais c'est moi qui
vous ai choisis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit ». {Jean
15 : 16).
Croyant, qui que
tu sois, et où que tu sois, le Seigneur, qui te connaît, toi et ceux qui
t'entourent, a besoin de toi; il t'a choisi pour le représenter dans le cercle
où tu te meus. Que ton cœur s'applique à lui obéir. Jésus a mis son cœur à te
sauver, afin que tu reflètes et que tu fasses voir autour de toi l'image même
de sa gloire invisible. Oh ! souviens-toi que ta mission divine émane de
l'amour éternel de Jésus comme la mission de Jésus émanait de l'amour du Père.
Souviens-toi que, par là, ta mission est en toute vérité semblable à la tienne.
Notre mission
est encore semblable à celle de Christ quant aux subsides qui nous sont
accordés pour la remplir. Tout ambassadeur s'attend à être pourvu
du nécessaire pour sa mission. « Celui qui m'a envoyé est avec moi, et
le Père ne m'a point laissé seul ». (Jean 8 : 29). Ceci nous apprend qu'en
envoyant son Fils, le Père était toujours avec lui, qu'il était partout sa
force et son appui. Il en est de même quant à l'Eglise de Christ et sa mission.
Une promesse accompagne l'ordre donné : « Allez et instruisez toutes les
nations... Voici, je suis toujours avec vous ». (Mat. 28 : 19, 20). Le
chrétien ne doit jamais se retirer en arrière sous prétexte d'incapacité, car le
Seigneur ne demande jamais rien qu'il ne donne le pouvoir d'accomplir. Tout
croyant peut donc être certain que, comme le Père avait donné son
Esprit-Saint au Fils pour le rendre capable de son travail, de même le Seigneur
Jésus donnera aussi aux siens tout ce dont ils ont besoin. Le croyant
recevra d'En haut la grâce d'être un fidèle représentant de Christ ici-bas,
d'offrir dans sa vie un reflet de l'exemple laissé par Christ et d'être ainsi
un foyer de vie, d'amour et de bénédiction pour ceux qui l'entourent. Quiconque
entreprend sa mission divine avec cœur et avec foi ne tardera pas à éprouver
que, réellement, celui qui envoie se charge aussi de pourvoir du nécessaire
ceux qui sont envoyés. Jésus fait ainsi pour nous ce que Dieu a fait pour lui.
Notre mission
est semblable en outre à celle de Christ par la consécration qu'elle exige» Le Seigneur
Jésus s'est adonné sans réserve à poursuivre son œuvre. C'était l’unique but de
sa vie : « Pendant qu'il est jour, il me faut faire les œuvres de celui qui
m'a envoyé. La nuit vient dans laquelle personne ne peut travailler ».
(Jean 9 : 4). La mission du Père était la seule raison de sa vie terrestre. Il
ne vivait ici-bas que pour révéler à l'humanité l'excellence et la gloire de
Dieu le Père.
De même pour
nous. La mission que Christ nous confie ici-bas est la
seule raison de notre présence sur la terre, sans cela il nous retirerait
de ce monde. La plupart des croyants ne s'en rendent pas compte. Leur
devoir se bornes, selon eux, à travailler quelque peu pour Christ au milieu
d'autres choses à faire, et encore n'en trouvent-ils que difficilement le temps
et la force. Et pourtant chacun devrait se dire : Accomplir la mission de
Christ est la seule raison de ma vie ici-bas. Ce n'est qu'en m'y consacrant
sans réserve, comme l’a fait mon Seigneur et mon Maître, que ma vie pourra lui
être agréable. Cette mission divine est si vaste et si belle que nous ne
pouvons pas l'accomplir sans nous y consacrer entièrement. Impossible sans
cela de recevoir les forces nécessaires pour nous en acquitter, impossible aussi
de compter sur le secours du Seigneur, sur l'accomplissement de ses promesses.
Est-ce bien ainsi que je suis préparé pour cette mission? Si je le suis, je
possède la clef qui va ouvrir à mon expérience tous les trésors de gloire
contenus dans ces mots : « Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie aussi
de même ».
O frères,
consacrons notre vie à cette mission ; n'est-elle pas digne de la remplir tout
entière ?
Seigneur Jésus,
tu es descendu du ciel pour nous faire connaître ce qu'est la vie du ciel. Tu as
pu le faire parce que tu étais du ciel. Tu as apporté sur la terre l'image et
l'esprit de la vie du ciel ; c'est pourquoi tu as pu nous montrer aussi
glorieusement ce qui constitue la vraie gloire du ciel, la volonté et l'amour
du Père invisible.
Seigneur, tu es
toi-même à présent l'Invisible dans le ciel, et tu nous envoies, nous, pour te
représenter dans ta gloire divine de Sauveur. Tu demandes que, nous aussi, nous
aimions les hommes, afin que, d'après ce que nous serons avec eux, ils puissent
se faire quelque idée de la manière dont tu les aimes, toi, dans le ciel.
O notre Sauveur,
notre âme te bénit de ce que tu ne demandes pas plus que tu ne donnes. Toi qui
es la vie du ciel, tu promets de faire vivre de ta vie tes disciples, tu vis en
eux, béni soit ton saint nom! C'est de toi qu'ils reçoivent le Saint-Esprit
pour être en eux « un souffle de vie ». C'est lui qui est la vie divine
de l'âme, et quiconque accepte la direction de l'Esprit pourra accomplir sa
mission. Par la joie et la puissance que confère le Saint-Esprit, nous pourrons
être ta vivante image, et faire connaître à tous ce qu'est ta ressemblance.
Seigneur,
enseigne-moi, enseigne-nous, à nous tous, que nous ne sommes pas du monde,
comme toi tu n'étais pas du monde, et que c'est pour cela que tu nous envoies
dans le monde, comme tu avais été envoyé par ton Père, afin que nous prouvions
par notre vie que nous appartenons à ce monde d'amour, de pureté et de félicité
auquel ici-bas tu appartenais toi-même. Amen.
[2] On ne perdra
pas sa peine en cherchant et comparant entre eux les textes suivants : Jean V,
24, 30, 37, 38; VI, 38, 39, 40, 44 ; VII, 16, 28, 29, 33 ; VIII, 16, 18, 26,
29, 42 ; XI, 42 ; XII, 44, 45, 49 ; XIII, 20 ; XIV, 24 ; XV, 21 ; XVI, 25 ;
XVII, 8, 18. 21, 33, s5 ; XX, 21. Christ voulait que les hommes sussent bien
qu'il n'agissait pas par lui-même, mais par celui qui l'avait envoyé. La
conscience d'avoir une mission à remplir ne le quittait pas un instant.
COMME CHRIST
(Murray)
COMME CHRIST
L'élu de Dieu.
«Prédestinés à
être conformes à l'image de son Fils afin qu'il soit le premier-né entre
plusieurs frères» Rom. 8: 29.
L'Ecriture nous
parle d'une élection individuelle. Cette doctrine de l'élection ne résulte
pas seulement de quelques textes isolés, mais de l'ensemble de ce qu'elle nous
dit quant aux conseils de l'éternité qui s'accomplissent ici-bas dans le temps.
Elle fait dépendre tout l'avenir du royaume de Dieu de la fidélité de quelque
individu à remplir son mandat ici-bas. Aussi la seule garantie de l'exécution
du dessein de Dieu repose sur la prédestination de l'individu. Ce n'est que
dans la prédestination que l'histoire du monde, aussi bien que celle du royaume
de Dieu et de chaque croyant, trouve une base assurée.
Il y a des
chrétiens qui ne peuvent pas admettre ceci. Ils craignent tellement de porter
atteinte à la responsabilité dé l'homme qu'ils rejettent la doctrine de la
prédestination divine comme privant l'homme de sa liberté de volonté et
d'action. L’Ecriture ne partage pas cette crainte-là. Tantôt elle parle de la
libre volonté de l'homme, comme s'il n'y avait pas d'élection, tantôt elle
parle de l'élection, comme s'il n'était pas question de libre volonté. Nous
voyons par là que nous devons admettre l'une et l'autre de ces deux vérités,
lors même que nous ne pouvons pas les comprendre, ni les mettre d'accord. C'est
à la lumière de l'éternité que nous sera donnée la solution du problème. En
attendant, celui qui les recevra toutes deux avec foi, ne tardera pas à
reconnaître qu'elles ne se contredisent point. Il verra que plus sa foi croira
au dessein éternel de Dieu, plus il en recevra de force et de zèle pour le
travail ; il verra aussi que plus il travaillera et sera béni dans son travail,
plus il lui deviendra évident que tout vient de Dieu et concourt à
l'accomplissement de son plan.
C'est pour cela
qu'il est si important pour le croyant de « travailler à affermir son élection
». L'Ecriture nous assure « qu'en faisant cela, nous ne broncherons
jamais ». (2 Pier. 1 : 10). En effet, plus je crois que je suis élu de
Dieu, et que je le suis, non seulement en général, mais parce que de cette
élection dépend chaque détail de ce qu'il m'appelle à faire, plus aussi je me
sens fortifié par la conviction que Dieu lui-même perfectionnera son oeuvre en
moi, et qu'ainsi il me sera possible de faire tout ce qu'il attend de moi. Pour
chaque devoir que m'impose l'Ecriture, pour chaque promesse dont je désire
l'accomplissement, je recourrai au dessein de Dieu sur lequel se fondera mon
attente et qui me donnera aussi la mesure de ce que je dois attendre. Je
comprendrai que ma vie sur la terre doit être la fidèle reproduction du plan de
ma vie que le Père a tracé dans le ciel, indiquant là ce que je dois être
ici-bas.
Chrétien,
affermissez votre vocation et votre élection. Voyez clairement que Dieu vous a
élu d'avance, et dans quel but vous êtes élu. « En faisant cela, vous ne
broncherez jamais ». Votre confiante adhésion au dessein irrévocable de Dieu
vous communiquera une ferme assurance qui vous gardera de broncher.
Voici en quels
termes l'Ecriture parle du dessein de Dieu en ce qui nous concerne : «
Prédestinés à être conformes à l'image de son Fils ». Jésus-Christ, homme,
est l'élu de Dieu. En lui commence et finit l'élection, « En lui nous
sommes élus ». C'est pour que nous fussions unis à lui et pour sa gloire que
nous avons été élus. Le croyant qui ne cherche dans son élection que
l'assurance de son propre salut, qu'à être affranchi de toute crainte et
incertitude, n'en sait encore que peu de chose. Le but de notre élection est de
nous ouvrir tous les trésors qui nous sont promis en Christ et de pourvoir à
chaque détail, à chaque besoin de notre vie. Nous avons été « élus en lui»
avant la fondation du monde, afin que nous soyons saints et irrépréhensibles
devant lui par la charité ». (Eph. 1 : 4). Ce n'est que lorsque l'Eglise
saisira bien le rapport qui existe entre l'élection et la sanctification, que
la doctrine de l'élection répandra toutes ses grâces. (2 Thés. 2 : 13; 1
Pier. 1 : 2). Elle enseigne au croyant que c'est Dieu qui doit et qui veut tout
faire en lui; elle lui enseigne qu'il peut s'en remettre jusque dans les
moindres détails au dessein irrévocable de Dieu, pour accomplir lui-même en son
enfant tout ce qu'il attend de lui. A cette lumière-là, cette parole : «
Prédestinés à être conformes à l'image de son Fils », fortifie d'une force
nouvelle chacun de ceux qui ont déjà commencé à prendre pour règle de ce
qu'ils doivent être, ce que Christ est lui-même.
Chrétien, si
vous voulez réellement être comme Christ, attachez-vous à la certitude
que Dieu le veut aussi, que tout le plan de la rédemption a pour but de vous
rendre tel, et que le dessein de Dieu vous est une garantie du succès de vos
efforts. A côté de votre nom, dans le livre de vie, se trouvent aussi ces mots;
« Prédestiné à être conforme à l'image de son Fils ». Toute la puissance
divine, qui a déjà accompli la première partie du dessein éternel en révélant
la parfaite ressemblance du Père dans la personne de Jésus-Christ homme, est
pareillement engagée à en accomplir la seconde partie, en opérant cette même
ressemblance dans chacun des enfants de Dieu. Dans l'œuvre de Christ se trouve
tout ce qu'il faut pour accomplir cette seconde partie du dessein de Dieu,
aussi est-ce notre union avec Christ qui fait ici notre force. Nous pouvons
compter sur cette force-là comme certaine, comme nous étant destinée de Dieu,
et nous la recevrons aussitôt que nous nous livrerons à son influence. Dieu ne
nous a-t-il pas élus pour être conformes à l'image de son Fils?
Il est facile de
comprendre toute l'influence qu'exerce cette vérité dès qu'elle prend vie dans
l'esprit. Elle nous enseigne à nous abandonner à
Croyant ! prenez
le temps de vous assimiler cette vérité, demandant à Dieu de la faire pénétrer
en vous, pour qu'elle agisse avec puissance dans votre âme. Que le Saint-Esprit
grave au plus intime de votre être que vous êtes « prédestiné à être conforme à
l'image de son Fils ». Le but du Père était la gloire de son Fils, il voulait «
qu'il fût le premier-né entre plusieurs frères ». (Rom. 8 : 29). Que votre
but aussi, le but de toute votre vie, soit d'être l'image de votre frère aîné,
afin qu'en vous voyant, vos frères en Christ soient stimulés à le rechercher
lui directement, à le louer lui seul, et à le suivre de plus près. Soit par
votre vie, soit par vos prières, tendez toujours à ce « que Christ soit
glorifié dans votre corps ». (Phil. 1 : 20). Vous en recevrez une confiance
nouvelle pour demander et attendre tout ce qu'il vous faut pour vivre comme
Christ. Votre conformité avec Christ contribuera à accomplir le dessein éternel
du Père, qui est de glorifier le Fils. Par là même, elle vous paraîtra si
sainte et si divine, que vous saurez bien ne pouvoir la tenir que du Père, et
que, venant de lui, elle vous est assurée. Ce que le dessein de Dieu a arrêté,
la puissance de Dieu l'accomplit; ce que l'amour de Dieu a décidé, l'amour de
Dieu le réalise. Une foi vivante au dessein éternel de Dieu vous sera donc
une force majeure pour vous inciter à vivre comme Christ.
O toi que je ne
puis comprendre, je me prosterne devant toi avec la plus profonde humilité.
Quelle force déjà m'avait donné la certitude que ton Fils m'avait choisi pour
m'envoyer dans le monde comme toi tu l'as envoyé! Mais à présent tu me fais
monter plus haut encore en me révélant que ma mission, celle d'être tel que
Jésus a été dans le monde, a été décrétée par toi dès l'éternité. O mon Dieu !
mon âme se prosterne dans la poussière devant toi.
Seigneur Dieu, à
présent que ton enfant vient à toi pour réclamer l'accomplissement de ton
propre dessein, il ose attendre avec confiance que tu l'exauceras. Ta volonté
est plus forte que n'importe quel obstacle. La foi qui se confie en toi ne sera
point confuse. Seigneur, avec un saint respect, avec adoration, aussi bien
qu'avec la confiance d'un enfant, je t'adresse cette prière : Père, accorde-moi
le désir de mon âme, rends-moi conforme à l'image de ton Fils. Mon Père,
devenir semblable à Jésus, voilà ce que mon âme désire et te demande.
O mon Père,
inscris dans ton livre de mémoires, inscris aussi dans ma propre mémoire, que
je te demande ici ce que je désire par-dessus tout : devenir conforme à l'image
de ton Fils.
Père, c'est pour
cela même que tu m'as élu; tu me le donneras donc à ta gloire et à celle de ton
Fils. Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
DOUZIÈME JOUR
COMME CHRIST
En faisant la volonté de Dieu.
«Car je suis
descendu du ciel pour faire non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a
envoyé» Jean 6: 38; 5: 30.
La volonté de
Dieu nous manifeste la plus haute expression de sa perfection divine, aussi
bien que la suprême énergie de sa Toute-Puissance. C'est à la volonté de
Dieu que la création doit son existence et sa beauté, et dans toute la
nature s'accomplit chaque jour encore la volonté de Dieu. Dans le ciel, les
anges prennent plaisir à faire la volonté de Dieu; sur la terre, l'homme fut
créé libre pour qu'il pût de son libre choix faire aussi la volonté de Dieu.
Mais, hélas ! trompé par le diable, l'homme commit le grand péché de faire
sa propre volonté plutôt que celle de Dieu, oui, sa propre volonté
plutôt que la volonté de Dieu! Voilà l'origine et la culpabilité du péché.
Jésus-Christ
s'est fait homme pour nous ramener au bonheur de faire la volonté de Dieu.
Le grand but de
la rédemption est de nous affranchir, nous et notre volonté, de la puissance du
péché, pour nous ramener à vivre selon la volonté de Dieu. Jésus lui-même,
pendant sa vie terrestre, nous a montré ce que c'est que de vivre uniquement
pour faire la volonté de Dieu ; puis, par sa mort et sa résurrection, il
nous a acquis la force de vivre selon Dieu et de faire sa volonté comme il
l'avait faite lui-même. « Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté! »
(Héb. 10 : 7; Ps. 40 : 9). Ces paroles prophétiques que le Saint-Esprit mit
dans la bouche d'un serviteur de Dieu longtemps avant la naissance de Christ,
donnent la clef de sa vie sur la terre. A Nazareth, dans l'atelier du
charpentier, au Jourdain avec Jean-Baptiste, dans le désert avec Satan, en
public au milieu des multitudes, dans sa vie, dans sa mort, c'est toujours ce
qui l'a inspiré, guidé et satisfait. C'est en lui et par lui que devait
s'accomplir la divine volonté du Père.
Ne pensons pas
qu'il ne lui en coûtât rien. Souvent il répétait « Non pas ma
volonté, mais la volonté du Père », pour nous faire comprendre qu'il y
avait réellement là un renoncement à sa propre volonté. C'est à Gethsémané
que le sacrifice de sa propre volonté atteint son plus haut degré, mais ce
dernier acte de soumission n'est que le résumé de ce qui avait rendu toute sa
vie agréable au Père.
Ce qui constitue
le péché pour l'homme, ce n'est pas d'avoir comme créature une volonté
différente de celle du Créateur, mais c'est de tenir à sa propre volonté quand
il la voit contraire à celle du Créateur. Comme homme, Jésus avait une
volonté humaine ; il avait, bien que sans péché, les désirs naturels à la
nature humaine. Comme homme, il ne savait pas toujours d'avance quelle était la
volonté de Dieu. Il devait attendre que Dieu la lui enseignât. Mais, dès
qu'elle lui était connue, il était toujours prêt à abandonner sa propre volonté
pour faire celle du Père. C'est là ce qui faisait la valeur du sacrifice. Une
fois pour toutes, il avait renoncé à lui-même, pour n'avoir plus en vue que la
volonté de Dieu, toujours prêt, même à Gethsémané et au Calvaire, à faire
uniquement cette volonté-là.
C'est cette
même vie d9obéissance de notre Seigneur Jésus dans sa chair que le
Saint-Esprit nous communique. Par sa mort, notre Seigneur a expié
notre volonté propre et notre désobéissance. Par elle, il a effacé devant Dieu
le péché de notre volonté propre et il en a brisé la force en nous. A sa
résurrection, il est sorti d'entre les morts avec une vie qui avait dompté et
détruit toute volonté propre. Aussi le croyant qui sait quelle puissance lui
est acquise par la mort et la résurrection de Jésus, peut à son tour
s'abandonner entièrement à la volonté de Dieu. Il sait que l'appel à suivre
Christ lui impose le devoir de se servir des mots mêmes de son Maître pour
formuler, lui aussi, ce vœu solennel : « Je ne cherche point ma
volonté, mais la volonté du Père ».
Pour en venir
là, il faut commencer par se placer au point de vue de notre Seigneur, par
considérer la volonté de Dieu comme embrassant toutes choses, et comme la seule
chose que nous ayons à faire sur la terre. Voyez le soleil et la lune, les
arbres et les fleurs ; voyez de quel éclat brille chacun d'eux précisément
parce qu'ils font tous la volonté de Dieu. Ils la font, eux, sans le savoir,
tandis que vous, vous pouvez la faire avec plus de gloire encore, puisque ce
sera en le sachant, et le voulant. Que votre cœur se pénètre de la gloire que
confère la volonté de Dieu à ses enfants, à vous même ; n'hésitez pas à dire
que votre seul but est de servir aussi à l'accomplissement de cette volonté.
Donnez-vous, consacrez-vous au Père, faites-le souvent et d'une manière
précise. Comme Jésus, tenez pour un point réglé que vous avez à faire la
volonté de Dieu ici-bas. Dans vos réflexions et vos méditations,
répétez-vous souvent d'un cœur joyeux et confiant : Dieu soit loué ! Moi
aussi je puis vivre uniquement pour faire la volonté de Dieu !
Qu'aucune
crainte ne vous retienne ! Ne pensez pas que la volonté de Dieu soit si
difficile à accomplir. Elle ne paraît difficile que tant qu'on la regarde de
loin et sans vouloir s'y soumettre. Voyez encore de quel éclat elle revêt
la nature. Demandez-vous s'il serait bien de vous défier de Dieu sachant qu'il
vous aime et vous bénit comme son enfant. La volonté de Dieu est la volonté de
son amour; comment craindriez-vous de vous livrer à elle?
« Je viens, ô
Dieu, pour faire ta volonté » Voilà ce qu'avait pu dire, avant la
naissance de Christ, un croyant de l'Ancien Testament, le disant par le
Saint-Esprit, soit de lui-même, soit de Christ. Plus tard, Christ a relevé
cette parole, lui donnant nouvelle vie et nouvelle puissance ; et maintenant il
attend de ses rachetés que de tout leur cœur ils cherchent, eux aussi, à faire
la volonté de Dieu. Faisons-le donc ; et, pour cela, ne nous en tenons pas à
essayer seulement si, dans telle ou telle circonstance, nous réussirons à faire
la volonté de Dieu, espérant partir de là pour obtenir ensuite une consécration
plus entière et pouvoir dire enfin : « Je viens, ô Dieu ! pour faire ta
volonté ». Non, ce n'est pas là le bon moyen. Reconnaissons d'abord que la
volonté de Dieu s'étend à tout, qu'elle embrasse et comprend toutes choses,
puis reconnaissons aussi les droits qu'elle a sur nous, ainsi que le bonheur et
la gloire qu'elle nous promet. Abandonnons-nous à elle comme à Dieu lui-même,
faisant d'elle un des principaux articles de notre credo : Je suis dans ce
monde, comme Christ, uniquement pour faire la volonté du Père. Cette reddition
de notre propre volonté nous apprendra à accepter avec joie tout commandement
de Dieu, tout ce qu'il mettra sur notre chemin, comme venant directement de la
volonté à laquelle nous nous sommes déjà soumis. Par là, nous pourrons compter
et sur la direction et sur la force de Dieu, car l'homme qui vit uniquement
pour faire la volonté de Dieu peut être certain que Dieu se charge de lui. Par
là, nous reconnaîtrons mieux notre entière incapacité, nous discernerons
toujours mieux aussi notre union et notre conformité avec le Fils bien-aimé du
Père, et nous recueillerons les grâces qu'il nous a préparées. Rien ne nous
rapprochera mieux de Dieu, rien ne nous unira mieux à Christ.
Enfant de Dieu!
l'obéissance doit caractériser notre conformité avec Christ, l'obéissance
implicite à la volonté de Dieu tout entière. Qu'elle soit donc le signe
distinctif de ta vie. Commence par vouloir de tout ton cœur garder chacun des
commandements de la sainte Parole de Dieu. Puis, accède à tout ce que ta
conscience te dira être bon et bien, même lorsque
O mon Dieu, je
te rends grâce du don merveilleux que tu nous as fait de ton Fils. Il s'est
fait homme pour nous enseigner comment l'homme peut faire ta volonté. Je te
rends grâce de ce que tu m'appelles à être comme lui en ceci aussi, pour jouir
avec lui des bénédictions d'une vie parfaitement d'accord avec la volonté
sainte. Je te rends grâce de la force que tu m'as donnée en Christ pour
accepter et pour faire toute ta volonté. Je te rends grâce de ce qu'ainsi je
puis ressembler par mon obéissance à ton Fils bien-aimé.
Et maintenant je
viens à toi, ô mon Père, pour répondre à l'appel que tu m'adresses et je le
fais avec une confiance d'enfant, joyeuse et pleine d'amour. Seigneur, je
voudrais vivre entièrement, uniquement pour faire ta volonté. Je voudrais
garder ta Parole et compter sur tort Esprit. Je voudrais, comme ton Fils, vivre
en communion avec toi par la prière, dans la ferme confiance que, de jour en
jour, tu me feras connaître plus clairement ta volonté.
O mon Père,
veuille exaucer ce désir; grave-le à jamais dans mon cœur et mon esprit.
Fais-moi la grâce de pouvoir dire continuellement et avec joie : Non pas ma
volonté, mais la volonté de mon Père. Je ne suis ici-bas que pour faire la
volonté de mon Dieu. Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
TREIZIÈME JOUR
COMME CHRIST
Dans sa pitié.
« Alors Jésus
dit : J'ai pitié de cette multitude. » Mat. 15 : 32.
« Ne te
fallait-il pas aussi avoir pitié de ton compagnon de service, comme j'avais eu
pitié de toi? » Mat. 48 : 33.
Dans trois
occasions différentes? Matthieu nous dit que notre Seigneur fut ému de pitié
pour la multitude. Toute sa vie a témoigné de la compassion avec laquelle il
avait dès l'éternité regardé le pécheur, aussi bien que de sa sympathie pour
toutes les souffrances de l'humanité. Il était bien en ceci le reflet du Dieu
des miséricordes, du Père qui, « touché de compassion pour son fils
prodigue, se jette à son cou et le baise ». (Luc 15 : 20).
Cette compassion
du Seigneur Jésus nous montre bien que ce n'était pas seulement par devoir et
par contrainte qu'il faisait la volonté de Dieu, mais que cette volonté divine
était la sienne aussi, qu'elle était ainsi le mobile et la règle de tous ses
sentiments, de toutes ses actions. Après avoir dit : « Je suis descendu du
ciel pour faire non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé
», il ajoute aussitôt: « Or, c'est ici la volonté du Père qui m'a
envoyé, que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les
ressuscite au dernier jour. C'est ici la volonté de celui qui m'a envoyé, que
quiconque contemple le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ». (Jean
6 : 39). Pour le Seigneur Jésus, la volonté de Dieu ne consistait, pas
seulement en telle défense ou tel commandement. Non; pénétrant le sens intime
de la volonté de Dieu, il savait que son but était de donner la vie éternelle
aux pécheurs perdus. C'est parce que « Dieu est amour » que sa volonté a été de
donner libre cours à son amour pour le salut des pécheurs ; et c'est pour
accomplir cette volonté-là de notre Dieu que le Seigneur Jésus est descendu sur
la terre. Il ne l'a pas fait dans un esprit servile et pour obéir à une volonté
étrangère à la sienne, mais par sa vie individuelle, par tous les traits de son
caractère, il a prouvé que cette volonté et cet amour du Père l'animaient lui
aussi. Non seulement sa mort à Golgotha, mais sa pitié pour tous les
malheureux, mais ses rapports d'affection avec eux prouvaient que la volonté du
Père était Véritablement sa volonté à lui. De toute façons Il montrait que la
vie n'avait de valeur pour lui qu'autant qu'elle lui donnait l'occasion
d'accomplir
Bien-aimés
disciples de Christ, Vous qui Vous êtes consacrés à suivre l'exemple du
Seigneur, que la volonté du Père vous soit ce qu'elle était pour le Fils. La
volonté du Père, quant à la mission de son Fils, était de manifester et de
faire triompher ses compassions divines en sauvant les pécheurs perdus. Jésus
ne pouvait accomplir cette volonté qu'en ressentant lui-même cette compassion.
A présent, la volonté de Dieu demande aussi de nous ce qu'elle demandait de
Jésus, de sauver ceux qui périssent» Impossible à nous d'accomplir cette
volonté, sans avoir aussi cette compassion de notre Dieu se manifestant dans
l'ensemble et les détails de notre vie. Ne nous bornons pas, pour faire la
volonté de Dieu, à éviter ce qu'il défend, ou à faire ce qu'il commande, mais
qu'elle consiste pour nous à avoir pour le pécheur les mêmes sentiments que
Dieu a eus lui-même, à ne vivre que pour cela. En nous dévouant entièrement
à chacun des pauvres pécheurs qui nous entourent, en allant à leur secours avec
amour, nous prouverons que réellement la volonté de Dieu est devenue notre
volonté à nous aussi. Puisque nous avons pour Père le Dieu pitoyable, et pour
vie le Christ plein de compassion, rien de plus juste que l'ordre donné à tout
chrétien, d'avoir une vie de dévouement à ses semblables.
La compassion
est cet esprit de charité qu'éveille la vue de la misère, ou du péché. Que
d'occasions chaque jour: de pratiquer cette vertu céleste et qu'il en est
besoin dans un monde si rempli de misère et de péché ! Il faut donc que,
soit par la prière, soit par la pratique, le chrétien entretienne en lui ces
sentiments de compassion qui sont un des plus beaux traits de sa ressemblance
avec son Maître. L'amour éternel cherche à se répandre pour sauver ceux qui
périssent. Il demande des vaisseaux qu'il puisse remplir de cet amour divin
et envoyer parmi ceux qui courent à leur mort, afin qu'ils vivent à jamais.
Il demande des cœurs qu'Il puisse remplir de tendres compassions, des cœurs
qui soient heureux de faire connaître les compassions de Dieu, heureux de vivre
uniquement pour sauver les pécheurs. O mon frère, la compassion divine qui a eu
pitié de toi, t'appelle, toi aussi qui as trouvé grâce, à laisser remplir ton
cœur de son amour. Elle veut faire de toi aussi un témoin de l'amour de Dieu
par les compassions que tu auras pour tous ceux dont tu es entouré.
Que d'occasions
tout à l'entour de nous d'exercer notre compassion ! Que de besoins matériels !
Les pauvres, les malades, les veuves, les orphelins, les âmes angoissées et
découragées que rien ne console mieux qu'un cœur pitoyable. Tous ceux-là vivent
au milieu de chrétiens, et pourtant, à les entendre, ils trouvent souvent plus
de sympathie à leurs maux chez les enfants du monde que chez les gens trop
uniquement préoccupés de leur propre salut. O frères, demandez à Dieu un cœur
pitoyable, toujours prêt à être l'instrument de la compassion de Dieu. C'est la
tendre sympathie de Jésus qui lui attirait les foules sur la terre, et, encore
à présent, c'est cette même tendre sympathie qui, plus que toute autre chose,
amènera des âmes à vous et à votre Maître. (Voir la note 5e).
Et que de
misères spirituelles de tous côtés! Ici, c'est un riche, pauvre des biens
spirituels ; là, un jeune homme qui se perd, ou bien quelque ivrogne, quelque
malheureux au désespoir. Peut-être aussi n'est-ce rien de tout cela ; ce sont
seulement des mondains enlacés par les folies et les vanités du monde. Que de
fois on entend parler d'eux avec une froide indifférence, ou porter sur leur
compte des jugements sévères. Il manque là un cœur pitoyable. La compassion
sait que sa place est auprès des plus profondes misères, et que c'est
précisément là que Dieu la veut. La compassion ne se décourage pas, ne
se désespère pas, elle ne se laisse pas rebuter, car c'est l'amour dévoué de
Christ qui l'inspire.
Le chrétien ne
limite pas ses compassions à son propre petit cercle ; son cœur est plus large,
car son Maître lui a assigné pour champ de travail tout le monde païen. Il
cherche à se rendre compte des circonstances des païens, il porte leurs
difficultés dans son cœur et contribue à les encourir; Qu’il soit près ou loin
d'eux, qu'il soit lui-même témoin de leur dégradation ou qu’il en entende
seulement parler, il se souvient qu'il vit uniquement pour accomplir la volonté
de Dieu, en ayant pitié de ceux qui périssent et en cherchant à les sauver.
Comme Christ
dans ses compassions! Faisons de ces mots notre devise. Après avoir
raconté la parabole du Samaritain qui, ému de pitié, secourut le pauvre blessé,
le Seigneur ajoute : « Va, et fais de même ». (Luc 10 : 37). «Afin
que vous fassiez comme je vous ai fait ». (Jean 13 : 15). Nous qui devons
tout à ses compassions, nous qui nous disons ses disciples, qui voulons suivre
ses traces et porter son image, montrons aussi cette même compassion pour tous.
Nous le pouvons, il vit en nous et son Esprit agit en nous. Avec prière, avec
une foi ferme, voyons dans l'exemple qu'il nous a donné, le gage de
ce que nous pouvons être. Quelle joie pour Jésus quand il nous voit prêt non seulement
à recevoir pour nous-même l'effet de sa compassion, mais aussi à la faire
connaître à d'autres. Et pour nous, quelle joie inexprimable d'avoir
un cœur comme celui de Christ, plein de compassion et de miséricorde.
O mon Dieu, ma
vocation devient presque trop élevée. C'est donc jusque dans tes compassions et
ton amour que je dois te suivre, que je dois t'imiter et reproduire ce que fut
ta vie. C'est par la compassion qui me portera à soulager toute misère physique
et spirituelle, c'est par la douce et sympathique charité qui prouvera aux
pécheurs mon désir de leur être en bénédiction, que le monde doit se former
quelque idée de tes compassions à toi ! Miséricordieux Sauveur, pardonne-moi
d'avoir si peu réalisé tout cela dans ma vie. Puissant Rédempteur, que ta
compassion ne se borne pas à me sauver, mais qu'elle prenne si bien possession
de moi, habitant si continuellement en moi, qu'elle devienne le souffle même et
la joie de ma vie. Que la compassion que tu as eue de moi devienne en moi une
source jaillissante de compassion pour les autres.
Seigneur Jésus !
je sais que tu ne peux m'accorder cette grâce qu'à la condition que je renonce
à moi-même, à tout effort de ma part pour diriger et sanctifier ma vie, et que
je te laisse, toi, Seigneur, vivre en moi et devenir ma vie. O Dieu de
miséricorde ! je m'abandonne à toi. Tu as droit à me posséder, toi seul. Rien
de plus nécessaire et de plus précieux pour moi que tes compassions ! Quoi de
plus heureux pour moi que de te ressembler !
Seigneur! Me
voici. J'ai la confiance que tu m'apprendras toi-même à obéir à cette parole : «
Ne te fallait-il pas avoir pitié comme j'avais eu pitié de toi? » C'est
avec cette confiance que je vais sortir aujourd'hui même pour trouver dans mes
rapports avec les autres l'occasion de montrer combien tu m'as aimé. Avec cette
confiance en toi, Seigneur, le grand but de ma vie sera de te gagner des âmes.
Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
QUATORZIÈME JOUR
COMME CHRIST
« Père saint,
garde en ton nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un comme nous...
afin que tous soient un comme toi, ô Père, tues en moi et moi en toi; afin
qu'ils soient aussi un en nous, pour que le monde croie que c'est toi qui m'as
envoyé- Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un
comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, afin qu'ils soient parfaitement
un et que le monde connaisse que tu m'as envoyé et que tu les aimes comme tu
m'as aimé.» Jean 17 :11, 21, 22.
Quel trésor
inexprimable que cette prière sacerdotale ! Nous avons là le cœur de Jésus
exposant à nos regards ce que son amour souhaite pour nous. Nous avons là le
ciel ouvert, nous entendons là ce que notre Intercesseur demande sans cesse
pour nous, ce qu’il obtient du Père pour nous.
Dans cette prière,
l'union mutuelle des croyants tient plus de place que tout le reste.
C'est la principale requête de Jésus pour tous ceux qui croiront plus tard.
(Vers. 20-26). Trois fois il demande qu'ils soient unis entre eux.
Le Seigneur nous
dit clairement pourquoi il le désire autant : parce que c'est là pour le
monde la seule preuve convaincante que le Père l'a envoyé. Malgré tout son
aveuglement, le monde voit bien que l'égoïsme est une malédiction qui vient du
péché ; aussi les enfants de Dieu n'avancent guère à lui parler de leur
nouvelle naissance, de leur bonheur et des merveilles opérées au nom de Jésus,
ou à vouloir lui prouver la vérité des Ecritures; mais quand le monde voit une
Eglise d'où l'égoïsme est banni, il y reconnaît la mission divine de Christ,
car lui seul peut opérer le miracle qu'offre une communauté d'hommes s'aimant
vraiment et cordialement entre eux.
Trois fois le
Seigneur présente cette union comme le reflet de sa propre union avec son Père.
Il
savait que c'était là la perfection de la divinité : le Père et le Fils, deux
personnes séparées et pourtant parfaitement unies par le Saint-Esprit. Pour ses
fidèles, il ne peut rien souhaiter de plus élevé, de plus excellent, que d'être
avec lui et en lui, unis entre eux, comme lui et le Père le sont.
L'intercession
du Seigneur Jésus est toute-puissante. Ce qu'il demande, il le reçoit de son
Père. Mais, hélas ! la grâce qui descend d'en haut ne trouve aucun accès dans
les cœurs dont la porte n'est pas encore ouverte, et où il n'y a pas de place
pour la recevoir. Combien de croyants n'ont pas même le désir d'être unis entre
eux comme le sont le Père et le Fils ! Nous sommes si accoutumés à notre vie
d'égoïsme, ou d'amour très limité, que souvent nous ne désirons pas cet amour
plus parfait, et que nous l'ajournons au moment de notre réunion dans le ciel.
Et pourtant c'était bien de notre vie terrestre que parlait le Seigneur lorsque
deux fois il a dit : « afin que le monde sache ».
« Afin qu'ils
soient un comme nous sommes un ». Il faut que l'Eglise se réveille pour
comprendre et apprécier cette prière à sa juste valeur. Quelques personnes
veulent voir dans cette union le lien mystique qui réunit, malgré leurs
divisions extérieures, tous les croyants animés de la même vie spirituelle,
mais ce n'est pas là ce qu'entend le Seigneur. Il parle de quelque chose que le
monde puisse voir, de quelque chose de semblable à l'union qui existe entre
Dieu le Père et Dieu le Fils. Il faut que cette vie mystique, commune à tous,
se manifeste par leur amour mutuel. Ce n'est que lorsque les croyants, trop
divisés en petits groupes restreints, ne se priveront plus de rapports
fraternels avec tous les enfants de Dieu qui les entourent; ce n'est que
lorsqu'ils verront leur plus simple devoir à s'aimer les uns les autres comme
Christ nous aime et comme il est aime de son Père ; ce n'est que lorsqu'ils
crieront à Dieu, demandant que le Saint-Esprit réalise en eux cette union de
vie et d'amour, que l’on pourra espérer quelque changement. Le feu se
communiquera alors d'une congrégation à l'autre, jusqu'à ce que tous ceux qui
veulent réellement faire la volonté de Dieu, se consacrent à une vie de charité
mutuelle, s'aimant entre eux de l'amour de Dieu.
Et qu'avons-nous
à faire pour hâter ce jour-là ? Que chacun de ceux qui prennent au sérieux ces
mots du Maître : «Afin que vous fassiez comme je vous ai fait » (Jean 13
: 24), se mette aussitôt à l'œuvre dans le milieu où il se trouve. Quelque
faibles ou languissants, quelque pervers ou difficiles à supporter que puissent
être autour de lui les membres du corps de Christ, que ses rapports avec eux
soient ceux de la charité. Qu'ils le veuillent ou non, qu'il soit bien ou mal
reçu par eux, n'importe, qu'il persévère, lui, à les aimer de l'amour de
Christ. Oui, les aimer comme Christ les aime, tel doit être le but de sa vie ;
et cet amour finira par trouver écho dans quelques cœurs, par éveiller en eux
aussi le désir de plus d'union et de charité.
Mais ici quelle
incapacité le croyant découvrira en lui. Il verra bientôt que ses efforts ne sauraient
y suffire, qu'il ne saurait atteindre si haut sans une entière consécration de
tout son être à Dieu. Il devra apprendre que, pour aimer comme Christ, il faut
vivre de la vie de Christ, il devra apprendre aussi et tout de nouveau
que Christ veut être, dans toute l'étendue du terme, la vie de ceux qui osent
se confier en lui. Ceux qui ne peuvent pas se confier pleinement en lui ne
peuvent pas non plus aimer pleinement.
Croyants,
écoutez une fois de plus combien il est simple et facile de réaliser cette
vie-là. Reconnaissez aussi que vous êtes incapables de le faire, même au
moindre degré; et croyez que Christ vous attend, que lui-même vous rendra
capables de remplir cette vocation aussitôt que vous vous donnerez à lui sans
réserve. Absolument incapables de rien faire par vos propres forces,
livrez-vous entièrement au Seigneur pour qu'il « produise en vous et la
volonté et 1’exécution ». (Phil. 2 : 13). Comptez sur lui avec une foi
implicite, comptez sur la puissance de son intercession pour réaliser en vous
ce qu'il a demandé pour vous à son Père. Oui, comptez sur celui qui a dit au
Père : « toi en moi et moi en eux, afin qu'ils soient un comme nous sommes
un » ; comptez sur lui pour manifester sa vie même en vous par sa
toute-puissance divine. Quand vous serez animés de sa vie, il vous sera
possible d'aimer de son amour.
Amis chrétiens,
l'union de Christ avec le Père est notre modèle; comme le Père et le Fils, nous
aussi, nous devons être un entre nous. Aimons-nous donc les uns les autres,
servons-nous, supportons-nous, aidons-nous, vivons les uns pour les autres.
Pour tout cela, notre amour est trop restreint, trop limité; mais prions Christ
de nous donner son amour, afin que nous puissions aimer nos semblables. Cet
amour divin répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit nous rapprochera si bien
les uns des autres, qu'enfin le monde croira que le Père a envoyé Christ et que
Christ nous a donné la véritable vie, le véritable amour du ciel.
Père saint, nous
savons à présent quelle est la prière que te présente continuellement celui qui
est « toujours vivant pour intercéder pour nous ». (Héb. 7 : 25). Il te
demande la parfaite union de ses disciples entre eux. Père, nous aussi, nous
voudrions crier à toi pour implorer cette grâce. Hélas ! que ton Eglise est divisée
! Ce ne sont pas les divisions de langage ou de pays que nous déplorons, ni
même les différences de doctrine et d'enseignement ; c'est, Seigneur, le manque
d'union, de cette union d'esprit et de cœur par laquelle ton Eglise pourrait
convaincre le monde qu'elle est du ciel.
O Seigneur !
avec une profonde humiliation nous te confessons la froideur, l'égoïsme, la
défiance et l'amertume qui se voient encore parfois parmi tes enfants. Nous te
confessons combien nous manquons, chacun de nous, de cet amour fervent et
habituel auquel tu nous appelles ! Oh ! pardonne-nous selon ta miséricorde !
Seigneur Dieu,
viens au secours de ton Eglise. C'est en ayant un même esprit que nous pourrons
reconnaître et montrer notre union en un même Dieu. Que ton Saint-Esprit agisse
puissamment au milieu des croyants pour les amener à être un entre eux. Que
partout où se réunissent les enfants de Dieu, ils sentent l'indispensable
nécessité d'une étroite union dans l'amour de Jésus. Que mon cœur aussi soit
délivré de son égoïsme et qu'il réalise dans une sincère communion avec tes
enfants que tous ensemble nous sommes un comme toi, notre Père, et Jésus, ton
Fils, vous êtes un. Amen
COMME CHRIST
(Murray)
QUINZIÈME JOUR
COMME CHRIST
« En vérité, en
vérité, je vous dis que le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu'il
ne le voie faire au Père, car tout ce que le Père fait, le Fils le fait
pareillement. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu'il fait. Et il
lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans
l'admiration. » Jean 5 : 19, 20.
« Je connais mes
brebis et je suis connu d'elles comme mon Père me connaît et que je connais mon
Père. » Jean 10 : 15.
Notre relation
avec Jésus est exactement la contre-partie de sa relation avec le Père ; les
paroles dont il se sert pour rendre ses rapports avec le Père, se trouvent donc
vraies pour nous aussi. Dans le cinquième chapitre de l'Evangile de Jean, Jésus
décrit les rapports d'un père avec son fils; il nous parle ainsi, soit de ses
rapports de Fils unique de Dieu avec son Père, soit des rapports qui existent
entre Dieu et chacun de ceux qui, par Jésus et en lui, sont « appelés enfants
de Dieu ». (1 Jean 3:1).
Nous ne saurions
mieux saisir la vérité et la force de cette comparaison qu'en nous représentant
Jésus avec son père terrestre, dans l'atelier du charpentier qui lui enseigne
son métier. La première chose qui frappe est son entière dépendance. « Le Fils
ne fait rien de lui-même, à moins qu'il ne le voie faire au Père ». Puis son
obéissance à imiter son père : « Car, tout ce que le Père fait, le Fils le
fait pareillement ». Puis aussi l'affectueuse intimité à laquelle l'admet son
père, ne lui cachant aucun de ses secrets. « Car le Père aime le Fils et lui
montre tout ce qu'il fait ». Cette obéissance, cette dépendance du fils, aussi
bien que l'affectueux enseignement de son père, promettent un développement qui
le conduira à de plus grandes œuvres encore ; peu à peu le fils en viendra à
faire tout ce que fait son père lui-même. « Il lui montrera des œuvres
plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l'admiration ».
Nous avons là un
reflet des rapports de Dieu le Père avec son Fils pendant l'humanité de Jésus.
Si Jésus a réellement été assujetti à la nature humaine, si nous devons voir en
Christ notre Modèle, nous devons croire sans réserve ce qu'il nous révèle ici
de sa vie intime. Tout ce qu'il nous en dit est littéralement vrai. Sa
dépendance à chaque instant de sa vie fut absolument et positivement telle
qu'il nous la dépeint : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu'il
ne le voie faire au Père » il ne regardait pas comme une humiliation de
recevoir ses ordres. Se laisser guider et conduire comme un enfant par son père
était au contraire son plus grand bonheur. Par là, il se savait tenu d'obéir
strictement, soit par ses paroles, soit par ses actes, à tout ce que le Père
lui montrait, « Tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement ».
Nous en avons la
preuve dans le soin extrême que mettait Jésus à suivre en toutes choses
l'Ecriture sainte. Dans sa passion, il veut tout supporter, afin que l'Ecriture
soit accomplie. C'est pour cela aussi qu'il passait la nuit à prier; en
prolongeant ces heures de prière, il présente au Père ses pensées, et il attend
sa réponse, afin de connaître la volonté du Père. Jamais enfant dans son
ignorance, jamais esclave dans sa servitude ne fut si attentif à observer ce
qu'avait dit son père, ou son maître, que ne l'était notre Seigneur Jésus à
suivre les directions de son Père céleste. Aussi, le Père ne lui cachait rien.
Son entière dépendance et son constant désir d'apprendre obtenaient en retour
la communication de tous les secrets du Père, « car le Père aime le Fils
et lui montre tout ce qu'il fait, et il lui montrera des œuvres plus grandes
que celles-ci, afin que vous soyez dans l'admiration ». Le Père a son plan pour
le Fils, il veut que par lui la vie divine se manifeste dans les conditions de
la vie humaine. Ce plan fut peu à peu réveillé au Fils jusqu'à ce que tout fût
accompli.
Croyant, ce
n'est pas seulement pour le Fils unique du Père qu'un plan de vie terrestre a
été tracé, c'est aussi pour chacun des enfants de Dieu, et selon que nous
vivrons plus ou moins dans la dépendance du Père, notre vie sera plus ou moins
d'accord avec ce plan. Plus le croyant se placera, comme le Fils, dans une
entière dépendance, ne faisant que ce qu'il voit faire au Père, puis dans une
entière obéissance, faisant tout ce que le Père fait, plus aussi s'accomplira en
lui cette promesse : « le Père lui montre tout ce qu'il fait, et il lui
montrera des oeuvres plus grandes que celles-ci ». Comme Christ ! Cette
parole nous appelle à une vie conforme à celle du Fils dans sa dépendance du
Père. Chacun, de nous est appelé à vivre ainsi.
Pour vivre de
cette vie de dépendance du Père., il faut avant tout avoir la ferme
assurance qu'il nous fera connaître sa volonté. Je pense que
c'est là ce qui arrête plus d'un croyant. Nous ne pouvons pas croire que le
Seigneur veuille s'occuper autant de nous3 qu'il veuille prendre la
peine, chaque jour, de nous faire connaître sa volonté précisément comme il le
faisait à l'égard de Jésus. Chrétien, tu as plus de valeur aux yeux du Père que
tu ne le crois. Tu vaux tout le prix qu'il a payé pour toi. Ce prix est le sang
de son Fils; par conséquent, il attache la plus grande importance au moindre
détail de ce qui te concerne, et il veut te guider même dans ce qui te paraît
le plus insignifiant.
Il veut avoir
avec toi des rapports plus étroits et plus soutenus que tu ne peux te le
figurer. Il peut se servir de toi pour sa gloire, il peut faire de toi quelque
chose de bien plus grand que tu ne sais le comprendre. Le Père aime son
enfant et lui montre ce qu'il fait. Il l'a fait pour Jésus, il le fera pour
nous aussi. Pour être enseigné de lui, il suffit de s'abandonner à lui, et
alors, par le Saint-Esprit, il donne tout le nécessaire. Sans nous tirer de
notre milieu, le Père peut nous rendre si conformes à l'image de Christ, que
nous en devenions bénédiction et joie pour tous. Que notre incrédulité ne nous
empêche plus de croire à l'amour et aux compassions de Dieu, de compter sur la
direction du Père en toutes choses.
Que votre
répugnance à vous soumettre ne vous arrête pas non plus. C'est souvent là
aussi un grand obstacle. Le désir d'indépendance fut la tentation du paradis,
c'est encore la tentation qui assaille tout cœur humain. Il nous semble dur de
n'être rien, de ne rien pouvoir, de ne rien vouloir. Et pourtant quelle
bénédiction il y a là! Cette dépendance nous met en communion avec Dieu et
alors se réalise, pour nous, comme pour Jésus, cette promesse : « Le Père aime
le Fils et lui montre tout ce qu'il fait ». Cette dépendance nous enlève tout
souci, toute responsabilité, puisque nous n'avons plus qu'à obéir. Elle nous
donne aussi une grande force de volonté, puisque nous savons que « Dieu produit
en nous le vouloir et le faire ». (Phil. 2: 13). Elle nous donne enfin
l'assurance de réussir dans notre travail, puisque nous avons laissé Dieu en prendre
le soin.
Mon frère, si
jusqu'à présent vous n'avez encore su que peu de chose de cette vie de
dépendance volontaire et de simple obéissance, commencez dès aujourd'hui à
suivre l'exemple de votre Sauveur. Il veut vivre lui-même en vous, et répéter
en vous ce qu'il a été sur la terre ; il n'attend que votre acquiescement pour
le faire. Offrez-vous donc au Père aujourd'hui même, selon l'exemple de son
Fils unique, pour ne plus vouloir faire que ce que le Père vous montrera.
Attachez vos regards sur Jésus qui vous est à la fois le modèle et la promesse
de ce que vous serez. Adorez celui qui s'est fait humble pour vous, et qui vous
a montré combien la vie de dépendance peut être bénie.
Heureuse
dépendance! C'est bien là la position qui nous convient à l'égard d'un tel
Dieu. Elle lui rend la gloire qui lui est due; elle maintient notre âme en paix
et en repos, remettant à Dieu le souci de tout; elle garde notre esprit dans le
calme habituel qui le prépare à recevoir les enseignements du Père et a en
profiter; elle nous fait entrer en communion plus intime avec lui, et nous
apprend à connaître toujours mieux sa volonté. Heureuse dépendance, qui fut
celle du Fils ici-bas! C'est bien là ce que désire aussi mon âme.
O mon Père, plus
je considère l'image de ton Fils, plus aussi je vois l'état de ruine de ma
propre nature, et combien le péché m'a séparé de toi. Dépendre de toi! Se
confier pour toutes choses en un Dieu tel que toi, si sage, si bon, si riche et
si puissant ! Se peut-il rien de plus heureux? Mais hélas? rien n'est plus
difficile. Nous préférons dépendre de notre propre folie plutôt que de dépendre
du Dieu de gloire. Tes enfants mêmes, ô mon Père, trouvent qu'il est bien dur,
bien difficile d'abandonner leurs propres vues, leur propre volonté pour croire
que le vrai bonheur ne se trouve que dans une absolue dépendance de toi en
toutes choses et jusque dans les moindres détails.
Seigneur, avec
humilité, je te prie de me faire bien saisir tout cela. Celui qui m'a acquis la
félicité éternelle au prix de son sang, m'a montré par sa propre vie en quoi
consiste cette félicité. Je sais qu'à présent il veut me conduire et me garder.
O mon Père, en ton Fils je m'abandonne à toi pour que tu m'apprennes à ne rien
faire de moi-même, mais à ne faire, comme Jésus, que ce que je vois faire au
Père. Mon Père, tu veux m'enseigner, comme tu l'as fait pour ton Fils
premier-né. Pour l'amour de lui tu me montreras à moi aussi ce qu'est sa
volonté. Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
SEIZIÈME JOUR
COMME CHRIST
« Je vous donne
un commandement nouveau ; c'est que vous vous aimiez les uns les autres, que
comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres. » Jean 13 : 34.
« C'est ici mon
commandement, que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. » Jean 15 :
12.
Comme : Nous commençons
à comprendre quelque chose de tout ce que contient ce petit mot. Ce n'est plus
le commandement d'une loi qui se borne à convaincre de péché et d'incapacité ;
c'est un commandement nouveau sous une alliance nouvelle, établie sur de
meilleures promesses. C'est le commandement de Celui qui pourvoit à tout, qui
ne demande rien qu'il n'offre de donner, rien qu'il ne veuille faire lui-même
en nous. « Comme je vous ai aimés » comme à chaque instant je répands sur
vous mon amour par mon Saint-Esprit, aimez-vous aussi les uns les autres. C'est
mon amour pour vous qui vous dira dans quelle mesure vous devez aimer, vous
aussi, et qui vous donnera la force de le faire.
« Comme je vous
ai aimés ». Voilà comment nous devons nous aimer mutuellement. Le véritable
amour ne connaît pas de limites, il se donne entièrement. Il peut varier quant
au moment et à l'opportunité de se montrer, néanmoins toujours il est complet
et sans restriction. La plus grande gloire de l'amour divin est de réunir
les deux personnes du Père et du Fils en un seul Etre, l'un se confondant dans
l'autre. Voilà quel est l'amour de Jésus pour nous. Lui,
l'image du Père, nous aime comme son Père l'aime, et voilà jusqu'où doit
s'élever aussi l'amour fraternel; il n'admet d'autre règle que celle d'aimer
comme Dieu et comme Christ.
Celui qui veut
être comme Christ ne doit pas hésiter à faire de cette vérité la règle de sa
vie, il sait combien il est difficile, impossible même, d'aimer ceux de ses
frères qui sont peu aimables, aussi avant de s'exposer à les rencontrer dans
des circonstances qui pourraient mettre à l'épreuve son amour pour eux, il
élève son cœur au Seigneur, puis, regardant à ses propres péchés, à sa propre
indignité, il se demande : « Combien dois-tu à ton Maître ? » (Luc 16 :
5). Il se transporte au pied de la croix, et là il cherche à se rendre compte
de quel amour Jésus l'a aimé. Il laisse resplendir dans son âme
l'incommensurable amour de Celui qui est, dans le ciel, sa tête et son frère, cet
amour divin qui ne cherche pas sa propre satisfaction, mais qui \se
donne entièrement. Il se consacre de nouveau au Seigneur, se mettant sur
l'autel devant son Dieu, et lui disant : Comme tu m'as aimé, je veux aimer mes
frères. En vertu de ton union avec Jésus et avec nous par Jésus, il ne peut
être question de faire autrement : je les aime comme Christ a aimé.
Oh ! si les
chrétiens voulaient bien faire taire tous les raisonnements de leur propre cœur
pour regarder à la loi que Jésus a promulguée par son exemple, ils en
viendraient enfin à mieux comprendre l'impérieux devoir d'écouter les
commandements de Dieu et de leur obéir.
Notre amour ne
peut admettre d'autre mesure que celle de Christ, puisque c'est son amour qui
fait la force du nôtre. L'amour de Christ n'est ni de
l'idéalisme, ni du sentimentalisme, c'est réellement une puissance de vie
divine. Tant que le chrétien ne le comprend pas, l'amour divin ne peut pas
exercer en lui toute sa force, mais quand sa foi en vient à réaliser que
l'amour de Christ est la présence même de Jésus en ses bien-aimés, il puise à
cette source divine et en reçoit l'amour du Seigneur qui le contraint d'aimer
comme lui.
L'amour de
Christ nous apprend aussi de quelle manière doit se montrer notre amour pour
nos frères. Il enseigne au disciple de Christ à être dans son petit cercle
précisément ce qu'a été Jésus , à ne vivre que pour aimer et pour aider
les autres. Paul demande pour les. Philippiens « que leur charité augmente
de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence ». (Phil. 1 : 9).
La charité n'embrasse pas de prime abord tout le travail qu'elle aura à faire,
mais le croyant qui demande à Dieu que « sa charité augmente en connaissance
», et qui, prend réellement l'exemple de Christ pour la règle de sa vie, verra
peu à peu quelle grande et belle œuvre il lui sera donné d'accomplir. L'Eglise
de Dieu, aussi bien que le monde, a un besoin inexprimable d'amour, de l'amour
de Christ, et le chrétien qui veut obéir à cette parole du Seigneur : «
Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », devient une source
de bénédiction et de vie pour tous ceux avec lesquels il se trouve en relation.
La vie merveilleuse de Christ et sa mort également merveilleuse, ne peuvent
s'expliquer que par son amour pour nous; c'est aussi l'amour divin qui fera des
merveilles dans les enfants de Dieu « Voyez quel amour ! » « Voyez comme il
aimait ». Voilà ce qu'on disait de l'amour du Père et de celui du Fils. Que ce
soit là aussi ce qui fasse reconnaître les chrétiens. Déjà à la vocation
d'Abraham, Dieu manifeste sa volonté que nous soyons pour les autres
ce qu'il est pour nous, posant ainsi ce grand principe de vie pour l'Eglise de
Dieu : « Je te bénirai et tu seras bénédiction ». (Gen. 12 : 2). Si Dieu
nous révèle ce qu'il est pour nous en nous disant : « Je vous ai aimés
», son commandement. « Aimez-vous les uns les autres » nous apprend
aussi ce que nous devons être entre nous. Soit donc dans les prédications, soit
dans la vie pratique de l'Eglise, qu'il soit bien compris que le signe
distinctif de tout vrai disciple de Christ, est d'aimer comme Christ a aimé.
Bien-aimés
chrétiens, Jésus-Christ vous attend pour faire connaître par vous son amour au
milieu de ceux qui vous entourent. Cet amour divin voudrait prendre possession
de vous pour accomplir son œuvre sur la terre. Cédez à son influence.
Offrez-vous sans réserve à lui servir de demeure. Honorez-le de votre confiance
et soyez bien certains qu'il vous apprendra à aimer comme Jésus a aimé. Votre
vie chrétienne doit porter le cachet de votre conformité avec Jésus, et
celle-ci porte le cachet de l'amour. Ne perdez pas courage si vous ne
réalisez pas tout de suite cette charité de Christ, mais retenez ferme ce
commandement : « Aimez comme je vous ai aimés ». Il faut du temps pour «
croître en charité ». (1 Thés. 3 : 12). Prenez donc le temps, dans le
secret de votre cœur de contempler l'amour divin. Prenez le temps d'alimenter
par la prière et la méditation le désir que vous avez déjà de le posséder,
jusqu'à ce qu'il devienne en vous une flamme vive. Prenez le temps de regarder
autour de vous en pensant de tous et de chacun, quels qu'ils soient et quoi
qu'il arrive : Il faut que je les aime. Prenez le temps de vous rendre compte
que vous êtes un avec le Seigneur et réprimez toute crainte de ne pouvoir
parvenir à aimer comme lui, en vous souvenant de ces mots : « C'est ici mon
commandement, que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Chrétiens, prenez le temps d'être en communion avec Jésus, le modèle de la
charité, et alors vous obéirez joyeusement au commandement d'aimer comme lui.
Seigneur Jésus,
toi qui m'as tellement aimé, et qui me commandes à présent d'aimer comme toi,
vois, je suis à tes pieds. C'est avec joie que je voudrais accueillir tes
commandements et aller par ta force manifester ton amour à tous.
Avec ta force, ô
mon Dieu, veuille donc me révéler ton amour. Inonde mon cœur de ton amour par
ton Saint-Esprit. Fais-moi éprouver à chaque instant que je suis aimé de Dieu,
moi aussi.
Seigneur,
fais-moi comprendre que je puis aimer, non pas par moi-même, mais par ton amour
en moi. Tu vis en moi. Ton Esprit demeure et agit en moi. De toi déborde en moi
l'amour dont je puis aimer les autres. Tu demandes seulement de moi que je
comprenne, que j'accepte ma vocation, et que je consente à vivre comme tu as
vécu. Tu voudrais que je tinsse ma vieille nature égoïste et dure pour avoir
été crucifiée et que, par la foi, je fusse prêt à faire ce que tu commandes.
Seigneur, je le
veux aussi. Par ta force, Seigneur, je veux vivre désormais en aimant comme
tu m’as aimé» Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
DIX-SEPTIÈME JOUR
COMME CHRIST
« Le matin,
comme il faisait encore fort obscur, s'étant levé, il sortit et s'en
alla dans un lieu écarté, et il y priait. » Marc 1 : 35.
« Et il leur dit
: Venez à l'écart, dans un lieu retiré, et prenez un peu de repos. » Marc 6 : 31.
C'est aussi dans
sa vie de prière que mon Sauveur est mon Modèle. Jésus ne pouvait pas
conserver la vie divine dans son âme sans se séparer souvent de l'homme pour se
retrouver en communion avec son Père. Il en est de même de la vie divine
qui habite en moi; elle a le même besoin de se séparer de l'homme pour se
retremper, non seulement par courts instants, mais tout le temps nécessaire, dans
la source de la vie, auprès du Père qui est aux cieux.
C'était an
commencement du ministère de Jésus que se passait la scène dont ses disciples
furent assez frappés pour l'écrire ensuite. Après une journée de travail et de
miracles à Capernaüm (Marc 1 : 21-34) la foule augmente encore le soir.
Toute la ville sort hors des portes. Les malades sont guéris et les démons
chassés. Il est tard avant qu'ils puissent aller dormir; et au milieu de cette
foule, comment trouver le temps, le recueillement nécessaire pour la prière?
Aussi, le lendemain matin, quand ils se lèvent, Jésus est déjà sorti. Dans le
silence de la nuit, il est allé chercher la solitude au désert, et quand ses
disciples l'y découvrent, il prie encore.
Pourquoi donc
mon Sauveur avait-il besoin de ces heures de prière? Ne
connaissait-il pas cette prière silencieuse de l'âme qui s'élève à Dieu au
milieu même des plus pressantes affaires? Le Père ne demeurait-il pas en lui?
Ne jouissait-il pas dans le secret de son cœur d'une communion incessante avec
lui? Oui, cette « vie cachée en Dieu » était bien sa vie ; mais,
assujettie aux lois de l'humanité, cette vie spirituelle avait besoin de
recourir sans cesse à la source même. La vie de Jésus était une vie de
dépendance ; et plus elle était active et pure de tout alliage, moins elle
pouvait se passer de rapports directs et constants avec le Père, de qui elle
tirait son existence.
Quelle leçon
pour tout chrétien ! Les rapports fréquents avec l'homme nous dissipent et
menacent notre vie spirituelle ; ils nous replongent sous l'influence
des choses visibles et temporelles. Rien ne saurait remplacer pour nous des
rapports directs avec Dieu. Le travail, même au service de Dieu, nous épuise.
Nous ne pouvons pas être en bénédiction aux autres sans que la vertu de Dieu
passe de nous à eux, il faut donc que celle-ci nous soit renouvelée d'En-Haut. C'est
comme la manne au désert ; ce qui descend du ciel ne peut pas se conserver
longtemps sur la terre, mais doit être renouvelé de jour en jour.
Jésus-Christ nous l'enseigne par son exemple. Et moi aussi, j'ai besoin chaque
jour d'être dans la retraite en communion avec mon Père. Ma vie est comme celle
de Christ, une vie cachée dans le ciel en Dieu; il lui faut jour après jour le
temps nécessaire pour être alimentée du haut du ciel, car c'est du ciel seul
que peut venir la force de vivre d'une vie céleste sur la terre.
Et quelles
étaient les prières qui occupaient si longtemps notre Seigneur ? Si je pouvais:
l'entendre prier, comme j'apprendrais à prier moi-même ! Dieu soit loué, il
nous est resté plus d'une de ses prières, afin que là aussi nous puissions
suivre son exemple. Dans la prière sacerdotale (Jean 17), nous l'entendons
parler à son Père comme si nous étions avec lui dans le calme et la profondeur
des cieux; dans sa prière en Gethsémané, quelques heures plus tard, nous
l'entendons crier à Dieu des abîmes de l'angoisse et des ténèbres. Ces deux
prières, ne nous offrent-elles pas tout ce qui peut se trouver de plus élevé et
de plus profond dans la communion de prière du Fils avec le Père ?
L'une et l'autre
de ces prières, nous disent comment Jésus s'adresse à Dieu. C'est chaque fois :
Père! O mon Père! Tout le secret de la prière est là. Jésus
savait qu'il était fils du Père qui l'aimait. Par ce mot il se place en face de
son Père, dans la pleine lumière de son regard. Jouir de l'amour du Père, voilà
pour lui ce qui faisait de la prière un impérieux besoin, ce qui en faisait
aussi son plus grand bonheur. Qu'il en soit de même pour moi. Que ma prière
soit avant tout le silence de l'adoration et de la foi, jusqu'à ce que Dieu se
révèle à moi, et me donne par son Esprit l'assurance qu'il abaisse sur moi un
regard de père. Celui qui dans sa prière n'a pas le temps de dire avec
tranquillité d'âme : Abba, Père, en comprenant tout ce que renferme ce
mot, perd la meilleure partie de la prière. C'est dans la prière que doit
s'affirmer toujours plus ce témoignage de l'Esprit que nous sommes enfants de
Dieu, que le Père se rapproche de nous et prend son plaisir en nous. « Si notre
cœur ne nous condamne point, nous avons de l'assurance devant Dieu ; et quoi
que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous faisons ce qui lui
est agréable ». (1 Jean 3 : 21, 22).
Dans ces deux
prières je vois aussi ce que Jésus désirait : Que le Père fût glorifie Il
dit : « Je t'ai glorifié. Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie ».
(Jean 17 : 4, 1). Voilà sans doute quel aura été l'esprit de chacune de ses
prières, un entier renoncement à lui-même pour vivre uniquement selon la volonté
du Père et à sa gloire. Toutes ses requêtes avaient pour objet la gloire de
Dieu. En ceci aussi Jésus est mon modèle. Le même esprit doit dicter chacune de
mes prières, m'enseignant à dire : Père, bénis ton enfant, et glorifie-toi en
lui, pour que ton enfant puisse te glorifier !
Tout dans
l'univers doit concourir à la gloire de Dieu. Le chrétien qu'anime cette
pensée et qui se sert de la prière pour l'exprimer jusqu'à ce qu'il en soit
tout pénétré acquerra une grande puissance de prière. Dans le ciel même notre
Seigneur continue à nous dire : « Ce que vous demanderez en mon nom je le
ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils ». (Jean 14 : 13). O
mon âme, avant d'exposer à Dieu tes désirs, apprends tout d'abord de ton
Sauveur à t'offrir « en oblation » et à n'avoir d'autre but que celui de
glorifier Dieu.
Quand vous
pourrez prier ainsi, vous éprouverez le vif désir, aussi bien que la pleine
liberté, de demander au Père de vous rendre semblable à Christ dans chaque
détail de l'exemple qu'il vous a laissé et dans chaque trait de son image, afin
que Dieu en soit glorifié. Vous comprendrez aussi que c'est seulement dans la
prière sans cesse renouvelée que l'âme acquiert le renoncement nécessaire pour
vouloir que Dieu opère en elle tout ce qui sera à sa gloire. C'est parce que
Jésus a consacré sa vie entière à glorifier son Père, qu'il a été digne d'être
notre Médiateur, et qu'il a pu demander dans sa prière sacerdotale de si
grandes bénédictions pour les siens. Apprenez comme Jésus à chercher uniquement
la gloire de Dieu dans vos prières, et vous deviendrez ainsi un véritable
intercesseur, qui pourra s'approcher du trône de grâce non seulement avec
les requêtes qui le concernent, mais en présentant aussi pour d'autres cette «
prière fervente du juste qui a une grande efficace », (Jac. 5 : 16). Après nous
avoir enseigné à dire dans la prière dominicale : « Ta volonté soit faite »,
Jésus reprend ces mots pour les prononcer lui-même à Gethsémané parce qu'il a
fallu qu'il fût « en toutes choses semblables à ses frères ». (Héb. 2 : 17).
Nous les recevons ainsi une seconde fois de lui, revêtus de la vertu de son
intercession, afin que nous puissions les répéter dans le même esprit que lui.
Vous aussi, vous deviendrez semblables à Christ en vous acquittant de cette
intercession sacerdotale si nécessaire à l'unité et à la prospérité de
l'Eglise, aussi bien qu'au salut des pécheurs.
Celui qui fait
de la gloire de Dieu le principal objet de sa prière, aura aussi la force, si
Dieu l'y appelle, de faire la prière de Gethsémané. Chaque prière de Christ
était une prière d'intercession parce qu'il s'était donné pour nous. Tout
ce qu'il demandait, tout ce qu'il recevait était en vue de notre bien, aussi chacune
de ses prières était-elle faite dans un esprit de sacrifice. Donnez-vous
tout à Dieu pour le bien de vos semblables, et il en sera de vous comme de
Jésus, car le sacrifice de soi, renouvelé dans les prières de chaque jour, est
la seule préparation efficace pour ces heures de lutte où l'on est appelé à
quelqu'un de ces renoncements particulièrement difficiles qui ne se font
qu'avec angoisse et avec larmes. Quand on s'est consacré à Dieu, on reçoit de
lui la force de renoncer à tout pour lui.
O mon frère ! Si
toi et moi nous voulons ressembler à Jésus, nous devons contempler Jésus priant
seul au désert. C'est là que nous découvrons le secret de sa vie
merveilleuse. Ce qu'il faisait ensuite, ce qu'il disait aux hommes avait
d'abord été dit avec le Père. En communion avec le Père, il recevait chaque
jour de nouveau l'onction du Saint-Esprit. Celui qui veut marcher comme Jésus,
doit commencer par le suivre dans la solitude. Dût-il lui en coûter le
sacrifice du repos de la nuit, des affaires, du jour, ou de la société d'amis, il
faut qu'il trouve le temps d'être seul avec le Père, Outre ses heures
ordinaires de prière, il se sentira parfois irrésistiblement appelé à se
retirer dans le sanctuaire et à ne le quitter qu'après avoir de nouveau reçu
l'assurance que Dieu est son partage. Soit dans le secret du
cabinet, derrière la porte fermée, soit dans la solitude du désert, il faut
que chaque jour nous retrouvions Dieu pour renouveler notre communion avec lui.
Si Christ en avait besoin, combien plus nous-mêmes. Ce qu'était pour lui ce
moment de solitude, il le sera pour nous aussi.
Son baptême nous
apprend ce qu'était pour lui la réponse du Père : « Jésus fut aussi baptisé;
et, pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit et le Saint-Esprit descendit
sur lui sous une forme corporelle comme une colombe; et il vint une voix du
ciel qui dit : « Tu es mon Fils bien-aimé en qui j'ai pris plaisir ». (Luc
3 : 22,). Oui, voilà ce que nous recueillerons, nous aussi, de la prière : le
ciel ouvert, le baptême de l'Esprit, la voix du Père, l'assurance de son amour
et de son plaisir à nous recevoir. Comme pour Jésus, de même pour nous.
C'est d'en haut, c'est d'en haut que toutes ces grâces viendront répondre à nos
prières.
Prier à l'écart
comme Christ, c'est le secret de vivre en public comme Christ. Usons donc de
nos merveilleux privilèges, de cette hardiesse de Christ pour nous présenter
devant le Père, de cette liberté de Christ pour prier notre Dieu.
O Seigneur, tu
m'as appelé et je t'ai suivi, voulant refléter ton image en toutes choses.
Chaque jour je voudrais suivre tes traces, être conduit par toi partout où tu
vas. Aujourd'hui je les ai trouvées humides de la rosée de la nuit et me
conduisant au désert. Là je t'ai vu à genoux pendant des heures devant le Père.
Là je t'ai entendu prier. Tu renonces à tout pour la gloire du Père, tu lui
demandes tout, et tu attends, tu reçois tout de lui. Grave dans mon cœur ce que
j'ai vu là : mon Sauveur se levant longtemps avant le jour, pour se mettre en
communion avec son Père, pour demander et pour obtenir par la prière tout ce
que requérait son travail de la journée.
O Seigneur, qui
suis-je pour assister à tes entretiens avec Dieu? Qui suis-je pour que tu
m'invites à prier comme toi? O mon Sauveur, du plus profond de mon cœur je te
supplie d'éveiller en moi ce même et intense besoin de prière dans la retraite.
Daigne me pénétrer de cette vérité que, pour moi comme pour toi, ma vie divine
ne saurait atteindre tout son développement sans être en communion fréquente
avec mon Père céleste, de telle sorte que mon âme demeure en vérité dans la
lumière de sa face. Et puisse cette conviction éveiller en moi un si ardent
désir d'obtenir cette grâce que je ne puisse avoir de repos jusqu'à ce que mon
âme soit chaque jour de nouveau baptisée dans les flots de l'amour divin. O
toi, mon Modèle et mon Intercesseur, enseigne-moi à prier comme toi. Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
DIX-HUITIÈME JOUR
COMME CHRIST
Dans son recours aux Écritures.
« ... Qu'il
fallait que tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse et dans les
prophètes et dans les psaumes fût accompli. » Luc 24 : 44.
C'est à l'usage
que Jésus faisait des Ecritures qu'il devait en grande partie ce qu'il
accomplissait ici-bas. Elles lui étaient le chemin frayé qu'il devait suivre,
la nourriture et la force dont il avait besoin pour travailler, ainsi que les
armes propres à terrasser tout ennemi. Pendant toute sa vie, et jusque dans sa
passion, les Ecritures lui furent indispensables, car, du commencement à
la fin, sa vie fut l'accomplissement de ce qui avait été « écrit de lui dans le
volume du livre ». (Psa. 40 : 8).
A peine est-il
nécessaire d'en donner des preuves. Dans la tentation au désert, c'est par
son : « Il est écrit » qu'il a vaincu Satan. Dans ses conflits avec
les pharisiens, il en appelait; sans cesse à
Cherchons à le
bien comprendre.
C'est cet
admirable organisme dans lequel la vie, l'essence invisible d'une plante ou
d'un arbre est si bien concentrée, qu'elle peut être transportée ailleurs pour
reproduire la vie du même arbre. Cette semence peut servir à deux fins : Ou
nous la mangeons, comme le blé dont on fait le pain, et alors cette vie de la
plante devient notre nourriture, notre propre vie; ou bien nous la plantons et
dans ce cas, la vie de la plante se reproduit et se multiplie. Sous ces deux
aspects,
Elle nous est
aussi une semence. Les Paroles de Dieu se sèment dans le cœur, elles ont une vertu
divine de reproduction et de multiplication. La vie même que renferme
chacune d'elles, la pensée de Dieu, ses dispositions à notre égard prennent
racine dans le cœur du croyant et s'y développent. Les Paroles de Dieu sont
ainsi les semences de la plénitude de la vie divine en nous.
Quand le
Seigneur Jésus se fit homme, il se soumit en toutes choses à
Enfant de Dieu,
si vous voulez devenir un homme de Dieu d'une foi ferme, richement béni, et
abondant en fruits à la gloire de Dieu, faites de
Christ se
retrouvait souvent dans les Ecritures, voyant là son image et sa
ressemblance. Il s'attachait alors à accomplir ce qu'il y voyait écrit,
puisant en elles une force nouvelle pour le travail le plus difficile aussi
bien que pour les plus grandes souffrances. Partout il y trouvait écrit de la
main de Dieu : Par la souffrance à la gloire. Aussi
n'avait-il d'autre désir que celui d'être ce que le Père avait dit de lui, de
faire correspondre sa vie au portrait que traçait de lui
Disciple de
Jésus : dans les Ecritures se trouve aussi ton portrait, le portrait de
ce que le Père veut que tu sois. Cherche à en recevoir l'impression nette
et profonde; tu en retireras une force surhumaine pour vaincre toute
difficulté. Savoir que tout est ordonné de Dieu, pouvoir se dire : j'ai vu ce
qui est écrit de moi dans le livre de Dieu, j'ai vu le portrait de ce que je
dois être selon la décision de Dieu : voilà d'où naît la foi qui conquiert le
monde.
Notre Seigneur
Jésus retrouvait son image non seulement dans les institutions de
Heureux le
chrétien qui sait le faire, qui non seulement a trouvé Jésus dans les
Ecritures, mais qui a vu en lui la promesse et l'exemple de ce qu'il doit être
lui-même. Heureux le chrétien qui apprend du Saint-Esprit à ne pas s'arrêter
aux interprétations humaines de l'Ecriture, mais à recevoir avec simplicité ce
qu'elles lui révèlent des plans de Dieu pour ses enfants.
Enfant de Dieu,
c'est selon les Ecritures que Jésus-Christ vécut et qu'il mourut, c'est selon
les Ecritures qu'il ressuscita et c'est parce qu'il connaissait les Ecritures
et leur obéissait, qu'il lui fut possible d'accomplir tout ce que les Ecritures
disaient de sa vie et de sa passion ; aussi le Père fit pour lui tout ce que
lui promettaient les Ecritures. Toi, de même, adonne-toi sans partage à
étudier dans les Ecritures ce que Dieu dit et veut de toi. Que les
Ecritures où Jésus puisa chaque jour sa nourriture soient aussi ta nourriture
quotidienne. Retourne chaque jour à
Seigneur, mon
Dieu, je te remercie de ta précieuse Parole, divin miroir de toutes les vérités
invisibles et éternelles. Je te remercie de ce que ta Parole me donne l'image
de ton Fils qui est lui-même ton image, et qui est aussi, ô grâce ineffables
mon image à moi. Je te remercie de ce que, regardant à lui, je vois ce que je
puis être, moi aussi.
O mon Père,
fais-moi bien comprendre de quelle bénédiction peut être pour moi ta Parole.
Pour ton Fils, elle
était ici-bas l'expression, de ta volonté, la communication de ta vie et de ta
force, le moyen de s'entretenir avec toi. C'était en écoutant ta Parole,
c'était en se soumettant à ce qu'elle lui disait, qu'il pouvait accomplir ta
volonté. Que ta Parole soit tout cela pour moi aussi. Veuille chaque jour
l'éclairer pour moi de ton Saint-Esprit afin qu'elle me soit
COMME CHRIST
(Murray)
DIX-NEUVIÈME JOUR
COMME CHRIST
En pardonnant.
« Vous
supportant les uns les autres, et vous pardonnant les uns aux autres si l'un a
quelque sujet de plainte -contre l'autre. Gomme Christ vous a pardonné, vous
aussi faites de même. » Col. 3 : 13.
Pour le racheté
le pardon est l'une des premières grâces qu'il reçoit de Dieu, celle qui lui
ouvre une vie nouvelle, qui lui est le signe et le gage de l'amour de Dieu. Le pardon de
Dieu nous donne droit à tous les dons spirituels qui nous sont préparés en Jésus-Christ.
Jamais, ni ici-bas, ni dans l'éternité, le racheté ne pourra oublier qu'il
est un pécheur pardonné. Rien ne contribue mieux à raviver son amour, à
alimenter sa joie, à affermir son courage que l'expérience sans cesse
renouvelée de l'amour et du pardon de Dieu, dont le Saint-Esprit lui fait une
vivante réalité. Chaque jour toute pensée, toute grâce reçue de Dieu lui
rappellent qu'il doit tout au pardon de Dieu. : Cet amour qui pardonne nous
révèle une des plus hautes perfections divines. C'est à pardonner que Dieu
trouve sa gloire et son bonheur. Et c'est cette gloire et ce bonheur que Dieu
veut faire partager à ses rachetés, quand il les appelle à pardonner eux-mêmes
aussitôt qu'ils ont reçu leur pardon.
N'avez-vous
jamais remarqué que de fois et avec quelle force Jésus insiste là-dessus? Si nous lisons
avec réflexion les paroles du Seigneur dans Matthieu 6 : 12, 15 ; 18 : 2-25 ;
Marc 11 : 25, nous comprendrons combien le pardon de Dieu est inséparable de
notre pardon, à l'égard de nos semblables. Après l'ascension de Jésus,
l'Ecriture nous dit de lui ce que lui-même avait dit du Père, que nous devons
pardonner comme lui : « Comme Christ vous a pardonné, vous aussi faites
de même ». C'est comme Dieu, c'est comme Christ, que nous devons
pardonner.
Il n'est pas
difficile d'en comprendre la raison. Quand l'amour qui pardonne vient à nous,
il ne se borne pas à nous affranchir du châtiment ; il fait plus encore, il
veut nous gagner à lui, prendre possession de nous et habiter en nous. Et une
fois établi en nous, il ne perd pas son caractère divin, il est toujours
l'amour qui pardonne et qui fait son œuvre non seulement pour nous, mais en
nous et par nous, nous amenant à pardonner à ceux qui pèchent à notre égard. Il
en est si bien ainsi que, selon l'Ecriture, ne pas pardonner est le signe
certain de n'avoir pas été pardonné soi-même. Celui qui ne recherche le
pardon que par égoïsme et pour être affranchi du châtiment, mais n'a pas encore
laissé l'amour qui pardonne prendre la direction de son cœur et de sa vie,
montre par là que le pardon de Dieu ne l'a pas encore réellement atteint;
tandis que celui qui a vraiment reçu et accepté son pardon trouvera dans la
joie avec laquelle il pardonne aux autres la confirmation de sa foi au pardon
de Dieu. Recevoir de Christ le pardon, et pardonner ensuite comme Christ,
sont donc une seule et même chose.
Voilà ce
qu'enseignent les Ecritures; mais, que disent la vie et l'expérience des
chrétiens ? Hélas ! combien d'entre eux savent à peine ce que
Hélas! quelle
est l'Eglise, quel est le groupe de chrétiens qui ne transgresse cette loi de
l'amour qui pardonne? Que de fois dans nos assemblées religieuses, dans nos
œuvres philanthropiques, aussi bien que dans nos rapports de société, et jusque
dans notre vie domestique, nous avons la preuve que pour un grand nombre de
chrétiens l'invitation à pardonner comme Christ a pardonné n'est pas encore
devenue la règle de leur vie habituelle. A propos de quelque divergence
d'opinion, de quelque objection à ce qui paraît juste et bon, à propos de quelque
dédain supposé ou vrai, de quelque rapport imprudent ou malveillant, on
accueille des pensées de rancune, de mépris ou de froideur, plutôt que d'aimer,
de pardonner et d'oublier comme Christ. Dans ces cas-là, l'esprit et le cœur ne
sont point encore sous l'influence de cette loi de compassion, d'amour et de
pardon qui relie la tête aux membres, et qui doit régler tous les rapports des
membres entre eux.
Bien-aimés
disciples de Jésus, vous qui êtes appelés à représenter son image dans le
monde, apprenez que comme le pardon de vos péchés fut la première chose que
Jésus fit pour vous, de même le pardon à l'égard de vos semblables est une des
premières choses que vous avez à faire pour lui. Souvenez-vous que pour le cœur
renouvelé, la joie de pardonner aux autres dépasse si possible la joie de se
savoir pardonné soi-même. La joie d'être pardonné est seulement la joie du
pécheur, une joie terrestre, tandis que la joie de pardonner est une joie
semblable à celle de Christ, une joie céleste. Oh! comprenez que vous êtes
appelés à participer ainsi à l'œuvre même de Christ et à la joie dont il jouit
lui-même.
C'est par là que
vous pourrez être bénédiction pour le monde. C'est en pardonnant que Jésus
gagne ses ennemis et se fait des amis. C'est en pardonnant que Jésus a fondé
son royaume et qu'il continue à l'étendre. C'est aussi par le même amour qui
pardonne que l'Eglise convaincra le monde de l'amour de Dieu. Quand le
monde verra que cet amour est non seulement prêché dans l'Eglise, mais qu'il
anime la vie de chaque disciple de Christ, quand il verra des hommes et des
femmes se conduisant comme Jésus et pardonnant comme lui, il sera obligé de
reconnaître que réellement Dieu est avec eux.
Et si cela vous
paraît trop difficile, trop élevé pour vous, souvenez-vous que c'est votre cœur
naturel qui parle ainsi. Notre nature pécheresse ne goûte pas cette joie-là et
ne peut jamais l'obtenir. Mais dès que nous sommes unis à Christ, nous le
pouvons; celui qui demeure en Christ marche comme lui-même a, marché. Si vous
avez renoncé à vous-mêmes pour suivre Christ en toutes choses, il vous en
rendra capables par son Saint-Esprit. Sans attendre le moment de la tentation,
accoutumez-vous d'avance à contempler Jésus comme votre Modèle dans la céleste
beauté de son amour et de son pardon, car « en contemplant la gloire du
Seigneur, nous sommes transformés à son image de gloire en gloire ». (2
Cor. 3 : 18). Chaque fois que vous priez Dieu de vous pardonner, ou
que vous le remerciez de son pardon, prenez l'engagement à la gloire de son nom
d'avoir pour tous ceux qui vous entourent le même amour qui pardonne. Avant
qu'il soit question de pouvoir pardonner aux autres, il faut que le cœur soit
rempli d'amour pour Christ, d'amour pour les frères, d'amour pour les ennemis
même. Un cœur plein de cet amour divin trouve du plaisir à pardonner. Dans les
petites circonstances de chaque jour, s'il surgit quelque tentation de ne pas
pardonner, accueillez avec joie cette occasion de montrer que vous possédez
l'amour de Dieu qui pardonne, que vous êtes heureux d'en faire briller un rayon
sur les autres, et que vous sentez tout le privilège de pouvoir être ainsi
l'image de notre bien-aimé Sauveur.
Pardonner comme
toi, Jésus, Fils de Dieu, voilà la règle de ma vie. Toi, qui as donné le
commandement, tu donneras aussi la force de l'accomplir. Toi, qui as eu assez
d'amour pour me pardonner, tu me rempliras aussi de ton, amour et tu
m'enseigneras à pardonner aux autres. Toi, qui m'as déjà donné la joie de
savoir mes péchés pardonnés, tu me donneras certainement aussi cette autre joie
plus grande encore de pardonner aux autres comme tu m'as pardonné. Veuille pour
cela fortifier ma foi en la puissance de ton amour en moi, afin que comme toi
je puisse pardonner septante fois sept fois? que je puisse aimer tous ceux qui
m'entourent et leur faire du bien.
O Jésus, ton
exemple fait ma loi. Il faut que je sois semblable à toi. Et ton exemple est
aussi mon Evangile, la bonne nouvelle qui m'assure que je puis être comme toi.
Tu es à la fois ma loi et ma vie. Ce que tu demandes de moi comme mon Modèle,
c'est toi-même qui l’opères en moi en me communiquant ta vie. Je pardonnerai
donc comme toi tu pardonnes.
Seigneur!
Apprends-moi seulement à vivre dans une plus complète dépendance de toi, à
compter sur l'entière suffisance de ta grâce et à me savoir sous une garde sûre
par le fait que tu habites en moi. Alors je pourrai croire à la force
toute-puissante de ton amour. Alors je pardonnerai comme Christ m'a pardonné
Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
VINGTIÈME JOUR
COMME CHRIST
En le contemplant.
« Ainsi, nous
tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir, la gloire du
Seigneur, nous sommes transformés à son image de gloire en gloire comme par
l'esprit du Seigneur. » 2 Cor 3 : 18.
Moïse avait
passé quarante jours avec Dieu sur la montagne. Quand il descendit, son visage
était devenu rayonnant de gloire divine. Il ne le savait pas lui-même, mais
Aaron, et tout le peuple virent là un reflet de la gloire de Dieu; et tous
craignirent de s'approcher de lui. (Exo 34 : 29, 30).
Ceci préfigurait
ce que nous révèle le Nouveau Testament. Le privilège accordé alors à Moïse
seul est à présent le partage de tout croyant. Quand nous contemplons la
gloire de Dieu en Christ dans le miroir des Ecritures, sa gloire rayonne sur
nous et en nous, si bien que nous en portons le reflet nous-mêmes. En
contemplant la gloire du Christ, le croyant est transformé par l'Esprit en la
même image. Contempler Jésus nous rend semblables à lui.
L'œil exerce une
grande influence sur l'esprit et le caractère. C'est au moyen de l'œil que se
fait en grande partie l'éducation de l'enfant ; il se moule sur les manières et
les habitudes des personnes qu'il voit chaque jour. De même pour former, pour
mouler notre caractère, notre Père céleste nous montre sa gloire divine en la
personne de Jésus, et il attend de nous que nous ayons une grande joie à la
contempler, parce qu'il sait que nous serons par là transformés à l'image de
Christ. Que tous ceux donc qui veulent devenir comme Christ remarquent bien ici
comment ils pourront y parvenir.
Contemplez sans
cesse la gloire divine telle qu'elle se voit en Christ, car en lui elle nous
révèle la perfection divine sous la forme humaine. Les deux traits
caractéristiques de ce reflet de gloire divine en Christ sont l'humiliation et
l'amour. C'est d'abord la gloire de son humiliation. Quand on considère comment
le Fils éternel s'est dépouillé lui-même pour se faire homme, et comment il
s'est, comme homme, humilié jusqu'à se faire serviteur, puis il s'est rendu obéissant
jusqu'à la mort de la croix, on contemple le plus haut degré de la gloire de
Dieu. La gloire de la toute-puissance divine comme Créateur, et la gloire de la
sainteté de Dieu comme Roi sont moins merveilleuses que cette gloire de la
grâce qui s'abaisse Jusqu'à se faire serviteur au service de Dieu et de
l'homme. Apprenons à voir la véritable gloire dans cette humiliation. Nous
humilier comme Christ doit être pour nous la seule chose digne de porter le nom
de gloire sur la terre. C'est là ce qui doit nous paraître
réellement admirable, désirable et propre à nous réjouir.
En contemplant
Jésus dans la gloire de son humiliation, nous ne pourrons plus désirer d'autre
gloire que celle de lui ressembler, de nous humilier comme lui. Contempler
Jésus, l'admirer et l'adorer, voilà ce qui nous amènera à recevoir son esprit,
ce qui nous transformera à son image.
La gloire de son
humiliation est inséparable de la gloire de son amour. Son humiliation
nous fait remonter à son amour qui en est la source et la force. C'est de son
amour que son humiliation tire sa valeur. L'amour est la plus grande gloire de
Dieu, mais cet amour nous était resté un mystère jusqu'à ce qu'il se révélât en
Jésus-Christ. Ce n'est que dans l'humanité de Jésus, dans ses rapports de
douceur, de compassion et d'amour avec les hommes, avec des hommes insensés,
pécheurs et rebelles, que la gloire de l'amour divin se fit réellement
connaître pour la première fois. L'âme qui a déjà reçu quelque faible rayon de
cette gloire-là voudra devenir en ceci comme Christ. En contemplant cette
gloire de l'amour de Dieu en Christ, elle sera transformée en la même Image.
Ne voudriez-vous
pas être comme Christ? En voici le moyen : Contemplez la gloire de Dieu en
Christ, en lui-même, et non dans les paroles, les pensées et les grâces
diverses qui nous révèlent sa gloire ; regardez à lui, directement à lui, au
Christ vivant qui vous aime. Placez-vous, sous son regard, voyez en lui votre
ami et votre Dieu.
Regardez à lui
avec adoration. Prosternez-vous devant lui. Sa gloire a
toute-puissance de vie pour se communiquer à vous et remplir votre cœur.
Regardez à lui
avec foi. Saisissez avec confiance qu'il est à vous, qu'il s'est donné à
vous, et qu'ainsi vous avez droit à tout ce qui est à lui. Son but est de
retracer son image en vous. Contemplez-le donc en vous disant avec joie, avec
assurance : La gloire que je vois en lui m'est destinée. Il me la donnera. En
le contemplant, en l'adorant, en me confiant en lui, je deviendrai comme lui.
Regardez à lui
avec un grand désir d'obtenir. Ne cédez pas à la paresse de la chair
qui se contente de peu, avant d'avoir obtenu la pleine bénédiction d'être
conforme au Seigneur, Priez Dieu de vous donner une soif insatiable pour cette
gloire promise. Que votre fervente requête soit celle de Moïse : « Fais-moi
voir ta gloire ». (Exo. 33 : 18). Ne vous laissez décourager par rien au
monde, pas même par la lenteur apparente de vos progrès, mais allez de l'avant
avec un désir croissant d'obtenir tout ce que vous offre
Quand vous
contemplez Christ, ne négligez, pas de lui dire que vous l'aimez, que son amour
a gagné votre cœur, et que vous voulez lui appartenir entièrement. Dites-lui que
tout votre désir est de lui plaire. Oh ! que les liens d'amour qui vous
unissent à lui se resserrent toujours plus.
Comme Christ ! Nous pouvons le
devenir, nous le deviendrons chacun dans sa mesure. Le Saint-Esprit nous en est
garant.
Mon frère, en
contemplant Jésus dans sa gloire, vous pouvez vous attendre à devenir semblable
à lui. Abandonnez-vous seulement à la direction de l'Esprit avec tranquillité
et paix. L'Esprit de gloire repose sur vous. Contemplez et adorez la
gloire de Dieu en Christ et vous serez transformé par la puissance de Dieu de
gloire en gloire. Le Saint-Esprit opérera en vous la transformation
fondamentale qui vous fera réaliser dans votre vie la valeur de ces mots : Comme
Christ,
O Seigneur, je
te rends grâces de ce que tu m'assures ici que tandis que mon affaire, à
moi, est de contempler ta gloire, l'œuvre du Saint-Esprit est de me transformer
à ton image ; que tandis que je te contemple, le Saint-Esprit agit -en
moi et m'assimile quelque chose de ta gloire.
Seigneur,
enseigne-moi à contempler ta gloire comme il convient de le faire. Moïse avait
été quarante jours avec toi quand ta gloire rayonna sur lui. Je reconnais que
ma communion avec toi a été trop courte et fugitive, que je n'ai pas su prendre
le temps nécessaire pour me pénétrer de ce qu'est ton image. Seigneur,
enseigne-moi à le faire. Donne-moi, dans mes méditations, de renoncer à
moi-même pour te contempler et t'adorer jusqu'à ce que mon âme puisse s'écrier
à chaque trait de ton image : Oh! que c'est beau, c'est la gloire de Dieu ! O
mon Dieu, fais-moi voir ta gloire.
Affermis-moi
aussi, Seigneur, dans la confiance que le Saint-Esprit fait son œuvre en moi,
lors même que je n'en vois pas aussitôt les effets. Moïse ne savait pas que son
visage rayonnait. Seigneur, garde-moi de regarder a moi-même. Que je sois
tellement absorbé en toi, que je m'oublie et me perde en toi. Seigneur,
c'est quand on est mort à soi-même qu'on vit en toi.
O mon Dieu,
toutes les fois que je contemplerai ton image et ton exemple, je voudrais que
ce fût avec la confiance que ton Saint-Esprit prendra entièrement possession de
moi et qu'il imprimera si bien ton image en moi, que le monde verra là un
reflet de ta gloire. C'est avec cette confiance que je me hasarde à prendre
pour moi ce mot d'ordre : De gloire en gloire, voyant là la promesse
d'une grâce qui deviendra chaque jour plus abondante, d'une bénédiction
toujours prête à se surpasser, et de dons qui ne seront que le gage d'autres
dons plus excellents encore. Mon Sauveur! Te contempler, ce sera bien
réellement pour moi : De gloire en gloire. Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
VINGT-UNIÈME JOUR
COMME CHRIST
Dans son humilité.
« Que
chacun de vous regarde tes autres, par humilité, comme plus excellents que
lui-même. Ayez en vous les mêmes sentiments que Jésus-Christ, lequel étant en
forme de Dieu, s'est dépouillé lui-même, ayant pris la forme de serviteur,
devenant semblable aux hommes, et revêtu de la figure d'homme, il s'est abaissé
lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la
croix. » Phi. 2 : 3-8.
Ces paroles
admirables nous offrent le sommaire de toutes les plus précieuses vérités qui
se réunissent autour de la personne du Fils de Dieu. C'est d'abord son adorable
divinité : « en forme de Dieu, égal à Dieu ». Puis vient le
mystère de son incarnation dans ces mots d'un sens si profond, si inépuisable :
« il s'est dépouillé lui-même ». Ensuite vient l'expiation avec
l'humiliation, l'obéissance et la passion, et enfin la mort qui lui donne sa
valeur. « Il s’est rendu obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort
de la croix ». Puis vient aussi le couronnement du tout : « Dieu
L’a souverainement élevé ». Christ étant Dieu, Christ se faisant homme,
Christ dans l'humiliation pour accomplir notre rédemption, Christ dans la
gloire, maître souverain de tout : tels sont les trésors que nous révèle ce
passage.
On a écrit des
volumes sur quelques-unes des paroles de ce texte, et pourtant on n'a pas
toujours assez tenu compte des circonstances dans lesquelles le Saint-Esprit
les a inspirées. En premier lieu il ne s'agit pas là d'établir la vérité pour
réfuter l'erreur, ou pour affermir la foi. Le but est tout autre. Les
Philippiens avaient de l'orgueil et manquaient de charité. C'est donc en vue de
les engager par l'exemple de Christ à devenir humbles comme lui que Paul fut
inspiré à leur dire : « Que chacun de vous regarde les autres, par humilité,
comme plus excellents que lui-même ; ayez en vous les mêmes sentiments que
Jésus-Christ ». Celui qui n'étudie pas cette portion de
« Ayez en vous
les mêmes sentiments que Jésus-Christ, lequel étant en forme de Dieu... s'est
dépouillé lui-même... et, revêtu de la figure d'homme, s'est abaissé lui-même
». Il faut que nous soyons comme Christ dans son dépouillement et
dans son abaissement. Le premier grand acte d'abnégation par lequel, étant
Dieu, il se dépouilla de sa gloire et de sa puissance divines, fut encore suivi
d'une autre humiliation non moins admirable lorsqu'étant homme, il consentit à
subir la mort de la croix. En nous présentant cette double et surprenante
humiliation qui fit l'étonnement du monde et la joie du Père, la sainte
Ecriture nous dit avec la plus grande simplicité et comme une chose qui va de
soi, que nous devons être comme Christ.
En parlant
ainsi, Paul et toute l'Ecriture, et Dieu lui-même, attendent-ils réellement de
nous ce qu'ils nous disent là? Pourquoi non? ou plutôt : comment pourraient-ils
attendre autre chose? Ils connaissent le terrible pouvoir de l'orgueil en nous,
ils savent ce qu'est le vieil Adam de notre nature terrestre, toutefois ils
savent aussi que Christ nous a rachetés non seulement de la malédiction, mais
encore de la puissance du péché, et qu'il nous communique sa vie et sa force de
résurrection pour nous rendre capables de vivre ici-bas comme lui. Ils nous
disent que Christ est non seulement notre garant, mais qu'il est encore
notre modèle, afin que nous ne nous contentions pas d'avoir la vie par lui,
mais que nous vivions comme lui. Ils nous disent en outre qu'il est non
seulement notre modèle, mais qu'il est encore notre tête, qu'il vit en nous et
continue en nous la même vie qu'il avait sur la terre. Avec un tel Christ, avec
un tel plan de rédemption, Dieu pourrait-il attendre autre chose du croyant? Il
faut nécessairement que le disciple de Christ ait le même esprit que Christ, il
faut surtout qu'il lui ressemble par son humilité.
L'exemple de
Christ nous montre que ce n'est pas le péché qui doit produire en nous
l'humilité, comme le pensent tant de chrétiens. Ils croient que les péchés
de chaque jour sont nécessaires pour nous maintenir dans l'humilité. Ce n'est
pas cela. Il y a bien une humilité qui a son prix comme début de quelque
chose de mieux, et qui consiste à reconnaître ses péchés ; mais il y a une
autre humilité plus céleste encore, plus semblable à celle de Christ, qui
consiste à s'abaisser même quand la grâce de Dieu nous préserve de pécher,
qui s'étonne que Dieu puisse nous bénir, et qui se complaît à se tenir pour
rien devant celui à qui nous devons tout. C'est de la grâce que nous avons
besoin et non du péché, pour nous rendre humbles et nous maintenir dans
l'humilité. C'est le poids des fruits qui fait ployer la branche, c'est
sous l'affluence de l'eau que se creuse le lit de la rivière. Plus l'âme se
rapproche de Dieu, plus l'imposante majesté de sa présence lui fait sentir sa
bassesse. Voilà ce qui nous amené à « regarder les autres comme plus
excellents que nous-mêmes ». Jésus-Christ, le Saint de Dieu, est notre
modèle d'humilité. C'était en « sachant que le Père lui avait remis toutes
choses entre les mains, et qu'il était venu de Dieu et qu'il retournait à Dieu,
qu'il se mit à laver les pieds de ses disciples ». C'est la présence de
Dieu en nous, c'est la conscience de posséder en nous la vie divine et l'amour
divin qui nous rendront humbles.
Il semble
impossible à beaucoup de chrétiens de dire : Je ne veux plus penser à moi, je
veux tenir les autres pour meilleurs que moi. Ils implorent bien de la grâce de
Dieu qu'elle réprime la trop forte effervescence de leur orgueil et de leur
amour-propre, mais quant à renoncer entièrement à eux-mêmes, comme Christ,
c'est à leurs yeux trop difficile, trop irréalisable. S'ils comprenaient toute
la vérité, toute la bénédiction que renferment ces mots : « Quiconque
s'abaisse sera élevé », « quiconque perdra sa vie la trouvera » (Luc
14 : 11 ; Mat, 16 : 25), ils ne pourraient se contenter de rien de moins que
d'une entière conformité à leur Maître en ceci aussi. Ils verraient qu'il y
a un moyen de dompter le moi et son orgueil : c'est de croire que ce moi a été
cloué sur la croix et qu'il faut seulement le laisser là. (Gal. 5 : 24;
Rom. 8 : 13). On ne peut obtenir ce degré d'humilité qu'en consentant de
tout son cœur à suivre Christ d'ans sa mort.
Pour en arriver
là, il faut deux choses : d'abord la ferme décision de renoncer à
soi-même, de ne plus se rechercher soi-même, et de vivre uniquement
pour Dieu et pour le prochain. Il nous faut en outre la foi qui s'approprie la
mort de Christ, la foi qui nous fait réaliser la mort au péché,
l'affranchissement de la domination du péché. Quand nous tenons notre moi
pécheur pour mort avec Christ sur la croix, nous voyons se clore cette phase de
notre vie où le péché était trop fort pour nous, et s'ouvrir une phase
nouvelle où Christ est plus fort que le péché.
Ce n'est que
sous la puissante influence du Saint-Esprit qu'il est possible de réaliser et
de tenir ferme cette vérité ; mais, grâce à Dieu, nous avons le Saint-Esprit.
Oh ! puissions-nous nous remettre entièrement à sa direction, car il nous
guidera, c'est là son œuvre. Il glorifiera Christ en nous; il nous fera
comprendre que nous sommes « morts au péché », morts à notre vieille nature
déchue, et que la vie de Christ, avec son humilité, est devenue notre vie.
C'est ainsi que
par la foi on s'approprie l’humilité de Christ. Ceci peut se
faire en un moment, mais l'application de cette humilité dans l'expérience de
chaque jour ne se fait que peu à peu. Nos pensées et nos sentiments et toute
notre manière d'être, ont été si longtemps sous la domination de notre ancien moi,
qu'il faut du temps pour les pénétrer de l'humilité de Christ et les
transformer à cette lumière divine. Au commencement, la conscience n'est pas
encore bien au clair, le tact spirituel et la force de discernement n'ont pas
encore été exercés. Mais si du fond de son cœur le croyant se répète : J'ai
renoncé à moi-même pour être humble comme Jésus, il obtiendra du Seigneur que
sa puissance divine vienne tout renouveler en lui, jusqu'à ce que dans
l'expression de son visage, dans sa voix et dans ses actes, se reconnaisse la
présence sanctifiante de l'Esprit, et qu'il se trouve réellement revêtu
d'humilité.
Cette humilité
de Christ en nous, nous est une source inépuisable de bénédiction. Elle est de
grand prix aux yeux de Dieu ; « il fait grâce aux humbles ». (Jac. 4:6).
Dans la vie spirituelle, elle est une source de repos et de joie. Pour les
humbles, tout ce que Dieu fait est bien et bon. L'humilité est toujours
prête à louer Dieu pour ses moindres bontés. L'humilité ne trouve pas de
difficulté à se confier. Elle se soumet sans condition à tout ce que Dieu dit.
Les deux personnes dont Jésus loue la grande foi sont justement celles qui
s'estimaient le moins. Le centenier avait dit : « Je ne suis pas digne que
tu entres sous mon toit ». (Mat. 8 : 8). Et la femme syro-phénicienne se
laissait mettre au rang des petits chiens.
L'humilité
facilite nos rapports avec tous, elle nous donne le secret de pouvoir aimer et
faire du bien. Un homme qui est humble ne s'offense pas, et il a grand soin de
ne pas offenser autrui. Il est toujours prêt à rendre service à son prochain
parce qu'il a appris de Jésus qu'il y a honneur et bonheur à être le serviteur
de tous. Il est ainsi bienvenu de Dieu et des hommes.
Oh ! qu'elle est
belle la vocation des disciples de Christ ! Dieu les a envoyés dans le monde
pour montrer tout ce qu'il y a de divin dans l'humilité. Celui qui est humble
glorifie Dieu, il engage les autres à lui rendre gloire, et à la fin il sera
glorifié lui-même en Christ. Qui ne voudrait donc être humble comme Jésus?
O toi qui es
descendu du ciel pour t'abaisser jusqu'à la mort de la croix, tu m'appelles à
faire de ton humilité la règle de ma vie.
Seigneur,
fais-m'en bien comprendre toute la nécessité. Je ne puis, ni ne veux être un
orgueilleux disciple de l'humble Jésus. Que dans le secret de mon cœur, soit seul,
soit avec mes amis, soit aussi avec mes ennemis, que dans la prospérité comme
dans l'adversité, je sois toujours rempli de ton humilité.
O Seigneur! je
sens le besoin de comprendre mieux ta mort sur la croix et la part que j'y ai
eue. Fais-moi réaliser que mon ancien moi orgueilleux a été crucifié avec toi.
Montre-moi à la lumière de ton Esprit qu'ayant été régénéré par toi, je suis à
présent mort au péché, soustrait à sa puissance, et que, tant que je suis en
communion avec toi, le péché ne peut rien sur moi. Seigneur Jésus, toi qui as
vaincu le péché affermis en moi la confiance que tu es ma vie, et que tu veux
me remplir de ton humilité si, moi, je veux te laisser entrer et me remplir de
ton Saint-Esprit.
Seigneur, mon
espérance est en toi. Avec foi en toi, je vais montrer dans le monde que
l'esprit qui t'animait passe aussi dans tes enfants, leur apprenant à regarder
les autres par humilité, comme plus excellents qu'eux-mêmes. Oh! daigne,
Seigneur, me le donner! Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
VINGT-DEUXIÈME JOUR
COMME CHRIST
Semblable à lui dans sa mort
« Car si nous
avons été faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le
serons aussi par la conformité à sa résurrection... Car s'il est mort, il est
mort une seule fois pour le péché... Vous aussi, mettez-vous bien dans l'esprit
que vous êtes morts au péché, et que vous vivez à Dieu en Jésus-Christ, notre
Seigneur. » Rom. 6: 5, 10,11.
C'est à la mort
de Christ que nous devons notre salut. Plus nous comprendrons tout ce que
signifie cette mort, plus aussi nous en éprouverons toute la vertu. Notre
texte nous apprend ce que c'est que d'être un avec Christ dans sa mort. Que
ceux donc qui veulent réellement être comme Christ dans leur vie, cherchent à
bien comprendre ce qu'est la conformité à sa mort.
Christ avait une
double œuvre à accomplir dans sa mort : opérer notre justification, et nous
obtenir la vie. Quand l'Ecriture parle de la première partie de cette œuvre, elle
se sert de ces mots: « Christ est mort pour nos péchés »
(1 Cor. 15 : 3). Il a pris sur lui nos péchés, il en a subi le châtiment.
Par là il les a expiés et nous a acquis une justice qui nous permet de
nous présenter devant Dieu. Quand l'Ecriture parle de la seconde partie de
cette œuvre, elle dit : « Il est mort au péché » (Rom.
6 : 10) ([3]).
Mourir pour les péchés se rapporte à son caractère de substitut. Dieu
a fait venir sur lui nos péchés (Esa. 53 : 6), et sa mort en a fait
l'expiation. Mourir au péché désigne la rupture de tout rapport avec
le péché. Par sa mort Christ a rompu tout rapport entre lui et le péché.
Pendant sa vie le péché avait le pouvoir de lui susciter des luttes et des
souffrances. Sa mort y mit fin. Le péché n'eut plus le pouvoir alors ni de le
tenter, ni de le faire souffrir. Il était hors de son atteinte. La mort avait
fait séparation complète entre lui et le péché. Christ mourut au péché.
Comme Christ, le
pécheur est mort au péché puisqu'il est un avec Christ « par la
conformité à sa mort ». Ainsi que, pour notre justification, il est
indispensable de savoir que Christ est mort pour nos péchés ; de même, pour
notre sanctification, il est indispensable de savoir que Christ et nous-mêmes
avec lui, nous sommes morts au péché. Cherchons à le bien comprendre.
C'est comme
étant le second Adam que Christ est mort. Issus du premier Adam, nous
avons été faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort. Adam est
mort et nous sommes condamnés à mourir comme lui; la puissance de sa mort agit
en nous ; nous sommes donc réellement morts en lui, aussi bien qu'il est mort
lui-même. Nous comprenons ceci. Il en est précisément de même de notre mort en
Christ : Nous avons été faits « une même plante avec lui, par la conformité
à sa mort ». Christ est mort au péché, et nous avec lui, et maintenant
l'efficacité de sa mort opère en nous. Nous sommes donc morts au péché, aussi
certainement qu'il l'est lui-même.
Par notre
première naissance, nous avons part à la mort d'Adam; par notre seconde
naissance, nous avons part à la mort du second Adam. Tout croyant qui
accepte Christ participe à la puissance de sa mort et par là il est mort au
péché. Mais le croyant peut posséder beaucoup sans le savoir. La plupart des
croyants sont, à leur conversion, si occupés de la mort de Christ pour le
péché, de leur justification par Christ, qu'ils ne cherchent pas à saisir
le sens de ces mots : qu'en lui ils sont morts au péché. Ce
n'est que lorsqu'ils sentent le besoin de son secours pour leur sanctification
que s'éveille en eux le désir de comprendre cette conformité à sa mort, et
qu'ils trouvent là le secret de la sainteté, reconnaissant, que comme Christ,
ils sont, eux aussi, morts au péché.
Le chrétien qui
ne comprend pas encore ceci se figure toujours que le péché est trop fort pour
lui, que le péché a encore domination sur lui, et que parfois il doit lui
obéir. C'est parce qu'il ne sait pas encore que, comme Christ, il est mort
au péché. S'il le croyait, s'il comprenait le sens de ces mots, il dirait : «
Christ est mort au péché. Le péché ne lui peut plus rien. Pendant sa vie et sa
mort le péché a exercé son pouvoir sur lui; c'est le péché qui a causé ses
souffrances sur la croix et qui l'a fait passer par l'humiliation du sépulcre ;
mais à présent il est mort au péché. Le péché a perdu ses droits sur lui. Il
est à jamais délivré de sa puissance. Pour moi aussi, comme croyant, il en est
de même.
Si le croyant
pèche encore, c'est parce qu'il n'use pas du privilège de vivre comme quelqu'un
qui est mort au péché. Par ignorance, par manque de vigilance ou par incrédulité, il
perd de vue le sens et la force de ces mots : « par la conformité à sa mort
», et alors il pèche. Mais s'il retient ferme ce que signifie le fait qu'il
a partagé la mort de Christ, il peut surmonter le péché. Il remarque bien qu'il
n'est pas dit : Le péché est mort. Non, le péché n'est pas mort, le péché
vit et agit dans la chair. Mais lui-même est mort au péché et vit à Dieu, par
conséquent le péché ne peut avoir aucune domination sur lui sans son consentement.
S'il pèche encore, c'est parce qu'il permet au péché de régner sur lui et qu'il
consent à lui obéir.
Bien-aimé
chrétien, qui cherchez à ressembler à Christ, que votre conformité à sa mort
vous soit la plus précieuse partie de la vie que vous souhaitez atteindre.
Appropriez-vous-la par la foi. Tenez pour certain que vous êtes vraiment mort
au péché. Que ce soit pour vous une affaire réglée ; Dieu le dit à
chacun de ses enfants, même au plus faible; dites-le aussi : Comme Christ je
suis mort au péché. Ne craignez pas de le dire ; c'est la vérité. Demandez que
le Saint-Esprit vous éclaire quant à cette partie de votre union avec Christ,
en sorte qu'elle ne vous soit pas seulement une doctrine, mais qu'elle soit en
vous réalité et force.
Cherchez à mieux
saisir ce qu'il nous est dit de la vie du croyant mort au péché, à saisir que
par sa participation à la mort de Christ, il a été affranchi de la puissance du
péché, et qu'ainsi commence pour lui une vie de victoire par Jésus-Christ.
Quand vous aurez bien compris que vous avez eu part à la mort de Christ,
saisissant cette vérité par la foi, vous deviendrez conforme aussi à ce qu'il
est devenu lui-même par sa mort; graduellement, progressivement vous vous
approprierez les conséquences de cette mort, à mesure que Christ en fera passer
en vous toute la puissance victorieuse ([4]).
Pour recueillir
tout le bienfait de la mort de Christ, remarquez encore ceci : D'abord
l'obligation qu'elle vous impose: « Nous qui sommes morts au péché, comment
y vivrions-nous encore? » (Rom. 6:2). Cherchez à mieux pénétrer le sens
de cette mort de Christ en laquelle vous avez été baptisé. Voici ce que
signifie sa mort : Plutôt mourir que pécher, consentir à mourir, afin de
vaincre le péché, être mort, et par là affranchi du pouvoir du péché.
Saisissez-vous de ces mots : « Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été
baptisés en Jésus-Christ nous avons été baptisés eh sa mort? » Que le
Saint-Esprit vous baptise plus complètement « en sa mort », jusqu'à ce que la
force de ces mots «mort au péché », jusqu'à ce que votre conformité à la
mort de Christ se voient dans toute votre conduite et votre vie.
Voici en outre
ce qu'est pour vous la conformité à la mort de Christ. Non seulement c'est une
nécessité, c'est aussi une force. Vous, chrétien, qui désirez ressembler
à Christ, s'il est une chose dont vous ayez surtout besoin, c'est de connaître
l'immense puissance de la force de Dieu qui agit en vous. C'est par cette
puissance éternelle que Christ a lutté dans sa mort contre les puissances de
l'enfer et qu'il en a triomphé. En Christ vous avez part à sa mort? et par là
vous avez part à toute la puissance qui le rendit vainqueur. Consentez donc
joyeusement avec un cœur plein de confiance à réaliser mieux votre conformité à
la mort de Christ, et nécessairement alors vous lui deviendrez semblable.
O mon Dieu, que
j'ai peu compris ta grâce! Souvent j'ai lu ces mots : « Par la conformité à
sa mort, nous avons été faits une même plante avec lui » ; souvent j'ai lu
que toi, Seigneur, tu es mort au péché et qu'il est dit aux croyants :
« De même vous aussi » ; mais je n'en ai pas saisi la force. Il en est
résulté que ne me sachant pas conforme à toi en ta mort, je ne me savais pas
non plus affranchi de la puissance du péché et vainqueur du péché. Seigneur, tu
m'ouvres là une glorieuse perspective. Pour l'homme qui accepte avec foi la conformité
à ta mort et qui selon ta Parole, se tient pour être mort au péché, le péché
n'aura plus de domination sur lui. Il acquiert ainsi la force de vivre pour
Dieu.
Seigneur! Que
ton Saint-Esprit me révèle plus parfaitement ces choses. Je veux recevoir avec
foi ta Parole et prendre la place que tu m'assignes, me tenant pour mort au
péché. Seigneur, en toi je suis mort au péché, apprends-moi à le saisir
par la foi, ou plutôt à te recevoir toi-même jusqu'à ce que toute ma vie prouve
que je suis bien mort au péché. O Seigneur, maintiens-moi en communion avec
toi, afin que demeurant eh toi, je puisse réaliser en toi la mort au péché et
vivre pour Dieu. Amen
(Voir la note 7e).
[3] La version
anglaise dit ; « Il est mort au péché. »
[4] Dans Rom. VI,
la conformité à la mort de Christ précède la conformité à sa résurrection. Nul
ne peut être vivant en Christ sans avoir d'abord consenti à mourir avec lui. Si
dans Phi. 3/10, la conformité à
la mort de Christ suit l'expérience de sa puissance de résurrection,c'est parce
que plus cette vie de résurrection se développe en nous, plus elle nous
confirme dans cette mort. Il y a continuellement là action et réaction.
COMME CHRIST
(Murray)
VINGT-TROISIÈME JOUR
COMME CHRIST
Dans sa résurrection.
« Car si nous
avons été faits une même plante avec-lui par la conformité à sa mort, nous le
serons aussi par la conformité à sa résurrection, afin que, comme Christ est
ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi marchions dans une vie
nouvelle. » Rom. 6 : 5, 4.
Après avoir été
conformes à Christ en sa mort, nous devons nécessairement l'être aussi dans sa
résurrection. Ne parler que de notre participation à sa mort, que de porter la
croix, que de renoncer à nous-mêmes, c'est ne présenter qu'un seul côté de
notre union avec Christ. Sa puissance de résurrection nous fait passer de
notre conformité à sa mort à une vie nouvelle. Notre mort avec Christ met
fin à notre ancienne vie de péché et d'assujettissement au monde que nous
abandonnons; notre résurrection avec Christ commence en nous une vie
nouvelle par laquelle le Saint-Esprit expulse l'ancienne. Le chrétien qui
désire sérieusement marcher comme Christ, doit bien savoir qu'il est semblable
à Christ dans sa résurrection.
Voyons si ce
n'est pas là ce qui va répondre a cette question : Où trouver la force de vivre
dans le monde comme Christ y a vécu?
Nous avons déjà
vu que la vie de notre Seigneur, avant sa mort, était une vie de faiblesse.
Comme notre représentant, le péché avait une grande puissance sur lui ([5]).
Il en avait aussi sur ses disciples, en sorte que leur Maître ne pouvait pas
leur donner le Saint-Esprit, ni faire pour eux tout ce qu'il désirait. Mais à
sa résurrection, tout change. Ressuscité par la toute-puissance de Dieu, il
possède par sa vie de résurrection la puissance divine; et s'il a vaincu la
mort et le péché, c'est non seulement pour lui-même, mais aussi pour ses
disciples, auxquels il peut aussitôt faire part de son Esprit, de sa joie et de
sa puissance.
Lorsqu'à présent
le Seigneur Jésus nous fait part de sa vie, ce n'est pas de la vie qu'il avait
avant sa mort, mais c'est de la vie de résurrection qu'il s'est acquise par sa
mort. C'est une vie qui n'a plus affaire avec le péché, .mais qui l'a
déjà banni, une vie qui a déjà vaincu l'enfer et le diable, le monde et la
chair, une vie de puissance divine dans la nature humaine. Voici la vie qui
résulte pour nous de notre conformité à sa résurrection : « En vivant, il
vit pour Dieu. Vous aussi, considérez-vous comme vivants pour Dieu en
Jésus-Christ notre Seigneur ». (Rom. 6 : 11). Oh! que Dieu veuille nous
révéler par son Saint-Esprit toute la puissance de vie qui résulte de notre
conformité à la résurrection de Christ! C'est cette vie-là qui rend capable de
marcher comme Christ.
Ceci reste un
mystère pour la plupart des chrétiens et c'est pour cela que leur vie est une
vie de faiblesse, de défaites et de péché. Ils croient à la résurrection de Christ
comme preuve de leur justification. Ils pensent qu'il devait ressusciter pour
continuer au ciel son œuvre de Médiateur, mais quant à savoir qu'il est
ressuscité afin que la vie glorieuse de sa résurrection devînt dès à présent la
force même de leur vie de chaque jour, ils n'en ont aucune idée. De là leur
découragement quand il leur est dit qu'ils doivent suivre Jésus en étant
parfaitement « conformes à son image » (Rom. 8 : 29). Ils ne peuvent pas
comprendre qu'il soit demandé d'un pécheur qu'en toutes choses il agisse comme
Christ l'eût fait. Ils ne connaissent pas Christ dans la puissance de sa
résurrection, ils ne savent pas avec quelle force, quelle puissance sa vie agit
en ceux qui veulent « regarder toutes choses comme une perte à cause de
Christ ». (Phil., 3: 8; Eph. 1 : 19, 20). Venez vous tous qui êtes lassés
d'une vie différente de celle de Jésus, et qui désirez marcher sur ses traces,
vous qui commencez à voir dans l'Ecriture qu'il y a pour vous une vie meilleure
que vous ne l'aviez su jusqu'à présent ; venez, laissez-moi essayer de vous
montrer quels trésors sont à vous par votre « conformité à sa résurrection ».
Laissez-moi vous adresser trois questions.
D'abord : Etes-vous
prêts à soumettre votre vie à la règle de Jésus et de sa vie de résurrection?
Je ne doute pas que l'exemple de Jésus ne vous ait convaincus de péché sur plus
d'un point. Chaque fois que vous avez cherché votre propre volonté et votre
propre gloire au lieu de celles de Dieu, cédant à l'ambition, à l'orgueil, à
l'égoïsme, et manquant d'amour pour votre prochain, vous avez pu voir combien
vous êtes loin de l'obéissance, de l'humilité et de l'amour de Jésus, et
maintenant il s'agit de savoir si, en face de toutes ces choses que vous
reconnaissez être des péchés, vous voulez dire : Puisque Jésus veut prendre
possession de ma vie, je renonce à tout droit, à tout désir de jamais faire en
rien ma propre volonté ; je lui abandonne ma vie, avec tout ce que j'ai, et je
suis entièrement à lui pour faire toujours ce qu'il me commandera
par sa Parole et par son Esprit. Sil veut vivre en moi et régner en moi? je
lui promets obéissance sincère et illimitée.
Pour faire acte
d'abnégation si complète, il faut de la foi ; c'est pourquoi je vous adresse
cette seconde question : Etes-vous prêts à croire que Jésus veut prendre
possession de vous, veut prendre soin de la vie que vous lui confiez?
Quand le croyant confie entièrement à Christ sa vie spirituelle et
temporelle, il apprend à bien comprendre ces mots de Paul : « Je
suis mort; je ne vis plus; Christ vit en moi ». (Gal 2 : 19, 20). C'est
quand je suis mort avec Christ et ressuscité avec lui, que le Christ vivant
prend possession de ma nouvelle vie et la gouverne par sa vie de résurrection. Cette
vie de résurrection ne m'est pas offerte et donnée à condition que je me charge
de la continuer moi-même. Non, c'est justement là ce que je ne puis pas
faire, mais Dieu soit béni ! Jésus-Christ lui-même, est la résurrection
et la vie, il est la vie de résurrection. Lui-même pourvoira de jour en
jour et d’heure en heure à ce que je vive comme étant ressuscité avec lui. Il
le fera par le moyen du Saint-Esprit qui est l'esprit même de sa vie de
ressuscité. Le Saint-Esprit nous sera envoyé et, si nous nous confions en
Jésus, cet Esprit divin maintiendra en nous d'instant en instant la présence et
la puissance du Seigneur ressuscité. Ne craignons donc pas qu'il nous soit
impossible de vivre de la vie sainte qui convient à des croyants appelés «
les temples du Dieu vivant » (2 Cor. 6 : 16). Nous en sommes à la vérité
incapables par nous-mêmes ; aussi n'est-ce pas de nous et de nos propres
forces que Dieu l'attend, mais le Christ vivant qui est « la résurrection et la
vie » a triomphé de tous nos ennemis; lui-même réalisera cette vie nouvelle
en nous et nous enverra le Saint-Esprit pour être notre force. Avec sa
divine fidélité, il accomplira son œuvre en nous, pourvu que nous ayons
confiance en lui. Christ lui-même est notre vie.
Et voici ma
troisième question : Etes-vous prêts à user de cette vie de résurrection
comme Jésus, pour devenir par elle un moyen de bénédiction envers ceux qui se
perdent? Tous nos désirs pour obtenir cette vie de
résurrection échoueront, si nous cherchons seulement par là notre propre
perfection et notre propre bonheur. Dieu a ressuscité Jésus pour donner par lui
la repentance et la rémission des péchés ; il vit pour intercéder pour les
pécheurs. C'est pour faire de même que vous devez chercher à recevoir
la vie de résurrection. Consacrez-vous à travailler et à prier pour
ceux qui périssent; alors vous serez un vaisseau propre à la recevoir, un
instrument dont elle pourra se servir pour accomplir son œuvre sainte.
Mon frère ! tu
es appelé à vivre comme Christ : Pour cela tu as déjà été fait un avec lui par
la conformité à sa résurrection. A présent, il s'agit de savoir si tu veux,
toi, faire l'expérience de cette vie de résurrection, si tu veux abandonner à
Jésus toute ta vie pour qu'il manifeste lui-même en toi sa puissance de
résurrection. Oh! n'hésite pas à le faire! Donne-toi à lui sans réserve :
donne-toi avec toute ta faiblesse, toute ton infidélité. Crois seulement que,
comme la résurrection de Jésus fut un miracle au delà de toute attente et de
toute prévision, lui, le Ressuscité, fera, en toi aussi, infiniment au delà de
tout ce que tu peux penser ou désirer.
Quelle
différence dans la vie des disciples depuis la résurrection de Jésus ! Avant sa mort,
tout en eux n'était que faiblesse, crainte, égoïsme et péché. Après sa
résurrection, tout devient puissance, joie, vie, amour et gloire. C'est le même
renouvellement qui transforme le croyant quand, après n'avoir vu d'abord dans
la résurrection de Jésus que la source de sa justification, il découvre que le
Ressuscité veut être lui-même sa vie, prendre la responsabilité de toute sa
vie. O mon frère, toi qui n'en as pas encore fait l'expérience, toi qui es troublé
et fatigué parce que tu te sais appelé à marcher comme Christ, et que tu ne le
peux pas, viens et goûte le bonheur de remettre toute ta vie à ton Sauveur
glorifié, avec l'assurance qu'il s'en chargera à ta place.
O Seigneur! Mon
âme t'adore, toi, le Prince de la vie ! Sur la croix tu as vaincu chacun de mes
ennemis, le diable, la chair, le monde et le péché. En vainqueur, tu es
ressuscité pour manifester et pour maintenir la puissance de ta vie de
résurrection chez tes disciples. Tu les as faits « une même plante avec toi par
la conformité à ta résurrection », et à présent tu; veux vivre en eux et
manifester dans leur vie terrestre la puissance de ta vie divine.
Gloire à ton nom
pour cette grâce infinie! Seigneur, je viens, à ton appel, te donner, t'abandonner
ma vie avec tout ce qui en dépend. Trop longtemps, je me suis efforcé de vivre
comme toi sans y réussir. Plus je cherchais à marcher comme toi, plus ma
déception était grande. A présent, j'ai appris de tes disciples tout le bonheur
qu'on éprouve à rejeter sur toi le soin et la responsabilité de sa vie.
Seigneur, je suis ressuscité avec toi, un avec toi, semblable à toi dans ta
résurrection. Seigneur, viens, charge-toi entièrement de moi et sois ma vie.
Surtout, je te
prie, ô mon Sauveur ressuscité de te révéler à moi dans la puissance de ta
résurrection, comme tu l'as fait pour tes premiers disciples. Ce n'était pas
assez d'apparaître à tes disciples après ta résurrection. Ils ne te
reconnurent que lorsque tu te fis connaître à eux. Seigneur Jésus, je crois
en toi. Daigne te faire connaître à moi comme ma Vie. Toi seul, tu peux
le faire. J'ai la confiance que tu le feras, et alors ma vie de résurrection
sera comme la tienne, une source intarissable de lumière et de bénédiction pour
tous ceux qui ont besoin de toi. Amen.
[5] Note du
traducteur en réponse à quelques lecteurs qui ont réclamé contre cette
assertion de l'auteur :
Jésus sur la
terre a été réellement homme. « fils de l'homme », mais homme sans péché. Comme
homme il a participé à la faiblesse humaine et souffert des conséquences du
péché. Il a eu faim, il a eu soif, il a été en butte au mépris, à la haine des
hommes; leur incrédulité l'a empêché de faire des miracles « en sa patrie »
(Marc 6 : 5) et de rester en Judée (Jean 7 : 1). Il a été tenté par le diable,
« tenté de même que nous en toutes choses » (Héb. 4 : 15)- Il a souffert
l'angoisse de Gethsémané ; Je supplice de la croix, « crucifié selon la
faiblesse de La chair » (2 Cor. 13 : 4); puis il a fini par subir la mort, le
roi des épouvantements, sous la condamnation, sous la réprobation, sous le
poids des péchés de l'humanité. (Gal 3 : 13).
Tout ceci ne prouve-t-il pas que Jésus avait bien réellement revêtu
la faiblesse de la nature humaine? Et s'il n'a pas péché, n'est-ce pas
précisément parce que reconnaissent sa faiblesse humaine, il demandait et
recevait l'Esprit saint sans mesure, « la plénitude de la divinité » dans la
faiblesse de son humanité? (Col. 2 : 9)
COMME CHRIST
(Murray)
VINGT-QUATRIÈME JOUR
COMME CHRIST
Conforme à lui dans sa mort.
« Afin que
je connaisse Christ et l'efficace de sa résurrection et la communion de ses
souffrances, me rendant conforme à lui dans sa mort. » Phil. 3 :10.
Nous savons que
la mort de Christ fut la mort de la croix. Nous savons aussi que cette mort de
la croix est sa principale gloire. Sans cette mort il ne serait pas le Christ.
Ce qui fait de lui un être à part, soit dans le ciel, soit ici-bas et dans tout
l'univers, c'est qu'il est le Fils de Dieu crucifié. Aussi de tous les points
de notre conformité avec lui, le principal et le plus glorieux sera
nécessairement notre « conformité à sa mort ».
C'est là ce qui
avait tant d'attrait pour Paul. Ce qui a fait la gloire de Christ doit faire la
sienne aussi : il sait que pour ressembler à Christ il faut lui être
conforme dans sa mort. Ce que cette mort a été pour Christ, elle le sera
pour lui et d'autant plus qu'il lui deviendra plus conforme.
Par sa mort sur
la croix Christ en a fini avec le péché. Pendant sa vie le péché avait pu le
tenter, mais sur la croix il est mort au péché; le péché ne lui peut plus rien.
Notre conformité avec Christ dans sa mort est la force qui nous défendra,
nous aussi, contre le péché. Tant que le Saint-Esprit me maintient dans ma
position de crucifié avec Christ, tant que Jésus me fait vivre de sa vie, je
suis préservé du péché.
La mort de
Christ sur la croix fut pour le Père « une oblation et une victime
d'agréable odeur ». (Eph. 5 : 2). Oh ! si je veux jouir de la
faveur et de l'amour du Père et lui être agréable, je suis certain que rien ne
me les assure mieux que ma conformité à la mort de Christ. Rien dans l'univers
n'est aux yeux du Père aussi saint, aussi beau, aussi admirable et divin que
Jésus crucifié; et plus je me rapproche de Jésus, par ma conformité à sa
mort , plus aussi je trouve accès au cœur de mon Dieu.
La mort sur la
croix ouvrait à Christ la vie de la résurrection, la vie immuable et éternelle. Dans notre vie
spirituelle, nous avons souvent à déplorer des interruptions, des chutes, des
lacunes bien propres à nous faire voir qu'il nous manque encore quelque chose
pour jouir de toute la puissance de cette vie de résurrection. Soyons sûrs dans
ce cas que notre ancienne nature a conservé quelque débris de vie propre, qui
n'a pas encore fait partie de notre conformité à la mort de Christ, et qu'il ne
nous manque plus que de partager plus entièrement encore sa mort sur la croix,
pour participer pleinement aussi à la joie de sa résurrection.
C'est avant tout
la mort de Christ sur la croix qui a fait de lui puissance de vie pour le
monde, bénédiction et salut pour tous. (Jean. 12 : 24, 25). Notre conformité
à la mort de Christ met fin, à notre égoïsme : nous nous donnons alors aux
autres, nous sommes prêts à vivre, à mourir pour les autres, nous avons pleine
confiance aussi que le Père accepte notre renoncement et notre dévouement à
souffrir du péché des autres ; et de cette mort-là, nous ressuscitons avec la
force d'aimer et de faire du bien.
Qu'est-elle donc
cette conformité à la mort de la croix si riche de bénédictions? En quoi
consiste-t-elle ? Nous le voyons par Jésus. La croix signifie l'abnégation
complète de soi. La croix est la mort du moi, c'est l'abandon complet de
notre propre volonté et de notre vie à la volonté de Dieu, lui laissant faire
de nous ce qu'il voudra. Voilà ce que signifiait la croix pour Jésus. Ce ne
fut qu'après un terrible combat qu'il put s'y résigner. Quand son âme était
angoissée et saisie de tristesse jusqu'à la mort, c'était parce que tout son
être reculait d'effroi devant cette croix et sa malédiction. Trois fois il dut
prier son Père avant de pouvoir dire : « Non pas comme je veux, mais comme
tu yeux ». Il le dit pourtant et sa soumission à la croix revient à ceci :
Tout plutôt que de mettre obstacle à la volonté de Dieu. J'abandonne tout, pour
que la volonté de Dieu soit faite.
Voilà comment
nous devenons conformes à Christ en sa mort : c'est en nous donnant à Dieu,
nous et notre vie, avec toute notre force de volonté et d'action, c'est en
apprenant à ne rien être, à ne rien faire que ce que Dieu nous révèle être sa
volonté. Cette vie-là s'appelle conformité à la mort de Christ, non
seulement parce qu'elle ressemble quelque peu à la sienne, mais parce que c'est
lui qui par son Saint-Esprit répète en nous la vie qui l'animait lors de sa
crucifixion, sinon la seule pensée de cette conformité serait voisine du blasphème.
Mais non, il n'y
a pas ici de blasphème. Le croyant éclairé par le Saint-Esprit sait que la vie
de résurrection n'a de force et de gloire que parce qu'elle est une vie de
renoncement qui commence sur la croix. Il se livre à cette vie-là, sachant bien
qu'il n'a pas lui-même la force de rien faire de bon ni de saint. Il sait que
la puissance de la chair domine et souille tout en lui ; il voue donc à la
condamnation et à la croix toutes les forces de son être, tout ce dont il
dispose en lui, et par là il met à la disposition de Jésus toutes les forces,
toutes les facultés de son corps, de son âme et de son esprit.
Défiance du moi
en toutes choses, confiance en Jésus pour toutes choses. L'esprit de la
croix respire dans tout son être.
Et ainsi pour
celui qui connaît Christ dans la puissance de sa résurrection, il n'y a pas
d'effort pénible à se maintenir dans cette conformité avec Christ sur la croix.
C'est bien plutôt pour lui repos, force et victoire, car il n'a pas affaire
avec une croix morte, ni rien qui résulte de ses propres forces, mais avec
Jésus qui est vivant, pour qui la crucifixion est un fait accompli, et qui a
passé de là à la vie de la résurrection, « Je suis crucifié avec
Christ. Christ vit en moi ». (Gal. 2 : 20). Voilà ce qui donne le courage
de vouloir être toujours plus conforme à Christ en sa mort.
Comment parvenir
à cette heureuse conformité? Voici ce que Paul nous répond : « Ces choses
qui m’étaient un gain je les ai regardées comme une perte à cause de
Christ. Bien plus, je regarde toutes choses comme une
perte en comparaison de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ, mon
Seigneur... afin que je connaisse Christ... devenant conforme à lui dans sa
mort ». (Phil. 3 : 7-11). Cette perte-là est de grand prix, mais n'est-elle
pas bien digne d'être achetée ? Donnons, abandonnons tout, oui, tout, pour
être admis avec Jésus sur la croix.
Et s'il nous
paraît dur de tout donner pour n'avoir d'autre récompense qu'une vie sur la
croix, écoutons encore Paul nous dire pourquoi il a si volontiers tout
abandonné pour choisir la croix. C'était pour « Jésus-Christ, mon Seigneur
». La croix était la place où il pouvait le mieux s'unir à son Seigneur.
Connaître Christ, gagner Christ, être trouvé en lui, être fait semblable à lui,
voilà le désir brûlant qui lui rendait facile de renoncer à tout, et qui
l'attirait si fortement vers la croix. A tout prix se rapprocher de Jésus. Tout
pour Jésus! Voilà sa devise. Voilà ce qui répond à cette question: Comment
devenir conforme à Christ en sa mort? C'est d'un côté : tout abandonner; c'est
de l'autre : laisser entrer Jésus, tout pour Jésus.
Oui, ce n'est
que « la connaissance de Jésus » qui rend possible de lui devenir conforme en
sa mort; mais que l'âme « gagne Christ »; qu'elle soit trouvée en lui,
qu'elle « le connaisse et reçoive l'efficace de sa résurrection »,
aussitôt il y a pour elle non seulement possibilité, mais réel bonheur à le
faire. C'est pourquoi, cher disciple de Jésus, regarde à lui, à lui le
Crucifié. Contemple-le jusqu'à ce que ton âme apprenne à dire : O Seigneur, je
veux être comme toi. Contemple-le jusqu'à ce que tu le voies lui, le Crucifié,
s'approcher de toi, dans sa toute-puissance pour te faire vivre de sa vie de
crucifixion. C'est par la puissance de l'Esprit éternel qu'il s'est offert à
Dieu, et c'est ce même Esprit qui t'apportera, qui te donnera pour en faire ta
vie tout ce que comprend cette mort sur la croix, tout ce qu'elle a accompli
pour toi. Par cet Esprit saint, Jésus lui-même maintient en toute âme qui se
confie en lui, la puissance de la croix, c'est-à-dire la mort au péché, le
renoncement à soi-même, en même temps que la source intarissable de la vie et
de la puissance de la résurrection. C'est pourquoi regarde à lui, le Crucifié,
qui est vivant. Souviens-toi pourtant que, bien que tu doives t'efforcer
d'obtenir cette grâce, elle ne te sera pas accordée comme fruit de tes efforts,
mais comme un don gratuit qui vient d'En haut. On ne devient conforme à
Jésus dans sa mort qu'autant qu'il daigne se révéler lui-même. Cherche donc à
recevoir cette grâce de lui directement.
O Seigneur, tout
ceci est trop élevé pour moi. Je ne puis atteindre si haut. Te connaître dans
la puissance de ta résurrection, être rendu conforme à toi dans ta mort : ce
sont de « ces choses que tu as cachées aux sages et aux intelligents et que
tu as révélées aux enfants », à ces âmes d'élite auxquelles seulement «
il est donné de connaître les mystères du royaume des cieux » (Mat. 13 :
11).
Seigneur, plus
que jamais je vois quelle folie il y aurait à croire que je puis devenir
conforme à toi par mes propres efforts. Je m'abandonne donc à ta miséricorde.
Regarde-moi selon les richesses de ton amour, et révèle-toi à moi par une grâce
de ta libre faveur. Puisque tu condescends du haut de ta demeure céleste à
t'abaisser ainsi jusqu'à moi, à me recevoir dans une pleine conformité à ta vie
et à ta mort, ô Seigneur, je vivrai et je mourrai pour toi et pour les âmes que
tu es venu sauver par ta mort.
O mon; Sauveur,
je sais que tu veux me l'accorder. Ton amour pour chacun de tes rachetés est
infini. Enseigne-moi, amène-moi à tout abandonner pour toi, et prends à jamais,
possession de moi pour ton service. Oui, je te prie, que ma vie s'emploie à
sauver ceux qui périssent et qu'ainsi je devienne en quelque mesure conforme à
toi dans ta mort. Amen
COMME CHRIST
(Murray)
VINGT-CINQUIÈME JOUR.
COMME CHRIST
Donnant sa vie pour les hommes
« Quiconque
voudra être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur, et quiconque voudra
être le premier entre vous, qu il soit votre esclave; comme le Fils de l'homme
est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour
plusieurs. » Matt. 20 : 215-28.
« Nous avons
connu la charité en ce qu'il a donné sa Vie pour nous ; nous aussi nous devons
donner notre vie pour nos frères ». 1 Jean 3 : 16.
Quand on cherche
à devenir conforme à Christ en sa mort, à porter la croix et à être crucifié
avec lui, voici le danger qui menace tout croyant, même le plus sérieux, c'est
de ne désirer ces bénédictions que pour son propre compte, se figurant qu'il
suffit pour la gloire de Dieu de devenir plus parfait soi-même. Cette erreur
serait fatale, elle empêcherait le croyant d'obtenir cette conformité à la mort
de Christ qu'il désire, car il négligerait ainsi l'élément essentiel de cette
mort en Christ et du sacrifice qu'elle entraîne, c'est-à-dire l'absence de tout
égoïsme et le dévouement aux autres. Devenir conforme à Christ en sa mort
implique la mort du moi, l'acte de se perdre de vue soi-même pour se sacrifier
aux autres et donner sa vie pour eux. Quant à savoir jusqu'où nous devons
aller dans cette voie d'amour, de service et de désir de sauver des âmes,
l'Ecriture n'hésite pas à nous donner cette réponse qui ne laisse aucun doute :
Nous devons aller aussi loin que Jésus, même jusqu'à donner notre vie. Nous
devons si bien considérer ceci comme étant le but pour lequel nous avons été
rachetés et pour lequel nous sommes laissés dans ce monde, le seul but pour
lequel nous devions vivre, que donner notre vie doit nous paraître une
condition toute naturelle et qui va de soi. La seule chose digne de nous
retenir dans ce monde doit être, comme pour Christ, la gloire de Dieu et le
salut des pécheurs. L'Ecriture n'hésite pas à nous dire que c'est dans la
voie de la souffrance que nous devons suivre Christ, cette voie qu'il a suivie
lui-même pour accomplir l'expiation et la rédemption ([6]).
C'est d'ailleurs
ce qu'enseignent clairement les paroles mêmes du Maître : « Quiconque voudra
être le premier parmi vous, qu'il soit votre esclave, comme le Fils de l'homme
est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour
plusieurs ». Le plus haut placé dans la gloire sera celui qui se sera le
plus abaissé à servir, qui aura le plus ressemblé au Maître, donnant sa vie en
rançon pour plusieurs. Quelques jours après, le Seigneur ajoute encore en
parlant de sa mort : « L'heure est venue où le Fils de l'homme doit être
glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis : Si le grain de froment ne
meurt après qu'on Fa jeté dans la terre, il demeure seul, mais s'il meurt il
porte beaucoup de fruit ». Et tout de suite il applique à ses disciples ces
derniers mots, en leur répétant ce qu'ils lui avaient déjà entendu dire : «
Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie en ce monde, la
conservera pour la vie éternelle ». (Jean 12 : 23-27). Le grain de blé
mourant pour sortir de terre de nouveau, perdant sa vie pour la retrouver au
centuple, nous est clairement donné ici comme emblème, non seulement du Maître,
mais aussi de chacun de ses disciples. Aimer la vie, refuser de mourir,
signifie rester dans son égoïsme, tandis que perdre la vie pour porter beaucoup
de fruit en se dévouant aux autres, est le seul moyen de la conserver pour
soi-même. Pour sauver notre vie, il n'y a pas d'autre moyen que de faire comme
Jésus, de la donner pour sauver les autres, et alors intervient le Père, alors «
le Père l'honorera ». La mort de Christ est de donner sa vie à Dieu pour
le salut des autres. Sans cela tout désir de devenir conforme à Christ en
sa mort court le risque de n'être qu'un raffinement d'égoïsme. Quel exemple
nous donne l'apôtre Paul de cette vie-là, et quel enseignement pour nous dans
ces paroles que lui inspire le Saint-Esprit: « Nous portons toujours en
notre corps la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi
manifestée dans notre corps. Car, nous qui vivons, nous sommes sans cesse
livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi
manifestée dans notre chair mortelle, de sorte que la mort agit en nous, et la
vie en vous ». Car bien qu'il ait été crucifié dans la faiblesse, toutefois
il est vivant par la puissance de Dieu; et nous, nous sommes aussi
faibles avec lui; mais nous vivrons avec lui par la puissance de Dieu au
milieu de vous » 2 Cor. 4 : 10-12; 13 : 40. « Je me réjouis maintenant
dans mes souffrances pour vous, et j'achève de souffrir en ma chair le reste
des afflictions de Christ pour son corps qui est l'Eglise » (Col. 1 :
24). Ces passages nous enseignent que les souffrances subies par Christ en son
corps, lorsqu'il nous représentait sur la croix, caractérisent en quelque
mesure les souffrances de « son corps qui est l'Eglise ». Les croyants qui se
dévouent à porter devant le Seigneur le poids des péchés des hommes, qui
endurent reproches, opprobres, fatigue et douleur pour chercher à sauver des
âmes, « achèvent de souffrir en leur chair le reste des afflictions de
Christ ». La puissance qui résulte de ses souffrances et de sa mort se
communique à eux, tandis que la puissance de la vie de Christ passe par eux en
ceux qui sont l'objet de leur travail et de leur amour. C'est là ce que
nous dit Paul dans Phil. 3 : 10. En parlant de « cette communion des
souffrances et de cette conformité en sa mort », il avait en vue, non
seulement le sens spirituel, mais aussi la participation extérieure et
corporelle aux souffrances de Christ.
Il doit en
quelque mesure en être de même pour chacun de nous. Le sacrifice de nous-même,
non seulement pour notre sanctification, mais aussi pour le salut de nos
semblables, est ce qui nous rend conforme au Christ qui s'est donné pour nous.
L'application
pratique de cette pensée est très simple. Cherchons à comprendre ce que le
Saint-Esprit nous enseigne ici. L'essentiel pour ressembler à Christ est de lui
être semblable dans sa mort, de même l'essentiel pour lui être semblable dans
sa mort est de donner notre vie pour gagner des âmes à Dieu. C'est une mort
dans laquelle toute pensée de se sauver; soi-même se perd dans le désir de
sauver les autres. Demandons que la lumière du Saint-Esprit nous le fasse bien
saisir, nous amenant à sentir que nous sommes dans ce monde, comme Christ y
était, pour renoncer à tout égoïsme, pour aimer, pour servir, pour vivre et
mourir « comme le Fils de l'homme, qui est venu, non pour être servi, mais
pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs ». Oh ! veuille notre
Dieu faire comprendre à ses enfants qu'ils ne s'appartiennent pas à eux-mêmes,
mais qu'ils se doivent à Dieu et à leurs Semblables, et que, comme Christ, ils
ne doivent vivre ici-bas que pour être en bénédiction au monde.
Puis, croyons
à la grâce qui est prête à réaliser en nous cette vérité. Croyons que Dieu
accepte le sacrifice de toute notre vie pour nous faire vivre à sa gloire et
nous employer à sauver les autres. Croyons que le Saint-Esprit accomplira en
nous cette conformité à la mort de Christ sur ce point-là qui en est le
principe vital. Croyons avant tout en Jésus : c'est lui, oui, lui-même, qui
viendra initier à la pleine communion de sa mort toute âme qui s'abandonne
entièrement à lui, et qui lui fera porter beaucoup de fruit. Cherchons donc par
la foi à devenir semblables à Jésus, attendant cette grâce de son action
directe en nous.
Puis, sans
retard, mettons-nous à l'œuvre avec foi, nous tenant pour consacrés, comme
Christ, à vivre et à mourir pour Dieu et pour nos semblables. Avec un nouveau
zèle, exerçons le ministère d'amour qui cherche à gagner des âmes.
Attendons-nous à Christ pour réaliser en nous sa ressemblance, confions-nous au
Saint-Esprit pour nous approprier toujours plus l'Esprit de Christ et
commençons tout de suite avec foi à vivre comme les disciples de celui dont la
vie et la mort ont été en bénédiction aux autres. Que notre amour ouvre la voie
dans l'œuvre à faire, nous remplissant de bonté, de douceur, d'obligeance pour
tous ceux que nous rencontrons dans la vie de chaque jour. Intercédons auprès
de Dieu pour nos semblables, lui demandant aussi de se servir de nous pour
répondre à nos prières d'intercession. Parlons et travaillons pour Jésus comme
ayant reçu d'En haut une mission et une force qui nous donnent la certitude
d'être bénis dans notre travail. Que notre but soit de gagner des âmes.
Joignons-nous aux bandes de moissonneurs que le Seigneur envoie dans sa
moisson; et nous éprouverons plus tôt que nous ne le pensons que donner sa
vie pour en amener d'autres à Dieu, est le meilleur moyen de mourir à soi-même
et de devenir ce qu'était le Fils de l'homme, le serviteur et le Sauveur de
ceux qui étaient perdus.
Oh! que de
merveilles, que de bénédictions résultent pour nous du devoir et de la
possibilité d'être semblables à Christ ! « Il s'est donné lui-même pour nous
» (Tit. 2 : 14) ; il n'a pu atteindre les pécheurs qu'en s'offrant en
sacrifice à Dieu pour eux. Le grain de froment a dû mourir pour que la vie
en sortît : alors la bénédiction divine s'est répandue avec force et puissance.
Et moi, je puis bien aussi chercher à aimer et à servir mes semblables, mais je
n'aurai d'influence bénie sur eux qu'en me livrant entièrement à Dieu, qu'en
remettant ma vie entre ses mains pour eux. C'est en m'offrant en oblation sur l'autel,
que je serai en bénédiction aux autres par l'esprit et la puissance de Jésus.
C'est quand j'aurai remis mon esprit entre ses mains, qu'il pourra m'employer
et me bénir.
Seigneur, mon
Dieu ! me demandes-tu vraiment de me donner à toi, de te donner ma vie tout
entière et jusqu'à la mort pour mes semblables? Si j'ai bien compris les
paroles du Maître, tu ne demandes en effet pas moins de moi.
O mon Dieu !
Veux-tu réellement me prendre à ton service? Veux^tu me permettre, en Christ,
comme lui, comme membre de son corps, de vivre et de mourir pour ceux qui
m'entourent, de me placer, je le dis avec le plus profond respect, à côté de
Christ sur l'autel de sa mort, crucifié avec lui, en vivant sacrifice à toi
pour les hommes : Seigneur, je te bénis de cette grâce divine. Me voici,
Seigneur, mon Dieu. Je m'offre à toi. Que ton Saint-Esprit rende cet acte sûr
et définitif. Seigneur! me voici, consacré à toi, ne voulant plus vivre que
pour ceux que tu cherches à sauver.
Seigneur Jésus,
viens toi-même m'apporter le souffle de ton esprit et de ton amour. Prends
possession de moi, de mes pensées, de mon cœur, de mes facultés, de ma vie tout
entière. Grave ceci dans mon cœur : Je suis consacré à Dieu qui m'a accepté.
Garde-moi chaque jour, Seigneur, dans l'attente et l'assurance que Dieu
m'emploiera. Quand tu t'es livré toi-même, tu as aussitôt reçu puissance de
vie, avec effusion nouvelle de bénédiction céleste. Il en sera de même pour les
tiens. Gloire soit à ton nom. Amen.
[6] Comparez Mat.
20 : 28 avec Eph. 5 : 2, 20, 26; Phil. 2 : 5-8 ; 1 Pier. 2 : 21-23, et voyez
que c'est tout particulièrement ici par rapport à son œuvre de rédemption que
Christ nous est donné en exemple. Donner sa vie pour les autres, est le but de
sa vie terrestre.
COMME CHRIST
(Murray)
VINGT-SIXIÈME JOUR
COMME CHRIST
Dans sa douceur.
« Voici ton roi
qui vient à toi débonnaire. » Mat. 21: 5.
« Apprenez de
moi, parce que je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de
vos âmes.» Mat. 11 : 29.
C'est sur le
chemin de la croix que nous entendons la première de ces deux paroles. C'est
dans les souffrances de notre Seigneur Jésus que se montre toute sa douceur.
Disciple de Jésus, toi si prêt à t'abriter sous la croix, contemplant l'Agneau
mis à mort pour tes péchés, ne t'est-il pas précieux de penser que tu peux
aussi refléter l'image de l'Agneau de Dieu en étant, comme lui, doux et
débonnaire chaque jour ?
La douceur est
l'opposé de tout ce qui est rude, amer ou tranchant. Elle doit se
faire sentir dans nos rapports avec nos inférieurs. C'est « avec douceur » que
les pasteurs doivent instruire ceux qui s'opposent à eux, qu'ils doivent
enseigner et ramener ceux qui s'égarent (Gal. 6 : 1 ; 2 Tim. 2 : 25). Elle doit
se montrer aussi dans nos rapports avec nos supérieurs. Nous devons «
recevoir la parole avec douceur » (Jac. 1 : 21). Si la femme doit être
soumise à son mari, ce doit être « dans un esprit doux et paisible qui est
d'un grand prix devant Dieu ». (1 Pier. 3:4). La douceur, étant un des
fruits de l'Esprit, devrait caractériser tous nos rapports avec d'autres
chrétiens, puis s'étendre encore au-delà, à tous ceux avec qui nous avons
affaire (Eph. 4 : 2; Gal. 5 : 22; Col. 3 : 12 ; Tit. 3:2). Elle se trouve
dans l'Ecriture à côté de l'humilité, parce que celle-ci est la disposition
intérieure d'où naît la douceur à l'égard du prochain.
Il n'est
peut-être aucune des vertus, dont s'entoure l'image du Fils de Dieu, qui soit
plus rare à rencontrer chez les personnes appelées à donner l'exemple. On voit
un grand nombre de serviteurs de Jésus qui montrent beaucoup d'amour pour les
âmes, beaucoup d'empressement à sauver les pécheurs et beaucoup de zèle pour la
volonté de Dieu, et qui pourtant ne sont pas en ceci ce qu'ils devraient être.
S'ils se trouvent en butte à quelque offense? soit dans leur famille, soit au
dehors, ils s'irritent aussitôt, ils s'emportent avec colère, et par là ils
perdent toute paix de l'âme, toute paix de Dieu. Avec instance ils ont demandé
cette vertu chrétienne ; ils donneraient tout au monde pour pouvoir conserver
habituellement la douceur de caractère et la parfaite égalité d'humeur de
Christ, soit dans leurs rapports de société et d'affaires, soit aussi dans leur
famille et avec leurs domestiques. Que de luttes, que de découragements, chez
ceux qui ont déjà appris à vouloir et à rechercher la douceur et la patience,
et qui pourtant ne savent pas encore comment les obtenir!
Il leur semble
si impossible d'avoir de l'empire sur eux-mêmes que pour s'en consoler, ils
attribuent cette vertu à un certain tempérament naturel, se disant qu'elle est
trop opposée à leur caractère pour que jamais ils puissent la posséder.
Pour se justifier, ils recourent à toutes sortes d'excuses : leur intention
n'est pas si mauvaise ; quoique leur humeur soit orageuse et leur langue
acérée, ils ne manquent pourtant pas d'amour au fond du cœur ; il ne serait
d'ailleurs pas toujours bon de se montrer trop facile, ce serait encourager le
mal, etc. Ils éludent ainsi le devoir de se conformer à la sainte douceur de
l'Agneau de Dieu, et ils confirment les gens du monde dans la pensée qu'après
tout, les chrétiens ne diffèrent guère des autres, car ils ne voient pas en eux
ce qu'ils leur entendent prêcher, que Christ transforme à son image le cœur et
la vie de ses disciples. Quel tort ils se font à eux-mêmes, aussi bien qu'à
l'Eglise de Christ, en négligeant d'être « l'image et la ressemblance de Dieu »
selon que la rédemption les y appelle et leur en offre le moyen.
La douceur est
de grand prix aux yeux de Dieu. L'Ancien Testament contient de belles promesses
pour ceux qui sont doux et débonnaires, et Jésus les réunit dans celle-ci : « Heureux
les débonnaires, car ils hériteront la terre ». (Ps. 25 : 9; Prov. 3 : 34;
Esa. 29 : 19; Mat. 5:5). Dans le Nouveau Testament, quel éloge de la douceur
nous donne l'exemple incomparable de notre Seigneur pendant sa vie. Un
esprit doux est de grand prix aux yeux de Dieu, puisque c'est celui de son Fils
bien-aimé. Le Père ne pouvait présenter à ses enfants de motif plus élevé
pour les engager à rechercher la douceur par-dessus toutes choses. Pour qui
veut la posséder,
Quand nous
cherchons à obtenir la douceur, ainsi que toute autre grâce du Seigneur Jésus,
nous risquons de nous tromper sur la manière dont il les donne. Nous voudrions
être certains de les posséder avant de les mettre en pratique. Ce n'est pas là
la voie de la foi. Moïse ne savait pas que « son visage fût rayonnant », il
savait seulement qu'il avait vu la gloire de Dieu. L'âme qui veut obtenir
la douceur doit apprendre de Christ qu'il est doux et humble. Il faut prendre
le temps de contempler la douceur de Jésus jusqu'à ce que le cœur en reçoive le
reflet. Lui seul est d'un esprit doux ; en lui seul se trouve la véritable
douceur. Quand nous commençons à le comprendre, il faut que notre cœur
s'arrête à cette vérité : Celui qui est doux et humble, c'est Jésus, mon
Sauveur. Tout ce qu'il est, tout ce qu'il a, appartient à ses
rachetés. Sa douceur doit donc nous être communiquée; mais il ne le fait pas
en nous la donnant comme quelque chose qui se détacherait de lui pour
s'attacher à nous. Non ! Nous devons apprendre que lui seul est doux et
humble, et que c'est seulement quand il entre dans un cœur et dans une vie pour
en prendre possession, qu'il y apporte avec lui sa douceur. C'est la douceur de
Jésus qui nous rendra doux et débonnaires.
Nous savons
combien il a peu réussi sur la terre à rendre ses disciples doux et humbles.
C'est qu'alors il n'avait pas encore obtenu sa vie nouvelle et ne pouvait pas,
comme après sa mort et par sa résurrection, leur donner le Saint-Esprit. Mais à présent
il le peut. Il a reçu la puissance divine pour régner du haut des cieux dans
notre cœur, pour vaincre tout ennemi et pour continuer en nous sa vie de
sainteté. Jésus a été notre modèle sur la terre, afin de nous faire voir ce
qu'était ce la vie cachée, qu'il devait ensuite nous communiquer en venant demeurer
en nous (Col. 3:3).
« Apprenez
de moi, parce que je suis doux et humble de cœur ». Cette parole
résonne sans cesse à nos oreilles comme une réponse du Seigneur à toutes les
lamentations de ses rachetés qui se plaignent de ne pouvoir dominer leur humeur.
O mon frère, pourquoi Jésus est-il votre Sauveur, votre vie et votre force,
pourquoi est-il doux et humble de cœur, sinon pour vous donner sa douceur?
Croyez seulement
! Croyez que Jésus a la puissance de remplir votre cœur de son esprit de
douceur. Croyez que Jésus lui-même accomplira en vous par son Esprit
l'œuvre que vous avez en vain cherché à accomplir vous-même, « Voici
ton roi qui vient à toi débonnaire ». Accueillez-le. Qu'il soit le bienvenu
dans votre cœur. Comptez sur lui pour se révéler lui-même à vous. Tout
dépend de là. « Apprenez de lui, parce qu'il est doux et humble de
cœur, et vous trouverez le repos de votre âme. »
O mon Sauveur,
accorde-moi de pouvoir, sous l'influence de ton Saint-Esprit, me rapprocher de
toi et m'approprier ta céleste douceur. Seigneur, tu ne m'as pas donné
l'exemple de ta douceur comme un Moïse qui impose des commandements sans donner
la force de les accomplir. Tu es Jésus, tu sauves de tout péché et tu remplaces
le péché par ta sainteté divine. Seigneur, je réclame ta douceur comme faisant
partie du salut que tu m'as accordé. Je ne puis m'en passer. Comment puis-je te
glorifier, si je ne la possède pas? Seigneur, je veux apprendre de toi, parce
que tu es doux et humble. Seigneur, enseigne-moi que tu es toujours avec moi,
toujours en moi, que tu es ma vie. Dès que je demeure en toi, et que toi, tu
demeures en moi, je te possède avec ta douceur, et tu me rends semblable à toi.
O, sainte
douceur! Tu n'es pas descendue du ciel sur la terre pour une courte visite
seulement, puis pour disparaître de nouveau dans les cieux. Tu es venue
chercher une demeure ici-bas. Je t'offre mon cœur; viens y faire ta demeure.
O toi, Agneau de
Dieu, mon Sauveur, mon Secours ! c'est sur toi que je compte ; c'est en
habitant toi-même en moi que tu me communiqueras ta douceur et que tu me
rendras conforme à ton image. Viens donc, O Seigneur ! Daigne à présent
même te révéler à moi comme mon Roi débonnaire, prêt à prendre possession de
moi, à me communiquer dans le secret de mon cœur tout ce que tu es pour moi.
Amen
COMME CHRIST
(Murray)
VINGT-SEPTIEME JOUR.
COMME CHRIST
Demeurant dans l'amour de Dieu.
« Comme mon père
m'a aimé, je vous ai aussi aimés... demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes
commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme j'ai gardé les
commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. » Jean 15 : 9, 10.
Notre Seigneur
ne s'est pas borné à nous dire : « Demeurez en moi », il nous dit encore
: « Demeurez dans mon amour ». Pour demeurer en lui, il faut d'abord
entrer, se plonger, s'immerger dans cet amour admirable dont il nous a aimés
jusqu'à se donner pour nous. « L'amour ne cherche point son intérêt » (1
Cor. 13 : 5). Il sort de lui-même pour se donner à ceux qu'il veut aimer.
Demeurer en Christ, c'est nous perdre dans l'Amour Infini, c'est éprouver qu'il
nous aime, c'est ne pouvoir être heureux que dans son amour.
Peur nous
révéler toute la divine excellence de son amour pour nous, Jésus, en nous
invitant à demeurer dans son amour, nous dit qu'il est le même que l'amour du
Père pour lui. Rien pourrait-il nous faire désirer davantage de demeurer
dans son amour? « Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés;
demeurez dans mon amour ». Notre vie peut donc être, comme celle de Christ,
indiciblement heureuse de la certitude que l'Amour Infini nous enveloppe et se
complait à nous aimer.
Nous savons que
ce fut là le secret de la vie admirable de Christ, le secret aussi de sa force
à l'approche de la mort. A son baptême s'était fait entendre ce divin message
apporté par le Saint-Esprit, et confirmé plus tard par le même Esprit : «
C'est ici mon Fils bien-aimé en qui j'ai pris plaisir » (Mat. 3 : 16). Plus
d'une fois nous lisons : «Le Père aime le Fils » (Jean 3: 35 ; 5 : 20) ;
et Christ en parle comme de son plus grand bonheur : «Que le monde connaisse
que tu les aimes comme tu m'as aimé. Tu m'as aimé avant la fondation du
monde. Que l’amour dont tu m'as aimé soit en eux » (Jean 17 : 19-26).
Ainsi que nous marchons ici-bas à la lumière du soleil qui nous entoure, Jésus
marchait continuellement à la lumière de l'amour du Père. C'est comme le Bien-aimé
du Père qu'il put faire la volonté de Dieu et accomplir son œuvre. Il
demeurait dans l'amour du Père.
Nous sommes de
même les bien-aimés de Jésus. Comme le Père l'a aimé, il nous aime
aussi. Pour le savoir nous n'avons qu'à prendre le temps de fermer les yeux à
tout ce qui nous entoure, et d'adorer, et d'attendre jusqu'à ce que l'amour
infini de Dieu, dans toute sa puissance et sa gloire, se répande sur nous en passant
par le cœur de Jésus, qu'il se fasse connaître à nous, et qu'il prenne
entièrement possession de nous. Oh, si le chrétien voulait bien prendre le
temps de se pénétrer de cette pensée : « Je suis le Bien-aimé du Seigneur, Jésus
m'aime d'instant en instant précisément comme le Père l'aimait », avec quelle
foi croissante il pourrait se dire qu'étant aimé comme Christ l'était, il doit
aussi marcher comme Christ a marché !
Voici encore ce
que cette comparaison offre à notre examen. Ce n'est pas seulement l'amour
dans lequel nous devons demeurer qui est semblable à celui dans lequel Jésus
demeurait, c'est encore le moyen d'y parvenir qui est pour nous le même que
pour lui. Comme Fils, Christ possédait déjà l'amour du Père quand il vint
dans le monde, mais ce n'est que par son obéissance qu'il pouvait s'assurer la
continuation de cet amour, qu'il pouvait y demeurer. Et il ne s'agissait pas
d'une obéissance qui ne lui coûtât rien, loin de là; c'était en renonçant à sa
propre volonté, en apprenant à obéir dans tout ce qu'il avait à souffrir, en se
rendant obéissant jusqu'à la mort de la croix, qu'il gardait les commandements
du Père et demeurait dans son amour. « Voici pourquoi mon Père
m'aime, c'est parce que je donne ma vie... J'ai reçu cet ordre de mon
Père ». « Le Père ne m'a point laissé seul parce que je fais toujours ce
qui lui est agréable » (Jean. 10 : 17, 18 ; 8 : 20). Après nous avoir donné
cet exemple et nous avoir montré par là que la voie de l'obéissance nous assure
l'amour de Dieu, il nous invite à le suivre, « Si vous gardez mes
commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j'ai gardé les
commandements de mon Père et je demeure dans son amour ».
Obéir comme
Christ, amène à jouir comme lui de l'amour divin. Oh! quelle assurance nous en
recevons pour compter sur la présence de Dieu. « Aimons en effet et en
vérité, car c'est en cela que nous assurerons nos cœurs devant lui...
Bien-aimés, si notre coeur ne nous condamne point, nous avons de l'assurance
devant Dieu. Et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que
nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable » (1
Jean 3 : 18-23). Quelle hardiesse nous puisons là pour affronter l'opinion des
hommes, quelle indépendance de leur approbation ou de leur désapprobation, car
nous n'agissons plus alors que selon l'ordre de Dieu, Nous n'avons plus qu'à
obéir à ses ordres. Et quelle hardiesse aussi en face des difficultés et des
dangers ! Puisque nous faisons la volonté de Dieu, nous osons lui laisser toute
responsabilité de réussite ou de non-réussite. Le cœur, préoccupé d'obéir à
Dieu seul, s'élève alors au-dessus du monde pour ne vouloir que ce que Dieu
veut, et il sent que l'amour de Dieu repose sur lui. Comme Christ, il demeure
alors dans l'amour de Dieu.
Cherchons à
apprendre de Christ ce que c'est qu'une vie réglée par cet esprit d'obéissance.
C'est
d'abord un esprit de dépendance, c'est reconnaître que nous n'avons plus aucun
droit à faire en rien notre propre volonté et que nous y renonçons. C'est
encore un esprit docile. Convaincu de l'influence trompeuse de la tradition,
des préjugés et des habitudes, il ne tire plus ses préceptes des hommes, mais
il les reçoit de Dieu lui-même. Convaincu aussi de l'insuffisance de
l'intelligence humaine pour comprendre
Il a remarqué
cette parole de Dieu : « Si tu écoutes attentivement la voix de l'Eternel
ton Dieu, si tu fais ce qui est droit à ses yeux » (Exo. 15 : 26), il a
compris que l'obéissance n'est acceptable et possible que lorsque le
commandement ne lui vient pas seulement de la conscience, de la mémoire ou de
Oh! quelle
bénédiction que cette obéissance-là qui nous amène à demeurer comme Christ dans
l'amour divin ! Pour l'obtenir, il faut étudier encore mieux ce qu'était
Christ. Il avait renoncé à lui-même, il s'était « abaissé lui-même, se
rendant obéissant » (Phil. 2:8). Qu'il veuille nous donner à nous aussi
ce renoncement et cette humilité ! A l'école de Dieu, « Il a appris
l'obéissance, et, ayant été rendu parafait, il est devenu l'auteur d'un
salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent » (Héb. 5: 8, 9). Il
faut que nous apprenions aussi de lui l'obéissance, que nous l'écoutions
nous dire qu'il ne faisait rien de lui-même, qu'il ne faisait que ce qu'il
voyait faire au Père, que ce qu'il apprenait de lui. Nous avons besoin de
savoir que son entière dépendance du Père, que son recours continuel au Père
était la source de son obéissance habituelle, comme aussi le moyen de pénétrer
toujours mieux les secrets du Père. (Jean 5 : 19, 20). (Voyez : Quinzième
jour). L'amour de Dieu et l'obéissance de l'homme vont ensemble comme une
serrure et une clef faites l'une pour l'autre. C'est la grâce de Dieu qui
met la clef dans la serrure, et c'est l'homme qui se sert de la clef pour
ouvrir les trésors de l'amour divin.
A la lumière de
l'exemple et des paroles de Christ, quel sens nouveau revêtent ces promesses de
Dieu à son peuple : « Je te bénirai certainement et je multiplierai ta
postérité parce que tu as obéi à ma voix ». (Gen. 26 : 4). «
Si Vous obéissez à ma voix, vous serez aussi mon plus précieux joyau ».
(Exo. 19 : 5). « L'Eternel ton Dieu te bénira certainement... pourvu
seulement que tu obéisses à la voix de l'Eternel ton Dieu » (Deut. 15 :
4, 5). C'est par l'amour et l'obéissance que s'établissent nos
rapports avec Dieu; d'un côté l'amour de Dieu se donnant lui-même à l'homme
avec tout ce qu'il a, de l'autre l'obéissance du croyant, se donnant à Dieu
avec tout ce qu'il a.
On a beaucoup
parlé, ces dernières années, de renoncement à soi-même et d'entière
consécration à Dieu, et des milliers d'âmes louent le Seigneur de tout le bien
qu'elles ont reçu de lui par le moyen de ces deux mots : mais prenons garde de
ne chercher là qu'une jouissance spirituelle, qu'un état d'âme à conserver,
négligeant d'en faire l'application directe et simple, c'est-à-dire d'obéir à
la volonté de Dieu. Souvenons-nous dans le courant de notre vie, de ce mot obéissance,
que Dieu emploie souvent, « Obéir vaut mieux que sacrifice » (1
Sam. 15 : 22). Le sacrifice de soi à Dieu n'est rien sans obéissance, car ce
mot même implique l'obéissance. C'est l'obéissance douce et humble de
Christ, comme fils et serviteur, qui rendait son sacrifice «d'agréable odeur
»; c'est l'obéissance de l’enfant prompt à écouter la voix du Père, puis à
faire ce qui est bien à ses yeux, qui témoignera en nous que nous lui
sommes agréables.
Cher lecteur,
cette vie-là ne sera-t-elle pas la vôtre aussi? Obéir à Jésus et demeurer dans
son amour, n'est-ce pas simple autant que sublime !
O mon Dieu, que
dire de cet échange de la vie de la terre contre la vie du ciel que tu viens de
placer devant moi ? Ton Fils, notre Seigneur, nous a montré qu'il est possible
à l'homme sur la terre de vivre tout enveloppé de l'amour de Dieu, pourvu qu'il
veuille se soumettre à ta volonté, obéir à ta voix. Il nous a montré aussi quel
bonheur il y a à le faire. Puisque Christ est à nous, puisqu'il est notre Tête
et notre Vie, nous savons que nous aussi, nous pouvons, en quelque mesure,
vivre et marcher comme lui, et nous réjouir en ton amour, certains que tu
acceptes à cause de lui notre faible obéissance à tes commandements. O mon
Dieu, quelle grâce insigne que celle d'être appelés à demeurer comme Christ
dans ton amour par l'obéissance que ton Esprit opère en nous.
Seigneur Jésus,
comment te rendre grâce d'avoir réalisé sur la terre cette vie-là pour m'y
faire participer moi-même? O Seigneur, je n'ai qu'à m'abandonner de nouveau à
toi pour que tu me fasses garder tes commandements comme tu as gardé ceux du
Père. Seigneur, révèle-moi le secret de ta propre obéissance, de ta promptitude
à écouter, de ta vigilance, de ta douceur, de ton humilité et de ta confiance
filiale au Père bien-aimé dont tu savais être le Fils bien-aimé. Mon Sauveur,
remplis mon cœur de ton amour; et alors avec foi en ton amour, je pourrai, moi
aussi, t'obéir. Oui, Seigneur, que toute ma vie s'emploie à garder tes commandements
et à demeurer dans ton amour. Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
VINGT-HUITIÈME JOUR
COMME CHRIST
Conduit par l'Esprit.
« Jésus rempli
du Saint-Esprit, revint du Jourdain, et fut conduit par l'Esprit dans le
désert. » Luc. 4 :1.
« Soyez remplis
de l'Esprit. » Eph. 5 : 18.
« Car tous ceux
qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, sont enfants de Dieu. » Rom. 8 : 14.
Dès sa
naissance, le Seigneur Jésus avait l'Esprit de Dieu demeurant en lui, et
pourtant, il avait besoin parfois que le Père le lui communiquât plus
particulièrement encore. Il en fut ainsi à son baptême, quand il reçut le
baptême du Saint-Esprit après avoir reçu le baptême d'eau ; il fut alors rempli
du Saint-Esprit. Il remonta du Jourdain, éprouvant plus manifestement que
jamais la direction de l'Esprit. Dans le désert, il lutta et vainquit, non par
sa propre puissance divine, mais comme un homme fortifié et conduit par le
Saint-Esprit. En ceci aussi, il était « semblable en toutes choses à ses
frères ». (Héb. 2 : 17).
Réciproquement,
il est tout aussi vrai que ses frères sont en toutes choses rendus semblables à
lui. Ils sont appelés à vivre comme lui, et ceci ne leur serait pas
demandé s'ils ne disposaient pas de la même force que lui. Cette force est
le Saint-Esprit que nous recevons de Dieu. Comme Jésus fut rempli de l'Esprit,
puis conduit par l'Esprit, nous aussi, nous devons être remplis de l'Esprit et
conduits par l'Esprit.
Quand nous
méditons sur les divers traits du caractère de Christ, ne nous semble-t-il pas
souvent impossible de lui ressembler, nous qui avons si peu vécu pour lui et
qui nous sentons si peu capables de vivre comme lui? Reprenons courage en nous
souvenant que Jésus lui-même ne pouvait vivre ainsi que par l'Esprit. C'est
après avoir été « rempli du Saint-Esprit », qu'il « fut conduit par
l'Esprit, » au champ de la lutte et de la victoire. La même bénédiction
est à nous, aussi bien qu'à lui : nous aussi, nous pouvons être remplis de
l'Esprit et conduits par l'Esprit. Jésus, qui a été baptisé par l'Esprit,
afin de nous donner l'exemple d'une vie sainte, est monté au ciel pour nous
baptiser, nous aussi, et nous rendre par là semblables à lui. Celui qui veut
vivre comme Jésus, doit donc commencer par être baptisé de l'Esprit. Tout ce
que Dieu demande de ses enfants, il commence par le leur donner. Il nous
demande de ressembler à Christ, parce qu'il veut nous donner, comme à lui, la
plénitude de l'Esprit. Il faut que nous soyons remplis de l'Esprit.
Nous voyons ici
pourquoi on prêche si peu dans l'Eglise de Christ la nécessité de l'imiter et
de lui ressembler. On croyait généralement pouvoir y parvenir par ses propres
forces à l'aide de quelque influence du Saint-Esprit; on ne comprenait pas
qu'il ne faut rien de moins que d'être rempli du Saint-Esprit. Comment
s'étonner qu'on regardât comme impossible d'être semblable à Christ, puisqu'on
avait perdu de vue la nécessité d'être rempli du Saint-Esprit. On
voyait là le privilège d'un petit nombre seulement, et non le devoir auquel est
appelé tout enfant de Dieu. On ne réalisait pas assez que : «
soyez remplis de l'Esprit » est un commandement qui s'adresse à tout
chrétien. Quand l'Eglise fera la place voulue au baptême de l'Esprit et à
Jésus, le Sauveur qui baptise du Saint-Esprit chacun de ceux qui croient
en lui, qu'on cherchera à être semblable à Christ et qu'on y parviendra, on
reconnaîtra alors que, pour être semblable à Christ, il faut être conduit par
le même Esprit que lui, et que, pour être conduit par le même Esprit, il faut
être rempli de l'Esprit. La plénitude de l'Esprit est absolument nécessaire
pour vivre en vrai chrétien, d'une vie conforme à celle de Christ.
Le moyen
d'obtenir cette grâce est simple : C'est Jésus qui baptise de l'Esprit; celui
qui vient à lui, désirant recevoir ce baptême, l'obtiendra. Pour cela, ce que
le Seigneur demande de nous, c'est notre entière reddition, c'est que nous
renoncions complètement à nous-même pour nous abandonner à lui avec pleine
confiance. Voilà ce qui nous permet de recevoir ce qu'il donne.
Oui, renoncer à
soi-même par la foi. Jésus vous demande si vous voulez réellement suivre ses
traces et, pour cela, si vous voulez être baptisé du Saint-Esprit. N'hésitez
pas à le vouloir. Jetez les yeux sur toutes les promesses qu'il nous fait de
nous communiquer son amour et son Esprit, considérez quel privilège en est la
conséquence : comme moi, vous aussi. Souvenez-vous que c'est à propos de
cette ressemblance avec lui, qu'il disait à son Père : « Je leur ai fait
part de la gloire que tu m'as donnée ». (Jean 17 : 22). Songez combien l'amour
de Christ et le désir de lui plaire, combien la gloire de Dieu et les besoins
du monde plaident auprès de vous pour vous engager à ne pas négliger ce
céleste droit d'aînesse, le droit d'être semblable à Christ. Reconnaissez
les droits sacrés de Christ sur vous qui êtes racheté par son sang, et que rien
ne vous empêche de répondre : Oui, Seigneur, autant qu'il est permis à une
créature tirée de la poudre de la terre, je veux être comme toi; je suis tout à
toi. Je dois et je veux être « en toutes choses » ton image, et c'est pour cela
que je te demande de me remplir de l'Esprit.
Renoncer à
soi-même par la foi, voilà ce que veut le Seigneur, et pas moins que cela. Donnons-lui ce
qu'il nous demande. Et si nous renonçons à nous-mêmes pour devenir semblables à
lui en toutes choses, faisons-le avec la confiance et la sécurité qu'il nous
accepte, et qu'aussitôt il fait agir en nous l'Esprit avec plus de puissance.
Croyons-le, lors même que nous n'en ferions pas tout de suite l'expérience.
Pour être remplis du Saint-Esprit, nous devons nous attendre à Jésus avec foi,
bien certain que son amour veut nous donner plus encore que nous ne le
prévoyons.
Avec cette
assurance-là, abandonnons-nous entièrement à lui. Que notre renoncement et
notre foi soient sans réserve. Pour suivre Christ, il faut obéir à cette loi
fondamentale : « Celui qui aura perdu sa vie à cause de moi, la
retrouvera ». (Mat. 10 : 39). Le Saint-Esprit vient alors nous dépouiller
de notre ancienne vie et nous donner la vie de Christ. Renoncez donc à cette
ancienne vie, où vous avez voulu agir par vos propres forces et veiller par vos
propres efforts, et croyez que le Saint-Esprit renouvellera incessamment en
vous votre vie spirituelle, tout aussi naturellement que l'air que vous
respirez entretient la vie de votre corps. Dans l'œuvre du Saint-Esprit en
vous, il n'y aura ni rupture, ni interruption. Vous serez enveloppé du
Saint-Esprit comme de votre élément vital ; il vous sera comme l'air que vous
respirez. Par l'Esprit, « Dieu produira en vous le vouloir et le faire selon
son bon plaisir » (Phil. 2 : 13).
O chrétien, ayez
un profond respect pour l'œuvre de « l'Esprit qui habite en vous ». (Rom. 8 : 11).
Croyez que la volonté de Dieu est de faire agir en vous son Esprit avec
puissance, de vous rendre ainsi d'instant en instant conforme à l'image de
Christ. Occupez-vous de Jésus et de sa vie sur la terre, cette vie qui est à la
fois votre modèle et votre force, et soyez certain que le Saint-Esprit saura
faire son œuvre dans le secret de votre cœur, en vous communiquant quelque
chose de Jésus. Souvenez-vous que la plénitude de l'Esprit est à vous en Jésus,
que c'est là un don que vous acceptez et que vous gardez par la foi, quoique
vous ne le sentiez pas comme vous le voudriez. Comptez donc sur lui pour faire
en vous tout le nécessaire. Vous pourrez bien ne sentir que faiblesse, que
crainte et tremblement, et pourtant vos paroles, vos actes et tout l'ensemble
de votre vie manifesteront la présence de l'Esprit et sa puissance. Vivez avec
la confiance que la plénitude de l'Esprit est à vous, et que vous ne serez pas
déçu dans votre attente, si, regardant à Jésus, vous vous réjouissez chaque
jour de savoir votre vie spirituelle aux soins du Saint-Esprit, le Consolateur.
C'est ainsi que la présence de Jésus en vous, vous fera vivre à sa
ressemblance, car, du moment où l'Esprit de vie de Jésus-Christ résidera en
vous, il faudra nécessairement que votre vie en devienne conforme à la sienne
aux yeux de tous.
Souvenez-vous
aussi que l'Esprit ne déploie toute sa puissance que dans les rapports mutuels
des membres du corps de Christ, lorsqu'ils se consacrent entièrement à servir
le Seigneur dans le monde. C'est quand Jésus eut consacré sa vie à se mêler à
tous ceux qui l'entouraient, c'est après avoir reçu comme eux le baptême d'eau,
qu'il fut baptisé du Saint-Esprit. Et c'est quand il s'est donné lui-même en
sacrifice dans le second baptême de sa passion, qu'il a reçu le pouvoir de nous
donner le Saint-Esprit. Mettez-vous en relation avec les enfants de Dieu qui
voudront demander et attendre avec vous le baptême de l'Esprit. Les disciples
n'ont pas reçu l'Esprit séparément, mais pendant qu'ils étaient « tous d'un
accord dans un même lieu ». (Act. 2:1). Réunissez-vous aux autres enfants
de Dieu autour de vous pour travailler ensemble à sauver des âmes, et l'esprit
vous donnera d'en haut tout ce qu'il vous faudra pour ce travail. Le Seigneur
accomplira sa promesse à l'égard du serviteur plein de foi et de bonne volonté
qui désire recevoir l'Esprit, non pour sa propre jouissance seulement, mais
pour travailler au service de son Maître. C'est pour pouvoir travailler,
vivre et mourir pour nous que Christ a été rempli de l'Esprit.
Consacrez-vous donc à vivre et à mourir pour vos semblables, et soyez sûr
qu'alors vous pourrez compter sur une plénitude de l'Esprit semblable à
celle que Christ avait reçue.
Seigneur, tu
veux nous rendre toujours plus semblables à toi en nous donnant ton
Saint-Esprit! Tu nous as dit que son œuvre est de nous faire mieux connaître ce
que tu es, de manifester ta présence en nous. C'est lui qui nous apporte et qui
nous assimile tout ce que tu as acquis pour nous, toute la vie, toute la
sainteté, toute la puissance que nous voyons en toi. Il prend de ce qui est à
toi pour nous le communiquer. Seigneur Jésus ! nous te rendons grâce du don que
tu nous as fait du Saint-Esprit.
Et maintenant,
nous t'en supplions, remplis-nous, oh ! remplis-nous de ton Saint-Esprit !
Seigneur, moins que cela ne saurait nous suffire. Nous ne pouvons pas être
conduits comme toi, nous ne pouvons pas lutter et vaincre comme toi, nous ne
pouvons pas marcher et travailler comme toi, à moins d'être, comme toi, remplis
du Saint-Esprit. Loué, béni soit ton nom ! Tu as commandé, tu as promis; nous
devons donc recevoir ton Esprit, et nous le recevrons.
Divin Sauveur,
daigne engager tous tes disciples à se réunir pour demander, attendre et
recevoir ensemble un baptême de l'Esprit. Ouvre leurs yeux, fais leur voir
toutes les promesses qui leur annoncent l'envoi de ton Esprit. Dispose leur cœur
à se consacrer, comme toi, à vivre et à mourir pour leurs semblables. Nous savons
avec quel bonheur tu agiras alors en eux, comme celui « qui baptise du
Saint-Esprit et de feu ». Gloire à ton nom ! Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
VINGT-NEUVIÈME JOUR
COMME CHRIST
Vivant par le Père.
« Comme je vis
par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. » Jean 6 : 57.
Chaque fois
qu'il est question de marcher sur les traces de Christ et de lui être
semblable, on sent mieux le besoin de fixer ses regards sur l'intime et vivante
union qui relie le Précurseur à ses successeurs. Plus nous méditons ces
mots: Comme Christ, plus ils nous paraissent impossibles à réaliser sans
ceux-ci : En Christ. La ressemblance extérieure n'est que la
manifestation de l'union intérieure. Pour faire les mêmes œuvres que Christ,
il faut que je possède la même vie que lui. A mesure que je le prends
davantage pour mon Modèle, je suis obligé de le regarder comme ma Tête. Ce
n'est que sa vie en nous qui peut nous faire marcher comme lui.
Quelle promesse
bénie nous offre ici notre texte, nous assurant que la vie de Christ sur la
terre et notre vie, à nous, sont réellement semblables : « Comme je vis par
le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi ». Si vous voulez savoir
ce qu'est la vie en Christ, savoir ce qu'il sera pour vous, et tout ce qu'il
fera en vous? vous n'avez qu'à contempler ce qu'était le Père pour lui, et tout
ce qu'il faisait en lui. La vie de Christ en son Père et par le Père vous
offre le modèle et vous donne la mesure de ce que peut être votre vie en Christ
et par Christ. Cherchons à le comprendre.
Comme la vie de
Christ était une vie cachée en Dieu dans le ciel, la nôtre doit l'être
aussi. Quand il se dépouilla de sa gloire divine, il renonça à faire
usage de ses attributs divins. Comme homme, il devait vivre par la foi. II
devait recourir au Père pour obtenir de lui la sagesse et la puissance qu'il
plaisait au Père de lui communiquer. Il dépendait entièrement du Père. Sa vie
était cachée en Dieu. Ce n'était pas en vertu de son indépendance et de sa
divinité qu'il parlait et qu'il agissait, selon que le Père lui enjoignait de
le faire, c'était en vertu de l'action de l'Esprit saint en lui.
Pour vous,
croyant, c'est exactement de la même manière que « votre vie doit être
cachée avec Christ en Dieu ». (Col. 3:3). Que ceci vous fortifie dans la
voie à suivre. Christ vous appelle à une vie de foi et de dépendance, parce que
cette vie-là a été la sienne. Il en a éprouvé lui-même la bénédiction et à
présent il veut faire passer sa vie en vous, vous apprenant à ne plus vivre
autrement. Il savait que le Père était sa vie, qu'il vivait par le Père, et
que le Père pourvoyait d'instant en instant à tout ce dont il avait besoin.
Et maintenant, il vous assure que, comme il vivait par son Père, vous aussi,
vous vivrez par lui. Recevez avec foi cette assurance. Que votre cœur se
réjouisse de la plénitude de vie qui vous est préparée en Christ, sachant que
cette vie-là peut suffire à tout ce dont vous avez besoin. Ne vous figurez
donc plus que ce soit à vous d'entretenir votre vie spirituelle avec effort et
peine; réjouissez-vous bien plutôt de n'avoir pas à vivre par vos propres
forces, mais de pouvoir vivre de la vie divine de notre Seigneur Jésus, ainsi
que lui-même vivait de la vie du Père.
La vie de Christ
était une vie de puissance divine, quoiqu'elle fût une vie de dépendance
;
la nôtre le sera aussi. Jamais il ne s'est repenti d'avoir dépouillé sa gloire,
pour vivre devant Dieu comme un homme sur la terre. Jamais le Père n'a trompé
sa confiance. Il lui donnait toujours tout ce qu'il lui fallait pour accomplir
son oeuvre, et Christ faisait l'expérience que, malgré tout le bonheur dont il
avait joui en étant semblable à Dieu, dans le ciel, il n'y avait pas moins de
bonheur à vivre sur la terre dans une entière dépendance du Père, recevant tout
de sa main, jour après jour.
Croyant, si vous
le voulez, vous pouvez réaliser la même vie. La puissance divine du Seigneur
Jésus agira en vous et par vous. Ne pensez pas que vos circonstances
terrestres vous rendent impossible d'avoir une vie sainte à la gloire de Dieu. C'est
précisément pour réaliser la vie divine ici-bas, au milieu de circonstances
terrestres encore plus difficiles, que Christ est venu et a vécu sur la terre. Vous
pouvez, vous aussi, avoir par lui une vie céleste aussi bénie que le fut celle
qu'il obtenait du Père. Attendez beaucoup du Seigneur et de ce qu'il fera
par vous. Que tout votre désir soit de parvenir à une union plus complète avec
lui. Il est impossible de dire tout ce que le Seigneur Jésus ferait pour une
âme qui voudrait sincèrement vivre par lui, comme lui vivait par le Père.
C'est précisément parce qu'il recevait tout du Père, que le Père rendait sa
vie et ses œuvres si admirables ; vous aussi, vous éprouverez pour votre
travail que Jésus se charge entièrement de faire tout en vous.
La vie de Christ
a été la preuve évidente de son union avec le Père; la nôtre le sera aussi. Jésus dit : «
Comme le Père m'a envoyé et que: je vis par le Père,.. » Quand le Père voulut
se révéler à l'homme dans son amour, il ne put confier cette œuvre à nul autre
qu'à son Fils bien-aimé qui était un avec lui. C'est parce qu'il était son Fils
que le Père l'a envoyé, et l’ayant envoyé, il ne pouvait faire autrement que de
pourvoir à tout ce que réclamait sa vie. L'union sur laquelle reposait cette
mission donnait à Jésus la certitude qu'il vivrait ici-bas en recevant tout du
Père, qu'il vivrait de la vie même du Père.
« Ainsi, celui
qui me mange vivra par moi ». Jésus avait déjà dit auparavant : «
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi et moi en lui ».
(Jean 5 : 56). Par sa mort, il avait donné sa chair et son sang pour la vie du
monde. Par la foi, notre âme participe à la puissance de sa mort et de sa
résurrection, et acquiert ainsi un droit à sa vie, comme il avait droit
lui-même à la vie du Père. Les mots : « celui qui me mange »
expriment l'union intime, la communion non interrompue qui s'établit entre le
croyant et le Seigneur Jésus, et qui devient la puissance de sa vie. Aussi,
toute âme qui veut vivre entièrement et uniquement par Christ devra se nourrir
de lui chaque jour et s'approprier ainsi sa vie.
Pour y parvenir,
cherchez d'un cœur plein de foi à réaliser sans cesse que toute la plénitude de
la vie de Christ est réellement à vous. Contemplez avec bonheur en Jésus le
Représentant de l'humanité dans le ciel, pensez à tout ce que Dieu vous a
préparé en lui, votre Tête, à tout ce que le Saint-Esprit est chargé de faire
passer de cette Tête en vous, continuellement et sans obstacle. Remerciez Dieu
de ce qu'il vous a racheté par Christ, vous donnant ainsi le moyen : d'obtenir
la vie divine et de jouir dès à présent de la vie en Christ. Offrez-vous sans
cesse à lui avec ouverture de cœur, consacrant votre vie tout entière à son
service. Persévérez dans cette communion de foi, d'amour et de consécration;
que ses paroles demeurent en vous et qu'il soit ainsi votre nourriture
quotidienne : « Celui qui me mange vivra par moi, comme je vis par le
Père ».
Cher frère chrétien
! A la lumière de cette promesse, ne commencez-vous pas à croire qu'il est
possible de ressembler à Christ, que celui qui vit par Christ peut
aussi vivre comme lui? Contemplons donc avec adoration la vie
admirable de Christ sur la terre, sa vie par le Père, jusqu'à ce que de tout
notre cœur nous comprenions et acceptions cette parole : « Ainsi, celui qui
me mange vivra par moi ». Alors, nous n'aurons plus ni inquiétude, ni
crainte, parce que le même Christ qui nous a donné son exemple à suivre, nous
enverra du ciel la vie divine qui peut seule nous faire suivre son exemple.
Notre vie alors deviendra une vie de louange continuelle au Seigneur : A lui,
qui vit en nous, pour nous faire vivre comme lui, soit tout notre cœur !
O mon Dieu !
comment te remercier de cette grâce immense ! Ton Fils s'est fait homme pour
nous faire connaître le bonheur de vivre dans la dépendance du Père. Lui-même a
vécu par le Père ; nous avons vu en lui ce que la vie divine peut accomplir
ici-bas ; et à présent qu'il est monté au ciel et qu'il a le pouvoir de nous
communiquer sa vie, nous sommes appelés à vivre comme il a vécu lui-même sur la
terre, nous vivons par lui. O Dieu, loué soit ton nom pour cette grâce
indicible!
Seigneur, mon
Dieu, écoute la prière que je te présente aujourd'hui : S'il se peut, fais-moi
mieux saisir, beaucoup mieux encore, cette vie de Christ par le Père. J'ai
besoin de la comprendre mieux, ô mon Dieu, pour vivre comme lui. Daigne me
donner l'esprit de sagesse pour que j'apprenne à mieux connaître Christ. Alors,
je saurai ce que je puis attendre de lui, ce que je puis faire par lui. Alors,
il n'y aura plus pour moi de lutte, ni d'effort à vivre selon ta volonté et à
suivre son exemple, car je saurai que ma vie peut devenir semblable à ce que
fut la sienne sur la terre, selon cette promesse : « Comme je vis par mon
Père, ainsi celui qui me mangera, vivra par moi ». Alors, je me nourrirai
vraiment de Christ, faisant avec joie l'expérience que je vis par lui. O mon
Père, accorde-le-moi pleinement pour l'amour de son nom Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
TRENTIÈME JOUR
COMME CHRIST
En glorifiant le Père.
« Père, l'heure
est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie. Je t'ai glorifié
sur la terre » Jean 17 : 1, 4.
« Mon Père sera
glorifié si vous portez beaucoup de fruit, et vous serez mes disciples. » Jean 15 : 8 .
La gloire d'un objet
résulte d'une excellence intrinsèque si parfaite, qu'il puisse répondre de tout
point à sa destination, mais cette excellence et cette perfection peuvent rester
si cachées, si inconnues, qu'il paraisse n'avoir aucune gloire. Pour le glorifier,
pour révéler sa gloire, il importe donc d'enlever tout ce qui empêcherait
sa valeur et sa perfection de se révéler pleinement.
La plus grande
perfection de Dieu, le plus grand mystère de la divinité, c'est la sainteté. En elle se
réunissent la justice et l'amour. Il est appelé « le Saint » ; comme tel il ne
peut souffrir le péché et il le condamne ; comme tel il délivre aussi le
pécheur de la puissance du péché, et le met en communion avec lui-même. Son nom
est « le Saint d'Israël, ton Rédempteur » (Esa. 41 : 14). L'hymne de la
rédemption le célèbre par ces mots : « Le Saint d'Israël est grand au milieu
de toi » (Esa. 12 : 6). Dans le Nouveau Testament le terme de saint est
donné à l'Esprit qui relie Dieu à l'homme, plus encore qu'il n'est donné au
Père et au Fils. C'est cette sainteté par laquelle Dieu juge le péché et
sauve le pécheur qui constitue sa gloire, et c'est pour cette raison que ces
deux mots se trouvent souvent ensemble, comme dans le cantique des Séraphins : «
Saint, saint, saint est l'Eternel des armées! Toute la terre est pleine de sa
gloire! » (Esa. : 3) et aussi dans le cantique de l'Agneau : « Qui ne
glorifiera ton nom? Car tu es le seul saint ». (Apo. 15 : 4). On a dit
avec raison que la gloire de Dieu est sa sainteté manifestée et que la sainteté
de Dieu est sa gloire cachée.
Quand Jésus vint
sur la terre, ce fut pour glorifier le Père, pour montrer dans toute sa beauté
et tout son éclat cette gloire que le péché avait entièrement voilée à l'homme.
L'homme lui-même avait été créé à l'image de Dieu, afin que Dieu pût lui
communiquer quelque chose de sa gloire, la rendre visible en lui, et en être
glorifié. Le Saint-Esprit dit : « L'homme est l'image et la gloire de Dieu »
(1 Cor. 11 : 7). C'est pour rendre à l'homme sa première destination que
Jésus est venu. Il a laissé la gloire qu'il avait auprès du Père, il a
participé à notre faiblesse et à notre humiliation pour nous apprendre à
glorifier le Père sur la terre. La gloire de Dieu est parfaite, infinie;
l'homme ne saurait contribuer à ajouter quoi que ce soit à la gloire que Dieu
possède déjà; aussi ne peut-il être qu'un miroir servant à refléter la gloire
de Dieu, et comme c'est la sainteté de Dieu qui fait sa gloire, Dieu sera
glorifié par l'homme dans la mesure où l'homme reflétera cette divine sainteté.
Jésus a glorifié
Dieu en lui obéissant. Tous les commandements de Dieu à Israël
revenaient à celui-ci : « Soyez saints, car je suis saint » (Lév. 16 : 2).
En gardant ces commandements, Israël se serait fait une vie en parfait accord
avec Dieu, une vie de communion avec « le Saint ». Christ nous a montré par ses
luttes contre le péché et Satan, par le sacrifice de sa propre volonté, par sa
soumission aux directions du Père, par son obéissance absolue aux Ecritures,
que le but de sa vie était de faire comprendre aux hommes le bonheur qu'on
éprouve à laisser le Dieu saint être réellement Dieu, à accepter sa
volonté seule et à lui obéir. C'est parce que Dieu seul est saint que sa
volonté seule doit être faite, et que par là sa gloire se verra en nous.
Jésus a glorifié
Dieu en le confessant devant les hommes. Non seulement
il leur transmettait le message qu'il avait reçu de Dieu, en s'attachant à leur
faire mieux connaître le Père, mais ce qui est plus frappant encore, il parlait
sans cesse de ses rapports personnels avec le Père. Sans se borner à compter
sur l'influence silencieuse de la sainteté de sa vie, il cherchait à faire
comprendre quelle était la source de cette vie et quel était son but. Jour
après jour il leur disait qu'il était un serviteur envoyé par le Père, qu'il
dépendait de lui, qu'il lui devait, toutes choses, qu'il ne cherchait que la
gloire du Père, que tout son bonheur était de plaire au Père et de s'assurer
son amour et sa faveur. Jésus a glorifié Dieu en se donnant lui-même pour
accomplir l'œuvre d'amour de la rédemption. La gloire de Dieu est
dans sa sainteté et la sainteté de Dieu est dans son amour qui rachète le
pécheur, cet amour qui triomphe du péché en sauvant le pécheur. Jésus ne s'est
pas borné à nous parler de la justice de Dieu qui condamne le péché, et de
l'amour de Dieu toujours prêt à sauver ceux qui se détournent du péché, mais
par sa vie même, il nous a fait connaître cet amour, mais par sa mort il s'est
offert en sacrifice pour satisfaire à cette justice. Ce n'était pas seulement
par son obéissance ou par sa profession de foi qu'il glorifiait Dieu, c'était
en se donnant lui-même, afin d'exalter la sainteté de Dieu et de satisfaire à
la fois à sa loi et à son amour par l'expiation. Il s'est donné, lui, tout son
être et toute sa vie, pour nous révéler en sa personne la vie sainte du Père et
sa volonté de nous bénir. Son but était de nous faire savoir que si le Père
devait condamner le péché, il voulait sauver le pécheur. Pour atteindre ce but,
aucun sacrifice ne lui parut trop grand : sa vie et sa mort n'eurent d'autre
objet que celui de faire resplendir dans le cœur de l'homme la gloire du Père,
la gloire de sa sainteté et de son amour au travers des ténèbres du péché et de
la chair. Il nous le dit lui-même à la fin de sa vie et du milieu de son
angoisse : « Maintenant mon âme est troublée, et que dirai-je... Père,
délivre-moi de cette heure? Mais c'est pour cela que je suis venu à cette
heure. Père : glorifie ton nom ». Et la certitude que son sacrifice était
accepté lui fut donné par cette réponse : « Je l'ai glorifié et je le
glorifierai encore » (Jean, 12 : 27, 29).
Voilà comment
Jésus, homme, fut préparé à participer à la gloire de Dieu. C'est dans son
humiliation sur la terre qu'il la chercha, c'est sur le trône dans le ciel
qu'il la trouva. Et par là il est devenu notre précurseur, il a conduit un
grand nombre de rachetés à la gloire. Par son exemple, nous savons que le moyen
le plus sûr de parvenir à la gloire divine dans le ciel est de vivre ici-bas
uniquement en vue de la gloire de Dieu. Oui, la gloire de notre vie terrestre
est de glorifier Dieu ici-bas et c'est là ce qui nous prépare à être glorifié
avec lui à jamais.
Bien-aimé frère
chrétien, notre vocation n'est-elle pas belle et heureuse au delà de toute,
imagination puisqu'elle nous appelle à vivre comme Christ dans le but unique de
glorifier Dieu, de révéler la gloire de Dieu dans chaque détail de notre vie?
Prenons le temps de nous pénétrer de cette précieuse vérité : Notre vie de
chaque jour peut refléter la gloire de Dieu jusque dans ses moindres actes.
Jésus glorifia le Père. Voilà ce qui doit nous faire désirer de lui ressembler.
Ecoutons-le nous signaler la gloire du Père comme le but à atteindre :
« afin qu'ils glorifient votre Père qui est dans les Cieux ». (Mat.
5 : 16). Ecoutons-le nous indiquer le moyen : « Mon Père sera glorifie si
vous portez beaucoup de fruits ». Souvenons-nous que c'est pour cela qu'il
a promis d'exaucer nos prières depuis le ciel. Que nos prières tendent donc à
ce que « le Père soit glorifié par le fils! » (Jean 14 : 13). Que toute
notre vie cherche comme celle de Christ, à glorifier Dieu. Avec l'élan de la
foi prenons pour mot d'ordre : tout, tout à la gloire de Dieu, comptant
sur la plénitude de l'Esprit pour le réaliser dans notre vie. « Ne
savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en
vous?... Glorifiez donc Dieu en votre corps et en votre esprit ». (1 Cor. 6
: 19, 20).
Pour savoir
comment il est possible de parvenir à cette vie-là, étudions de nouveau la vie
de Jésus. Il obéissait au Père. Qu'une obéissance droite et franche remplisse
aussi notre vie. Avec l'humilité et la confiance de l'enfant, avec la soumission
du soldat qui attend ses ordres, avec la dépendance qu'observait Christ,
vis-à-vis de son Père, attendons chaque jour que Dieu nous montre le chemin à
suivre. Faisons toutes choses pour le Seigneur selon sa volonté et à sa gloire,
rapportant tout à lui. Que la gloire de Dieu devienne visible en nous par la
sainteté de notre vie.
Jésus confessait
le Père. Il n'hésitait pas à parler souvent de ses rapports avec le Père, il
parlait de lui comme un petit enfant parlerait de son père terrestre. Ce n'est
pas assez d'avoir une vie sainte devant les hommes ; il faut encore qu'ils
entendent, non seulement par des prédications du haut de la chaire, mais par
des témoignages individuels, que c'est notre amour pour le Père qui nous
fait agir et vivre pour lui. Le témoignage des paroles doit marcher
de front avec celui de la vie de chaque jour.
Jésus se
consacrait à l'œuvre de son Père et le glorifiait ainsi, montrant aux pécheurs
que Dieu a le droit de les posséder entièrement, que la gloire de Dieu est le
seul but pour lequel il vaille la peine de vivre et de mourir. Dès que nous
tendons à ce but-là, Dieu se sert de nous pour amener d'autres pécheurs à vivre
aussi à sa gloire. C'était pour amener les hommes à glorifier leur Père
céleste, pour leur faire trouver leur bonheur à servir ce Dieu de gloire, que
Jésus a vécu sur la terre, et c'est là ce que nous devons faire aussi. Oh!
donnons-nous à Dieu pour sauver les pécheurs, intercédons pour eux,
travaillons, vivons et mourons pour faire connaître à nos semblables la sainteté
de Dieu, afin que toute la terre soit remplie de sa gloire. Croyant, l'Esprit
de Dieu, l'Esprit de gloire et de sainteté repose sur vous. Jésus veut
accomplir en vous son œuvre de prédilection, il veut glorifier le Père en vous.
Ne craignez donc pas de dire : O mon Père, en ton Fils, comme ton Fils, je
veux ne vivre que pour te glorifier.
O mon Dieu! Je
te prie, fais-moi voir ta gloire ! Je sais qu'il m'est absolument impossible
par mes résolutions et mes propres efforts de vivre uniquement pour ta gloire.
Mais si tu veux faire passer toute ta bonté devant moi, si tu veux me révéler
ta gloire, ta gloire sans pareille, si tu veux, ô mon Père, faire briller ta
gloire dans mon cœur et prendre possession de tout mon être, je ne cesserai de
te glorifier et de dire à tous que tu es le Dieu de sainteté et de gloire.
Seigneur Jésus,
toi qui es venu sur la terre pour glorifier le Père à nos yeux, et qui es
ensuite remonté au ciel, nous laissant le soin de le glorifier en ton nom et à
ta place, oh! fais-nous comprendre par ton Saint-Esprit comment tu pouvais le
faire. Révèle-nous quel était le mobile de ton obéissance au Père ;
enseigne-nous à reconnaître comme toi, qu'à tout prix sa volonté doit être
faite. Qu'en considérant ta fidélité à confesser le Père, à rendre témoignage
de ce qu'il était pour toi, et de ce que tu ressentais pour lui, nous
apprenions à rendre témoignage, nous aussi, de ce que nous avons déjà éprouvé
de l'amour du Père, afin que d'autres encore soient amenés à le glorifier.
Enseigne-nous à trouver notre plus grande joie dans l'amour qui cherche à
sauver le pécheur et à glorifier Dieu par la sainteté victorieuse du péché.
Oui, Seigneur, prends possession de tout notre cœur, afin que nous puissions
concourir à ce que « toute langue confesse que Jésus-Christ est le
Seigneur à la gloire de Dieu le père » (Phil. 2 : 11).
O mon Père ! Que
toute la terre, que mon cœur aussi, soient remplis de ta gloire. Amen.
(Voir la note 9e).
COMME CHRIST
(Murray)
TRENTE-UNIÈME JOUR
COMME CHRIST
Dans sa gloire.
« Nous savons
que lorsqu'il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le
verrons tel qu'il est. Et quiconque a cette espérance en lui, se purifie
lui-même comme lui-même est pur. » 1 Jean 3 : 2,3
« Je dispose du
royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur. » Luc 22 :
29.
La gloire de
Dieu se manifeste par sa sainteté. Glorifier Dieu, c'est nous livrer à lui
pour qu'il fasse paraître sa gloire en nous. Ce n'est qu'en le laissant nous
sanctifier, remplir notre vie de sa sainteté, que nous parviendrons à
manifester sa gloire. L'œuvre de Christ était de glorifier le Père, de
révéler sa gloire et sa sainteté. Notre œuvre à nous est, comme celle de
Christ, de faire connaître, par notre obéissance, par notre témoignage et notre
vie tout entière, que notre Dieu est le Dieu de gloire et de sainteté, et de
contribuer ainsi à ce qu'il soit glorifié dans les cieux et sur la terre.
Quand notre
Seigneur Jésus eut glorifié son Père sur la terre, le Père le glorifia auprès
de lui dans le ciel. C'était là non seulement sa juste récompense, mais la conséquence
nécessaire de toute sa vie, car pour une vie consacrée à la gloire de Dieu
comme le fut celle de Christ, il n'est plus d'autre milieu possible que cette
gloire divine. Et c'est ce qui a lieu pour nous aussi. Le cœur qui est
altéré de la gloire de Dieu, qui est prêt à vivre et à mourir pour glorifier
Dieu, est par là même préparé à vivre dans cette gloire divine. Vivre
sur la terre à la gloire de Dieu, conduit à vivre ensuite au ciel dans
la gloire de Dieu. Si avec Christ nous glorifions le Père
ici-bas, le Père et le Fils nous glorifieront aussi, et alors nous serons «
semblables à lui », dans sa gloire.
Nous serons «
semblables à lui » dans sa gloire spirituelle, la gloire de sa sainteté. Ces deux mots
se réunissent pour former le nom du Saint-Esprit, et nous montrer par là
l'étroite union qui existe entre ce qui est saint et ce qui est spirituel.
Quand Jésus eut glorifié Dieu comme homme par la sainteté de sa vie
terrestre, ce fut aussi comme homme qu'il entra dans la gloire divine. Il
en est de même pour nous. Si nous nous abandonnons à Dieu pour que sa gloire
prenne possession de nous, pour que sa sainteté et son Esprit manifestent leur
présence en nous, notre nature humaine avec toutes ses facultés en sera
transformée à l'image de Dieu au delà de toute prévision recevant la pureté, la
sainteté, la vie et l'éclat même de la gloire de Dieu.
Nous serons «
semblables à lui » dans son corps glorifié. On a dit avec
raison que l'incarnation est le plus haut degré de l'œuvre de Dieu. La création
de l'homme devait être le chef-d'œuvre de Dieu. Jusque-là il y avait eu des
esprits sans corps, et des corps animés sans esprit, mais l'homme devait réunir
ensemble esprit et corps, l'esprit élevant et spiritualisant le corps, lui
donnant sa pureté, sa perfection céleste. L'homme dans son ensemble est l'image
de Dieu, son corps aussi bien que son esprit. En la personne de Jésus, ô
mystère des mystères, un corps d'homme s'est assis sur le trône de Dieu,
partageant et possédant la gloire divine. Nos corps aussi doivent être
l'objet d'une transformation qui sera le miracle le plus surprenant de la
puissance divine : « Il transformera notre corps vil pour le rendre conforme
à son corps glorieux, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses »
(Phil. 3 : 21). La gloire de Dieu se voyant dans notre corps, ce corps rendu
semblable au corps glorieux de Christ, ne sera-ce pas plus merveilleux encore
que la manifestation de sa gloire dans notre esprit? Nous attendons «
l'adoption, savoir la rédemption de notre corps » (Rom. 8 : 23).
Nous « serons
semblables à lui » aussi quant là la place d'honneur qu'il occupe. Chaque objet
doit être placé de manière à être vu à son avantage. La place de Christ est au
centre de l'univers, c'est le trône de Dieu. Il a dit à ses disciples : « Où
je serai, celui qui me sert y sera aussi, et si quelqu'un me sert, mon Père
l'honorera » (Jean 12 : 26). « Je dispose du royaume en votre faveur, comme
mon Père en a disposé pour moi, afin que vous mangiez et que vous buviez à ma
table dans mon royaume et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les
douze tribus d'Israël » (Luc 22: 29, 30). Il dit à l'église de Thyatire : «
A celui qui aura vaincu et qui aura gardé mes œuvres jusqu'à la fin, je lui
donnerai puissance sur les nations... ainsi que j'en ai moi-même reçu le
pouvoir de mon Père ». Et à l'église de Laodicée : « Celui qui vaincra,
je le ferai asseoir avec moi sur; mon trône, comme moi-même j'ai
vaincu et suis assis avec mon Père sur son trône » (Apo. 2 : 26 : 3 :
21). Enfin rien de plus élevé et de plus précis que ces mots : « Comme nous
portons l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste » (1
Cor. 15 : 49). La ressemblance sera complète et parfaite.
De pareils
aperçus du monde à venir, donnés par Dieu lui-même, nous révèlent mieux que
nulle imagination de notre part, quelle force de vérité, quelle divine portée
renferme cette parole du Créateur : « Faisons l'homme à notre image, selon
notre ressemblance » (Gen. 1 : 26). L'homme est destiné à manifester
l'image du Dieu invisible, à participer de la nature divine, à partager avec
Dieu le règne de l'univers. Quelle gloire indicible dans la position que
Dieu nous fait là. Placés entre deux éternités, entre le dessein éternel qui
nous a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils et la réalisation
éternelle de ce dessein qui nous rendra semblables à lui dans sa gloire, nous
entendons de part et d'autre une voix qui nous crie : O vous qui avez été créés
pour être l'image de Dieu, vous qui vous acheminez à partager la gloire de Dieu
et de Christ, vivez d'une vie divine, d'une vie semblable à celle de Christ !
« Je serai
rassasié de ta ressemblance quand je serai réveillé » (Psa. 17 : 15)
s'écriait le psalmiste. Rien ne saurait satisfaire notre âme sinon l'image de
Dieu, puisque c'est pour cela même qu'elle fut créée. Nous ne saurions donc
nous contenter de contempler cette image ; il faut que nous la possédions.
Ce n'est qu'en participant nous-mêmes à cette ressemblance de Dieu que nous
pourrons être satisfaits. Heureux ceux qui la désirent, qui languissent de la
posséder, car ils l'obtiendront. C'est cette ressemblance même de Dieu qui sera
leur gloire, une gloire qui, rayonnant de Dieu lui-même, se communiquera à eux
pour rayonner dans tout leur être, et de là dans tout l'univers, « Quand
Christ, qui est votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans
la gloire » (Col. 8:4).
Bien-aimés
frères chrétiens, il faut que ce qui sera manifesté au jour de Christ commence
déjà dans votre vie terrestre. Si la gloire de Dieu n'est pas dès
ici-bas notre vie, elle ne pourra pas l'être non plus alors; impossible. Dieu
ne glorifiera plus tard que celui qui le glorifie ici-bas. « L'homme est
l'image et la gloire de Dieu » (1 Cor. 11 : 7). Ce n'est qu'autant que vous
porterez ici-bas l'image de Dieu en vivant d'une vie conforme à celle de Jésus
qui est « la splendeur de sa gloire et l'image empreinte de sa personne » (Héb.
1:8), que vous serez aussi comblés de gloire dans la vie à venir. Pour être
transformés à l'image du Christ céleste dans la gloire, il faut que nous
portions d'abord l'image du Christ terrestre dans l'humiliation.
Enfant de Dieu, Christ
est l'image incréée de Dieu, tandis que l'homme est son image créée. Sur le
trône dans la gloire, l'un et l'autre se réuniront pour l'éternité. Nous
savons ce qu’a fait Christ ; il a tout sacrifié pour nous rendre la possession
de cette image. Oh ! ne nous livrerons-nous pas enfin à cet amour admirable, à
cette gloire inimaginable, ne consacrerons-nous pas notre vie tout entière à
manifester la ressemblance et la gloire de Christ? Comme lui, ne ferons-nous
pas de la gloire du Père notre but et notre espérance, vivant à sa gloire
ici-bas, afin de vivre dans sa gloire ensuite?
Bien-aimés
frères, vous qui m'avez accompagné jusqu'ici dans ces méditations sur l'image
de notre Seigneur et sur la conformité à sa vie qui est notre privilège, le
moment est venu de nous quitter. Faisons-le en nous disant : « Nous serons
semblables à lui parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a cette
espérance en lui, se purifie lui-même, comme lui est pur » (1 Jean 3 : 2,
3). Comme Christ, prions les uns pour les autres, prions pour tous les
enfants de Dieu, demandant et pour eux et pour nous que ce soit là le seul but
de notre foi, le seul désir de notre cœur, la seule joie de notre vie. Oh ! que
sera-ce quand nous nous rencontrerons dans la gloire, quand nous le verrons tel
qu'il est, et que nous nous verrons tous semblables à lui !
O notre Dieu,
toi, le Dieu de gloire, quelles; actions de grâce te rendrons-nous pour nous
avoir donné Christ qui est l'image de Dieu, pour nous avoir admis à l'éclat de
ta gloire qui rayonne de lui à nous ! Quelles actions de grâce te rendrons-nous
pour nous avoir fait voir en Jésus, non seulement ce qu'il est, mais
encore l'image de notre gloire à nous, le gage de ce que nous devons être en
lui dans l'éternité l
O Dieu,
pardonne, pardonne-nous pour l'amour de Jésus et de son sang, d'avoir si peu
cru ces choses, d'avoir si peu vécu de sa vie. Nous te supplions aussi de
vouloir bien révéler à tous ceux qui ont pris part à ces méditations: ce qu'est
la gloire dans laquelle ils peuvent vivre dès à présent en te glorifiant
sur la terre.
O Père,
réveille-nous, nous et tous tes enfants. Fais-nous voir et comprendre
que tu nous appelles à passer l'éternité dans ta gloire, que tu veux nous
envelopper et nous remplir de ta gloire, que nous devons être « semblables à
ton. Fils dans sa gloire ». Père, nous te prions de secourir ton Eglise.
Que ton Esprit saint, l'Esprit de gloire, vienne agir avec puissance en elle,
et qu'elle se signale par son désir de voir la gloire de Dieu reposer sur elle.
Notre Père,
accorde-le-nous pour l'amour de Jésus. Amen.
COMME CHRIST
(Murray)
DE
DE PRÊCHER
CHRIST COMME NOTRE MODÈLE.
« Faisons
l'homme à notre image, selon notre ressemblance ». C'est par ces
mots du Créateur que débute l'histoire de l'homme dans
L'existence d'un
être créé et pourtant semblable à Dieu : c'était bien là un dessein digne de
Quand le péché
entra dans le monde et fit déchoir l'homme de sa haute destinée, Dieu
n'abandonna pas son dessein. Ses révélations à Israël aboutissaient toutes à ce
point central : « Soyez saint, car je suis saint » (Lév. 19 : 2), et
Israël devait aspirer à ressembler à Dieu dans sa sainteté qui est sa plus
haute perfection. Plus tard, la rédemption ne se proposa pas d'autre idéal.
Elle ne pouvait que reprendre et accomplir le dessein éternel révélé à la
création.
C'est pour cela
que le Père envoya sur la terre son Fils qui était « l'image empreinte de sa
personne » (Héb. 1:3). En lui s'est manifestée sous forme humaine cette
ressemblance de Dieu pour laquelle nous avions été créés et que chacun de nous
individuellement devait s'approprier. Jésus est venu nous montrer à la fois
l'image de Dieu et notre propre image. Sa vue devait éveiller en nous le
désir de retrouver cette ressemblance divine perdue depuis si longtemps, elle
devait faire naître en nous cette espérance et cette foi qui donnent le courage
de renoncer à soi-même pour être renouvelé à l'image de Dieu. Pour nous
amener là, Jésus avait une double œuvre à accomplir. Il devait d'abord nous
révéler par sa vie l'image de Dieu, afin de nous faire comprendre ce que
c'est que de vivre à la ressemblance de Dieu, et ce que nous pouvions attendre
et recevoir de lui, notre Rédempteur. Après avoir fait cela, après nous avoir
montré la vie de Dieu dans sa vie humaine, il est mort pour pouvoir nous
communiquer sa propre vie, la vie à l'image de Dieu, et nous mettre
ainsi en état de vivre conformément à ce que nous avions vu en lui. Puis quand
il est monté au ciel, il nous a envoyé par le Saint-Esprit la puissance de vie
que nous avions en vue en lui contemplée en sa personne et qu'il nous avait
acquise par sa mort.
Il est facile de
voir combien ces deux parties de l'œuvre de Christ sont étroitement liées l'une
à l'autre. Ce qu'il nous offre dans sa vie comme notre Modèle, il nous
l'acquiert par sa mort comme notre Rédempteur. En d'autres termes, sa vie
terrestre nous a indiqué la voie à suivre, sa vie céleste nous envoie la force
d'y marcher. Nul n'a le droit de séparer ce que Dieu a uni. Celui qui
n'a pas une pleine foi en la rédemption, n'a pas la force de suivre l'exemple
de Christ. Et celui qui ne cherche pas à être conforme à l'image de Dieu,
voyant là le grand but de la rédemption, ne peut pas non plus jouir de toute sa
plénitude. Christ a vécu sur la terre pour manifester l'image de Dieu
dans sa vie; il vit à présent au ciel pour que nous puissions manifester à
notre tour l'image de Dieu dans notre vie.
L'église de
Christ n'a pas toujours maintenu l'équilibre entre ces deux vérités. L'église
catholique romaine insiste avant tout sur la nécessité de suivre l'exemple de
Christ. Il en résulte qu'elle peut citer un grand nombre de saints qui, malgré
beaucoup d'erreurs, ont cherché par une dévotion admirable à refléter à la
lettre et de tous points l'image du Maître. Mais, au grand dommage des âmes
sérieuses, l'autre partie de la vérité reste dans l'ombre. Cette église
n'enseigne pas que pour être capable de vivre comme Christ, il faut d'abord
recevoir en soi la vie qu'il nous a acquise par sa mort.
Les églises
protestantes doivent leur origine au réveil de cette dernière vérité. Le pardon et la
grâce de Dieu reprirent alors leur place, à la grande joie et consolation de
milliers d'âmes angoissées, mais on n'évita pas toujours l'écueil opposé, celui
de ne plus voir que ce seul côté de la vérité. On n'enseigna pas assez
clairement que Christ avait vécu sur la terre, non seulement pour racheter le
pécheur par sa mort, mais encore pour lui montrer comment il devait vivre
ici-bas. Toute Eglise orthodoxe voit bien en Christ le modèle à suivre, mais
elle n'insiste pas sur la nécessité absolue de suivre ce modèle, autant
que sur la nécessité de croire à l'expiation de Christ. On prend beaucoup de
peine, et on fait bien, pour amener les pécheurs à recevoir le salut que leur
acquiert la mort de Christ, mais on n'en prend pas autant, et c'est bien à tort,
pour les amener à conformer leur vie à, celle de Christ, ce qui est pourtant le
signe distinctif et la preuve certaine de tout vrai christianisme.
Est-il
nécessaire de signaler ici l'influence qu'a sur la vie de l'église la manière
de présenter cette vérité? Si l'expiation et le pardon sont tout, et si
l'imitation de Jésus n'est qu'un point secondaire et qui va de soi, l'attention
se porte principalement sur l'expiation. On cherchera surtout à obtenir le
pardon et la paix, et quand on les aura obtenus, on sera tenté de s'en
contenter et d'en rester là. Si, au contraire, on remonte au but que Dieu s'est
proposé à la création, et que l'on prêche la nécessité de devenir conforme à
l'image de Christ, présentant l'expiation comme le moyen d'y parvenir, toute prédication
sur la repentance et le pardon mettra en relief le devoir de la sainteté. La
foi en Jésus sera alors inséparable de la conformité à sa vie et cette
Eglise-là produira de véritables disciples du Seigneur.
En ceci, les
Eglises protestantes ont des progrès à faire. L'Eglise ne pourra revêtir tous
ses atours et refléter la gloire de Dieu, que lorsqu'elle recevra ces deux
vérités inséparables, telles que nous les présente la vie de Christ. Dans tout
ce qu'il fit et souffrit pour nous, il nous a laissé un exemple à suivre, aussi
tout, vrai christianisme ne se borne pas à porter haut, la bannière de la
croix; il donne tout autant, d'importance à la nécessité de souffrir la
croix avec Christ qu'à l’expiation sur la croix.
C'est là ce
qu'enseigne clairement notre divin Maître. Quand il parle de la croix, il
insiste moins sur l'expiation que sur la nécessité de lui ressembler. Que de
fois il dit à ses disciples qu'ils doivent souffrir la croix avec lui et comme
lui, qu'à ce prix-là seulement ils pourront être ses disciples et avoir part
aux bénédictions qu'allait leur acquérir sa mort sur la croix. Quand Pierre «
se mit à le reprendre » au sujet de sa mort (Mat. 16, 21), Jésus ne chercha pas
à lui prouver la nécessité de sa croix pour le salut des hommes, il insista
seulement sur ce que la mort du moi était pour lui-même, comme pour nous, le
seul moyen d'obtenir la vie de Dieu. Il faut que le disciple soit semblable au
Maître. Jésus nous parle de la croix pour nous rappeler l'obligation de
renoncer à nous-mêmes, de nous livrer à la mort, si nous voulons recevoir la
vie divine qu'il est venu nous apporter. Ce n'est pas moi seul, disait-il, qui
dois mourir, c'est vous aussi; la croix, l'esprit de sacrifice, seront la
preuve de votre fidélité. La première Epître de Pierre nous montre que l'apôtre
avait bien compris ces mots. Dans les deux importants passages où il nous dit
que « Christ a souffert pour nous, qu'il a porté nos péchés en son corps sur
le bois, qu'il a souffert pour les péchés, lui juste pour les injustes »,
il ne parle guère qu'incidemment des souffrances du Seigneur, son but est de
démontrer que nous devons aussi souffrir comme lui (1 Pier. 2 : 21, 24 ; 3 :
18), que nous devons voir dans la croix de Christ non seulement le moyen qui
l'introduisit dans la gloire, mais aussi la voie où chacun de nous doit le
suivre.
Paul reprend et
expose avec force la même pensée. A ne prendre qu'une seule de ses Epître,
celle aux Galates, nous trouvons quatre passages qui proclament la puissance
de la croix. L'un d'eux exprime d'une manière saisissante la substitution
et l'expiation : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, ayant
été fait malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit quiconque est pendu
au bois ». (Gal. 3 : 13). C'est en effet là l'une des bases sur lesquelles
reposent l'Eglise et la foi des chrétiens, mais pour tout édifice il faut plus
encore que des bases, aussi cette même Epître nous répète jusqu'à trois fois
que c'est dans notre conformité avec Christ sur la croix qu'est le secret
de toute notre vie chrétienne. « J'ai été crucifié avec Christ ». «
Ceux qui sont à Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses
convoitises ». « Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la
croix de notre Seigneur Jésus-Christ par laquelle le monde est crucifié pour
moi, et moi au monde ». (Gal. 2 : 20. — 4 : 24. — 6 : 14).
La mort de
Christ sur la croix pour notre salut n'est que le commencement de son œuvre en
nous ; elle nous fait prévoir tout ce que la croix peut être pour nous
quand nous la partageons dans notre vie de chaque jour avec lui, le Crucifié,
faisant l'expérience de ce que c'est que d'être crucifié au monde. Et
pourtant que de prédications, aussi profondes de pensée qu'éloquentes de
parole, exaltent la croix de Christ, la mort de Christ pour sauver le pécheur,
mais passent sous silence notre mort avec Christ, cette mort dont Paul se
faisait gloire !
L'Eglise a
besoin d'entendre retentir cette vérité-là aussi bien que l'autre. Il faut que
les chrétiens comprennent que subir la croix, ce n'est pas supporter les
diverses afflictions qu'on appelle des croix, mais qu'avant tout il s'agit là
d'abandonner sa vie, de mourir au moi et d'être scellé ainsi du même sceau que
Jésus, ce qui nous est tout autant et plus nécessaire encore dans la prospérité
que dans l'adversité, et que sans cela nul ne peut avoir part à la plénitude
des bénédictions que nous révèle la croix. C'est la croix comprise ainsi, non
seulement la croix dressée au Calvaire, mais la croix de notre propre
crucifiement s'étendant à toute notre vie active, qui sera pour nous et pour
toute l'Eglise, comme elle le fut pour Christ, la voie qui conduit à la
victoire et à la gloire, la puissance de Dieu pour le salut des hommes.
La rédemption
nous offre donc ces deux faces: Christ subissant la croix pour expier
nos péchés et nous ouvrir le chemin de la vie ; nous-mêmes subissant la croix
avec Christ, pour pouvoir marcher en conformité de vie avec lui et à son image.
Il faut que Christ notre Garant, et Christ notre Modèle, soient également
prêches.
Mais il ne
suffit pas de prêcher ces deux doctrines séparément, elles ne peuvent exercer
toute leur influence qu'en se réunissant dans cette autre et profonde vérité
qui nous présente Christ comme notre Tête. Quand nous saisirons bien que
c'est notre union avec Jésus qui nous fait participer soit à l'expiation du
Garant, soit à
Ceci ouvre un
vaste champ au prédicateur qui voudra conduire ses auditeurs dans la voie d'une
entière conformité à l'image de Christ. La vie chrétienne vraiment semblable à
celle de Christ peut se comparer à un arbre dont la racine et les fruits sont
réunis par le tronc. Dans la prédication comme dans la vie privée, ce sont les
fruits d'abord qui attirent l'attention. Les paroles de Christ : «
Faites comme je vous ai fait », et, dans les Epîtres, les fréquentes
exhortations à aimer, à pardonner, à supporter comme Christ l'a fait, nous
amènent aussitôt à comparer la vie des chrétiens de nos jours avec la vie de
Christ et à présenter comme règle de conduite l'exemple que nous fournit la vie
du Sauveur. Ceci fera sentir le besoin de prendre le temps d'étudier chaque
trait de cet admirable Modèle pour savoir plus exactement ce que Dieu veut de
nous actuellement. Il faut que les croyants en viennent à bien saisir que la
vie de Christ est réellement la règle de leur vie à eux, et que Dieu attend
d'eux qu'ils s'y conforment entièrement. Sans doute, il y a différence d'éclat
entre la lumière du soleil qui brille au ciel et la lumière d'une lampe qui
éclaire une de nos demeures terrestres, néanmoins, la lumière est toujours la
lumière, et, dans sa petite sphère, la lampe peut faire son œuvre tout aussi
bien que le soleil dans la sienne. Il faut que la conscience de l'Eglise
apprenne à comprendre que l'humilité et le renoncement de Jésus, que son
entière consécration à faire la volonté et l'œuvre de son Père, que sa prompte
obéissance, son dévouement, son amour et sa bonté représentent sans exagération
ce que chaque croyant doit être à son tour, et que c'est là son simple devoir
aussi bien que son privilège. Il n'y a pas, comme on le pense trop souvent,
deux degrés de sainteté, l'un à l'usage de Christ et l'autre à l'usage de ses
disciples. Non; comme sarments du cep, comme membres du même corps, comme
ayant droit au même Esprit, nous pouvons, et par conséquent nous devons, être
l'image de notre Frère Aîné.
Si cette
conformité à la vie de Christ se voit rarement, si elle est trop peu recherchée
par la grande majorité des chrétiens, c'est parce qu'on se fait une idée fausse,
soit de l'incapacité de l'homme, soit de ce qu'il peut attendre de la grâce
divine, quand elle opère en lui. On a généralement tant de foi en la puissance
du péché, et si peu de foi en la puissance de la grâce, qu'on ne se croit pas
même appelé à avoir le même amour que Jésus, le même esprit de pardon, la même
consécration à la gloire du Père, et qu'on ne voit plus là qu'un idéal
admirable sans doute, mais impossible à atteindre. On se dit que Dieu ne peut
pas attendre de nous que nous soyons, que nous fassions, ce qui est si fort au
delà de notre portée, et, comme preuve de l'impossibilité d'y parvenir, on
allègue ses vains efforts pour dominer son humeur, ou pour vivre entièrement au
service de Dieu.
Ce n'est qu'en
persévérant à présenter Christ comme notre Modèle et à prêcher cette vérité
divine dans toute son intégrité et tout son éclat, qu'on pourra surmonter une
pareille incrédulité.
Il faut
enseigner aux croyants que Dieu ne moissonne pas là où il n'a pas semé, mais
que le fruit demandé et la racine qui le produit sont intimement reliés l'un à
l'autre. Dieu veut que nous pensions, que nous parlions et que nous agissions
exactement comme Christ, puisque la vie qui nous anime est exactement la même
que celle qui l'animait. Si nous possédons une vie semblable à la sienne, quoi
de plus naturel que d'attendre de nous des fruits semblables aux siens. Si
Christ vit en nous, Christ agira et parlera par nous, et révélera ainsi sa
présence aux yeux du monde.
Il faut prêcher
que c'est par la foi seule qu'on peut recevoir Christ comme le
Modèle à imiter. C'est par là qu'on amènera les enfants de Dieu à être tels que
Dieu les veut. La plupart des chrétiens pensent que nous devons croire en
Jésus comme en notre Sauveur, et qu'ensuite nous serons poussés par un sentiment
de reconnaissance à suivre l'exemple qu'il nous a donné, mais ce mobile de
gratitude ne saurait suppléer au manque de force dont nous souffrons. Notre
incapacité reste la même ; c'est nous replacer sous la loi : Je dois faire,
mais je ne puis pas. Il faut enseigner à ces chrétiens-là ce que c'est que de
croire en Christ comme leur Modèle, ce que c'est que de saisir par la foi sa
vie sainte qui fait partie du salut qu'il leur a préparé. Il faut leur
enseigner que ce Modèle n'est pas quelque chose ou quelqu'un en dehors d'eux,
mais que le Dieu vivant est lui-même leur vie, et qu'il veut réaliser en eux
l'exemple que leur offre sa vie terrestre. Il faut qu'ils sachent que dès
qu'ils se soumettront à lui, il manifestera sa présence en eux et dans leur vie
de chaque jour au delà de toute prévision; il faut qu'ils voient dans la
conformité à la vie de Christ l'action directe de
Il n'est pas
toujours facile de se faire une idée claire de cette vérité, et d'en venir
ensuite à l'accepter. Les chrétiens se sont si bien accoutumés à une vie
d'infidélité et de chutes continuelles, que la pensée ne leur vient pas même de
pouvoir réaliser assez cette ressemblance avec Christ pour qu'elle se voie en
eux. On ne pourra vaincre leur incrédulité à cet égard qu'en leur prêchant
cette vérité avec toute l'animation d'une foi joyeuse et triomphante, car ce
n'est qu'à la foi et à une foi plus ample et plus profonde qu'on ne la croit
ordinairement nécessaire pour saisir le salut, qu'est accordée cette puissance
de vie de Christ qui devient la vie du croyant. Quand Christ sera prêché dans
son entier, et comme règle, et comme vie, le croyant obtiendra cette foi plus
efficace qui résulte de son unité avec Christ, et recevra ainsi la force de vivre
de cette vie-là.
Le développement
de cette foi varie selon les cas. Les uns l'obtiennent à la longue en
persévérant à s'attendre à Dieu. D'autres en ont une révélation soudaine ;
après des temps de luttes et de chutes, ils arrivent à voir clairement que si
Jésus donne l'exemple à suivre, il donne aussi la force de le suivre. Les uns y
arrivent dans la solitude, loin de tout secours humain, seuls avec le Dieu
vivant, tandis que d'autres, et c'est souvent le cas, la reçoivent pendant
qu'ils sont réunis avec les fidèles et qu'alors le Saint-Esprit touche les
cœurs, presse les âmes de se décider, et les amène à saisir ce que Jésus leur
offre, ce qu'il donne lui-même pour rendre semblable à lui. Quelle que soit la
marche que suive ce progrès spirituel, toujours il a lieu quand, par la puissance
de l'Esprit, on présente Christ comme le Modèle de ce que Dieu attend de ses
enfants. Alors, les croyants, amenés à reconnaître leur état de péché, et leur
incapacité à en sortir, se remettent, comme jamais ils ne l'avaient
encore fait, entre les mains de leur tout-puissant Sauveur, et en viennent à
réaliser la vérité de ces deux textes, en apparence contradictoires : « Le
bien n'habite point en moi, c'est-à-dire dans ma chair ». « Je puis
tout par Christ qui me fortifie ». (Rom. 7 : 18 ; Phil. 4 : 13).
Quoi qu'il en
soit, la racine et les fruits sont toujours reliés entre eux par le tronc de
l'arbre. Nous le voyons par la vie de Christ : ses rapports
individuels et continuels avec le Père établissaient une correspondance
soutenue entre sa vie cachée en Dieu et les fruits de sa vie extérieure. Par
son regard habituel vers le Père, par sa promptitude à l'écouter, par son
obéissance aux directions de l'Esprit, par sa soumission aux paroles de
l'Ecriture qu'il venait accomplir, par sa vigilance dans la prière, et par
toute sa vie de dépendance et de foi, il nous donne l'exemple de ce que nous
devons être, nous aussi. Il nous avait été fait si réellement « semblable en
toutes choses » (Héb. 2 : 17), il était si bien devenu un avec nous dans la
faiblesse de la chair, que ce n'était qu'à ce prix-là que la vie du Père avait
libre cours en lui, produisant les œuvres qu'il faisait. Il en sera précisément
de même pour nous. Notre union avec Jésus, et la présence de sa vie en nous,
nous assureront une vie semblable à la sienne. Ce ne sera pourtant pas le
résultat direct d'une force aveugle mise en mouvement et accomplissant
machinalement Son œuvre, mais il y aura là de notre part coopération
d'intelligence, de volonté et d'amour pour demander, pour recevoir et nous abandonner
à Dieu avec confiance, aussi bien que pour employer à son service tout ce qu'il
donne, et travailler avec la certitude qu'il travaille en nous. Cette foi en
Christ, notre Vie, ne nous sera pas un oreiller de paresse ; au contraire, elle
stimulera toute notre énergie au plus haut degré, et comme elle rend toutes
choses possibles, elle nous portera par là même à rechercher toujours plus tout
ce qui constitue la vraie communion avec Dieu, nous faisant tout attendre de
lui.
Voici, quant à
notre conformité avec Christ, les trois points qu'il importe de bien connaître
: Notre vie est, comme celle de Christ, cachée en Dieu,
elle se maintient, comme la sienne, par la communion avec Dieu,
et son activité extérieure en fait, comme de la sienne, une vie pour
Dieu. Quand les croyants en viendront à saisir cette vérité, à
pouvoir se dire : Nous sommes réellement semblables à Christ par la vie que,
grâce à lui, nous avons en Dieu ; nous pouvons être semblables à Christ en
maintenant et fortifiant cette vie par notre communion avec Dieu ; nous serons
encore semblables à Christ par les fruits que doit porter cette vie-là ; alors
le nom de disciple de Christ et la conformité à Christ ne seront plus seulement
une profession de foi, mais bien une réalité, et le monde saura que le Père
nous a réellement aimés comme il a aimé le Fils.
Qu'il me soit
permis de demander ici à tout pasteur et à tout chrétien qui liront ces lignes,
si, dans les enseignements de l'Eglise, nous avons assez présenté Christ comme
le Modèle dont l'imitation nous ramènera seule à l'image de Dieu. Plus les
prédicateurs de l'Eglise remonteront eux-mêmes à la source divine de toutes les
vérités qui concourent ensemble à donner la pleine jouissance du salut, plus
aussi ils deviendront aptes à faire entrer les fidèles dans cette voie de
privilèges et de sainteté pratique. Ils seront ainsi un moyen de bénédictions
nouvelles pour le monde, selon que Dieu l'attend d'eux. C'est là, en effet, ce
dont le monde à besoin de nos jours; il lui faut des hommes et des femmes
vivant de la vie de Christ et prouvant par leur conduite que, comme Christ, ils
n'ont ici-bas d'autre but que la gloire du Père et le salut des hommes.
Encore un mot.
Soit que nous prêchions la conformité avec Christ, soit que nous cherchions à
la mettre en pratique, gardons-nous de ce perfide et mortel égoïsme qui ne
chercherait à l'obtenir que dans le seul but de nous placer nous-mêmes aussi
haut que possible dans la grâce et les faveurs de Dieu. Dieu est amour
; l'image de Dieu doit donc refléter un amour semblable à celui de Dieu. Quand
Jésus disait à ses disciples : « Soyez parfaits comme votre Père qui
est dans les cieux est parfait » (Matt. 5 : 48), c'était leur dire que
la perfection consistait à aimer et à bénir ceux qui en étaient indignes. Les
noms mêmes de notre Seigneur nous montrent que tous les autres traits
caractéristiques de notre ressemblance avec Christ sont subordonnés à celui-ci
: Chercher la volonté et la gloire de Dieu en aimant et en sauvant les hommes.
Il est le Christ, l'Oint de Dieu. Pour qui? Pour les cœurs brisés, pour les
captifs, pour ceux qui sont dans les liens et dans le deuil. Il est Jésus, le
Sauveur, qui a vécu et qui est mort pour sauver ceux qui étaient perdus.
Il peut se faire
beaucoup d'oeuvres chrétiennes sans une grande mesure de sainteté ou d'esprit
de Christ, mais il est impossible de posséder en grande mesure la véritable
sainteté, semblable à celle de Christ, sans se consacrer particulièrement à
faire du salut des pécheurs le but de sa vie, et cela pour glorifier Dieu. Jésus s'est
donné lui-même pour nous, afin de pouvoir nous réclamer nous-mêmes
pour lui, et de se former ainsi « un peuple particulier, zélé pour les
bonnes œuvres ». (Tit. 2 : 14). Il y a là réciprocité et parfait accord,
identité complète d'intérêt et de but. Lui-même pour nous, comme notre
Sauveur, et nous-mêmes pour lui, aussi comme sauveurs, en continuant sur
la terre, comme lui et pour lui, l'œuvre qu'il y a commencée. Mettons toujours
en relief cette vérité quand nous prêchons la nécessité d'avoir une vie
conforme à celle de Christ, soit que nous remontions à sa source, notre union
avec Christ en Dieu, soit que nous indiquions le moyen de la maintenir et de la
développer par la foi, la prière et la communion avec Dieu, soit aussi que nous
insistions sur les fruits d'humilité, de sainteté et d'amour qu'elle doit
produire. Oui, c'est pour faire connaître la volonté et la gloire du Dieu
d'amour dans le salut des pécheurs que Christ a vécu, qu'il est mort et
qu'il vit actuellement. Etre semblable à Christ signifie donc ceci : Rechercher
la grâce, la vie et l'Esprit de Dieu pour se consacrer entièrement à faire
connaître la volonté et la gloire du Dieu d'amour dans le salut des
pêcheurs.
FIN
Thomas à Kempis
a dit : « Tous les hommes désirent être à Christ et faire partie de son peuple,
mais peu d'entre eux veulent réellement mener la vie du Christ! » Plusieurs se
figurent que, pour imiter Jésus-Christ, il faut un certain degré d'avancement,
auquel un petit nombre seulement peut atteindre. Ils pensent que, pour être un
vrai chrétien, il suffit de confesser sa faiblesse et ses péchés et de rester
attaché à
Ne cesseras-tu
pas de te plaindre en considérant mes souffrances et celles de mes saints?...
Ne dis jamais : Il m'est impossible de souffrir cela d'un tel homme. S'il
m'avait attaqué d'une autre manière, je l'aurais enduré, mais de m'avoir fait
ce tort, c'est ce que je ne puis supporter. Voyez quel dommage il m'a fait,
quelle injure, quel déshonneur ! Il me noircit en m'imputant des choses dont je
n'ai jamais eu la moindre pensée. Encore pourrais-je bien souffrir de quelque
autre certaines choses que l'on peut raisonnablement souffrir.
Ces pensées, mon
fils, sont insensées : elles, marquent qu'on ne regarde que l'offense et la
personne qui l'a commise, et que l'on ne considère pas en quoi consiste la
vraie patience, ni qui doit la couronner. Ce n'est pas la posséder que de
prétendre ne souffrir qu'autant qu'on veut, et de qui l'on veut. Un homme
vraiment patient ne jette point les yeux sur celui qui le fait souffrir ; il ne
regarde point si c'est un supérieur, ou un égal, ou un inférieur; si c'est un
homme qui soit en réputation de probité et de sainteté, ou un infâme et un
méchant. Mais toutes les fois qu'il lui arrive quoi que ce soit de fâcheux, il
le reçoit également de toutes les créatures, comme si ce fût Dieu lui-même qui
le lui présentât de sa main paternelle, et il croit y trouver un grand
avantage, puisqu'on ne saurait souffrir la moindre chose du monde pour l'amour
de Dieu, que Dieu n'en tienne compte.
Seigneur, mon
Dieu! Toutes ces choses paraissent impossibles à la faiblesse de ma nature ;
fais, s'il te plaît, que ta grâce me les rende possibles. Que ta grâce me
dispose tellement à souffrir injustement que ce soit là l'objet de mes vœux et
de ma joie, convaincu qu'il m'est très salutaire de souffrir pour l'amour de
toi et de ta divine bonté.
Thomas à Kempis
: Imitation de Jésus-Christ III, 19.
Aujourd'hui il
est encore assez de personnes qui soupirent après la gloire du royaume de
Jésus-Christ; mais il en est bien peu qui désirent porter sa croix. Jésus
trouve beaucoup de gens qui aiment ses joies, mais peu qui veulent ses
afflictions. Que de compagnons pour l'abondance de sa table, mais que de
déserteurs dans les temps d'abstinence ! Chacun veut se réjouir avec lui,
personne ou très peu veulent souffrir quelque chose avec lui, ou pour l'amour
de lui. Il s'en trouve assez avec Jésus-Christ lorsqu'il rompt le pain, mais
peu lorsqu'il s'agit de boire la coupe de sa passion...
Cette parole
semble bien rude à beaucoup de gens et choque leurs oreilles : renoncez à
vous-mêmes, chargez votre croix et suivez Jésus (Mat. 16 : 24) ; mais en voici
une autre beaucoup plus terrible : Allez, maudits, au feu éternel (Mat. 25 :
41). Ceux qui aiment maintenant entendre parler de la croix, et qui
l'embrassent de tout leur cœur, ne craindront point alors de s'entendre
condamner au feu éternel. Lorsque le Seigneur viendra juger les hommes, la
croix sera le signe auguste qui les discernera. Alors ceux qui se seront soumis
à elle, qui se seront conformés pendant leur vie au Dieu crucifié,
s'approcheront avec une grande confiance de ce souverain Juge du monde.
Pourquoi donc crains-tu de porter ta croix, vu que c'est par elle qu'on va au
royaume céleste? Le salut est dans la croix; la vie est dans la croix; on ne
peut se défendre contre les ennemis que par la croix. Dieu joint à la croix et
à la souffrance ses divines douceurs, la force de l'âme et la joie de l'esprit.
L'abrégé de toutes les vertus et la perfection de la sainteté se trouvent dans
la croix et dans les afflictions. Hors de cette croix il n'y a ni salut ni
espérance de vie éternelle. Prends donc ta croix et suis Jésus et tu
parviendras à la vie éternelle.
Si tu portes la
croix de bon cœur elle te portera aussi et te portera au port désiré, lorsque
le terme de tes souffrances sera venu, quoi qu'il ne doive pas venir pendant
que nous vivons sur cette terre. Mais si tu la portes malgré toi, tu la rends
plus pesante et plus insupportable et toutefois il faudra que tu la portes. Si
tu rejettes une croix, tu en trouveras infailliblement une autre, peut-être
plus pesante que la première. Crois-tu donc pouvoir éviter ce que nul homme n'a
pu éviter? Qui d'entre les saints a été sans croix et sans adversité dans ce
monde? Notre Seigneur Jésus-Christ même n'a pas été une heure sans elles
pendant qu'il a vécu sur la terre. Comment donc cherches-tu une autre voie que
cette voie royale, cette voie de la croix?
Plus la chair
est abattue par l'affliction, plus l'esprit est fortifié par une grâce
ultérieure qui l'affermit... Il ne faut pas attribuer ces effets à la vertu de
l'homme; ce n'est que la grâce de Jésus-Christ qui peut et qui fait tout cela
dans la faiblesse de la nature; c'est elle qui fait qu'on embrasse avec ardeur
la croix et qu'on l'aime. Si tu ne jettes les yeux que sur toi, tu te verras
dans l'impuissance à rien faire de tout cela, mais si tu t'appuies sur le
Seigneur, il t'enverra du ciel une force si puissante qu'elle assujettira à
l'esprit le monde et la chair... Consacre-toi donc comme un bon et fidèle
serviteur à porter courageusement la croix de ton maître qui a bien voulu être
crucifié pour l'amour de toi...
Tiens pour
certain que tu dois mener une vie mourante, et que plus on meurt à soi, plus on
vit à Dieu. S'il y avait eu quelque chose de meilleur et de plus utile pour le
salut des hommes que la souffrance, sans doute Jésus l'aurait enseigné par ses
paroles et par son exemple. Cependant il se borne à exhorter hautement ses
disciples et tous ceux qui veulent le suivre, à porter la croix.
Thomas à Kempis
: Imitation de Jésus-Christ II, 12.
Voici ce
qu'écrit un des ouvriers les plus sérieux et les plus bénis dans l'œuvre de
sauver ceux qui se perdent : Si je n'avais pas été amené à une expérience
plus claire et plus complète de ce qu'est le salut, je n'aurais jamais pu
accomplir le travail des dernières années. Voici aussi ce qui m'est devenu
toujours plus clair, c'est que nous ne pouvons pas parler de communion non
interrompue avec notre Dieu, à moins de nous consacrer sans réserve à sauver
par la puissance du Seigneur ceux qu'il nous donne de sauver. Une consécration
au Seigneur qui n'est pas accompagnée de dévouement au prochain, devient une
illusion, ou conduit au fanatisme. C'est le dévouement entier à être la lumière
et le sel du monde, à aimer le monde, même quand il nous hait, qui est pour
toute âme réellement consacrée le véritable combat de la vie. Trouver notre
repos à travailler, et notre plus grande joie à combattre le péché autour de
nous par la puissance de Jésus, nous réjouir du bonheur des autres plus que du
nôtre, ne rien rechercher pour nous-mêmes, mais tout pour les autres, voilà
quelle est notre sainte vocation.
Que Dieu nous
préserve de nous borner à admirer de telles pensées, mais qu'il nous porte à
nous joindre aussitôt aux petits groupes de ceux de ses enfants qui réellement
abandonnent tout pour employer leur vie à gagner des âmes à Jésus.
Le mal ne peut
être surmonté que par un dévouement tout individuel et effectif; jamais il ne
le sera par une charité qui se tient à distance. « Vous êtes le sel de la
terre », a dit Jésus : Vous aussi, vous l'êtes, vous-même, tel que vous
êtes, et dans le milieu où vous vous trouvez. En tout lieu, à chaque instant,
il faut que de vous et de votre présence émane une influence sanctifiante.
C'est Christ lui-même qui est la vie et la lumière. Dans tout ce qu'il
fait, tout ce qu'il dit, tout ce qu'il souffre, c'est lui-même que nous
trouvons. Impossible de rien séparer de sa personne, sans la voir s'évanouir et
disparaître. Et pourtant l'erreur fondamentale de notre christianisme moderne
est de vouloir séparer les paroles de Christ et les œuvres de Christ de
sa personne même. Il en résulte pour un grand nombre de croyants que, malgré
tout ce qu'ils font comme chrétiens, ils n'ont jamais encore trouvé Christ
lui-même. Plusieurs de ceux qui ont foi en ses souffrances et en ses mérites,
ne peuvent ni demeurer en communion avec lui, ni suivre fidèlement ses traces.
Christ fit sa demeure non seulement de Cana en Galilée, mais encore de
Gethsémané, et plus tard du Calvaire. Hélas! que de personnes qui font parade
de la croix et qui pourtant ont plus peur de la véritable croix que du diable
lui-même ! Elles ont si sagement arrangé leur profession de la croix de Christ
qu'il ne peut en résulter aucune atteinte ni à leur réputation, ni à leur
fortune, ni à leur indépendance.
Il faut qu'à
présent, comme jadis, l'imitation fidèle de Christ redevienne le drapeau de la
chrétienté. Alors seulement la foi triomphera de l'incrédulité et de la
superstition. On travaille beaucoup actuellement à prouver aux Incrédules
l'inspiration des Saintes Ecritures, la vérité des paroles et de la vie du
Seigneur Jésus, mais c'est travailler en vain que de vouloir prouver par des
arguments ce qui ne se démontre que par la force de l'évidence. Montrez
par vos actes que l'Esprit des miracles habite en vous, prouvez surtout par
votre vie que Jésus vit en vous de sa vie éternelle et divine, et alors vos
paroles amèneront beaucoup d'âmes à la foi. Si au contraire vous manquez dans
la vie pratique de l'Esprit saint et de sa puissance, ne soyez pas surpris que
le monde prête peu d'attention à l'éloquence de vos discours. L'heure est venue
où toute la chrétienté doit se lever comme un seul homme, et avec la force
de Christ, faire tout de nouveau ce que, Christ lui-même a fait pour le monde
qui se perd. Voilà ce dont nous avons besoin pour pouvoir ressembler à
Jésus-Christ, voilà la seule preuve concluante de la vérité du christianisme.
Tiré de : « Een
nieuw boek van de navolging van Jésus Christus », par M. Diemer.
« Ainsi nous
tous qui contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, à visage
découvert, nous sommes transformés à la même image, de gloire en gloire, comme
par l’Esprit du Seigneur ». (2 Cor. 3 : 18).
Contempler avec
amour, avec admiration, avec adoration la gloire de Dieu en son Fils bien-aimé
: voilà ce qui nous transforme à son image. Les procédés employés par la
photographie nous aideront à mieux comprendre cette photographie divine dont
parle notre texte. Pour photographier, il faut deux choses : Il faut d'abord
avoir foi en la force de la lumière et en ses effets, puis il faut se conformer
exactement à ses lois. Il faut préparer avec soin la plaque qui doit recevoir
l'empreinte, puis l'ajuster avec précision à la place voulue, vis-à-vis de
l'objet à reproduire, puis la laisser tranquille en face de cet objet sans que
rien vienne la déranger. Quand le photographe a fait tout cela, il laisse la
lumière faire son œuvre, son travail à lui est celui de la foi.
Tirons de là une
leçon à notre usage. Ayons confiance, nous aussi, en la lumière de Dieu pour
reproduire l'image de Christ dans nôtres cœur. « Nous sommes transformés en
la même image, comme par l'Esprit du Seigneur ». Ne cherchons pas à faire
nous-mêmes l'œuvre que l'Esprit doit faire. Croyons simplement qu'il la fera.
Notre devoir à nous est de chercher à avoir un cœur préparé, c'est-à-dire un
cœur qui demande, qui désire et qui attende l'image à recevoir. Il faut nous
placer en face de Jésus, le contempler, l'aimer, l'étudier, l'adorer et croire
que ce que nous voyons en lui, le Crucifié, nous est la promesse certaine de ce
que nous pouvons être nous-mêmes. Puis, mettant de côté tout ce qui pourrait
nous distraire, attendons avec tranquillité d'âme, et en silence devant Dieu,
afin de permettre à son Esprit, à la lumière de Dieu de faire son œuvre en
nous. Alors notre âme recevra l'empreinte de cette admirable image tout aussi
certainement, tout aussi merveilleusement que la lumière terrestre produit la
photographie.
Je me sens
pressé d'ajouter ici un mot à l'adresse des pasteurs appelés à concourir à
cette divine photographie, « car Dieu qui a dit que la lumière sortit
des ténèbres, a répandu la lumière dans nos cœurs, afin que nous éclairions les
hommes par la connaissance de Dieu et la présence de Jésus-Christ » (2 Cor.
4 : 6). Quelle sérieuse vocation que celle qui nous appelle à stimuler l'avancement
des croyants! Faisons-le en leur montrant en Jésus, et dans chacun des traits
de sa vie, ce qu'ils doivent devenir eux-mêmes, leur faisant désirer ardemment
d'être changés à cette ressemblance, d'obtenir cette conformité avec Jésus.
Puis apprenons-leur à se placer en face du Seigneur, soit dans le culte public,
soit dans leurs prières particulières, et à ouvrir leur cœur jusque dans ses
replis intimes pour l'exposer aux rayons de son amour et de sa gloire, jusqu'à
ce qu'il entre en eux, qu'il prenne possession d'eux et les transforme par son
Esprit à son image.
«: Qui est
suffisant pour ces choses ! » « Notre capacité vient de Dieu qui
nous a rendus capables d'être ministres de l'Esprit ». (2 Cor. 2 : 16; 3 :
5, 6).
Dans une réunion
de pasteurs qui étudiaient ce texte : « Vous aussi mettez-vous bien
dans l'esprit que vous êtes morts au péché, et que vous vivez pour Dieu
en Jésus-Christ, notre Seigneur » (Rom. 6 : 11), voici la question qui fut
adressée à tous : Des cinq pensées que renferme ce texte, quelle est la plus
importante ?
1° « Vous aussi
» : mots impliquant une parfaite ressemblance avec Jésus dont il est dit :
« En mourant il est mort une seule fois pour le péché, mais en vivant il vit
pour Dieu ». (Rom. 6 : 10).
2° « Mettez-vous
bien dans l'esprit » : commandement qui réclame de nous une foi aussi simple
que ferme.
3° « Morts au
péché » : vérité qui résume le but des trois premiers points.
4° « Vivants
pour Dieu » : conséquence de la mort au péché.
5° « En
Jésus-Christ, notre Seigneur » : Lui la base et le centre de tout enseignement
de l'Ecriture.
Lequel de ces
points faut-il regarder comme le plus essentiel à l'intelligence du texte
entier?
La première
réponse donnée fut : « Morts au péché ». C'est sans doute, observa le président,
ce qui donne à ce texte son intérêt principale et ce qui excite tant de sérieux
efforts pour le réaliser; et pourtant ce n'est pas là ce qui me paraît le plus
important.
« Vivant pour
Dieu » fut la seconde réponse : Car c'est la vie de Jésus, reçue à la
conversion, qui nous fait participer à sa mort et à sa victoire sur le péché.
Les mots : « morts au péché » expriment la même pensée que ceux de « vivants
pour Dieu ». Si nous étions plus « vivants pour Dieu », nous saurions
mieux ce que c'est que d'être « morts au péché ».
« Mettez-vous
bien dans l'esprit », dit un troisième. Ce commandement ne nous dit-il pas
d'agir avec foi en ce qui nous a été préparé de Dieu? c'est là la principale
idée du texte. C'est sur cette foi que doit se porter toute notre attention.
« Par
Jésus-Christ notre Seigneur », dit un autre frère. Le président ajouta aussitôt
: Je crois avoir compris dernièrement que c'est bien de là que dépend toute la
force de ce texte.
Que de croyants
ont cherché à saisir qu'ils étaient morts au péché et vivants à Dieu, sans
l'avoir pu! Que de fois on entend prier ainsi : Seigneur, nous ne sommes pas
tout à fait morts, mais nous voudrions l'être ! Combien d'autres qui ont saisi
que tout dépend du : « mettez-vous bien dans l'esprit que vous êtes morts »,
de la foi qui reçoit ce que Dieu nous dit des choses déjà accomplies et
certaines, et qui doivent pourtant reconnaître que leur foi n'a pas été suivie
des grâces qu'ils attendaient.
Voici leur
erreur : ils ont été plus préoccupés des grâces qui résultent d'être morts au
péché et vivants pour Dieu, plus préoccupés de réaliser par leurs propres
efforts une foi capable de les saisir que de Jésus lui-même en qui seul pourtant,
se trouvent ces grâces aussi bien que la foi qui nous les obtient. C'est en
lui que la mort au péché et la vie pour Dieu sont des réalités vivantes,
actuelles, puissantes. C'est quand nous nous savons en lui, sortant de
nous-mêmes pour demeurer en lui uniquement et continuellement, que nous
possédons aussi les grâces divines, notre foi recevant la force de les saisir
et de s'en réjouir. Du commencement à la fin, c'est Jésus-christ qui est tout.
Ceci nous est clairement dit au 3e verset de ce chapitre : « Ne
savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons
été baptisés en sa mort? » Les disciples avaient compris et admis le
baptême en Jésus-Christ, mais quant au baptême en sa mort qui devait résulter
du premier, ils avaient encore à apprendre ce qu'il signifiait. Notre Seigneur
Jésus avait reçu le baptême d'eau et du Saint-Esprit, et pourtant il pariait
d'un autre baptême encore qui devait avoir lieu. Son premier baptême devait
être confirmé par la mort de la croix. Il en est de même de nous aussi. Quand «
nous avons été baptisés en Christ, nous avons revêtu Christ » (Gal. 3: 27).
Nous avons été faits participants de lui, de tout ce qu'il est, et de tout ce
qu'il fut, par conséquent de sa mort aussi. Mais ce n'est qu'avec le temps que
nous arrivons à le comprendre, à réclamer pour nous la puissance de sa mort au
péché et de sa vie pour Dieu. Nous ne pouvons le faire que lorsque nous tenons
ferme le baptême en Christ, première grâce qui comprend toutes les
autres. C'est quand notre foi sort de nous-mêmes pour aller fixer sa demeure en
Jésus d'une manière décidée et permanente, que nous acquérons la force de dire
: en Jésus-Christ nous sommes morts au péché et vivants pour Dieu; oui,
c'est « en Jésus-Christ » que nous pouvons hardiment « nous considérer comme
morts au péché et vivants pour Dieu ».
« Baptisés en sa
mort ». Quelle parole! La mort de notre Seigneur Jésus est le point capital de
son histoire; c'est sa mort qui fait sa gloire, sa victoire et sa puissance ;
aussi est-ce dans cette parfaite conformité à sa mort que réside le plus grand
privilège du chrétien. Etre plongé, immergé dans la mort de Christ, avoir tout
son être pénétré de l'esprit de cette mort, de son obéissance, de son
sacrifice, de son abandon de toute la nature terrestre, de tout ce qui a été en
contact avec le péché, pour passer de là dans la nouvelle vie que Dieu donne :
voilà ce que le chrétien doit désirer avant tout. Il a déjà été baptisé « en
cette mort ». il ne lui reste donc qu'à s'abandonner à l'action du Saint-Esprit
pour qu'il lui dévoile et lui assimile tout ce qu'elle renferme. Et c'est par
la loi qu'il le fait : il sait qu'en Jésus-Christ il est « mort au péché et
vivant pour Dieu ». La vie pour Dieu est un tout complet et parfait, «et
pourtant elle est soumise à une loi de progression et de croissance. Plus le
croyant avance dans la vie pour Dieu, plus il meurt au péché. En Christ il est
mort au péché complètement et entièrement, mais il n'acquiert la pleine
jouissance de tout ce que cette mort signifie et opère en lui que par des
progrès successifs, soit quant à la connaissance intellectuelle, soit quant à
l'expérience pratique.
Gardons-nous de
nous fatiguer comme on le fait souvent, à comprendre exactement ce qu'est cette
mort au péché, à sentir ce que c'est que de se tenir pour mort ; souvenons-nous
plutôt que tout cela ne nous est donné que quand nous demeurons en
Jésus-Christ, en qui seul ces grâces nous appartiennent. Il se pourrait
que, préoccupé de la manière de me les assurer, je perdisse de vue celui en qui
je dois demeurer si je veux les posséder. Que mon premier soin soit donc de
demeurer avec obéissance et foi en Jésus, en qui sont et la mort au péché, et
la vie pour Dieu. C'est en lui que se trouve tout ce dont parle notre texte,
car lui-même, il vit de cette vie-là. Aussitôt que je me perds en lui, je
puis être sûr que la grâce attendue me viendra, ou plutôt je sais que déjà je
possède en lui cette vie divine, sortie de sa mort, et qu'elle opère en
moi, lors même que je ne pourrais pas la décrire par des paroles. Alors je
comprends aussi que toute la puissance et toutes les grâces présentées dans ce
commandement se résument dans son dernier mot. « Vous aussi mettez-vous bien
dans l'esprit que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu, en
Jésus-Christ, notre Seigneur ». C'est en Christ qu'est la source de
: comme Christ.
(Voir la note 10e.)
« Celui qui
me mange vivra par moi » (Jean 6 : 57). Quoique ces mots n'aient pas
directement été dits de la sainte Cène, ils s'y rattachent pourtant puisqu'ils
parlent des bénédictions spirituelles dont
Nos églises
protestantes offrent, comme on le sait, trois manières de comprendre la sainte
Cène.
- D'un côté
les luthériens croient à la transsubstantiation, disant que le corps du
Seigneur est si bien présent dans le pain que même un incrédule peut manger
ainsi le corps du Seigneur.
- D'un autre
côté les zwingliens pensent que le but du sacrement est de nous rappeler
par une figure frappante que la mort de Christ fait vivre notre âme comme le
pain et le vin font vivre notre corps, et que participer à
- Entre ces
deux manières de voir se place celle de Calvin appuyant fortement sur ce
qu'il y a dans la sainte Cène une bénédiction mystérieuse qui ne peut guère
s'exprimer par des paroles. Il dit que ce n'est pas assez de parler de la vie
que le Saint-Esprit communique à notre esprit par la foi, mais que le
Saint-Esprit nous assimile réellement le corps et le sang de Christ, tels
qu'ils sont à présent dans le ciel, que c'est pour cela que nous sommes appelés
membres de son corps, et qu'ainsi son corps est en nous le germe du corps
spirituel que développera la résurrection. En évitant d'une part la doctrine de
la transsubstantiation, il cherche d'autre part à établir la participation
substantielle et spirituelle au corps et au sang mêmes de notre Seigneur Jésus.
Ce n'est pas le
moment d'approfondir davantage cette question, mais je suis convaincu que,
lorsqu'on aura des connaissances scripturaires plus claires quant à la relation
qui existe entre le corps et l'esprit, on ne trouvera plus étrange de croire
que, sans admettre rien qui ressemble à la présence réelle dans le pain, nous
soyons en vérité nourris du corps et du sang de notre Seigneur Jésus. Le corps
de notre Seigneur est maintenant un corps spirituel, transfiguré et glorifié,
participant de la vie spirituelle du monde céleste. Son corps et son Esprit
sont en parfait accord, en sorte qu'à présent le Saint-Esprit peut librement
nous les communiquer quand il le veut. Notre corps est le temple du
Saint-Esprit qui demeure en nous; nos corps sont les membres de Christ ; nos
corps mortels doivent être dès à présent vivifiés et préparés pour la
résurrection par l'Esprit qui habite en eux. « Si donc l'Esprit de celui qui
a ressuscité Christ d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité
Christ d'entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit
qui habite en vous ». (Rom. 8 : 11);
Pourquoi donc
trouver étrange que, par le moyen du Saint-Esprit, la communion au corps de
Christ si clairement promise soit, non seulement un symbole de l'Ancien
Testament, mais une divine réalité.
Voici ce que dit
Calvin : « Ceux-là aussi ne satisfont point, lesquels après avoir confessé que
nous avons aucune communication au corps de Christ, quand ils la veulent
démontrer, nous font seulement participants de son Esprit, laissans derrière
toute la mémoire de la chair et du sang... La plénitude de vie habite mesme en
son humanité; tellement que quiconque communiquera à sa chair et à son sang
obtiendra la jouissance d'icelle; ce que nous pouvons mieux expliquer par un
exemple familier... La chair de Christ est semblable à une fontaine en tant
qu'elle reçoit la vie descoulante de
(Institution de
la religion chrétienne , par Jehan Calvin, IV, 17 § 7, 9, 10, 19, 24.!)
Pour l'âme qui
cherche à vivre entièrement par Christ comme il vivait lui-même par « le Père
», la sainte Cène offre réellement une grâce spirituelle, quelque chose de plus
que ce que comporte la foi en
Considérons ce
qui faisait la beauté harmonique du caractère de notre Sauveur. C'était son
amour pour son père qui était le mobile de sa vie, et cet amour s'exprimait
directement ou indirectement par ses paroles et ses actes comme une chose toute
simple et naturelle.
Il est bon de
nous rappeler l'exemple que Jésus nous donne là, parce que souvent on craint
par fausse honte de faire connaître ses convictions religieuses, soit à ceux
qui ne comprendraient pas, de peur d'en être blâmé, soit même à ceux qui les
partagent, de peur de blesser les convenances. Le moi redoute la moindre
désapprobation. Tant que notre amour pour Dieu est faible, notre moi a grand
soin de le dissimuler sous prétexte qu'il ne faut pas manquer de tact.
Notre Maître
nous donne dans sa vie de nombreux exemples de tact et de prudence, mais nulle
part il ne nous donne celui de cette fausse prudence qui cherche à détourner
l'attention, non de nous-même, mais des mobiles de notre conduite. Dans sa
nature terrestre, Christ a aimé le Seigneur son Dieu de tout son cœur et de
toute sa force, et il ne pouvait faire autrement que de le laisser voir en
toute occasion. Son but avoué était que le monde sût qu'il aimait le Père. Souvent
il faisait allusion à ses rapports avec le Père comme à la force de sa
vie, la force qui lui faisait tout supporter.
Jésus-Christ
nous a été envoyé pour nous faire connaître l'amour du Père et le bonheur de
lui appartenir entièrement. Comme lui, nous sommes envoyés dans le monde,
chacun de nous, pour faire connaître le Sauveur autour de nous. C'est par notre
relation intime avec lui que nous ferons connaître le Fils comme lui-même
faisait connaître le Père, et c'est en agissant comme lui que nous le pourrons,
montrant par là que notre union avec lui suffit à tout.
(Extrait de : Steps on the upward path; or, holiness unto the Lord. By
A. M. James. Religious Tract Society.)
J'ajoute ici un
extrait du livre de Marshall sur la sanctification, où se trouve clairement
exposée notre participation à la nature de Jésus dans sa vie, sa mort et sa
résurrection.
Le but de
l'incarnation de Christ, de sa mort et de sa résurrection, était de nous
préparer en lui une nature sainte à notre usage, qui pût nous être communiquée
par notre union avec lui, et non de nous amener à produire en nous une
nature sainte par nos propres efforts.
1° Par
l'incarnation de Christ, Dieu a créé un homme d'une nature nouvelle et
sainte, après la chute du premier Adam qui avait souillé et perdu par le péché
la sainteté de sa nature. Cette nature nouvelle est plus excellente que celle
du premier Adam, puisque, en la personne de Christ, l'homme se trouve uni à
Dieu par le lien indissoluble qui relie la nature divine à la nature humaine.
En Christ ces deux natures étaient si bien d'accord dans leurs actes, que, dans
sa nature humaine, Christ pouvait agir selon la puissance de la nature divine.
Par là il était un avec Dieu le Père.
Pourquoi Christ
a-t-il, en sa personne, replacé la nature déchue de l’homme dans de telles
conditions de sainteté qu’elle puisse vivre et agir par la vie de Dieu en elle?
Son but était de communiquer cette nature excellente à sa postérité, à
tous ceux qui naîtraient de lui par son Esprit, et qui recevraient en lui,
second Adam, l'Esprit vivifiant, afin que, « comme nous avons porté l'image
de celui qui est terrestre, nous portions aussi l'image du céleste » en
sainteté dès ici-bas et plus tard en gloire. (Cor. 15 : 45, 49). Il est donc né
Emmanuel, Dieu avec nous, avec la plénitude de la divinité qui habitait
corporellement en lui, et avec une parfaite sainteté dans sa nature
humaine, afin qu'en lui nous fussions, nous aussi, remplis de cette même
plénitude. (Mat. 1 : 13; Col. 2: 9, 30). Il est « descendu du ciel » comme le
pain de la vie, afin que, comme « il vit par le Père » ceux qui le mangent
puissent « vivre par lui » de la même vie de Dieu en eux dont il vivait,
lui-même. (Jean 6 : 51, 57).
2° Par sa mort,
Christ s'est affranchi de nos péchés qui lui avaient été imputés, et de la
faiblesse de la nature humaine qu'il avait subie sans péché pour l'amour de
nous. Il s'en est affranchi lui-même, et nous a affranchis nous aussi, de
toute notre nature terrestre qui est faiblesse comme l'était la sienne, et
qui est en outre souillée par nos péchés et notre corruption. Par là, notre
ancienne nature, que l’Ecriture appelle « le vieil homme », a été crucifiée
avec Christ, « afin que le corps du péché fut détruit ». (Rom. 6 : 6). Il est
donc détruit en nous, non par nos efforts pour le détruire nous-mêmes, mais par
notre participation à la mort de Christ déjà accomplie pour nous, et à
l'affranchissement qui en résulte. C'est ce que représente le baptême, dans
lequel nous sommes ensevelis avec Christ, nous unissant à lui dans sa mort sur
la croix. (Rom. 6 : 2, 3, 4, 10, 11)
« Dieu, en
envoyant son propre Fils dans une chair semblable à celle des hommes pécheurs
et pour le péché, a condamné le péché dans la chair, afin que la justice de la
loi fût accomplie en nous qui marchons non selon la chair, mais selon l'Esprit
». (Rom. 8 : 3, 4.) Observons ici que Christ est mort non seulement
pour que nous fussions justifiés par la justice de Dieu et par la foi, au lieu
de recourir à notre propre justice (Rom. 10 : 4-6 : Phi. 3 : 9), mais aussi
pour que la justice de la loi s'accomplisse en nous, nous faisant marcher selon
l'Esprit comme tous ceux qui demeurent en Christ. (Rom. 8 : 4). L'Ecriture
compare Christ en sa mort au grain de froment qui meurt dans la terre afin de
propager sa propre nature et de porter beaucoup de fruit. (Jean 12 : 24). Elle
le compare aussi à l'agneau de Pâques qu'on tue pour en faire une fête, puis au
pain rompu qui sert de nourriture à ceux qui le mangent (1 Cor. 5 : 78, et 11 :
24), puis encore au rocher frappé, d'où jaillit l'eau qui donne à boire. (1
Cor. 10 : 4).
Christ est mort
pour faire du Juif et du Gentil un nouvel homme en lui (Eph. 2 : 15), et « se
voir ainsi de la postérité», tous ceux qui tirent de lui leur nature sainte.
(Esa. 53 : 10). Remarquons bien ces paroles de l'Ecriture ; elles nous montrent
clairement que Christ est mort, non pas pour nous rendre capables de nous
former une nature sainte en nous-mêmes, mais pour que nous recevions par
notre union avec lui celle qui a été préparée en lui pour nous.
3° Par sa résurrection.
Christ a pris possession de sa vie spirituelle pour nous la communiquer;
cette vie est pleinement à notre disposition, elle est devenue notre droit et
notre propriété par le mérite de sa mort ; c'est pour cela qu'il est dit que «
nous sommes vivifiés ensemble avec Christ ». (Eph. 2 : 5). Sa résurrection est
notre propre résurrection à une vie de sainteté, et cela tout aussi réellement
que la chute d'Adam nous a fait tomber dans la mort spirituelle. Nous ne sommes
donc pas l'auteur de notre nature nouvelle, pas plus que nous ne le sommes de
notre corruption originelle, quoi que l'une et l'autre s'offrent à notre
participation. Par notre union avec Christ nous participons à cette vie divine
dont il a pris possession pour nous à sa résurrection, et par elle il nous
devient possible de porter les fruits qu'elle produit, ainsi que nous le
présente l'Ecriture sous la figure du mariage, « Vous êtes morts à l'égard
de la loi... pour être à un autre, savoir à celui qui est ressuscité des morts,
afin que nous portions des fruits pour Dieu ». (Rom. 7 : 3, 4).
FIN