DEMEUREZ EN CHRIST

 

Rev. Murray Andrew

 


                                                                                                                                  

DEMEUREZ EN CHRIST

 

Quelques pensées sur les bienfaits de la communion permanente avec le Fils de Dieu

PAR LE REV. ANDREW MURRAY

 

« Demeurez en moi et je demeurerai en vous. »                                  

 


                                                                                                   

Traduit librement de l'anglais

         

DELATTRE ÉDITEUR PRIVAS (Ardèche) 1935

 

Edition Numérique Yves PETRAKIAN – France 2011 –

 

Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source : http://456-bible.123-bible.com/

 

 


 

 


 

DEMEUREZ EN CHRIST

 

1.      Vous qui êtes venus à Lui      

2.      Et, vous trouverez le repos de vos âmes.     

3.      Vous confiant en Lui pour vous garder.        

4.      Comme le sarment est uni au cep.

5.      Comme vous êtes venus à Lui, par la foi.     

6.      Car Dieu lui-même vous a unis à Lui.           

7.      Votre sagesse.

8.      Votre justice.         

9.      Votre sanctification.           

10.   Votre rédemption.              

11.   Crucifié.

12.   Dieu lui-même vous affermira en Lui.          

13.   Dans une communion de tous les instants.

14.   Jour par jour.         

15.   Maintenant.           

16.   Renonçant à tout pour lui.

17.   Par la puissance du Saint-Esprit.

18.   En vous tenant en repos.

19.   Dans l'affliction et dans l'épreuve.

20.   Afin de porter beaucoup de fruits.

21.   Et vous serez puissants dans la prière.

22.   Et dans son amour.

23.   Comme Christ demeure dans le Père.

24.   En obéissant à ses commandements.

25.   Afin que votre joie soit parfaite.

26.   Vous aimant les uns les autres.

27.   Afin que vous ne péchiez pas.

28.   Votre force.

29.   Et non en vous-mêmes.       

30.   Le garant de l'alliance.

31.   Glorifié.                                                                                                                                      .   .           .                                                                                                                                                  195                                                                                                                                                            

                                                                                                                                  


 

 

PRÉFACE DE L'AUTEUR

 

Pendant son séjour sur la terre, Jésus indiquait les relations que ses disciples devaient avoir avec lui, par ces mots : « Suis-moi! » Quand l'heure de les quitter pour monter au ciel fut venue, il se servit d'une autre expression révélant l'union plus intime et plus spirituelle qui allait s'établir entre eux et lui. « Demeurez en moi ! » leur dit-il.

 

Le sens profond de ces mots et les promesses qu'ils renferment, restent malheureusement cachés à bien des disciples sincères de Jésus. Tout en se confiant en leur Sauveur pour le pardon de leurs péchés et pour le secours dont ils ont besoin, et tout en cherchant à lui obéir dans une certaine mesure ils ne font pas l'expérience de l'intimité, de la merveilleuse communion de vie et d'intérêt à laquelle Jésus les invite en leur disant « Demeurez en moi. » Ils perdent ainsi un bien inappréciable; et la perte n'est pas seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour l'Eglise et pour le monde. L'ignorance est souvent la source de leur incrédulité et la raison pour laquelle ils jouissent si peu du salut complet préparé pour eux.

 

Qu'on prêche dans nos Eglises la vie en Christ, la communion vivante avec lui, l'ex­périence de sa présence et de son secours journalier, avec autant de zèle et de clarté que son expiation et son pardon, on verra bon nombre de croyants accueillir avec joie cette nouvelle vie ; et les fruits ne se feront pas attendre.

 

C'est dans le désir d'aider ceux qui n'ont pas encore compris ce que le Sauveur a vou­lu dire par ce commandement, ou qui n'osent pas croire que cette vie leur soit accessible, que ces méditations sont publiées. L'enfant apprend sa leçon par de fréquentes répéti­tions. En fixant son attention tour à tour sur chacune des faces de la foi, le croyant est amené à se les approprier toutes. Nous avons l'espoir qu'il sera utile à plusieurs de méditer avec nous, jour après jour, pendant un mois, à la lumière de la parabole du cep et des sarments, ces mots précieux : Demeurez en moi ». L'expérience de cette communion avec Christ nous apparaîtra comme indispen­sable à toute vie vraiment chrétienne : nous découvrirons les bénédictions immenses qui en découlent. Méditons avec prière et acceptons dans la foi Jésus tout entier, tel qu'il s'offre à nous, et le Saint-Esprit rendra cette parole esprit et vie ; elle deviendra pour nous puissance de Dieu à salut.

 

Le Seigneur veuille, dans sa miséricorde, bénir ce petit livre pour ceux qui cherchent à le mieux connaître. Qu'il montre à ceux de ses enfants qui veulent encore vivre par eux-mêmes, comment il les veut entièrement à lui, recherchant uniquement dans une communion entière avec lui, la joie ineffable et glorieuse après laquelle ils soupirent. Et nous qui déjà goûtons les douceurs de cette vie, soyons des témoins toujours plus fidèles de la puissance de notre Seigneur pour nous garder en lui afin d'en amener un grand nombre dans cette voie.

 

En terminant, qu'il nous soit permis de donner un conseil à nos lecteurs. Il faut du temps pour croître en Jésus, le cep : n'espérez pas demeurer en lui sans y consacrer le temps nécessaire. Il ne suffit pas de lire les Ecritures ou des méditations comme celles-ci ; de croire en saisir la pensée de demander à Dieu sa bénédiction pour reprendre ensuite le train de vie avec l'assurance que tette bénédiction viendra. Non il faut chaque jour des moments de communion directe avec Jésus et avec Dieu. Nous reconnaissons bien la nécessité de consacrer chaque jour certains moments à nos repas ; l'ouvrier réclame une heure pour son dîner. Prendre à la hâte une certaine quantité de nourriture est de peu de profit. De même pour vivre par Jésus, nous devons nous nourrir de lui (Jean VI. 57) ; nous devons prendre et nous assimiler le pain céleste que le Père nous a donné dans son Fils. Ayez donc soin chaque jour, avant, pendant et après la lecture de votre Bible, de vous mettre en contact avec la personne vivante de Jésus, pour vous placer d'une manière directe sous sa divine influence; alors vous lui donnerez l'occasion de prendre possession de vous, et de vous garder en sûreté dans sa puissante communion.

 

Que le bienfait de demeurer en Christ avec les riches bénédictions qui en découlent, soit accordé à tous les lecteurs de ce volume. Que la grâce de Jésus, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient leur portion journalière. Amen.

 


 

« Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche ; et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, afin qu'il porte encore plus de fruit. Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. Demeurez-en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s'il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche puis on ramasse les sarments, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. Si vous portez beaucoup de fruit, c'est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples.»

 

« Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimé. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez Mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses  afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »

 

« C’est ici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres,  comme je vous ai aimés.

». Jean XV : 1-12.

 


 

 

PREMIER JOUR

 

Demeurez en Christ
vous qui êtes venus à lui.

 

« Venez à moi. » (Math. XI, 28.) « Demeurez en moi. » (Jean XV, 4.)

 

C'est à tous ceux qui ont entendu le premier appel de Jésus : « Venez à moi », et y ont prêté l'oreille, que s'adresse cette nou­velle invitation du Sauveur : « Demeurez en moi ». Jamais nous ne nous sommes repen­tis d'être venus à Jésus; nous avons éprouvé qu'il est fidèle dans ses promesses; il nous a accordé un pardon complet et gratuit : il nous a rendus participants de la joie et des bénédictions de son amour et nous avons trouvé auprès de lui beaucoup plus que nous ne l'espérions.

 

Néanmoins, avec le temps, les désappointements sont venus; les bénédictions dont nous avions tant joui d'abord n'ont pas duré ; la joie et l'amour qui avaient rempli nos coeurs à notre première rencontre avec le Sauveur, loin d'augmenter, ont peu à peu disparu. Et nous nous sommes demandé pourquoi.

 

La réponse est simple : nous nous sommes éloignés de Christ. Les bénédictions qu'il promet sont étroitement liées à ce « venez à moi », et ne peuvent être goûtées que dans une communion intime avec lui. S'il nous a dit de venir à lui, ce n'était pas pour nous
faire éprouver pendant quelques courts instants après notre conversion la joie du pardon, et nous laisser ensuite retrouver notre tristesse et notre péché en retournant à notre vie ordinaire. Il nous destinait à quelque chose de mieux ; il voulait nous faire demeurer en lui et nous faire jouir de sa communion permanente au milieu de nos occupations journalières. Ne l'ayant pas compris, nous n'avons pas conservé la paix trouvée en venant à lui. Cependant, c'est l'amour puissant avec lequel il nous avait dit « Venez » qui lui fait, ajouter : « Demeurez en moi ». Les bénédictions attachées à ce second appel, dépassent de beaucoup celles qui accompagnent le premier; nous ne pouvons réaliser d'avance les richesses que ces mots tiennent en réserve pour quiconque les accepte.

 

« Demeurez en moi », dit Jésus, et non avec moi. Il veut établir entre lui et nous des rapports de la nature la plus intime; il veut nous rendre participants de sa vie divine.

 

Venus à lui, nous devons demeurer en lui. Les mêmes motifs qui nous ont poussés à nous approcher, nous pressent de demeurer. La crainte du péché et de la malédiction qu'il entraîne, le sentiment de lassitude et le désir d'être libérés des liens du péché pour être rendus saints et purs et trouver le repos de nos âmes, le besoin de connaître l'amour infini, l'espoir d'un héritage glorieux et éternel : toutes ces choses qui nous ont amenés à Jésus doivent nous retenir auprès de lui; car ce n'est qu'en demeurant en lui que nous conservons le pardon reçu et que nos âmes altérées seront rassasiées.

 

Nous avons été heureux en venant à Jésus, combien plus le serons-nous en demeurant en lui ! Qui voudrait se contenter de rester à la porte d'un palais, lorsque le roi l'invite à entrer pour partager sa gloire? Et pourtant, beaucoup de ceux qui sont venus à Jésus confessent qu'ils ne savent pas ce que c'est que de demeurer en lui. Les uns ne comprennent pas quelle est la pensée du Sauveur en les appelant; d'autres comprennent, mais ne croient pas qu'une telle communion soit possible possible pour eux. D'autres croient qu’elle est possible, mais ils n'en peuvent découvrir le secret; d'autres enfin confessent que leur infidélité les a empêchés de jouir de cette grâce, ils n'étaient pas prêts à tout sacrifier pour demeurer toujours et complètement en lui.

 

A tous ceux-là nous apportons ce message de Jésus : « Demeurez en moi, » les invitant à en approfondir le sens avec nous. Nous ne prétendons pas résoudre toutes les questions qu'il soulève, Jésus-Christ, seul, doit le faire par son Saint-Esprit. Nous désirons simple­ment montrer les grâces attachées à ce com­mandement béni, et chercher ce qui nous en tient éloignés.

 

Plaçons-nous aux pieds du Sauveur pour méditer cette parole ; serrons-la, dans notre coeur, attendant de LUI SEUL, la force de répondre et de retenir la bénédiction qui nous est offerte.

 


 

SECOND JOUR

 

Demeurez en Christ,
et vous trouverez le repos de vos âmes.

 

« Venez à moi et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, et vous trouverez du repos pour vos âmes. » (Math. XI : 28, 29.)

 

Le repos de l'âme. Voilà ce que le Sau­veur offre au pécheur fatigué et chargé, pour l'attirer à lui. Malgré son apparente simpli­cité, cette promesse est aussi ample et com­plète que possible. Le repos de l'âme, n'est-­ce pas la délivrance de toute crainte, la satis­faction de tout besoin, l'accomplissement de tout désir? Le Sauveur n'offre rien moins pour ramener celui qui s'est éloigné; et il répète par deux fois cette promesse, mais avec des conditions assez différentes pour nous faire comprendre que le repos promis ne peut être réalisé et conservé que dans une communion permanente, en sorte que si nous le perdons, c'est que nous ne sommes pas demeurés en lui. D'abord il dit : Venez à moi et je vous donnerai du repos. Au moment même où vous viendrez et où vous croirez, je vous donnerai du repos, le repos du par­don et de la réconciliation. Mais il faut du temps pour vous approprier pleinement ce que Dieu nous donne ; aussi le Sauveur ré­pète-t-il sa promesse dans les termes qui n'expriment plus seulement ce premier repos qu'il donne à l'âme fatiguée quand elle vient à lui, mais le repos plus solide et plus pro­fond que possède l'âme demeurant en lui, le repos, fruit d'une connaissance plus com­plète, d'une union plus intime et de l'entier abandon de soi. Prenez mon joug, recevez mes instructions, dit-il, mettez-vous à mon école, pliez-vous à ma discipline, soumettez-vous en toutes choses à ma volonté, que votre vie ne fasse qu'un avec ma vie, en un mot : « Demeurez en moi, et vous trouverez du repos pour vos âmes! »

 

Ces paroles de Jésus, ne nous font-elles pas découvrir la raison pour laquelle nous per­dons si souvent, le repos de nos âmes? Le secret d'un repos parfait et durable, c'est de se livrer complètement à Jésus, de lui aban­donner sa vie pour que lui seul la dirige, se laisser enseigner par lui, être et faire unique­ment ce qu'il veut ; hors de ces conditions, inutile d'espérer conserver la paix que Jésus nous a une fois donnée. Le repos est en Christ, l'âme ne peut en jouir qu'en étant elle-même en lui.

 

Faute de saisir cette vérité, beaucoup de croyants perdent vite la paix. Les uns igno­rent que Jésus veut une consécration com­plète, qu'il n'y a pas un détail de notre vie sur lequel il ne veuille régner et dans lequel nous ne devions chercher à lui plaire. D'au­tres regardent cet état de l'âme qui demeure constamment en Jésus, comme le couronnement d'une vie entière de sainteté et de progrès, mais non comme le point de départ pour un faible commençant. Prendre le joug de Jésus et le porter sans le poser un seul instant, semble demander un déploiement d'efforts, un degré de sagesse tout à fait au- dessus de leur portée. Ceux qui pensent ainsi ne savent pas combien « son joug est doux », combien son joug même donne le repos: car, du moment où l'âme se plie à ce joug, le Seigneur donne la force et la joie pour obéir. Ils ne remarquent pas non plus que lorsque Jésus dit : « Recevez mes instructions, » il ajoute « Je suis humble de coeur », nous donnant, ainsi l'assurance qu'il ira au-devant de notre faiblesse et nous portera comme une mère porte dans ses bras son petit enfant. Ils ne voient pas enfin que lorsqu'il dit : « Demeurez en moi, » il demande simplement que nous nous livrions à lui, son amour tout-puissant se chargeant de nous garder et de nous bénir. Ainsi, les uns s'égarent faute d'une consécration entière, les autres faiblis­sent par manque de confiance. Consécration et foi sont les deux éléments essentiels de la vie chrétienne. Tout donner à Jésus, tout recevoir de Jésus. L'un implique l'autre, et les deux sont réunis dans cette expression : se livrer. Se livrer complètement ou s'aban­donner, c'est obéir aussi bien que se confier, se confier aussi bien qu'obéir.

 

Avec un tel malentendu au point de dé­part, il n'est pas étonnant que la vie chré­tienne ne soit pas la vie de joie et de force que nous espérions. Ignorant d'un côté que nous ne pouvons absolument rien faire en dehors de Christ, et de l'autre que Christ veut se charger de nous pour nous garder et nous conduire dans les moindres détails de notre vie, nous comptons sur nos propres forces, et nous tombons constamment dans le pêché. Notre sentier au lieu de devenir de plus en plus lumineux comme le sentier du juste jusqu'à la parfaite lumière, devient comme le chemin d'Israël errant dans le désert : toujours en route pour le repos pro­mis, souvent près de l'atteindre et n'arrivant jamais.

 

Ames fatiguées, qui cherchez ce repos, apprenez aujourd'hui à connaître la retraite où la paix vous est assurée.

 

Mais, direz-vous, c'est précisément de demeurer en Jésus, de porter toujours son joug, de recevoir ses instructions qui est diffi­cile; l'effort même, pour y parvenir, trouble souvent plus encore que le péché ou le mon­de! L'erreur est précisément de croire qu'il faille un effort. Est-ce une fatigue pour le voyageur de se reposer sur le lit qui lui a été préparé? Est-ce un labeur pour le petit enfant de reposer dans les bras de sa mère? N'est-ce pas le lit qui soutient le voyageur? N'est-ce pas les bras de la mère qui portent l'enfant ? Il en est de même de Jésus. L'âme n'a qu'à se livrer à lui et se tenir en repos. La grandeur même de la bénédiction nous empêche de la saisir. Nous n'osons pas croire que Jésus veuille et puisse nous instruire et nous garder tout le jour durant. C'est là, cependant, ce qu'il a promis ; et, dans la mesure où nous le croirons, nous trouverons la paix. La difficulté ne vient pas du joug à prendre, mais de notre résistance à prendre le joug, puisque c'est notre complet abandon à Jésus, comme à notre Maître et notre Gardien, qui nous assure le repos de nos âmes.

 

Acceptez dès ce jour, en toute simplicité, la parole de Jésus. L'ordre est positif : « Prenez mon joug, recevez mes instructions, demeurez en moi ». Nous n'avons pas la liberté d'hésiter. Le soldat docile, sans demander pourquoi ni comment, obéit, se confiant en la sagesse de son supérieur pour pourvoir à tout. A nous donc d'obéir ; à Christ notre Sauveur de nous rendre capables de demeurer dans le repos et d'y persévérer; à lui de nous faire goûter les bienfaits de ce repos. Et si, par moments, nous faiblissons, que ce soit une nouvelle raison pour nous confier plus résolument en l'amour tout-puissant de Jésus.

 

Heureux repos, avant-goût du ciel! Quand nous le possédons nous trouvons la force pour tout devoir, le courage pour tout combat, une bénédiction dans chaque croix, la joie de la vie éternelle dans la mort, même.

 

« Demeurez en moi. Prenez mon joug et recevez mes instructions, et vous trouverez du repos pour vos âmes. »

 


 

TROISIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ,
vous confiant à lui pour vous garder.

 

« Je cours pour tâcher de saisir le prix, puisque moi aussi, j'ai été saisi par Jésus-Christ. (Philip. III : 12)

 

Parmi ceux qui reconnaissent que c'est un devoir et un privilège de demeurer constamment en Christ, il en est qui considèrent cette grâce comme réservée à une élite de chrétiens favorisés par les circonstances, et non à la majorité des disciples, dont la vie est remplie, par la volonté même de Dieu, d'occupations terrestres. Dans leur faiblesse, ils n'oseraient prétendre à cette vie de communion permanente. Mais c'est à eux qu'elle convient précisément; car il ne s'agit pas d'accomplir quelque chose de grand, ni même de débuter par une vie de sainteté et de dévouement : il s'agit, pour le faible, de se confier au Tout-Puissant pour être gardé ; pour l'infidèle de s'appuyer sur Celui qui est parfaitement fidèle et vrai. Consentir à laisser Jésus tout faire pour nous, en nous et par nous, attendant avec confiance ce qu'il a promis d'accomplir, c'est là simplement demeurer en Christ.

 

Beaucoup de personnes qui savent que la conversion et le pardon viennent de Dieu, font dépendre de leurs efforts et de leur fidélité ce qui reste encore à faire pour le perfectionnement de leur salut. Alors les chutes sont fréquentes, le découragement survient et ne fait qu'augmenter leur incapacité. Elles n'ont pas fait cette expérience que Jésus, en disant : « Demeurez en moi! » s'offre lui-même, lui, le gardien d'Israël, qui ne sommeille ni ne dort, comme la demeure vivante de l'âme, où les influences pénétrantes de sa grâce triompheront de leur faiblesse.

 

Demeurer en Christ est, aussi bien que la conversion et le pardon, une grâce qui vient de lui seul. Si nous avons senti qu'il nous a attirés à lui en nous appelant à venir, nous devons compter sur lui quand il dit : « Demeurez en moi, » pour retenir dans sa communion quiconque répond à son appel.

 

Demeurez en moi, n'est point une loi du Sinaï réclamant du pécheur ce qu'il ne peut accomplir ; c'est un commandement d'amour, par conséquent une promesse sous une autre forme. Nous ne sommes pas sous la loi avec son inexorable : Fais ceci ; mais, sous la grâce, qui dit: « Crois » ce que Jésus veut faire pour toi. Si donc la pensée de faire nous-mêmes encore quelque chose nous préoccupe, disons-nous que notre oeuvre n'est que le fruit de l'oeuvre de Christ en nous. Quand notre âme abdique complètement et attend tout de Christ, elle voit ses forces s'éveiller et déployer toutes leurs ressources; alors nous travaillons avec succès, parce que nous sentons Christ opérer en nous.

 

Cette relation entre l'oeuvre de Christ et la nôtre est admirablement exprimée dans ces paroles de Paul « Je cours pour tâcher de saisir (le prix), puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ! » La pleine assurance en Christ qui l'avait saisi, le portait en avant, en lui donnant le courage et la force pour atteindre le but pour lequel il avait été saisi.

 

Une comparaison nous fera mieux comprendre l'expression de Paul et son application à la vie chrétienne. Représentons-nous un père aidant son enfant à gravir un roc escarpé. Le père, se tenant au-dessus de son fils, l'attire à lui, lui montrant la place où il doit mettre son pied. Le saut serait trop élevé pour l'enfant laissé à lui-même; mais se confiant en la main du père, il s'élance pour parvenir là où le père le veut. C'est la force du père qui est son salut, qui le soulève et l'excite à user de ses propres forces.

 

Telle est la relation entre Christ et le fai­ble croyant. Notre union avec lui et, par lui, avec le Père, voilà son but glorieux. Cher­chez à vous en rendre compte et en même temps à faire l'expérience que vous avez été saisis pour ce but par Jésus-Christ, afin de vous confier en sa toute-puissance pour ache­ver l'oeuvre qu'il a commencée. Tout ce que vous avez déjà reçu, le pardon et la paix, le Saint-Esprit et sa grâce, ne sont que les pre­miers pas vers cette vie de communion. Tout ce qui vous est encore promis, sainteté, oeu­vres à faire et gloire éternelle, n'en sont que les résultats naturels.

 

Fixez constamment vos regards sur ce but que Jésus vous propose. Toute vérité de Dieu qui se fait connaître à nous, demande de devenir aussitôt un principe de vie. C'est pourquoi, cédez dès aujourd'hui au Sauveur dans ce qu'il demande de vous; renoncez à vous-même pour demeurer en lui, et il entretiendra lui même votre confiance. Si le  découragement vient après quelque chute, que cette parole où Paul puisait sa force : « j’ai été saisi par Jésus-Christ » vous relève aussi et vous redonne confiance. Ainsi vous arriverez à dire tous les jours avec plus d'assurance : « Je cours pour tâcher de saisir le prix, puisque moi aussi j'ai été saisi par Jésus-Christ ».

 


 

QUATRIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ
comme le sarment est uni au cep.

 

« Je suis le cep, vous êtes les sarments. » (Jean XV : 5)

 

Jésus employa cette expression « demeurez en moi, » après avoir prononcé la parabole du cep et des sarments. Cette admirable parabole nous donne la meilleure illustration de l'union que le Seigneur nous propose.

 

Elle nous montre la nature de cette union. Le cep et le sarment sont unis par une vie commune, non par une union simplement extérieure, temporaire, résultant du travail de l'homme. Le sarment naturel ou greffé n'existe que par l'intervention directe du Créateur qui fait circuler dans le sarment la vie, la sève, la vigueur du cep. De même, l’union du croyant avec son Sauveur n'est pas le résultat de la sagesse ni de la volonté humaine, mais d'un acte de Dieu qui établit la communauté de vie la plus intime et la plus complète entre son Fils et le pécheur. Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils! Le même Esprit qui a demeuré et qui demeure dans le Fils, devient le principe vital du croyant. Dans la communion de ce même Esprit, le croyant est un avec lui.

 

La parabole nous enseigne aussi la perfection de cette union. Entre le cep et le sarment, elle est si complète que l'un n'est rien sans l'autre et n'existe même qu'en vue de l'autre.

 

Sans le cep, le sarment ne peut rien. C'est au cep qu'il doit sa place dans la vigne, sa vie et sa fécondité. Aussi le Seigneur dit-il « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » Le croyant ne peut plaire à son Dieu que dans ce qu'il fait par la puissance de Christ habitant en lui. La sève du Saint-Esprit, qui lui est journellement communiquée, est sa seule force pour vivre et pour produire quelque fruit.

 

D'autre part, sans le sarment, le cep ne peut rien non plus. Il ne peut produire son fruit. Le sarment n'est donc pas moins indispensable au cep que le cep au sarment ; et là se manifeste la merveilleuse condescendance de la grâce de Jésus, qu'il se soit fait lui-même dépendant de ses disciples, comme ses disciples le sont de lui. Il a besoin d'eux pour dispenser ses bénédictions au monde. Il leur est indispensable dans le ciel pour produire leur fruit ; mais ils lui sont aussi indispensables sur la terre pour l'accomplissement de son oeuvre.

 

Il y a plus encore, avons-nous dit : comme l'un n'est rien sans l'autre, l'un n'existe qu'en vue de l'autre.

 

Tout ce que le cep possède appartient au sarment. Il tire du sol sa nourriture et sa saveur en vue du sarment. Jésus dit : « Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée... Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes... Je me sanctifie moi-même, afin qu'eux aussi soient sanctifiés. » Toute sa plénitude et ses richesses sont au croyant. Tout ce qu'il est dans le ciel, il l'est pour le croyant. Il se tient comme son représentant devant le Père.

 

Enfin tout ce qui est au sarment appartient au cep. Le seul mérite du sarment est d'être au service du cep, de porter des fruits qui témoignent de l'excellence du cep. Magnifique image de la vocation du croyant et de son entière consécration au service de son Seigneur. Il doit se sentir pressé de se donner complètement à Celui qui s'est donné le premier Son être entier, ses moindres pensées, tous ses sentiments appartiennent à son Sau­veur, afin que, par lui et pour lui, il puisse produire ses fruits.

 

Quand on a sondé le sens de cette para­bole, on saisit la vraie force de ce comman­dement d'amour :

 

« Demeurez en moi. » Jésus, par cette image, nous donne à entendre par quels liens indissolubles et vivants il veut nous unir à lui. Il veut nous faire réaliser notre entière dépendance à son égard, et, en même temps, la richesse de vie qu'il met à notre disposition. Une fois à lui, tout ce qu'il possède nous appartient, et nous n'avons qu'à puiser abondamment. Son intérêt, sa gloire, est que nous soyons des sarments productifs. Nous sommes incapables, mais il est Tout-Puis­sant ; nous sommes pauvres, mais il est riche. C'est pourquoi nous devons demeurer en lui, recevoir ses instructions, nous soumettre à sa lui, en nous confiant dans sa grâce, et en ses promesses; croire qu'il est le cep et nous ses sarments.

 

Comment hésiter encore et ne pas accepter comme une bénédiction cette communion qui vous est offerte? Jésus ne vous demande que cela. Croyez qu'une fois à lui, il vous portera comme le cep vigoureux porte le fai­ble sarment.

 

Si vous demeurez en lui, il fortifiera votre foi en vous faisant pénétrer de jour en jour plus avant dans ce mystère de notre union avec lui, et il vous la rendra toujours plus facile.

 


 

CINQUIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ
comme vous êtes venus à lui, par la foi.

 

« Comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis dans la foi, y faisant des progrès » (Col. 2 : 6, 7)

 

Ces paroles nous montrent que la foi est aussi indispensable pour progresser dans la vie chrétienne que pour y entrer.

 

De sincères chrétiens ne le comprennent pas, ou, s'ils l'admettent en principe, le nient en pratique. Pour eux, l'homme est bien justifié par la foi, mais ils négligent cette autre vérité : « Le juste vivra par la foi. » Ils n'ont jamais compris quel Sauveur par­fait nous avons en Jésus. Sauveur qui veut faire chaque jour, pour le pécheur, autant qu'au premier jour où il est venu à lui. Ils semblent ignorer que la vie de la grâce est toujours et uniquement une vie de foi, et que le devoir constant du disciple dans ses relations avec Jésus, est de croire, la foi étant le canal par lequel la grâce et la force divines parviennent au coeur de l'homme. Le vieil homme reste mauvais et pécheur jusqu'à la fin chez le croyant; et ce n'est qu'autant que celui-ci vient chaque jour, vide de lui-même et impuissant, à son Sauveur pour recevoir de sa vie et de sa force, qu'il peut produire des fruits de justice à la gloire de Dieu. Aussi est-il dit : « Comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, affermis dans la foi, y faisant des progrès. »

 

Reportons-nous au moment où, pour la première fois, nous avons reçu Jésus. Que d'obstacles se présentaient à nous pour nous empêcher de croire : notre indignité, notre culpabilité. Il semblait impossible que la promesse de pardon et d'amour s'adressât à d'aussi grands pécheurs que nous. La conscience de notre faiblesse et de notre état de mort nous rendait incapables de la confiance et de l'abandon qui nous étaient demandés; la prévision de l'avenir nous empêchait d'entrer dans une voie où il nous semblait impossible de persévérer. Ces difficultés se dressaient comme des montagnes sur notre chemin; mais ces montagnes ont été transformées par la foi à la Parole de Dieu. Cette Parole nous assurait notre salut en dépit de notre état de péché, de notre faiblesse, de notre infidélité. Cependant nous avons cru et nous n'avons pas été trompés.

 

Cette expérience, nous devons la renouveler pour ce qui concerne notre habitation en Christ. Maintenant, comme alors, les tentations qui nous empêchent de croire sont nombreuses. En présence des péchés commis depuis que nous sommes disciples, il nous semble qu'il est présomptueux de croire que Jésus nous reçoive dans son intimité et dans la pleine jouissance de son saint amour. Devant notre incapacité à tenir la résolution la plus sacrée, nous tremblons à la seule pensée de répondre affirmativement au commandement du Sauveur de demeurer en lui. Enfin la pensée de la vie d'amour et de joie, de sainteté et de bonnes oeuvres qui découlerait de notre habitation en lui nous décourage par sa beauté même: et il nous semble que prétendre à un tel bonheur, c'est marcher au-devant d'une déception.

 

Eh bien ! profitons de notre expérience; et rappelons-nous comment nous avons été conduits à prendre les promesses de Jésus à la lettre, contrairement à nos sentiments à notre jugement même, et combien nous avons été bénis. Il nous a reçus et pardonnés; il nous a aimés et sauvés; et s'il a fait cela pour nous lorsque nous étions ennemis, étrangers, que ne fera-t-il pas maintenant que nous sommes à lui? Si, par sa grâce toute-puissante, nous sommes à lui, ne serons-nous pas, par cette même grâce toute puissante, capables de demeurer en lui?

 

Et que faut-il croire, demanderez-vous, pour demeurer en Christ? Croyez d'abord cette Parole de Jésus : « Je suis le cep. » La vigueur et la fertilité du sarment dépendent de la force du cep. Ne pensez pas tant à vous-mêmes, mais commencez par nourrir votre foi de tout ce que Christ est comme cep, et de ce qu'il est pour nous, ses sar­ments. Il nous porte, nous nourrit. Il se charge de notre croissance et de nous faire produire des fruits. Les sarments, même les plus faibles, sont portés par le cep; ils ne le portent pas. Demandez au Père qu'il vous révèle par son Saint-Esprit l'amour et la puissance de ce Christ duquel nous tirons notre vie ; car c'est la connaissance de tout ce que nous avons en Christ et la foi basée sur cette connaissance, qui nous feront de­meurer en lui et produire des fruits.

 

Nous ne pouvons trop rappeler aux disci­ples de Christ l'importance qu'il y a à exer­cer leur foi en affirmant qu'ils sont en lui.

Cette affirmation rend si simple de demeu­rer en Jésus! Je suis en Christ : cette simple pensée, nourrie avec soin dans la prière et dans la foi, dissipe toute difficulté et fait cesser tout effort inutile. Je suis en Christ je n'ai donc plus qu'à en rendre grâce à mon Sauveur et me remettre à sa puissance misé­ricordieuse.

 

Et cette foi, chose étonnante, produira d'elle-même tout ce qu'implique cette vie en Christ. La vie chrétienne demande beaucoup de vigilance et de prière, de renoncement et de combat, d'obéissance et d'activité; mais tout est possible à celui qui croit. « La vic­toire qui a triomphé du monde c'est notre foi. » Cette foi, qui ne regarde pas à la fai­blesse de la créature, mais se réjouit dans la force du Sauveur rend l'âme forte et joyeuse. Elle se nourrit de toutes les révélations des saintes Ecritures sur la personne et les pro­messes de Jésus et, se fiant à cette parole : « Si ce que vous avez entendu dès le com­mencement demeure en vous, vous demeurerez aussi dans le Fils et dans le Père ; »  elle vit de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu. Ainsi l'âme est rendue propre à être  et à faire tout ce qu'il faut pour demeurer en Christ.

 

Croire, croire toujours, croire d'une foi enfantine et inébranlable à Jésus-Christ comme au cep dont nous sommes les sarments, voilà la source de notre communion permanente avec lui.                 

 


                                                                                                      

SIXIEME JOUR

                                                                                                      

Demeurez en Christ;

car Dieu lui-même vous a unis à lui.

 

« C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ. » (1 Cor. 1 : 30)

« Mon Père est le vigneron. » (Jean XV : 1)

 

« Vous êtes en Jésus-Christ, » disait Paul aux disciples de Corinthe. Ils étaient encore bien faibles et charnels, des enfants en Christ ; néanmoins, Paul, avant de leur adresser ses enseignements, veut qu'ils sachent qu'ils sont en Jésus-Christ. Notre vie chrétienne tout entière dépend du témoignage intérieur que nous avons de notre position en Christ: pour demeurer en lui, il faut que nous nous sachions en lui. Toute exhortation adressée à des croyants, doit, pour porter du fruit, avoir comme point de départ le fait qu'ils sont en Christ.

 

Mais l'apôtre ajoute une chose non moins importante : « C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ. » Nous devons nous rappeler, non seulement que nous sommes unis à Christ, mais surtout que cette union est l'oeuvre de Dieu et non la nôtre, ce qui est une source d'assurance et de force.

 

Dans notre union avec Christ, il y a une oeuvre de Dieu et il doit y en avoir une de nous; celle de Dieu consiste à nous faire faire la nôtre. La sienne est cachée et s'accomplit dans le silence; la nôtre est apparente. La conversion et la foi, la prière et l'obéissance sont des actes dont nous pouvons nous rendre compte, tandis que le principe spirituel et vivifiant qui nous vient d'en haut, l'oeil ne le distingue pas. Aussi le disciple qui en vient à dire : Je suis en Christ, peut-il être tenté de considérer plutôt ce qu'il a fait, que cette oeuvre merveilleuse et invisible de Dieu qui l'a uni à son Fils. Il est nécessaire cependant de savoir que, lors de notre conversion, quand nous avons cru et accepté Jésus, c'est la toute-puissance de Dieu qui agissait en nous, sanctifiant notre volonté, prenant possession de nous, et accomplissant son plan d'amour en nous plaçant en Jésus-Christ. Quand le disciple discerne ce côté divin de l'oeuvre de son salut, il ne peut qu'adorer avec actions de grâce et se réjouir, En repassant le chemin parcouru, il reconnaît à chaque pas l'oeuvre de Dieu et se dit : C'est par Dieu que je suis en Jésus-Christ !

 

Cette expérience le conduira plus loin; elle le mettra en présence des profondeurs infinies de l'éternité. « Ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés. » Il découvrira que cet appel réalisé dans le temps présent, découle d'un plan éternel. Avant que le monde fût, Dieu l'avait choisi en Christ. Avec le prophète il pourra dire : « L'Eternel m'est apparu depuis longtemps et m'a dit : Je t'ai aimé d'un amour éternel, c'est pourquoi je t'ai attiré par ma miséricorde. » Il reconnaîtra que son propre salut fait partie du « mystère de sa volonté, selon le bienveillant dessein qu'il avait formé en lui-même pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis » ; et se joignant au corps entier des croyants, il dira avec eux « En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté. » Rien ne donne un sentiment plus vif de l'immensité de la grâce et ne porte davantage l'homme à s'incliner devant elle que la connaissance de ce mystère. « C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ.

 

Cette conviction exerce sur le croyant qui cherche à demeurer en Christ, une influence puissante. Quel fondement sûr pour sa foi, si tout ce qu'il se sent en droit d'attendre de Christ et de sa plénitude repose sur le des­sein et l'oeuvre du Père ; s'il voit dans le Père, le Vigneron qui veille avec le même amour sur le Cep, son Fils bien-aimé, et sur lui, son sarment! Quelle source de paix et de confiance de pouvoir se dire : Si Dieu, qui a choisi Christ pour être le Cep, l'a formé pour accomplir parfaitement son oeuvre, Dieu, qui m'a choisi pour m'enter en Christ, s'est engagé par là même à me garder en lui et à me rendre en tous points sem­blable à son Fils, pourvu que je me soumette à son action !

 

Si vous arriviez à cette conviction, avec quelle joie et quelle assurance vous feriez monter vos prières vers le Dieu et Père de Jésus-Christ. Le sentiment de votre dépen­dance absolue vous ferait découvrir que votre salut est de vous attendre constam­ment à Celui qui vous a unis à Christ, pour qu'il perfectionne son oeuvre et produise en vous le vouloir et le faire selon son bon plaisir.

 

Vous trouveriez là un mobile puissant pour entretenir une vie abondante en fruits. « Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres, pour lesquelles Dieu nous a préparés d'avance, afin que nous les pratiquions. »

 

Oh! que les croyants cessent de regarder à eux-mêmes pour se plaindre de leur faiblesse, comme si Dieu les appelait à une oeuvre pour laquelle il ne les a pas préparés! Qu'ils acceptent joyeusement et avec foi le fait merveil­leux qu'en les unissant à Christ, Dieu se charge de leur développement spirituel et des fruits qui en découlent! Alors, toute paresse, toute hésitation malsaine disparaîtront. Sous l'influence bénie de la foi en la fidélité de Celui par qui ils sont en Christ, ils se lève­ront, pour accomplir leur glorieuse destinée.

 

Cédez à l'influence puissante de cette pa­role : « C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ ! » Méditez-la dans l'adoration jusqu'à ce que la lumière d'en haut ait brillé dans vos coeurs et vous fasse reconnaître dans votre union à Christ un effet de la volonté du Père qui est fidèle pour achever l'oeuvre qu'il a commencée.

 


 

SEPTIEME JOUR

 

Demeurez en Christ votre sagesse.

 

« C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ, lequel est devenu pour nous sagesse par la volonté de Dieu, et justice et sanctification et rédemption. » (1 Cor. 1 : 30)

 

Jésus-Christ n'est pas seulement sacrificateur pour nous obtenir le salut que Dieu a préparé à ceux qu'il aime, et roi pour nous l'assurer ; il est aussi prophète pour nous le révéler. Comme au jour de la création, la lumière fut créée en premier lieu, afin qu'en elle toutes les autres oeuvres de Dieu eussent la vie et la beauté, de même, de tous les dons qui nous sont réservés en Jésus-Christ, la sagesse est mentionnée en premier dans notre texte, comme renfermant les trois autres dons qui suivent. La vie est la lumière de l'homme. En nous faisant connaître le Père, Christ nous fait participants de la vie éternelle. « Il est devenu pour nous sagesse. » En lui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science. Pour en jouir, nous devons demeurer en lui; voilà ce qu'il nous faut mieux saisir. Les bénédictions que Dieu nous a préparées en son Fils, ne peuvent nous être accordées hors de Christ ou indépendamment de lui; l'exaucement de chacune de nos prières relativement à ces dons, ne peut nous venir que d'une union toujours plus intime avec lui.

 

Si vous soupirez après cette connaissance de Dieu qui donne la vie éternelle, demeurez en Jésus ; la vie dans le Fils conduit à cette communion avec le Père, qui, seule, nous le fait réellement connaître et nous révèle son amour, sa puissance, sa gloire infinie. Votre intelligence pourra peut-être ne pas tout saisir et vous ne saurez exprimer tout ce qui vous sera donné; mais vous aurez cette connaissance intime et profonde qui vient de ce que « nous sommes connus de lui. »

 

Vous aimeriez arriver, comme Paul, à regarder toutes choses comme une perte à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ. Demeurez eu Jésus et « soyez trouvés en lui, » c'est ainsi que nous connaissons Christ et la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances. » En le suivant nous ne marchons pas dans les ténèbres, mais dans la lumière de la vie.

 

Vous voudriez comprendre l'oeuvre de Jésus telle qu'il l'a accomplie sur la terre ou la poursuit du ciel par son esprit; vous voudriez savoir comment il peut devenir notre justice, notre sanctification et notre rédemption. C'est précisément en devenant votre sagesse qu'il vous le révélera. Aussi, lorsqu'il vous arrive d'être troublés par des questions sans nombre auxquelles vous ne trouvez pas de réponses, dites-vous bien que cela vient de ce que vous ne regardez pas à lui comme à votre sagesse. Que votre premier soin soit donc de demeurer en lui de tout votre coeur; la connaissance viendra dans la mesure où Christ votre sagesse le jugera bon. Sans cette union intime, la connaissance n'est d'aucun profit elle est même dangereuse. L'âme se contente de pensées qui ne sont que l'image de la vérité, sans recevoir la vérité elle-même. Dieu donne Christ, et cachés en lui, les trésors de la sagesse et de la connaissance, tandis que l'homme cherche la connaissance d'abord et souvent hélas! s'en tient là. Appliquez-vous seulement à posséder Christ, à demeurer en lui, à faire de lui votre vie ne cherchant la connaissance que dans une communion toujours plus intime avec lui, et vous aurez la science qui donne la vraie vie.

 

Voir en Jésus votre sagesse, et attendre avec confiance de lui toute instruction néces­saire pour vivre à la gloire du Père, quelle bénédiction! Aussi, pour tout ce qui concerne notre vie spirituelle, demeurez en lui comme étant votre sagesse. Vivre en Christ est quel­que chose de trop sacré pour que nous puis­sions nous en charger. Lui seul peut nous guider et nous donner, par son Esprit, le discernement, non seulement de ce qui con­vient à notre dignité d'enfants de Dieu, mais surtout de ce qui peut aider ou nuire à notre union avec lui.

 

Et quand vous ouvrez la Parole de Dieu, souvenez-vous que vous devez demeurer en Jésus votre sagesse. Nous devons sonder la Parole écrite, mais nous ne pouvons la com­prendre que dans la communion de la Parole vivante, source de toute lumière. « Ses pa­roles sont esprit et vie » pour ceux qui sont en lui.

 

Pour tout ce qui concerne votre vie jour­nalière, enfin, demeurez encore en Jésus votre sagesse. Notre corps est son temple, et notre vie de chaque jour, la sphère qui nous est assignée pour le glorifier. Si vous croyez à sa présence et à son amour, il vous dirigera dans vos affaires terrestres de sorte qu'elles tourneront à sa gloire. L'abandon de vous-­mêmes à sa direction vous donnera un esprit calme, libre de toute passion, et un jugement sûr. Votre prière pour obtenir la sagesse, comme celle de Salomon, sera exaucée au delà de ce que vous aurez demandé ou pensé.

 

De même, pour tout travail entrepris pour le service de Dieu, reposez-vous sur Jésus comme étant votre sagesse. « Nous avons été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres pour lesquelles Dieu nous a préparés d'avan­ce afin que nous les pratiquions. »  Ainsi, bannissez toute crainte de ne pas discerner ces oeuvres. « Nous avons été créés en Christ pour elles. » Il vous les désignera lui-même et vous montrera comment les accomplir. Apprenez à être joyeux dans la confiance qu'il vous conduit en toute sûreté, même là où vous ne pouvez voir l'issue du chemin qu'il vous fait parcourir. Il sait toutes choses; et quiconque marche en lui, n'ignore rien de ce qu'il doit savoir.

 

Oui, demeurez en Christ, votre sagesse. Cultivez en vous cet esprit d'attente et de dépendance qui ne veut agir que sous la di­rection d'en haut. Toujours plus convaincus de l'incapacité du coeur naturel pour com­prendre les choses de Dieu, renoncez à votre propre sagesse, ne comptant que sur celle de Jésus pour vous enseigner et vous diriger, même dans ce que vous avez à croire et à faire. Seulement, souvenez-vous que la sa­gesse divine n'enseigne ni ne dirige du dehors, mais en vivant en vous. Qu'elle habite donc abondamment en vous et vous serez conduits en tonte connaissance et en toute sagesse.

 


 

HUITIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ votre justice.

 

« C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ, le­quel est devenu pour nous, sagesse par la volonté de Dieu, et justice, et sanctification et rédemption. » (1Cor. 1 : 30)

 

La justice est la première bénédiction que Christ, notre sagesse, nous révèle comme nous étant préparée en lui. Il est facile de comprendre pourquoi elle vient en premier. Il ne peut y avoir de prospérité et de pro­grès que dans la paix, et il n'y a de paix que là où règnent le droit et la justice. Or, le péché avait troublé toutes nos relations, nous étions en guerre avec nous-mêmes, avec les hommes et avec Dieu. Pour que le salut que Jésus nous apportait pût nous être en béné­diction, il fallait tout d'abord qu'il nous pro­curât la paix comme hase de notre dévelop­pement moral et spirituel. Jésus-Christ est venu rétablir l'harmonie sur la terre et dans notre âme par la justice, en accomplissant pour nous la volonté de Dieu. Parce qu'il est Melchisédec, roi de justice, il est roi de Salem, c'est-à-dire roi de paix. (Heb VII : 2) Ainsi s'accomplit ce que les prophètes ont annoncé : « Alors le roi règnera selon la jus­tice. L'oeuvre de la justice sera la paix et le fruit de la justice, le repos et la sécurité pour toujours. » (Esa. XXXII : 1, 17.) « Christ est devenu pour nous, justice par la volonté de Dieu; » — « par Dieu nous som­mes en lui, devenu notre justice » et « nous sommes devenus en lui justice de Dieu. » Ici encore ce n'est que par notre union avec la personne de Christ que nous pouvons être au bénéfice de cette justice.

 

Le pécheur, amené à se confier en Jésus pour son salut, commence en général par regarder plus à l'oeuvre qu'à la personne de Jésus-Christ, En contemplant la croix où Christ, meurt, lui juste pour les injustes, il voit dans cette mort expiatoire le fondement unique, mais suffisant de sa foi au pardon miséricordieux de Dieu. La pensée que la justice de Jésus le rend juste aux yeux de Dieu, suffit pour lui donner la paix. « Etant Justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, » et il s'efforce de revêtir cette robe de justice par la foi en ce don précieux.

 

Mais en avançant, il éprouve le besoin de mieux comprendre comment Dieu peut ainsi justifier l'impie par la justice d'un autre. L'Ecriture lui répond alors par cette admi­rable description de l'union du fidèle avec Christ, second Adam. Christ s'étant fait un avec les siens, les siens ne forment qu'un même corps avec lui. D'accord avec la loi de la nature, en vertu de laquelle les membres du corps participent à l'activité, aux souffrances, en un mot, à la vie de la tête, le fidèle uni à Christ est pleinement participant de sa justice. Le croyant est ainsi amené à sentir que ce n'est que dans une union per­sonnelle avec Christ, la tête, qu'il peut être au bénéfice de la puissance de la justice pour placer son âme dans la faveur et la commu­nion parfaite du Dieu saint. L'oeuvre de Christ ne lui est pas moins précieuse, mais sa personne le devient davantage : l'oeuvre le conduit à la personne.

 

Cette expérience, à son tour, jette un nou­veau jour sur plusieurs passages de l'Ecriture dont il n'avait pas jusque-là saisi la portée, passages qui montrent clairement com­bien la justice de Dieu, en devenant nôtre, est liée à la personne même du Rédempteur.

« Voici le nom dont on l'appellera l'Eternel notre justice. En l'Eternel seul résident la justice et la force.  — Il est devenu pour nous justice par la volonté de Dieu. » - « Afin que nous devenions en lui justice de Dieu. » « Afin d'être trouvés en lui avec la justice qui vient de Dieu. Il voit que sa justice et la vie en Christ sont inséparables : « Par un seul acte de justice, la justification qui donne la vie s'étend à tous les hommes. — Ceux qui reçoivent le don de la justice règneront dans la vie par Jésus-Christ lui seul. » Et il entrevoit le sens profond de cette parole qui est la clef de l'épître aux Romains : « Le juste vivra par la foi. » Il ne lui suffit plus alors de considérer cette justice qui lui est imputée comme un manteau qu'il doit revêtir ; mais s'enveloppant de la personne même de Jésus, il sent combien la justice de Dieu n'est la sienne qu'en tant qu'il est en Christ. Avant d'en arriver là, il trouvait difficile de vivre habituellement sous le couvert de cette justice ; mais maintenant que c'est le Christ lui-même qui est sa justice, ce Christ qui veille sur lui, le garde et l'aime comme membre de son propre corps, il lui devient aisé de marcher tout le jour revêtu de sa présence bénie. Ce nouveau pas le conduit encore plus loin. La vie et la justice étant indissolublement unies, le croyant, par son union à Christ, acquiert la conscience d'une nature juste enracinée en lui. « L'homme nouveau créé en Jésus-Christ, est créé dans une justice et une sainteté véritables. » — « Celui qui pratique la justice est juste comme lui-même est juste. » Son union avec Jésus a effectué un changement, non seulement dans ses rapports avec Dieu, mais aussi dans son état personnel devant lui. Et si cette union est maintenue, la justice devient peu à peu sa propre nature par le renouvellement progressif de l'être tout entier ; sa vie témoigne de cette union avec le juste.

 

Une fois que le chrétien a pénétré le sens profond de ces mots : « Christ est devenu pour nous justice, » il est à peine nécessaire de lui recommander de demeurer en lui. Aussi longtemps qu'il ne se regardait que judiciairement juste à cause de l'expiation de Jésus-Christ, la nécessité de demeurer en lui n'était pas évidente pour lui; mais à mesure que la gloire de l'Eternel, sa justice se dévoile à ses yeux, il comprend de lui-même que le seul moyen de se maintenir en tout temps parfait et acceptable devant Dieu, c'est de demeurer personnellement en Christ, en qui se fortifie sa nouvelle nature de juste. La pensée principale du pécheur repentant était la justice qui vient par Jésus mourant pour le péché; pour le croyant intelligent et avancé. Jésus, personne vivante, par qui vient la justice est tout ; car en le possédant, il possède aussi la justice.

 

Demeurons fermes en Christ devenu notre justice; car nous portons en nous une nature entièrement vile et corrompue qui se relève toujours pour étouffer le sentiment de notre acceptation devant Dieu et contester le droit que nous avons à une communion permanente avec le Père. Cette habitation constante en Jésus, notre justice, nous rend seuls capables de marcher tous les jours, sans être ébranlés, dans la lumière et dans la paix; seule, elle nous permet de jouir des dons réservés pour nous en Christ, et d'entrer dans le repos de Dieu où règnent la joie et le bonheur.

 


 

NEUVIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ

votre sanctification.

 

« C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ lequel est devenu pour vous sagesse par la volonté de Dieu, et justice, et sanctification, et rédemption. » (1 Cor. 1 : 30)

 

« Paul à l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints. Ainsi commence le chapitre dans lequel Christ est présenté comme notre sanctification. Dans l’Ancien Testament, les croyants sont appelés les « justes » ; dans le Nouveau, « les saints sanctifiés en Jésus-Christ ». Saint est plus que juste (1). Par rapport à Dieu, saint, s'applique à sa personne; juste, à la manière dont il agit envers ses créatures. Chez l'hom­me la justice n'est que le premier pas vers la sainteté. C'est par elle qu'il peut s'approcher le plus de la perfection de Dieu. (Comp. Math. V, 48 ; 1 Pierre I, 16). La justice se trouvait sous l'ancienne Alliance, tandis que la sainteté n'y est que figurée, en attendant d'être réalisée en Jésus-Christ, le Saint, puis dans ses disciples, les saints.

 

Dans notre texte, ainsi que dans l'Ecriture en général, la justice précède la sainteté ; il en est de même dans l'expérience person­nelle. Lorsque le croyant trouve en Christ sa justice, il en éprouve une si grande joie, qu'il se préoccupe peu de sainteté. Le besoin, cependant, s'en fait bientôt sentir, et il cher­che le moyen de l'obtenir. Il arrive souvent alors que le croyant poursuit en vain, pen­dant des années, la sanctification, comme si elle devait être le fruit de sa reconnaissance et de ses efforts personnels, jusqu'à ce qu'en­fin il écoute l'enseignement de l'Esprit qui, encore ici, donne gloire à Christ en le révé­lant comme étant, lui-même notre sanctification, que nous devons nous approprier par la foi seule.

 

La sainteté est la nature même de Dieu elle a été manifestée en la chair et mise à la portée de l'homme en Christ, le Saint de Dieu. Celui-là seul est saint qui est uni Dieu par Christ, et il le deviendra dans la mesure où il demeurera en lui.

 

Nous avons dans l'arbre greffé une vivante illustration de cette oeuvre de sanctification proportionnée à l'union du fidèle avec son Sauveur. On peut greffer un arbre de ma­nière à ce qu'une branche seule porte de bons fruits, tandis que d'autres branches naturelles portent encore leurs fruits sau­vages. Vrai type de ces chrétiens chez les­quels une faible partie de la vie est sanctifiée, mais en qui, par ignorance ou pour d'autres raisons, la vie charnelle a gardé, sur bien des points, toute sa puissance. On peut encore greffer un arbre en coupant toutes les branches, de sorte qu'il soit entièrement renou­velé pour porter de bons fruits; toutefois, si on ne veille pas à la tendance du tronc à produire des pousses naturelles, celles-ci peu­vent croître et affaiblir la nouvelle greffe en absorbant toute la sève. Tels sont les chré­tiens qui à leur conversion avaient tout abandonné pour suivre Jésus et semblaient fermes en la foi, mais qui ont laissé, par manque de vigilance, d'anciennes habitudes reprendre peu à peu le dessus; ils végètent dans leur vie chrétienne et portent peu de fruits.

 

Mais pour changer radicalement la nature d'un arbre, il faut le prendre jeune encore, couper la tige à fleur de terre et le greffer à l'endroit même où il sort du sol ; puis veiller sur le moindre rejeton de l'arbre sauvage, qui pourrait paraître, pour l'enlever, jusqu'à ce que la sève soit concentrée sur la branche greffée, qu'elle y coule librement et que la nature sauvage soit entièrement vaincue. Cet arbre nouveau, produisant des fruits succulents, est un emblème du chrétien qui a appris, par une pleine consécration, à tout abandonner pour Christ et à demeurer constamment en lui dans une foi vivante.

 

Ce chrétien-là a compris que, par lui-même, il est enclin au mal, incapable d'aucun bien, — « ce qui est bon n'habite pas en moi, » — que l'oeuvre de la sanctification peut seulement s'accomplir en lui par le don d'une nouvelle nature en Christ, et par l'intervention constante de Dieu pour détruire impitoyablement tout ce qui tient à sa propre nature, afin de favoriser le développement de la vie sainte de Jésus-Christ en lui. Il sait même s'associer à cette oeuvre de sanctification en priant Dieu de la poursuivre, et en se livrant volontairement à l'action divine. Il produit ainsi des fruits de sainteté à la gloire de Dieu.

 

Dieu a promis de nous rendre saints; ne craignons pas de réclamer l'accomplissement de ses promesses. N'écoutons pas la voix qui prétend que la corruption du vieil homme est trop grande pour que la sainteté puisse s'établir en nous.

 

« Ce qui est bon n'habite pas en moi, » c'est-à-dire dans notre chair, et cette chair quoique crucifiée avec Christ, n'est pas encore morte; elle cherchera continuellement à se relever pour nous induire au mal. Mais « c'est par Dieu que nous sommes en Christ », et la vie sainte et puissante de Jésus triomphera de notre nature corrompue. Le vieil homme subsiste avec ses penchants; mais le nouvel homme est là aussi. Christ, notre sanctification est vivant ; et, en lui, toutes nos pensées, nos sentiments, nos désirs, peuvent être sanctifiés à mesure qu'ils naissent, et tourner à la gloire du Père.

 

Vous qui avez soif d'une vie sainte, demeurez en Christ, votre sanctification. Regardez à lui comme le saint de Dieu. Ne considérez pas la vie de sainteté comme un travail et un effort constant, mais comme le fruit naturel de la vie de Christ en vous. Abandonnez toute confiance en vous-mêmes et ne regardez qu'à la présence de Jésus votre force et votre sanctification ; reposez-vous dans la ferme et paisible assurance que tout ce qui vous est nécessaire pour vivre dans la sainteté, vous sera communiqué de la sainteté même de Jésus. Vous connaîtrez ainsi réellement ce que c'est que de demeurer en Christ votre sanctification.

 

(1)     La Sainteté peut être appelée la perfection spirituelle comme la justice est la perfection légale. La Sainteté, selon Dieu, par H Bonar.

 


 

DIXIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ

votre rédemption.

 

« C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ, lequel est devenu pour nous sagesse par la volonté de Dieu, et justice et sanctification et rédemption. » (1 Cor 1:30.)

 

Nous arrivons ici au haut de l'échelle qui atteint, dans le ciel, le but auquel doit nous conduire la vie en Christ. Le mot rédemption, quoique appliqué parfois à la délivrance de la condamnation du péché se rapporte ici à la délivrance complète et finale de toutes ses conséquences, quand l'oeuvre du Rédempteur sera pleinement manifestée, délivrance qui s'étendra même à la rédemption du corps. Ce mot rédemption dirige nos regards vers la plus grande gloire à venir, et par là même aussi, vers la plus grande bénédiction dont nous puissions jouir dès maintenant en Christ. Nous avons vu que Christ, comme prophète, est notre sagesse, nous révélant Dieu et son amour, ainsi que la nature et les conditions du salut que cet amour nous a préparé. Comme sacrificateur, il est notre justice, rétablissant nos relations avec Dieu et nous assurant la faveur divine. Comme roi, il est notre sanctification, nous formant et nous conduisant dans l'obéissance à la sainte volonté du Père. Quand il aura, par ces trois offices, accompli le grand dessein de Dieu, le salut sera consommé ; la délivrance complète du péché et de toutes ses conséquences sera opérée; et l'humanité, rachetée, retrouvera en Christ tout ce qu'elle avait perdu.

 

Ainsi, nous sommes, non seulement appelés à contempler Jésus sur la terre, nous enseignant par ses paroles et son exemple, sur la croix, nous réconciliant avec Dieu, dans sa résurrection, Roi victorieux recevant sa couronne, mais encore nous avons à le chercher à la droite de Dieu, rentré dans « la gloire qu'il avait eue auprès du Père avant que le monde fût fait, » et tenant, cette gloire-là en réserve pour nous. Sa nature humaine, affranchie de toutes les conséquences du péché auxquelles il s'est, pour un temps assujetti, est unie à la majesté divine. Comme Fils de l'homme, il demeure sur le trône et dans le sein du Père. La délivrance est complète, éternelle. Il est devenu rédemption.

 

Il l'est devenu pour nous : croyons-le; et mieux nous le réaliserons, mieux nous ferons l'expérience déjà ici-bas des « puissances du monde à venir. » A mesure que notre communion gagnera en intensité avec lui, et que nous laisserons l'Esprit saint nous le révéler dans sa gloire céleste, nous sentirons davantage la puissance d'une vie divine agir en nous; nous aurons un avant-goût de la vie et de la gloire éternelles.

 

Par cette communion, l'âme est délivrée de la crainte de la mort, crainte que le Sauveur lui-même a connue. Mais il a triomphé de la mort, son corps même est entré dans la gloire, et le fidèle uni à Christ sa parfaite rédemption, remporte spirituellement, déjà maintenant, sa propre victoire sur la mort. Il ne voit plus en elle que l'acte qui le délivre des derniers lambeaux de son vêtement charnel avant d'entrer dans la gloire où il sera revêtu du corps glorifié. La tombe est pour lui le champ où la semence est déposée corruptible pour en sortir incorruptible. La résurrection du corps n'est plus une doctrine stérile ; elle devient une espérance vive même une réalité anticipée; car « l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en nous » comme le gage de la vie qui sera rendue aussi à nos corps mortels. (Rom. VIII, 11-23). Cette espérance exerce une influence sanctifiante et nous porte à livrer volontairement nos membres souillés pour être mortifiés et mis au service de l'Esprit, en attendant le temps où notre corps tout entier sera changé et rendu sem­blable au corps glorieux de Christ.

 

Il est difficile de faire saisir la portée de cette parfaite rédemption de Christ s'étendant aussi au corps. C'est de l'homme complet, âme et corps, qu'il est dit qu'il fut « fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. »
Dieu avait créé les anges, esprits sans corps matériels; et, d'autre part, la matière existait sans l'esprit dans la création. L'homme devait être l'oeuvre la plus parfaite de l'art divin, la combinaison de la matière et de l'esprit dans une complète harmonie, comme symbole de l'union de Dieu avec sa propre création. Le péché survint dans le monde et parut devoir entraver le plan de Dieu : la matière acquit sur l'esprit  une effrayante suprématie. Il fallut encore que la Parole fut chair. La plénitude divine fut incarnée dans l'humanité de Christ, afin que la rédemption pût être complète, et que « toute création qui soupire et qui est en travail jusqu'à maintenant », pût être affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Le dessein de Dieu ne sera accompli, et la gloire de Christ pleinement manifestée, que lorsque le corps, avec l'ensemble de cette création dont il fait partie et dont il est la tête, aura été transfiguré par la puissance de la vie spi­rituelle, et changé en un vêtement transpa­rent propre à faire resplendir la gloire de l'Esprit infini. Alors seulement, nous com­prendrons dans quel sens profond et complet Jésus est devenu pour nous rédemption.

 

En attendant, notre devoir est de nous appuyer sur cette parole : « Par Dieu vous êtes en Christ, votre rédemption. » Ce n'est point une révélation à laisser pour les temps futurs. Pour le plein développement de notre vie chrétienne, nous devons, dès à présent, chercher, en demeurant en Christ, à la péné­trer, à la saisir, et à nous l'approprier. Pour cela, apprenons à triompher de la mort, à regarder Christ comme le Chef de notre corps, réclamant son entière consécration, et nous assurant même ici-bas, (si notre foi sait aller jusque-là), la victoire sur la puissance du péché dans le corps (Marc XVI : 17, 18). Habituons-nous à considérer la nature entière comme faisant partie du royaume de Christ et destinée à participer à la rédemp­tion. Laissons les puissances du siècle à venir agir en nous pour nous faire goûter par anticipation ces choses qui ne sont point montées au coeur de l'homme.

 

Demeurez en Christ, votre rédemption que ce soit le couronnement de notre vie chrétienne. Mais ne cherchez pas à y parvenir tout d'abord et indépendamment de la connaissance de Christ dans ses autres relations. Il ne peut être notre rédemption que si nous sommes fidèles à demeurer en lui, comme notre sagesse, notre justice, notre sanctification. L'expérience que nous aurons faite de l'étendue et de la puissance de l'oeuvre de Christ nous amènera à attendre, à réaliser par la foi sa parfaite rédemption ; et nous vivrons, dès ici-bas, en Jésus notre rédemption, en étant affranchis de la domination de la chair, et comme les héritiers de la gloire à venir ; ayant enfin compris la place assignée à l'homme par Dieu dans l'univers, à savoir que « toutes choses lui sont assujetties, » nous serons rendus capables de répondre à cette vocation céleste.

 


 

ONZIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ crucifié.

 

« Je suis crucifié avec Christ et je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi! » (Gal. 2:20)

« Nous avons été faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort. » (Rom 6 : 5)

 

L'apôtre disait : « Je suis crucifié avec Christ ; » il réalisait donc pleinement sa communion aux souffrances et à la mort de Christ, et il faisait également l'expérience des bénédictions de cette communion, puisqu'il pouvait ajouter avec autant d'assurance « Je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi ». Cette expérience de la solidarité avec Jésus dans sa mort, est d'une grande efficacité. Pouvoir se considérer comme personnellement mort dans la mort de Christ, parfaitement obéissant dans son obéissance, victorieux sur le péché dans sa victoire, et entièrement délivré de sa domination dans sa délivrance; reconnaître par expérience que la puissance de cette mort agit par la foi constamment en nous pour mortifier la chair, voilà la source de cette vie nouvelle qui nous fait être une même plante par la conformité à sa résurrection. La communion habituelle avec Jésus crucifié, fortifie et développe en nous cette nouvelle vie qui naît toujours de la mort de la vieille nature.

 

L'expression de Paul : « Faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort », nous aide à comprendre ce que signifie : demeurer en Christ crucifié. La greffe introduite dans l'arbre dont elle doit tirer sa vie, doit y rester; elle est fixée dans le tronc à la place où l'incision a été pratiquée pour la recevoir. Pas de greffe sans meurtrissure, pour atteindre les sources même de la vie de l'arbre. Il en est de même du pécheur à l'égard de Jésus. Pour participer à la vie de Christ et à la puissance qui est en lui, pour être conforme à lui dans sa résurrection, il nous faut d'abord être faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort, être entrés dans sa meurtrissure; et, comme la greffe, y demeurer pour recevoir en nous la vie de Jésus.

 

Mais la greffe, pour être unie à l'arbre, doit être séparée de son propre tronc ; elle aussi doit être taillée pour pouvoir s'adapter à la place qui lui est préparée dans le nouveau tronc. De même, pour le fidèle, il faut qu'il meure à sa vieille nature et soit rendu conforme à Christ par la mort, pour trouver la vie en lui.

 

S'il y a communion de souffrances avec Christ, si nous sommes animés des mêmes dispositions que Christ a manifestées en se chargeant de sa croix, si nous reconnaissons, comme lui, la justice du jugement et de la malédiction prononcés sur le péché par un Dieu saint, si nous livrons à la mort avec lui notre vie chargée de péché et de malédiction, la clouant, par la foi, sur la croix, pour arriver à la vie nouvelle, nous ferons avec lui l'expérience que le renoncement à soi-même, le sacrifice de Gethsémané et de Golgotha, est le chemin de la joie et de la vie de résurrection.

 

Par notre communion avec Jésus crucifié, nous apprendrons à voir dans la croix, non seulement notre expiation devant Dieu, mais aussi notre victoire sur Satan ; non seulement notre délivrance de la condamnation, mais encore notre affranchissement de la puissance du péché ; non seulement le tribut payé à la mort, mais en même temps le gage d'une vie nouvelle.

 

La croix est le point de réunion entre Christ et l'homme. Pourquoi? Parce que, pur la croix, le Fils de Dieu partage le sort de l'humanité maudite, et associe l'homme pé­cheur à sa vie divine. Sa participation à la mort nous donne la communion à sa vie. Par la mort, le prince de la vie a triomphé de la puissance de la mort; et, là seulement, il peut nous rendre participants de cette vic­toire. La vie, pour nous, naît de la mort. Nous ne pouvons avoir communion avec Celui qui nous a rachetés de la malédiction, que par la communion avec Celui qui est « maudit pour nous et pendu au bois. » Il est venu nous chercher sur la croix, nous devons le rencontrer là; car sur la croix est notre place plus que la sienne ; il y est par son libre choix, nous y sommes de droit. Mais là il y a échange ; tandis qu'il prend sur lui notre corruption, nous revêtons sa vie. Ainsi, de la croix de malédiction, il a fait une croix de bénédiction. C'est par la communion intime et journalière avec Christ crucifié, que nous goûterons la grandeur de son amour, la puissance de sa vie, et la plénitude de son salut.

 

Il est profond le mystère de la croix de Christ. Beaucoup de chrétiens se contentent de contempler Christ, mourant pour nos péchés et se soucient, peu d'entrer en communion avec ses souffrances. Beaucoup n’ont aucune idée de ce que c'est que d'être cru­cifié avec Christ ; ils considèrent les afflic­tions ordinaires de la vie qu'ils ont en com­mun avec les enfants du monde, comme leur participation à la croix de Christ. Mais se charger de la croix de Christ, c'est être ani­més des mêmes sentiments qui ont conduit Jésus dans le sentier de l'obéissance. Nul ne peut dire : « Je suis crucifié avec Christ, » je demeure en Christ crucifié, sans connaître l'abandon de sa volonté propre, le renonce­ment à tout désir de la chair, la séparation complète d'avec le monde, d'avec sa manière de penser et d'agir, sans savoir perdre et haïr sa propre vie, et s'oublier dans l'intérêt des autres. Voilà les dispositions de celui qui s'est chargé de la croix de Christ.

 

Demandez à Dieu qu'il vous rende, par son Saint-Esprit, participants de la croix de Christ, en vous apprenant, non seulement à croire en Christ crucifié, mais encore à demeurer en lui, afin qu'étant « une même plante avec lui par la conformité à sa mort, vous le soyez aussi par la conformité à sa résurrection. »

 


 

DOUZIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ.

Dieu lui-même vous affermira en lui.

 

« Celui qui nous affermit avec vous en Christ, c'est Dieu. » (2 Cor. 1 : 21)

 

Il est bon de nous rappeler que notre affermissement en Christ est l'oeuvre du Père aussi bien que notre union à lui.

 

« L'Eternel achèvera de pourvoir à ce qui me concerne. » — « Celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre, la rendra parfaite pour le jour de Christ. » Celui qui nous affermit avec vous en Christ, c'est Dieu. » Voilà autant de promesses dont nous devrions nous nourrir; car elles sont propres à nous garder du découragement, et nous montrent le vrai chemin du progrès dans la vie en Christ. Combien de chrétiens se plaignent des fluctuations continuelles de leur vie spirituelle. Un jour, ils sont pleins d'amour et de zèle pour Dieu; le lendemain, tout est perdu. Prières, efforts, résolutions, rien ne leur fait retrouver la communion de Dieu. Et leur foi en est ébranlée. Tout cela vient de ce qu'ils ne comprennent pas que Dieu seul peut nous affermir en Christ. Leurs efforts sont la cause même de leurs chutes ; de même que, pour leur justification, ils ont dû y renoncer et saisir par la foi les promesses de vie, de même pour l'oeuvre de la sanctification, ils ont besoin d'apprendre à ne s'assurer qu'en Dieu seul; et ils recevront de lui, en abondance, ce qu'ils cherchent vainement par eux-mêmes. « Dieu est fidèle, lui qui nous a appelés à la communion de son fils Jésus-Christ. »

 

Quelle source de paix, de savoir que Dieu veille à notre croissance, qu'il travaille lui-même à rendre parfaite notre union avec Christ, éloignant ce qui peut nuire à cette union, pourvoyant à ce qui peut la favoriser. Quel repos de remettre enfin et complètement à ses soins notre vie en Christ, et de sentir que tout ce que nous faisons pour demeurer plus fidèlement en son fils, nos désirs, nos pensées, nos prières, ne sont que la manifestation de son oeuvre en nous; car c'est lui qui nous affermit, en nous portant, à veiller, à attendre, à travailler. Mais il ne peut accomplir cette oeuvre avec puissance que lorsque nous  cessons de l’entraver par nos propres efforts,  et  acceptons  par la foi la position dépendante qui, en même temps qu'elle l'honore, ouvre le coeur à son action. Alors, au milieu de la vie bruyante et agitée du monde, des tentations subtiles et incessantes du péché, au milieu des soucis journaliers et des épreuves, même les plus grandes, l'âme, confiante, conserve la paix, sachant que Dieu l'affermit en Christ.

 

Cette bénédiction est à la portée de tous ceux qui ont cru. Et la foi à cette parole « Celui qui vous affermit avec nous en Christ, c'est Dieu, » ne nous donnera pas seulement la paix, mais sera le moyen de réaliser les progrès que nous désirons. L'Ecriture nous enseigne que dans toute la conduite de Dieu envers son peuple, la foi a toujours été la condition de la manifestation de sa puissance; elle met un terme à tous les efforts de la nature, elle affranchit de tout joug; la foi, c'est la faiblesse qui s'avoue et saisit la promesse de Dieu en réclamant son accomplissement elle consiste à nous remettre tranquillement entre les mains de Dieu pour qu'il fasse lui-même son oeuvre.

 

Voyez ce que dit l'Ecriture :

 

« C'est le Très Haut qui l'affermit » (Ps. 87: 3) — 

« A Celui qui peut vous affermir... soit la gloire aux siècles des siècles. » (Rom. 16 : 25)

« Il se tiendra debout, car le Seigneur a le pou­voir de l'affermir. » (Rom. 14 : 4)

« Il vous affermira aussi jusqu'à la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de notre Sei­gneur Jésus-Christ. » (1Cor. 1 : 8) 

« Afin d'affermir vos coeurs pour qu'ils soient d'une sainteté irréprochable devant Dieu. » (1Th. 3 : 13)

« Le Seigneur est fidèle, il vous affermira et vous préservera du ma­lin. » (2Th. 3 : 37) —

« Le Dieu de toute grâce qui vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle... vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables. » (1Pi 5 : 10).

 

Nous avons là suffisamment de promesses pour nous permettre de croire que, nous aussi, quelque vacillante qu'ait été jusqu'ici notre vie spirituelle, quelque défavorables que puissent nous paraître nos circonstances ou no­tre caractère naturel, nous pouvons devenir des chrétiens affermis.

 

Commençons par recevoir avec simplicité ces promesses comme venant de Dieu ; peu à peu la confiance naîtra, et nous en ver­rons l'accomplissement en nous. La chose est si simple ; Pourquoi faut-il tant de temps pour la comprendre? N'est-ce pas peut-être que la grâce offerte est si divinement grande, tellement au-dessus de nos pensées, que nous n'en comprenons pas toute la portée? Le chrétien qui a découvert ce qu'elle renferme et en a fait l'expérience, subit une véritable transformation dans sa vie spirituelle. Jus­que-là il s'était chargé de son propre bonheur ; maintenant Dieu en prend soin. Il ne demande plus qu'une chose : se sentir continuellement entre les mains de Dieu et le suivre sans hâte ni retard, attendant qu'il produise en lui le vouloir et le faire selon son bon plaisir.

 

Quelle vie bénie qu'une vie de confiance comme celle-là! Mais, direz-vous peut-être, nous avons essayé d'abandonner ainsi le soin de notre vie intérieure à Dieu, mais nous ne pouvons le faire d'une manière suivie; nous oublions, nous nous relâchons; et, au lieu de commencer chacune de nos journées en nous déchargeant joyeusement des besoins et des soucis de notre vie spirituelle sur le Père, nous nous sentons de nouveau inquiets et languissants. Vous n'avez sans doute pas remis au Père le soin mène de vous rappeler votre privilège de pouvoir, chaque jour, re­nouveler votre abandon entre ses mains. La mémoire est une grande puissance de notre nature. Par elle, un jour se lie à l'autre, l'unité de la vie est conservée à travers nos années, et nous nous reconnaissons nous-mêmes. Dans la vie spirituelle aussi, le souvenir est d'un grand prix, et Dieu a pourvu à la sanctification de notre mémoire. Le Saint-Esprit a pour mission de nous en tenir lieu. Jésus dit « Il vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » Il nous est donné pour nous affermir. « Celui qui nous a affermis en Christ avec vous, c'est Dieu, lequel nous a aussi marqués d'un sceau, et a mi» dans nos coeurs les arrhes de l'Esprit. » Il vous rappellera non seulement les promesses de Dieu, mais les actes de foi qu'elles ont provoqués en vous, et les bénédictions que vous en avez reçues; et il vous portera ainsi à renouveler vos expériences. Abandonnez donc, dès maintenant, à Dieu, le souci de vos progrès, avec le soin de vous rappeler, jour après jour, la nécessité de ne compter que sur lui seul pour être affermis en Christ. Il le fera, et votre foi grandira journellement et deviendra toujours plus joyeuse.

 


 

TREIZIÉME JOUR

 

Demeurez en Christ dans une communion de tous les instants.

 

« En ce jour-là, chantez un cantique sur la vigne. Moi, l'Eternel, j'en suis le gardien, je l'arrose à chaque instant ; de peur qu'on ne l'attaque, nuit et jour, je la garde. » (Esa. 27 : 2, 3)

 

La vigne était le symbole du peuple d'Israël, au milieu duquel devait se trouver le vrai cep, le sarment étant le type du fidèle individuellement uni au cep. Ce cantique sur la vigne s'applique aussi au cep et à chacun des sarments; et le devoir des gardiens de la vigne est encore de répéter à chaque sarment : « Moi, l'Eternel, j'en suis le gardien, je l'arrose à chaque instant; de peur qu'on ne l'attaque, nuit et jour je la garde. »

 

Nous avons là, semble-t-il, la réponse de la bouche même de Dieu à cette question si souvent posée : Est-il vraiment possible au croyant de demeurer sur cette terre dans une communion ininterrompue avec Jésus ? « Non, sûrement pas par ses propres forces. » Mais « ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. » Si le Seigneur lui-même veut garder l'âme nuit et jour, veiller sur elle et l'arroser à chaque instant, la communion constante avec Jésus devient une possibilité à ceux qui peuvent se confier à la fidélité de Dieu pour accomplir ce qu'il a promis. L'union du sarment au cep subsiste jour et nuit, été et hiver, communiquant constamment la vie du cep au sarment, et la communion du fidèle avec son Sauveur est permanente.

 

Dans un sens, on peut dire qu'il n'y a pas de fidèle qui ne demeure toujours en Jésus. « Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors. » Mais quand Jésus dit : « Demeurez en moi, » en ajoutant « Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruits, » il parle de cet acte conscient, de libre abandon du coeur qui ne veut plus vivre qu'en lui.

 

Il y a deux objections principales qu'on oppose à la possibilité de demeurer toujours en Jésus, volontairement consciemment. L'une est tirée de la faiblesse de la nature humaine. Nous n'avons pas la faculté de faire deux choses à la fois, dit-on; et le chrétien, obligé de donner à ses affaires une attention soutenue, ne peut en même temps se maintenir en communion active avec Christ. Cette communion est considérée comme exigeant un tel effort et une telle tension de l'esprit, que, pour pouvoir en jouir, il faudrait sortir de la vie ordinaire. Nous reconnaissons là l'erreur qui a entraîné les premiers moines au désert.

 

Mais il n'y a heureusement aucune nécessité à se retirer du monde. Demeurer en Jésus, ce n'est pas un travail qui absorbe à chaque instant les facultés de l'esprit et du coeur ; c'est se confier à la garde de son amour, dans l'assurance qu'il se tiendra près de nous, nous préservera de tout mal et nous dirigera, tandis que nous serons engagés dans les affaires de la vie, de sorte que le coeur est en repos, se sentant gardé quand il ne peut se garder lui-même.

 

Nous avons autour de nous de nombreux exemples de fortes affections exerçant leur empire sur l'âme, tandis que l'esprit est absorbé par des travaux divers. Le mari occupé tout le jour à son bureau, loin de sa femme, est de coeur et d'esprit avec elle: quoi qu'il se passe des heures où il ne peut pas même lui accorder une pensée, tout ce qu'il fait, il le fait en vue d'elle et sous son influence. Ne peut-il pas en être de même avec Jésus? Et mieux encore; car il habite lui-même en nous. Ne peut-il pas prendre possession de notre esprit et de notre coeur, tellement que nous ayons constamment conscience de sa présence? Sa communion est une communion de vie ; et, au travail comme au repos, nous pouvons sentir sa vie agissant en nous.

 

L'autre objection se base sur notre état de péché. Les chrétiens sont si accoutumés à considérer le péché journalier comme inévi­table, que, pour eux, c'est chose admise que personne ne peut demeurer dans une commu­nion permanente avec le Sauveur. Mais n'est-ce pas précisément parce que nous avons une nature entièrement corrompue, que Dieu nous a préparé une union avec Christ, le saint, comme notre unique délivrance? Com­ment nous donnerait-il ce commandement : « Demeurez en moi, » sans nous assurer la grâce et la puissance de le faire?

 

Ayez recours à Dieu comme au gardien d'Israël dont il est dit « L'Eternel te gar­dera de tout mal, il gardera ton âme ; » et vous apprendrez à croire que Dieu a bien réellement préparé une communion de chaque instant à tous ceux qui l'aiment.

 

Poursuivez ce but. Avant de l'atteindre vous rencontrerez peut-être bien des difficul­tés, d'autant plus que vous pouvez être entourés de chrétiens en grand nombre qui sont loin d'être des témoins de la fidélité de Dieu, comme Caleb et Josué, encourageant leurs frères à monter pour posséder le pays et leur disant : « Nous y serons vainqueurs. »

« Si l'Eternel nous est favorable, il nous mènera dans ce pays. » Que ces difficultés ne vous arrêtent pas, qu'elles vous portent au contraire à vous appuyer davantage sur la parole de Dieu lui-même.

 

Tous n'arriveront pas de la même manière à cette communion. Les uns la recevront subitement comme un don; en temps de ré­veil, quand l'Esprit agit sur un grand nom­bre d'âmes à la fois, ou dans la solitude, la lumière peut se faire tout à coup, et cette vie de communion se révéler comme une chose toute simple qu'on s'étonne de ne pas avoir comprise plus tôt. D'autres y arrive­ront plus difficilement, à travers les chutes et les découragements par une lutte de cha­que jour ; que ceux-là ne craignent pas ; ce chemin conduit aussi sûrement au repos ; qu’ils serrent dans leur coeur cette promesse : « Moi, l'Eternel, je la garde huit et jour, je l'arrose à chaque instant »  qu’ils voient là le gage de l'amour de Dieu qui les  y fera parvenir.

 

Qui que vous soyez, ne doutez plus de la possibilité de demeurer en Christ chaque instant de votre vie; ne pensez plus que les devoirs et les soucis, que les chagrins et les péchés doivent réussir à nous en priver ; mais prenez plutôt, avec l'apôtre, le langage de la foi : « J'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature, ne pourra me séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, notre Seigneur. » Et chaque fois que votre foi chancelle, fortifiez-vous par ces paroles « Moi, l'Eternel, j'en suis le gardien, je l'arrose à chaque instant ; de peur qu'on ne l'attaque, nuit et jour je la garde. »

 


 

QUATORZIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ jour après jour.

 

« Le peuple sortira et ramassera jour après jour la quantité nécessaire. » (Ex. 16 : 4)

 

Jour après jour la quantité nécessaire : telle était la règle pour la manne; telle est encore la loi pour toutes les dispensations de la grâce de Dieu envers ses enfants. Ce prin­cipe, bien compris dans toutes ses applica­tions, est d'un grand secours. Le plus faible peut ainsi parcourir joyeusement, presque sans s'en douter, sa carrière terrestre. Un malade, gravement atteint, demandait à son médecin « Combien de temps aurai-je à souf­frir? » — Seulement un jour à la fois, fut la réponse. Dieu enseigna cette leçon à son peuple dans tous les âges. C'est déjà, sans doute, dans cette pensée d'amour et de com­passion pour la faiblesse de l'homme, qu'il fit succéder la nuit au jour, le jour à la nuit. Le repos de la nuit prépare au lendemain et permet de reprendre chaque jour la vie comme tout à nouveau; l'expérience porte son fruit, les fautes de la veille sont évitées. Dieu ne nous demande d'être fidèle qu'un jour à la fois, mais un jour s'ajoute à l'autre, une année à une autre année; ainsi la vie a soin d'elle-même et se passe sans que le sentiment de sa longueur et de son poids devienne un fardeau.

 

Cette pensée est des plus encourageantes pour notre vie spirituelle. Que d'âmes s'inquiètent de savoir comment elles pourront ramasser la quantité de manne nécessaire à leur long voyage, au travers du désert aride de la vie! Ce grand principe : jour après jour, enlève tout souci du lendemain. Aujourd'hui seul nous appartient ; demain est au Père. Inutile alors de nous demander quelle garantie nous avons de pouvoir demeurer en Jésus toute notre vie au milieu des rigueurs, des tentations et des épreuves du monde. La nourriture et la force, comme la manne, ne sont accordées qu'au jour le jour. La fidélité dans le présent est notre seule garantie pour le futur. Acceptons et jouissons, accomplissons de tout notre coeur ce que nous avons faire aujourd'hui, et l'expérience du secours de Dieu aujourd'hui nous ôtera toute crainte de manquer de confiance demain.

 

Nous voyons par là le prix que nous devons attacher à chacune de nos journées. Nous sommes facilement portés à considérer la vie comme un tout et à négliger le court espace d'un jour ; nous oublions que les jours font les années, que la valeur d'un jour dépend de son influence sur tout l'ensemble de la vie. Un jour perdu est un anneau brisé de la chaîne et en demande souvent plus d'un pour être réparé ; il déteint sur le suivant et le rend plus difficile à passer: il peut même rendre inutile le travail de mois et d'années.

 

Voulons-nous demeurer en Jésus? Faisons-le jour après jour. C'est autre chose encore que de demeurer en lui à chaque instant. Il y a beaucoup de moments dans notre vie où nous demeurons en Jésus en nous reposant simplement sur l'assurance qu'il nous garde; mais pour nous assurer cette communion de tous les instants, nous devons renouveler chaque jour notre acte d'abandon et de confiance. C'est là demeurer en Christ jour après jour. Dieu a groupé en quelque sorte nos moments en journées afin que nous apprenions à les compter. Si nous les considérons d'avance le matin ou les repassons le soir en pesant chaque moment séparément. Nous apprenons à les employer avec sagesse. Puis­que Dieu se présente à nous chaque matin, nous offrant la bénédiction de la journée pour nous et les nôtres, acceptons-la, reconnais­sant chaque jour à nouveau avec actions de grâce la position qui nous est faite en son Fils bien-aimé. Comprenons la valeur de cha­que jour en vue de notre vocation à demeurer en Christ. Accueillons-le avec gratitude quel qu'il soit, jour de santé ou de maladie, de joie ou de tristesse, de repos ou de tra­vail, de combat ou de victoire, comme un don de Dieu, par lequel nous pouvons être unis plus Intimement à lui.

 

La provision de manne pour Israël devait durer tout le jour, mais la récolte se faisait de bonne heure, le matin. Ceci nous révèle l'influence qu'a, sur la journée entière, l'em­ploi de la première heure. « Si les prémices sont saintes, la manne l'est aussi. » Pendant la journée viennent les heures de travail et les distractions de tout genre, le Père seul peut nous garder dans une communion non interrompue avec Jésus. Le fidèle doit s'assu­rer dès le matin la provision pour la journée en renouvelant, directement sa communion avec le Sauveur par un moment de prière et de méditation intime ; et cette communion l'accompagnera tout le jour.

 

Quelle bénédiction mise à notre portée !

Pouvoir, dans le silence et la paix du matin, faire une revue anticipée des différents devoirs et des tentations qui nous attendent, les traverser pour ainsi dire d'avance avec notre Sauveur, remettant tout entre ses mains ; puis aller au-devant de la journée dans l'assurance qu'elle sera une journée de bénédiction et de progrès !

 

Et quand nous avons appris comment Jésus peut, de jour en jour, nous garder pour la journée, nous avons trouvé, sans nous en douter, le secret de cette règle : « Chaque jour, à perpétuité. » (Ex. XXIX : 38) La fi­délité d'un jour prépare celle du lendemain, et rend la confiance et l'abandon toujours plus faciles. Ce qui paraissait impossible à atteindre est rendu possible à celui qui se contente d'offrir, jour après jour selon ce qui est ordonné pour chaque jour. (Esdr. III : 4) Déjà maintenant, nous pouvons entendre ce témoignage : C'est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup. Notre vie devient alors un échange journalier de grâces et de louanges. Nous arrivons à comprendre pour­quoi Dieu ne nous pourvoit que pour un jour à la fois mais suffisamment pour chaque jour ; et entrant nous mêmes dans cette voie, nous demandons chaque jour la portion de la journée. La vie spirituelle devient ainsi continue comme la vie terrestre, et la vie en Christ nous apporte jour après jour sa bénédiction quotidienne.

 


 

QUINZIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ maintenant.

 

« Voici maintenant le temps favorable, voici le jour du salut. » (2 Cor. 6 : 2)

 

Dans la vie en Christ, l'habitude de vivre d'heure en heure est d'une importance si capitale, surtout au point de vue de la part que nous devons prendre dans cette vie de communion, que nous ne saurions trop y revenir; et à tous ceux qui désirent apprendre ce mode de vivre si béni, nous leur dirons d'emblée : le meilleur moyen d'y parvenir est de ne s'inquiéter que du moment présent. Chaque fois que votre attention est libre de se tourner vers Jésus, soit avec du temps pour réfléchir ou pour prier, soit seulement pour quelques secondes, que votre première pensée soit : Je suis maintenant en Jésus.

 

Ne perdez pas cet instant en vains regrets sur le passé ou en craintes pour l'avenir ; mais persuadez-vous que, pour le moment présent, vous êtes en Christ, non parce que vous le sentez, mais parce que vous le voulez. Ce n'est pas une question de sentiment, ni de progrès ou de force dans la vie chrétienne; il s'agit simplement de savoir si votre volonté est, pour le moment, de reconnaître la place qui vous est faite comme croyant, dans le Sauveur ; car si vous êtes un croyant, vous êtes en Christ, et c'est votre devoir de vous en rendre compte.

 

Une des forces de la vie de la foi est renfermée dans ce mot maintenant. Savoir faire l'expérience que maintenant, quelles que soient nos circonstances, l'oeuvre du salut s'accomplit en nous, que maintenant Jésus nous appartient et toutes choses en lui, que nous pouvons en disposer maintenant, tel est le secret du repos et de la victoire. Au lieu de chercher en vain à entrer dans un état d'âme durable qui vous permette de demeurer en Christ d'une manière permanente, commencez, par la foi, à y demeurer dans le moment présent. Jésus vous gardera pour le moment suivant, et vous arriverez par ce chemin à la communion de tous les instants.

 

La vie de communion permanente n'est pas un don qui nous soit fait en bloc ; il nous est accordé au fur et à mesure. C'est pourquoi saisissez toutes les occasions d'exercer votre foi à vous confier pour le moment présent. Même quand vous êtes surpris par le péché et que votre coeur est troublé, confessez votre péché comme demeurant néanmoins en Christ, implorant, malgré tout, les fruits de la communion. Et pourquoi ne pas entrer dans cette vie de communion constante à cet instant, tandis que vous lisez ces lignes?

 

Il y a dans la vie de David un trait qui peut servir à rendre cette pensée plus claire. (2 Sam. III : 17, 18). David avait été oint roi en Juda ; les autres tribus suivaient encore Isçbosceth, fils de Saül. Abner, chef de l'armée de Saül résolut de les amener à se soumettre à David, le roi donné par Dieu à toute la nation. « Vous désiriez autrefois avoir David pour roi, dit-il aux anciens; établissez-le maintenant, car l'Eternel a dit de lui : C'est par David, mon serviteur, que je délivrerai mon peuple d'Israël de la main des Philistins et de la main de tous ses ennemis. Ils le firent et oignirent David, une seconde fois pour être roi sur tout Israël comme ils l'avaient fait une première fois, sur Juda seulement. » (2 Sam. V : 3)

 

L’âme suit souvent le même chemin qu’Israël. Elle ne reconnaît d’abord que partiellement Jésus pour roi; or, le coeur partagé ne peut vaincre ses ennemis. Jésus est établi roi en Juda, l'endroit de la montagne sainte, c'est-à-dire dans l'intimité de l'âme; mais le territoire environnant, la vie journalière, est encore dirigé par la volonté propre et par d'autres puissances; aussi pas de vraie paix intérieure, ni de victoire sur des ennemis. Au début, le croyant, comme Israël, a bien désiré que Jésus régnât sur la vie entière; mais l'incrédulité l'a détourné et l'a privé de la puissance de Jésus pour l'affranchir de ses ennemis. Il a soif, cependant, de quelque chose de meilleur, mais sans plus oser l'espérer. La promesse se présente alors de nouveau avec le maintenant libérateur. « Etablissez-le maintenant ; car l’Eternel a dit de lui : C'est par David, mon serviteur, que je délivrerai mon peuple d'Israël de la main des Philistins et de la main de tous ses ennemis. » Magnifique type de la promesse par laquelle l'âme est invitée à se confier en Jésus pour obtenir la victoire sur le péché, et une vie de complète communion. Le triomphe est certain ; car la promesse était de Dieu « L'Eternel a dit. » Pour nous aussi le triomphe était, certain. (Lu I : 70-75.) « Il a suscité, comme il l'avait annoncé, un Sauveur qui nous délivre de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent,... selon le serment par lequel il avait juré de nous permettre, après que nous serions délivrés de la main de nos ennemis, de le servir sans crainte, en marchant devant lui dans la sainteté et dans la justice, tous les jours de notre vie. » David régnant sur toute l'étendue du pays, conduisant un peuple uni et éclairé, de victoire en victoire, telle est l'image de ce que Jésus peut faire pour nous, dès que, par la foi dans la promesse de Dieu, tout lui est assujetti, qui; notre vie entière lui est abandonnée pour être gardée dans sa communion. « Etablissez-le maintenant ? » dit Abner. « Voici maintenant le temps favorable, voici le jour du salut, » dit aussi l'apôtre. Quel que soit le moment présent que nous soyons préparés ou pris par surprise, maintenant est le temps favorable pour reconnaître Jésus roi sur notre vie, dans tous ses domaines.

 

Il faudra sans doute du temps pour que le Seigneur établisse son règne et mette tout en nous d'accord avec sa volonté, pour qu'il vainque les ennemis et tourne toutes nos forces à son service. Ce n'est pas l'oeuvre d’un instant. L'oeuvre d'un instant, de l'instant présent, c'est l'abandon de tout à Jésus, de notre être entier pour ne vivre qu'en lui. A mesure que la foi sera rendue, par l'exercice, plus forte et plus joyeuse, cette consécration peut devenir plus précise et plus éclairée; mais, en vain, attendrions-nous qu'elle le devint sans la pratique de la foi. Le seul moyen d'y arriver jamais est d'entrer immédiatement dans cette voie de complet abandon. « Etablissez-le maintenant, » Jé­sus est toujours prêt à répondre à tout acte de foi.

 

Commencez, et vous expérimenterez bien vite combien la bénédiction du moment pré­sent se reporte sur le suivant. Quelque insi­gnifiant qu'il paraisse, le moment présent n'est cependant rien moins que le commen­cement du moment toujours présent qui est le mystère et la gloire de l'éternité.

 


 

SEIZIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ
renonçant à tout pour lui.

 

«  J'ai renoncé à tout et je regarde toutes choses comme de la boue, afin de gagner Christ et d'être trouvé en lui. » (Philip. III : 8, 9.)

 

Partout où il y a vie, il y a échange, et la faculté de recevoir s'accroit à proportion de ce qu'on donne.

 

Certains chrétiens font consister les bien­faits de la vie spirituelle dans le privilège de toujours recevoir; et cependant le renonce­ment continuel à tout ce que nous avons peut seul faire abonder en nous les richesses divi­nes. Jésus insistait beaucoup sur cette vérité. Quand il parlait de vendre tout pour s'assu­rer un trésor de perdre sa vie pour la retrou­ver, quand il promettait à ses disciples le centuple de ce qu'ils abandonnaient, il indiquait le sacrifice de soi-même comme la loi du royaume des cieux, pour lui-même aussi bien que pour tout croyant. En effet, « pour gagner Christ et être trouvé en lui, » il faut pouvoir dire avec Paul : « Je regarde toutes choses comme une perte à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur. »

 

Essayons de découvrir à quoi nous devons renoncer. Tout d'abord au péché. Il ne peut y avoir de vraie conversion sans l'abandon du péché. Néanmoins, chez le nouveau converti, soit qu'il ignore ce qui est réellement péché, ou quelles sont les exigences de la sainteté de Dieu, soit qu'il ne connaisse pas encore la puissance de Jésus pour nous faire triompher du mal, la rupture n'est que partielle et superficielle. Mais avec le développement de la vie chrétienne, le besoin de se séparer toujours plus de tout ce qui est impur se fait sentir ; et il vient un moment où l'âme, désirant la communion de Jésus, voit la nécessité d'un nouvel acte de consécration, par lequel elle ratifie sa mort au péché en Christ, et rompt définitivement avec tout ce qui est péché pour ne plus servir que la justice. Elle le fait joyeusement ; car elle a pu constater que chaque péché abandonné favorise la présence de Christ en elle.

 

Après le péché vient la propre justice. Quoique nous nous défendions en toute sincérité du mérite des oeuvres, nous sommes longtemps avant de savoir ce que c’est que de ne pas s’attribuer la moindre place et le moindre droit devant Dieu. Sans nous en douter, nous laissons souvent libre cours aux impulsions de notre esprit, de notre coeur et de notre volonté. Au lieu de tout attendre du Saint-Esprit, dans tout ce que nous faisons pour le service de Dieu dans la prière, dans l'adoration, dans la lecture de la Bible, nous attendons de nous-mêmes une part que nous sommes incapables de fournir. Mais une fois que nous avons reconnu qu'en nous c'est-à-dire en notre chair n'habite aucun bien nous voyons qu'il n'est pas possible de demeurer en Christ sans abandonner tout ce qui est de nous-mêmes pour ne dépendre que du souffle du Saint-Esprit, seul capable de produire ce qui est agréable et Dieu.

 

Viennent ensuite les facultés et les dons naturels que nous tenons de notre Créateur ainsi que les occupations et les intérêts dont sa providence nous a entourés. C'est une erreur de croire qu'une fois convertis ces choses sont naturellement au service du Seigneur. Il faut pour cela une grâce toute particulière. Lors même que nous sommes enfants de Dieu, nos dons et nos facultés sont encore souillés par le péché et sous la domination de la chair ; ils me peuvent être employés tels quels à la gloire de Dieu, et nous sommes par nous-mêmes totalement incapables d'en user convenablement. Ils sont même dangereux pour nous, parce que, par leur moyen, la vieille mature, le moi reprend facilement sa puissance. Cette conviction doit nous amener à y renoncer et à les apporter à Christ pour qu'il en prenne possession et les purifie; quand il les a acceptés et marqués de son sceau, ils nous sont rendus, mais pour les considérer dorénavant comme la propriété de Jésus et attendre de lui seul la grâce d'en user sainement et uniquement sous son influence. Ici encore, l'entière consécration est le chemin du salut parfait. Non seulement ce que nous avons abandonné nous est rendu pour être doublement à nous, mais en renonçant à tout, nous recouvrons tout.

 

Il en est de même pour toutes les occupa­tions et les biens légitimes que Dieu nous a confiés, pour le filet des pêcheurs de Galilée comme pour les devoirs domestiques de Marthe, pour les affections naturelles : la famille et les amis. Jésus exerçait ses disciples à renoncer à tout pour lui. C'est, la loi du royaume de sa grâce, que toutes choses sont faites nouvelles pour nous dans la mesure où les choses anciennes sont passées ou rejetées.

 

Ce principe a une application plus profonde encore : les dons purement spirituels, qui sont l'oeuvre directe de l'Esprit de Dieu au dedans de nous, ces dons mêmes doivent être remis entre les mains de Dieu. L'échange continuel, qui est le principe fondamental de la vie, ne peut cesser un instant. Aussitôt que le croyant commence à se complaire dans la jouissance de ce qu'il a, la communication de grâces nouvelles est retardée et menace d'être arrêtée ; les flots de l'eau vive ne peuvent couler que dans l'âme altérée. Chaque bénédiction doit retourner à Dieu de qui nous la tenons, pour être mise à sa disposition; alors elle nous apporte le parfum du ciel, et nous pouvons en recueillir tout le fruit. N'est-ce pas là ce que nous enseigne Isaac sur Morija ? N'était-il pas le fils de la promesse le don miraculeux de la toute puissance de Celui qui fait revivre les morts? (Rom. IV : 17). Et pourtant il a fallu qu'il fût immolé pour pouvoir être recouvré et devenir mille fois plus précieux qu'auparavant.

 

Ce renoncement à tout pour Christ est-il un acte unique dans la vie ou bien une marche à poursuivre de jour en jour? L'un et l'autre. Lorsque le croyant ouvre les yeux à cette vérité, il peut arriver qu'à un moment donné, disposé par la puissance de Dieu, il s'offre tout entier et pour la vie sur l'autel en sacrifice vivant et agréable. Des moments comme ceux-ci ont souvent marqué la transition bénie d'une vie d'errements et de chutes à une vie en Dieu dans laquelle se manifeste la puissance divine ; mais encore faut-il que ce sacrifice soit continu et journellement renouvelé dans tous les détails de la vie, et qu'une prière incessante monte du coeur pour obtenir une intelligence toujours plus grande de cet abandon parfait et de cette consécration constante de toutes choses à Dieu.

La nature recule devant l'application rigide à tous les détails de la vie d'un tel renoncement; mais ce que la nature n'aime pas, ce qu'elle ne peut faire, la grâce l'accomplit ; et elle fait même de cette vie de sacrifices une vie de joie et de gloire. Ayez recours à cette grâce et vous recevrez le centuple de tout ce que vous aurez sacrifié. Se donner tout entier à Christ pour le posséder tout entier, tel est le secret de la vie en Christ.

 


DIX-SEPTIÈME JOUR

Demeurez en Christ
par la puissance du Saint-Esprit.

« L'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous,... comme cette onction vous enseigne toutes choses,... vous demeurerez en lui, selon qu'elle vous a enseignés. » (1 Jean II : 27)

Vivre toujours en Christ ! N'est-ce pas là le but de nos désirs ? Néanmoins beaucoup de chrétiens croient la chose impossible et accueillent avec un soupir cette invitation de Jésus : « Demeurez en moi. » Nous vou­drions leur rendre la joie et l'espérance en leur rappelant cette parole de Jean qui nous sert de texte ; car elle affirme que ceux qui ont cru ont reçu l'onction du Saint-Esprit pour leur enseigner toutes choses, par consé­quent aussi pour leur apprendre comment ils peuvent demeurer en Christ.

 

Plusieurs, malheureusement, répondront que cette promesse ne leur est d'aucun secours, n'ayant jamais pu discerner la voix du Saint-Esprit.

 

Des pensées comme celle-ci viennent de l'erreur, très commune, qui consiste à croire que le Saint-Esprit révèle les mystères de la vie spirituelle à l'intelligence d'abord, et, ensuite seulement, à l'expérience. Les voies de Dieu suivent une marche exactement inverse. Nous devons pratiquer la vérité et en faire l'expérience pour la connaître. « Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt, » est une règle du royaume des cieux. Accepter ce qu'on ne comprend pas, se soumettre à ce qu'on ne s'explique pas, croire ce qui paraît impossible, marcher dans un chemin dont l'issue vous est cachée; voilà les premières leçons qu'il faut apprendre à l'école de Dieu. « Si vous persistez dans ma doctrine, vous connaîtrez la vérité. » Le vrai disciple commence par suivre le Seigneur, et la connaissance vient par sa communion avec lui.

 

L'enseignement, du Saint-Esprit consiste à diriger notre vie spirituelle, sans que nous sachions toujours comment, en vue des choses que Dieu a préparées pour nous. Fort de la promesse de Dieu, et s'appuyant sur sa fidélité, le croyant, se place sous la direction du Saint-Esprit, consentant à le laisser faire son oeuvre dans son  âme sans toujours s’expliquer ce qu’il fait. Par la foi, il croit à l'action cachée de l'Esprit dans les retraites profondes de sa vie intérieure, en sorte que la parole de Jésus-Christ et le don du Saint-Esprit lui sont une garantie suffisante que l'Esprit lui enseignera comment demeurer en Christ et l'amènera à la communion constante. Le Saint-Esprit est l'Esprit de vie en Jésus-Christ ; et son oeuvre n'est pas seulement de produire la vie nouvelle, mais aussi de l'entretenir de la fortifier et de l'amener à la perfection. Dans la mesure où le croyant se soumettra sans réserve à la loi de l'Esprit de vie, sa foi se changera en connaissance, l'Esprit lui révélant dans la Parole ce dont il lui aura fait faire l'expérience dans sa vie.

 

Cette expression des Ecritures « la communion de l'Esprit » nous donne une idée de l'oeuvre immense confiée au Saint-Esprit. Il est le lien qui unit le Père et le Fils, qui unit les croyants entre eux, par-dessus tout qui unit Christ et les croyants; il est la sève qui fait du cep et des sarments une seule et même plante ; si nous croyons à sa présence en nous et si nous veillons à ne pas le contrister, si nous demandons sans cesse qu'il nous remplisse, il nous enseigne à demeurer en Christ presque sans que nous sachions comment, d'abord amenant notre volonté à nous attacher à Christ de tout notre coeur ; puis animant notre foi d'une confiance et d'une attente toujours plus grandes; enfin répandant dans notre coeur une paix et une joie qui surpassent toute intelligence. Passant ainsi par le coeur et la vie à l'intelligence, il nous fait connaître la vérité, non comme une chose abstraite, mais comme la réalité qui est en Christ.

 

Pour être mis en possession de la vie en Christ par cet enseignement de l'Esprit, nous avons, avant tout, besoin d'une foi calme et confiante. Au milieu de toutes les questions et les difficultés que peuvent faire surgir nos propres efforts, quand il nous arrive d'éprouver un ardent désir d'être aidé par un chrétien d'expérience, ou que nous sommes accablé par le sentiment pénible de nos chutes, de notre ignorance, de notre faiblesse, tenons-nous fermes à cette bienheureuse confiance : Nous avons reçu l'onction du Saint-Esprit pour nous enseigner à demeurer en lui. « L'onction que vous avez reçue de lui, demeure en vous ; vous demeurerez en lui, selon qu'elle vous a enseignés. » (1 Jean 2 : 27). Faites de cet enseignement de l'Esprit  concernant la vie en Christ, un objet spécial de foi. Croyez que si vous l'avez demandé et le demandez encore au Père, déjà vous avez l'Esprit en vous, qu'il travaille lors même que vous ne pouvez vous en douter, et qu'il fera son oeuvre avec puissance si vous ne l'empêchez pas. Il est impossible de vivre une  pleine communion avec Christ sans être rempli du Saint-Esprit. Ayez donc soin de vous placer fréquemment par la prière au pied du trône de Dieu et de l'Agneau, d'où découlent des flots d'eau vive ; car c'est là, là seulement que vous pourrez être rempli de l'Esprit. Alimentez votre foi par la Parole et par tout ce qu'elle dit de l'Esprit, de sa puissance, de ses consolations et de son oeuvre. Que cette foi en sa présence vous détourne de tout ce qui pourrait le contrister, esprit mondain, oeuvres de la chair et de la propre justice; qu'elle vous porte à regarder à Christ, duquel nous avons reçu l'onction et qui peut la faire abonder toujours plus en nous. Il est « l'Oint. »  Quand nous regardons à lui la sainte onction descend sur nous « comme l'huile précieuse, répandue sur la tête d'Aaron, descend sur le bord de ses vêtements. » (Psaume 133).

 

Acceptée ainsi, la vie en Christ peut-elle être encore un sujet de tristesse et d'effroi? Non, assurément. Si nous connaissions l'excellence de notre Consolateur et les bénédictions qui découlent d’une pleine soumission à sa volonté, nous apprécierions mieux le privilège d'avoir un tel guide pour nous amener à la vie en Christ. Sa mission est de nous faire réaliser constamment la présence en nous du Sauveur vivant dans toute sa puis­sance rédemptrice et la plénitude de sa vic­toire sur le péché. Il est appelé, à cause de cela, le Consolateur. Avec lui, nous ne devons jamais pleurer un Jésus absent.

 

Ayez donc l'assurance que le Saint-Esprit, qui est en vous, vous enseignera toutes cho­ses, et qu'il vous fera vivre toujours en Christ, si vous ne résistez pas à son influence par votre incrédulité.

 


                                                                                                                                                   

DIX-HUITIÈME JOUR                                                   

                                                                                                                                                   

Demeurez en Christ en vous tenant en repos. 

                                                                                                                                                   

« C'est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, c'est dans le calme et la confiance que sera votre force. » (Esa. XXX : 15)

« Garde le silence devant l'Eternel et espère en lui. » (Ps. XXXVII : 7) 

« Oui, c'est en Dieu que mon âme se confie. » (Ps. LXII : 2)

 

Nous sommes facilement portés à considé­rer la vie chrétienne comme une association entre Dieu et l'homme, admettant bien que la part de l'homme dans cette association est petite et entachée de péché mais que s'il ne la fait de son mieux, il ne peut attendre de Dieu qu'il fasse la sienne. Dès lors, nous avons peine à comprendre ce que les Ecri­tures entendent, lorsqu'elles parlent de se tenir en repos et d'attendre de voir le salut de Dieu, lorsqu'elles présentent cette tran­quillité et cette absence de tout effort comme le secret de la force et de la plus grande acti­vité de l'homme. Voici comment s'explique cette apparente contradiction. Lorsqu'il est parlé de Dieu et de l'homme comme travail­lant ensemble, il n'est pas question d'une alliance entre deux associés faisant chacun sa part d'un même travail, mais plutôt d'une coopération basée sur le principe de la subordination. Comme Jésus était entière­ment dépendant du Père pour toutes ses pa­roles et ses oeuvres, de même le croyant ne peut rien faire de lui-même. Il faut qu'il y renonce et attende l'oeuvre de Dieu en lui. Quand il fait trève à tout effort, la foi lui donne l'assurance que Dieu accomplit ce dont il s'est chargé, et l'oeuvre de Dieu con­siste à renouveler, sanctifier, stimuler toutes ses forces, en sorte que selon la mesure où le croyant se constituera réellement un instru­ment passif dans sa main, Dieu fera de lui l'instrument actif de sa toute-puissance. (Jean 5 : 19-28)

 

L'expérience de la vie chrétienne sera d'au­tant plus grande chez le croyant, qu'il réalisera mieux cette merveilleuse combinaison d'une entière passivité avec la plus grande activité.

 

Rien n'est plus favorable à la communion avec Jésus, que la tranquillité d'âme. Dans cet état seulement, nous pouvons obtenir la, docilité qui permet au Seigneur de nous révéler ses secrets et de nous montrer notre chemin.

 

C'est cette disposition d'esprit que nous voyons se manifester, dans toute sa beauté, chez ces trois femmes dont parle l'Evangile ; d'abord Marie qui a pu dire : « Voici la servante du Seigneur, qu'il m'arrive selon que tu m'as dit ; » et dont il est écrit qu'elle « conservait toutes ces choses et les repassait dans son coeur. » Puis cette autre Marie qui restait assise aux pieds de Jésus, l'écoutant parler, et qui montra, en oignant le Seigneur pour sa sépulture, combien elle avait péné­tré dans le mystère de sa mort, plus profon­dément même que le disciple bien-aimé. En­fin cette grande pécheresse cherchant son Sauveur jusque dans la maison du pharisien, avec des larmes qui en disaient plus que des paroles.

 

Quand l'âme se tient silencieuse en la sainte présence de Dieu, elle reçoit des enseignements que ses propres efforts et l'agi­tation de ses pensées ne lui avaient jamais laissé entendre auparavant ; et elle comprend toujours mieux que son salut est dans ce repos intime : écouter, croire, veiller, atten­dre pour voir ce que Dieu fera ; puis, dans la foi et l'obéissance, se soumettre à l'action de Celui qui opère avec puissance.

 

Il semble qu'aucun message ne devrait nous être plus doux et plus précieux que le commandement de rester tranquilles et de nous tenir en repos, Dieu se chargeant de travailler pour nous et en nous. Pourquoi avons-nous tant de peine à l'accepter? Pour­quoi sommes-nous si lents à comprendre que la tranquillité de l'âme est une bénédiction, une force, une source de grande activité, le secret de toute véritable vie en Christ? Cher­chons ensemble ce qui nous prive de ce repos de l'âme. Nombreux sont les dangers qui le menacent.

 

Il y a d'abord la dissipation de l'âme, provenant d'une préoccupation inutile ou trop grande des intérêts de ce monde. Cha­cun de nous a sa vocation terrestre; et, dans le cercle prescrit par Dieu, l'intérêt pour notre travail et pour ce qui le concerne est un devoir. Mais, même en ceci, le chrétien a besoin de vigilance et de modération. Nous devons encore plus veiller à une sainte réserve dans les choses qui ne nous sont pas absolument imposées par Dieu. Si demeurer en Christ, est réellement notre premier but, prenons garde à cette excitation inutile ; prenons garde même dans les choses néces­saires et légitimes, au pouvoir extraordinaire qu'elles ont d'absorber tellement l'âme, qu'il lui reste peu de force et peu de goût pour la communion avec Dieu. L'inquiétude et les soucis au sujet des choses terrestres, tendent constamment à détruire la vie confiante, et rendent l'âme semblable à une mer agitée. Dans cet état, il est impossible d'entendre le son doux et subtil de l'Esprit.

 

L'esprit de crainte et de méfiance dans les choses spirituelles, n'est pas moins nuisible; de même le trouble provenant de ce que nous cherchons dans nos propres efforts et dans nos propres forces, les bénédictions spiri­tuelles qui ne viennent que d'en haut.

 

Enfin, même lorsque l'âme cherche sincè­rement à entrer dans le chemin de la foi, il y a le danger de l'impatience de la chair qui juge de la vie et des progrès de l'âme au point de vue humain et non divin.

 

En face de ces dangers et de tant d'autres encore, heureux celui qui apprend à tenir son âme en repos, selon cette parole : « C'est dans le calme et la confiance que sera votre force! »

 

Que personne ne s'imagine pouvoir demeu­rer en Christ avec une âme agitée et sans avoir chaque jour son moment de tranquil­lité, son heure de méditation, où il écoute son Dieu. Dans ces moments, nous devons cher­cher à entrer dans un état d'âme qui nous permette de passer au milieu du monde et de ses distractions, le coeur et l'esprit remplis de cette paix de Dieu, qui surpasse toute connaissance et nous garde de tout mal. Ce silence de l'âme fortifie la foi, permet au Saint-Esprit de se faire entendre et au Père d'accomplir son oeuvre glorieuse.

 

Recherchez auprès de Dieu, qui seul peut la donner, cette disposition d'esprit ; cultivez-la comme un moyen de vivre en Christ et attendez-vous à la recevoir comme fruit de sa communion.

 


 

DIX-NEUVIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ dans l'affliction et dans l'épreuve.

 

« Tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde afin qu'il porte encore plus de fruit. » (Jean XV : 1)

 

Aucune plante ne donne une plus fidèle image des relations de l'homme avec Dieu que le cep de vigne. Aucune ne produit un fruit aussi savoureux, aussi fortifiant tout en ayant une tendance naturelle si prononcée à pousser des jets sauvages et inutiles. Aucune ne réclame autant de soins et de culture et ne demande à être taillée aussi souvent et impitoyablement mais aussi aucune plante ne récompense plus richement de ses peines le cultivateur. Le Sauveur signale par un seul mot, la nécessité d'émonder la vigne et le résultat merveilleux qu'on obtient par ce moyen. Mais quelle lumière ce seul mot jette sur les souffrances des croyants! Quels trésors de consolations il renferme pour les heures d'épreuves « Tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde afin qu'il porte plus de fruit. » Par ces paroles Jésus a préparé ses disciples, si facilement ébranlés dans leur confiance, à voir dans chaque affliction un message qui les sollicite à demeurer encore plus intimement en lui.

 

Nous faire demeurer en Christ, tel est, en effet, le but du Père en envoyant l'épreuve. L'arbre tourmenté par l'orage plonge ses racines plus profondément dans le sol ; par la souffrance, le Père veut nous faire pénétrer plus avant dans l'amour du Sauveur. Nos coeurs sont enclins à s'éloigner constamment de lui ; la prospérité et les jouissances nous satisfont trop aisément et nous rendent impropres à sa communion. C'est une grâce du Père de semer des tristesses sur notre route, de nous priver momentanément de joies devenues dangereuses pour nous. Il le fait pour nous amener à sentir plus vivement notre état de péché, pour nous pousser à chercher notre repos en Christ, afin que, lorsque l'affliction sera ôtée, nous soyons tellement affermis en lui, que dans la prospérité, il soit encore notre seule joie. Quoi qu'il lui en coûte d'affliger, il n'épargnera pas les châtiments les plus douloureux si, par là, peut ramener son enfant à demeurer en son Fils bien-aimé.

Appliquons-nous à voir dans toute épreuve, grande ou petite, un témoignage de son amour.

 

Demeurons en Christ ; et nous aurons part à toutes les riches bénédictions que Dieu nous destine dans l'affliction. Notre assurance en son fidèle amour s'affermira, et la puissance de son Esprit accomplira en nous cette promesse: « Dieu nous châtie pour notre profit, afin de nous rendre participants de sa sainteté. » Notre croix deviendra un moyen de communion avec sa croix ; rendus semblables à notre Sauveur dans ses souffrances, nous aurons une expérience plus intime de son amour. Nous serons purifiés de toute souillure et affinés comme de l'or pur de telle sorte que l'image même de Christ se reflétera en nous ; la puissance de la chair sera détruite, l'impatience et la volonté propre seront domptées et remplacées par la douceur et l'humilité de Jésus. «Un croyant peut passer sans profit par beaucoup d'afflictions mais s'il demeure en Christ, il en retire la bénédiction.

 

Demeurons en Christ; et nous trouverons en lui une abondante consolation. Dans l'affliction nous cherchons souvent la consolation d'abord, le fruit seulement ensuite. Le Père céleste n'oublie pas de nous consoler ; mais il nous aime d'un amour tel que, pour lui, notre progrès spirituel est son premier objet. S'il console, c'est pour induire le coeur meurtri à se tourner vers lui ; s'il refuse la consolation, son but est le même. C'est en nous rendant participants de sa sainteté qu'il nous donne la vraie consolation. Le Saint-Esprit est le Consolateur, non seulement parce qu'il nous parle de l'amour de Dieu, mais surtout parce qu'il nous sanctifie et nous met en communion intime avec Christ, et, par lui, avec Dieu. En Christ, le coeur du Père se révèle à nous. Où pourrions-nous être mieux consolés que dans le sein du Père? En lui, nous trouvons la plénitude de l'amour divin, la tendre sollicitude d'une mère. Que demander de plus? En lui, nous recevons le centuple de ce que nous perdons, et nous voyons que Dieu ne nous dépouille que pour nous enrichir. En lui, la souffrance est sanctifiée et devient le gage que l'Esprit de Dieu repose sur nous et nous prépare pour la gloire éternelle.

 

Demeurons en Christ au temps de l'afflic­tion, et nous porterons beaucoup de fruit. L'expérience que nous ferons alors de sa ten­dresse et de l'amour du Père, nous amènera à ne plus vivre que pour sa gloire et pour faire connaître à d'autres ce merveilleux amour. Ayant appris le renoncement à nous-mêmes et à notre propre volonté, nous sau­rons sympathiser avec la misère des autres ; assouplis par l'épreuve, nous serons préparés à devenir, suivant l'exemple de Jésus, servi­teurs de tous. Déjà pendant l'affliction, nous profiterons de notre retraite forcée pour inter­céder en faveur de nos semblables. La pensée que le Père nous afflige pour nous faire por­ter plus de fruit, nous disposera à nous sou­mettre, afin que son désir, devenu le nôtre, soit accompli « Tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, afin qu'il porte encore plus de fruit. »

 

Le temps de l'affliction sera ainsi un temps béni qui fera de nous des vaisseaux sancti­fiés, propres au service du Maître et prépa­rés pour toutes sortes de bonnes oeuvres. Rappelons-nous seulement que, dans l'afflic­tion, la seule chose à faire est de demeurer en Christ. Tenons-nous en garde contre les consolations et les distractions que trop sou­vent nos amis veulent nous apporter; et que Jésus seul soit notre consolateur. Réjouis­sons-nous enfin dans la pensée qu'une com­munion plus intime et un fruit abondant seront certainement l'issue de l'épreuve, puis­que c'est le Vigneron lui-même qui émonde.

 


 

VINGTIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ,
afin de porter beaucoup de fruit.

 

« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit. — Si vous portez beaucoup de fruit, c'est en ceci que mon Père sera glorifié. » (Jean XV : 5, 8.)

 

Le sarment est destiné à produire un fruit qui rafraîchit et nourrit l'homme ; aussitôt mûr, le sarment l'abandonne pour recommencer son travail d'approvisionnement et préparer un nouveau fruit pour la saison suivante. Mais il n'opère ce travail qu'en demeurant attaché au cep.

 

Ainsi le chrétien, en resserrant son union avec le Cep divin, non seulement accroît sa force, mais porte du fruit, beaucoup de fruit même et devient pour son entourage une source de vie.

 

Notre parabole jette une nouvelle lumière sur cette parole : « C'est de moi que tu recevras ton fruit. » (Osée XIV : 8). L'âme ne doit avoir d'autre souci que de demeurer intimement en Christ; lui-même produira le fruit et se chargera de faire du croyant une bénédiction pour tous ceux qui l'entourent.

 

En demeurant en lui, nous recevons son Esprit d'amour et de compassion pour les pécheurs. Le coeur naturel est plein d'égoïsme ; même chez le croyant, son propre salut et son propre bonheur restent, trop souvent, le but exclusif ; mais au contact de l'amour infini de Jésus, son coeur se réchauffe à l'égard de ses semblables. Nous apprenons à souffrir et de la misère du pécheur et de l'injure qu'il fait à Dieu par son impénitence. Avec Christ, nous commençons à porter le fardeau des âmes, le poids de péchés qui ne sont pas les nôtres; et plus notre union devient intime, plus nous sentons s'éveiller en nous quelque chose de cette passion pour les âmes qui a conduit Jésus au Calvaire; nous sommes prêts à suivre ses pas, à sacrifier notre propre bonheur pour gagner ces âmes que nous avons appris à aimer. L'Esprit du Cep est amour, et il remplit le sarment qui y est attaché.

 

Ce désir d'être en bénédiction n'est encore qu'un commencement. A peine à l’oeuvre, nous nous apercevons de notre faiblesse et des difficultés qui sont sur notre chemin. Les âmes ne sont pas sauvées à notre commandement, et nous sommes tentés de nous décourager, de ralentir nos efforts. Mais si nous persistons à demeurer en Christ, nous recevons sans cesse une force et un courage nouveaux pour notre travail. Toujours plus convaincus que nous ne sommes que l'instrument indigne par lequel la puissance invisible de Christ accomplit son oeuvre dans le monde, nous comprenons combien sa force peut être rendue parfaite et glorieuse dans notre faiblesse. Et c'est déjà un grand point pour le croyant d'avoir conscience de sa faiblesse, tout en persévérant à travailler fidèlement, dans l'assurance que le Seigneur opère par son moyen. Cette conviction même qu'il n'est rien, que Jésus est tout, sert à le faire demeurer en Christ et devient une force. Il ne considère plus sa propre faiblesse; mais se sentant un avec son Seigneur il compte sur sa puissance. Il va de l'avant, sûr de la victoire car « la victoire qui a triomphé du monde, c'est notre foi. » Pour lui, ce n'est plus faire acte d'humilité que de prétendre que Dieu ne peut bénir ses efforts indignes: au contraire il réclame la bénédiction et l'attend, parce que ce n'est plus lui, mais Christ en lui qui agit. Il demande sans crainte d'être présomptueux, sa part de cette étonnante promesse : « Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m'en vais au Père. » La pensée que l'absence de fruit et de bénédiction dans son travail, sont nécessaire pour le garder dans l'humilité, ne l'aborde plus : n'est-ce pas le sarment le plus chargé de fruit qui est le plus courbé, et n'a-t-il pas reconnu, en demeurant en Christ, que son fruit est tout à la gloire du Père; qui est le Vigneron.

 

De là découle un premier enseignement: Si nous demeurons en Christ, mettons-nous à l'oeuvre, afin que Jésus puisse produire des fruits abondants par nous' Acceptons fran­chement et joyeusement notre sainte voca­tion d'être, dès maintenant, les instruments de l'amour de Jésus vis-à-vis de notre pro­chain. Comme le sarment ressemble au cep, que quelque chose de la sainteté et de la douceur de Jésus se réflète en nous; que notre vie journalière soit, comme la sienne, une prédication; car l'Eglise et le monde ont besoin d'hommes et de femmes remplis du Saint-Esprit et d'amour, qui soient les té­moins vivants de la puissance de Christ et de sa grâce en faveur de ceux qui croient. Possédés par le désir de voir Jésus glorifié dans les âmes, offrons-nous aussi à lui pour un travail positif, dans notre  propre maison auprès des pauvres, des malades, des délaissés. Il y a à faire pour nous de mille manières différentes que l'Esprit de Christ indique à ceux qui se laissent conduire par lui; peut-être même devrons-nous servir Jésus par des moyens nouveaux qui n'ont pas encore été employés, et qui nous seront révélés; travaillons, travaillons, non pas en nous contentant de prendre part à quelques oeuvres religieuses, mais en devenant toujours plus semblables à Christ, et en voyant, comme lui, dans l'oeuvre de gagner des âmes au Père, le commencement, sur la terre, de la joie et de la gloire du ciel.

 

Et voici un second enseignement Si nous travaillons demeurons en Christ. Une des bénédictions du travail, s'il est fait dans un bon esprit, sera d'affermir notre union avec notre Sauveur. En constatant notre fai­blesse, nous rechercherons sa force; en priant pour les autres, notre âme s'unira plus inti­mement à la sienne. Nous demeurerons en Christ, sentant que les tentations et les dan­gers abondent. L'activité, même au nom de Christ, a souvent éloigné de lui et a pris la place de sa communion ! Elle peut donner les apparences de la piété à qui n'en a pas la force. Qu'une foi vivante en sa puissance soit le ressort caché de tout notre travail, et nous serons remplis en même temps d'humilité et de courage. Encore une fois, pour que Jésus travaille réellement par nous, il faut une consécration de nous-mêmes entière et de jour en jour renouvelée. Mais nous comprenons maintenant que c'est justement là demeurer en lui; c'est là ce qui constitue notre privilège et notre bonheur : être un sarment portant beaucoup de fruits, rien de plus, rien de moins.

 


 

VINGT-UNIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ
et vous serez puissant dans la prière.

 

« Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. » (Jean XV : 7)

 

La prière est à la fois un moyen de s'unir à Christ et un fruit de l'union avec lui. Comme moyen de s'unir à Christ, elle est d'une importance infinie. Tous les mouvements de l'âme, tous les élans de la foi, ses désirs, ses aspirations, trouvent leur expression dans la prière. Le croyant qui prie, entre en contact avec Jésus; et celui qui persévère dans ses supplications jusqu'à ce qu'il soit exaucé, jusqu'à ce qu'il soit mis en possession de la bénédiction après laquelle il soupire, trouve dans ses prières un moyen puissant de demeurer plus complètement en lui.

 

Mais ce n'est pas tant comme moyen que comme fruit de la vie en lui, que le Sauveur parle de la prière dans la parabole du cep et des sarments. Il ne voit pas seulement dans la prière un moyen d'obtenir des bénédictions personnelles, il y voit une des principales forces dont nous disposons pour mettre le monde entier au bénéfice de la rédemption; et il nous assure que si nous demeurons en lui, nous serons autant d'Israël, vainqueurs de Dieu et des hommes. Nos prières seront l'intercession du juste, fervente, efficace, puissante comme celle d'Elie en faveur du peuple idolâtre. De telles prières seront le résultat de notre vie en Christ et produiront beaucoup de fruits.

 

Pour le chrétien qui ne demeure pas pleinement en Christ, la prière rencontre parfois des difficultés assez grandes pour le priver de la consolation et de la force qu'il devait en retirer. Sous prétexte d'humilité, il se demande comment une créature aussi indigne que lui pourrait influencer le Dieu tout-puissant et sage. Ces questions angoissantes sont épargnées à celui qui demeure véritablement en Christ ; il fait de plus en plus l'expérience que ses prières ne sont entendues et exaucées que grâce à son union avec le Christ. Parce que nous sommes un avec lui, nos prières montent à Dieu comme ses propres prières.

 

En effet, en demeurant en Christ et en gardant sa Parole, nous apprenons à prier selon la volonté de Dieu. Notre volonté propre étant domptée, nos pensées, nos désirs naturels s'effacent devant les pensées et les désirs de Christ ; son Saint-Esprit pénètre tout notre être ; et, sans que nous sachions comment, nos voeux rendus conformes à la volonté de Dieu grâce au souffle divin, peuvent recevoir leur accomplissement; notre volonté étant renouvelée et sanctifiée, nous pouvons demander librement ce que nous voulons, et cela nous est accordé.

 

Puis la communion de Christ nous enseigne à ne rechercher que la gloire de Dieu dans nos prières. Jésus promettait d'exaucer ses disciples, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. (Voy. Jean XIV : 13) Dans sa prière sacerdotale, nous voyons que cette gloire a été son but sur la terre (Jean XVII) ; dans le ciel, c'est encore sa grande préoccupation. Celui qui demeure en lui est gagné par ce désir, et la gloire de Dieu devient sa pensée dominante. D'abord, cette pensée, en maîtrisant l'âme, la porte presque à craindre de nourrir un désir de peur qu'il ne se trouve pas être à la gloire du Père. Mais une fois cette suprématie acceptée, elle devient une puissance qui élève le coeur, l'élargit, le rend capable d'embrasser le vaste horizon de cette gloire, et de dire avec le Fils : « Père, glorifie ton nom. »

 

De plus, si nous demeurons en Christ, nous pouvons nous prévaloir avec assurance du nom de Christ. Souvent les croyants essaient, en priant, de penser au nom de Jésus et à ses mérites, cherchant à se persuader qu'à cause de lui, ils seront exaucés, bien qu'ils sentent péniblement leur peu de foi en ce nom. Ils n'agissent pas au nom de Jésus et ne veulent s'en servir que pour prier ; mais la promesse : « Tout ce que vous demanderez en mon nom », ne peut être séparé du commandement : « Tout ce que vous faites, faites-le au nom du Seigneur Jésus. » Si le nom de Christ doit être entièrement à notre disposition, de telle sorte que nous puissions en user librement, cela fie se peut que si nous-mêmes, tout d'abord, nous nous sommes entièrement livrés à lui, et qu'il dispose librement de nous. C'est la vie en Christ qui donne le droit et la possibilité d'user de son nom avec assurance. Le Père ne refuse rien au Fils. Si nous demeurons dans le Fils, nous venons au Père, comme ne faisant qu'un avec lui; sa justice nous couvre, son Esprit est en nous, le Père nous voit dans le Fils et nous accorde notre requête. Ce n'est point par une sorte de compromis que le Père nous considère comme étant en Christ, sans que nous y soyons réellement. Il faut que le Père nous voie vivre en lui, pour que nos prières le fléchissent. Non seulement la vie en Christ transforme notre volonté de manière à ce que nos prières soient conformes à l'esprit de Dieu, mais encore elle nous impute la vertu toute-puissante des mérites de Christ.

 

Demeurer en Christ produit aussi en nous la foi qui seule obtient l'exaucement. Selon la règle du royaume des cieux, il nous est fait selon notre foi. « Croyez que vous recevrez et il vous sera accordé. » Cette foi a ses racines dans la Parole de Dieu; mais il y a en elle quelque chose d'infiniment plus élevé que cette conclusion logique puisque Dieu a promis, j'obtiendrai. Etant un acte spirituel, la foi repose sur la Parole qui demeure en nous comme une puissance de vie, et par conséquent elle dépend de notre état intérieur. Sans jeûne et sans prières (Marc IX : 29), sans humilité et sans spiritualité (Jean V : 44), sans l'obéissance de l'amour (1 Jean III :22), il ne peut y avoir de foi vivante. Mais l'âme unie à Christ, qui voit combien lui seul rend ses prières acceptables, ose, par cela même, compter sur l'exaucement. Par la foi elle a appris à demeurer en lui ; et cette loi a eu pour effet d'augmenter sa confiance en tout ce que Dieu promet d'être et de faire pour elle. Elle croit toujours plus fermement que ce qu'elle deman­dera en son nom, elle le recevra.

 

Enfin, en Christ, nous sommes à la seule place où la réponse peut nous être accordée. Que de chrétiens implorent ardemment la bénédiction de Dieu; et quand Dieu vient a eux pour les bénir, il ne sait pour ainsi dire pas où les prendre ; ces chrétiens-là ne se doutent pas que la réponse aussi doit être attendue et reçue dans la prière' C'est en Christ qu'elle nous est donnée; hors de lui, l'exaucement risquerait d'être mis au service de nos voluptés. (Jacq. IV : 3) Les meilleurs exaucements du reste, comme le don de la grâce ou de la force pour travailler et faire le bien, ne nous viennent que sous la forme d'une expérience croissante de ce que Christ peut être fait pour nous de la part de Dieu.

 

Demeurons en Christ, et nous apprendrons, ce que tant d'âmes ignorent, que le secret de la prière de la foi est la vie de la foi, la vie en Christ seul.

 


 

VINGT-DEUXIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ et dans son amour.

 

« Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour. » (Jean XV : 9)

 

Avant de nous inviter à demeurer dans son amour, le Sauveur nous enseigne ce qu'est cet amour. Ce qu'il nous en dit est bien pro­pre à gagner nos coeurs et à éloigner toute pensée de résistance.

 

« Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. » Dieu est amour. L'amour n'est pas un de ses attributs, il est l'essence même de sa nature le centre de toutes ses perfections. L’amour a besoin d'un objet sur lequel il puisse s'exercer ; c'est pourquoi Dieu a un Fils, et au sujet de ce Fils, il dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute mon affection. » Cet amour du Père est une divine passion, un feu brûlant, intense, éternel, n'ayant qu'un objet, qu'une joie : le Fils unique. Quand nous considérons tous les attributs de Dieu, son éternité, sa perfection, son immensité, sa majesté, sa toute-puissance, qui sont le rayonnement de la gloire de son amour, nous n'avons encore qu'une idée bien faible de cet « amour qui surpasse toute connaissance. » Et pourtant l'amour de Dieu pour son Fils est placé devant nous comme le miroir où nous pouvons contempler celui de Jésus pour le pécheur. Jésus, lui aussi, met toute son affection dans ses rachetés.

 

Son amour est éternel. Déjà avant la fondation du monde, nous dit la Bible, Dieu avait établi Christ pour être Chef de l'Eglise, qui serait son corps et dans lequel sa gloire serait manifestée d'éternité en éternité. Christ a aimé d'avance ceux qui lui avaient été donnés par le Père, et quand il parut et dit à ses disciples : « Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés, » il ne parlait pas d'un amour terrestre et temporaire, mais éternel : « Je t'aime d'un amour éternel. (Jér. XXXI : 3)

 

Son amour est parfait. « Le Père aime le Fils et lui a remis toutes choses. »  Jésus aime les siens de la même manière; tout ce qu'il a nous appartient. Il a sacrifié son trône et sa couronne ; il a donné sa vie et son sang; sa justice, son Esprit, sa gloire, son trône même, tout, tout est à nous. Et c'est dans cet amour sans réserve qu'il nous invite à demeurer tous les jours de notre vie.

 

Son amour est doux et tendre. L'amour du Père pour le Fils se comprend ; car, dans le Fils, tout en est digne. Mais nous ne pouvons nous expliquer celui de Christ pour nous quand nous ne voyons en nous que péché et que nous nous sentons indignes même de rencontrer son regard. Comment l'amour du Père, exercé dans le sein de la vie divine et de ses perfections, peut-il être comparé à celui qui a pour objet des pécheurs? Peut-il lui être semblable? Oui, la nature de l'amour est toujours la même, quoique son objet diffère. Christ ne peut aimer autrement que son Père, et notre misère ne sert qu'à manifester avec plus d'éclat la beauté de cet amour. Il s'abaisse jusqu'à notre faiblesse, il supporte nos lenteurs, nos craintes et nos folies, avec une patience et une douceur infinies. C'est l'amour du Père pour le Fils, embelli, glorifié par la miséricorde et la compassion.

 

Son amour enfin est invariable. « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde il manifesta son amour jusqu'à la fin. » — « Quand les montagnes s'éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s'éloignera point de toi. » (Esaie 54 : 10)

« Je ne t'abandonnerai point que je n'aie fait ce que je t'ai dit, » (Genèse 28 : 15) telles sont les promesses avec lesquelles il entreprend son oeuvre dans notre âme. Et puisque notre misère est précisément ce qui nous a d'abord valu cet amour, le péché par lequel nous l'affligeons constamment, qui pourrait nous rendre craintifs et nous faire douter, n'est qu'une raison de plus pour lui de nous aimer.

 

Et maintenant cet amour nous donne le motif, la mesure et le moyen de l'abandon de nous-mêmes à Christ.

 

Le motif : Cet amour ne nous presse-t-il pas de rendre enfin les armes et de demeurer en Celui qui nous a aimés de toute éternité, qui a quitté la gloire éternelle pour s'offrir sur la croix, et qui, dans le ciel, intercède, plaide et prie constamment pour nous?

 

La mesure : Jésus s'est donné tout entier ; pouvons-nous hésiter à nous livrer entièrement? quel sacrifice pourrait nous coûter en face de son grand sacrifice? S'il nous réclame tout, entiers, c'est pour nous remplir plus complètement de son amour ; tout ce que nous abandonnons nous est compensé au cen­tuple déjà dans cet te vie. Oh puissions-nous comprendre les richesses infinies et les trésors de joie que tient en réserve pour nous cet « amour dont la largeur, la longueur, la pro­fondeur et la hauteur surpassent toute connaissance, » afin de profiter du privilège qui nous est offert !

 

Le moyen : Si nous avons encore des dou­tes sur la possibilité de demeurer dans cet amour, cet amour même nous fournit le moyen de le faire; la foi en cet amour suffit pour nous en rendre capables. Si nous le croyons réellement divin, puissant, intense comme celui du Père pour le Fils, nous comp­terons sur son efficacité pour nous garder, pour triompher de notre faiblesse et de notre péché. C'est là tout ce que Dieu demande de nous ; il nous a créés libres et ne veut pas nous imposer ses bénédictions ; il n'attend que notre consentement et, pour gage de notre acquiescement, il se contente, dans sa bonté de la foi par laquelle nous nous remet­tons à son amour.

                                                                                             


 

VINGT-TROISIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ

comme Christ demeure dans le Père.

 

                                                                                                                        

« Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour... de même que je demeure dans son amour ! » (Jean XV : 9,10).

 

Tandis qu'il était sur la terre, Jésus avait enseigné à ses disciples que demeurer en lui, c'est demeurer dans son amour ; sur le point de les quitter il leur donne pour commentaire de son commandement sa propre vie. Qu'ils le contemplent, lui, demeurant dans l'amour du Père, et ils sauront comment demeurer dans son amour. Sa vie dans le Père sera le modèle de leur vie en lui.

 

Cette pensée est si profonde, que nous pouvons à peine la concevoir; elle est cependant exprimée d'une manière assez positive pour que nous n'osions pas la négliger. Ne lisons-nous pas dans Jean VI :57 : « Comme je vis par le Père, ainsi celui qui me mange, vivra par moi, » et n'entendons-nous pas le Fils demander à son Père : « Qu'ils soient un comme nous sommes un? » — « Je suis en eux et tu es en moi. » Examinons donc sa vie dans le Père et nous comprendrons ce que doit être la nôtre en lui.

 

Considérons d'abord l'origine de cette vie de Christ dans le Père. Elle avait ses racines dans une double union de vie et d'amour. Quoique demeurant sur terre, Jésus savait qu'il était un avec le Père, que la vie du Père était en lui, et que son amour reposait sur lui. Sans cette certitude, il lui eût été impossible de demeurer dans le Père et dans son amour. De même, nous ne pouvons de­meurer en Christ et dans son amour, qu'en croyant que nous sommes un avec lui. Un par nature ; car il a revêtu notre humanité ; et, par notre nouvelle naissance, nous som­mes faits participants de sa nature divine. Un dans l'amour ; car le lien de la vie divine, est celui d'un amour infini. Dans la vie d'hu­miliation sur la terre, Jésus a goûté le bien­fait de cet amour divin, la force que donne la conviction d'en être l'objet et de pouvoir y demeurer constamment. Par son exemple, il nous invite à faire la même expérience. Puisque nous sommes un avec lui, confions-nous en son amour qui nous presse; laissons-le pénétrer dans nos coeurs.

 

Et quel est le moyen par lequel le Fils demeure dans le Père et dans son amour? « J'ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. » Sa vie a été une vie de soumission et de dépen­dance. Pour notre nature orgueilleuse, dé­pendance et soumission signifient humilia­tion et servitude; mais dans la vie d'amour dont le Fils de Dieu vécut et à laquelle il nous invite, ces deux conditions sont le se­cret du bonheur. Que pouvait perdre le Fils en se soumettant? Le Père l'aime et n'a au­cun intérêt qui ne soit le sien; si le Fils donne quelque chose au Père, le Père met à sa disposition tout ce qu'il a. Aussi, quand Jésus dit : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père, » il ajoute aussitôt : « Tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et lui montre ce qu'il fait. » Quand nous étudions la vie de Christ comme le modèle et le gage de ce que peut être la nôtre, nous comprenons que si Jésus nous dit : « Hors de moi vous ne pouvez rien faire. » c'est qu'il nous permet d'ajouter : « Je puis tout par Christ qui me fortifie » Nous apprenons à nous plaire dans les faiblesses, dans les calamités, dans les détresses à cause de Christ ; car nous pouvons dire : « Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort. » Dépendance, soumission, sacrifice personnel, sont, pour le chrétien comme pour Christ, le chemin de la vie et du bonheur.

 

Contemplons aussi la gloire de cette vie de Christ dans l'amour du Père. Parce qu'il s'est consacré à la volonté et à la gloire du Père, le Père l'a couronné de gloire et d'honneur. Il l'a établi comme son seul représentant, l'a fait participant de sa puissance, et l'a élevé jusqu'à lui faire partager son trône divin. Il en est de même pour nous. Si Christ nous trouve disposés à remettre notre personne et nos intérêts à son amour, à renoncer à toute satisfaction de notre propre volonté pour ne trouver notre gloire que dans une absolue dépendance de lui en toutes choses, à accepter de n'avoir de vie qu'en lui, il fait pour nous ce que le Père a fait pour lui. Il fait reposer sa gloire sur nous  « Comme le nom de notre Seigneur Jésus-Christ est glorifié en nous, nous sommes glorifiés en lui. » (Voyez 2Th. 1 : 12.) Il nous reconnaît comme ses représentants ; nous pouvons disposer de sa puissance ; il permet que notre intercession ait une part dans le gouvernement de son Eglise et du monde ; il se sert de notre intermédiaire pour exercer son autorité et son influence sur les hommes, pour accomplir son oeuvre divine. Quelle vie bénie que celle de l'âme qui demeure dans l'amour de Christ comme Christ demeure dans celui du Père!

 

Faisons des relations du Fils avec le Père, un objet constant d'étude pour connaître ce que doivent être les nôtres avec Christ. Notre vie en lui peut être aussi féconde, puissante, glorieuse qu'était la sienne dans le Père. Acceptons cette vérité dans la foi, et, loin de nous paraître encore un joug et un travail, la vie dans l'amour de Christ deviendra pour nous, au contraire, une source de repos, de force et de joie. Demeurer dans cet amour tout-puissant, qui sauve, qui garde, qui rassasie, comme Jésus a demeuré dans l'amour du Père, ne peut être notre oeuvre, la grandeur même de la vocation nous le fait sentir ; il faut pour nous, comme pour lui, que ce soit le fruit d'une vie intérieure sanctifiée et le résultat du travail profond de l'amour divin. Ce que nous avons à faire, nous, c'est d'étudier avec soin et de contempler en Christ le modèle de cette vie d'amour, jusqu'à ce que nous entendions Jésus dire à chacun de nous par son Esprit : « Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour, de même que je demeure dans l’amour du Père. »

 

Si cette grâce nous paraît trop élevée, trop sublime, rappelons-nous que la grandeur du privilège est justifiée par le but que Dieu a en vue. Comme le Fils était la révélation du Père, le croyant est appelé à être la révélation de Christ; il ne peut l'être que s'il est uni d'une union parfaite avec Christ, comme Christ l'est avec le Père, afin de posséder en lui la plénitude de sa grâce ; il ne peut l'être que s'il croit à son amour comme Christ croyait à l'amour du Père.

 


 

VINGT-QUATRIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ

en obéissant à ses commandements.

 

« Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; de même que j'ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour. » (Jean XV : 10)

 

Ces paroles nous montrent la place que doivent occuper les oeuvres dans la vie du croyant. Christ, comme Fils bien-aimé, était dans l'amour du Père; il y demeura en gardant ses commandements. De même, le croyant admis par grâce, sans oeuvres, dans l'amour de Christ, y demeurera s'il garde ses commandements. Quand nous cherchons à venir à Jésus par nos oeuvres, l'Esprit nous répète sans cesse : Ce n'est point par les oeuvres; mais une fois à lui, de peur que la  chair n'abuse de cette parole, il nous dit aussi clairement : « Vous êtes créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres. » (Eph. II : 9, 10). Les oeuvres peuvent être le plus grand obstacle qui retienne le pécheur loin de son Sauveur, tandis qu'elles sont une source de forces et de bénédictions pour le croyant, car par elles « la foi est rendue parfaite » (Jacq. II : 22) ; l'union avec Christ est cimen­tée, l'âme est enracinée dans son amour. « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera. » — « Si vous gardez mes commandements, vous demeurez dans mon amour. »

 

La relation entre l'observation des com­mandements de Christ et la communion dans son amour, est facile à saisir. Notre union avec Jésus-Christ n'est pas une affaire d'intel­ligence ou de sentiment, mais une union vi­tale avec sa personne sainte. La vocation du chrétien est de penser, de sentir, de vouloir exactement ce que Jésus a pensé, senti et voulu. Il désire participer non seulement à la grâce, mais aussi à la sainteté de son Sau­veur ; ou plutôt, il voit que la, sainteté est ce qu'il y a de plus beau dans la grâce ; vivre (le la, vie de Christ, vouloir ce qu'il veut, c'est l'affranchissement de l'esclavage de no­tre volonté corrompue, c'est le chemin de la vraie liberté.

 

Le tiède ou l'ignorant font une grande dis­tinction entre les promesses et les commandements de l'Ecriture. Ils ne trouvent de consolation et de nourriture que dans les premières; mais celui qui cherche demeurer dans l'amour de Christ, discerne l'amour di­vin dans les commandements aussi bien que dans les promesses ; car ils conduisent à une participation toujours plus grande de la vie divine, à une union toujours plus intime avec le Seigneur. L'harmonie entre notre volonté et la sienne est un des principaux éléments de notre communion avec lui. Comment pourrait-il y avoir communion sans un accord parfait avec sa volonté ? Car la volonté est la faculté centrale chez l'Etre divin comme chez l'être humain. Tant que le salut n'est pour le pécheur qu'une sécurité personnelle, il reste indifférent ou hostile à la volonté de Dieu ; mais aussitôt qu'il comprend, par les Ecritures et par l'enseignement de l'Esprit, ce qu'est le salut, c'est-à-dire le retour à la communion et à la conformité, avec Jésus, il trouve naturelle, belle même, cette loi qui fait de l'observation des commandements le moyen de demeurer dans son amour (Jean XIV : 15, 16, 21, 23) : son être intérieur se réjouit de ce que Jésus en a fait la condition d'une plus abondante communication de l'Esprit.

 

Du reste, Christ lui-même n'est demeuré dans l'amour du Père que par cette loi. L'obéissance a été une solennelle réalité pour lui durant sa vie terrestre. La puissance redoutable qui a poussé l'homme à la révolte contre son Dieu, s'est aussi attaquée à lui et l'a tenté. Pour Jésus homme, les séductions dont le tentateur usa, ne pouvaient le laisser indifférent. Il ne put résister que par le jeûne et la prière. « Il a souffert, étant tenté. » Le sacrifice de sa volonté a été pour lui aussi un renoncement continuel. S'il est demeuré dans l'amour du Père, c'est qu'il a fait de l'obéissance à son commandement le but de sa vie. « Je ne fais rien de moi-même, dit-il, mais je parle selon ce que le Père m'a enseigné. Celui qui m'a envoyé est avec moi, il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » (Jean 8 : 28) Il nous a ainsi ouvert la voie d'une vie sur la terre passée dans l'amour du ciel ; et quand son Esprit pénètre en nous comme la sève du cep dans le sarment, cette obéissance aux commandements devient un des éléments les plus sûrs et les plus élevés de la vie qu'il nous communique.

 

Si vous désirez demeurer en Jésus, observez ses commandements. Ne vous contentez pas de les posséder dans la Bible qu'ils soient gravée par la méditation et la prière, par l'enseignement de l'Esprit et une obéissance pleine d'amour, sur les tables de vos coeurs. N'en négligez aucun. Nous qui jouissons des privilèges de la nouvelle alliance, voudrions-nous rester en arrière des saints de l'ancienne alliance qui disaient avec tant de ferveur « Les ordonnances de l'Eternel réjouissent le coeur; ses jugements sont tous justes. » Nous sommes encore loin de comprendre toute la volonté du Seigneur. Nous avons besoin de demander constamment pour nous et pour tous les croyants, ce que Paul demandait pour les Colossiens : « Qu'ils soient remplis de la connaissance de sa volonté en toute sagesse et intelligence spirituelle, » et ce qu'Epaphras désirait pour ces mêmes chrétiens « Qu'étant parfaits et pleinement persuadés, ils persistent dans une entière soumission à la volonté de Dieu. » Il n'y a pas de progrès spirituel possible sans progrès constant dans la connaissance de la volonté de Dieu à notre égard. L'entière consécration, loin d'être le couronnement d'une vie sainte, n'en est que le point de départ. Paul, après avoir convié les chrétiens à s'offrir eux-mêmes en en sacrifice vivant et saint à Dieu » (Rom. XII. 1) ajoute aussitôt, indiquant ce qu'est une vie vraiment consacrée à Dieu : « Soyez transformé par le renouvellement de l'intelligence, afin d'éprouver que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite. » Le renouvellement graduel qu'opère le Saint-Esprit, développe une perception spirituelle, un saint instinct par lequel l'âme, « prompte à comprendre dans la crainte du Seigneur, » sait découvrir la valeur des commandements de Dieu et leur application dans la vie journalière, d'une manière qui reste cachée au chrétien ordinaire.

 

Gardons ces commandements dans l'obéissance. N'avons-nous pas fait voeu de rejeter tout péché ? « Je jure et je le tiendrai, d'observer les lois de ta justice. » (Ps. 119 : 106). Luttons donc dans la prière pour devenir parfaits dans toute la volonté de Dieu, demandant ardemment que tout péché secret, tout ce qui en nous n'est pas en harmonie avec sa volonté, nous soit révélé. Marchons fidèlement, humblement, selon la lumière que nous avons, résolus à obéir à toutes les ordonnances du Seigneur. Quand Israël fit un voeu d'obéissance au désert (Ex. XIX : 8; XXIV : 7), ce ne fut que pour le violer aussitôt ; mais la nouvelle alliance donne le vouloir et le faire, le voeu et la force de l'accomplir (Jér. XXXI). Tenons-nous en garde contre toute désobéissance, même dans les petites choses. La désobéissance énerve la conscience, obscurcit, l'âme, tue les forces spirituelles. Si parfois ces commandements nous semblent pénibles, rappelons-nous qu'ils procèdent de Celui qui nous aime. Ils sont amour et nous parlent de son amour. Chaque acte nouveau d'obéissance, chaque sacrifice accompli pour garder ses commandements, resserre notre union avec la personne du Sauveur, nous fait pénétrer plus avant dans son amour, et nous rend plus conformes à sa vie sainte, en sorte que cette parole nous devient toujours plus précieuse : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour. » (Jean 15 : 19).

 


 

VINGT-CINQUIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ
afin que votre joie soit parfaite.

 

« Je vous ai dit ces choses afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » (Jean XV : 11)

 

La vie en Christ est une source inépuisable de bonheur. A mesure que Christ prend plus pleinement possession de l'âme, elle entre dans la joie de son Sauveur qui devient la sienne à toujours. La joie est un trait carac­téristique de celui qui vit en Christ, et nous savons tous en apprécier la valeur ; elle est la meilleure preuve que le coeur est réellement satisfait. Aussi n'y a-t-il pas, chez le chré­tien, d'attrait plus irrésistible, de prédication plus persuasive et qui manifeste mieux au monde la réalité de l'amour divin, que le rayonnement de cette joie, triomphant des épreuves de la vie. Pour le bien même du croyant, elle est un élément indispensable ; car la joie du Seigneur est sa force. En elle se retrempent sa confiance, son courage et sa patience. Avec un coeur joyeux, aucun travail ne lasse, aucun fardeau n'accable ; et Dieu lui-même est notre force et notre chant de victoire.

 

Jésus promet sa joie à celui qui demeure en lui : « ma joie, » dit-il. La parabole du cep et des sarments se rapportant toute à la vie que ses disciples auraient en lui, quand il serait remonté au ciel; c'est de la joie cé­leste et éternelle dont il s'agit, ce que montre également cette autre promesse : « Je vous reverrai et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » (Jean XVI : 22). Ce fut seulement à la résurrection que com­mença cette vie de joie, et c'est en la résur­rection qu'elle a sa source, alors que s'accom­plit cette parole : « C'est pourquoi ton Dieu t'a oint d'une huile de joie par-dessus tes semblables. » (Ps. 45 : 8.) Le jour de son couronnement fut pour Jésus celui de la pleine satisfaction de son coeur. Sa joie était celle d'une oeuvre parfaitement accomplie et pour toujours, la joie de rentrer dans le sein du Père et, d'avoir racheté beaucoup d'âmes. Celui qui est réellement uni à lui, participe à cette joie; il partage si complètement la victoire et la parfaite rédemption de son Sau­veur, qu'il peut dire sans cesse, par la foi : « Grâce a Dieu qui me donne toujours la victoire. » En Christ, il jouit de l'amour inaltérable du Père ; et, apprenant, avec lui, à aimer les âmes, il se réjouit aussi de ce qu'elles sont rachetées. Soit qu'il contemple l'oeuvre parfaite de Jésus ou la récompense que trouve le Fils dans l'amour du Père, soit qu'il considère sa gloire croissant avec le nombre des pécheurs qui se convertissent, toujours la joie du Seigneur est la sienne.

 

Jésus parle encore de cette joie comme devant être permanente chez le croyant. « Afin que ma joie soit (ou demeure) en vous. » — « Nul ne vous ravira votre joie. » Tant de chrétiens ne le peuvent comprendre; ils se figurent que la vie chrétienne est une vie de continuelles alternatives de joie et de tristesse, et ils vont jusqu'à en donner com­me preuve, les expériences de l'apôtre Paul. Mais la vie de Paul est précisément, au con­traire, l'exemple le plus frappant de cette joie inaltérable. L'apôtre avait saisi le para­doxe de la vie chrétienne où se trouvent à la fois, et souvent au même moment, toutes les amertumes de la terre et toute la joie du ciel. « Comme attristés et nous sommes joyeux, » dit-il; et, par ces mots admirables, il nous enseigne comment la joie de Christ peut triompher de la tristesse du monde, comment elle peut nous faire chanter tout en pleurant, et nous conserver, même dans l'épreuve, le sentiment d'une joie inexprimable et glorieuse. La seule présence de Jésus suffit pour rendre cette joie permanente « Je vous reverrai et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » Comment l'âme qui se sent en Christ ne serait-elle pas satisfaite et joyeuse ? Même lorsqu'elle pleure sur ses péchés et sur le péché de ses semblables, une source de bonheur jaillit de sa foi en la puissance et l'amour du Christ pour sauver.

 

Jésus veut enfin que cette joie soit parfaite, Il le dit à trois reprises durant la dernière nuit qu'il passe sur la terre. D'abord dans la parabole du cep et des sarments : « Je vous ai dit ces choses afin que votre joie soit parfaite; et cette parole se confirme, pour le chrétien, à chaque nouvelle expérience qu'il fait du privilège de la communion de Jésus. Puis à propos de l'exaucement de la prière (Jean XVI : 24) : « Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. » En effet, pour celui qui juge spirituellement des choses, une prière exaucée n'est pas seulement le don d'une bénédiction particulière il y voit infiniment plus : c'est pour lui un gage de sa communion avec le Père et le Fils dans le ciel, une preuve qu'il est admis dans leur conseil; et encore là, quelle source d'ineffable joie! Jésus y revient en dernier lieu dans la prière sacerdotale (Jean XVII : 13) : « Je dis ces choses afin qu'ils aient en eux ma joie parfaite. » La contemplation de notre grand sacrificateur, se tenant en la présence du Père pour intercéder continuellement en notre faveur et poursuivre avec puissance son oeuvre bénie, nous donne l'assurance d'un salut complet, et par conséquent une parfaite joie.

 

La joie de Christ lui-même, joie permanente, parfaite, telle est la part du croyant qui demeure en lui. Pourquoi y en si peu qui la désirent? C'est que peu, même parmi les enfants de Dieu, y croient. Au lieu de considérer la vie en Christ comme le sort le plus heureux qu'il soit donné à l'homme d'obtenir, ils l'envisagent comme une vie de tristesse et de renoncement; mais s'ils n'y voient que cela, c'est qu'ils ne demeurent pas en Christ. Ceux qui acceptent une fois pour toutes, sans réserve, la vie en Christ comme une source de joie et de bénédiction, voient leur foi se changer en réalité, et la joie du Seigneur devenir la leur.

 

C'est en terminant sa parabole du cep et du sarment, que Jésus conclut par ces paroles : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » Réclamons donc la joie comme un élément de la vie du sarment, propre à rendre évidente à nos yeux la suffisance de Christ pour répondre aux besoins de notre âme. S'il y a des temps où cette joie du Sauveur abonde en nous, rendons-en grâce à Dieu; mais si, par moment, nous la sentons moins vivement que nous le voudrions, rendons également grâces pour la vie de bénédiction en vue de laquelle nous avons été rachetés; car, là encore, « il nous sera fait selon notre foi. » Réclamons cette joie, non pas en notre nom, mais au nom de Jésus qui l'a promise, et pour la gloire du Père ; car il n'est pas possible d'accepter Jésus dans son coeur, sans recevoir en même temps sa joie. C'est pourquoi, « réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous. »

 


 

VINGT-SIXIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ
vous aimant les uns les autres.

 

« C'est ici mon commandement : Aimez-vous tes uns les autres, comme je vous ai aimés. » Jean XV : 12)

 

« Comme le Père m'a aimé, je vous ai aimés; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » Dieu s'étant fait homme, l'amour divin a habité dans un coeur humain; dès lors, les hommes ont pu s'aimer d'un amour divin, et goûter sur la terre l'amour du ciel.

 

« C'est ici mon commandement, dit le Sauveur aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » Voilà le commandement par excellence, le résumé de tous les autres; aussi Jésus appelle-t-il  « son commandement, le commandement nouveau, »  destiné à mettre en évidence la réalité de la nouvelle alliance et la puissance de la vie nouvelle révélée en Jésus-Christ, destiné à devenir le signe caractéristique et irrécusable du disciple de Christ. « A ceci, tous les hommes connaîtront que vous êtes mes disciples. » — « Qu'eux aussi soient un en nous pour que le monde croie. « Qu'ils soient parfai­tement un et que le monde connaisse que tu les a aimés, comme tu m'as aimé. » Et si l'obéissance à ce commandement est pour le chrétien la preuve qu'il est uni à Christ, elle est aussi pour lui le moyen d'arriver à rendre cette union toujours plus parfaite.

 

Dieu est amour, et Christ est venu pour nous le révéler, non sous la forme d'une doctrine abstraite, mais par sa vie. En ai­mant des êtres indignes et ingrats, en s'abaissant jusqu'à marcher parmi les hom­mes comme un serviteur, en se livrant lui-même à la mort, Jésus a été la démonstra­tion vivante de l'amour de Dieu. Et mainte­nant ses disciples sont appelés, à leur tour, à manifester au monde son amour en vivant, et en aimant comme lui. Par leur ressemblance avec le Sauveur, il faut qu'ils prou­vent qu'ils sont animés de l'Esprit qui animait Christ, qu'ils sont les membres d'un même corps et unis entre eux malgré les diversités de caractères ou de croyances, de  langage ou de situations. Leur vie d'amour est le témoignage essentiel du christianisme, la preuve donnée au monde que Dieu a  envoyé son Fils et qu'il a répandu dans ses disciples le même amour dont il l'a aimé.

 

Cet amour des disciples de Christ les uns pour les autres, occupe la place intermé­diaire entre leur amour pour Dieu et leur amour pour les hommes. L'amour pour un Etre invisible, qui pourrait aisément rester une affaire de sentiment ou même d'imagina­tion, a l'occasion de s'exercer dans les rap­ports des disciples entre eux, et de prouver sa réalité par des actes que le Père accepte comme étant faits à lui-même. Puis de cet amour fraternel naît celui pour tous les hom­mes; car, en s'aimant les uns les autres, les enfants de Dieu se forment à aimer leurs semblables encore éloignés de Christ, non plus par sympathie naturelle, mais de cet amour sanctifié qui s'attache aux plus indignes, au nom de Jésus, et supporte ceux qui ont le moins d'attraits.

 

Jésus nous présente, dans ses rapports avec ses disciples, le modèle de cet amour fraternel. Si nous étudions son esprit de sup­port et de pardon, sa patience, son humilité, la douceur et la charité avec lesquelles il se fait serviteur pour gagner à lui les pécheurs, nous l'écouterons Volontiers  quand il nous dit : « je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. » (Jean XIII : 15). En suivant ses traces, le disciple ne vit plus pour lui-même, mais pour les autres; son langage respire la bonté; car l'amour lui interdit toute parole contraire à la charité. Non seulement il ne sait pas médire, mais, plus jaloux de la réputation de son frère que de la sienne, il refuse même de supposer le mal ou d'y prêter l'oreille ; car, pour ce qui le concerne, il peut s'en remettre au Père, tandis qu'il est responsable de son frère devant le Père. L'amour divin, répandu dans son coeur, éclate dans sa vie en douceur, en bonté, en affection, en générosité, en dévouement, en bienfaisance, comme dans la vie de Jésus.

 

Aimer comme Christ a aimé! Notre coeur ne s'émeut-il pas à la pensée du privilège immense auquel nous sommes appelés, de refléter l'amour éternel? Ou bien serions-nous peut-être tentés de soupirer de ce que Dieu nous propose un degré si élevé de perfection? Gardons-nous-en ; car nous avons précisément, là un gage précieux de l'amour du Père, qu'il veuille nous rendre semblables à Christ, comme Christ lui est, semblable. Et si Jésus a rattaché si intimement le commandement de nous aimer les uns les autres, à sa parabole du cep et des sarments, c'est pour nous donner à entendre qu'en demeurant en lui, nous serons capables d'aimer comme lui. Ce commandement est donc un nouveau motif pour nous de vivre en Christ et dans son amour infini, afin de recevoir de sa plénitude la faculté d'aimer. Dans ces conditions, le commandement qui nous était à charge devient une source de joie.

 

L'amour pour nos frères n'est-il pas un de ces nombreux fruits que Jésus nous a promis, une grappe d'Escol par laquelle nous pouvons prouver aux autres que le pays de la promesse est bien un bon pays? Faisons passer dans la pratique de tous les jours, en toute honnêteté et simplicité, les choses que nous professons par le langage de la foi et de l'enthousiasme chrétien, afin que les hommes voient et croient. Apportons à Jésus tout ce qui, dans nos caractères et dans nos vies, fait obstacle à cet amour fraternel. Il peut nous rendre doux et patients, diriger nos paroles, retenir nos lèvres, nous donner cette charité qui refuse de s'offenser, qui est toujours prête à excuser, à supporter et à espérer le bien cet amour qui ne se cherche pas lui-même, mais qui est toujours disposé à laver les pieds des autres et à se donner pour eux. Plaçons-nous comme des écoliers dociles sous la direction du Saint-Esprit : la vie la plus ordinaire peut être transfigurée par l'éclat d'une beauté céleste, quand l'amour divin brille à travers notre frêle humanité.

 

Loin de nous plaindre, rendons grâce à Dieu de ce que nous sommes appelés à aimer comme Jésus aime, comme Dieu aime! Louons-le de ce que nous le pouvons. Oui, la nouvelle nature, la nature sainte dont nous sommes revêtus par notre union au divin Cep, peut aimer comme il a aimé. Fortifions cette nouvelle nature en demeurant en Christ et dans son amour.

 


 

VINGT-SEPTIEME JOUR     

 

Demeurez en Christ,
afin que vous ne péchiez pas.

 

« Il n'y a point en lui de péché. Quiconque demeure en lui ne pèche point » (1 Jean III : 5, 6)

 

Lorsque l'apôtre prononça les paroles de notre texte, il venait de dire : « Vous savez que Jésus a paru pour ôter les péchés. Ce rapprochement montre que le but de l'incarnation du Fils était de délivrer, non seulement du péché, mais aussi de la puissance du péché, en sorte que le croyant ne pèche plus. C’est la sainteté personnelle de Christ qui lui permet d'accomplir cette oeuvre; admettant les pécheurs dans une communion de vie avec lui-même il rend, par cette union, leur vie semblable à la sienne. « Si la racine est sainte, les branches le sont aussi. »

« En lui, il n'y a point de péché. Quicon­que demeure en lui ne pèche point. » Tant que le croyant demeure en Christ, et dans la mesure où il y demeure, il ne pèche pas.

 

Mais aussitôt se pose la question : com­ment ceci peut-il s'accorder avec l'enseigne­ment de la Bible sur la corruption inhérente à notre nature humaine, ou avec ce que Jean lui-même affirme, quand il dit : « Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes; et si nous disons que nous n'avons pas péché, sa parole n'est point en nous? » (1 Jean I : 8, 10) C'est pré­cisément ce passage, étudié avec soin, qui fera comprendre le vrai sens du texte qui nous occupe. Ces deux expressions : « Si nous disons que nous n'avons pas le péché, » (vers. 8), et : « Si nous disons que nous n'avons pas péché » (vers. 10), ne sont pas équivalentes. Avoir du péché signifie : avoir une nature pécheresse. Le croyant le plus fidèle doit confesser à chaque instant que le péché est en lui, dans sa chair, en laquelle n'habite aucun bien. Pécher, ou commettre le péché, est tout autre chose; c'est céder à la nature de péché et tomber dans la transgression positive. Ainsi, tout vrai croyant doit admettre deux choses : la première, que le péché est encore en lui (vers. 8), la secon­de, que le péché s'est pendant un temps ma­nifesté par des actes de péché (vers. 10). Aucun croyant ne peut dire : je n'ai point de péché, et encore moins : je n'ai jamais péché. Mais nous ne devons pas nécessaire­ment avoir à confesser que nous péchons actuellement, Dieu ne l'attend pas de nous, quoique nous ayons le péché actuellement en nous; la confession d'avoir péché se rap­porte au passé. D'après le chapitre II, ver­set 1, il se peut que nous ayons aussi à con­fesser des péchés actuels, mais, encore une fois, ce n'est pas une nécessité. Et nous voyons ainsi comment la confession la plus sincère de péchés passés (comme celle de Paul reconnaissant qu'il a été un persécu­teur), et le sentiment profond d'avoir encore une nature corrompue, peuvent s'accorder avec d'humbles, mais joyeuses actions de grâce à Celui qui préserve de chutes.

 

Mais, dit-on, comment un croyant, ayant le péché habitant en lui, peut-il ne pas pé­cher? La réponse à cette objection se trouve dans ces paroles : « En lui, il n'y a point de péché. Quiconque demeure en lui ne pèche pas. » Quand le croyant demeure en Christ dans une union constante, il est gardé par le Seigneur, qui tient en échec la vieille nature, si bien qu'elle ne peut reprendre sa domina­tion sur l'âme. Malheureusement, la plupart des chrétiens demeurent en lui d’une manière si incomplète et si intermittente, que le péché reprend constamment son ascendant et assujettit l'âme tout à nouveau. La promesse faite à la foi est bien : « Le péché n'aura point de pouvoir sur vous; » mais elle est accompagnée du commandement « Que le péché ne règne point dans votre corps. » Le croyant qui réclame la promesse avec une foi pleine et entière, est rendu capable d'obéir au commandement, et le péché ne peut exercer son pouvoir sur lui. L'ignorance de la promesse, l'incrédulité, ou encore l'absence de vigilance, ouvrent la porte au péché; mais que le croyant recherche une communion permanente avec Celui qui est saint, il le sauvera effectivement de toute transgression, non pas assurément en le délivrant de sa nature pécheresse, mais en l'empêchant de lui céder. « Quiconque demeure en lui ne pèche pas. »

 

On parle de jeunes lions que rien ne peut dompter, si ce n'est l'oeil de leur gardien. En sa présence, malgré leur naturel féroce et leur soif de sang, ils sont soumis et tremblants, au point qu'on peut s'approcher d'eux sans crainte; mais loin de leur gardien, on n'ose les aborder. Il en est de même du croyant ; il peut avoir le péché en lui, et pourtant ne pas pécher. Sa nature corrompue, sa chair n'est pas changée dans son inimitié contre Dieu; mais elle est domptée par la présence de Jésus, auquel il se confie avec foi. L'union avec Christ est donc le secret de la vie sans péché « En lui, il n'y a point de péché ».

 

Mais encore, en admettant en principe qu'on soit gardé de péché par la communion constante et complète avec Jésus, cette communion peut-elle se réaliser, pouvons-nous prétendre à la possibilité de demeurer en Christ, même un seul jour, de telle sorte que nous puissions être préservés de toute chute? Nous avons déjà répondu à cette objection; et, du reste, la question, pour quiconque la pose et la considère avec droiture, renferme elle-même la réponse. Quand Christ nous commande de demeurer en lui, nous promettant des fruits abondants à la gloire du Père et l'exaucement de nos prières, peut-il avoir autre chose en vue que l'union parfaite du sarment au cep? Quand il promet de demeurer en nous, qu'entend-il, sinon que sa présence en nous sera la présence même de la puissance et de l'amour divin Et cette manière de délivrer du péché, n'est-elle pas tout à sa gloire, nous maintenant toujours humbles et dépendants dans le sentiment de notre nature corrompue, vigilants et actifs dans la crainte du pouvoir redoutable qu'elle exerce, et en même temps confiants dans la pensée que la seule présence de Jésus peut la tenir en échec?

 

Oui, n'en doutons plus : si nous ne pouvons être affranchis du monde et de ses tribulations, de notre nature corrompue et de ses tentations, Jésus nous assure du moins la grâce de pouvoir demeurer pleinement en lui, pour être préservés de tout mal.

 

Nourrissez-vous de cette promesse, et croyez, sans vous inquiéter de savoir s'il vous sera possible d'être à l'abri du péché votre vie entière. La foi doit vivre au jour le jour et ne se préoccuper que du moment présent. Si vous croyez que Jésus peut vous garder présentement de toute transgression, cela suffit ; allez de l'avant avec une confiance toujours renouvelée. Et qu'au lieu de vous décourager, les chutes et les péchés servent à vous faire rechercher, avec plus d'ardeur, votre force et votre salut dans la communion de l'Homme-Dieu. Vous pouvez faire des progrès étonnants dans cette voie-là, pourvu que vous vous remettiez entièrement aux mains de Dieu pour être gardés par lui de pécher, et que vous persévériez dans la foi.

 

Considérez la, nature sainte de Jésus homme, comme la nature même dont il veut nous rendre participants avec lui, et vous découvrirez qu'il y a quelque chose de mieux encore que d'être préservé de pécher, de plus élevé que l'abstension du mal : c'est la bénédiction bien plus grande d'être, dès maintenant, un vase purifié, sanctifié rempli de la plénitude de Jésus, l'instrument par lequel il manifeste sa puissance et sa gloire.

 

LE PÉCHÉ JOURNALIER EST-IL INÉVITABLE?

 

(Fragment tiré de Christ and the Church. Sermons de A. Saphir.)

 

Comment se fait-il que, possédant un Sauveur dont l'amour et la puissance sont infinis, nous soyons si souvent remplis de crainte et de désespoir, las et languissants dans nos esprits? Parce que nous ne regardons pas fermement à Jésus, l'auteur et le consommateur de la foi, assis à la droite de Dieu, dont la toute-puissance embrasse le ciel aussi bien que la terre, et qui la déploie dans ses faibles enfants.

 

Nous nous rappelons notre faiblesse, et nous oublions sa toute-puissance ; nous reconnaissons que sans Christ nous ne pouvons rien, et nous ne sayons pas nous élever ou nous abaisser jusqu'à dire dans l'humilité chrétienne : « Je puis tout par Christ qui me fortifie. » Nous nous confions dans ni vertu de la mort de Jésus pour effacer notre culpabilité et nous n'entretenons pas en nous une foi confiante, digne de la toute-puissance du Sauveur vivant pour nous délivrer de l'esclavage et de la puissance du péché dans notre vie journalière. Nous oublions que Christ travaille puissamment en nous et que, étant un avec lui, nous possédons une force suffisante pour surmonter toute tentation. Ou bien, perdant de vue notre néant, nous avons la présomption de croire que, par nos propres forces, nous pouvons vivre sans pé­ché, accomplir nos devoirs, supporter nos épreuves; ou bien, nous ne réclamons pas la toute-puissance de Jésus, qui seul peut s'assujettir toutes choses, et nous garder des infirmités et des chutes journalières que nous croyons être une nécessité. Si réellement nous nous appuyions en toutes choses et en tout temps sur Christ, nous gagnerions aussi la victoire en toutes choses et en tout temps, par Celui dont la puissance est infinie et qui est établi par le Père pour être le Chef de notre salut. Alors, toutes nos actions se feraient noie seulement devant Dieu, mais en la gloire du Père, et au nom de Jésus, notre sanctification. Rappelons-nous que toute puissance lui est donnée dans le ciel et sur la terre, et vivons dans un continuel exercice de foi en sa vertu infinie. Travaillons à nous convaincre que nous n'avons rien et ne sommes rien; qu'en lui-même l'homme n'a pas la vie pour porter du fruit, mais que Christ est tout ; qu'en demeurant en lui et en gar­dant sa Parole, nous pouvons porter beau­coup de fruits.

 


 

VINGT-HUITIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ votre force.

 

« Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. » (Math. XXVIII : 18)

« Fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa force toute-puissante. » (Eph. VI : 10)

« Ma puissance s'accomplit dans la faiblesse. » (2Cor XII : 9)

 

Nous reconnaissons aisément notre complète faiblesse, mais nous ne comprenons pas toujours le rôle qu'elle doit jouer dans notre vie. Ici, comme ailleurs, les pensées de Dieu sont élevées au-dessus des pensées de l'homme, autant que les cieux sont élevés au-dessus de la terre.

 

Souvent le chrétien cherche à oublier sa faiblesse, il veut la vaincre, en être délivré. Dieu veut, au contraire, que nous nous la rappelions, que nous la sentions profondément ; il veut que nous y demeurions et même que nous nous réjouissions en elle. Le chrétien gémit de sa faiblesse, mais Christ enseigne à ses disciples à dire : « Je me plais dans les faiblesses; je me glorifierai bien plus volontiers de mes faiblesses. » Le chrétien la considère comme le plus grand obstacle qui l'empêche de vivre pour son Dieu ; et Dieu nous dit qu'elle est le secret de la force et du succès. C'est notre faiblesse, franchement reconnue, qui nous donne droit et accès à la force de celui qui a dit : « Ma puissance s'accomplit dans la faiblesse. »

 

Une des dernières paroles de notre Seigneur, alors qu'il allait prendre place sur le trône de Dieu, fut celle-ci : « Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. » La toute-puissance allait être conférée au Fils de l'homme, afin que, désormais, elle pût se manifester par l'intermédiaire de la nature humaine ; c'est pourquoi Jésus rapproche ce fait de la promesse qu'il fait à ses disciples de participer à cette toute-puissance « Quand je serai monté au ciel, vous serez revêtus de la puissance d'En Haut. » (Luc XXIV : 49; Actes I : 8.) C'est dans le Sauveur siégeant, à la droite du Père que le croyant doit chercher sa force.

 

C'est là que les disciples la trouvèrent après dix jours de prières et de consécration, pendant lesquels leurs âmes s'affermirent dans une communion toujours plus intense avec Jésus assis sur le trône de Dieu, ils furent revêtus de force, au dedans pour vaincre le péché, au dehors pour annoncer Jésus-Christ.

 

La puissance d'En Haut vint les qualifier en vue de la mission qu'ils avaient acceptée, de rendre témoignage à leur Maître ressuscité. Pour les uns, le témoignage consistait surtout en une vie sainte révélant le ciel et le Christ d'où cette vie procédait, manifestant la puissance de Jésus glorifié pour donner la victoire sur le péché et faire vivre les hommes dans la sainteté au milieu du monde; d'autres devaient ajouter à ce témoignage celui de la parole et consacrer leur vie à parler au nom de Jésus. Mais aux uns et aux autres, cette vertu d'En Haut était indispensable pour prouver au monde que Jésus avait bien reçu du Père tout pouvoir dans le ciel et sur la terre, pour démontrer que le royaume de Dieu auquel ils professaient d'appartenir, ne consiste pas en paroles seulement, mais en force. Et cette force fut sentie même par ceux qui refusaient de s’y soumettre. (Actes II : 43; IV : 13; V, 13)

 

Ce que Jésus fut pour ses premiers disciples, il l'est pour nous aussi. Notre vie entière aussi bien que notre vocation comme disciples, ont leur origine et leur garantie dans cette parole : « Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. » Ce qu'il accomplit en nous et par nous, doit porter le sceau de sa toute-puissance. Aussi, le croyant le plus faible qui demande d'être gardé du péché, de croître dans la sainteté, de porter beaucoup de fruits, peut avoir la confiance, comme membre du corps de Christ, que ses requêtes seront exaucées avec une puissance toute divine.

 

Et si nous demandons comment la puis­sance nous est donnée, la réponse est simple : Christ nous la donne, ainsi qu'aux premiers disciples en établissant en nous sa propre vie par son Saint-Esprit, et non pas, comme beaucoup le croient, en venant seulement en aide à nos faibles efforts. Il ne supprime pas le sentiment de notre faiblesse ; au contraire, chose merveilleuse, en laissant et même en développant en nous le sentiment d'une to­tale impuissance, il nous donne, en même temps, conscience d'une grande force en lui.

« Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu et non pas à nous. » La faiblesse et, la force marchent de front ; si le sentiment de l'une augmente, le sentiment de l'autre augmente aussi, jusqu'à ce qu'en­fin nous puissions dire avec saint Paul : « Lorsque je suis faible, c'est alors que Je suis fort ; je me glorifierai bien plus volon­tiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. »

 

Le chrétien vivant apprend à considérer en Christ assis sur le trône de Dieu, la posi­tion qui lui est acquise à lui-même; il con­temple cette vie pure et sans tache dans sa puissance et dans sa gloire ; il y voit la vie éternelle dans l'homme glorifié. Et si, fai­sant un retour sur lui-même, il soupire après la sainteté, après la force d'être agréable à Dieu et de faire sa volonté, il sait qu'il n'a qu'à lever les yeux sur Christ, sa vie, qui accomplira en lui tout ce qui lui manque. C'est à Christ revêtu de force qu'il s'attend en toute occasion, dans les petites choses comme dans les grandes, pour être gardé du mal d'instant en instant, ou pour lutter con­tre une difficulté contre une tentation par­ticulière. Sa vie devient ainsi de plus en plus paisible et joyeuse, non qu'il sente plus de force, mais parce qu'il a en lui-même toujours la victoire en son Sauveur.

 

Oui, notre force est en Christ, prête à nous être communiquée dans la mesure où nous la réclamerons, et où elle trouvera notre foi disposée à la recevoir. Elle est là, que nous en usions ou non. Le Père a donné à Jésus tout pouvoir dans le ciel et sur la ter­re, par conséquent sur nos coeurs et sur nos vies, ainsi que sur les puissances qui les assujettissent, afin qu'il soit pour nous un Sauveur parfait.

 

Et cette puissance pénètre en nous par notre communion avec lui. Si la communion est faible et peu goûtée, sa force ne sera communiquée que dans une faible mesure ; mais si nous cultivons cette union avec joie, comme notre plus grand bien, étant prêts à tout sacrifier pour la conserver, « sa puissance s'accomplit dans notre faiblesse. » Notre unique soin doit donc être de demeurer en Christ, notre force, de « nous fortifier dans le Seigneur et par sa force toute-puissante. »

 

Cherchons, par la foi, à acquérir une connaissance toujours plus claire et plus profonde, une expérience toujours plus parfaite de l'infinie grandeur de la puissance de Dieu dans ceux qui croient, de cette puissance du Christ ressuscité et glorifié, par laquelle il triomphe de tous les ennemis. (Eph. I : 19-24). Acceptons, par la foi, ce plan admirable de Dieu : en nous, rien que faiblesse, en Christ, la toute-puissance. Ne regardons plus à nous-mêmes, mais seulement à Christ, et nous arriverons à dire : « Je puis tout par Christ qui me fortifie. »

 


 

VINGT-NEUVIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ

et non en vous-mêmes,

 

« Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi. » (Rom. VII : 18)

 

Avoir la vie en soi, est le privilège de Dieu seul, et du Fils à qui le Père l'a aussi donné. Quant à la créature, sa gloire est de chercher sa vie en Dieu. Le crime et la folie de l'homme pécheur est de vivre pour lui-même et en lui-même, tandis que le croyant trouve le bonheur en vivant en Christ et pour Dieu. « Si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. Non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. » Tel est le témoignage de tous ceux qui ont connu le bienfait de la vie de la foi, qui ont su haïr, perdre leur vie, y renoncer pour recevoir à la place la vie sainte de Christ. Il n'y a qu'un chemin pour arriver à la vraie vie, à la vie en Christ, celui de la crucifixion, que notre Sauveur lui-même a suivi.

 

Il est rare que nous le comprenions au début de notre vie chrétienne. Dans la joie du pardon, nous nous sentons pressés de vivre pour notre Sauveur ; et nous croyons qu'avec l'aide de Dieu, nous en serons capables, ignorant encore la terrible inimitié de la chair contre Dieu et sa résistance absolue, même chez le croyant, à se soumettre à sa loi; ignorant aussi que la mort seulement, et la soumission implicite à la mort de tout ce qui tient à notre nature, rend possible en nous la vie divine et la manifestation de sa puissance. Mais les chutes douloureuses se chargent bientôt de nous montrer combien la connaissance que nous avons de Christ pour le salut est insuffisante; elles font naître en nous un ardent désir de mieux connaître notre Sauveur. Quand Jésus voit paraître ce désir, il nous montre avec amour sa croix nous avons reçu là notre titre à la vie par la foi à sa mort expiatoire; c'est là aussi que nous devrons faire une expérience plus complète de cette vie. Alors se pose pour nous la question de savoir si nous sommes réellement décidés à boire la coupe que Jésus a bue, à être crucifiés avec lui. De fait, nous sommes, en lui, déjà crucifiés et morts, c'est-à-dire que, sans en avoir conscience, à partir de notre conversion, nous sommes devenus participants de sa mort ; mais ce qu'il faut maintenant, c'est de donner à ce que nous avons reçu sans le comprendre, notre libre et entier consentement par un acte volontaire, reconnaissant vouloir mourir avec Christ au péché.

 

C'est un moment solennel pour le croyant que celui où cette question s'impose à lui. Devant elle, plus d'un recule et souvent ne la comprend pas. Nombre de chrétiens s'accoutument si bien à la médiocrité, à une vie de chutes continuelles, qu'ils désirent à peine une délivrance; ils n'osent même pas croire à la possibilité de la sainteté, de notre parfaite conformité avec Jésus et de notre communion ininterrompue en son amour. Or, là où il n'y a pas un besoin intense d'être préservé d'une manière absolue du péché et d'entrer dans l'union la plus étroite avec le Sauveur, la pensée d'être crucifié avec lui ne peut trouver accès. Ces chrétiens-là ne voient dans la crucifixion que honte et souffrances, et il leur suffit que Jésus ait porté la croix pour leur gagner la couronne qu'ils espèrent porter eux-mêmes un jour.

 

Le croyant, avide de sainteté, considère tout autrement la crucifixion. Il sait, par d'amères expériences que son plus grand obstacle pour la vie d'abandon et de con­fiance en Christ c'est lui-même, son moi, qui tantôt refuse de se soumettre, tantôt entrave par ses vains efforts l'oeuvre de Dieu en lui. Il sent que la vie en Christ lui restera inac­cessible tant que ce moi, cette volonté propre et ses oeuvres ne seront pas remplacées par Christ, par sa volonté et par ses oeuvres ; et cette question : Veux-tu mourir à toi-même? devient pour lui la question vitale.

 

Etant nés de Dieu, vous êtes déjà en Christ morts au péché et vivants à Dieu. Mais êtes-vous prêts par la puissance de cette mort, à mortifier vos membres, à renoncer complètement à votre vieil homme, à le clouer sur la croix jusqu'à son entière destruction? Vous demandez peut-être si c'est réellement là ce qui est réclamé du croyant? Notre nature n'est-elle pas l'oeuvre de Dieu, et nos forces naturelles ne peuvent-elles pas être sancti­fiées pour son service? Oui, elles le peuvent ; mais seulement en étant soustraites à la do­mination du moi, pour être placées sous la puissance de la vie de Christ. (Rom. VI : 18 ; XII : 1).

 

Ce n'est que par une mortification com­plète du moi que les forces merveilleuses que Dieu nous a dispensées pour le servir, nos dons, nos talents, tout en nous, peut lui être entièrement consacré. Lors même qu'il est impossible, tant que nous sommes dans la chair, de dire que le moi est mort, cepen­dant, quand nous avons permis à la vie de Christ de prendre pleine possession de nous, il peut être, par la toi, maintenu sur la croix et subir sa sentence de mort si réellement, qu'il n'aura plus sur nous aucune puissance, même momentanée. Jésus-Christ étant deve­nu notre second nous-mêmes, ce n'est plus nous qui vivons, mais Christ en nous.

 

Cette rupture avec nous-mêmes qui est une condition indispensable à notre commu­nion avec Christ, Christ l'accomplit chez qui­conque lui permet de le faire, et il promet de remplir de sa présence celui qui est disposé à le recevoir. Ne reculez donc plus devant le sacrifice, dans la crainte de ne pouvoir y per­sévérer ; mais appuyez-vous sur la promesse qu'il vous fait de vivre en vous à votre place. Faites cette expérience que vous êtes morts à vous-mêmes : le moi subsiste encore, mais il n'a plus aucun pouvoir sur vous, c'est-à-dire sur votre nature renouvelée, sur le nou­vel homme né en Christ, sauf lorsque dans l'ignorance, la négligence ou l'incrédulité, vous consentez à céder à son autorité usur­pée (Rom. VI : 11). Acceptez simplement, en sincérité de coeur, par la foi, la glorieuse position qui vous est faite en Christ, sachant que votre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que vous ne soyez plus esclaves du péché (Rom. VI : 6), et vivez comme ayant en vous la vie en Christ qui est « un esprit vivifiant. » (Rom. VI : 7).

 

Demeurez en Christ dans cette conviction, reposez-vous sur lui; mais aussi veillez constamment avec un saint tremblement sur l'ennemi, le moi, qui cherche à reprendre vie et ne cesse de vous solliciter de lui donner du relâche. Réfugiez-vous en Christ. Mettez votre être tout entier à sa disposition, il vous enseignera à être humbles et vigilants, heureux et confiants. Et dans la paix de cette nouvelle vie, vous éprouverez une joie constante, sans cesse renouvelée en constatant la transformation merveilleuse opérée en vous par ce renoncement à vous-mêmes pour ne vivre que de Christ seul.

 


 

TRENTIÈME JOUR

 

Demeurez en Christ

le garant de l'alliance.

 

« Jésus est le garant d'une alliance plus excellente. » (Heb VII : 22)

                                                                                         

Les Ecritures parlent de l'ancienne alliance comme n'étant pas sans défaut, et Dieu se plaint de ce qu'Israël n'y a pas persévéré, en sorte qu'il a dû les rejeter (Heb VIII : 7-9). Le but de cette alliance, qui était d'unir Israël à Dieu, n'avait pas été atteint. C'est pourquoi Dieu promet de faire une nouvelle alliance, plus excellente que la première et propre à accomplir son dessein, assurant la fidélité réciproque de Dieu et de son peuple. D'une part il dit « Je mettrai mes lois dans leur esprit, »  ainsi la fidélité du peuple est assurée pour toujours; et d'autre part « Je      n e me souviendrai plus de leurs péchés, » la fidélité de Dieu est garantie à perpétuité. (Voy. Heb VIII : 10-12) Un Dieu qui pardonne et un peuple qui obéit, tels sont les deux éléments qui doivent se rencontrer et s'unir éternellement dans l'alliance nouvelle. Ce qui en fait la valeur, c'est que Jésus en est le garant : « Jésus est le garant d'une alliance plus excellente. » Vis-à-vis de l'homme, il se fait, comme Fils de Dieu, garant de la fidélité du Père à remplir ses engagements, en sorte que l'homme peut compter sur le pardon de Dieu et accepter l'alliance -sans crainte de l'abandonner. Comme Fils de l'homme, Jésus se fait, vis-à-vis de Dieu, garant de la fidélité de l'homme à remplir son mandat, en sorte que Dieu peut répandre sur lui les bénédictions de l'alliance. Etant un avec Dieu et un avec nous, Jésus, l'Homme-Dieu, est doublement garant de cette alliance nouvelle. Il est dès lors aisé de comprendre que c'est dans la mesure où nous demeurerons en Jésus, garant de l'alliance, que les conditions et les bénédictions de cette alliance se réaliseront en nous.

 

Nous le comprendrons encore mieux en considérant la nouvelle alliance à la lumière d'une des promesses qui s'y rapportent, celle de Jérémie XXXII : 40, par exemple : « Je traiterai avec une alliance éternelle, je ne me détournerai plus d'eux, je leur ferai du bien, et je mettrai ma crainte dans leur coeur, afin qu'ils ne s'éloignent pas de moi. »

 

Avec quelle admirable condescendance Dieu infini s'abaisse jusqu'à notre faiblesse! Lui, le Dieu fidèle, immuable, dont la parole est la vérité, il donne aux héritiers de la promesse un gage de la sûreté de son conseil, il s'engage lui-même à ne jamais varier : « Je traiterai une alliance éternelle, je ne me détournerai plus d'eux. » Heureux celui qui s'approprie Si complètement cette promesse, qu'il y trouve son repos!

 

Mais dans une alliance, il y a deux contractants; et qu'en sera-t-il si l'homme est infidèle ou fait défaut? Par lui-même, il est incapable de donner une garantie de sa fidélité; mais Dieu y pourvoit. Dans cette nouvelle alliance, il s'engage, non seulement à ne pas se détourner de son peuple, mais aussi à mettre sa crainte dans leur coeur, afin qu'ils ne s'éloignent pas de lui : « Je ferai que vous suiviez mes ordonnances et que vous observiez et pratiquiez mes lois. » (Eze XXXVI : 27). Heureux encore celui qui comprend cette condition de l'alliance! Le salut de l'homme est donc, non pas de faire avec son Dieu une alliance qu'il romprait constamment, mais simplement d'entrer dans celle où Dieu s'engage à le maintenir, en sorte qu'il n'a qu'à  accepter la promesse de Dieu et attendre en assurance son accomplissement.

 

L'oeuvre de Jésus, donnée par le Père com­me garant, commence précisément là. C'est à lui que le Père a dit : « Je t'établirai pour traiter une alliance avec le peuple. » Et le Saint-Esprit rend d'autre part ce témoignage que « toutes les promesses de Dieu sont oui en lui et amen en lui, afin que Dieu soit glo­rifié par nous. » (2 Cor. I : 29). Ainsi le croyant, qui demeure en Christ, possède en lui l'assurance de l'inviolabilité de cette alliance et de l'accomplissement de chacune des promesses qu'elle renferme.

 

« Christ est le garant d'une alliance plus excellente. » C'est comme notre Melchisédec que Christ est garant (voy. Heb VII). Aaron et ses fils sont morts, mais de Christ il est dit qu'il est vivant, Il est sacrificateur pour toujours « selon la puissance d'une vie impérissable. » « Parce qu'il demeure éter­nellement, il possède un sacerdoce qui n'est pas transmissible. C'est aussi pour cela qu'il peut sauver parfaitement étant toujours vi­vant pour intercéder. » Voilà ce qui rend sa garantie efficace. Sa sainte présence devant le Père et son intercession permanente nous rendent participants de la vie céleste avec ses bénédictions et ses puissances. Comme garant de la faveur du Père à notre égard, il ne cesse de prier pour nous; comme notre garant devant le Père, il ne cesse de travail­ler en nous et de nous révéler le Père.

 

Le mystère de la sacrificature selon l'ordre de Melchisédec, que les Hébreux ne pou­vaient saisir, est le mystère de la vie de résurrection (Heb V : 10-14). La nature mê­me de cette sacrificature éternelle de Jésus notre garant, explique comment nous pou­vons demeurer en lui d'une manière cons­tante. S'il plaide sans cesse pour nous. l'exau­cement de ces intercessions descend conti­nuellement sur nous; et comme il est répon­dant de l'accomplissement de cette promesse de l'alliance : « Je mettrai ma crainte dans leur coeur, afin qu'ils ne s'éloignent pas de moi, » il ne peut nous abandonner un seul instant à nous-mêmes sans manquer à son mandat. Notre incrédulité peut mettre obsta­cle pour nous à la réalisation de la promesse; mais lui ne peut être infidèle. Contemplons-le dans la gloire de cette vie éternelle qui lui a valu son titre de souverain sacrificateur, et notre foi se fortifiera, et nous croirons que nous sommes bien réellement appelés à vivre constamment en lui.

 

Quand nous saisissons parfaitement ce qu'est Jésus et ce qu'il est pour nous, il nous devient naturel et simple de demeurer en lui dans tous les moments et toutes les circontances de la vie; quelle que soit notre disposition, nous trouvons en lui ce qu'il nous faut. Dans les moments de communion directe, nous nous reposons sur lui comme notre Sauveur, notre garant, vivant éternellement. Dans nos moments de faiblesse, d'obscurité, de crainte, nous regardons à lui comme à notre Souverain sacrificateur, revêtu de la puissance d'une vie qui n'a ni fin ni variation. Et quand la communion directe doit faire place aux occupations indispensables de la vie, nous pouvons encore nous reposer sur lui pour nous représenter devant le Père, et compter sur sa puissance pour nous garder en lui.

 


 

TRENTE-UNIEME JOUR

 

Demeurez en Christ glorifié.

 

« Votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quand, Christ votre vie paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. » (Col. III : 3, 4)

 

La communion avec Christ crucifié nous apprend à être crucifiés avec lui et réellement morts au péché. La communion avec Christ ressuscité et glorifié nous rend de même participants de sa vie de résurrection et de la gloire dont il a été couronné dans le ciel. Les bienfaits que l'âme retire de cette vie en Christ glorifié sont immenses.

 

Vie de victoire et de paix. Sur la terre, le Fils de Dieu avait à souffrir, à lutter : il pouvait être tenté, assailli par le péché; ressuscité, il est victorieux du péché glorifié, il est revêtu dans son humanité, de la gloire divine. En demeurant en Jésus comme étant glorifiés avec lui, nous savons par expérience que la puissance du péché est bien réellement détruite; l'assurance que notre délivrance complète, éternelle, est un fait accompli, s'empare de notre âme et la remplit d'une paix toujours croissante.

 

Vie aussi de pleine communion avec l'amour et la sainteté du Père. Jésus considérait sa mort comme un retour au Père : « Je m'en vais au Père, » disait-il. « Glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi ». Si nous cherchons quel avantage nous retirons de notre union avec Christ glorifié, nous voyons que la gloire et la joie du Fils sont dans la présence lumineuse du Père où tout est sainteté, parfaite harmonie; et le croyant, sanctifié par cette sainte communion, connaît, par expérience, la présence de Dieu; il sent l'accord s'établir de plus en plus entre la volonté du Père et la sienne; car la vie de Jésus ressuscité est la puissance qui détruit en nous le péché.

 

Vie d'activité, d'amour et de bienfaisance. Du trône où il est assis, Jésus dispense ses dons, répand son Esprit, travaille avec les siens et ne cesse de veiller avec amour sur eux. Nous ne pouvons être unis à lui dans sa gloire sans nous sentir nous-mêmes remplis de zèle et fortifiés pour accomplir son oeuvre, son Esprit et son amour nous communiquant la volonté ci la force d'être en bénédiction aux autres; car Jésus est monté au ciel dans le dessein même d'obtenir la puissance de bénir abondamment ; et, comme le Cep divin, il bénit par le moyen de ses disciples, les sarments.

 

Vie, enfin, d'attente et d'espérance glorieuses. Jésus est assis à la droite de Dieu, attendant que ses ennemis soient mis sous ses pieds, le regard fixé vers le temps où il recevra sa pleine récompense, quand sa gloire sera manifestée et que son peuple sera pour toujours avec lui dans cette gloire. L'espérance de Christ est celle de ses rachetés. « Je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi. »  (Jean 14 : 3). Cette promesse est aussi précieuse à Jésus qu'à nous: la joie de la rencontre est aussi grande pour l'époux qui vient que pour l'épouse qui attend. Et le croyant, intimement uni à Christ, s'en réjouit, non pas tant en vue de son bonheur personnel, que comme un sujet fidèle à son roi qu'il lui tarde de voir venir dans la gloire, victorieux de ses ennemis, alors que l'amour éternel du Père sera pleinement révélé. « Jusqu'à ce qu'il vienne » est le mot d'ordre du croyant sincère. « Quand Christ votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. » (Col. 3 :4)

 

Cette attente est un sujet de joie et de force. Jésus revenant, nous prenant à lui ; Jésus adoré comme le Seigneur de tous, est le résumé et le centre de l'espérance de l'Eglise entière.

 

C'est en contemplant Jésus glorifié et en demeurant en lui comme tel, que le croyant parviendra à cette conception vraiment spiri­tuelle de sa venue, qui seule apporte à l'âme une vraie bénédiction.

 

Il y a souvent dans l'étude des choses à venir un intérêt plus intellectuel que spirituel, qui se complait dans les discussions plus que dans la contemplation de la gloire pro­mise. Ce qui nous préparera à la rencontre avec Jésus et ce qui convaincra l'Eglise et le monde que notre espérance est selon la puis­sance de Dieu et non selon la sagesse humai­ne, ce n'est pas la justesse de nos vues ni le zèle avec lequel nous les défendons ; mais c'est un esprit d'humilité et d'amour qui té­moigne que Celui qui vient est déjà en vérité notre vie ; c'est cette communion avec lui qui, faisant pénétrer en nous sa gloire, nous donne de refléter en nos personnes l'image du Christ glorifié.

 

Qu'elle est bénie, la vie cachée avec Christ en Dieu! Demeurer en Christ glorifié, être assis avec lui dans les lieux célestes ! Mais, encore une fois, de misérables créatures, nées de la poudre, peuvent-elles réellement demeurer dans la communion du Roi de gloire? Oui, grâces à Dieu; et l'oeuvre même de Christ est de maintenir cette union. Il dispose pour cela de la toute-puissance dans le ciel et sur la terre en faveur de quiconque s'en remet à lui et persévère dans la foi. Par un simple acte de foi, l'âme s'est d'abord aban­donnée au Sauveur ; par un simple acte de foi encore, mais d'une foi devenue puissante en grandissant, l'âme reçoit le Christ glorifié et la plénitude de grâce qu'il apporte avec lui. Saisissant toujours mieux la réalité de cette gloire, elle y participe par sa commu­nion, si bien que la vie du croyant commence à reluire, comme la face de Moïse, d'un éclat qui n'est pas de ce monde.

 

Vie glorieuse ! et qui nous appartient puis­que nous possédons Christ. Sa puissance cachée agit déjà en nous, en attendant son épanouissement complet dans la gloire. Puis­sent la joie et la paix, dans notre vie journa­lière, en être une preuve éclatante Puisse notre communion avec Christ glorifié être notre force pour vivre à la gloire du Père et nous rendre participants de la gloire du Fils!

 

 


 

 

ET MAINTENANT PETITS ENFANTS

DEMEUREZ EN LUI,

AFIN QUE

LORSQU'IL PARAITRA NOUS AYONS DE L'ASSURANCE,
ET QU'A SON AVÈNEMENT

NOUS NE SOYONS PAS CONFUS ET ÉLOIGNÉS DE LUI.

1 JEAN 2 :28

 


 

Edition Numérique Yves PETRAKIAN – France 2011 –

 

Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source : http://456-bible.123-bible.com/